Se promenant dans le territoire vampirique, Gawain entendit parler de l’annonce pour leur peuple. Il ne s’y attarda d’abord pas vraiment. Il ne considérait pas vraiment avoir le temps. Il fallait dire qu’il cherchait actuellement Raphaël. Il avait réussi à le retrouver lors de la fête qu’il y avait eu à Aeden. Et qui avait tourné au désastre à cause des rebelles, et de Vampires. Se fichant des querelles interraciales, il ne s’y était pas mêlé, restant dans son coin, ne se faisant remarquer par personne. Puis il avait vu que l’Elémental s’était évanouit puis s’être fait embarqué par un dragon. Les ayant suivi, il les avait sorti d’une mauvaise passe, et avait emmené Raphaël à un endroit où il pourrait être pris en charge, s’en que personne ne le remarque. A ce moment, un Elémental qui voyait un Vampire, même s’il ne faisait rien, ce n’était pas vraiment bon pour Gawain. Il avait voulu lui parler à son réveil, mais le problème, est qu’il s’était réveillé en pleine journée, moment où le Vampire était à moitié léthargique, et depuis, il avait disparu de la circulation. La capacité de voyager sans se faire remarquer était bien du domaine de l’Elémental, et s’est pour cela qu’il se concentrait sur le dragon, qui ne passait pas inaperçu.

Dans tous les cas, Gawain ne voulait pas spécialement s’occuper d’une annonce telle que celle-ci. Pourtant, il finit par changer d’avis. Le bon jour, il alla à la forteresse, et entra dans l’amphithéâtre, suivant les autres Vampires. Il n’était pas spécialement attiré par l’idée de se retrouver avec une centaine d’inconnue pour parler pouvoir, et autre. Mais il voulait devenir bien plus fort. La raison ? Il y en avait plusieurs. Comme beaucoup de Vampires, il avait une certaine ambition. Pas celle de devenir roi, non, mais au moins de survivre dans ce monde de dingue, ce qui était déjà pas mal. Le problème, c’est qu’il avait été malade et, à cause de ça, avait perdu tout ce dont il avait été fier autrefois. Désormais, il n’avait même pas le niveau d’un simple Vampire de bas rang. Non, il était même plus bas que ça. De plus, il avait revu Raphaël il y a peu. Il savait que l’Elémental ne pouvait pas se souvenir de lui, mais pour lui c’était autre chose. Il s’était rappelé la rivalité qui avait régné entre eux lorsqu’ils étaient tous deux assassins ayant eu le même maitre. Ils avaient toujours eu plus ou moins le même niveau. Enfin, c’est ce que Gawain se disait, mais en réalité, Raphaël avait toujours eu de l’avance sur lui, le pouvoir de ce dernier lui permettant d’apprendre à une vitesse non égalé. Ca avait toujours été simple pour lui, et le Vampire ressentait souvent une jalousie à l’encontre de son rival. Et maintenant qu’il l’avait revu après deux ans, il s’était rendu compte à quel point l’Elémental était devenu bien plus puissant qu’à l’époque, le surpassant largement désormais.

Le Vampire s’assit sur une chaise, regardant ce qu’on déposait devant lui. Quelques petits objets tranchants, une gourde remplie de sang. Heureusement qu’il avait déjà bu quelque chose avant de venir, lui qui contrôlait mal sa faim, et ne cherchait pas toujours à la maîtriser d’ailleurs. Dans une position nonchalante, il écouta les paroles de Azzazel. Il n’ignorait pas qui était le Vampire qui leur parlait. A part un inculte, ou une personne venant de rejoindre leur rang, tout le monde savait qui était l’être qui leur parlait. Il fit un discours qui eut plutôt tendance à ennuyer Gawain, bien qu’il écouta. Il n’était pas vraiment du genre à se servir de sa tête, bien trop impulsif pour ça, mais il arrivait quand même à réfléchir assez pour écouter ses ainés. Et puis l’aura charismatique qui entourait l’homme était assez forte pour lui permettre de rester concentrer, sans qu’il ne s’en rende réellement compte. Mais c’était souvent le cas des gens puissant.

Azzazel en vint enfin à la partie intéressant, ce pourquoi ils étaient tous venus ici. Gawain prit le temps de réfléchir quelques instants, essayant de savoir ce qui pourrait lui servir le plus. La magie n’avait jamais été son point fort, préférant compter sur ses capacités physique qui ne pouvait pas le trahir. Mais avoir le pouvoir de se soigner plus rapidement grâce au sang pourrait lui octroyer un avantage. Prenant rapidement cette décision, il prit d’abord le temps de regarder un peu autour de lui. Il vit quelques Vampires prendre l’arme blanche et  se trancher sans hésitation. Par contre, d’autres n’eurent pas ce sang-froid, tenant le couteau dansa leur main sans pouvoir se blesser. Un léger sourire ironique apparut au coin des lèvres de Gawain. Il trouvait ce genre de personnes vraiment faible. Pourquoi hésité à souffrir si c’était pour devenir plus fort ? Ils n’étaient donc pas préparer ? La puissance ne s’obtenait pas sans devoir payer un tribut.

Cessant de s’intéresser aux autres, il prit l’arme de la main gauche, la posa sur son avant-bras droit, et entailla la peau. Du sang se mit à couler sans qu’il n’exprime la moindre expression de douleur sur son visage. Habituer à un tel traitement, il avait fini par savoir comment gérer la douleur et l’ignorer. Il prit la gourde, la déboucha, et en prit une gorgée. Puis vint le travail le plus compliqué pour lui, appliquer sa magie. Il se concentra, regardant sa blessure, et l’imaginant se refermer, tout en essayant d’influer sa magie à l’intérieur. Rapidement de la sueur apparue sur son front, et il serra les dents sous l’effort qu’il devait fournir. Au bout d’un moment, il soupira et se relâcha. Il n’avait pas abandonné, loin de là. Il était bien trop têtu pour ça. Non, il essayait simplement de savoir où était son erreur en regardant comment faisait les autres. L’observation était toujours importante, il le savait même s’il l’appliquait rarement. Copier les autres était le truc de Raphaël. Mais quelque fois il devait bien se résoudre à le faire. Son œil argent navigua donc entre les différentes personnes qui essayaient de se soigner. Certains y arrivaient assez facilement, d’autres étaient dans le même cas que lui, incapable de faire appel à leur magie. Ces deux catégories étaient les deux extrêmes. Il tomba sur une jeune femme qui y arrivait d’une manière assez lente pour qu’il puisse essayer de comprendre, et il choisit donc de l’observer.

Au bout de quelques minutes, Gawain revint sur sa propre blessure, et rebut un peu dans la gourde. Il se concentra à nouveau, sur son bras qui saignait toujours. Heureusement qu’il ne s’était pas blessé gravement, tout ceci aurait très mal pu finir pour lui. Enfin, il y avait bien des soigneur dans la salle, mais, à ce moment, c’est sa fierté qui ne s’en serait pas remis. Oui, cette foutu fierté, qui accompagnait souvent les Vampires, leur portant souvent préjudice. Ici, par exemple, une autre personne aurait sûrement demandé de l’aide pour utiliser son pouvoir, mais non, pas lui. Tout ce qu’il faisait s’était s’acharner à se guérir sans pour autant y réussir. Il devait sérieusement penser à améliorer ses compétences magiques. Encore heureux qu’il avait confiance en lui, sinon il aurait abandonné depuis longtemps et n’en serait sûrement pas arrivé jusqu’ici. Bon, ce n’est pas comme s’il avait fait beaucoup de chose dans sa vie. Inconnu des gens, sans véritable attache, pas de maison, rien du tout qui aurait pu laissé une simple marque dans l’histoire. Son arrogance l’empêchait peut-être de remarquer une telle chose. Ca n’en faisait pas un avantage, car il avait tendance à se voiler la face et se retrouver dans des situations qu’il ne pouvait pas gérer.

Voyant sa difficulté à appliquer l’exercice, un des aides s’approcha de lui. « Monsieur, vous ne devriez par faire ainsi » « Ah oui ? J’ai demandé quelque chose peut-être ? » Répondit brutalement Gawain, qui commençait à s’énerver, ses sourcils froncés, et sa mâchoire un peu trop contracter. Habitué à de telles répliques, l’homme ne fit aucun geste d’agacement, et resta quand même à côté du jeune homme. Soupirant, et ravalant difficilement sa fierté, le borgne finit par lever la tête, et regarder dans les yeux son ainé. « Et comment je devrais faire alors ? ». Un s’il vous plait n’aurait sûrement pas été de trop, mais c’était déjà incroyable pour Gawain de demander de l’aide ainsi. Car, oui, il demandait bien de l’aide à sa manière. Mais si en plus il devait rajouter un mot de politesse, qui correspondait plus à une supplication pour lui, il ne s’en remettrait probablement pas. Passant sur l’impolitesse du jeune Vampire, l’aide lui expliqué. « Il ne faut pas simplement se concentrer sur sa blessure, il faut guider le sang jusqu’à elle, et le forcer à accélérer le processus de guérison, et donc le guider dans ce sens. Regardez ». Il prit le couteau, et s’ouvrit le poignet, du sang coulant légèrement. Il prit la gourde but une gorgée, et se concentra, essayant de ne pas aller trop vite. Au fur et à mesure que sa blessure se refermait, il commentait les étapes, éclairant ainsi la lanterne de Gawain.

Une fois que le Vampire eut finit il fit un geste pour inciter le plus jeune à faire la même chose. Reprenant une gorgée de sang, le Vampire observa sa blessure, et insuffla de la magie dans le sang qu’il venait de boire. Avec difficulté, il tenta de le guider jusqu’à sa blessure, et accéléra la guérison. IL sentit des picotements dans son bras, tandis qu’une goutte de sueur coulait le long de sa tempe. Il sentit la couche la plus profonde touchée commencer à se refermer, mais il ne put pas tenir plus, et relâcha ses efforts. Soupirant, il leva la tête et vit que le Vampire qui l’avait aidé était déjà parti, et aidait un autre élève. Haussant les épaules, Gawain, regarda son bras. Il avait saisi le truc, mais avait encore beaucoup de mal à l’appliquer. La concentration qu’il devait utiliser pour ça était total, et il ne pourrait pas l’utiliser en combat. Mais, avec le temps et le travail, il améliorait sa maîtrise, mais ça ne suffirait pas. Il devait également devenir bien plus fort en magie. C’était une chose bien compliqué, surtout pour lui qui n’était pas un spécialiste. Mais bon, pour le moment, il devait simplement essayé de refermer son bras et il verrait ensuite ce qu’il ferait de ce pouvoir. Qui sait, peut-être qu’il ne lui servirait à rien, ce qui serait étonnant vu que sa vie était bien trop mouvementé pour ne pas qu’il se blesse.

Attrapant à nouveau la gourde, il reprit une autre gorgée, et regarda à nouveau son bras, recommençant l’exercice. Cette fois-ci, il réussit plus rapidement à commencer les soins. Rapidement, enfin par rapport à ses pauvres compétences, la plaie se referma, ne laissant plus qu’une marque rose qui se soignerait seule. Il relâcha son pouvoir en soupirant, et s’étira. A peine il avait utilisé ses pouvoirs qu’il se sentait déjà exténué et faible. Devant son peu d’endurance, il jura intérieurement contre lui-même d’être aussi faible. Puis, ayant fini ce qu’il avait à faire, Gawain termina la gourde, voulant reprendre un peu de forces, puis il se leva et sortit de la pièce. Il aurait pu attendre la fin, un autre discours les attendant sûrement, mais il avait perdu assez de temps comme ça. Maintenant il devait reprendre ses recherches.

Gain et mot:

Nombre de mots et gain:

Elle lui baisa son cou hâlé, ses lèvres légèrement bleutées par les efforts démesurés qu'elle exigeait de muscles qu'elle n'utilisait pratiquement jamais. Ses talons se glaçaient sous une certaine pression, et ses genoux tremblaient comme tout le reste de son anatomie. Le corps qu'elle superposait la pressait d'intensifier le mouvement, et elle se voyait pourtant dans l'incapacité de véhiculer le comble de ses lubies. Son corps respirait une chaleur qui ne lui appartenait pas, et elle profitait goulument, du regard et de ses paumes soyeuses, de l'homme qui se dévouait à elle, corps et âme. Ses deux bras retenus, il jouait le jeu, même si ce n'était pas pour longtemps. Il se plaisait à assouvir à son tour les maigres et folles demandes de cette pauvre ingénue qui rien ne demandait, et qui pourtant l'attendait, le chérissant comme personne. Ils prenaient leur plaisir à deux, dans leur union, dans l'amour fusionnel qu'ils ne pouvaient ressentir avec autrui. Leurs râles entremêlés emplissaient la pièce baignée par le clair de lune, et dans la candeur de quelques bougies aux douces fragrances, dont ils ne semblèrent, toutefois, pas être les seuls à profiter…

« Ma dame, voici un courrier vous étant dirigé » La vampire avait quitté la chambre à coucher, à la demande de son intendant. « L'expéditeur était-il mentionné ? » , « Naturellement. Sa majesté nous l'a fait parvenir en personne. Il semblerait qu'il s'agisse une fois de plus d'une mission vous étant dirigée » Son corps s'était apaisé, et avait même perdu tout de ses allures fébriles. Elle était descendue sur terre, aussi vite qu'au septième ciel on l'avait amenée. « Ai-je de quoi m'inquiéter au vu de ce départ soudain ? » , « Nullement. Mais vous trouverez tous les détails nécessaires à l'intérieur. Juste le cachet a été enlevé, et par moi seul », « Bien. Toujours aussi exemplaire » , « Je vous remercie. Sur ce, je prends congé.. » Elle se débarrassa de l'enveloppe de fortune qui recouvrait le papier richement décoré, en détaillant les bordures dorées dans un premier temps. Croisant une jambe, écartant un pan de sa robe de nuit dans le salon juxtaposé à leur chambre à coucher, la vampire songea à l'orisha, avant de tourner les yeux vers son intendant qui était bien parti pour quitter la pièce. Sachant qu'il l'entendrait sans soucis, elle chuchota. « Mais ton comportement exemplaire n'excusera pas ton manque de tact et délicatesse de tantôt » On lut de suite la panique dans son visage, tandis qu'il sembla réfugier et soutenir ses membres en s'agrippant au mur tout proche. Elle fut peinée de le savoir si facile à mettre au pied du mur, et encore plus par sa supérieure qu'il avait lui-même choisi. Il ne semblait toutefois pas hargneux, ou même désireux d'une quelconque vengeance. Cet 'affrontement' ne semblait pas lui peser sur le coeur, par rancoeur, car il se disait être en tort. Nul n'avait à lui faire remarquer. « S'il eut été question de moi, je ne vous l'aurais pas fait remarquer. Toutefois, j'apprécierais que la prochaine fois vous évitiez de pratiquer l'onanisme en voyant mon mari » L'homme sembla traversé de sueurs froides, et d'une certaine stupeur que la vampire, toujours aussi peu consciente de son propre charme, dut avouer ne pas comprendre. Elle avait de perspicace, ce que ses sens avaient de déplacé et faussé en conséquence. « Mais nul besoin de le prendre très au sérieux si ce n'était qu'un égarement soudain. Je n'en doute pas. De toute manière, tu n'as plus à me visiter au palais. Nous en avions déjà parlé. J'ai davantage besoin de tes services en ce qui concerne les espions, plutôt qu'en tant que mon serviteur personnel, Luke. Mais je te remercie pour tes loyaux services » C'était une bonne manière de tuer la coquille dans l'oeuf, quelle que fut l'âme qui l'attirait, quelle que fut l'attirance qui germait dans le corps du vampire. Il était préférable qu'il s'absenta, avant que l'irréparable ne puisse être commis. La femme était aussi impitoyable en ce qui concernait l'adultère que pourrait l'être son âme sœur. Le contraire eut été châtié.

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Ses yeux parcouraient la foule, la scrutant de derrière un voile d'indifférence. Rien n'attisait sa passion, ou ne faisait germer d'ambitions sur un sol si avare. Elles étaient inexistantes pour l'heure, du moins en ce qui ne concernait en rien son mari. Elle mettait son corps au service de la patrie, mais jamais elle n'eut de projet plus avancé en ce qui les concernât, elle dut l'avouer. Sa seule volonté de racheter le siècle passé à les maudire ne suffisait pas à la faire aller de l'avant. Lucrezia était même rappelée à l'ordre par l'humanité qu'elle crut peu à peu avoir laissée derrière. Elle tentait de se rapprocher d'un idéal, mais il fallait se rendre à l'évidence : en face d'autrui, elle était purement égoïste, mais elle n'avait rien du démon sans coeur qu'on prétendait lire dans ses yeux quand ces derniers étaient rivés vers le bronzé. La jeune femme n'avait plus rien du miroir au reflet homogène dont elle put se dire si fier autrefois. Le fait de se mêler de politique la contraignait plus qu'autre chose. Pourtant, rendre service était sa nécessité, son devoir, et la vampire s'épanouissait parmi les jeunes recrues qu'avaient compté les services d'espions de la reine. Bien que peu présente, elle n'en était pas moins captivante. « Je pense que nous pouvons commencer. Tout semble être en ordre » Les gourdes avaient été placées sur quelques bacs en ferraille à proximité pour faciliter leur distribution. À ces derniers s'ajoutait toute une panoplie d'autres ustensiles pour le côté pratique, tels que des petites lames, pansements, bandages, entre autres. Des tables étaient alignées dans des rangées rectilignes, et à une distance uniforme à travers l'amphithéâtre qui bientôt accueillerait les 'buveurs de sang' y étant conviés. « Je pense que nous pouvons prendre nos places. Les préparatifs sont quasiment achevés » Des individus, placés de part et d'autre de la pièce, s'érigeaient tels des piliers, organisés de la sorte pour optimiser au mieux leur intervention.

Ils réunissaient-là des vampires venus de toutes contrées et horizons, et il ne fut pas étonnant qu'on l'y ait convié. La protection des plus faibles devait être assurée, et sûrement les hautes-sphères eurent songé à ne pas laisser l'événement prendre plus d'ampleur que nécessaire. Il était question ici d'éducation, d'apprentissage. Non pas d'une boucherie sans nom, ou encore d'une expérience qui avait suivi la tragédie, et qui devrait elle aussi se qualifier comme tel. Il fallait se redresser, même si les pertes avaient été moindres. Nous n'étions pas préparés au pire, et les grands, les forts étaient bien les seuls à se satisfaire de l'arrivée des fléaux. Ils étaient en d'autres mots les seuls à survivre, et pourtant ils n'étaient pas foncièrement ceux à faire vivre le pays, la contrée, ou encore le peuple entier. Yulenka y avait songé, peut-être à un facteur, peut-être à tous ces derniers réunis.. et prié le 'sage' en conséquence. L'idée était de mettre en place cette rare occasion. L'espionne lui portait à son tour le dû respect, pour sa maîtrise non feinte et l'expérience qu'il avait accumulée. Elle ne se considérait guère plus comme une nouveau-née, mais elle savait ne pas avoir forgé les nerfs d'acier que d'autres taillaient depuis des décennies, pour ne pas dire plus. Ses lames n'étaient point aiguisées.

Elle assumait toutefois son rôle dans toute mission qui lui fut confiée, et était loin d'arborer ou exhiber ses doutes ou insécurités. À l'inverse, elle ne laissait rien transparaître. Cocoon lui-même n'avait peut-être pas conscience du malaise qui l'habitait parfois quant à sa propre situation. Elle se satisfaisait par un semblant d'activité, par la mise en profit des petits talents qui étaient les siens. Elle contrôlait, lâchant des instructions à tout va au petit groupe qu'on avait mis sous ses ordres pour que l'accueil des 'élèves' soit optimal. Ce, sans pour autant les brusquer, ni s'attirer leur fureur. Les premières directives furent énoncées de vive voix par Azzazel, et bien disciplinés, tous prirent leurs positions en attendant le début du discours. « La gauche, Miriam. Izaak, aide moi pour le centre et l'autre côté » Si l'apparition des gourdes n'avait pas paru émoustiller l'odorat sensibilisé des apprentis, cela ne saurait tarder une fois leur contenu déversé et leur doux arôme libéré. L'auditoire buvait avec aisance et complaisance les paroles qu'on leur inculquait, qu'on essayait de leur faire boire comme la distincte vérité. Lucrezia n'était guère si distincte, surtout quand il en vint aux explications de l'exercice. Le premier lui sonna d'une praticité non négligeable dont elle souhaite toujours pouvoir usufruir. Jusque là, elle n'avait juste pas jugé son obtention si impérieuse. Mais il était sans dire que les choses avaient changé, et l'insouciance n'avait plus lieu d'être dans un combat. La vie se payait trop cher, et la mort n'accourait que plus vite au fur et à mesure que la puissance accroit, et que le danger s'ensuit.

Elle les observait. La vampire ne faisait que cela pour le bien d'un 'apprentissage' personnel, et pourtant elle dissuadait au passage quiconque d'un comportement déplacé. Elle était droite, adroite, intransigeante. Et pourtant, ses yeux n'essayaient que de discerner leurs mouvements, l'impact qu'ils avaient sur l'élément manipulé, et d'où leur venait les échecs répétés. Quelles étaient les difficultés rencontrées, et comment les contourner si jamais elles s'avéraient insurmontables. Est-ce que le bémol provenait d'une manipulation mal exécutée, ou d'une perte de concentration maladroite ? Peut-être ne traversait-elle pas tous ces menus obstacles, mais c'était tout comme. Les déductions affluaient dans son cerveau, et ses doigts suivaient presque le mouvement, on ne peut plus discrets. Un ou deux de ses collègues furent éparpillés dans la salle pour servir de moniteurs, voire les appuyer de leurs bons conseils. Lucrezia put rester en retrait pendant presque toute la première heure qui suivit le signal du départ. Comme prévu, nombreux étaient ceux à couronner d'un franc succès leurs pratiques forcenées, et ceux dont la maîtrise excellait tout particulièrement, avaient d'ores et déjà quitté la pièce. Félicités pour leur application et dévotion, ils avaient été relâchés.

Mais tout aussi nombreux étaient les recrutes encore présents. Peu s'essayaient encore à la régénération par le sang, et l'on put en toute logique déduire que ceux à essuyer des échecs répétés n'étaient autres que ceux s'efforçant au deuxième exercice. Comme lors de sa mise en garde, Azzazel avait insisté sur les effets nocifs que pouvaient avoir des manipulations si succinctes sur un système qui s'y verrait exposé pour la première fois. Les risques avaient été exposées plus tôt, mais visiblement certains arrivaient à leurs limites, et s'entêtaient pourtant à les dépasser. Des yeux virant au rouge, des mains crispées et une bouche entrouverte à cause des nerfs stimulés. Tous les symptômes semblaient se réunir à une vitesse hallucinante, aussi vite que la décision d'intervenir. La seconde d'après, Lucrezia tenait fermement le bras qui cherchait à attaquer son camarade de table. Essayant de se débattre, il fit dandiner la table, soutenue par des pieds instables, ce qui fit chuter une ou deux gourdes qui étaient posées dessus. Les autres moniteurs intervinrent aussi vite, minimisant les dégâts, et remplaçant les réceptacles par des nouveaux. La vampire l'emmena dans les galeries adjacentes, le manipulant avec peu de précautions. Il devenait à moitié fou, et elle s'efforça de le calmer comme elle put en redonnant à son corps une pulsation qu'elle considéra normale. Elle dut souffrir quelques contusions au passage, évitant de le tuer si trop de force elle venait à exercer. « Amenez-moi une gourde également » La jeune femme s'exécuta avec empressement. « Tient toi tranquille, et cela devrait se faire sans douleur » Elle banda ses quelques plaies, confiant la suite du processus à la jeune femme chargée d'une infirmerie provisoire. Il semblait être le seul cas pour l'heure, et étant donné l'avancée de l'exercice, le bilan pouvait se dire plutôt satisfaisant. Il n'y avait rien à tirer d'interrompre un événement dénué de propos hiérarchique, donc il n'y avait bien que ces quelques cas de vampires maladroits à relater dans ses rapports. Usant de cette même technique qu'elle avait appris des minutes plus tôt, elle soigna ses plaies, avant de rejoindre, tranquillement, les autres dans la salle comme si de rien n'était.

Service rendu.

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