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 ♛ Autrui, pour se sentir bien | ft. Nalvyna | -18

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Mer 28 Oct 2015, 23:47



AUTRUI, POUR SE SENTIR BIEN
ft. Nalvyna

Les montagnes de l’edelweiss s’étendaient à perte de vue, obombrant le monde d’en bas d’un voile noir. D’ouvragés flocons tombaient de manière sporadique sur le sol, le couvrant d’un tapis immaculé et duveteux. Gargantuesques, les monts semblaient hors d’atteinte, ancestrales dans ce paysage idyllique. Il faisait froid, des bourrasques mordantes happaient quiconque avait l’audace de vouloir braver le dehors. Un sentier menait les quelques courageux vers le pic, en une promesse de somptueuses visions. Vêtus de peaux de bêtes, ils grimpaient, hagards vers cet eldorado ô combien aventureux. Malgré l’opacité qu’obligeait la tempête, une modeste bourgade se dessinait au pied des massifs, laissant entrevoir quelques hautes cheminées qui exultaient une fumée noire et crasseuse. Les fenêtres reflétaient des lumières dansantes à l’intérieur des maisons. Le village était un refuge pour tous les désireux qui souhaitaient attaquer l’ascension des glaciers. Une petite auberge trônait, blottie dans le flanc d’une des montagnes, laissant percevoir quelques mélopées lyriques au travers du bois de sa porte.

Le proscrit était attablé, goûtant le plaisir simple d’une alcôve chaleureuse et d’un bon fauteuil. La tempête l’avait surpris, l’obligeant à trouver refuge en ces lieux et à prendre une couche pour la nuit. Le tenancier s’était montré aimable, quoiqu’un peu fantasque. L’hère écrasa le mégot qu’il venait d’achever, le privant de sa visibilité le temps que les méandres de sa fumée se dissipent. Fièrement, un verre reposait au creux de sa main, empli d’une substance à l’odeur insidieuse. Au sein de l’auberge, un grand feu crépitait, exhalant une douce tiédeur dans la salle. Quelques quidams avaient pris des instruments et avaient entonné une calme ballade au rythme frais et reposant. Loin du tumulte habituel des tavernes, l’ambiance était presque religieuse. Les badauds parlaient avec parcimonie, buvaient sans excès et contaient quelques aventures trépidantes sans pour autant hausser la voix. Le changement était apaisant. Un incoercible sentiment de bien-être avait envahi le réprouvé qui lorgnait de ses prunelles céruléennes les convives.

Vadim s’était retrouvé seul, de nouveau. Son angélique coéquipière lui avait faussé compagnie, prétextant quelques missives urgentes émanant des siens. Habitué à la solitude, le proscrit n’avait pas usé de plus de palabres et s’était retiré, empruntant une route en attendant de voir où elle le mènerait. Ce fut après quelques jours d’errance sans but qu’il avait atterri près des monts, happé par la tempête, il avait pris abri et demeurait en ces lieux depuis quelques heures déjà. Si les premiers instants s’étaient révélés agréables et distrayants, le banni s’impatientait de revenir à la réalité. Il lui tardait d’explorer plus amplement les environs et de grimper au sommet d’une des montagnes. La foule l’oppressait aisément et l’atmosphère ambiante ne se prêtait pas à son habituelle tendance à la consommation. Préférant éviter tout scandale, il peinait à achever son récipient. Malgré l’apparent respect et la sympathie qui témoignaient les hères de l’auberge, aucun n’avait souhaité converser avec lui, n’estimant pas sa compagnie comme pouvant se révéler agréable. Une idée germa aisément dans l’esprit tortueux de l’exilé, qui attribua le mérite de ce rejet à ses prédispositions raciales. En grand familier, il ne s’était pas évertué à convaincre ou à se faire remarquer plus que de raison. Se contentant de boire, reclus, tout en observant ses contemporains, tentant de déchiffrer quelques bribes de leurs conversations.

D’ingénus couples se tenaient tendrement la main, glissant des regards gênés à leur moitié, d’incoercibles sourires s’esquissant sur les lippes lorsque l’autre ouvrait la bouche. Douce félicité que celle mue par un amour réciproque. A sa gauche, les saltimbanques avaient changé d’air, développant dans l’air un récital qui ouvrait aux pérégrinations. Ineffable mélodie qu’heurtaient les limites idiomatiques. La troupe était douée, tirant de leur rêverie les quelques hères assoupis, qui jetaient à présent des regards admiratifs aux musiciens. Rares étaient les personnes douées de pareille sensibilité artistique. Peu coutumier, Vadim se laissa emporter pour l’envolée lyrique, portant son verre à ses lèvres. Un silence religieux avait pris place, tandis que chacun observait la scène, béat d’engouement. Quand ils cessèrent, des applaudissements de circonstance résonnèrent dans l’auberge et tout un chacun retourna à ses occupations. En pleine réminiscence, le réprouvé se détourna, fixant la porte de l’alcôve douillette de ses prunelles. Il attendait le moindre signe, lui prouvant que la journée serait plus intéressante, qu’elle ne l’était actuellement. Une brise, un zéphyr, une silhouette étrangère. La moindre chose.



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Jeu 29 Oct 2015, 21:45


« Prendre l’air ?... Tu veux dire prendre l’eau plutôt Danasi…n’est-ce pas ? » Elle entortilla ses tentacules entre elle : « Non ! Je veux dire monter à la surface ! Endurcir ton corps pour devenir plus forte, et pouvoir surpasser les bipèdes ! » Je restai sur mon lit de roche, tordant les algues du bout des doigts, celle qui avaient poussé un peu partout dans mon antre. « Mmh… » Fis-je dans un regard sombre : « Tu as croqué dans un fugu en arrivant ? Ça paralyse tellement ton petit cerveau que tu dis n’importe quoi ? » Elle bulla, exaspérée : « Tu es vraiment irrécupérable… A la surface, tu es aussi inoffensive qu’une crevette ! L’eau te porte, mais là-haut, tout te plombe ! Tes muscles sont faibles, tu es incapable de te battre… » Elle tourna dans l’unique pièce, collant ses tentacules au mur : « Tu n’es plus sous le joug de nos parents, tu peux aller n’importe où ! Pourquoi se cantonner à l’océan ? » Je bullai à mon tour, mes branchies bougeant à tout va, agacé : « Parce que je suis une sirène Danasi, je ne vais pas me balader sur terre ! Je serai comme un poisson hors de l’eau ! »  Elle boudait, croisant les bras : « Très bien, soit faible… quand j’aurai l’âge de partir, j’irai à la surface moi… j’étudierai ces foutus Gaelyan, et je trouverai le moyen de tous les tuer! » Je me moquais d’elle un instant, et elle partit en trombe, laissant sur son passage une nuée d’encre dans ma demeure. Je sortis par la fenêtre criant en ça direction : « Tu me le payeras ! »

L’océan s’obscurcit au fur et à mesure que les rayons du soleil ne tapaient plus l’étendue d’eau salée. Allongé sur l’amas de roche poli, je laissai aller mes ondes mentales vers l’extérieur. Elles s’abattaient sur les courbes des rochers, touchaient les poissons aux écailles scintillantes, jusqu’à s’épuiser à l’horizon. Je bullais dans mon coin, pensant aux paroles de Danasi… pourquoi rester dans l’océan ? C’était notre place non… les bipèdes à la surface, nous ici. Cependant, elle avait raison sur une chose, j’étais faible, et quoi que je dise, j’en étais pleinement conscience. Sans doute le regretterais-je plus tard, ou peut-être pas… mais je pris précipitamment ma besace faite de peau, et partis vers la plage la plus proche. La fraicheur de la nuit ne m’aida pas à sécher rapidement, et je dus rester sur le sable froid longtemps, mon corps tremblotant. Je ne pouvais pas attendre demain, tout simplement parce que j’aurai changé d’avis d’ici là, parce que la peur m’aurait saisi, et que jamais plus je n’aurai eu le courage d’affronter la surface. Ce fut nu que je rejoignis le premier village. Je fis croire à des bandits, de peur d’effrayer les habitants  dus aux derniers événements qui avaient secoué ces terres. Je fus rapidement recueilli par un vieux couple dont les enfants étaient déjà partis. Nourri, habillé, je partis très vite lorsque la porte claqua derrière moi, repoussant les draps poussiéreux pour m’enfuir par la fenêtre.

Je marchais, empruntant n’importe quel chemin, me nourrissais des poissons des rivières, refusant de manger les baies et les condiments des bipèdes. Je n’avais pas d’argent, pas de vêtements chauds, pas de réserves de nourritures… vagabondes, j’errai, espérant apprendre de mes ennemies, mais refusant de les approcher, ou même de vivre comme eux. Je dormais à même le sol, habitué aux roches de l’océan. Quand il pleuvait, je devais attendre que ma queue parte, retrouver un bas en mentant à d’autres habitants… plus j’avançai, plus tout devenait froid et glacial. Mes pas dans la neige fut une première, et je tentais de ne pas entrer en contact avec les flocons, au risque de me transformer ici même, au milieu de tout ce blanc. Je replaçai ma capuche, remontais mon tissu jusqu’au nez et tentai de cacher mes mains nues du froid. Mes muscles durcissaient, ma mâchoire claquait. Le vent se leva sans crier gare, balayant la neige qui venait de tomber sur le sol. Je me protéger à chaque bourrasque, mais le vent souffla de plus en plus fort, de plus en plus fréquemment, et la neige se leva pour ne plus redescendre. Je cachais mes mains, mon visage, mes yeux, priais pour ne pas que l’eau touche ma peau. Mes ondes fut plus compliqué à comprendre, mais j’évitai les obstacles grâce à elles, et capta une forme qui n’était pas naturelle. Je tâter de mes épaules, m’écrasant sur les murs pour pouvoir sentir un semblant de porte. Quand la poignée s’enfonça dans mes côtés, je l’ouvris avec mes coudes, et ce fut dans un grand fracas que je fis mon entrée. La porte en bois fut emportée par le vent, et tapa violemment contre le mur. La tête toujours cachée dans mes vêtements, on me prit le bras, m’enlevant de devant celle-ci, et j’entendis un homme grogner derrière moi. Je ne sentis plus de vent, de froid, et une douce chaleur vint éveiller mes sens. La main qui m’avait bougé de place n’avait pas desserré son emprise, et mon seul réflexe fut de me débarrasser violemment de cette présence hostile :
« Lâche-moi sale Gaelyan ! » ¹
Le seul mot compréhensible pour ceux ne comprenant pas le Valaerian, était ce fameux : « Gaelyan » couramment utilisé par les sirènes. Son bras resta en suspens, tandis que je reculai contre le mur, me laissant choir à terre, fatigué d’avoir tant marché et frigorifié. Celui que j’avais rejeté baissa son bras, lâchant avec un ton las : « Tu ne parles pas notre langue ? » Le gérant se mit à rire, répondant à ma place : « Tu vois bien que non…mais j’espère au moins qu’elle a de quoi payer… » Il s’approcha de moi, et s’accroupit, faisant des gestes insignifiants que je ne comprenais guère: « T’as de l’argent ? Tsé des trucs là… pour pouvoir rester ici… » Je m’appuyai plus contre le mur, rehaussant mon tissu sur mon nez. Lorsqu’il vit mon bracelet de perles, il le pointa du doigt, mais je rangeai très rapidement mon poignet manquant de lui mordre l’index : « La garce ! » lâcha-t-il en tombant sur son lourd postérieur. Je savais à peu près ce qui motivait les bipèdes, tout ce qui avait de la valeur à dire vrai, ou quelques galipettes au fin fond d’un lit confortable… Cependant, je n’avais pas d’argent, et je refusais de me donner à quiconque. Je montrai du regard les instruments de musiques, je n’étais pas une de ces artistes d’Orines, mais elles n’étaient pas les seules à savoir jouer de la musique, et savoir charmer son monde. J’usai donc de mon contrôle de la musique pour jouer de la harpe. Une musique s’éleva, une mélodie que je chantai à ma sœur autrefois, et ma voie accompagna celle-ci sans aucune crainte. Mon visage était révélé, ma capuche enlevée, et mon cou dégagé, la tête bien droite pour libérer mon chant. Le gérant revint derrière son comptoir, écoutant d’une oreille attentive, murmurant dans sa barbe : « Mmh… ça payera le paillasson sur lequel tu dormiras. »  



¹ "Lâche-moi sale Gaelyan!"
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Ven 30 Oct 2015, 01:28



AUTRUI, POUR SE SENTIR BIEN
ft. Nalvyna

Un mistral s’engouffra dans la chaleureuse alcôve, happant la porte qui s’abattit contre un mur avec fracas. Une silhouette émergea de la tempête, frêle et longiligne. Un quidam avait ferment enserré le bras du nouvel arrivant, le chassant sans cérémonie de devant le battant et le refermant derrière lui. Un mot. Une stance. Une harmonie de palabres délicieuses. Douce langue chantante, sous une tessiture agressive. Un mot. Un seul. Gælyan. Bien peu de convenances dans un simple terme. Autour de l’emmaillotée, accourrait le tenancier. Quelques phrases échangées plus tard, les évènements avaient pris une tournure bien différente. L’étrangère découvrit son visage, intriguant les hères alentour, saisissant une harpe et développant un chant délicat. Tous s’étaient tus, mus par une admiration polie. Les saltimbanques avaient cessé, interrompant leurs acoustiques pour prêter oreille à l’ode sensible de la créature.

Une cascade de cheveux ébène. Des prunelles cobalt. Les traits fins et ciselés, mais le visage dur. Douce et froide beauté aux allures de muse et ce palabre si caractéristique des profondeurs. Ses longs doigts folâtraient sur les minces cordes de l’instrument, dévoilant une mélopée aux sonorités émotives. A l’unisson des respirations, cette cantilène aux relents de litanie avait bercé la plèbe, médusée par l’aisance de l’ondine. Au loin, le proscrit lorgnait cet être ineffable, perçant dans le décor si banal de l’auberge. Sa pureté qui contrastait avec les traits durs de son minois, son regard las, sa méfiance à l’égard des hommes qui l’observaient. Un délicieux et subtil mélange de candeur et d’intrigue. L’appétence curieuse du réprouvé s’éveilla, mu par l’envie d’en découvrir d’avantage sur cette étrangère véhémente. Incoercible. Déroutante.

Le tenancier s’approcha de lui avec déférence. « Il vous faut autre chose ? » ; « Non, merci. Elle vous a dit son nom ? » Vadim désigna l’ingénue aux longues jambes, dont les phalanges poursuivaient leur course mélodieuse. « Parle pas notre langue. Tant qu’elle n’embête personne et qu’elle joue pour payer, je ne pose pas de questions. J’suis même pas sûr qu’elle sache ce qu’est l’argent vu l’regard qu’elle m’a jeté. » Une moue s’esquissa sur les lippes de l’exilé. « Ce n’est pas un animal, je doute qu’elle ignore ce qu’est l’or mon cher. » Nerveux, un rire exulta des lèvres du propriétaire. « Dites ça à mon doigt, elle a bien failli me le bouffer ! » Arquant un sourcil dédaigneux, Vadim jeta un œil céruléen à l’accusée. « C’est de nature publique, qu’ils n’aiment pas grand monde, vous savez… » Circonspect, le gérant passa de l’étrangère au réprouvé par à-coups de faciès. « Qui ça ‘ils’ ? » Le proscrit avait exhumé une cigarette de sa poche et l’allumait à la lueur d’une bougie. Exhalant sa fumée âcre, il fixa longuement le tenancier. « Laissez tomber. » Dubitatif, l’ignorant haussa les épaules, amorçant un geste de départ, puis se retournant attifement. « Ne partez pas tout de suite, j’aimerais mener une expérience tout à l’heure. Vous verrez bien que votre nouvelle source d’intérêt est étrange. » Acquiesçant vaguement, Vadim reprit son observation de la jeune candide.

Le morceau prit fin dans une jappe notes mélancoliques. Les hères s’affairèrent plus amplement à leurs activités et les saltimbanques reprirent leur droit sur l’animation. Inspirant sa dépendance, le proscrit détaillait la muse aux amples apparats. Il écrasa bientôt son mégot et se leva, emmenant son verre avec lui. Il avança au travers des tables et rejoignit l’ondine, assise sur un strapontin. Il s’agenouilla, la plaçant en position de force, releva la masse vénitienne qui battait sur son visage et plongea l’azur dans le cobalt. L’esquisse d’un sourire se dessina sur ses lippes et il posa son récipient sur une table voisine. « Bonjour, vous ne parlez donc pas notre langage ? » Il marqua un temps d’arrêt, humectant ses cinabres lèvres. « Chez moi, dans ma langue l’on vous nomme Oriim. On conte votre beauté et beaucoup se vantent de vous avoir un jour rencontré. Ici, on vous parlera de sirènes, c'est ainsi que l'on vous nomme. » Il s’interrompit de nouveau, rassemblant ses souvenirs un instant. « Je ne comprends pas en traitre mot de ton langage, mais j'ai pu saisir les accents chantants et harmonieux, si propre à votre race... » Il voguait à tâtons, au travers d’une culture qui le dépassait. Doucement, il se pointa du doigt et prononça avec douceur : « Vadim. »


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Sam 31 Oct 2015, 16:27


Mes lèvres continuèrent à bouger instinctivement, je n’avais pas besoin de réfléchir pour jouer ou chanter, et amèrement, je continuai de regarder ceux qui m’observaient. Je compris rapidement que j’étais coincé dans cette foutue chaumière avec tous ces saletés de bipèdes, je ne comprenais ni leurs mots ni leurs coutumes, ce qui posait grandement problème. Le tenancier semblait m’avoir laissé tranquille pour le moment, s’occupant à palabrer avec ses clients. Lorsque la mélodie s’arrêta, je laissai place aux saltimbanques, et je me mis dans un coin où il n’y avait pas grand monde. Mon regard était dur, froid, une simple phrase m’avait valu des coups d’œil furtif et sombre… surement ceux ayant compris que j’étais Ondine. Je ne maudissais pas pour autant les agissements de mon ancienne souveraine, son soulèvement avait fait tant de victimes qu’elle aurait pu nous débarrasser de tous ces surfaciens en un claquement de doigts. D’un côté, je l’enviais grandement, moi qui étais incapable d’en tuer deux lorsque mes jambes me portaient. Je soufflais, croisant les bras sur ma poitrine. Il fallait attendre que la tempête se calme, et je comptais déjà les minutes qui me maintenaient ici.

Du coin de l’œil, je vis un homme s’approcher. L’adrénaline se mit à se diffuser lentement dans mon sang, la colère, la haine, une envie de tout ravager tout en étant consciente d’en être incapable. Je serrai un peu plus mes bras de mes mains, le laissant prendre place. Je cherchai tout d’abord à fuir son regard, avant de plonger tête baissée dans celui-ci. Mes yeux étaient aussi peu chaleureux que ne l’était l’aura qui flottait autour de moi. Quelques mots furent compris, mais le reste ne fut qu’une suite de sons non reconnaissables, et peu mélodieux. Le geste suivit et je restai un instant pantois, réfléchissant à tout ce que je connaissais des bipèdes, mais aussi des hommes. Prenant une moue vexée, je lâchai un :
« Je ne couche pas » ¹
totalement catégoriques. Un cours instant, je ne vis en lui qu’une bête, mais d’un autre côté, son aura divulguait une douce chaleur qui me rendit plus douce. Je soufflais en relâchant la pression, mes yeux se rouvrir sur les siens, et je me pointai du doigt à mon tour : « Nalvyna. » Un silence s’installa, et je tentai de me souvenir de tout ce que ma mère m’avait appris du langage courant, ou du moins, ce que j’avais daigné retenir : « Enchanté » fis-je en recroisant les bras sur la poitrine. Je détestais parler leur langue… je la pensais sale, il n’y avait aucune mélodie dans leurs sons, rien de beau à entendre.

L’ambiance de la taverne me paraissait lourde, les regards se portant sur nous : amères. Je voyais en ce Vadim, quelque chose qui pourrait me prémunir des autres bipèdes présents ici. Mon ventre grogna soudainement, et je détournai les yeux de l’homme, un air de dédains planant sur le visage :
« Je suppose que vous, bipèdes, ne servaient pas de poissons crus dans ce taudis de bois et de pierre ? » ²
Mon regard lorgna le verre de l’inconnu, faisant un bref va-et-vient entre lui et ce qu’il tenait entre ses doigts. Libérant mes bras, je laissais glisser ma main sur la table en bois, me penchant pour attraper le hanap tant convoité. Délogeant les doigts de l’homme en les soulevant, je portais la boisson à ma vue. L’odeur de la liqueur ne me dit rien de bon, et mon nez plissa quand elle remonta dans celui-ci. Mes lèvres se posèrent alors sur le bord, et mon seul réflexe quand l’alcool parcouru ma gorge, fut de tendre la chope vers Vadim, le visage ne cachant pas mon dégout :
« Comment pouvez-vous boire ça ? » ³
Je ne devais pas vraiment ressembler à mes congénères, sans doute faisais-je pâle figure devant les légendes qui nous entourait… mais depuis maintenant longtemps, je vivais comme un paria, reclus au fond de l’eau sombre, refusant de siéger au sein de la Cité Engloutie. Je n’étais pas de celle qui s’évertuer à être la plus magnifique, ma peau de requin me l’empêchant en quelque sorte… je n’avais pas d’écailles scintillantes, en tant qu’ondine, j’avais une apparence brute, et même si hors de l’eau je ressemblais à une jeune fille candide, je n’oubliais pas que beaucoup de bipèdes étaient passés entre mes crocs. Je pouvais très bien dévorer ce Vadim qui se tenait devant moi, ce tenancier avare, cet homme qui a posé la main sur mon bras… et plus mon ventre grognait de mécontentement, plus l’envie était forte. Dans l’océan, c’était un plat qui n’était pas rare, me transformant en requin lorsque la faim me saisissait. Je retins mes lèvres de se retrousser, il ne fallait pas que ma sauvagerie prenne le dessus, du moins, pas encore.  

¹ "Je ne couche pas"
² " Je suppose que vous, bipèdes, ne servaient pas de poissons crus dans ce taudis de bois et de pierre ?"
³ "Comment pouvez-vous boire ça ?"



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Mar 03 Nov 2015, 15:21



AUTRUI, POUR SE SENTIR BIEN
ft. Nalvyna

Son verre passa entre les doigts de la muse, dont le faciès se tordit en une grimace de dégout. Les lippes du réprouvé s’étirèrent doucement, reprenant la choppe entre ses longues phalanges. « Je suppose que tu n’aimes pas le goût… On s’y habitue à force d’en boire et puis, ça aide parfois à trouver le sommeil. » Reposant doucement le récipient, il scruta la créature un long moment. Elle paraissait sauvage, inapprivoisée, exécrant les us et coutumes des hères de la surface. « Nalvyna. » Le nom était doux au creux de l’oreille, possédant cette même mélopée insidieuse et chantante que les accents pris par l’ondine lorsqu’elle s’exprimait. « C’est un joli prénom. » Se faire comprendre serait peu aisé, mais le ventre grondant de l’ingénue faisait parti du langage universel. Nulle limite idiomatique ne pourrait le contredire. « Tu as faim ? » Mimant malencontreusement quelqu’un entrain de manger et se caressant le ventre, le proscrit arqua un sourcil dubitatif. Il était parfaitement ridicule. Derrière eux, les regards perçaient, observant sans décence les deux quidams qui peinaient à se comprendre. Chuchotant à voix basse, mais peu discrète, quelques critiques acerbes à l’encontre du duo incongru. « Vous n’avez rien de mieux à faire ? » L’exilé s’était retourné, faisant face aux accusateurs, l’œil torve et mauvais. Coutumier à la critique et au rejet, ces hères l’agaçaient profondément, eux si polis et courtois, faisaient à présent fis des convenances pour s’épandre en diableries et diatribes indigestes. « Retournez à vos conversations bien sous tout rapport et cessez de papillonner pour saisir une bribe d’information. Est-ce si incroyable à vos yeux qu’une personne ne parle pas la langue commune ? A croire que les ignorants ne sont pas du côté que l’on croit. » La tirade était véhémente, acariâtre. Le réprouvé ne supportait plus les messes basses des quidams. Ne s’embarrassant pas d’une quelconque récalcitrance de la part de la muse, il prit sa main et l’emmena avec lui vers la table qu’il avait délaissée. A l’écart de la plèbe, exclue du reste du monde.

Le banni la laissa s’assoir et prit place à son tour. « Excuse-moi. J’ai cru comprendre que tu n’aimais pas être touchée, mais je ne savais pas comment t’enjoindre de me suivre. » Tout en s’exprimant, il singeait le geste qu’elle avait eu lorsque l’homme à l’entrée lui avait agrippé le bras. Piètre diplomate, il héla le tenancier avant de lui glisser un mot à l’oreille. « Vous auriez du poisson ou quelque chose venant de l’océan pour elle ? » Longuement, le propriétaire la scruta, visiblement peu disposé à répondre à la requête, mais finit par acquiescer et disposa. Les prunelles céruléennes du réprouvé détaillaient avec déférence la douce ondine à la peau marmoréenne. Il exhuma une nouvelle cigarette de sa poche et laissa jaillir une gerbe de fumée lorsqu’il la rendit incandescente. Exhalant ses méandres opaques dans l’air, il prit soin de ne pas atteindre la muse de son âcre fragrance. Deux cultures s’opposaient. Deux langues. Deux univers diamétralement opposés, en véritable équilibre hydrostatique. Les lippes du proscrit s’effilèrent. « C’est bien dommage que tu ne parles pas notre langue… » Une assiette se posa devant Nalvyna, portée par le tenancier à la mine revêche. Peu engageante, le visage dur et froid de la jeune femme rebuté le tavernier qui s’écarta aussitôt qu’il eut placé les couverts. « Vous auriez pu le cuir. » L’estocade, portée par Vadim était critique. Peu amène. « Et puis quoi encore ? Elle n’a rien pour payer. Tu as eu toutes les peines du monde à me régler ta chambrée, je ne vais pas m’esquinter à fournir un service de qualité. » Les paupières scellées, Vadim expira longuement. « J’avais remarqué, en effet. Mais je n’appellerais pas chambrée, la piètre mansarde à laquelle j’ai eu droit. » ; « Estime toi heureux, elle n’aura droit qu’au paillasson elle. » Retroussant ses lèvres en un ineffable sourire, le tenancier se retira. En son fort intérieur, le réprouvé pria pour une apoplexie lente et douloureuse.

Le proscrit lorgna la muse et posa son mégot sur un réceptacle prévu à cet effet. Il pointa du doigt le maigre menu qui gisait dans l’assiette de Nalvyna. « Poisson. Enfin, c’est comme ça qu’on l’appelle de manière générale en commun. Après, je ne connais pas toutes les espèces. » Escompter apprendre une langue à une dissidente paraissait être un indicible espoir. Les borborygmes de l’ondine se tairaient bientôt, alors ils pourraient converser, ou tout du moins essayer.


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Dim 08 Nov 2015, 17:20


Mon regard ne se détacha pas de l’homme, lui laissant volontiers me débarrasser du hanap que je lui avais pris. Portant une nouvelle fois mes bras sur ma poitrine, je continuais à ruminer dans mon coin, m’égarant dans la contemplation du feu qui réchauffait ce taudis. J’avais pour habitude un environnement froid, résidant dans la profondeur des océans, là où la lumière n’arrivait plus à passer. Un environnement sombre aussi, où je me laissais guider par mes ondes. J’étais habitué à une certaine résistance dans les gestes, mais aussi à être porté par l’eau… ici, je ne glissais pas dans l’air, et mes membres devenaient facilement lourds à porter. Je regardais du coin de l’œil les gestes de Vadim, souriant faiblement. Au moins, ses singeries me permettaient de le comprendre, mais je n’étais pas Ondine à me laisser aider part un bipède, même si mon estomac criait famine. Je serrai un peu plus mes mains sur mes bras, ne sachant pas quoi faire pour que le temps passe plus vite. J’avais déjà envie d’être à demain, et de continuer ma route à travers les terres. La soudaine colère de Vadim me fit sursauter sur place, attirant mon attention et me sortant de mes rêveries. Sans la moindre hésitation, il saisit ma main et je fronçais des sourcils en me laissant tirer vers la table prise tantôt. Ce bipède n’avait donc rien compris.

Arrivé à destination, j’enlevai violemment ma main de la sienne, j’aurai pu feuler, lui montrant la dernière forme des Ondins avant une mort sure et certaine, mais je me ravisai vite en jetant un bref coup d’œil aux alentours. Posant les poings sur la table, je me penchai vers l’homme, fronçant des sourcils et les yeux sombres :
« Ne me touche plus ! » ¹

M’asseyant lourdement, je ne laissai pas retomber ma colère. Je vis du coin de l’œil que le gérant me regarder de travers, un sourire à peine visible sur la commissure des lèvres.
« Je n’aime pas ce type » ²
déclarais-je boudeuse. Quelques palabres de Vadim, et ce fut quelque instant après que je me retrouvais devant un poisson crue. L’une de mes mains se dirigea instinctivement vers ce met qui pour moi était une nourriture plus que banale, mais en cet instant semblait pouvoir me ravir le palais. Arrêtant mon geste, je regardais un instant Vadim qui s’évertuait de m’apprendre la langue des bipèdes.
« Rien à foutre » ³
lançais-je, saisissant le poisson pour le dévorer presque d’une traite, ne laissant que les arrêtes. Me léchant les doigts et les babines, je vis le tenancier venir vers nous, s’invitant promptement sans aucune autre forme de politesse.

L’atmosphère fut soudainement pesante pour moi, le tenancier me regardant sous tous les détails avant de s’adresser à Vadim : « Vous vous intéressez aux autres cultures ? Aux… » Il donna un coup de tête vers moi : « Aux créatures telles qu’elle ? »En réalité, il ne savait absolument pas de quoi il en retournait, mais pour lui, je n'étais pas moins qu'une créature sauvage qui avait tenter de le mordre. Il posait son coude sur la table en bois, ramenant sa main sur son bouc, hésitant un bref instant, songeur : « J’connais un chemin dans les montagnes, un parcours fait par mes soins, pour les ptit duos comme vous ! » Ses yeux rieurs m’adressaient un regard plein d’enthousiasme, et je détournais la tête d’une moue hautaine. Il se penchait vers Vadim, lui soufflant quelques mots : « Ce sont les couples le plus souvent, mais bon… » dit-il en haussant les épaules et en se relevant, s’exclamant : « Vous semblez être comme c*l et chemise ! A gigoter dans votre coin en espérant vous comprendre ! » Il joignit ses mains, continuant : « C’est un petit jeu, une petite attraction sans grande difficulté, mis à part qu’il doit être fait à deux… » Sa main revint dans sa barbe : « Vous pourriez lui proposer ? » Il se mit à rire : « En gesticulant peut-être ? » Il posa les mains sur la table en se levant, donnant un coup de tête vers le comptoir : « Je serais là-bas, au besoin. »

Le tenancier parti, je me ré avançai vers la table, saisissant la carcasse du poisson pour vérifier si un morceau de chair y était resté… avant d’examiner dans mon assiette. Jetant du bout des doigts les restes, je posais les coudes sur la table, portant mon regard vers l’homme. C’était à mon tour de faire des mimiques ridicules. D’un geste lent, je désignai le gérant du doigt, puis la place qui l’avait prise tantôt, avant de pointer du doigt Vadim :
« Que voulait-il ? »
rajoutais-je en posant mon menton sur mes mains jointes. Ma langue s’était déliée, mais mon apathie envers toutes les espèces de ces terres n’en était pas moins présente…

¹ " Ne me touche plus ! "
² " Je n'aime pas ce type "
³ " Rien a foutre "
" Que voulait-il ?"

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Mar 10 Nov 2015, 03:53



AUTRUI, POUR SE SENTIR BIEN
ft. Nalvyna

Les paupières scellées, le réprouvé inspira profondément, se morigénant afin de ne pas sauter à la gorge de l’antipathique tenancier. Ce fut la litanie amère de Nalvyna qui le ramena à la réalité. Un œil s’ouvrit, dans la nitescence de la pièce, céruléen et avide de comprendre sa compagne. Ses palabres mélodieux demeuraient sans signification. De quelques gestes, elle tentait de briser les limites idiomatiques. Les lippes du proscrit frémirent légèrement et il se pencha vers la muse. « Tiens, tu parais moins agressive tout à coup. » Les dernières stances de l’ineffable jeune femme avaient beau être amphigouriques, elles s’étaient teintées de l’empreinte de la brusquerie. Ses quelques diatribes acerbes s’étaient perdues dans leur incapacité à se comprendre, mais il en avait déduit qu’elle n’appréciait guère ses tentatives de la découvrir. Las de s’esquinter à se faire comprendre, Vadim avait pris son visage entre ses longues phalanges, jusqu’à ce que l’odieux personnage fasse son apparition. Les appétences éveillées du proscrit tendaient à abattre son poing sur le propriétaire, mais il s’était sagement retenu. Après tout, il n’avait pas d’autre endroit où demeurer. Son attention revint à l’ondine. Soupirant il tenta de joindre le geste à la parole afin d’éclairer Nalvyna sur les dires de l’homme. « Il nous propose de suivre un chemin. Une sorte de parcours pour deux personnes. Je suppose que la route est pavée d’épreuves. » S’interrompant, il finit par murmure pour lui. « Et de bonnes intentions. » La mine torve, il reprit sa cigarette entre ses lèvres et déversa un panache de fumée qui s’étira dans les méandres de la pièce.

Nalvyna n’avait rien de la créature chimérique tant édictée dans les grimoires. Loin de l’inénarrable mysticisme qu’entourait les ondins, elle avait plongé à pleines dents sur le menu fretin, faisant fis des convenances et des hères qui l’entouraient. Indomptable et sauvage, elle dégageait cependant une fragrance presque captieuse et exaltante. Son allure furibonde tranchait avec la douceur puritaine de sa voix et l’ineffable sensibilité dont elle avait fait preuve, une fois la lyre entre ses doigts experts. Sous ses tirades acrimonieuses se cachaient sans nul doute une autre personne. « Tu n’es pas comme je vous imaginais. » La tessiture portait une certaine déception, à peine voilée.

Le mégot s’écrasa dans son verre, lâchant un crépitement au contact du spiritueux. Les borborygmes de la muse s’étaient tus, calmés par le met si rapidement englouti. A quelques pas d’eux, le tenancier conversait avec quelques hères aux regards suspicieux. « Je n’aime pas ce type. » Ignorant l’écho qu’il faisait aux mots prononcés par Nalvyna, Vadim porta ses prunelles sur l’ineffable demoiselle. Quelque peu éloignée des créatures fantasmagoriques qu’il avait longuement dessiné dans ses songes, elle n’en restait pas moins agréable au regard. Plus farouche que ses consœurs. Une beauté brute et sauvage. Il leva la main, ses doigts collés les uns aux autres. « Attend moi, je reviens. » Le proscrit se leva, abandonnant son objet de convoitise un instant, se dirigeant vers son acariâtre interlocuteur. Il s’était tourné vers lui, ses lèvres étirées en un sourire sardonique. Les sourcils arqués, Vadim s’imaginait à loisir entrain de frapper sans interruption le visage grossier du cacochyme personnage. « Et il est où votre célèbre parcours ? » Un rire gras s’évada du propriétaire qui gratta sa barbe avant d’accéder à la requête de l’exilé. « Pas très loin. Au lieu de suivre le sentier de la montagne, prenez sur la gauche, vous rencontrerez une cavité. C’est une grotte que j’ai fais creusé il y a longtemps, elle vous mènera à mon petit parcours. » Lorgnant un long moment le beau parleur, le réprouvé haussa les épaules. « On verra si votre ‘attraction’ vaut la peine. » Sans attendre d’injonction de la part de l’antipathique, Vadim se détourna et rejoignit la muse.

Il ne s’assit pas, se contentant de demeurer près de la desserte. A nouveau il tenta, dans un indicible espoir d’établir le dialogue entre l’ondine et lui, d’exprimer ses mots avec des gestes. « Viens avec moi. Nous allons sortir un peu, nous verrons si son attraction est si merveilleuse que cela. De toute manière, je crois que nous ne sommes pas appréciés ici. » Lorgnant la plèbe dans la pièce qui leurs jetait des regards courroucés, l’exilé reprit le fil du dialogue. « Ni toi, ni moi. » Doucement, sans brusquerie, il lui tendit sa main, ses lippes s’esquissant en un léger sourire. « Viens. » Qu’importer la suite des évènements, ils en affronteraient les vicissitudes à deux.


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Mar 24 Nov 2015, 12:34


Repoussant l’assiette tandis que Vadim s’en allait vers le tenancier, j’observai ceux qui se tenaient autour de moi. Je n’avais pas compris un traître mot de l’homme, mais tout ce que je saisissais était que pour le moment il ne comptait pas me faire de mal… contrairement aux autres qui nous épiaient du coin de l’œil, chuchotant parfois, comme si notre présence ne les dérangeait pas plus que ça pour commérer sur notre dos. Soufflant, reportant mon regard sur la table, j’entendis Vadim revenir quelques minutes après. Ses gestes accompagnés de ses paroles, ses regards alentours, et je compris qu’il voulait que l’on sorte d’ici. La main qu’il me tendit fut balayée de la mienne, et je me levai pour lui faire face :
« Tu es complètement malade ! »
lançais-je en portant mon index sur ma tempe. Au moins, s’il n’avait pas compris mes mots, il pourrait traduire ce geste reconnaissable… je continuai en gesticulant vivement
« Si la neige touche ma peau, je suis bonne à sautiller comme un poisson hors de l’eau, à espérer que les quelques rayons sèchent ma peau pour retrouver mes satanées jambes de bipède ! »
Je m’arrêtai soudainement, relevant la tête vers le toit de l’auberge. Aucun craquement ne se faisait entendre, le vent ayant probablement cessé. Je passai près de l’homme, m’approchant de la fenêtre givrée. Passant brièvement ma main sur la buée, je pus constater que la tempête avait cessé, même si un petit souffle glacial levait parfois la neige fraîchement tombée. J’arquai un sourcil, jetant un bref regard vers l’arrière. Les clients accoudés à leur table avaient cessé de boire et de parler, le regard porté vers moi… sans doute avais-je encore éveillé leur animosité en gesticulant à tout va. D’une moue hautaine, je traversai la salle, m’avançant vers Vadim. La tête haute, je le saisis par le bras :
« Tu as raison, allons n’importe où pourvus que ce ne soit pas ici. »


Les lèvres pincées, le regard dur, je fis un premier pas dans la neige. Le froid me picotait la peau, mais ayant l’habitude des eaux profondes, il ne fit que passer sur moi sans que je ne frissonne. Tournant la tête vers l’intérieur de la taverne, je claquai violemment la porte.
« Bande d’abrutis »
sifflais-je en lâchant Vadim. Mon regard arpenta les environs, et je fis face à l’homme, les mains sur les hanches, m’approchant dangereusement de lui :
« Où allons-nous maintenant mmh ? »
n’attendant même pas  sa réponse, emplie d’une colère sans nom, je me reculai en donnant un coup de pied dans la neige :
« Quelle idée que d’être venu sur terre ! J’aurai dû rester dans l’Océan, continuant à dévorer les tiens ! »
Mon index s’était posé sur son torse, les sourcils froncés :
« Tu ne semble même pas apprécier les bipèdes, et l’inverse parait également vrai !  Comment vais-je pouvoir apprendre de toi ?! »
Levant les yeux au ciel, laissant mes bras retombez le long de mon corps, je me tournai, lui faisant dos. Mon regard se focalisa maintenant vers le sol, je passais mes mains dans mes cheveux. J’avais peine à le croire, mais pour une fois, je donnais raison à ma mère… la langue commune m’aurait grandement aidé dans cette situation… comment apprendre des bipèdes alors que je ne peux leur adresser la parole ? Mon visage crispé tout autant que mon corps, saisissant mes cheveux, je tentais de me souvenir de ses leçons… et seuls quelques mots traversèrent mon esprit. Relâchant la tension, je me tournais vers Vadim : « Nous… nous sommes pas aimés. Où aller ? » Je sentis mes joues s’empourprer, je ne savais même pas si ce que je disais voulait dire quelque chose, ou même si c’était réellement ce que je voulais dire. Je croisais les bras sur ma poitrine, les sourcils froncés, essayant d’arborer un visage dur… mais très vite mon regard ne supporta pas le sien, et il se mit à arpenter n’importe quoi pourvu qu’il ne tombe pas sur l’homme.

« Je déteste les bipèdes… »
Murmurais-je les dents serrées. Ce que je voulais apprendre de lui le dépassait certainement, peut-être parce que finalement c’était cruel ? Avoir un désir aussi fort que celui de vouloir tuer une population entière, toutes les races qui étaient munies de deux jambes… était-ce extrême que de vouloir défendre les siens contre ces barbares ? D’ailleurs, cet homme m’avait-il emmené loin de la plèbe pour pouvoir prendre mes écailles ? Si c’était le cas, celui-ci allait être déçu… Soufflant, j’en oubliai ma gêne, et d’une moue hautaine je lançai tout en portant la main vers moi : « Pas... écailles. »



♦ « Tu es complètement malade ! »
♦ « Si la neige touche ma peau, je suis bonne à sautiller comme un poisson hors de l’eau, à espérer que les quelques rayons sèchent ma peau pour retrouver mes satanées jambes de bipède ! »
♦ « Tu as raison, allons n’importe où pourvus que ce ne soit pas ici. »
♦ « Bande d’abrutis »
♦ « Ou allons-nous maintenant mmh ? »
♦ « Quelle idée que d’être venu sur terre ! J’aurai dû rester dans l’Océan, continuant à dévorer les tiens ! »
♦ « Tu ne sembles même pas apprécier les bipèdes, et l’inverse parait également vrai !  Comment vais-je pouvoir apprendre de toi ?! »
♦ « Je déteste les bipèdes… »




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Jeu 26 Nov 2015, 03:28



AUTRUI, POUR SE SENTIR BIEN
ft. Nalvyna

Le monde était beau. Paré d’un blanc immaculé et duveteux. C’en dégageait un lyrisme envoûtant, nimbé par la nitescence de l’astre solaire. Ses rayons étendaient leurs bras sur les deux hères, réchauffant leur peau nue. Un froid s’insinuait néanmoins, perfide et mordant. La chimère l’avait emmené loin de la plèbe, loin de ces hommes qu’elle exécrait avec tant de virulence. Le proscrit lorgnait cet être si singulier, aux traits si doux et agressifs à la fois. Il se perdit un temps dans l’abysse attrayant de ses iris, jusqu’à ce qu’elle rompt le contact, papillonnant sur le décor idyllique autour d’eux. « Tu aurais pu me laisser prendre des affaires. » Un frisson parcourut son échine. Un poids manquait dans son dos, ses bras nus et encrés se révoltaient contre l’impudence de cette fraîcheur. « Je suis désarmé aussi. » Ses lippes se tordirent vaguement. « Non. Nous ne sommes pas aimés. Toi, comme moi. » D’une phalange, il l’avait désignée, puis avait retourné la vindicte contre lui. « Enfin, pour toi, c’est plus subjectif. Tu les intrigues. Mais, sans doute pas pour les bonnes raisons, je le crains. » Ses prunelles céruléennes remontèrent sur les courbes de la muse, tandis qu’il frictionnait ses avant-bras. Incoercible, le carillon de son rire s’évada dans les lieux. « Des écailles ? Je me moque de tes écailles. Que tu en es ou non, ça ne change rien. Je ne suis pas un braconnier. » La méfiance perlait dans le regard de la chimérique et l’exilé s’avança près d’elle, veillant à ne pas la brusquer, conservant une distance hiératique entre eux. Alliant les gestes à sa stance, il tenta de briser, à nouveau, les limites idiomatiques qui les sévissaient. « Cesse de me craindre. Je ne suis pas là pour te causer du tort. Je ne vais pas me jeter sur toi. » Un sourire fade esquissa ses lèvres diaphanes. « Pour quelque raison que ce soit. » Doucement, il recula, faisant quelques pas dans la poudreuse.

Les monts obombraient les masures, sans atteindre les deux quidams. Le chemin s’étendait au loin, large et tapis de neige. Dans ce cadre aux allures de décor fantasmagorique, Vadim se mouvait, enjoignant Nalvyna à le suivre. Ils escaladèrent, tous deux, l’ineffable layon immaculé qui se dressait, les amenant peu à peu vers les hauteurs escarpées de l’edelweiss. Le proscrit posa ses phalanges à la surface de la roche, goûtant chacune de ses aspérités. Le contact ténu était indicible. Un mutisme sépulcral s’était instauré, loin des diatribes amphigouriques de la muse qui suivait ses traces. L’empyrée nimbé le monde d’azur, octroyant avec affabilité la présence de quelques cumulus duveteux. Une véritable ataraxie régnait, dans l’onirisme immaculé qu’offraient les montagnes. Même les plus fous auraient admis l’inénarrable beauté qu’elles reflétaient. « Nous avons bien fait de quitter l’auberge. Nous aurions manqué cette exhibition d’harmonie autrement. » Les palabres étaient lancés dans le vent, plus pour le proscrit que pour la chimère. Une appétence nouvelle vibrait en lui, mue par la majesté de l’endroit. Il désirait en voir plus. Beaucoup plus. « Viens. » Sa tessiture n’était qu’un souffle, au gré d’un zéphyr. Tournant le dos à cette nature imperfectible, il fit face à leur destin. La gueule béante d’une grotte se dessinait, tranchant avec la douceur du paysage. Vadim désigna l’anfractuosité d’un doigt, à l’intention de la muse. « C’est là, que nous nous rendons. » Ses lippes s’étirèrent et il avança vers l’antre, se laissant engloutir par les ténèbres atrabilaires.

Une douce chaleur exhalait de chaque aspérité de la cave. Une lueur, jusque là insondable, s’était dessinée à leur entrée, baignant la roche et le sol graveleux d’une douce clarté mordorée. Une litanie caressante vint caresser le galbe de leurs oreilles. La mélopée insidieuse s’échappait au loin, provenant de l’autre bout du tunnel. A la gauche du réprouvé, un mince panonceau portait une inscription dans une calligraphie ouvragée. Vous êtes sur la bonne voie. Incoercible, un sourire de prolixe satisfaction se dessina sur les lippes de l’exilé. Malgré lui, il avait saisi la main de la chimère et l’entraîna vers la lointaine doléance. Quand ils parvinrent à la source, tout s’éclaira. Une vive clarté capta leurs rétines. Aux confins de la civilisation, ils parvenaient à l’aune de leurs épreuves. Les phalanges serrant celles de Nalvyna, ignorant son probable mécontentement. Son appétence ravivée. Ineffable. Incoercible. Il ouvrit ses prunelles céruléennes, découvrant leur futur.


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Mar 08 Déc 2015, 20:42


Portant les mains sur les hanches, je prêtai attention à chacun de ses mots. Fronçant des sourcils, je restais pendu à ses lèvres, me penchant un peu en avant tout en tendant l’oreille. Une légère suspicion se lisait sur mon visage, mais elle s’envola bien vite. Mes muscles se détendirent alors que Vadim semblait montrer des signes indiquant que le froid l’avait saisi pour ne plus le lâcher. Arquant un sourcil, mon regard suivait la progression de ses frissons, jusqu’à ce qu’ils disparaissent sous ses manches. Le froid mordant me rappelait les profondeurs de l’océan, où les courants glacés ondulaient silencieusement sans que nous puissions les voir. C’était un point commun que je remarquai ici, le vent balayant la neige violemment, tandis que les courants faisaient danser les algues. Aux derniers mots de l’homme, mon attention se reporta sur lui : « raisons ? » C’étaient un mot que je comprenais très bien, mais qui m’interpellait. Quelles étaient les autres raisons qui pouvaient mener les bipèdes à vouloir entre leurs griffes, une sirène ? Mon regard transperça une nouvelle fois Vadim. Quelles étaient ses raisons à lui, pour accepter ma présence ? Toujours sur une défensive exagérée, je le toisai de haut. Je ne savais pas si cela avait été une bonne idée de sortir cet homme de la taverne, de se retrouver seul avec lui, dans un paysage où les cris ne seraient qu’un écho dans le vent, sans signification. J’avais déjà tué, mais ici, je ne pouvais devenir la même prédatrice que dans l’eau.

Emboitant le pas de l’homme, je ne cessais de garder un œil sur chacun de ses mouvements. Lorsque la roche s’éleva devant nous à perte de vu, je jetais un regard inquiet vers Vadim, immobile et silencieuse. Il commença alors son ascension, et je restai un instant les jambes tremblantes, la tête penchée en arrière pour visualiser l’épreuve qui m’attendait, moi qui n’avais que rarement utilisé mes jambes. L’adrénaline se mit à exploser au moment même où ma détermination avait pris place, me berçant d’une douce chaleur. Saisissant férocement chacune de mes prises, je commençai à monter à mon tour en serrant la mâchoire. Quelques minutes plus tard, mes muscles me brulèrent à vouloir cesser toutes activités, mais ma main saisit la dernière prise. Je m’assiste les pieds dans le vide, inspirant de manière saccadée l’air frigorifié qui m’arrachait les poumons. L’homme brisa le silence qui s’était installé, regardant au loin, comme aspirer par le blanc paysage. Tout ce blanc ne me plaisait guère, tout semblait mort, vide de toute vie. Je détournai le regard sur Vadim, immobile contemplant le spectacle qui s’offrait à lui. Il suffisait de regarder un bref instant l’homme pour éveiller le requin qui dormait en moi. Mon regard parcourut les moindres détails de son corps, le souvenir du gout et du parfum du sang sur mon palais. J’avais maintes fois broyé les jambes de bipèdes, maintes fois goutées leur chair, humé leur peur… mon regard s’était intensifié, plongé dans une certaine appétence pour la mort. Remontant sur son dos, je me souvenais des cotes brisées d’un coup de mâchoire, s’enfonçant dans leurs poumons… Continuant ma contemplation morbide, je restai un instant sur ses épaules, puis ses bras, avant de m’arrêter sur ses mains. Saisissant les palabres de Vadim, mes yeux revinrent sur les siens. Prise soudainement d’une grande chaleur qui me saisit, remontant jusqu’à mon visage, je détournai le regard d’un mouvement hautain.

Entrant dans le trou béant de la montagne à la suite de Vadim, je remarquai que le froid venait de cesser, le vent n’étant maintenant qu’une brise qui ne faisait que traverser la grotte de part en part. Les doigts de l’homme vinrent subitement saisir les miens, et une impulsion traversa tout mon corps. Fronçant des sourcils tandis qu’il commençait à avancer, je serrai des mâchoires en crispant mes doigts. Le détachement de Vadim face à son geste me mettait hors de moi, mais ce sentiment se battait contre celui du bienêtre et de l’agréable qui diffusait une douce chaleur au sein de mon être. Un grognement de mécontentement sortit d’entre mes lèvres, tout de suite suivi par la violence de mes gestes. Je saisis le poignet de Vadim, l’arrêtant dans sa progression, avant de tirer sur ma main prise dans la sienne. Le geste fut hésitant, et je restai un instant à regarder ses doigts maintenant vides. Relâchant la pression, je me tournais vers la sortis de la grotte.

Alors que je m’apprêtais à ne pas sentir le vent, le froid, je fus saisi de violents tremblements au moment même où je posais mon pied hors de la grotte. Je restai un instant immobile, tandis que mes cheveux virevoltaient sur mon visage, mais que je ne sentais aucune caresse de ceux-ci, la peau glacée. Étrangement, la peur que je ressentis fut proportionnellement exagérée. Mes prunelles scrutèrent celle de Vadim, et je saisis brutalement sa main, la serrant dans la mienne. L’enlevant avec une brutalité indéfinissable, saisi de toutes sortes de sensations que j’avais pour habitude d’inhiber, je reculai vivement. Aucun son ne voulait sortir de mes lèvres, la gorge saisit par l’épouvante. Quelques minutes passèrent avant que la colère prenne le dessus, me recroquevillant sur moi-même : « Je ne suis pas censé être autant touché par le froid… ce n’est pas normal ! » Frictionnant mes bras, je jetais un œil vers l’homme : « Je ne suis pas censé être affecté par un bipède non plus ! » Je m’arrêtai subitement, saisissant le tenant de mes propos, qui était dans un langage commun des plus parfait. Mes yeux s’exorbitèrent : « Que nous arrive-t-il ? » Rapidement, des craquements se firent entendre, la neige disparaissant dans les failles de la montagne. Tout semblait tourner, et dans un vacarme assourdissant, la neige se mit à glisser pour nous emporter avec elle dans un sombre gouffre.

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Mer 09 Déc 2015, 04:20



AUTRUI, POUR SE SENTIR BIEN
ft. Nalvyna

Une main quitta la sienne, mue par une indicible véhémence et la certitude de ne pas être à sa place. Un œil azuré contempla la scène, abandonnant sa sacralisation de la beauté onirique du paysage immaculé. Puis, tout changea. Un pas sur le marbre opalescent et duveteux, un regard sur les courbes alliciantes de la muse. Ses phalanges retrouvèrent les siennes avec aisance, avant de les quitter avec plus de virulence qu’auparavant. Il l’avait senti. Son être se dresser, les capillarités de son corps en émoi sous la caresse furtive de ces doigts doux et glacés. Exacerbé par une présence intangible, les sens du réprouvé dardaient en lui milles appétences, focalisant son regard sur l’ineffable créature qu’il côtoyait à présent. Les barrières avaient cédé. Les intonations, le langage, toutes les sonorités épousaient l’ouïe décuplée du damné, qui plongea ses iris dans ceux de l’ondine. « Je comprends ce que tu dis ! » Un sourcil s’arqua de stupéfaction. L’exilé déroulait les mêmes accents chantants, jadis exprimaient par Nalvyna. Antinomiques dans leurs manières de s’exprimer, ils pouvaient cependant enfin se comprendre. Le monde bascula. Dans bruissement sourd, le tapis de neige s’effondra. Mu par ses sens déchaînés, le proscrit happa sa sauvage compagne et se laissa entraîner par la déferlante ivoirienne.

Un œil s’ouvrit à la nitescence du jour. Le vent s’était apaisé, chassant la fraîcheur. Le réprouvé reposait sur le dos, les apparats humidifiés par l’eau qui s’évadait de la neige. Nalvyna s’étendait sur lui, inconsciente encore de leur proximité renouvelée. Les lippes du damné s’étirèrent doucement. Ses doigts remontèrent lentement sur les courbes de l’ondine, avec une extatique pudeur. Il en dessina les contours avec affabilité. Les longs filins de sa chevelure abyssale s’étendaient sur lui, jurant avec le décor opalin. Une phalange traça le contour de sa pommette, s’attarda sur le dessin de sa commissure. Il épousait la finesse de ses traits, captant le nitide éclat de sa sauvagerie. La beauté brute. Impie. Emplissant de concupiscence le désireux qui laissait libre cours à ses plus basses appétences. Son faciès était une ode à l’océan, que n’aurait su endiguer la dureté de ses traits. Indomptable. Brutal. Le céruléen rencontra l’azur. Un long moment. Emoussant son impatience, le réprouvé avança le visage, lorgnant l’écrin cinabre des lèvres de la muse ,qui exhalait une fragrance capiteuse. Un carcan qu’il eut été aisé de conquérir en l’instant. Ses sens lui dictaient de cueillir ce territoire. D’assouvir cette pulsion impie qui l’étreignait. Son toucher exacerbé, gravant en lettres flamboyantes le contact ténu de la peau sous ses doigts. Amblyope devant l’irascibilité en devenir de la farouche, le réprouvé avance, interrompant son geste à quelques éphémères secondes de leur finalité. « Tu es lourde. » Et d’un geste, il chassa ce corps alliciant qui exprimait en lui ses plus bas instincts. S’asseyant lentement, il lorgna l’ineffable engeance, ressassant les vicissitudes qui les avaient conduites à cette situation. « Donc, si je reviens sur ce que tu as dis, avant tout autre chose, tu as dis que je t’affectais ? Intéressant. Tu entendais ça dans quel sens ? Je suis curieux. » Carnassier, il croisa ses bras sur son torse, frissonnant sous ses habits imbibés.

L’histoire était étrange. Ils étaient à présent en mesure de se comprendre, de se parler, d’échanger, brisant les limites idiomatiques qui s’étaient dressées dés leur rencontre. Les sourcils du réprouvé s’arquèrent sous le poids de sa réflexion. « On se comprend. Et nos sens, tout du moins le toucher, sont exacerbés. » Il s’interrompit un instant, ne s’embarrassant pas d’une quelconque réprimandes au sujet de ses gestes antérieurs. « Les épreuves de ce type sont vraiment particulières. Je le trouvais antipathique, je pense que je ne me suis pas trop fourvoyé. » Un sourire s’insinua sur ses traits. Machinalement, il gratta sa barbe de deux phalanges. Son bras droit était douloureux, éreinté par les affres de leur chute. Que devaient-ils faire à présent ? Ce trou était-il la suite logique de leurs pérégrinations ? La paroi lisse ne souffrait aucune aspérité. Aucune gueule abyssale ne tendait à leur indiquer la marche à suivre. L’ataraxie et la candeur, éprouvés précédemment, s’étaient envolés. Balayés par cette perfide malchance. Le réprouvé se pencha vers la muse, sa tessiture grave chassant les pensées qui auraient pu l’étreindre. « Pourquoi m’as-tu regardé avec tant d’insistance tout à l’heure ? Je suis curieux, ne l’oublie pas. »


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N° de post | 6.

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Ven 18 Déc 2015, 16:45


Le vent avait cessé, même si le froid semblait encore encré dans ma chair. Un grognement sortit d’entre mes lèvres, tandis que mes paupières semblaient si lourdes qu’elles refusaient de s’ouvrir. Mon corps restait inerte, immobile, tandis que je sentais la neige fondre sur ma peau brulante. Ma tête tambourinait à ne plus pouvoir penser, et me transformer en cet instant, ne fut qu’une crainte qui s’envola bien vite. Une ardente impulsion naquit de mon ventre pour se diffuser brutalement au sein de mon être, tapant jusqu’au bout de mes doigts. Tandis que ses mains glissaient sans aucune retenue, je tentais de retenir toutes les émotions contradictoires qui se manifestaient. Mes muscles se crispèrent, et alors qu’il s’attardait sur mes lèvres, celle-ci s’entrouvrirent dans un faible souffle. Finalement, l’homme arrêta ses gestes pour me pousser de son torse, alors même que sa respiration venait d’effleurer mon visage. Rouvrant violemment les yeux lorsque ma joue tapa la pierre, je pus sentir ma chair pétiller et ma magie s’éveiller. Faiblement, mes lippes  se mirent à bouger dans une angoisse qui petit à petit grandissait. Me redressant sur mes deux jambes, je balayai du revers de la main la neige sur mes vêtements, me précipitant derrière une grosse roche pour ôter mon bas. La pudeur ne me touchait pas le moins du monde, mais je tentais désespérément de cacher mes joues empourprées, ainsi que mes sens qui étaient maintenant en émoi.

Mes jambes nues devinrent une queue de requin, ma peau épaissie à son tour pour en faire une armure naturelle, et mes cotes furent perforées pour voir naître de grandes branchies. Les paroles de l’homme ne passèrent cependant pas inaperçues, et seule ma tête sortit de derrière la roche : « Dans le sens le plus mauvais que tu puisses comprendre sale Gaelyan… »  Ma peau brulait encore de notre dernier contact, et je serrai des dents rien qu’à son souvenir. Les sourcils froncés, mon regard devint aussi glacé que mon corps : « Et ne t’avise plus de me toucher, ne serait-ce que pour me tendre la main ! Garde tes pulsions déplacées pour une de ces bipèdes à l’entrecuisse trop large ! » Me redressant pour m’assoir, dos à la pierre, je tapais férocement contre ma queue : « Sèche ! » Criais-je en saisissant mon bas pour essuyer ma peau humide.

Les palabres de l’homme raisonnaient dans la sombre caverne, et je relevai les yeux vers les murs râpeux.  Une fresque faite de signes inconnus s’avançait jusqu’aux confins de celle-ci, parcourant les tunnels comme une veine, elle battait comme un cœur, raisonnant faiblement dans les murs. Sa couleur bleue illuminait les coins les plus obscurs, et je pris conscience que l’endroit donnait l’illusion d’être vivant. Cependant, malgré la magie du lieu, nous étions enfermés l’un avec l’autre, et c’était un problème plus grand que nous ne pouvions l’imaginer : « Tu as un certain talent pour conter les évidences, ça va vraiment grandement nous aider dans notre situation… » Un problème oui… parce que ce bipède me mettait hors de moi, que si je pouvais le dévorer tout de suite et maintenant, je le ferai sans hésitation. Je levais les yeux aux ciels à ses dernières paroles, soupirant en relâchant mes muscles. Ressortant ma tête de l’endroit, j’arquai un sourcil : « Dit moi, sale Bipède… tu me vois avec une belle nageoire scintillante, à chanter pour pouvoir couler du marin ? » Me hissant pour dévoiler ma queue, je serrai des dents : « Ce n’est pas le cas ! Alors quand je te regarde, la seule chose que je ressens, c’est la faim qui me saisit les tripes, et je t’imagine très bien en plat de résistance… » J’étais sur une défensive facilement détectable, même si une part de vrai avait sa place dans mes propos. Le problème résidait surtout en quelque chose que je ne maîtrisais pas : les sensations exacerbées, certes, mais aussi toutes ces émotions longtemps passées sous silence. Ma haine avait grandi, il ne me suffisait pas de détourner le regard pour ne plus être envahi par les sensations de tantôt, mes ondes tapant contre Vadim, me rappelant qu’il était toujours présent. Ma rage avait pris possession de mon corps, une grande honte aussi, et mes paroles acerbes sortaient sans même que je ne puisse avoir le moindre contrôle dessus : « La seul chose que tu m’évoques, c’est la haine… et si nous étions dans un endroit plus favorable, tu aurais juste essayé de survivre à mes mâchoires… » C’est ainsi que cette rencontre aurait dût se passer, sous l’eau, entre la vie et la mort, dans une bataille où le sang aurait été bercé par les courants froids.



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Jeu 14 Jan 2016, 01:17




AUTRUI, POUR SE SENTIR BIEN
ft. Nalvyna


Passez la souris pour déchiffrer la langue.

« Une bipède à l’entrecuisse trop large ? Vraiment ? Crois bien que si l’occasion m’était donnée, j’irais de ce pas quérir cette créature.Une bipède à l’entrecuisse trop large ? Vraiment ? Crois bien que si l’occasion m’était donnée, j’irais de ce pas quérir cette créature. » Son faciès s’était durci, les traits fermés sous les diatribes complaisantes de l’effarouchée. Les dents de l’exilé se serrèrent, ses prunelles se voilèrent, tandis qu’il fusillait l’insolente du regard. Le céruléen laissa place au cinabre, témoignant de l’arrivée imminente de l’incube jadis endormi. « Pourquoi m’as-tu accompagné, si c’est pour tenir un pareil discours ? Tu es une enfant. Une enfant capricieuse. Un coup tu es sage, l’autre tu montres les crocs. Tu mets en péril ma patience, sirène.Pourquoi m’as-tu accompagné, si c’est pour tenir un pareil discours ? Tu es une enfant. Une enfant capricieuse. Un coup tu es sage, l’autre tu montres les crocs. Tu mets en péril ma patience, sirène. » Echo à un terme plus barbare, la familiarité avait pris l’ascendant sur sa politesse désormais révolue. Il avança, conquérant, les lippes érigeaient en un rictus médisant. La nymphe exhuma ses attributs, exposant le squale de sa férocité aux yeux du réprouvé, qui interrompit son cheminement. Un rire pernicieux exhala des lèvres entrouvertes du damné, qui lorgnait l’être chimérique avec déception. « Crois bien que tu mets à mal chacune de mes attentes. Tu as démystifié tout ton peuple au moment même où tu as exhibé cet amas de cartilage devant moi.Crois bien que tu mets à mal chacune de mes attentes. Tu as démystifié tout ton peuple au moment même où tu as exhibé cet amas de cartilage devant moi. » Le provocant avança plus encore, parvenant au rocher d’où la sirène s’était hissée. « C’est bien dommage. J’aurais été enchanté d’entendre plus encore ta douce voix aux accents lyriques. Mais, en pareille situation et sous ces atours qui mangent la beauté sauvage qui est tienne, ce serait une insulte.C’est bien dommage. J’aurais été enchanté d’entendre plus encore ta douce voix aux accents lyriques. Mais, en pareille situation et sous ces atours qui mangent la beauté sauvage qui est tienne, ce serait une insulte. » La langue de l’exilé vint humecter ses lippes, tandis qu’il flirtait avec le danger, s’approchant à quelques pas du prédateur. Ses phalanges happèrent ce visage empreint d’insolence, enserrant ses joues, plantant ses ongles dans leur creux, il attira ce faciès à quelques centimètres du sien. Ses prunelles carmines caressèrent l’océan de l’acariâtre, ses doigts ne relâchant pas leur emprise. A aucun instant. « Un plat de résistance ? Vraiment ? Ma belle, je suis ravie de détenir cette place tant convoitée, mais il te faudra attendre quelques années avant d’avoir le loisir de goûter à ma chair. Je ne suis pas le genre à me laisser dévorer le premier soir.Un plat de résistance ? Vraiment ? Ma belle, je suis ravie de détenir cette place tant convoitée, mais il te faudra attendre quelques années avant d’avoir le loisir de goûter à ma chair. Je ne suis pas le genre à me laisser dévorer le premier soir. » Tout était plus puissant, plus intense. Le contact, les mots, la tension. Ses appétences vibraient, tandis que ses phalanges maintenaient ce visage si tentateur. Nalvyna avait éveillé ses plus bas instincts, sa part la plus sombre, la plus brutale. La plus joueuse. Il avança ses lippes et vint cueillir celles de la chimère, happant l’inférieure pour y planter ses crocs et en récolter quelques gouttes carmines. « Je n’ai pas pu résister.Je n’ai pas pu résister. » Il relâcha son étreinte, s’écartant de toute réprimande de la part de l’alliciante.

Nuls doutes qu’il avait franchi la limite. L’ire de la créature serait ineffable. Un sourire s’insinua sur les lippes du conquérant, sardonique. « Tant de haine. Il semblerait que j’ai survécu à tes mâchoires. Certes, le combat était inégal et je t’ai pris par surprise. Mais c’était… Intéressant.Tant de haine. Il semblerait que j’ai survécu à tes mâchoires. Certes, le combat était inégal et je t’ai pris par surprise. Mais c’était… Intéressant. » Le cinabre de ses iris détailla le squale qui peinait à estomper ses attraits raciaux. La magie des lieux semblait avoir chassé le froid. Vadim ôta son haut, dévoilant une musculature naissante et les derniers encrages qui demeuraient dissimulés. Il lança le tissu à l’insolente. « Prend ça pour sécher ta… Alors le moindre contact de l’eau, quelque soit son état, te rend ainsi ? Etrange. Décidément, les ondins sont une curiosité bien intrigante.Prend ça pour sécher ta… Alors le moindre contact de l’eau, quelque soit son état, te rend ainsi ? Etrange. Décidément, les ondins sont une curiosité bien intrigante. » A aucun instant, il ne s’était soucié du ton acerbe de Nalvyna. De cette haine viscérale qui l’étreignait. Le proscrit avait pris ses distances, préférant se tenir éloigner de tout retour de flamme. Elle serait enragée de son geste. Elle qui exécrait tant les bipèdes. Les lippes du réprouvé gardaient les reliquats aux relents métalliques du sang de la chimère. Etait-il encore Vadim après tout ? N’était-il pas plus en ce moment ? Ses phalanges caressèrent son menton distraitement, tandis que son regard flamboyant restait vriller sur la nymphe. Il ne la quitterait pas du regard. Pas tant qu’elle aurait encore son statut de prédateur. Il était courageux. Pas téméraire. « C’est bien gentil de me parler de ta haine de l’humanité, mais si tu veux tant être débarrassée de moi, autant que nous quittions cet endroit. Ce qui implique que nous devons faire… équipe, si on en croit les paroles du tenancier. Alors garde tes appétences culinaires pour plus tard. Tu auras tout le temps de me haïr et de me chasser.C’est bien gentil de me parler de ta haine de l’humanité, mais si tu veux tant être débarrassée de moi, autant que nous quittions cet endroit. Ce qui implique que nous devons faire… équipe, si on en croit les paroles du tenancier. Alors garde tes appétences culinaires pour plus tard. Tu auras tout le temps de me haïr et de me chasser. » L’éternité même.


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Jeu 28 Jan 2016, 19:04


Mes phalanges se brisèrent sur la pierre grise, mon ventre brûlant de ces éclats de colère qui refusaient de se taire.  L’homme était provocant, marqué par cette supériorité maintenant évidente entre nous. Il se savait dominant, maîtrisant son environnement, tandis que moi, je me trouvais comme un poisson hors de l’eau. Mes mâchoires étaient serrées, regardant droit dans les yeux la bête qui lentement s’éveillait, montrant un visage qu’il avait tu jusqu’alors. Au-delà des mots, au-delà de la violence dont ils étaient emplis, il n’avait pas encore réussi à toucher la corde sensible, jusqu’à ce que ses dernières paroles me percutent de plein fouet. Ma différence avait été source de nombreux conflits, dont d’indénombrables rappels d’un traumatisme que j’aurai simplement voulu oublier. Je n’étais pas l’un de ces symboles de la Cité, bien loin des écailles brillantes, de la peau douce, des visages parfaits… ma beauté était quelque chose d’assez brut, marqué par la colère, la bestialité. On m’en avait souvent fait le reproche, et alors que mon physique dérangeait, ces regards mettaient à mal le peu de bienveillance qui m’animait. Les Ondines étaient prises pour des femmes à la beauté exceptionnelle, mais peu semblait réellement voir ce qui se cachait derrière… mon apparence, elle, ne mentait pas. « Tu n’as aucune idée de ce dont tu parles… » Sifflais-je sans plus argumenter. Dans un semblant de calme, je le laissais approcher, toujours derrière cet immense rocher. L’homme ne perdait pas son temps, pour le moment, il semblait totalement incapable de résister à quoi que ce soit. Ses doigts glissèrent sur ma peau épaisse, durcis par la transformation. Mes musclent se contractèrent sans attendre, et même si mon ventre semblait apprécier la douce main du bipède, mes sourcils se froncèrent, forçant mes sens à se taire. Sans succès. Mes lèvres se serrèrent à son approche, et mon corps frustré, dans une tentative de ne pas céder, resta immobile. Habitué aux meurtrissures, sa morsure ne fut qu’un mal des plus minimes, contrairement aux diverses cicatrices qui parsemaient mon corps. Cependant, elle ne resterait pas impunie. Mes mâchoires voulurent claquer sur son visage, mais elles restèrent serrées, l’email prêt à céder sous la pression. Il me fallut quelques minutes pour calmer le feu qui animé mon bas ventre, et faire taire les palpitations qui naissaient ci et là.

Le souffle froid qui s’engouffrait sembla peu à peu disparaitre, la magie du lieu protégeant ses invités. Vadim ôta son haut, me le jetant sans plus de manières. Je le lançai à mon tour plus loin, refusant d’utiliser ce tissu donné comme à une mendiante de qui l’on aurait pitié. Mon regard s’attarda sur sa peau, ses tatouages… puis je sentis ma magie pétiller, signes que l’eau avait séché et que ma queue allait disparaître. Je me reconcentrai sur mon propre corps pour ne pas me perdre dans une contemplation qui allait sans doute me brûler de nouveau. Mon épiderme devint plus doux et plus fin, mes jambes se dessinèrent légèrement, ma peau semblant aspirer l’armure grise du squale, jusqu’à totalement se détacher. J’étais redevenu ce que je détestai, et lentement, je me relevai pour remettre mon bas et mes bottes.

Cela me faisait mal de l’admettre, mais l’homme avait raison : nous devions sortir d’ici avant de nous laisser envahir par nos sens, et avant de s’entretuer pour savoir qui aurait le dessus. Je passais près de lui, ignorants les diverses phrases dites tantôt. C’était une stratégie de survie en quelque sorte, quelque chose que je faisais depuis gamine pour faire taire les moqueries des autres enfants. Ici, les paroles avaient été plus violentes, elles n’étaient pas de la bouche de n’importe qui. Je laissai un œil vagabonder sur l’autre face de l’homme, et les deux larges cicatrices me firent sourire : « Tu es bien présomptueux de me rejeter pour ma différence, alors que ton espèce n’est rien d’autre que l’une des races les plus exécrées. » Son changement de comportement, de couleur d’yeux prenait alors tout son sens. Je me retrouvai tout bonnement entre les mains d’un Réprouvé, en proie à sa part la plus sombre.

Suivant du regard les marques bleues, avançant dans les tunnels qui semblaient finalement plus s’enfoncer dans les profondeurs que nous mener vers la surface, je tombai devant une grande porte sculptée. En son centre, ni poignée ni verrou, seulement deux trous en forme de main. Celle-ci était à demi ouverte, fracturée sur le côté droit, comme si la grotte qui la surplombait l’avait brisé sous son poids. Je la tirais sans grand succès, y passant mon corps fin, me raclant quelque peu les cotes et les hanches. Les marques bleues de la pièce se réveillèrent alors, s’illuminant une à une avant de rester scintillantes. Devant mes pieds s’étendait un grand et large bassin, où l’eau était noire et vide de toute vie. Il s’étendait jusqu’à taper dans un mur, comme un cul-de-sac. Le mur était tout aussi brisé, comme si récemment, le sol avait tremblé et avait fait s’écrouler les roches. On pouvait apercevoir à travers, la lumière s’y infiltrer, comme si la fente nous indiquait qu’il fallait explorer l’eau sale, et trouver sois même la sortie. Mes yeux questionnèrent un instant le Réprouvé, mais très vite, je détournais le visage. Je n’avais pas peur de tout ce qui semblait sombre, mes ondes m’aidant à m’orienter en ces cas-là. Ici, il s’agissait surtout de ne pas avoir peur de l’inconnue, et c’était bien ce qui me dérangeait le plus. Nous ne savions tout bonnement pas ce qui s’y cachait, et les quelques remous sur la surface indiquaient qu’il y avait du mouvement en son sein. Je commençai à défaire mon haut, laissant tomber mes vêtements au sol. Mes bottes furent jetées, mon bas glissant le long de mes jambes. Très vite, je me retrouvai dévêtu, prêt à fuir le bipède dès que la sortie se ferait voir. Mon pied toucha l’eau, et je rentrai plus vite que je ne l’aurai voulu, sentant déjà la magie pétiller en moi. Plongeant la tête dans l’eau, ma queue fit son apparition et je restai immobile, laissant partir mes ondes. Très vite, mes sens s’affolèrent, ma peau m’indiquant une population grouillante, inexplicable, mes mains bougèrent instinctivement devant moi, repoussant ses choses que je ne pouvais toucher. Sortant de l’eau, je roulai hors du bassin, me redressant sur mes coudes, les yeux rivés au sol. Ma respiration saccadée trahissait ma peur, et je dus rester un instant dans cette position avant de reprendre mes esprits. Très vite, mon cœur s’accéléra à ces mains qui sortirent de l’eau pour m’attraper et me replonger dans les profondeurs… mais je reculais en me dandinant, soufflant à l’attention du Réprouvé : « Tu les vois, n’est-ce pas ? » Je n’étais sûr de rien, préférant même devenir folle, plutôt que croire qu’une population de bipèdes cherchait à me défaire de ma peau, et laisser ma carcasse sombrer par la suite.


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Ven 29 Jan 2016, 01:43



AUTRUI, POUR SE SENTIR BIEN
ft. Nalvyna


Passez la souris pour déchiffrer la langue.

Il y avait une tension entre eux. Une tension indescriptible et presque palpable. Sa nature était inexplicable et malgré le mauvais augure qui se lisait dans les prunelles sombres de l’ondine, quelque chose les liait. Non, elle n’avait guère apprécié son geste et il s’en félicitait, sa mâchoire contractée en témoignait, tout autant que son envie de maîtrise d’elle-même. Circonspect, le réprouvé l’observa rejeter son vêtement et ses sourcils s’arquèrent de dénégation. « Merci. Heureusement qu’il ne fait pas froid, j’aurais mieux fais de ne pas me découvrir et de te laisser à tes problèmes.Merci. Heureusement qu’il ne fait pas froid, j’aurais mieux fais de ne pas me découvrir et de te laisser à tes problèmes. » Soupirant lascivement, il ne prit pas la peine de récupérer son atour et se contenta d’observer la sirène, qui sous l’impulsion de son mysticisme, reprenait les traits enjolivés de sa beauté brute et sauvage. Les lippes sarcastiques du réprouvé se rehaussèrent, tandis qu’il détaillait les longues jambes de la créature. « Je te préfère comme ça. C’est plus… Convivial. Je me risquerais presque à un second baiser.Je te préfère comme ça. C’est plus… Convivial. Je me risquerais presque à un second baiser. » Le courroux qu’il lut dans le regard de la chimère le fit taire et il n’ajouta rien de plus à sa stance. Les palabres qui suivirent le figèrent sur place. Ses dents se rencontrèrent, ses tempes battant d’une veine furibonde. Il n’avait pas apprécié les mots choisis par Nalvyna. Aucun de ces mots. « Il ne me semble pas t’avoir rejeté. Souviens-toi, qu’au contraire, je suis le seul à t’avoir accepté, lorsque nous étions à l’auberge. Evite-moi des aigreurs et évite de me redire des trucs pareils. Ça m’agace.Il ne me semble pas t’avoir rejeté. Souviens-toi, qu’au contraire, je suis le seul à t’avoir accepté, lorsque nous étions à l’auberge. Evite-moi des aigreurs et évite de me redire des trucs pareils. Ça m’agace. »

Ils traversèrent le flanc de la montagne, jusqu’à une ineffable porte dont une partie était brisée, ne laissant qu’un mince interstice. L’exilé observa la chimère s’engouffrait, non sans avoir au préalable essayé de tirer ladite porte, dans l’espace réduit et disparaitre. Une expiration profonde exhala des lippes entrouvertes du réprouvé, qui avança vers l’édifice. Si Nalvyna était assez fluette pour le traverser, il n’en était pas de même pour lui. Inspirant profondément pour maigrir d’autant qu’il le pouvait sa silhouette, Vadim passa son visage, puis avec difficulté le reste de son corps. Son torse racla les aspérités de la roche et fut entaillé superficiellement. Le proscrit lâcha un juron et s’extirpa finalement de son étau, pressant sa blessure de la paume de sa main. Il voulut déverser sa diatribe perfide, mais n’en eut guère le loisir. Une indicible lueur bleutée s’étendait dans toutes les anfractuosités de la pierre, berçant l’endroit de sa lumière mystique. A leurs pieds, un bassin composé d’une eau sombre et opaque s’étendait, heurtant le mur opposé qui n’offrait aucune sortie. La surface était lisse et huileuse, distillant une certaine inquiétude dans l’esprit du réprouvé. Une inquiétude que ne sembla partager la chimère, qui commença à ôter ses vêtements, faisant fi des règles de pudeur. Le damné ne put retenir la curiosité malavisée de son regard et détailla les courbes de ce corps alliciant, qui aurait provoqué le plus vif des émois aux puritains. « Je te préfère encore plus ainsi. Tu devrais poursuivre notre périple dans cette tenue, je t’assure que ça m’encouragerait à me surpasser.Je te préfère encore plus ainsi. Tu devrais poursuivre notre périple dans cette tenue, je t’assure que ça m’encouragerait à me surpasser. » Ironie ou envie fugace, la frontière était ténue, mais le réprouvé avait d’autres préoccupations dés à présent. L’ondine s’était engouffrée dans l’eau, chassant le masque élégant de sa beauté froide, pour les vils apparats du squale retors. Quelque chose n’allait pas. Lorsqu’elle plongea et qu’elle se mit à se débattre avec véhémence, Vadim comprit que tout ne se passait pas comme prévu. Il fit quelques pas en direction du bassin, mais déjà elle s’extirpait de son emprise, se hissant à la force des coudes pour quitter cette eau sale et avilissante.

L’exilé la rejoignit et empoigna ses bras pour l’aider à s’éloigner, il se pencha près d’elle, malgré la crainte d’une vengeance perfide. Il ne comprenait pas, elle semblait délirer, son regard perdu dans le vague, observant ce qu’il ne pouvait entrevoir. Ses phalanges enserrèrent son visage tordu par l’appréhension et il le tourna vers lui. « Nalvyna ! Il n’y a rien, tu es en plein délire ! Calme-toi !Nalvyna ! Il n’y a rien, tu es en plein délire ! Calme-toi ! » Elle divaguait, mais l’eau ne pouvait être étrangère à ce phénomène. Il relâcha la chimère, lorgnant avec inquiétude le bassin. Il devait en être sûr avant de tirer des conclusions. Peu amène, il ôta ses bottes et son bas, ne conservant qu’un sous-vêtement primaire, qui masquait sa masculinité aux yeux de l’ondine. Il approcha lentement du jais de ce liquide pernicieux, inspira profondément et posa le pied à sa surface, se laissant happer par sa profondeur.

Il aurait crié s’il l’avait pu. L’eau s’infiltra dans ses poumons. Une douleur insoutenable irradiait de tout son corps, dans son dos, brûlant les cicatrices de ses ailes perdues. La sensation était effroyable, l’impression qu’on lui arrachait de nouveau ses précieux atours, encore et encore. Le mot souffrance prenait à présent tout son sens. Il battait des bras, tandis qu’une lame invisible déchirait la peau de son dos son discontinuer. Tant bien que mal, ses phalanges trouvèrent le contact de la pierre et il se hissa en hurlant sur la berge. Un cri de douleur s’immisça au travers de ses lèvres, tordues par ses sensations délirantes. Ses prunelles cinabres s’ouvrirent et firent face à l’ineffable. Une main à la peau ébène tentait de le ramener vers le bassin. Le réprouvé tentait de se débattre, glissant contre la pierre en entaillant sa peau de part en part. Il rejoignit Nalvyna en rampant, la mâchoire serrée. Si elle avait voulu se venger, elle en avait tout le loisir. Meurtri et déboussolé, Vadim jetait des regards vers la paume noire qui avançait vers lui. « C’est l’eau. Il y a quelque chose dans l’eau Nalvyna…C’est l’eau. Il y a quelque chose dans l’eau Nalvyna… »


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♛ Autrui, pour se sentir bien | ft. Nalvyna | -18

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