Cela faisait plusieurs moi que Jun m'avait refait signe. Je savais que changer d'état ne serait pas forcément aisé ni rapide. Pourtant c'était devenu n rituel, chaque matin en me levant, chaque soir avant d'aller me reposer je vérifier dans les piles de paperasses déposées sur mon bureau qu'il n'y avait pas là quelque lettre de mon cher et tendre. Cela faisait si longtemps, j'avais hâte de le revoir, de le retrouver, de pouvoir le sentir près de moi, me blottir contre lui, oublier mes soucis dans ses bras, savoir sa présence rassurante près de moi, notre lien se renforcer. Il y avait tant de chose qui me manquait lorsqu'il n'était pas là. Nous avions formé ce lien pour que je sois son ancrage dans la réalité, sa guide, son repère, en réalité j'étais terriblement dépendante de lui, sans doute parce que je l'aimais tant et depuis si longtemps. Jusqu'à présent notre histoire avait été triste, dénuée d'intimité, de moments privilégiés, de liberté. Je n'aurais pus choisir chemin plus compliqué et parsemer de peine, d'inquiétude, de douleur et dans le même temps d'un amour dévorant. Ma vie avait été sur le plan sentimental bien éloigné d'une vie de rêve. Certains aurait pu se moquer de moi, me dire que je ne récoltais que ce que j'avais semer, que je ne pouvais m'attendre à être aimer du respectable Jun Taïji au vu de mes mœurs dissolues, mais nul ne s'avisait à formuler de telles pensés pour la bonne et simple raison que Masha était morte pour le reste du monde et que Jun était devenu une cible à la suite de la dernière catastrophe, bien qu'elle n'ai eut lieu que dans le futur. Du Roméo et Juliette revisité. C'était étrange qu'une femme aussi volage que moi se soit autant liée à un homme, qu'elle l'aime au point d'être prête à sacrifier sa vie pour lui. J'avais mis longtemps à l'admettre, je m'étais persuadé pendant des années que ce n'était qu'une question de fierté, d'honneur, que je ne pouvais laisser un homme résister à la veuve noire que j'étais, que déchoir un ange était un aboutissement, j'étais stupide. J'avais trouvé en lui ma moitié quand tout nous séparait. Rien ne pouvait ni ne pourrait jamais expliquer l'amour irraisonné que j'avais pour lui. Pourtant ce que j'avais vécu il y a quelques temps avec Cocoon m'avait perturbé. Cependant mon attachement pour Jun était toujours aussi vivace et cela seul comptait.

Ce matin là l'air était brumeux tandis que je me levais à l'aube. J'évoluais comme une ombre silencieuse dans les couloirs encore endormis de ma demeure. Maitresse de ce monde, profitant des premiers champs des oiseaux j'atteignis mon bureau et commençais à trier mon courrier de mes doigts fins sans trop d'espoir, jusqu'à ce qu'une enveloppe attire mon attention. Rien ne l'aurait du pourtant, mais c'était précisément de qui fit battre mon cœur. Je l'ouvris fébrile pour y découvrir un mot de mon époux. Je pressais ces quelques lignes sur ma poitrine heureuse, enfin nous allions pouvoir partager ces instants d'intimité tant attendue, rien n'aurait pu me faire plus plaisir. Le temps me parut longs en attendant le jour de ces retrouvailles et je me plongeait dans la reconstruction de Drosera pour ne pas devenir folle. Lorsque le moment fut venu de se mettre en route j'enfourchais un étalon à la robe de nuit, j'aurais pu m'y rendre à dos de dragon mais le but était de ne pas attirer l'attention. Je préférais aussi cela à la simple téléportation, au moins je me sentirais vivante. Ce fut une folle chevauché, je ne nous accordais que quelques brèves pauses, trop pressée d'arriver. Cela ne m'empêcha pas de savourer la puissance de ma monture, le contact de ses muscles, la vitesse de cette course. Mais c'est avec soulagement que j'arrivais à la petite auberge que m'avait indiqué mon époux. J'étais vêtue d'un bustier de cuir noire, d'un pantalon moulant de même, d'un blouson doublé de laine assorti, à cela s'ajoutait des gants doublés et des bottes plates et serrées sur mes mollets.

Je laissais mon étalon à l'écurie entre les mains d'une jeune palefrenier avant de rentrer aussi calmement que je le pu dans l'auberge. La chaleur à l'intérieur me fit ôter ma veste et mes gants que je jetais sur un portemanteau avant de suivre mon instinct et notre lien pour retrouver Jun dans la salle principale devant la cheminée. Je m'arrêtais net sur le seuil de la pièce et chassais l'aubergiste d'un geste. Je restais figée là, haletante, mes immenses cheveux noirs bouclés et quelques peu emmêlés suite à mon voyage, les joue rosies par le froid, les lèvres carmins et mes yeux d'émeraudes brulants d'amour. "Jun" murmurais-je avant de venir me blottir contre lui n'y tenant plus. Je humais son odeur, cela faisait si longtemps pourtant elle m'était familière et je l'aurais reconnue entre toutes. "Tu m'as tellement manqué, j'étais si inquiète. Je t'aime." soufflais-je contre sa chemise l'enlaçant et le serrant contre moi. J'avais tant de fois aspiré à cet instant, rêvé de ces retrouvailles.