Le Deal du moment : -20%
Ecran PC GIGABYTE 28″ LED M28U 4K ( IPS, 1 ms, ...
Voir le deal
399 €

Partagez
 

 Les trésors des Esprits élémentaires| Quête – Friedrick [Solo]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

~ Orisha ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 1157
◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Sam 10 Oct 2015, 15:39

Les trésors des Esprits élémentaires
« Héritiers »


Fuzâil, la Révélatrice…
Depuis mon passage au Temple des Esprits, j’avais beaucoup réfléchi à elle et aux propos qu’elle m’avait glissé. Au cœur de mon esprit, je me souvenais encore du sourire qu’elle m’avait offert, qui s’entendait même jusqu’à l’intérieur de sa voix de cristal. Sans moquerie ni par réelle joie de me savoir ici pour suivre une Voie, il y avait, toutefois, quelque chose dans son timbre qui m’avait intrigué au plus profond de moi. Même si ma confiance, à ce moment-là, me paraissait sans faille, aujourd’hui, je repensais à ses mots et le doute s’insinuait inexorablement dans mes idées les plus claires. Pour accomplir ce que je désirais, avais-je la force nécessaire? Pour choisir la voie qui était mienne et la mener là où je souhaitais la diriger, avais-je suffisamment foi en mes convictions? Force était de constater qu’elles me paraissaient bien précaires, ces convictions, et les paroles que j’avais lancé à l’Esprit me semblaient dénuées de certitude à l’heure actuelle. Pourquoi hésitais-je sans cesse? Était-ce par peur? Par indécision, comparativement à ce que je croyais depuis le début? Car il m’en a fallu peu pour ébranler toute mon assurance et faire vaciller toutes mes pensées. Fuzâil avait semé la graine de l’incertitude et maintenant qu’il germait, je voulais, plus que tout au monde, l’arracher de ma tête, ce qui n’était pas si évident. Parce que depuis le début, je basais mes convictions sur mon souhait à ne pas devenir comme mon père et de prêter ma force, non pour mon ascension personnel, mais pour la population qui souffrait trop en ce monde injuste et cruel. Pourtant, étais-je certain de ce que j’avançais, certain que je ne sombrerais pas dans la folie qui avait possédé mon père ou était-ce uniquement un caprice d’enfant alors que je restais aveugle au sentiment le plus naturel de l’Homme: l’ambition? Est-ce qu’en agissant de la sorte, Fuzâil m’avait mis au défi? Pourtant, ce n’est pas comme si j’avais entendu de la provocation dans le ton de sa voix… Voulait-elle que je lui prouve que j’étais en mesure de surmonter toutes les épreuves et de ne pas me laisser corrompre par cette soif de pouvoir? Craignait-elle que je devienne comme mon père, à mon tour, et laisser tomber tout ce qui m’avait, jusqu’à aujourd’hui, conduit sur ce chemin que je m’étais acharné à suivre sans défaillance? Rien que d’y penser, j’en frissonnais. Pourtant, dans ma tête, cela me semblait clair: je ne voudrais jamais devenir comme mon père. Je préfèrerais mourir plutôt que de devoir me supporter dans ce cas-là. Malgré tout, rien de ce qui pourrait se passer dans le futur ne pouvait m’être prédit, si oui ou non j’allais me laisser tenter par le goût de la victoire et délaisser toutes les valeurs sur lesquelles ma vie était fondée.
Et ça, ça me faisait peur… Atrocement peur. Succomberais-je ou non? Aurais-je la force de le surmonter ou non?

Tant de doute germait à présent dans ma tête, et je m’efforçais de m’en déloger pour me concentrer sur mon entraînement. Titania n’allait pas dans la demi-mesure et me faisait trimer comme jamais auparavant, convaincue que la Force prodiguée par ma nouvelle lame m’avait influencé. Et ce n’était peu dire. Si, dans ma tête, l’incertitude tournait encore, cependant je pouvais être sûr d’une chose: l’arme précieuse que m’avait offerte la Révélatrice ne me quittait plus. Je voulais me montrer digne de cette lame, qui me donnait la Force qui me manquait et une fois en main, toute l’indétermination dont je pouvais faire preuve disparaissait pour ne laisser que cette arme et moi. Mes pas s’enchaînaient alors avec plus de dextérité et de vélocité, entraînant mon corps à ces danses de lames et d’acier que j’avais sans cesse répéter avec Titania pour m’endurcir. Cela n’avait rien d’artistique – enfin, tout est une question de point de vue – et pourtant, je voyais que ces exercices m’apportaient une force physique que je n’aurais jamais soupçonnée possédé auparavant. Moi qui, de silhouette quelque peu frêle, m’était habitué des commentaires récurrents de Titania à propos de mon apparence chétive, je notais depuis un certain temps qu’elle n’en faisait plus aucune allusion. Alors mon entraînement portait ses fruits, n’est-ce pas? Je devenais plus fort, je m’endurcissais, à ma plus grande joie, abandonnant peu à peu cette taille de clou pour voir mes muscles se développer enfin. Je gardais, néanmoins, ma mince silhouette, mais je pouvais remarquer qu’elle se définissait plus qu’auparavant. C’était génial! Et tout ceci, c’était grâce à cette arme.

En portant mon regard sur mon flanc gauche, je pus facilement voir le manche d’ébène de mon nouveau katana et, comme à plusieurs reprises depuis quelques jours, je me trouvais légèrement bizarre de ne pas sentir le fourreau si particulier et léger de mon fidèle et vieux sabre. J’avais préféré ranger ce dernier pour quelques temps, l’attachant horizontalement dans mon dos, ce qui me permettait, néanmoins, de le dégainer rapidement et efficacement si un assaut surprise m’avait choisi pour cible. Je ne délaissais pas mon vieux sabre parce que ce dernier était de mauvaise qualité, au contraire. Depuis le jour où il m’avait été offert par mon mentor, Titania, il ne m’avait jamais fait défaut et je pouvais compter sur lui pour désarmer mes ennemis et toucher mes cibles. Pourtant, malgré la fidélité de cette épée, j’espérais faire de ce nouveau katana ma nouvelle arme de prédilection.

Des jours et des jours entiers maintenant que je songeais à cela, examinant la lame affutée de l’épée que je ne pouvais m’empêcher de contempler avec avidité. D’un tranchant rare, il suffisait d’une légère pression sur mon doigt pour que ce dernier échappe quelques gouttes de sang; c’était à la fois fascinant et effrayant, et je pensais aussitôt à ce qui pourrait être fait avec cette arme lors d’un véritable combat. En plus d’être efficace, il possédait une beauté qui, à mon avis, n’avait point d’égal. Le manche, conçu à partir du bois d’une ébène, reconnue pour son poids conséquent, était lisse et me permettait d’avoir une bonne prise sur celui-ci lorsque je le prenais dans mes mains. Même si son poids contrastait à la légèreté et la finesse de mon sabre, le maniement de ce katana m’avait permis de développer mes muscles et de m’entraîner plus sérieusement à l’art de l’épée. Comme décrit plus tôt, j’avais bien senti que des changements s’opéraient en moi, mais je ne pouvais dire avec exactitude si cela était le fruit de mon entraînement ou le résultat – que je ne pourrais, malheureusement, expliquer – de ma venue au Temple des Esprits. Quoi qu’il en soit, Titania remarquait également l’ardeur que je m’étais à la pâte et l’évolution de mes techniques de combat, ce qui lui faisait visiblement très plaisir. Dans tous les cas, il semblerait qu’elle soit du même avis que moi sur ce fait: même si je n’aimais pas mon père, le haïssais pour toutes les horreurs qu’il avait pu commettre dans sa vie, j’étais tout de même heureux d’avoir accompli ce qu’il avait lui-même toujours appelé notre histoire de famille...

« Friedrick, pourrais-tu venir ici pour quelques minutes? » Entendis-je soudainement dans mon dos, Titania réclamant ma présence de sa voix puissante.

Je relevais aussitôt la tête, suffisamment pour voir son visage disparaître de la fenêtre de la maison. Je me levais alors, serrant le manche de mon arme entre mes doigts avant d’avancer jusqu’à la petite chaumière rustique. Je ne savais pas si ce domaine était temporaire ou si elle avait véritablement envisagé de s’établir ici, mais Titania semblait s’être fortement attachée au paysage de neige et de glace du Berceau Cristallin et des habitants de ce petit village perdu dans les poudreuses d’un climat hivernal éternel. Cela faisait plus de trois mois – presque quatre – que nous vivions ici, alors que nous n’étions jamais restés plus de deux mois à la même place autrefois. Nous avions toujours vécu comme des nomades, à voyager et à camper là où notre présence était demandée, mais autrement, nous n’avions jamais eu d’attache aussi longue que celle que nous entretenions avec les villageois de cette communauté. Enfin, je ne m’en plaignais pas, les gens étaient sympathiques et généreux ici. C’est juste que le fait même d’être restés aussi longtemps au même endroit fût bizarre pour des explorateurs et des voyageurs comme Titania et moi, je trouve. Peu importe, pour le moment, je ne voyais pas pourquoi nous partirions maintenant de toute façon. Malgré le froid mordant de la région, nous nous étions rapidement accommodés à ce petit train-train de vie et c’était un plaisir parfait.

Traversant le seuil de la porte d’entrée, je secouais rapidement mes vêtements pour y faire tomber la neige qui s’était collée avant de pénétrer dans la douce chaleur de la maisonnette. Comme prévu, Titania se tenait contre la table à manger, les bras croisés, attendant mon arrivée. Lorsqu’elle m’aperçut, elle me gratifia d’un bref regard avant de me faire signe de m’asseoir avec son menton. Je lui obéissais sans poser de questions, sachant pertinemment que l’impatience ne servait à rien avec elle et qu’elle allait, de toute façon, m’informer sans détour de ce qu’elle avait à l’esprit. Pour sa part, restant debout, mon mentor se détacha finalement de la table à manger pour faire les cent pas dans notre petite cuisine, avant de commencer à parler.

« D’après toi, comment va-t-on entraînement? »

Je réfléchis quelques secondes seulement avant de lui répondre de but-en-blanc:

« Ça ne s’est jamais aussi bien déroulé. »

Elle hocha de la tête.

« Tu sais que la confiance que prête le combattant à son arme est la source même de son talent?

- Oui, je le sais. Et cette arme que j’ai acquise au Temple des Esprits n’est-elle pas la preuve que j’ai plus confiance en moi? »

Titania posa un regard sur moi, que j’étais incapable de définir avec précision. Finalement, après un moment d’attente, elle finit par répondre d’une voix étrangement énigmatique:

« Effectivement. C’est la première fois que je te vois aussi acharné et passionné à la tâche. C’est beau de voir son apprenti aussi déterminé.

- Ça fait plaisir à entendre, Maître. »

Mais brusquement, elle fracassa les paumes de ses mains contre la surface en bois de la table, me prenant par surprise.

« Qu’est-ce que…

- Faux! Tu ne fais qu’entraîner ton corps! Tu ne fais que te muscler en gesticulant avec ton épée! Tu te bats simplement pour te battre, mais tu as perdu la témérité qui forgeait ton style! Où sont donc passé ton originalité, tes coups bas? J’ai l’impression de m’exercer avec une marionnette qui ne fait que suivre mes pas! Et je n’entraîne pas des indécis, des gros tas de muscles sans cervelle! Alors, tu peux m’expliquer où se trouve Friedrick, mon Friedrick?! »

Je restais interdit suite à cette explosion, la bouche grande ouverte, les yeux écarquillés comme ceux des poissons. Je voulus dire quelque chose pour me défendre, mais rien ne sortit et Titania recula subitement, toujours en me toisant. Et puis, finalement, je tournais mon regard vers le sol.

« Titania… Est-ce que tu crois qu’un jour, j’aurai suffisamment de force pour atteindre le but que je me suis fixé? »

Je relevais les yeux pour les poser dans les siens, y cherchant une réponse en fouillant l’amalgame de reflets qui dansaient dans ses prunelles. Mais, au moment où je m’y attendais le moins, elle ferma les yeux avant d’exhaler un soupir.

« C’est donc ça qui t’inquiète autant? »

J’acquiesçais affirmativement, lui racontant alors mon voyage au Temple des Esprits et lui partageant les paroles que m’avaient ancré Fuzâil à l’esprit. Ces dernières n’agissaient pas en mal – n’allez pas croire en une ruse de l’Esprit du Temple – mais elles avaient le don de m’inquiéter et de faire naître en moi l’incertitude la plus grande.


+ 1 900 mots



Les trésors des Esprits élémentaires| Quête – Friedrick [Solo] Signat16
Merci Léto ♪:
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34827-miles-koerta#679519
Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

~ Orisha ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 1157
◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Sam 10 Oct 2015, 15:44

Les trésors des Esprits élémentaires
« Héritiers »


« Comme ça, tu as peur que l’ambition te prenne et que tu deviennes un Bartholomew Uokel numéro deux. »

Dans les grandes lignes, c’était ça. J’hochais de la tête pour lui montrer qu’elle avait vu juste. Bras croisés, assise à son aise contre le dossier de sa chaise, elle se mit à jouer avec ses doigts, comme s’ils dansaient follement la gigue sur les notes d’un piano. Puis, elle soupira de nouveau avant de se redresser pour me faire face.

« Je ne vois pas pourquoi tu t’inquiètes tant, Friedrick… »

Je me mis à la dévisager, franchement. À mon regard, elle se permit de sourire avant de poser ses coudes sur la table.

« Fuzâil, la Révélatrice… On connaît peu de choses sur elle, mais ce qui est sûr, c’est qu’elle ne veut le mal d’autrui. Tout ce qu’elle désire, c’est démêler le vrai du faux. Les plus honnêtes sont d’ailleurs reconnus comme ceux réussissant en majorité ses épreuves, et sais-tu pourquoi? »

J’haussais des épaules comme unique réponse. Titania prit une grande respiration.

« Les gens honnêtes se font rares. Oui, le mensonge et la manipulation guident des milliers d’hommes et de femmes, mais ça, on le sait tous. Ce n’est pas une information qui date d’hier. Mais ce qu’on oublie le plus souvent, c’est que la notion d’honnêteté ne s’applique pas seulement à cette situation. Quand, crois-tu, qu’il faut être le plus honnête? Réponds-moi sincèrement. »

Ma réflexion fut longue et parsemée – encore une fois – de doute et d’indécision. De son côté, Titania attendait avec patience la conclusion définitive de tant de questions, mais la tâche n’était pas facile et bien rapidement, je finis par secouer la tête, conscient que je n’arrivais à aucune réponse satisfaisante. La guerrière me scruta de ses yeux vairons, étincelants.

« C’est d’être honnête envers soi-même… »

Sans le désirer complètement, l’un de mes sourcils se souleva, signe de mon incrédulité. Loin de moi l’idée de douter de la parole de mon mentor, mais j’avais besoin de plus que ces quelques mots pour me convaincre de la chose.

« Honnête envers moi-même? C’est-à-dire…? »

Un sourire presque satisfait fendu le visage de la guerrière, alors que celle-ci s’approcha doucement pour se positionner juste devant moi. Son regard intense ne me lâchait plus et je me sentais attirer par la puissance que libéraient ses deux pupilles lustrées.

« Lorsque tu as parlé à Fuzâil de ton but, commença la jeune femme d’un ton plus calme et plus doux, ne t’a-t-elle pas donné l’arme qui pend sur ta hanche? »

Mes yeux descendirent brièvement sur le fourreau qui se collait à mon flanc, d’où dépassait une partie du katana noir. Lentement, j’hochais de la tête, mes yeux rivés dans ceux de Titania. Puis, sans crier gare, elle tendit son bras dans ma direction avant de poser l’un de ses doigts sur mon front. Je la laissais faire sans broncher. J’avais une confiance aveugle en Titania.

« Dans ce cas, tu n’as pas en t’en faire. Si tu es incertain sur quelques questions, repense à ceci: la Révélatrice t’as fait don de cette lame pour que tu puisses en devenir le digne propriétaire. Alors, ça veut dire que tu as su la convaincre, mais pas avec des mots. »

Elle me tapota deux fois le front avec son ongle puis, son doigt se détacha brièvement avant de descendre jusqu’à mon torse et de pointer mon cœur.

« Mais avec ceci. Et ce qu’elle a dû entendre devait être suffisamment Fort pour la convaincre que tu ES de taille à atteindre ton objectif. »

Face à face, yeux dans les yeux, je vis enfin ce que j’étais incapable de voir à travers mon propre regard: moi. Il avait fallu que je me plonge dans le regard de Titania, dans son océan de rubis et de roses pour me voir comme je l’étais vraiment. Un gars banal, aux cheveux raides, aux yeux gris comme la pluie et pourtant, sans être bâti comme le Titan aux cheveux blancs, sans connaître la même popularité, les mêmes exploits, je savais que je possédais une Force qui pouvait égaler la sienne. Une Force de croire en moi, en mes convictions, en tout ce qui faisait de moi Friedrick Uokel. Je n’étais pas mon père et malgré le fait que j’avais hérité de son sang, de son nom, je n’étais pas lui. Moi, j’avais la Force nécessaire pour aller de l’avant et de ne pas me détourner de mon chemin; moi, j’avais la Force nécessaire pour poursuivre ce à quoi j’avais toujours rêvé…

Est-ce que je l’étais, enfin? Est-ce que j’étais fin prêt à mettre un pied devant l’autre pour atteindre le but que je m’étais fixé? Dans les yeux d’un autre, je me voyais enfin comme j’étais réellement et jamais mon destin ne m’était paru aussi clair et précis qu’aujourd’hui. Je voulais devenir plus fort, toujours plus fort, mais non pas pour ma gloire personnelle et tomber dans les clichés de petits paysans devenus, du jour au lendemain, des héros internationaux qui, grâce à leurs exploits, croulaient sous l’or. Mener une vie humble ne me dérangeait guère, voire même me plaisait, et rester dans l’anonymat pour ce que je comptais entreprendre n’était qu’un autre quotidien que je souhaitais conserver. Parce que mon but n’était pas d’être reconnu comme étant le plus grand guerrier ou comme un héros venu éradiquer le mal qui accaparait ces Terres. Tout ce que je voulais, c’était que Justice puisse être faite. Je voulais que mes talents puissent servir à la cause des esclaves, encore trop nombreux sur ces Terres qui avaient, pourtant, abolie cette pratique horrible. Je voulais que ma lame puisse défendre les oppressés de la tyrannie. C’était simple, non? Je ne désirais pas d’or, pas de gloire, tout simplement la Justice.

En m’observant longuement et avec attention, Titania finit soudainement par me sourire, éclatante, posant sa main sur mon épaule avant de le serrer affectueusement. Un maître d’armes ne pouvait être plus fier de son apprenti que cela. Elle savait aussi qui j’étais et ce que je ne deviendrais jamais. Elle savait – et bien avant moi – que j’étais en mesure d’acquérir et de maîtriser cette Force qui sommeillait en moi depuis tout ce temps: le sang des Tiregans ne coulaient pas dans mes veines pour rien. Mais j’étais plus qu’un Tiregan, plus qu’un Uokel: j’étais Friedrick.

Un sourire s’étira finalement sur mes lèvres et en braquant intensément mes yeux dans les siens, je demandais brusquement à mon mentor:

« On s’entraîne? »

Et elle me répondit, un sourire dans la voix:

« Avec plaisir, mon apprenti! »


« Par tous les Dieux! Titania! Friedrick! C’est urgent! »

Aussitôt l’appel entendu, nous arrêtions tout mouvement, intrigués par ce cri de détresse. Mon maître me jeta un regard en biais avant de me faire un signe de tête, comme quoi nous en finissions là avec l’exercice. J’acquiesçais sur-le-champ, rangeant soigneusement mon katana dans son fourreau, cherchant du regard le jeune homme qui nous avait ainsi interpellés. D’ailleurs, ce dernier n’était pas si difficile à découvrir dans la plaine ensevelie de cette neige éternelle: courant à perdre l’haleine, il ne ralentit qu’une fois à notre hauteur, la respiration sifflante et irrégulière, se pliant en deux pour chercher un peu d’oxygène. Titania se redressa, droite comme un i, et je fis de même, curieux de savoir pourquoi il paraissait tant affolé. S’était-il passé quelque chose dans le village? Il se pouvait bien que nous ne soyons pas au courant, si une telle chose venait à se produire: étant donné la distance que nous avions parcourue pour rejoindre notre coin d’entraînement, nous nous retrouvions certainement à plus d’un kilomètre de notre petite communauté.

« C’est… C’est terrible! Vous… ne le… le croirez jamais! »

Encore une fois, je tournais mon visage vers mon mentor, dont l’un des sourcils se releva, dubitatif. Brièvement, je distinguais même le léger mouvement qu’elle eut de la tête, comme pour vérifier, au-delà des petites collines de neige, si elle était en mesure d’apercevoir des volutes de fumée s’élever dans l’air, d’entendre des hurlements de détresse, qui ne réclamaient qu’une aide salvatrice. Mais autant que sa vision pouvait être aiguisée; autant que son ouïe pouvait percevoir dans le froid hivernal du milieu, elle n’entendit, ne vit, absolument rien. Le froncement de ses sourcils se marqua alors plus profondément, creusant une ligne qui barrait son front.

« Nous ne croirons pas quoi?, le questionnais-je finalement, des points d’interrogation dans les yeux.

- Les temples des Esprits élémentaires ont été pillés!

- QUOI?! »

Soudainement, l’indignation peignait les traits de Titania. L’Orisha affichait un air dur, noirci par une colère, dont la source m’échappait quelque peu.

« Mais comment cela est-il possible?!

- Hum… Excusez-moi, mais qu’est-ce qu’il y avait de si important dans ces temples? »

Deux paires d’yeux se braquèrent sur moi, et sans tarder, des informations fusèrent d’un bord et de l’autre de chacun des côtés, rempli d’une hargne commune qu’ils dirigeaient sans conteste vers les pilleurs. J’écoutais tout en essayant de ne pas mêler les informations entre elles, saisissant, après quelques minutes, que ces temples et ses trésors constituaient un important patrimoine pour la population élémentale. Des joyaux, des artefacts, des reliques sacrés pour ce peuple: tous ces trésors reposaient entre les quatre murs de ces temples, dont le repos fut désormais dérangé par ces charognards. Croyant à de simples voleurs qui n’avaient commis ce crime que pour l’appât du gain, je secouais de la tête, irrité moi aussi, certainement influencé par les mauvaises vibrations qui émanaient de mes deux compagnons.

« Ces satanés pilleurs! Il n’y a donc rien qui puisse arrêter leur soif de richesse, hein?

- Encore, si ces pilleurs pouvaient vraiment n’être que de simples voleurs, je me sentirais moins affolé, murmura le jeune homme en affichant un air sombre, d’où l’on pouvait apercevoir toute la panique qui le faisait frissonner comme une feuille dans le vent.

- Qu’est-ce que tu veux dire par-là? »

Un silence pesant s’installa juste après la question posée par Titania, et de notre côté, nous pouvions parfaitement voir les changements d’humeur qui s’opéraient sur le visage de notre interlocuteur. Sa mâchoire se crispa et ses dents grincèrent entre elles. Décidément, ce pillage prenait des proportions que je n’avais pas soupçonnées.

« Je veux dire que si nos trésors ne seraient pas tombés entre les mains des Sorciers, je me sentirais dix fois plus soulagé que maintenant. »

À la mention des Sorciers, le blême remplaça rapidement le rouge du visage de Titania, qui venait de pâlir en un claquement de doigt. Mais aussi vite qu’elle était apparue, la pâleur significative de sa peau disparut pour retourner à cette tendre couleur chocolat caramel qui nous faisait penser aux douces effluves des régions du Sud, mais avec un petit quelque chose en plus qui rendait son visage méconnaissable, profondément énervé. La fureur que nous pouvions apercevoir danser au fond de ses pupilles ne pouvait être feinte, même par le plus grand des comédiens. D’une voix froide, cinglante, tranchante, elle murmura entre ses lèvres pincées:

« Les Sorciers, dis-tu?

- Oui. Les rumeurs racontent que ce pillage serait l’œuvre des mages noirs. »

Titania posa délicatement deux doigts sur ses tempes, comme si elle empêchait son cerveau d’exploser dans son crâne.

« Quelle catastrophe! Et moi qui ne m’étais pas imaginé qu’il pouvait y avoir pire! »


+ 1 800 mots



Les trésors des Esprits élémentaires| Quête – Friedrick [Solo] Signat16
Merci Léto ♪:
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34827-miles-koerta#679519
Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

~ Orisha ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 1157
◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Sam 10 Oct 2015, 15:56

Les trésors des Esprits élémentaires
« Héritiers »


Ce ne fut qu’une question de minutes avant de préparer notre stock et de partir à la recherche du repaire des Sorciers. Le jeune homme nous avait raconté les vols dans les grandes lignes et les rumeurs qui se chuchotaient ici et là dans la grande cité d’Aeden. Le peuple élémental était affolé et craignait le pire advenant le cas que leurs trésors se trouvaient bien entre les mains des mages noirs, leur ennemi par excellence depuis des siècles. L’amertume que chacun des partis ressentait pour l’autre leur faisait commettre des atrocités que je ne pourrais vous décrire, quelques fois, l’horreur s’accentuant par l’indifférence qu’ils ressentaient les uns envers les autres lorsqu’une catastrophe touchait leur ennemi. Ils se nuisaient naturellement, sans remords, et ce n’était pas prêt de s’améliorer avec cet affront, car les objectifs des mages noirs paraissaient très clairs pour tout le monde dans ce cas précis: la destruction des Élémentals. Et maintenant qu’ils détenaient ces reliques sacrées entre leurs mains, ils pourraient très bien en être capables. Pas étonnant que le peuple soit sous l’emprise d’une si grande panique: c’était de leur survie qu’il était question désormais, et savoir leur destin détenu par les Sorciers n’arrangeaient aucunement les choses.

Depuis notre départ du village, après avoir promis de botter les fesses aux Sorciers pour cet acte impardonnable, Titania était amère, rageuse et ravageuse. Elle piétinait le sol de neige avec force et brutalité, envoyant valser de la poudre dans toutes les directions sous ses coups énergiques, non sans être remplis d’une profonde haine à l’égard des mages. Pour avoir grandi au sein du peuple orisha, je ne m’étonnais pas d’une telle réaction de sa part. Les Sorciers n’étaient pas du tout appréciés au cœur de ces Terres, mais surtout au sein de ces peuples, aussi radicalement différents qu’ils pouvaient l’être l’un de l’autre. Autant les Élémentals les détestaient, autant les Orishas désiraient leur mise à mort, dès qu’ils en avaient l’opportunité, du moins, ils n’hésitaient pas. Une rancœur sans vergogne les reliait tous et chacun, et je savais que Titania était enfermée dans cette même boucle d’aversion. Elle vouait une haine mortelle aux Sorciers, tout comme n’importe quel Orisha qui se respectait. Leur passé commun, aussi, expliquait tant de mépris et leurs idées, divergentes sur pratiquement tous les points, n’amélioraient pas leur relation déjà grandement antipathique.

Marchant au même pas que mon mentor, je fis silence de son exécrable humeur pour lui poser des questions sur l’endroit où nous allions. D’après les informations fournies par le jeune villageois et des rumeurs qu’il avait entendu entre les murs d’Aeden, les Sorciers devaient se trouver aux abords du Berceau cristallin. Mais est-ce qu’ils s’étaient mis en mouvement? – quand même, ils seraient vraiment ignorants de croire que les Élémentals vont rester dans leur cité sans lever le petit doigt pour chercher ce qu’il leur est dû. Est-ce qu’ils avaient décidé d’arrêter leur escale pour établir un camp quelque part à travers les collines gelées, tout près du lac? Dans tous les cas, nos recherches commenceront là-bas. Ces mages noirs ne payaient rien pour attendre.


« Titania! Regarde ici! »

Titania, qui observait l’horizon, au-delà des collines grâce à sa vision exceptionnelle, à la recherche d’une ouverture dans la neige, d’une grotte tout ou plus, pivota brusquement dans ma direction avant de s’approcher de ma position. Je me trouvais sur un monticule, surplombant une bonne partie de cette immense plaine légèrement recourbée de l’intérieur. De cet endroit, j’avais un bon observatoire, mais mes aptitudes ne me permettaient pas de distinguer tout ce qui pouvait se profiler sur ce grand manteau blanc.

« Tu as trouvé quelque chose? », me demanda mon mentor, une fois à ma hauteur.

Je lui montrais du doigt des traces dans la neige et, suivant ces traces, Titania releva la tête vers le lointain, plissant des yeux pour y distinguer quelque chose dans cet épais et hostile paysage.

« Quelqu’un est passé par ici récemment...

- Mais nous n’avons croisé aucun voyageur depuis notre départ!

- Et nous n’avons vu aucune trace de pas qui puissent nous dire si quelqu’un était passé par ici avant nous… »

Mon mentor balaya la plaine de ses grands yeux vairons, fouillant, cherchant, la trace susceptible d’un individu perdu dans les poudreuses de neige.

« Il n’y a personne devant nous… »

Elle se tourna à cent quatre-vingt degré, observant nos arrières.

« Et il n’y a personne derrière nous. »

Son regard retourna au paysage devant nous, et elle examina plus soigneusement les pas qui s’étaient imbriqués dans la neige.

« Ces traces sont fraîches. Ils ne datent pas et puis, cette personne, quelle qu’elle soit, a traversé cette plaine aujourd’hui avant de faire demi-tour et de partir dans cette direction, droit devant nous. »

J’hochais de la tête, notant effectivement que les pas dans la neige se dirigeaient dans notre direction, jusqu’à notre point, avant de rebrousser chemin. Et puis, ces traces de pas étaient forcément d’aujourd’hui, puisqu’hier, il y avait eu une tempête de neige…

Sans plus tarder, nous descendions de mon point d’observation, continuant de nous frayer un chemin dans la neige épaisse des lieux, qui nous ensevelissait jusqu’aux genoux pratiquement. Je remontais mon foulard jusqu’au nez, conscient du froid mordant de ce territoire, incapable de retenir un éternuement et un frissonnement. Titania me jeta un regard par-dessus son épaule, un sourire moqueur aux lèvres.

« On a attrapé froid?

- On caille ici! »

Elle n’avait rien à redire là-dessus, mais cela ne l’empêcha pas de glousser légèrement à ma vive réaction. Les vents, la rigueur du froid, tout était si particulier au Berceau cristallin, tandis que les régions voisines côtoyaient un climat tempéré et frais, bien loin de notre réalité.

Après une trentaine de minutes de marche, à suivre les traces de pas imprimées dans la neige, Titania m’arrêta et un air grave refit surface sur les traits de son visage. Depuis quelque temps, elle s’était passablement calmée, mettant sa colère de côté pour ne pas être de mauvaise compagnie, mais à présent que nous venions d’atteindre notre objectif, les lignes, devenues aussitôt dures, raides, de son visage me rappelaient que la haine qu’elle ressentait pour les mages noirs ne s’était point éteinte.

« Nous y sommes… »

C’était une immense grotte, où l’obscurité semblait avoir établi son domicile. Des pics de glace hérissaient les bords de l’entrée, donnant l’impression qu’une énorme bête à la dentition acérée allait nous dévorer. L’œuvre de la nature était si saisissante! On y croirait presque!

« C’est impressionnant…

- Ne baisse pas ta garde, Friedrick. Les choses vont se corser à partir de maintenant. »

Lorsque Titania était ainsi, il ne fallait plus s’attendre à des élans de moquerie et de joie: elle était sérieuse. Sérieuse et rancunière. Sans plus attendre, nous pénétrions dans la grotte, à pas de loups.

La température, une fois au cœur de la grotte, grimpa un peu, mais le froid ne cessait de nous mordiller la peau, comme une vilaine bête impossible à éloigner complètement. Je ne distinguais pas grand-chose dans la noirceur, mais j’en voyais suffisamment pour voir mon mentor devant moi, qui avait pris les devants. Elle s’aidait de ses mains pour longer les parois rugueuses et glacées de la grotte, marchant consciencieusement pour faire le moins de bruit possible.

« Nous ne savons pas combien ils sont ni où ils se trouvent. Il faut rester extrêmement prudent. »

Elle n’avait pas besoin de me le rappeler. J’étais parfaitement conscient des risques. Mais je ne m’inquiétais pas pour moi, personnellement, mais plutôt pour Titania elle-même. Son sang était chaud, comme celui de Miles, et je me demandais si sa colère allait l’emporter sur sa raison. J’espérais, dans tous les cas, qu’elle use de son jugement avant de se jeter dans le tas. Sinon, nous ne serions pas très avancés. Néanmoins, je faisais totalement confiance en mon maître. Elle était raisonnable, savait – ou du moins, je le croyais – contrôler ses pulsions contrairement à mon ami albinos, et je savais qu’elle faisait preuve d’un grand jugement, qu’elle n’était pas du genre à foncer tête baissée dans la gueule du loup. Avais-je vraiment besoin de m’inquiéter? Non, pas à ma gouverne. Tout devrait bien se passer.

Nos pas résonnaient à peine dans la grande cavité et bientôt, nous entendîmes des bruits. Des murmures? Des pas? L’écho que nous renvoyait les parois n’était pas très distinctif et j’avais le plus grand mal du monde à coller un nom sur ce son que nous percevions, mais je n’osais ouvrir la bouche devant Titania, qui elle, conservait une concentration surhumaine. Je l’enviais tant… Nous nous approchions furtivement dans le noir de la grotte, percevant avec de plus en plus de clarté les bruits qui nous entouraient désormais. C’était deux voix. Et les deux relâchaient des sifflements d’irritation.

« Imbécile!, fulminait la première voix, grave et lourde. Tu sais que les Élémentals sont à notre recherche et toi, tout ce qui te préoccupe, c’est d’aller faire «un petit tour à l’extérieur»?! Tu es un vrai incapable! Maintenant, à cause de toi, il va falloir que nous déménagions tout notre laboratoire avant que quelqu’un nous trouve! »

« Je suis… désolé?, répondit lamentablement la deuxième voix, beaucoup plus jeune et fragile.

- Désolé?! Et c’est tout?! Tu n’es même pas digne d’être un Sorcier! D’être mon fils! Non mais, tu t’es regardé! Tu aurais dû rester auprès de ta mère, cette p*tain des Magiciens! »

Alors que les insultes fusaient, l’ambiance, elle, s’alourdissait. Je peinais à croire que la voix que j’avais entendu, précédemment, pouvait appartenir à celle d’un garçon. En tout cas, on ne l’entendit pas répliquer à cette cinglante attaque, tandis que le père, vraisemblablement, commençait déjà à empiler ses effets.

« Père…, balbutia de nouveau la faible voix.

- Comprends-moi bien, sale marmot! Tu m’es utile et c’est uniquement pour cette raison que je te garde auprès de moi! Tu me déçois, et tu ne sembles même pas t’en rendre compte!

- Je le sais, Père… Mais je veux tellement… Je veux tellement mieux vous connaître… »

Il eut une nouvelle pause. Pendant ce temps, Titania et moi nous nous rapprochions de l’altercation, cachés à travers les ombres impénétrables de la cavité. Bientôt, nous aperçûmes des lueurs chatoyantes sur les parois. Nous pourrions bientôt voir le visage des deux pilleurs.

« Aaah! Alors arrête de pisser dans tes pantalons et fais un homme de toi, bon sang! Arrête de ressentir des remords pour ces Erreurs de la Nature. Nous désirons la perfection, n’est-ce pas? Et les Élémentals ne sont pas purs. Ce ne sont que des Erreurs, des Erreurs que nous nous devons de corriger. Tu m’as compris? »

Juste devant moi, je pouvais voir le poing de Titania se serrer brutalement. Un peu plus, et je pourrais même dire que j’étais capable de voir son corps trembler de colère. Je la comprenais pour ce coup, car j’avais une irrésistible envie de coller mon poing à la figure de ce Sorcier.

« Oui… Oui, Père!

- Bien! Maintenant, aide-moi avec tout ça! Nous devrons signaler aux autres que nous avons été forcés de changer notre repaire. Envoie un Messager rapidement. »

Sans mot dire, Titania et moi nous nous glissions dans les ombres, à l’affût. Les pas du jeune garçon s’éloignaient de la salle que je dirais principale. Son père était à présent seul avec ses effectifs, un sourire fendant haineusement son visage.

« Non, décidément, je ne pourrais jamais me fier à lui… »

Il tenait entre les mains un artefact que je n’étais pas en mesure de voir. Il le caressa brièvement avant de se retourner, prêt à partir, à abandonner son fils dans cette grotte obscure, au cœur du Berceau cristallin… Quelle vermine!

« Où tu crois partir, sale charogne? », siffla entre ses dents Titania, qui avait pris son temps pour se placer à l’arrière du Sorcier, sans se faire voir.


+ 1 900 mots



Les trésors des Esprits élémentaires| Quête – Friedrick [Solo] Signat16
Merci Léto ♪:
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34827-miles-koerta#679519
Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

~ Orisha ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 1157
◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Sam 10 Oct 2015, 17:54

Les trésors des Esprits élémentaires
« Héritiers »


Le Sorcier recula brusquement, trébuchant presque.

« Que…!

Le Sorcier reculait avec précipitation, mais Titania le rattrapa bien vite avant de le prendre fermement par le collet. Il eut comme une joute visuelle entre eux, et le Sorcier, revenu de sa surprise, étira un large sourire suffisant.

« Ah! N’est-ce pas là l’une de ces représentants de cette basse espèce que sont les Orishas? »

Son poing se serra plus fort, et le collet, autour du cou du Sorcier, se resserra également, l’entravant presque de toute respiration.

« Tu es dans cette position et tu te permets de faire ce genre de commentaire, sale m*rde?

- Bien entendu! Pourquoi aurais-je peur d’une espèce comme la vôtre? Vous êtes des sauvages, vous n’êtes que nos esclaves… »

Titania lui colla son poing à la figure, ne relâchant pas pour autant sa prise sur le Sorcier. Un grand sourire illumina mon visage, tandis que je ne bougeais pas de ma cachette. Je ne devais pas me montrer pour le moment. Je devais protéger ses arrières à tout moment.

« On verra bien qui sera le maître et l’esclave dans quelques instants…

- Père? »

Les deux adultes cessèrent alors tout mouvement, toute parole, tandis que le jeune garçon revenait dans la salle, un corbeau au creux des mains. Je voulus me redresser pour intervenir, plaquer au sol le jeune garçon, mais Titania m’en dissuada d’un rapide regard. Pour le moment, il ne représentait aucun danger pour elle et il était jeune. Il ne devait pas posséder de grands pouvoirs.

« Mon fils! Tu en as mis du temps!

- Je suis désolé, Père… Mais le Messager m’a échappé…

- Tu es vraiment un bon à rien, un vrai maladroit!
- Désolé, Père… Désolé… »

Et ils continuaient de parler ainsi, sans même se soucier de savoir que Titania tenait en otage le Sorcier. Ils ne semblaient même pas être conscients de sa présence, ce qui énerva bien vite mon mentor, qui se mit à secouer brutalement le mage noir, crachant à son visage:

« Ne m’ignores pas! Donnes-moi cette relique! »

Le Sorcier se retourna lentement dans sa direction, les yeux ronds, menaçants, avant de déclarer d’une voix étrangement sombre:

« Quelle espèce mal élevée… Vous ne savez donc pas qu’il ne faut jamais interrompre deux personnes en train de discuter?

- Je n’en ai rien à foutre! Je te prends uniquement ce que tu as volé au peuple élémental! »

Le Sorcier soupira, peu affecté par l’élan sauvage de l’Orisha, qui avait toutes les peines du monde à conserver son calme légendaire. Face à de tel individu, je savais parfaitement que ce ne serait pas long avant qu’elle ne sorte de ses gonds.

« Soit! Alors je serais obligé de vous faire taire par moi-même! »

Soudainement, une bourrasque s’éleva dans la grotte et vint frapper de plein fouet Titania, qui se fit expulser à l’autre bout de la pièce. J’écarquillais les yeux, criant son nom, avant de sortir de ma cachette pour la rejoindre. À ma vue, le Sorcier eut un sourire, haussant des épaules, avant de se tourner vers son fils.

« Qu’est-ce que tu attends pour tuer ces déchets? Tu vois bien que nous n’avons plus de temps à perdre! Qui sait combien d’hommes sont à notre recherche? »

Le garçon ne pipa mot, choqué par ce que lui demandait son père.

« Tu… Tuer?

- Bien sûr! Quoi d’autre? Tu as des talents exceptionnels, mais tu es trop sot pour savoir quand t’en servir! Alors je te le dis maintenant: tue ces hommes! J’enverrais le Messager moi-même.

- Mais… Mais… Mais, Père!

- Bon! Ça suffit de jouer à la chochotte! Tue ces deux-là! Tu ne sortiras pas d’ici avant de les avoir tuer! Tu veux que je sois fier de toi? Alors, fais-le! »

Le garçon ne dit pas un mot, son regard allant de son père à nous deux, accroupis; moi pour connaître l’état de Titania, Titania essayant de refouler la douleur qui lui parcourait l’estomac. Du coin de l’œil, j’observais l’altercation et j’écoutais attentivement tout ce qui se disait. Ils voulaient vraiment nous tuer…

« Bien Père… Vous serez fier de moi après ça? Je pourrais vous rejoindre?

- Oui. Quand tu voudras. »

Les yeux du garçon s’illuminèrent soudainement, et lentement, il se tourna dans notre direction, un sourire aux lèvres. Aussitôt, je me redressais, arme à la main. Je pouvais sentir la Force de mon katana traverser mes membres, mes veines, déverser son soûl dans tout mon être. Je relâchais une expiration, le menaçant de ma pointe.

« Alors je les tuerai Père. Je vous le promet…

- Ne soit pas si confiant… », m’exclamais-je sans réfléchir, une rage bouillante chauffant mes nerfs.

Le Sorcier me sourit, condescendant, avant de prendre le Messager et de s’éclipser dans la grotte. Je voulus le rattraper, mais le garçon s’interposa, plus déterminé que jamais.

« Père m’a dit que je dois vous tuer si je veux être enfin digne de lui. Je n’hésiterais pas…

- Tsk! J’espère pour toi, sinon ce serait trop facile de devoir écraser un insecte comme toi! »

Je pouvais entendre les grognements de Titania dans mon dos, qui essayait de se relever pour courir après le Sorcier. Je savais que, dès qu’elle sera en maître de ses moyens, elle le traquera comme un prédateur. Je pus donc me concentrer totalement sur mon combat. Parce qu’il semblerait que ce garçon serait prêt à tout pour la fierté de son paternel. C’était écœurant.

« Tu ne vois même pas qu’il t’utilise ou quoi?

- Au contraire. J’en suis parfaitement conscient, et je suis fier de pouvoir lui être utile. »

Il s’élança brusquement, avec une rapidité hors du commun. Je fus aussitôt déstabilisé. Je reçus un coup de poing dans la figure, un coup de pied sur le genou, un autre dans le ventre… Je ne le voyais même pas bouger, tellement il se déplaçait vite et agilement. Mon katana en main, je reculais d’un pas, sentant les coups pleuvoir sur mon corps qui se mit aussitôt à trembler.

« Fried!

- Ça… Ça va, Titania. Je… Je vais réussir! »

Le garçon se mouvait avec beaucoup trop de vélocité. Je peinais à le suivre des yeux et si je parvenais à bloquer l’un de ses coups, c’était uniquement par chance ou par hasard. Il était habile, cela ne faisait aucun doute, même pour son âge.

Mais il n’était pas question que je perde. J’aperçus momentanément un coup de poing venir sur ma droite et aussitôt, je me poussais vers la gauche, évitant, par le fait même, le coup qui m’était destiné. J’exhalais un soupir. Le garçon se redressa avec lenteur, visiblement impressionné que j’évite ainsi son offensive.

« Surprenant! Tu es capable de voir quelques-unes de mes attaques finalement! »

Plus ou moins…, avouais-je à moi-même, me mettant de nouveau en garde tandis que le garçon prenait une nouvelle posture, prêt à la prochaine valse.

« Tu ne la verras même pas venir!

- Aller, je t’attends! »

Aussitôt, le garçon se propulsa vers moi. J’écartais les jambes avant de fermer les yeux et de me concentrer. Je voulais aller derrière lui; je voulais lui faire un coup en traître en me déplaçant derrière lui. Soudainement, je sentis l’espèce de grésillement en moi et j’ouvris les yeux: je me trouvais effectivement derrière mon opposant qui, en me voyant disparaître, écarquilla grand les yeux.

« QUOI? »

Je m’approchais furtivement de lui avant de lever mon épée et de l’abattre sur son flanc droit. Il poussa un cri horrible en roulant au sol et il se releva, rempli de poussière.

« Comment tu as fait? Tu ne peux pas être plus rapide que moi! Père dis que je suis le plus vite de tous les Sorciers!

- Il te dit uniquement ça pour te caresser dans le sens du poil. Ouvre les yeux à la fin! »

Je me téléportais une seconde fois derrière lui, sentant déjà les vertiges me prendre l’estomac. Mais je tins bon, et parvins à lui asséner un autre coup, cette fois-ci, sur la joue. Il se mit à cracher du sang et à pleurer, rejetant également une petite dent qui venait de se casser. Je respirais difficilement, le choc que me provoquait mes téléportations étant toujours aussi intense. Je chancelais, titubais légèrement, et en me voyant en si mauvaise posture, le garçon voulu me prendre par surprise et contre-attaquer. Mais une main vint se poser sur son épaule et je reconnus Titania, le visage noir, le regard incendiaire, qui le dévisageait avec mépris.

« Tu ne le touches pas… »

Elle leva soudainement son arme avant de planter son épée dans le corps du garçon, inflexible. Il n’y avait pas une once de remord dans son regard et elle rejeta tout simplement le corps du garçon au loin, le laissant se vider de son sang. Je regardais le sang qui tâchait le sol; je regardais les éclaboussures qui se collaient à mes vêtements et cette odeur, mêlée aux effets de mon pouvoir, qui me rendais nauséeux.

« Titania? »

Je m’évanouis sur le coup, trop faible pour tenir plus longtemps le coup.


Je me réveillais plusieurs heures plus tard et ce qui me surprit fut de voir le plafond de notre salon au-dessus de ma tête. Je me redressais, alarmé, cherchant du regard le corps du garçon, les couloirs de la grotte, mais tout ce que j’aperçus, c’était notre petite chaumière, à Titania et à moi, me bercer dans la chaleur que laissait s’échapper le foyer. Je ne comprenais pas.

« Comment je suis revenue ici? »

Je me délogeais des draps dans lesquels j’étais coincé, posant le pied au sol, sentant le vertige me prendre à nouveau. Je me tenais les tempes à deux mains, tentant de réfréner la douleur.

« Tu as repris connaissance!

- Titania? »

Mon mentor apparut au coin de la cuisine, arborant un visage radieux, en parfait contraste au visage qu’elle avait affiché en tuant le jeune garçon dans la grotte.

« Qu’est-ce qui s’est passé?

- Tu t’es évanoui.

- Et le Sorcier? Son fils? Qu’est-ce qui leur ait arrivé? »

À cette mention, un grand sourire satisfait s’étira le long de ses lèvres. Elle semblait fière.

« Le fils est mort. Je l’ai tué, tu t’en souviens? Et puis, pour ce qui est de son père… »

Elle fit mine de réfléchir, avant de m’indiquer en disparaissant dans la cuisine:

« Notre informateur a eu la brillance d’esprit de monter une équipe de villageois et ils ont réussis à retrouver notre piste dans le Berceau. Mais avant qu’ils aient pu rejoindre la grotte dans laquelle nous nous trouvions, ils ont croisé le Sorcier et l’on maîtrisé.

- Ça veut dire que les trésors des Élémentals…

- Eh oui! Ils sont revenus à leur vrai propriétaire! »

Titania éclata de rire, bien contente d’avoir pu piéger ce Sorcier arrogant. Je souris, à la suite de son explosion de joie, me prenant la tête entre chaque main. J’étais heureux de savoir que le Sorcier avait fini par être retrouvé, mais pourtant, un frisson me parcouru l’échine.

Je ne saurais dire si c’était à cause de mon évanouissement, d’une quelconque chute, mais je ne me souvenais pas de quelque chose… Comment étais-je parvenu à maîtriser le garçon, déjà?

❧ FIN


+ 1 800 mots



Les trésors des Esprits élémentaires| Quête – Friedrick [Solo] Signat16
Merci Léto ♪:
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34827-miles-koerta#679519
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

Les trésors des Esprits élémentaires| Quête – Friedrick [Solo]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» Les trésors des Esprits Elémentaires[Anwen ]
» Les trésors des Esprits Elémentaires [PV Alyska]
» Grand Conseil d'Aeden [P.V Esprits Elémentaires]
» Voie du Tigre| Niveau I - Friedrick [Solo]
» Ô mignonnes petites fées élémentaires ! [Quête [- 18 !] ~ Kain A.]
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Océan :: Continent Dévasté - Est :: Berceau cristallin-