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 Éleveur un jour, éleveur toujours [Quête – Solo]

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Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

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◈ Parchemins usagés : 1157
◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
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Miles Köerta
Dim 11 Oct 2015, 00:10

Éleveur un jour, éleveur toujours
« Before, I had a farm with animals »
❧ Suite de Un œuf et un petit enfant

« J’espère que tout se passera bien pour elles. »

Alors que le soleil tapait fort sur nos têtes, Friedrick me lança un regard en biais, avant d’hausser les épaules.

« Laissons le temps en décider. »

Cette fois-ci, ce fut à mon tour de lui jeter un regard en coin. Il ne semblait pas indifférent au sort de Sacha et de sa mère. Mais en même temps, que pouvions-nous bien faire de plus, excepté laisser le destin s’occuper de leur sort? Comme s’il suivait, depuis le début, le fil de mes pensées, le jeune homme à mes côtés étira un mince sourire sur la commissure de ses lèvres.

« Et puis, sa mère me semblait beaucoup plus en forme qu’elle l’était la première fois que je l’ai vu. »

Sans le vouloir, j’exhalais un soupir, comme déçu de sa théorie et de sa vision des choses. Il dû le percevoir également, car l’acier de son regard se braqua sur moi, presque avec amertume. Aussitôt, je voulus corriger le tir en lui fournissant quelques explications.

« C’est-à-dire que paraître et être, c’est très différent… Crois-moi, j’ai de l’expérience. »

Son regard s’adoucit lentement, et il reporta son attention sur la route vierge. Tout au long du chemin, nous enjambions les fissures qui s’étaient creusées dans la terre sèche et qui risquaient, à tout instant, de nous happer le pied pour nous emprisonner. Kira, que je surveillais d’un œil vigilant, s’amusait à sauter par-dessus ces petites crevasses justement et, de temps en temps, il pénétrait sa longue patte fine dans les trous pour savoir ce qu’il pouvait bien s’y cacher. Il admirait les insectes et les scarabées qui s’en échappaient comme des fourmis s’activant énergiquement dans une fourmilière.

« Hum, hum… Mais l’as-tu bien regardé? », reprit Friedrick.

Je réfléchissais quelques secondes, repensant à la silhouette fine, et gracieuse, de la mère de la petite Sacha. Sans savoir qu’elle était malade, je n’aurais jamais deviné, en fait, qu’elle avait été rongée par un mal vicieux, quelques semaines plus tôt. Son teint était clair et rosé, et ses yeux, au lieu d’y voir l’ombre de la maladie y planer, les rougeurs d’une souffrance intérieure qui persistait à son grand désarroi, reflétait plutôt la lumière du soleil, la lumière de la vie. De plus, si je comparais son état à celui de mon paternel, elle n’avait pas de cernes sous ses yeux, on ne voyait pas ses os sous sa peau, elle n’était point livide ou même blême. Lorsque je l’avais aperçu, je n’avais pas l’impression d’avoir devant moi une femme malade, affaiblie par ce venin qui lui grugeait de l’énergie. J’avais plutôt aperçu…

« Une femme qui respirait la santé », conclue le jeune homme.

Un de mes sourcils se releva à la remarque de mon compagnon de voyage.

« Punaise, comment tu fais ça?

- Hein?

- J’ai la désagréable impression que tu fouilles dans ma tête, voilà... »

Il se passa quelques secondes sans que le jeune homme réagisse. Puis, un sourire sournois apparut sur son visage, alors qu’il dirigeait lentement son doigt vers ce dernier, que je me mis à contempler avec perplexité. Qu’est-ce qu’il y avait avec son visage? À moins qu’il désignait le mien, dans ce geste?

« Tu ne t’en rends peut-être pas compte, mais tu es plus expressif que tu peux l’imaginer. »

Le haussement de mon sourcil s’accentua en même temps que le sourire de Friedrick, lui, s’élargissait. Finalement, je roulais des yeux, ne prêtant plus aucune attention à son air moqueur.

« Enfin, il me semble que ses examens se soient bien déroulés. Elle n’était plus du tout malade », conclue-t-il.

Cette constatation aurait dû me faire plaisir pour Sacha, cette petite fille qui, sans aucune autre présence que celle de sa mère, restait toute seule dans cette maison perdue au cœur des Terres arides. Pourtant, tout c’à quoi j’étais capable de songer, c’était à la propre maladie de mon père qui, en toute vraisemblance, persistait à toutes les potions, à tous les examens, à tout ce que nous faisions pour la déloger du corps de mon paternel. Est-ce qu’Ardwick et moi parviendrons un jour à trouver cette solution miracle, qui me paraissait si utopique, mais dont je m’accrochais de toutes mes forces pour ne pas penser au pire? Père devait vivre. Père avait le droit de vivre. Si la mère de Sacha, avec l’aide de spécialistes, était parvenue à surmonter et vaincre ce mal, nous le parviendrons de notre côté aussi, j’en étais persuadé. Malgré tous les échecs que nous avions dû essuyer depuis le début des manœuvres, je m’entêtais encore à croire en nos chances, en dépit de ce que le reste du monde croyait de mes espoirs, qu’il jugeait illusoires et faux. Mon espoir était tout ce qui me restait pour sauver mon père. Je l’utiliserais jusqu’au bout pour le sauver des griffes de la Mort.

« … Eh oh, tu m’écoutes? »

Je sursautais, avant de me tourner vers Friedrick, dont le regard exprimait à lui seul le questionnement.

« Tu vois, tout est dans ton visage. Tu pensais à quelque chose?

- Pas spécialement, non… »

Je n’avais pas l’intention de lui révéler ce à quoi je réfléchissais, non plus… Il dû lire mon refus sur mon visage – comme il s’amusait si bien à me le rappeler – car il haussa les épaules pour reprendre la conversation là où il l’avait laissé.

« Je disais donc, qu’en plus, elle a le soutien de Sacha. Elle ne pourra que mieux s’en porter avec l’énergie débordante de sa fille. »

J’acquiesçais à cette remarque par un hochement de la tête.

« L’espoir nous permet de passer à travers beaucoup de choses…

- Ouais. Comme toi, j’ai de l’expérience. »

Je me mis à le dévisager, alors qu’il me gratifiait d’un sourire énigmatique. La répétition de cette idée me fit échapper un rire, qui se gonfla peu à peu, bientôt accompagné par Friedrick qui joignit son propre éclat au mien. Nos histoires, quoi que différentes, se reliaient d’une manière que nous n’aurions jamais soupçonné. Même s’il ne savait rien de ma vie; que je ne connaissais rien de la sienne, nous trouvions tout de même le moyen d’en rire. Histoire de décompresser, de savoir qu’il y a quand même quelqu’un sur cette Terre qui puisse comprendre nos maux, sans que des paroles soient nécessairement échangées.


« Dis, tu es sûr que nous nous trouvons sur la bonne voie?

- Oui, ne t’en fais pas! Fais-moi confiance, je connais le chemin! »

Dans mon dos, je sentais le regard du jeune homme peser sur mes épaules et j’exhalais un soupir, comme pour lui signaler que j’étais déçu.

« Bon, bon! D’accord, je te fais confiance! J’espère juste que je ne le regretterai pas. »

Je lui souris, satisfait.

« Tu fais bien! Tu vas voir, on sera sorti de ce désert avant la nuit. »

Pour autant que cette information lui fût plaisante, il ne put s’empêcher de rouler des yeux, peu convaincu de cette affirmation. Je lui fis les gros yeux pour qu’il cesse de douter de moi de la sorte et il explosa de rire avant de prendre les devants. Je soupirais, jetant un regard vers Kira qui sautillait gaiement autour de Friedrick. Les Terres arides étaient une région sauvage et particulièrement hostile pour les voyageurs inexpérimentés: la preuve, je m’étais perdu après m’être séparé de Scott et maintenant, j’avais bien honte de l’admettre, je n’étais pas certain à cent pour cent de la route que nous empruntions. Est-ce qu’elle nous menait effectivement en direction de la civilisation orisha ou nous éloignais-je complètement de notre destination?

Un glapissement de Kira me sortir de mes pensées, alors qu’il gazouillait joyeusement, laissant son pelage rouge flamme se faire caresser par le vent sec du territoire. Je souris, freinant momentanément mon pas pour le prendre dans mes bras, avant de rejoindre Friedrick qui – par tous les Dieux! – avait certainement accéléré le pas, puisqu’il se retrouvait à plus de cinquante mètres de ma position.

« Bon sang! Qu’est-ce que t’as fait? T’as piqué un sprint?

- Par cette chaleur? Mais t’es dingue! Non, c’est toi qui as ralenti le pas. Enfin, regarde ce que je viens de trouver. »

Je suivais la direction de son regard, avant d’apercevoir une petite maison. Ces fondations, solidement ancrées sur leurs socles, semblaient avoir survécu à plus d’une tempête malgré l’apparence délabrée de la construction. En balayant les environs, j’étais en mesure d’apercevoir aussi une grande clôture qui délimitait un certain terrain d’à peu près trente mètre carré. Un moulin se tenait au cœur même de cette aire clôturée et ses grandes pâles en tissus captaient les vents venus de l’ouest. Même si l’énergie éolienne en cette région était assez faible, nous pouvions voir les ailes effectuer un mouvement de rotation lent – très lent – mais régulier.

« Un moulin! Je ne m’attendais pas à en voir un dans un coin aussi pauvre.

- Moi aussi, mais la nourriture des rares habitants ne vient pas de nulle part. On dirait une ferme… »

Je fis un pas en direction de la maison et en me voyant faire, Friedrick s’indigna aussitôt.

« Eh attend! Où tu crois aller comme ça?

- D’après toi? Je veux savoir s’il y a quelqu’un.

- Nous ne devrions pas plutôt continuer notre route? La nuit risque de nous tomber dessus à ce train-là.

- T’en fais pas. On sera parti bien assez vite. »

Je continuais de m’approcher de la maison, priant dans mon esprit pour qu’il y ait belle et bien quelqu’un à l’intérieur de cette ferme. Je ne savais absolument plus où nous nous trouvions et, la fierté gagnant, je ne voulais absolument pas que Friedrick le sache. J’en entendrais parler toute ma vie sinon! Une fois à la hauteur de la porte, je cognais trois grands coups. Une seconde passa. Deux secondes. Dix secondes. Vingt secondes. Personne ne répondit ou vint nous accueillir. Mon compagnon de voyage souleva ses épaules, comme pour dire que ça ne servait pas à grand-chose d’attendre plus longtemps, mais au moment où nous tournions les talons, une voix, venue de l’aire clôturée, nous parvint, étouffée.

« Kuf! Kuf! Kuf! Allô? Y’as-tu quelqu’un? Eh! Kuf! Kuf! Si vous z’êtes t’jours là, v’nez m’filer un coup d’main! »

Friedrick et moi nous nous échangions un regard, et le jeune homme lâcha un soupir.

« Partis bien assez vite, tu disais?

- Fais pas ton rabat-joie et allons aider cet homme. »

Aussitôt, nous nous enjambions le pas, sautant par-dessus la clôture en bois pour atteindre le terrain. Aucun individu en vue.

« Monsieur! Où êtes-vous?

- Ah! Mon p’tit gars! J’suis là! J’suis tombé dedans mon puits! Kuf! Kuf! Kuf! Sacrebleu! Y’a une de ces poussière là-d’dans! Et ce fichu cabot! J’vais t’manger c’soir! En brochette! Avec les l’gumes du jardin! Kuf! Kuf! »

Alors qu’il pestait, crachait, s’aérait les poumons, nous parvenions à trouver le fameux puits à l’intérieur duquel il s’était fait prisonnier. Effectivement, arrivés sur place, un chien nous accueillit en grands coups de jappements qui eurent tôt fait de faire hérisser le poil à Kira. Le grand molosse se détacha du bord du puits sur lequel il s’était appuyé pour venir à notre rencontre. Il avait un pas lourd, une tête pendante ainsi qu’une langue qui allait d’un côté et de l’autre de sa gueule. Soudainement, il fonça sur Friedrick avant de s’arrêter. Il leva sa grosse tête, jappa une seconde fois. Le jeune homme se baissa pour lui caresser le crâne avant de se diriger vers le puits, dans lequel le vieil homme jurait toujours contre son chien.


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Miles Köerta
Dim 11 Oct 2015, 00:18

Éleveur un jour, éleveur toujours
« Before, I had a farm with animals »

« Est-ce que vous allez bien?

- J’me sentirais bin mieux lorsque j’serai sorti d’ce trou!

- D’accord! Laissez-moi quelques minutes, le temps que je trouve une corde pour vous faire sortir de là!, dit-il en cherchant du regard une corde qu’il pourrait balancer dans le puits. Mais son regard finit par s’arrêter sur moi, qui m’amusais à gratter les grandes oreilles plates du chien. Miles, lâche ce chien et vient m’aider plutôt! Je n’aurais pas suffisamment de mes deux bras pour le ramener ici!

- Qu’est-ce qu’t’insinue, l’marmot? Que j’suis gros? »

Friedrick ne se préoccupa pas de cette dernière remarque et alla aussitôt en direction de ce qui semblait être une grange. Située derrière la maison, les portes étaient grandes ouvertes et il se donna le droit d’y pénétrer sans l’autorisation du propriétaire. Durant ce temps-là, je me rapprochais du puits, ma main posée sur la tête du chien, tandis que Kira s’était juché, bien haut, autour de mes épaules, histoire de creuser le plus distance entre lui et le canidé. À mon tour, je basculais la tête dans le trou du puits et y aperçut un vieil homme, tout de même bien conservé pour son âge, qui avait les bras croisés, le regard furieux.

« Y’était temps que quelqu’un s’pointe! T’imagines qu’ça fait une journée entière qu’j’suis ici à grelotter d’froid?

- Vous avez passé toute la nuit dans ce trou?

- Ouais! Et tout ça à cause de c’cabot! Y’est aveugle, pis y voit pus bin-bin grand-chose! Y m’a pô vu pis y m’a poussé dans l’trou! T’as vu la grosseur d’ce chien?

- En effet… Il est énorme. »

Une quinte de toux vint brusquement arrêter sa respiration et il dû s’y reprendre à deux fois avant de parvenir à parler de nouveau.

« Bin v’là comment j’suis rendu ici! Vous n’comprendez pô comment j’suis content d’vous voir, les jeunes! Y’a pô grand monde qu’passe par ici. J’serai p’têtre mort sans votre aide!

- Il est peut-être trop tôt pour parler de mort, monsieur! »

Friedrick revenait en courant dans notre direction, une longue et solide corde à la main. Il se plaça à côté de moi, alors que je faisais signe au vieil homme, en bas, de reculer contre le mur. Il s’exécuta, et sans attendre, le jeune homme lâcha l’une des extrémités de la corde dans le puits, conservant l’autre bout dans sa main.

« Dîtes-nous quand vous serez prêts et nous tirerons!

- J’suis prêt, les jeunes!

- Parfait! cria Friedrick à l’intention du vieil homme avant de se tourner vers moi. Prêt à jouer de tes muscles? »

J’hochais de la tête et nous commençâmes à tirer sur la corde de toutes nos forces. Effectivement, Friedrick tout seul ne serait jamais parvenu à soulever un être de cette corpulence. Même à deux, nous avions eu de la difficulté, mais nous parvînmes, non sans effort considérable, à le soustraire de son trou. Une fois qu’il fût parvenu à s’extirper de lui-même, mon compagnon de route et moi-même tombions de fatigue au sol, exhalant des bouffées d’air à grande vitesse. La sueur collait nos fronts.

« Yapi! Qu’c’est bon d’sentir l’air frais!, s’exclama-t-il en prenant une grande respiration, faisant gonfler son ventre à des proportions impressionnantes avant de vider le tout, bien heureux. J’vous dois une fière chandelle, les gamins! Z’êtes de bons gaillards, dis donc! Okey, p’t’être un peu maigrichons, mais avec d’la viande, j’peux faire des miracles!

- Merci beaucoup pour cette invitation, mais nous devons partir rapidement rejoindre la ville de Médigo. »

Il eut quelques secondes de silence, puis le vieil homme, de sa grosse voix, se mit à éclater – non, à exploser – de rire. Il se tenait le ventre à deux mains, de manière à ce que nous puissions voir sa pomme d’Adam sursauter avec agitation dans sa gorge.

« Eh ben les p’tits gars! Z’êtes perdus ou quoi? Médigo, c’est d’ce côté-là, vers le nord-ouest! Z’avez un p’tit peu déviés d’votre ch’min. »

Sans même que je sois obligé de le voir, je savais que le regard incendiaire de Friedrick venait de se poser sur moi. Je me tournais lentement vers lui, lâchant un petit rire désolé, me grattant nerveusement la racine des cheveux.

« Rappelle-moi de ne plus jamais te faire confiance lorsqu’il est question d’orientation.

- Héhéhé… Désolé… »

Friedrick soupira avant de se relever pour faire face au fermier. Ce dernier, avant même que le jeune homme n’ait terminé de se remettre sur pied, lui prit la main et le tira avec une telle force que Friedrick faillit partir en volant dans le décor.

« Laisse-moi t’aider, gamin! J’vous suis r’connaissant! Va vraiment falloir que j’tienne c’cabot à l’œil!

- Mer…Merci? », balbutia Friedrick, sous le choc.

De son côté, le fidèle ami du fermier vint se placer à ses côtés, frottant maladroitement son museau contre sa jambe. Avec affection, le vieil homme lui flatta le crâne avec une douceur insoupçonnée pour une poigne aussi grosse que la sienne. Après quoi, en voyant que j’allais me relever également, le vieil homme voulut m’aider moi aussi, mais je fus plus rapide, me mettant adroitement sur mes jambes, le remerciant néanmoins pour l’attention.

« Maint’nan qu’mes gaillards sont d’bouts, j’peux savoir c’que vous allez faire pour votre voyage? Z’êtes quand même assez loin d’votre destination, pis j’pense que ça vous prendra une journée entière pour y aller. »

J’échangeais un regard avec Friedrick, réfléchissant sur ce que nous pourrions faire en attendant. Si la marche que nous devions faire devait durer une journée, nous serions obligés de marcher à travers une nuit sans Lune, sans lumière et avec dix milles autres facteurs, autre que mon orientation, pour nous perdre.

« On n’a pas trop le choix, Fried.

- T’es une vraie plaie, Miles!, soupira, excédé, le jeune homme au sabre.

- Je me suis excusé, là! Tu vas m’en vouloir longtemps?

- Ne t’étonne pas si je t’étouffe dans ton sommeil cette nuit.

- D’accord, je le note. »

À notre échange, le fermier se mit à éclater de rire, nous assénant de grandes tapes amicales dans le dos.

« Allez, d’moiselles! On n’arrête de s’prendre l’chignon. Z’avez faim? J’pourrais vous faire d’quoi à manger pour vous r’mercier!

- C’est très aimable, Monsieur…

- R’chard!, se présenta le vieil homme avec son accent inimitable.

- Pardon?

- HAHAHA! S’cuse-moi! C’pas tout l’monde qui comprend mon jargon! J’m’appelle Richard!

- Ah!

- Oui, bon, enfin… J’aurais également une question à vous poser.

- C’que tu veux!

- Pourriez-vous nous héberger, pour cette nuit? »

Le fermier fit mine de réfléchir à la question, mais cela ne prit qu’une seconde avant qu’il ne nous donne une autre claque amicale.

« HAHA! Tout c’que vous voudrez, mes héros!

- Merci beaucoup.
- Merci beaucoup!

- Mais c’à se f’ra pô gratis! »

Nos regards s’écarquillèrent alors que deux paires d’yeux vinrent se poser sur le fermier hilare.

« C’est-à-dire?

- C’tà-dire qu’vous d’vrez m’donner un p’tit service.

- Lequel? »

Il se pencha à notre hauteur, rigolant discrètement de la taille de Friedrick, puisque ce dernier, plus petit – à son grand daim – n’était pas à la même hauteur que nous. Enfin, il se mit à nous converser comme s’il souhaitait nous faire part d’un grand secret d’État. Il prit une grande inspiration avant de chuchoter, l’air mystérieux:

« C’nnaissez-vous les « Chikens », les grands poulets du Désert? »

Une seconde de silence. Qui s’éternisa en minute. Puis en une seconde minute. Friedrick le dévisageait comme s’il le trouvait idiot ou s’il était sorti d’un asile quelconque tandis que de mon bord, je refrénais mon envie irrésistible de lui rire au nez.

« Vous plaisantez?

- Non pourquoi?

- Vous le dîtes avec un tel sérieux… C’est… Troublant…

- Qu’est-ce qu’y’est troublant? »

Je n’en pouvais plus. Je me pliais de rire, entourant mon ventre à l’aide de mes deux bras. J’en pleurais presque.

« Bah, y’a quoi ton ami?

- Ri… Rien… Je crois…

- HAHAHA!! Les grands poulets du Désert! HAHAHA!! Elle est bien bonne… Oh! Par Antarès, ça faisait longtemps que je n’avais pas ri comme ça! Les grands poulets du Désert, hahaha! »


Après m’être repris de mon fou rire, Richard pu enfin nous expliquer ce que nous devrions faire comme service. Donc, comme vous l’auriez deviné, il était question des fameux Chikens, les grands poulets du Désert. Hahahahaha… Hum… Oui, je reprends mon sérieux. D’après les renseignements fournis par Richard, les Chikens ne sont pas de grands poulets à proprement parler. S’ils sont, en effet, plus grands que la moyenne, leur particularité est qu’ils se défendent exclusivement avec leurs pattes inférieures. Le vieux fermier nous faisait quelques démonstrations de leurs techniques et il me semblait qu’ils correspondaient plus à des experts en arts martiaux plutôt qu’à des poulets, comme nous pouvions nous les imaginer. Néanmoins, ce qui les rendait si singuliers et ce que recherchait Richard dans ces oiseaux insolites, c’était bien leurs œufs. Si la chair pouvait aussi bien se manger crue que cuite, les œufs n’en restaient pas moins le premier divertissement chez cette espèce de volatiles, en raison de leur haute valeur nutritive. En effet, il suffit de manger uniquement deux de ces œufs pour ne plus en quémander toute la journée durant. Incroyable, pas vrai? Enfin, avec les imitations que ce plaisaient à nous chorégraphier Richard, il y avait de quoi s’étonner. Moi, si je trouvais ça extrêmement drôle, Friedrick, en homme plus mature, n’esquissait uniquement que quelques mimiques amusées, ses sourcils éternellement relevés, comme s’il ne prenait pas au sérieux les dires du vieil homme. Pourtant, ce dernier était si enflammé dans son récit que je trouvais ça assez difficile de croire qu’il ne faisait que l’inventer. En tout cas, vraie ou non, cette histoire avait le don de me faire bien rire!

« […] Et pis, y’a mon grand-père qui en élevait, c’tait l’bon vieux temps! J’jouais avec les Chikens dans cours. C’féroce c’tes bêtes-là, mais une fois qu’on est pote avec, y’sont bin gentils.

- Mais qu’est-ce que vous voulez que nous faisions, exactement? »

Son regard se déplaça de moi à Friedrick, puis de Friedrick à moi.

« J’voudrais qu’vous partiez m’en r’trouver.

- Quoi?

- T’es pas facile à l’oreille, p’tit gars! J’viens d’te dire qu…

- J’ai compris ce que vous veniez de dire! Mais comment voulez-vous que nous vous retrouvions des bêtes pareilles dans un désert aussi immense? »

Le fermier se gratta le menton, penseur.

« Les Chikens aiment bin les fourmis. Trouvez fourmilière, trouvez Chikens!

- Sérieusement? Et comment voulez-vous qu’on sache où se terre les fourmis ici? On n’est pas du coin, vous voyez!

- Hum… Friedrick? », tentais-je doucement, histoire de ne pas l’énerver plus encore.

Mais ma tentative ne fonctionna pas brillamment, mon compagnon de route se tournant brusquement vers moi, l’air franchement agacé, en criant un grand « Quoi?! » pour me répondre. Du regard, je lui demandais de se calmer.

« Me fait pas ses yeux-là! J’ai bien le droit d’être à bout de nerfs!

- Ok, ok, j’ai compris. T’as passé une sale journée. Mais regarde un peu ce que j’ai pour toi avant de péter un câble. »

Le jeune homme au sabre prit une grande inspiration tout en fermant les yeux. Il resta dans cette position pendant plusieurs secondes avant de les rouvrir et de me demander, plus calmement cette fois:

« Qu’est-ce que tu as? »

Je lui fis un grand sourire avant de redresser mon bras et de tendre mon bras. Mon doigt, fièrement dressé, pointait Kira, non loin de notre position à tous les trois. La petite bête s’amusait follement, naïvement, avec un insecte entre les pattes.

« Si c’est un chasseur d’insectes qui nous faut, j’ai notre homme. Enfin, notre animal plutôt. »


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Miles Köerta
Mer 14 Oct 2015, 20:54

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Envahi par l’enthousiasme de Richard, je parvins à convaincre Friedrick de l’aider dans cette quête. Il grogna deux ou trois fois, mais flancha après quelques instants d’un soupir exaspéré. S’il pouvait se montrer franchement ennuyeux – et ennuyé – comme garçon, Friedrick était quand même un bon bougre et j’étais certain que, malgré le peu de coopération dont il faisait preuve, il aurait accepté d’une manière ou d’une autre d’aider le vieux fermier. Après avoir donné son consentement, Richard alla directement nous faire notre petit stock de piégeage, car si trouver les Chikens était une paire de manches, les attraper en était une autre. Il fallait uniquement nous fier à notre ruse pour pouvoir les piéger, nous avait averti Richard avant de laisser tomber notre stock dans nos bras. Il y avait là des cages, de la ficelle et plusieurs aliments aussi qui allaient nous servir d’appât. Une fois que tout fût préparé, empaqueté dans ma besace magique – ce qui était beaucoup plus pratique que de devoir transporter tout ce matériel sur le dos – nous étions fins prêts à partir au piégeage des Chikens. Avant de partir, Richard nous avoua qu’il serait prêt à nous donner ce que nous voulions, une fois cette mission remplie. Éternel grincheux, Friedrick marmonna dans sa barbe:

« J’espère bien, après tout ce que nous avons fait pour lui. »

Je lui assénais une claque derrière la tête pour qu’il se taise. Après, c’est moi qui avait du culot! Enfin, bref, Richard nous donna ses derniers conseils, puis il nous indiqua les directions vers lesquelles nous aurions plus de chance de tomber sur une population de Chikens en ce temps de l’année. Friedrick lui demanda pourquoi il ne pouvait aller les chasser lui-même – en toute bonne foi le bougre – puisqu’il semblait savoir où se trouvait les Chikens, mais Richard avoua qu’il n’était plus aussi vigoureux qu’avant, malgré son corps massif. Ce dernier semblait avoir connu milles aventures, s’était musclé au travail de la terre, mais à présent, ses forces n’étaient plus ceux d’antan et il peinait même à soulever une caisse. Si cela ne semblait pas le satisfaire, Friedrick ne répliqua pas, préférant joindre son pas à celui de Kira pour partir à la recherche des animaux ailés. Je remerciais Richard pour ces informations avant de le saluer de la main et de rejoindre mes camarades. Mais alors que nous venions tout juste de quitter l’abri et l’ombre de la toiture de la petite ferme, Friedrick s’arrêta sans préavis, croisant les bras pour me dévisager.

« Faut croire que lui sauver la vie n’était pas suffisant. Il faut en plus que nous allions lui ramener ces oiseaux d’élevage…

- Ça pourrait être marrant. Écoute, on lui capture une dizaine de ces bêtes, on rentre à la ferme, on mange, on dort et puis, le lendemain, on repart.

- Toi et tes bonnes idées alors!, s’exclama-t-il, un sourire en coin. Au moins, avec Kira comme guide, j’espère que nous n’aurions pas trop de problèmes à les trouver.

- Ne t’en fais pas! Je sais comment m’y prendre cette fois.

- À la bonne heure!

- Arrête d’être sarcastique et observe le professionnel, tu veux?

- Je n’attends que ça », railla-t-il en m’offrant un rire faussement humble.

Je lui répondis par une grimace, me concentrant bien vite sur mon petit bonhomme. Descendant à la hauteur de mon compagnon à quatre pattes, je lui grattais affectueusement le menton pour attirer son attention avant de lui montrer une fourmi du doigt, qui zigzaguait entre les crevasses du sol aride. Le renard le suivit des yeux, quelques secondes, avant de se mettre en marche, le nez collé par terre. Redressant fièrement la tête, je défis Friedrick du regard de me lancer une autre vanne. Il ne fit que rouler des yeux – éternel signe de son exaspération –, puis il se leva pour suivre Kira.

Le renard, de ses longues et fines pattes, suivait l’insecte comme un prédateur traquerait sa proie. Prudent et attentif à son gestuel, Kira collait son corps contre le sol: l’instinct d’un chasseur ne peut se perdre, même après des années.
Éleveur un jour, éleveur toujours [Quête – Solo] 785542Jolteon

Devenu jaune pour épouser à merveille la couleur du sable doré, de la terre complètement morcelée et sèche, Kira paraissait bien se plaire à ce nouveau jeu, et sans détacher notre regard de son corps léger, Friedrick et moi balayions le paysage des yeux, histoire de ne pas passer à côté de quelque chose qui pourrait nous aider à retrouver ces les grands poulets. Mais pour l’instant, rien n’attira vraiment notre attention. Ici, dans ce désert hostile et chaud, il n’y avait rien d’autre que du sable et des grains de poussière pour nous tenir compagnie.  Je me demandais sérieusement qu’est-ce que les habitants de cette région avaient à vivre dans un coin aussi reculé et exclu du reste de la communauté. Même monsieur Richard, j’avais de la difficulté à saisir les raisons qui le poussaient à rester dans un tel endroit. C’est à peine s’il pouvait faire de l’agriculture convenablement avec le peu de ressources qu’il possédait. L’eau manquait cruellement et avoir sur sa tête, douze heures par jour, un soleil de plomb qui allait jusqu’à brûler les racines de nos cheveux, ce n’était pas ce que j’appelais vivre avec aisance, surtout lorsque le décor qui nous entourait n’était aucunement propice à la gaieté.

« Est-ce que tu sais pourquoi tous ces gens choisissent de rester dans un tel lieu inhospitalier? Les Terres arides ont beau être grandes, il n’en reste pas moins que la civilisation n’est pas si éloignée que ça. Alors pourquoi restent-ils ici, si la vie peut être meilleure ailleurs? »

Friedrick ne prit même pas la peine de réfléchir; il ne prit même pas la peine de mettre en place ses pensées, car la réponse qu’il me fournit sortit de sa bouche automatiquement.

« C’est peut-être ici, justement, qu’ils se sentent le mieux. Loin de tout, loin de rien, et pourtant si proche de ceux qu’ils aiment. »

À ces mots, je sus aussitôt qu’il faisait mention, ici, de Sacha et de sa mère. Un sourire apparut momentanément sur le coin de ses lèvres, jusqu’à ce qu’il reprenne rapidement:

« Nous ne savons rien d’eux, exceptés qu’ils doivent vivre bien seuls dans cette région. Seulement, il y a des choses qui les rattachent à cet endroit, leur histoire peut-être, des souvenirs qu’ils chérissent, un patrimoine qu’ils veulent honorer et non disgracier. Ils sont bien ici. Ils ne veulent pas se détacher, comme nous…

- Comme nous?

- Bien sûr, Miles. Toi aussi, non, tu voyages pour trouver ta place en ce monde, savoir où ta présence sera sollicité, savoir où les gens auront besoin de toi… »

Je le regardais droit dans les yeux, intrigué par sa dernière déclaration. Je baissais la tête quelques secondes, réfléchissant à ses paroles, décelant, tout de même, du vrai dans ce qu’il disait. Je m’étais toujours convaincu que je désirais quitter Médigo pour prendre un peu d’air, pour m’éloigner de Père, le temps que mes propres maux s’apaisent, mais en vérité, peut-être ne désirais-je qu’une chose? M’évader dans ce monde si grand. Son appel, pour tout Orisha, n’était-il pas l’appel le plus puissant, le plus vibrant, le plus exaltant? Je sentis mon cœur battre à tout rompre pour une seconde, tant cette pensée mit l’émoi dans mon esprit. Mais au lieu de laisser cette soudaine agitation prendre possession de tout mon corps, je pris une grande inspiration pour la calmer et pouvoir m’adresser à Friedrick.

« Peut-être… Je n’en sais trop rien en fait.

- Bah! C’est normal! Nous ne sommes jamais sûrs de rien au début, mais lorsque tu auras trouvé ta place, tu sauras. Et tu deviendras comme eux: attaché à tout jamais à ce lieu.

- … Wow. Même si t’es ennuyeux parfois, t’es vachement un bon gars! Tu sors souvent ce genre de répliques? »

Je vis le coup de poing venir, mais ne fit rien pour l’éviter.

« Tiens! Ça m’apprendra à être gentil avec toi!

- Hahahahaha! Sans moi, tu serais encore plus ennuyeux!

- Mais tu vas te taire, oui?! »

Au moins, à cet instant précis, je savais que je ne voulais être nul part ailleurs qu’ici-même…

Avant de trouver les Chikens, il nous fallut traverser près de dix kilomètres de sol aride et fragmenté. La chaleur du soleil nous tombait durement sur la tête, et très vite, nous avions cessé de nous chamailler, Friedrick et moi, pour pouvoir garder le peu d’énergie qu’il nous restait à la capture des Chikens sauvages. Nous songions sérieusement à faire demi-tour à un moment, mais la vive excitation qui agita soudainement Kira nous alerta: l’animal s’était mis à courir. Aussitôt, nous le suivions, persuadés qu’il nous amènerait à notre butin, mais à notre arrivée, tout ce que nous vîmes au premier coup d’œil, fut Kira, le séant au sol, mordillant dans la carapace d’un scarabée qu’il venait tout juste d’emprisonner dans ces petites crocs. La déception peignit mon visage lorsque je pris conscience de ce fait.

« C’est mort. On rentre. Je n’en peux plus…

- Attend, Miles. Regarde droit devant. »

Je levais la tête, dépité, mais rapidement, mon visage s’éclaira. Collés les uns aux autres, de grands oiseaux, d’environ un mètre de haut, s’étaient tous penchés vers un monticule plus ou moins pointu, et à mieux y regarder, cela ressemblait fort à une fourmilière. Mes yeux s’agrandirent et Friedrick se passa une main sur le visage, soulagé de pouvoir passer à la prochaine étape de notre mission.
Enfin, nous venions de trouver les Chikens.


Ils étaient une quinzaine, amassés devant cette grande fourmilière remplie de nourriture. C’est à peine s’ils faisaient attention à nous. C’était peut-être une chance de plus à mettre de notre côté et à ne surtout pas négliger. Conscient que les approcher de trop près serait risqué, il fallait trouver un moyen de pouvoir les attraper sans leur causer de tort et tout en les empêchant de fuir. D’un même échange, Friedrick et moi fûmes d’accord de la démarche à suivre. Nous devions placer des cages dans différentes directions, les appâter avec un ou deux aliments que nous avaient offert Richard, et hop! C’était dans la boîte! Aussitôt, nous nous exécutâmes sans plus attendre, mettant à l’écart Kira pour un instant, histoire qu’il ne les effraie pas. Friedrick s’occupait de placer les cages tandis que de mon bord, je m’afférais à laisser traîner, ici et là, quelques aliments qui auraient tôt fait d’attirer leur attention. Quand tout le dispositif fut en place, il nous suffisait d’attendre… Longtemps. Parce que les fourmis, à priori, accaparaient TOUTE leur attention…

« On va y rester toute la nuit, s’ils ne décrochent pas de leur fourmilière…

- Bon, passons au plan B!

- Quel plan B? »

Je pris soudainement Kira dans mes bras et le forçait à lâcher son scarabée pour une seconde. Puis, je le mis dans une position où il avait l’ensemble de la fourmilière dans son champ de vision. Déjà, je pouvais l’entendre saliver.

« Je l’ai nommé La compétition! »

- Et tu es sûr que ça va marcher?

- Aucune idée! »

Je déposais aussitôt Kira sur le sol et ce dernier, fasciné, courut aussitôt vers la fourmilière et les Chikens qui s’en régalaient. Mais à son approche, les oiseaux arrêtèrent subitement de manger et se retournèrent, tour à tour, vers le petit renard à la fourrure dorée. Kira, sentant tous ces regards hostiles sur sa personne, freina immédiatement sa course.

« Prends la cage là-bas et suis-moi, vite!

- Euh… ok, ok. J’arrive! »

Friedrick peinait à savoir ce qui se tramait dans ma tête, mais il n’allait pas tarder à le savoir.

Comme prévu, les Chikens ne virent pas d’un très bon œil l’apparition du renard et se mirent instantanément à produire des sons de claquements grâce à leur bec. Pourtant, loin d’être intimidé, Kira hérissa son dos pour se faire plus gros et se transforma en son apparence la plus sombre et la plus menaçante.
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Je ne saurais dire si ce fut la métamorphose qui les perturba ou simplement leur sang naturellement chaud, mais les Chikens s’énervèrent et commencèrent à envoyer leurs fameux coups de pattes de tout bord et de tout côté. Kira, habilement, évitait les assauts, grognant sauvagement à chaque fois que l’une des serres venait à lui frôler la fourrure. Les Chikens commençaient à former un rond autour de lui et ce fut à cet instant précis que je m’avançais jusqu’à eux, derrière Kira, poussant un grand cri pour les faire déguerpir. Tous les Chikens sursautèrent et me virent, grand et affolé, et aussitôt, la panique les gagnèrent et ils se tournèrent d’un bloc vers moi, prêts à me sauter dessus. Devant moi, derrière les Chikens paniqués, je pouvais voir Friedrick glisser furtivement jusqu’à la fourmilière, des aliments entre les doigts. Il les laissait innocemment tomber au sol et en peu de temps, six petits Chikens, restés en retrait derrière les grands, s’attardèrent sur les appâts au sol. Ce ne fut pas bien long avant qu’ils ne se mettent à suivre, inconsciemment, Friedrick, qui en échappait à chaque mètre pour les inciter à s’éloigner du reste de la colonie. Pendant qu’il s’éloignait, j’agitais encore plus mes bras, les Chikens devenant de plus en plus fous, jusqu’à ce qu’ils m’attaquent. Précipitamment, j’attrapais Kira dans mes bras et partis en courant dans la plaine desséchée, espérant les semer assez vite pour ne pas m’en prendre en pleine tronche. Mais c’était trop beau pour être vrai, la bonne providence m’abandonnant à la pire seconde.

Je trébuchais. Une plissure dans le sol venait de me happer le pied et je m’étais fait piéger, tombant à la renverse avant de me faire ensevelir sous une dizaine de tas de plumes et de griffes qui s’amusèrent à m’envoyer des coups furieux. J’essayais de respirer, de protéger Kira en même temps qui, se souciant peu de mon bras, ouvrait grand sa gueule pour mordre nos assaillants, me mordant, quelques fois, par la même occasion. Bon sang, ça faisait un mal de chien! Mais après un temps, j’en eu assez et pensais immédiatement à mon épée à double lame que je conservais dans ma besace magique. L’épée apparut aussitôt et à la vue de la lame, les Chikens prirent peur et s’enfuirent dans la plaine, poussant des cris assourdissants à leur passage. J’exhalais profondément, rapidement, évaluant les dégâts que j’avais reçus suite à l’attaque acharnée des volatiles. Si je saignais à plusieurs endroits, les blessures étaient superficielles et un bandage aurait tôt fait de faire cesser le saignement.

« Pfiou! J’espère que Fried a réussi à capturer les petits!

- Ça c’est mal me connaître, Miles! »

Je sursautais à l’entente de sa voix, relevant la tête pour apercevoir le jeune homme s’approcher de moi, la cage en main, les six petits Chikens affolés dans la cage.

« J’ai eu un mal fou  à les attraper, une fois suffisamment éloignés des parents. Ils courent sacrément vite malgré leur taille!

- Je te ne le fais pas dire!

- Là je te crois, après avoir vu la raclée que tu t’es prise!

- Ha, ha, ha… Très drôle! Aller, on rentre maintenant. J’ai hâte de pouvoir me reposer un peu.

- Moi aussi. »


Le voyage, s’il avait été loin d’être agréable, était tout de même assez calme. Mis à part les poussins Chikens qui n’avaient pas arrêté de se plaindre tout le long de la marche, ça avait été plaisant et notre retour à la ferme fut accueilli à grands cris de joie de la part de Richard qui s’extasiait follement devant les oisillons.  

« Yapi! Qui sont tout meugnons!  Aaah! Les gamins, j’vous z’adore!

- Ça n’a pas du tout été simple de les capturer ces petits. »

Le vieux fermier les admirait follement, les cajolant déjà en leur donnant de la nourriture.

« Bon, ce n’est pas pour paraître désagréable, mais je ne vais pas rester avec vous ce soir. Je m’arrache. J’ai trop sommeil. »

Nous lui souhaitâmes bonne nuit et il disparut dans la chambre que nous avait prêtée Richard pour l’occasion. D’ailleurs, je passais le restant de la nuit en sa compagnie, m’occupant des petits Chikens que nous venions d’arracher à leur famille, mais qui, pour l’heure, étaient bien paisibles, une fois la frayeur passée. Et sans que je m’en rende compte, la nuit apparut bien rapidement.

« T’sais qu’la nuit vient d’tomber?

- Oui, je suis au courant, mais...

- Hum?

- Je comprends pourquoi vous rester ici à présent.

- Qu'est-ce qu'tu viens d'dire, gamin? »

Je me mis à rire, me levant pour ensuite me diriger dans ma chambre.

« Rien de très important. Allez, bonne nuit! »

❧ END



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