Ce que je comptais faire par la suite ? Tout était bien obscure dans mon esprit. Je n’avais jamais eu vraiment d’idée fixe. Pour être tout à fait honnête je laissais mes pas me guider. J’avançais sans jamais me poser de question, en somme je me laissais porter par le vent. C’était une assez bonne définition de mon voyage qui avait commencé il a de cela des mois. J’avais rencontré bon nombres de personnes toutes plus différentes que les autres, et tout ceci m’avait permis de grandir aussi bien physiquement que mentalement. Il m’était donné des choses dont je m’étais crue incapable de faire, et pourtant aujourd’hui je m’étais prouvée à moi-même et aux autres qu’il ne fallait pas juger un livre sur sa couverture. Il aurait été facile de me voir comme un être fragile et sans défense, mais plus le temps passé et plus on me voyait tel que j’étais. Je souris à l’ange en face de moi, d’un sourire simple et sans arrière-pensée. Il était rare en ces temps de trouver des gens aussi gentil, attentionné et patient que lui. Accompagné de Méphisto, ils formaient un duo à tout épreuve, dont j’enviais l’intensité. Je les regardais tous les deux d’un œil attendri, tout en répondant au premier.

« Je dois avouer qu’un bon repas, et qu’une bonne nuit de sommeil ne peuvent pas se refuser. En plus, je me sens crasseuse et mon estomac est en train de crier famine. Je ne peux pas me permettre de l’ignorer. Après tout ce que l’on vient de faire, il est normal que je me récompense un tout petit peu. »

Sans comprendre pourquoi, ni même sans avoir le temps de réagir Méphisto s’en alla s’en nous attendre. Peut-être était-il fatigué également, et il ne voulait pas le montrer. Un semblant de fierté ? ou alors peut-être s’agissait-il de tout autre chose ? J’étais particulièrement mauvaise pour comprendre les gens, je me révélais une bien piètre conseillère. Je ne savais pas analyser les signes, et encore moins les voir, aussi m’était-il difficile de comprendre ce qui pouvait bien lui passer par la tête. Seulement un regard vers son compagnon suffit à me rassurer. Ils étaient sans nul doute inséparables, le départ de l’autre entraînerait le départ de l’autre. Et puis Zéphiel ne semblait pas inquiet, en tout cas si c’était le cas je ne le voyais pas … Finalement après avoir remercié une énième fois, nous nous dirigeâmes vers l’auberge située non loin de nous. L’allée fut légèrement rocambolesque, je devais bien l’avouer. Ni l’ange ni moi n’étions dans une forme olympique. Je manquais plusieurs fois de tomber, mais me rattraper de justesse non sans jeter un coup d’œil vers mon voisin pour vérifier qu’il n’est rien vu. J’en avais assez de passer pour une faible, je pouvais au moins me débrouiller sur ce sujet, non ? Il nous fallut cinq ou peut-être même dix minutes pour enfin entrer dans l’auberge et aller dans la chambre. Méphisto n’était pas là, je commençais à m’inquiéter pour lui mais fut bien vite happer par la conversation dans laquelle nous nous lançâmes avec l’homme aux cheveux blancs. Il me racontait quelques-unes de ses nombreuses aventures, ses périples ponctuaient de quelques traits d’humour, du moins de paroles qui nous donnaient à rire. Au bout d’un moment la faim se fit vraiment sentir, et nous commandâmes quelque chose à grignoter. Assis à une table, nous échangions des mots, des chiffres, comparions nos expériences, débattions de tout de rien dans une ambiance qui se révélait dés plus agréable, le tout agrémenté d’un repas … respectable. On ne pouvait pas attendre de ce lieu beaucoup de chose, et pourtant. La bougie allumait quelques minutes avant le coucher du soleil, donnait un aspect chaleureux à la pièce. Après la journée que nous venions de passer, nous méritions clairement de nous reposer. Alors que nous étions emportés par notre discussion, la fatigue finit par se faire sentir. Je dus lutter un moment avant de déclarer forfait. Ne tenant clairement plus, je m’adressais alors à l’ange, le voyant également fatigué.

« Je pense qu’il est grand temps d’aller nous coucher. Peut-être serez-vous déjà parti demain, si tel est le cas, je suis vraiment heureuse de vous avoir rencontré, tous les deux. J’espère sincèrement que nos chemins se recroiseront un jour, dans de meilleurs conditions j’espère. Merci d’avoir été là aujourd’hui Zéphiel. C’est dans ces moment-là, que je me dis que nous n’est pas perdu. »

Après un dernier signe de tête, je quittais la chambre pour rejoindre la mienne, et à peine fus-je posée sur le lit que je m’endormis. Le lendemain matin j’étais à nouveau seule.