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 Désolation [Solo-Event Septembre 2015]

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Mer 23 Sep 2015, 19:48

   Ce n’était pas une journée reposante, qui attendait Djinshee ce jour-là. Bien au contraire, cela risquait d’être éprouvant. Ou plutôt long, car elle savait que la vue de cadavres ne lui ferait rien. Elle en avait déjà vu, et en verrait sûrement par centaines à l’avenir. Etrangement, ces visions ne lui avaient jamais rien fait. Elle en ignorait la raison, mais se considérait comme chanceuse : au moins avait-elle le privilège de pouvoir dormir à son aise par la suite. Elle prit son sac et regarda ses deux compagnons d’un regard las. Elle se demanda comment allait réagir Morokei à l’extérieur d’Aeden. C’était maintenant qu’elle se rendait compte qu’il n’avait jamais vraiment vu le monde extérieur ; seulement le volcan et le territoire des Elémentals. Elle soupira et attrapa sa bride, faisant signe à Enderah de la suivre aussi. Le trajet se fit en silence, comme tout se faisait ces derniers temps. L’atmosphère était devenue pesante, et les gens paniquaient pour un rien car les catastrophes s’étaient enchaînées pendant trop longtemps. Mais par « miracle » tout semblait s’être peu à peu calmé, et ce pour des raisons que Djinshee ignorait. Elle n’avait pas beaucoup participé à la vie active ces derniers temps. Cela allait changer.
   Des groupes de personnes s’étaient créés dans le but de remettre un peu d’ordre sur les continents et avaient demandé l’aide de tout autre volontaire, parfois contre un peu d’argent. La jeune femme en faisait partie. L’argent ne l’intéressait pas, et il pouvait paraître surprenant qu’elle accepte ainsi de prêter main-forte à quelques inconnus. Cependant, elle estimait qu’il était temps de mettre un terme à tous ces évènements. Ramasser et enterrer des cadavres. C’était ce pourquoi elle était mobilisée. Ramasser l’horreur et l’enfouir sous le sol, à l’abri des regards, là où l’on finira par oublier.
   Elle arriva au niveau du portail qui l’emmènerait à l’extérieur d’Aeden. Les lieux étaient aussi déserts que le reste. Tout était glacial. Des nuages gris recouvraient le ciel et un vent frais, désagréable, soufflait à travers les rues. Djinshee resta un instant figée, regardant le vide droit devant elle, où le portail l’attendait. Enderah tourna la tête vers sa maîtresse, tandis que Morokei reniflait le sol, balayant la moindre feuille morte à une dizaine de mètres à la ronde. Elle inspira une dernière fois l’air frais d’Aeden et passa le portail.
   La première chose qui l’accueillit fut un relent nauséabond de putréfaction, heureusement rapidement chassé par le vent. Ses deux compagnons se mirent à grogner. D’instinct, l’Elémentale dégaina son épée double.
   -Vous êtes là pour nous aider ?
   Elle se tourna sur sa gauche. Un homme d’une trentaine d’années s’approchait d’elle. Il ne fit même pas attention aux deux bêtes. La panthère cessa doucement de gronder. Le dragon recula. Sa voix était grave, calme, avec une once de tristesse. Elle acquiesça.
   -Merci infiniment, dit-il comme si c’était un soulagement. Nous avons beau être plusieurs dizaines, voire centaines sur tout le continent, nous en auront pour des jours, c’est certain. Les Masques d’Or ont fait des ravages terribles…
   Djinshee regarda autour d’elle. Le chaos était bien visible : une immense plaine stérile, plus grise que le ciel, où étaient éparpillés çà et là, entre les bâtiments en ruine, les cadavres d’inconnus. Il n’y en avait peut-être qu’une cinquantaine.
   -Ici, ce n’est rien, il y a bien pire, à à peine quelques kilomètres de là.
   L’homme lui indiqua le chemin du cimetière, improvisé à la fin du cauchemar.
   -Appelez-moi, si vous avez besoin de quoi que ce soit.
   Il lui sourit tristement et s’éloigna. La jeune femme le trouvait étrange, mais elle n’aurait su dire pourquoi. Peut-être parce que tout cela avait été bref ? Mais c’était normal, au final que dire de plus ? Elle posa sa main sur la tête d’Enderah, puis calma Morokei qui grondait encore. Il avait beaucoup grandi depuis qu’elle l’avait dompté, mais il était resté craintif. C’était un défaut que l’Elémentale devrait corriger au plus vite.
   Cela fait, Djinshee s’avança dans le champ de morts. L’odeur devenait de moins en moins supportable au fur et à mesure qu’ils avançaient, et le bourdonnement des mouches, excitées par la charogne, s’intensifiait. Travailler ici à long terme, et elle risquait d’attraper toutes sortes de maladies. A moins que le feu qui coulait dans ses veines ne puisse les détruire. Elle s’empara d’un premier cadavre qu’elle installa sur le dos de Morokei à l’aide de sa télékinésie. Ses habits en lambeaux étaient gorgés de sang à demi séché. Le dragon émit une plainte, que sa maîtresse tut en le caressant avec sa paume en feu. La chaleur, même ardente, le rassurait toujours. Elle procéda ainsi avec chaque corps qu’elle rajoutait sur son dos, puis en déposa un dernier sur celui d’Enderah. Cette dernière ne semblait pas ravie mais ne protesta pas. Et ils se dirigèrent ensemble vers le cimetière, zigzagant entre les morts pour éviter de les écraser et s’éloigner le plus possible de l’odeur. Le sang et les gravas recouvraient le sol. La sépulture se faisait au centre même du hameau saccagé. Deux hommes se chargeaient de creuser de profonds fossés rectangulaires et d’enterrer. Ils n’affichaient aucune expression particulière et se contentaient de faire le travail qui leur avait été attribué. Tandis que Djinshee déposait les cinq corps par terre, le plus vieux lui adressa la parole :
   -Vous êtes bien vaillante de venir nous aider.
   -Je ne fais que ce que j’ai à faire.
   Elle le regardait, aussi inexpressive que lui. Elle ignorait s’il disait cela car elle devait être la seule femme du groupe ou pour une autre raison. Après tout, elle s’en fichait. Il poussa un soupir et termina de creuser la tombe. Elle l’aida à allonger un premier mort et poussa la terre presque noire dans le trou grâce à sa magie. Sa façon de faire étonna le vieux qui commença alors à lui parler de lui et de ses rapports avec la magie. Djinshee ne l’écoutait pas. En fait, elle scrutait le paysage désolé autour d’elle. Rien ne bougeait. Tout semblait figé, comme si le temps avait été arrêté. Les seules traces de vie visibles étaient un groupe d’inconnus enterrant des cadavres, des mouches et la présence d’un vent froid et irritant.
   Une lueur dorée apparue dans le champ de vison de la jeune femme. Elle revînt de sa torpeur. Elle n’avait pas rêvé. Derrière le vieillard, une lueur dorée était apparue puis s’était dissipée tout aussi vite. Comme si quelqu’un était passé entre les deux murs encore debout de la maison du fond, dernière du hameau. L’Elémentale courut en sa direction, laissant l’homme perplexe. Elle fonça sans réfléchir à l’intérieur de la maison et en fit le tour : rien. Comment était-ce possible ? Enderah la rattrapa et le regarda sans comprendre non-plus.
   -Tu ne sens rien ? Lui demanda sa maîtresse.

   Elle refusait de croire que son imagination lui avait joué un tour. Non, elle n’avait pas rêvé. Mais alors, où était-il passé ? Avait-elle vraiment vu un Masque d’Or ?




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Dim 27 Sep 2015, 18:18

 Djinshee fit le tour du hameau au pas de course. Elle ne pouvait pas laisser un monstre lui passer sous le nez. Autour, les volontaires la regardaient passer, incrédules. Enderah la suivait. Elle examina chaque bâtiment en vain. Elle poussa un cri de rage. Comment était-ce possible ? Elle ne put s’empêcher de faire voler une pierre qui jonchait le sol et de l’éclater en mille morceaux contre un mur. Elle laissa ensuite les flammes prendre possession de son corps, le temps de se calmer, puis revînt au centre, où Morokei l’attendait. Les deux hommes avaient presque terminé d’enterrer. Elle prit la bride du dragon et l’emmena porter d’autres cadavres.
   Ce qu’elle avait vu ne la quitta pas une seconde, tandis qu’elle apportait les corps, au fur et à mesure qu’elle les ramassait. Elle restait à présent aux aguets, faisant attention au moindre son suspect, et dès qu’elle allait au cimetière, elle scrutait chacune des maisons. Mais rien ne se manifesta. Grâce à elle et à ses compagnons, la mission fut terminée plus vite que prévu, alors le chef de groupe décida qu’il était peut-être bon d’aller voir plus loin. Le groupe se mit donc à marcher, et ce durant près d’une heure. Djinshee fermait la marche, assise sur le dos d’Enderah. Certains étaient allés à l’avant, méfiant de ses compagnons dont l’allure pouvait paraître redoutable. Leur chemin se termina en haut d’un terrain légèrement en hauteur. De là, ils avaient une vue imprenable… Sur une plaine semblable à l’enfer. Beaucoup se couvrirent le nez et le bouche tant l’odeur était écœurante. Trois d’entre eux finirent même par vomir leurs tripes. La jeune femme se contentait d’une main devant le nez. Morokei rugit et commença à s’agiter. Elle n’avait pas prévu qu’il réagisse ainsi. Les autres membres du groupe s’écartèrent, les fossoyeurs brandirent leurs pelles pour se protéger.
   -Morokei, tais-toi !
   L’Elémentale passa sur son dos et enflamma ses paumes. Elle les passa le long de son cou, et il se tut. Mais restait toujours nerveux pour autant. Elle prit sa bride et la tira pour qu’il s’immobilise. Puis elle lui indiqua d’avancer. Les hommes la laissèrent passer, à la fois impressionnés et méfiants. Elle s’arrêta devant le premier cadavre, premier parmi les centaines étendus sur la terre battue, imbibée de sang séché. Elle ignorait comment tout cela avait pu se passer. Comment les Masques d’Or, additionné avec les intempéries, et bien que cela fasse beaucoup, comment avaient-ils pu faire autant de dégâts ? Même pour elle, qui n’en retirait aucune empathie, c’était trop. L’innocence ne méritait pas la mort. Djinshee sentit une chaleur émaner de devant elle. Elle tira brusquement sur la bride. Cette chaleur était souvent le signe que Morokei allait cracher du feu.
   Les fossoyeurs descendirent la colline en seconds, et furent rapidement suivis des autres. Ils se mirent aussitôt au travail.
   -J’espère que vous maîtrisez votre dragon, dit le chef de groupe.
   La jeune femme lui lança un regard noir avant de répondre.
   -Ca me paraît évident. Je ne l’aurais pas emmené, sinon.
   Il ne répliqua pas et préféra s’éloigner. Djinshee mit pied à terre et commença elle aussi à ramasser les corps. Une horde de mouches s’éparpillèrent lorsqu’elle fit voler le premier. Morokei gronda, puis ce fut au tour d’Enderah.
   -Ce ne sont que des mouches !
   Leurs instincts la mettaient parfois sur les nerfs. C’était plus ou moins ce qu’il se passait. Et l’odeur insupportable n’aidait pas. Chaque fois qu’elle faisait bouger l’un des morts, elle s’intensifiait. Elle en entassa cinq, encore une fois, et les fit enterrer plus loin. Il avait été décidé que le cimetière se ferait entre trois arbres morts qui marquaient l’entrée d’une forêt elle aussi morte. Cependant, le nombre de victimes était si important qu’il était préférable de ne pas faire une tombe pour chacun. Trois nouveaux fossoyeurs avaient été désignés, et ils creusaient énergiquement, volant en finir au plus vite. Djinshee attendit qu’ils aient creusé suffisamment profond pour allonger les premiers corps, apportant son aide lorsqu’ils le demandaient. Elle appuya son dos contre l’un des arbres noircis et croisa les bras.
   Le temps était toujours aussi couvert, le ciel gris et monotone. Seul le vent avait disparu, et la chaleur s’accumulait sous les nuages.
   -Va falloir se dépêcher, ça va pourrir encore plus vite, fit remarquer un homme.
   -Cette odeur va finir par nous hanter, dit un autre en s’essuyant le front.
   Djinshee les écoutait sans rien dire. Enderah était couchée à ses pieds, les oreilles dressées. Cette dernière se retourna soudainement et rugit. Les hommes sursautèrent. La jeune femme regarda derrière l’arbre. Un reflet doré. Des bruits de pas. Mais rien d’autre. Elle dégaina son épée et courut, la panthère sur ses talons, mais la dépassa rapidement. L’Elémentale monta dessus. Elle suivait les bruits de pas et regardait tout autour d’elle dans l’espoir de voir quelqu’un. La forêt avait beau être composée d’arbres morts, elle n’en restait pas moins dense et sombre. Heureusement, Enderah courait bien plus vite qu’un humanoïde. Elle trouva finalement sa proie. L’inconnu était encapuchonné, de sorte à ce que l’on voit le moins possible son visage, et une cape recouvrait son corps en entier. Le félin accéléra et sauta dessus une fois qu’elle fut assez proche. La femme tomba à plat ventre et lâcha un râle sous le choc. Djinshee descendit. La panthère recula et elle put retourner l’inconnue. La surprise, accompagnée d’une certaine satisfaction, illumina son visage. Son visage était caché par un masque doré.

   -Quelle bonne surprise, ricana-t-elle en laissant ses mains s’enflammer. 


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Dim 04 Oct 2015, 18:09

 La lueur rouge se reflétait sur le masque, menaçante. Le souffle court, la Masque d’Or semblait fixer son adversaire tout en restant muette. Djinshee se baissa, un sourire sarcastique sur ses lèvres. Soudain, la fille se redressa et la projeta quelques mètres plus loin avec une force surhumaine. L’Elémentale retomba violemment sur la terre, mêlée aux racines desséchées. Elle poussa un grognement et entendit Enderah rugir de l’autre côté. Elle se releva douloureusement : elle avait atterri sur son flanc gauche, rappant tout son bras, sa côte et ses jambes. Les flammes s’emparèrent alors de son corps. Le sang qui coulait abondamment sécha instantanément, couvrant temporairement ses plaies. Elle empoigna ensuite son épée et s’approcha du « monstre » à pas lents, afin d’évaluer ses mouvements lors de son combat contre la panthère.
   Dès que sa maîtresse fut projetée dans les airs, Enderah sauta sur sa proie. Agile, cette dernière fit un bond en arrière, déterminée à se débarrasser de ce félin. Elle se défit de sa longue cape sombre et déchirée, découvrant une femme bariolée. Autour de sa taille, une ceinture de cuir, de laquelle pendait une ribambelle de couteaux émoussés, dont certains gardaient encore des traces de sang. Sa tunique rouge – sûrement par le sang – et violette était déchirée à quelques endroits, et elle avait fait des sortes de bandages un peu partout sur son corps avec un autre tissu jauni. Quant à ses cheveux, ils étaient désordonnés, bruns en général mais parfois noirs pour une raison qui pouvait échapper. Il semblait que certaines mèches avaient été brûlées. La Masque d’Or s’empara de deux couteaux et les fis tourner dans ses mains. Son visage n’était pas visible, mais malgré tout, on devinait cette délicieuse soif de sang qui la démangeait maintenant. Elle émit un petit rit aigüe, comme celui d’une enfant, et courut vers Enderah.
   Lorsque Djinshee aperçut les couteaux tout autour de sa taille, elle n’hésita pas une seconde pour se mettre à courir. Mais la fille fut plus rapide, et elle se mit également à courir, tout droit vers la panthère.
   -Tu n’as pas intérêt ! Cria-t-elle. Enderah, cours !
   Mais elle ne l’écoutait pas. Enderah rugit de plus belle et fonça vers la Masque d’Or, toutes griffes dehors, les crocs prêts à se planter dans la chair. L’Elémentale tendit alors son bras devant elle et fit jaillir un faisceau incandescent. Son adversaire regarda par-dessus son épaule et roula par terre. Le félin fut touché, mais étant insensible au feu, elle ne fut en aucun cas blessée. Djinshee lui fit signe de rester derrière elle tandis qu’elle s’avançait vers la fille qui avait fait un autre bond en arrière. Elle riait toujours. La jeune femme gardait son calme. Elle tendit une nouvelle fois ses bras et projeta son ennemie contre un arbre. Elle en eut le souffle coupé, mais cela ne l’empêcha pas de continuer de rire. Elle attrapa un couteau et le lança sur Djinshee, toujours enveloppée de son armure ardente. La lame toucha son épaule et elle eut un mouvement de recul. Elle n’avait pas eu le temps de l’éviter. Cette peste avait l’avantage d’être beaucoup plus agile qu’elle. Elle retînt un juron tant la douleur était aigüe. Etait-ce la rouille qui faisait cela ? Néanmoins, sa plaie sécha. Elle riposta alors avec un jet de flammes. Elle visa à plusieurs endroits tout autour pour avoir plus de chances de la toucher. Comme prévu, la Masque d’Or tenta d’esquiver, mais quelques étincelles parvinrent à prendre un pan de sa tunique. Celle-ci se mit à se consumer lentement. La fille cessa tout de suite de rire et tenta d’étouffer le début de feu avec le tissu qui lui servait de bandage. L’Elémentale en profita pour la bombarder encore avant d’éteindre son corps. La fille roula par terre. Le feu sur sa tunique s’éteint définitivement. Elle se remit à rire de plus belle et sauta sur son ennemie.
   -Tu vas te taire, oui ! Cria cette dernière.
   Elle envoya une autre boule de feu. La Masque d’Or lui atterrit dessus et poussa un cri aigu. Djinshee s’écroula sous le poids. Sa magie lui avait drainé pas mal de forces. La fille regarda son bras gauche maintenant cramoisi. Elle arracha son bandage qui prenait feu. Il partit avec un peu de peau et termina de se consumer sur le sol. Djinshee reprit ses esprits. Elle n’avait jamais vu quelqu’un d’aussi rapide. La première chose qu’elle vit fut la peste qui criait de douleur, le bras ensanglanté, la peau en partie fondue. Enderah rugit, à quelques dizaines de mètres. Elle n’était restée en retrait seulement quelques secondes, et avait attendu le bon moment pour s’autoriser à revenir à la charge. La fille empoigna son plus gros couteau, prête à charcuter, leva la tête vers la panthère et se mit à hurler. Un cri de petite fille, comme celui d’une petite fille qui a peur, très peur. Un cri si aigüe et si fort que même se boucher les oreilles de suffit pas. Djinshee se les couvrit et Enderah s’arrêta dans sa course, troublée. Elle gloussa. La rousse en profita pour s’enflammer. Un autre cri strident. Elle se leva brusquement. Sa tunique avait totalement pris feu et elle commençait à s’embraser. Elle se roula par terre dans l’espoir d’éteindre le brasier, mais c’était peine perdue. Elle le devina bien assez tôt. Djinshee se releva, haletante et redevînt normale. Après sa chute elle commençait sérieusement à fatiguer. La Masque d’Or se défit précipitamment de ses habits, s’arrachant encore de la peau. Son corps frêle et maigre était couvert de sang. La véritable couleur de sa peau n’était pas visible, mais elle avait un corps d’enfant, sans formes de femme. Elle avait gardé son couteau en main et elle le serrait de toutes ses forces. Il était impossible de savoir ce qu’elle regardait derrière son masque, mais l’Elémentale devina qu’elle était en train de la fixer. Elles n’étaient qu’à une dizaine de mètres l’une de l’autre. La fille tremblait de tous ses membres, mais cela ne l’empêchait pas de tenir debout. Djinshee enflamma ses paumes. La Masque d’Or courut soudain en sa direction et se retrouva devant elle en moins d’une seconde. Elle enfonça son couteau dans la jambe de son ennemie. Cette dernière ne put retenir son cri. La douleur était si vive qu’elle tomba par terre. Ses mains s’éteignirent. La fille en profita. Elle utilisa les forces qui lui restaient pour la retourner et la frapper au visage. Elle lui fit ensuite une entaille dans le bras, puis une autre. Elle se remit à rire.
   Enderah observa la Masque d’Or jusqu’à ce moment. La seule vue du sang de sa maîtresse l’incita à attaquer. Elle n’allait pas se laisser impressionner comme la première fois. Elle sauta sur la fille, la gueule grande ouverte, tandis que celle-ci planta son arme dans la chair de l’Elémentale qui se débattait. Sa proie fut plaquée sur le côté. La terre se mêla à son sang. La panthère planta ses crocs dans son cou.


   Djinshee regardait la scène à travers tout ce liquide rouge qui coulait sur son visage. L’odeur de rouille lui donnait envie de vomir. Mais elle ne devait pas se concentrer sur son mal. Elle devait en finir avec ce monstre. Alors, elle ferma les yeux et rassembla le reste de feu ardent qui habitait son corps. Elle sentit son corps se réchauffer. Une énorme boule de feu apparut soudainement, comme extraite de son corps et fonça sur la fille agonisante. Il y eut une explosion, puis une odeur de chair brûlée. Djinshee se mit à trembler. Elle avait froid. Cela lui était presque inconnu, mais elle avait la réelle impression que son corps gelait sur place. Ses forces l’abandonnèrent. La dernière chose qu’elle sentit avant de perdre connaissance, fut le souffle chaud d’Enderah sur son visage.




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Dim 11 Oct 2015, 10:32

Le sang coulait le long de ses jambes écorchées. Elle boitait. Son visage et ses bras étaient aussi couvert de sang, douloureux. Chaque mouvement était un nouveau coup de couteau, un nouveau supplice. Elle avait refusé de s’installer sur le dos d’Enderah, car ses mouvements lui causaient des douleurs plus atroces encore. Elle y avait plutôt mis le corps calciné de la Masque d’Or, en guise de trophée. Elle était impatiente de retrouver son groupe. Morokei allait pouvoir la soigner. Elle se fichait pas mal des autres.
   Quelle était la taille de cette forêt ? Sur le dos de sa panthère, elle n’avait pas calculé les distances, trop occupée à traquer sa proie. Elle se demanda si elle allait tenir jusqu’au bout.
   Bien sûr, qu’elle allait tenir. Elle allait surpasser la douleur, la faiblesse, désobéir à cette partie d’elle qui tentait de la terrasser avec une force surprenante.
 
***
 
   Enderah regardait sa maîtresse atterrée. Son sang se déversait abondamment sur le sol. Que devait-elle faire ? Elle soufflait sur son visage. Pas de réaction. Elle miaula. Toujours rien. Elle lui lécha le visage. Djinshee détestait ça. Mais elle ne fit rien.
   Il y avait un problème. L’Elémentale était froide. Il y avait un problème. Enderah poussa un miaulement rauque. Elle s’allongea à côté d’elle, son ventre contre son dos pour la réchauffer.
   Djinshee se réveilla. Elle sentait la sueur froide coller à sa peau. Elle tremblait, bien qu’il y ait quelque chose de chaleureux sur son dos. Elle reconnut rapidement la panthère. Elle voulut bouger : la position dans laquelle elle était devenait très inconfortable et elle avait les fourmillements dans les jambes. Elle faillit hurler. Elle serra les dents. La douleur était atroce. Enderah se leva et la regarda dans les yeux. Elle miaula. Une vague de gel sembla s’emparer de l’Elémentale quand le félin se détacha d’elle. Son premier réflexe fut d’embrasser son corps. Cela ne dura même pas une seconde tant elle était affaiblie. Mais ce fut suffisant pour lui donner un minimum de forces. Elle attrapa l’une des plaques sur l’épaule de son compagnon et tenta de se relever. Elle serrait de plus en plus les dents. Sa plaie qui avait vaguement commencé à sécher se ré-ouvrit. Enderah l’aida avec sa tête et elle se remit finalement sur pieds. Elle vacilla mais se tînt à la panthère pour ne pas s’écrouler. Sa tête tournait. Elle chercha un point fixe sur le sol pour reprendre ses esprits. En voyant ce petit corps calciné au visage doré, elle se rappela ce qu’il s’était passé juste avant. Elle se demanda pendant combien de temps elle était restée là, étendue par terre.
 
***
 
   Dans combien de temps allaient-elles enfin sortir de cette maudite forêt ? Elle ne sentait plus ses jambes. Elles allaient bientôt faillir après avoir pris un temps dingue pour s’habituer au rythme. Elle entendit soudain une lamentation. Ses yeux semblèrent s’éveiller. Elle reconnut tout de suite la plainte de Morokei qui l’attendait depuis longtemps. Djinshee était partie si vite qu’il ne les avait pas suivies. Il était encore trop jeune. Elle voulut accélérer le pas mais c’était impossible dans sa situation. Elles étaient bientôt arrivées. Enfin.
   La lumière s’intensifia et les branches cessèrent que masquer le ciel. L’Elémentale s’écroula, à bout de forces. Elle sentit presque tout de suite le souffle puissant du dragon. Il était heureux de la revoir, et elle de même. Il était le seul à pouvoir la guérir, ne serait-ce que partiellement.
   -La voilà ! Cria un homme plus loin.
   Plusieurs se rassemblèrent autour d’elle. La plupart ne comprirent pas ce qu’il s’était passé jusqu’à ce qu’ils voient le corps sur le dos d’Enderah. Cette dernière le laissa tomber par terre puis se coucha auprès de sa maîtresse.
   -Un Masque d’Or ?
   Ils écarquillèrent tous les yeux. Personne n’y croyait.
   -Eloignez-vous, réussit à articuler Djinshee, haletante.
   Ils obéirent. Ils étaient si impressionnés qu’ils n’osaient pas la contredire, bien qu’elle soit dans un était pitoyable. La jeune femme fit signe à Morokei de cracher du feu, comme elle le lui avait montré. Il s’exécuta et inspira profondément. Le jet de flamme, puissant, toucha les premiers arbres qui se consumèrent instantanément.
   Elle laissa le feu l’entourer entièrement. C’était comme un soulagement. Elle attendait cet instant depuis son réveil. Tous ses muscles se nourrissaient de cette chaleur ardente, inaccessible aux autres qui seraient déjà morts. Lorsque le dragon s’arrêta, Djinshee se releva et lui donna une caresse. Elle avait encore des traces de sang séché sur son visage. Ses blessures s’étaient refermées mais pas cicatrisées. Elle boitait encore un peu.
   -C’était une Masque d’Or, confirma-t-elle.
   -Vous… L’avez tuée ? Demanda un autre.
   -Il fallait bien que quelqu’un s’en charge.
   -Vous avez disparu pendant plus de quatre heures. Nous comptions rentrer mais vous n’étiez toujours pas de retour. Que s’est-il passé ?
   Djinshee prit un temps avant d’assimiler. Elle avait perdu connaissance pendant quatre heures ? Elle refusa d’en dire plus et laissa son regard se perdre dans le paysage désolé. Il y avait moins de cadavres, mais il en restait encore énormément. Ils avaient encore une journée de travail devant eux.
  
   Ils étaient sur le chemin du retour. Djinshee était installée sur Morokei, le corps de la fille devant elle. Elle le fixait depuis un moment. Le chef de groupe se mit à sa hauteur pour lui parler.
   -Au fait, qui êtes-vous ? Demanda-t-il.
   Elle resta silencieuse. Le masque ne s’était jamais détaché du visage de cette fille. Elle le prit et tenta de le décoller. Sans succès. Même en forçant, c’était impossible.
   -Qu’est-ce que ça peut vous faire, de connaître mon nom ?
   -Je ne sais pas, vous avez tué un Masque d’Or, ce n’est pas rien.
   Elle jeta le corps par terre. Il roula dans la poussière avant de s’immobiliser.
   -Si vous cherchez à me rendre connue, c’est inutile, c’est la dernière chose que je voudrais.

   Il ne répliqua pas, bien qu’il ait soudainement envie de lui poser des dizaines de questions. Djinshee accéléra un peu. Elle était pressée de rentrer.

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Désolation [Solo-Event Septembre 2015]

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