« Qu'est ce que c'est que ça ? » Callum attrapa une mèche brune des longs cheveux de la petite fille « Je suis une Orisha ! Et toi, pourquoi tu as changé ? », « Car je n'en suis pas un. », « Mais... Nous sommes à Mégido non ? C'est logique que tu sois tel quel ! », « Arrête de poser des questions et avance. » La petite se mit alors en route, passant les portes de la ville. Callum avait pensé bon de revêtir son apparence de démon, comme il en avait l'habitude finalement, plutôt que de montrer aux gens que le roi était revenu en ville. Si celui-ci n'y était pas déjà d'ailleurs. La petite était contente comme une princesse de partir enfin de sa contrée esseulée pour visiter le monde. Avec Callum, cela ne manquait pas...
Ainsi, elle s'émerveilla de tout ce qu'elle voyait. Les vitraux des maisons étaient magnifiques, les murs et les architectures disparates donnaient du caractère aux bâtisses, et les rues pavés facilitaient la marche « On va où d'ailleurs ? Pourquoi on est ici ? Tu habites ici, oncle ? », « Tsss... On était vraiment obligé de venir ici sérieusement ? On aurait pu rester à Avalon. », « J'ai à faire. Rien ne t'empêchait d'y rester là-bas, Zayakai. », « Ouais, et y croupir aussi. C'est quand qu'on dégage de ce bourg perdu ? », « Pourquoi tu cherches autant à vouloir en partir... ? Essaye de prendre sur toi pour une fois, ça ne te fera pas de mal. », « Y a des gens que j'ai pas envie de recroiser... C'est tout ! », « Par peur de te faire défoncer ? Allons bon... », « Mais non ! Je m'en fous de ça ! C'est une nana, j'ai pas envie de la croiser c'est tout ! Je sais qu'elle habite ici avec son espèce de.... charognard de mari. » Callum haussa les épaules, mais Adrienne lui répondit, bienveillante « Ne t'inquiète pas, Kai, nous ne croiserons personne de ta convenance. Oncle Callum va très certainement avoir vite fait de faire ses emplettes, et nous repartirons. Si tu t'inquiète, je resterai à l'auberge avec toi. » Bien qu'elle soit perspicace, elle l'était trop au goût de Kai. Ainsi, il soupira se grattant la nuque et disant « Hé mais j'ai pas peur, vous pigez pas ? J'ai pas ENVIE, c'est tout. Si je la croise, bha je la croise et je m'en fous je l'ignorerai. Pas la peine de me laisser cloitrer dans une auberge et... », « Alors ferme-là Kai. T'es en train de doucement me faire chier depuis dix minutes pour une histoire de bonne femme. Si c'est pour faire le paon a dire que tu n'as aucune crainte, tu aurais mieux fait de te taire depuis le départ. » Le Démon le regarda, mauvais « Tu... », « Et si tu ne veux pas que je t'éviscère, je te conseille de rester avec nous. T'es pas capable de t'occuper de toi tout seul, alors des autres... », « Oncle... Oncle ! Je pense qu'il a compris ! » Adrienne se mit entre eux deux, les deux s'affrontant presque au milieu de la rue, sous le regard de passants assez curieux « De toute façon, je n'ai rien à faire avec toi. Ma vie est ailleurs et non 'dans tes pattes'. », « Encore en train de proférer des inutilités ? Si tu veux partir, pars, mais arrête de me menacer d'un fait qui ne m'effraie pas. Toi, en route. » Callum attrapa le bras de la jeune fille, qui tourna le regard vers le démon. Kai resta au milieu de la rue, esseulé, ne sachant pas s'il devait ravaler sa fierté et les suivre, où leur prouver qu'il se débrouillait très bien seul.
Tel l'ingénieux qu'il était, il choisit la deuxième option. Ses ailes se déployèrent alors, et il s'envola pour s'en aller « Oncle... Callum ! Kai est partit ! Kai... KAI ! » L'Orisha mit la main sur la bouche de la petite, continuant de marcher, la tenant contre lui « Il reviendra. Comme il est toujours revenu. L'adolescence est difficile pour tout le monde. Aller, ne pleure pas pour lui idiote. », « Mais... S'il meurt... ? », « Personne ne peut le tuer, il mourra forcément de sa propre main. » La petite chaman se résigna. Elle resta contre son Oncle qui la toisait du regard « Trouve nous une auberge et prends nous une seule chambre. Je vais voir quelqu'un. » Il lui indiqua le quartier modeste, limitrophe au quartier pauvre, de manière à ce qu'elle aille cherché.

Callum se laissa tomber sur la chaise de la chambre, assez miteuse, et fit valser ses bottes à travers la pièce. Aucun d'eux ne reprit son apparence originelle « Bordel... Quelle ville de m*rde sérieusement... On n'a pas idée de construire de si petites ruelles... », « Comment était ta journée mon Oncle ? », « Chiante. T'as pas pu trouver mieux que ce truc au fait ? », « Si, mais je n'avais pas assez d'argent. » L'Orisha fouilla ses poches, vides « Moi non plus. Ca fera quand même. Il y a une sale d'eau ? », « Une bassine, là depuis la veille. », « Génial... Quelle horreur. », « On peut peut être essayer de trouver une rivière... », « Il n'y a que les égouts en ville, et les rivières sont trop loin de la ville. », « Oh... » Elle alla regarder par la fenêtre « Je me demande où est Kai... » Face au silence de Callum elle se tourna vers lui « Je suis ridicule... ? » Il tourna ses yeux jaunes vers elle, la détaillant « Hum ? », « Avec cette apparence... ? », « Oui... », « J'sais pas, j'vois pas bien. Approche... » Elle lui obéit, regardant ses cheveux bruns qu'elle n'avait pas l'habitude de voir tomber sur ses épaules. L'Orisha l'attrapa une fois qu'elle fut près de lui, et la fit s'asseoir à cheval de ses cuisses. La mignonne, gênée, n'osait pas le regardait alors que lui, admira son petit visage. Il passa ses mains sur sa taille, la collant à la lui « O... Oncle ? », « Tu m'aimes Adrienne ? », « P... Pourquoi... ? Enfin... Bien sur mais... » Callum murmurait, ne pliant pas ses yeux « Regarde moi Adri... » Elle hésita « Pourquoi.. Telle question... ? », « Tu avais un homme dans ta vie ?  », « Non... Je ne connaissais pas d'homme, mon père ne voulait pas que j'en fréquente, il préférait que je travaille. », « Oh... Je vois... » L'Orisha attrapa son menton, et approcha son visage du sien, pour l'embrasser. Mais Adrienne, gênée, tenta de le repousser « Mon Oncle, que fais-tu... ? Mon père ne faisait pas ça, il ne m'a pas parlé de ça... », « C'est le privilège des oncles, Adrienne. Sois heureuse que ce soit moi qui t'instruise. », « Mais... Pourquoi maintenant... ? Pourquoi toi... ? », « Ne viens-tu pas de faire tes seize ans ? », « Si. » Callum se décala légèrement « Ton père t'a bien préservée, comme une princesse. A seize ans, les filles vont chez leur oncle pour être instruites. Elles passent plusieurs jours à étudier. », « Il ne m'a jamais dit... Ca. », « Peut être parce qu'il n'avait pas, ou n'aimait pas l'idée de te laisser à ses frères. Mais maintenant, la question ne se pose plus, vu que je suis ton unique oncle. Non ? », « Oui... », « Alors laisse moi t'embrasser Adrienne, sinon je devrais t'initier de force, tu sais. » Elle acquiesça, timide et mignonne, déconcerté par la nouvelle « Si.. Si c'est toi alors... je suppose que ça va... » Callum se pencha en avant, lui volant un baiser qui avait des allures de prince charmant, de petite brise dans une plaine verdoyante. Mais rien n'allait durer. Car Callum n'était pas comme ça. Il se devait de la lier, et pour cela, il devait briser toutes ses défenses.
L'orisha profitait de cette petite fille ingénue à qui il proférait des abominations, et personne ne lui soufflait la vérité dans le creux de l'oreille. Elle avait du délaisser l'esprit de ses parents dans son village natal, sans même en connaitre la teneur, et partir avec Callum. Cependant, depuis des semaines maintenant, elle ne voyait que lui. Il s'occupait d'elle, la sauvait, la nourrissait, lui payait ce don elle avait besoin et elle, elle le soignait de ses maux physiques. Mais ici, c'était enfin le rendu de son dur labeur. Il l'avait apprivoisé, il s'était donné du mal pour qu'elle lui fasse confiance depuis le premier jour, et ce n'était pas le moment de tout foutre en l'air. Sans Kai, en plus, il n'avait aucune raison de se voir échouer dans sa quête dont l'impatience n'avait d'égal que le machiavélisme dont il faisait preuve. De toute manière, se disait-il, elle était orpheline et sans famille, qui est ce que cela importait ? Qui allait hurler qu'elle se fasse à moitié violé par un homme qui avait le double de son âge ? Personne. Car tous étaient morts, et les esprits restaient muet à ses doutes.
« Fais-moi confiance, Adrienne. », « Oui... »

« Oncle... ? Oncle Callum... », « Hum ? » L'Orisha ouvrit les yeux, tournant la tête vers la voix d'Adrienne « Quoi ? » Elle était habillée, se tenant debout près de lui. La petite avait prit soin de couvrir le mâle d'un drap, avant de dire « Il y a quelqu'un pour toi à la porte. », « C'est Kai ? », « Non, il s'appelle Asmodé. », « Rah, m*rde ! » Se redressant, il s'assit, se frottant le visage avant d'enfiler une paire de braies. Avançant vers la porte, il se stoppa à hauteur de la petite. Elle se tenait à un mètre de lui, le regardant passer. Lorsqu'il la regarda dans les yeux, il tendit la main vers elle, touchant son visage « Tu as mal ? », « Un... Un peu... » Mettant timidement son poing devant sa bouche, la petite, qui avait reprit son apparence Orisha, baissa les yeux « Ca ira mieux tout à l'heure. » La délaissant, elle ressentit un froid quand cette main ne caressa plus sa joue. La nuit dernière elle n'avait pas osé le toucher. Il avait été entreprenant, trop peut être, tellement que ça l'avait effrayé et puis... Elle s'était concentrée sur elle-même. Son plaisir et sa douleur. Tout cela était nouveau pour elle, et elle avait encore les jambes tremblantes. Doucement, elle s'assit sur la chaise juste à côté d'elle, regardant le sol pendant que Callum ouvrait la porte « Ouais ? » Croisant les bras, il s'appuya à l'encadrement de porte « Le patron est satisfait, voilà ta part comme prévu. Le prochain sera plus loin, sur la côte. Il y a un village du nom de Pomek. » L'Orisha attrapa la bourse, regardant à l'intérieur. Il y avait le compte « Bien, j'y serai. Je te revois là-bas. », « Ne traine pas, c'est dans quinze jours. La date est importante... Tu verras pourquoi. », « Pas d'information supplémentaire ? », « Tu en auras le moment venu. », « Bien merci. » Alors que Callum attrapait la poignée de la porte, Asmodé jeta un coup d'oeil à l'intérieur, focalisant la petite fille « Toujours accro ? », « On n'est plus en concurrence toi et moi, n'y pense même pas. », « J'ai les miennes, je ne comptais pas la toucher. Et puis une seule ne me suffit plus depuis longtemps. », « Alors arrête de la reluquer, et retourne dans tes draps. On se voit à Pomek. » Le bronzé ferma la porte, le regard colérique.

S'approchant du lit, il s'y laissa tomber, poussant un râle matinal. Se filant à nouveau sous les draps, il se tourna alors vers la place vide d'Adrienne, qui vint justement s'asseoir à ses côtés « Nous partons à quelle heure ? », « Quand j'aurai fini ma nuit. », « Où est ce village ? », « Loin. Arrête tes questions, laisse moi dormir. » Elle sourit, se filant dans les draps à son tour, et se blottissant contre lui « J'ai hâte que nous voyagions. J'espère que nous arriverons à nous entendre à deux, sans tonton Kai pour nous divertir. », « Tu t'inquiète de petits détails, Adri. » Il passa un bras autour d'elle, avant de se rendormir.
Au zénith, enfin, le dormeur se réveilla.
La chamane était partie depuis bien longtemps, et en avait profité pour visiter la ville et faire des emplettes. A son grand désarroi elle n'avait pas rencontrer le démon. Il lui manquait avec ses taquineries, et ses râleries. Sans lui, c'était de suite bien plus vide.
Lorsqu'elle entra dans la chambre, elle posa un panier plein de fruits et de vivres sur une commode et dit « Oncle ! Réveilles-toi ! J'ai acheté de quoi manger, nous pourrons porter tout cela avec nous ! Oncle Callum je... ah ! » Le monstre lui arracha presque le bras, la faisant rouler dans le lit pour venir immédiatement sur elle « Ne t'ai-je pas déjà dit de la fermer le matin ?! », « Je... pardon... je suis désolée... », « Ferme. Là. » Il la regarda avec insistance, et elle hocha la tête, les yeux en pleurs, et les poings contre sa bouche. De sa grande main, il les éloigna, attrapant son visage pour frotter, caresser ses lèvres de son pouce « Sinon, je ne te laisserai pas le choix la prochaine fois... » C'était son seul outils de menace : le sexe. Il l'effrayait par la douleur et par le plaisir, sachant combien elle appréhendait à nouveau de se voir dans ses bras. La petite pensait que ce n'était qu'une seule fois mais... Loin de là. Callum allait apposer son sceau, encore et encore.
La faisant partir du lit, il ajouta « Je vais me laver, prépare des sacs, nous partirons immédiatement. », « Bien... » Sans la regarder il sortit, claquant la porte au passage.

Mots : 788

« C'est tout ce que tu as à te mettre ? », « Oui, mes anciens habits sont partit en fumée, et ceux de rechange sont déchirés. Je n'ai pas les moyens d'en acheter, alors je n'ai pas jugé utile d'aller chez un tailleur à Avalon. », « On voit tes genoux. », « Je crois que... euh... » Elle fouilla dans sa sacoche « Je crois que j'ai des bas, mais ils sont en laine, je vais avoir chaud. », « Couvre toi les jambes, on achètera des vêtements dans des villes moins cossues. Les capitales sont trop chères pour nous, et l'argent que j'ai servira à louer un cheval. » Adrienne ne dit rien, s'habillant comme elle pu. Avec son changement d'apparence, elle aurait pu faire croire aux gens qu'elle était habillée, ou qu'elle avait les jambes couvertes, mais à quoi cela servait ? Elle n'était pas assez puissante pour biaiser les plus fort, et elle ne voulait pas risquer de s'attirer les foudres de Callum en pleine ville Orisha. Alors elle s'habille, et une fois les sacs fait, tous deux partirent, comme il était prévu.

« Oncle Callum... Etions nous obligé de passer par là ? », « Oui. » Ils marchaient dans l'aridité du continent, regardant les bourgs dévastés dont personne n'avait encore entrepris la reconstruction. Les zones qu'ils traversaient étaient désertes, et seuls des hurlements d'animaux se faisaient entendre. Adrienne sursautait en permanence, cachée derrière l'Orisha, qui lui avançait tel un cheval de trait. En parlant de cheval, ils ne purent en louer un. Les écuries étaient vide de bêtes, et elles devaient refaire le plein. Les seules montures disponibles étaient donc excessivement chères... La Chamane avait mal aux pieds, comme d'habitude. Au bout de deux jours de marche, le géant du la porter sur son dos « Je m'en fous que tu te balade les genoux à l'air, mais à la prochaine ville, on t'achètera des chaussures. », « Je... Je suis désolée... », « Vivement que l'on arrive... Je vais finir par te bander les pieds petite fille. », « Oh non... Ma grand-mère avait les pieds bandés... Elle avait ses orteils qui poussaient dans la voûte plantaire tu imagines ? Ca doit être si douloureux... » Adrienne avait sa tête posée contre l'épaule de son porteur, les deux jambes de part et d'autre de sa taille « Tss... Quelles traditions il y avait dans ton village pour pratiquer ce genre de choses ? », « C'était lié aux divinités. Les Dieux demandaient à certaines de se bander les pieds, ou de faire autre chose... Je ne sais pas, c'était bizarre. Je ne doute pas que les Dieux peuvent nous parler, mais on n'est jamais arrivé à m'expliquer, pourquoi ils demanderaient des choses si douloureuses... », « Car ils sont cruels. Bien plus que les Démons ou les Sorciers. Ils savent que les fidèles peuvent pousser le vice si loin lorsqu'ils sont aveuglés par la religion. La plupart des choses qui se passent dans le monde, que crois-tu que c'est ? Souvent, les Aetheri ont un impact puissant. », « Alors... Est-ce eux aussi qui nous ont imposé le fait d'étudier chez nos oncles ? », « Ahah... Bien sur... Mais même si cela vient des Dieux, c'est entré dans nos moeurs communes. Ce phénomène est très courant, j'ai été élevé en sachant cela. En sachant qu'un jour je serai un oncle, et que mes mains se poserons sur le corps d'une petite fille comme toi. » Adrienne ne parla pas de suite, et ce fut, tristement qu'elle dit « Alors... Alors tu as d'autres filles que tu dois faire étudier ? », « Malheureusement non. Ma famille est décédée tragiquement, des mains d'un sorcier, et je n'ai pas eu le temps de connaitre mes potentielles nièces... Mais peut-être que je rencontrerai et recueillerai une fille comme toi un jour, et que je devrais traiter de la même manière. », « Mais... Et si je reste avec toi, as-tu besoin d'autres filles à éduquer ? Une seule n'est pas suffisant ? », « Ca dépendra de ton dévouement Adrienne. Oeuvre pour moi, et je ne regarderai que toi. » La fillette ne comprenait pas tout, mais le sentiment qu'elle éprouvait lui serra le coeur. Elle se tut, déterminée à lui prouver qu'elle était et resterait la seule mais, pour cela, il fallait qu'elle apprenne à voler, et à se défendre. Elle voulait que Callum puisse compter sur elle, et faire en sorte de la garder auprès de lui. Mais dorénavant, elle ne se transformerait plus. Surtout si il n'aimait pas ses autres apparences...