Marchand tranquillement dans les allées de la marchande, je regarde le soleil s'élever lentement dans les airs. Dans quelques minutes, une heure tout au plus, une de mes questions aura enfin trouvé une réponse. Je saurais enfin qui est cette femme, cette Laya et ce qui nous lie. Un léger frisson me parcourt à cette idée. Cela fait plusieurs semaines que nous parlons, que nous échangeons, et même si je me suis beaucoup ouverte à elle sans rien lui demander en retour je ne peux m'empêcher de ressentir un soupçons appréhension me parcourir. Dans d'autre circonstance je me serais contenté de déchirer sa lettre avant de la jeter dans les flammes les plus proche. Dire que je n'ai pensé à agir de la même manière pour elle que pour les autres est faux. J'aurais même du le faire. Cependant, pour une raison qu'aujourd'hui encore je n'arrive pas à m'expliquer, quelque chose dans cette lettre ma attiré. Une pointe de curiosité ou bien la prestance et la puissance s'en dégageant, je serais sans doute à jamais incapable de dire pourquoi.

Dans un soupir, je ferme les yeux, cherchant à retrouver un semblant de courage et de contenance. Avec un geste lent, ma main vient frôler ma poche et sa dernière lettre. Durant tout le temps de nos échanges j'ai fait semblant d'être forte, de savoir ce que je fais et de ne pas avoir peur de me confier à elle. Mais tout cela n'est que du vent, en réalité je suis effrayée. De tout temps je me suis crue seule, je me suis construite en croyant cela, pire, en étant persuadé de cela. Et aujourd'hui, j'apprends que je ne le suis peut-être pas. Que quelqu'un quelque part dans le monde, une personne dont je ne connais rien est liée à moi.

Toujours silencieuse, je me glisse dans la foule me dirigeant vers notre point de rendez-vous. Je n'ai pas à avoir peur. Je ne dois pas avoir peur. Si elle est venue vers moi afin de me mettre au courant d'une chose nous liant cela veut dire que peut-importe la nature du lien il lui tien forcement à coeur. Et si c'est bien le cas alors elle ne fera rien contre moi. D'autant plus qu'après nos échanges, elle est l'une des personnes me connaissant le plus sur ces terres. Si ses intentions avaient été hostiles, tout ce que j'ai pus lui dire aurait déjà été retourné contre moi. Peut-être même m'aurait-elle même déjà attaqué ou envoyé quelqu'un contre moi. Je ne peux retenir un petit sourire en pensant à cela. En me fiant à ce qu'elle ma dit et aux informations dont elle disposait sur moi avant que je ne réponde à ses questions, il n'est pas dur de deviner que ce n'aurait pas vraiment été un problème pour elle que d'envoyer quelqu'un régler ses problèmes. A l’exception du cas ou elle souhaite mettre un terme à tout cela elle même. Mais je ne peux pas croire que cela soit une situation possible. Pas après tout ce qu'elle a dit et après nos échanges.

Perdue dans mes pensées, je ne me rends compte que tardivement que je suis sortie de la ville. Distraite, je siffle machinalement Sheva et Porcelaine. Une poignée de secondes après mon sifflement le premier vient se poser sur mon épaule alors que le deuxième arrive délicatement sur le bras que je lui tends. Avec un sourire sur les lèvres, je les regarde un instant avant de les faire se s'envoler de nouveau. Néanmoins, sans la contrainte de la ville pour les empêcher de voler librement ils restent autour de moi, prenant juste soin de ne pas me déranger d'une manière ou d'une autre. Face à cette petite attention, je ne peux m'empêcher de sourire. Et c'est ainsi que souriant innocemment je regarde leur ballet aérien. Ballet qu'ils n'interrompent qu'une fois ma marche terminée. À ce moment, ils restent encore un court instant auprès de moi puis, presque comme s'ils savaient ce qui m'attend, l'importance de cette rencontre ils s'envolent, partant explorer de nouveaux horizons mais ne me quittant pas pour autant des yeux.

Face à cette attitude, je ne peux réprimer un sourire et ce n'est qu'une fois qu'ils sont sortis de mon champs de vision que je regarde autour de moi. Mes pas m'ont conduit dans une petite crique à l'égard de la ville. Encerclé par les rochers et la végétation il me faut un moment pour comprendre que si je n'avais pas poussé inconsciemment les plantes sur mon chemin je n'aurais sûrement jamais pu atteindre cet endroit. Mon sourire s'agrandit de nouveau face à cette révélation alors que je m'assoies tranquillement sur un rocher. Nous n'avons à aucun moment définis de point de rendez-vous précis durant nos échanges, cela va me permettre de la juger. D'après ce qu'elle a dit, d'après sa manière de parler, elle n'est pas faible. Ceci est donc un très bon moyen d'en savoir un petit peu plus sur cet aspect d'elle. Sans me départir de mon sourire je ferme les yeux et levant le visage vers le soleil, profitant du bruit de la mer et des vague s'écrasant sur les rochers je me m'est à attendre patiemment.

Le visage tourné vers le ciel je laisse les rayons du soleil réchauffer mon visage et le vent jouer dans mes cheveux. Le bruit des vagues s'écrasant sur les rochers bordant la crique me berçant et entraînant mon esprit au loin. Les minutes s'écoulent ainsi lentement et très vite je ne prête plus attention à ce qui m'entoure, oubliant presque la raison m'ayant amenée ici. Après un certain temps je m'extrait de ma rêverie, ne bougeant par pour autant mais m'ouvrant à ce qui m'entoure. Aucun éléments ne me permet de l'affirmer néanmoins, je sens qu'elle ne tarderas pas à faire son arrivée. Comment en guise d'acquiescement une faible bourrasque de vent vient me caresser la joue et jouer dans mes cheveux avant de s'éloigner de la même manière qu'elle est apparue. Je souris face à ce contact. Il semblerait que la nature, sous toutes ses formes, encourage cette rencontre. En même temps qu'il s'éloigne, le vent emporte avec lui mes dernières crainte concernant cette femme. Laya… son nom raisonne quelques instants dans mon esprit. Par ailleurs, je n'y avais jamais fait attention cependant, il est très proche du mien. Est-ce un hasard ? Je souris face à cette question. Il y a peu de chance que ce soit le cas. Les informations qu'elle ma fournis sont plutôt faible et je ne peux pas réellement émettre un hypothèse stable sur la nature du lien nous liant néanmoins… une idée commence à se frayer un chemin dans mon esprit.

Un mouvement dans ma poche me fait revenir à moi et regardant par dessus mon épaule je peux voir sa lettre léviter et se poser dans la main d'une inconnue. Inconnue n'en étant pas vraiment une au final. Puis-je vraiment l'appeler une inconnue au vue du nombre d'échange que nous avons eu ? Cela me semble compliqué. Et puis… ce n'est pas vraiment ce que je veux. Et ce n'est sûrement pas ce qu'elle désire elle aussi. « Et à ce que j'entends il aura suffit que nos échanges prennent fin pour que vous oubliez de me tutoyer. » Je parle sans la regarder, les yeux rivés sur l'océan. Quelques secondes s'égrène ainsi sans qu'aucune de nous deux ne bouge ou ne prenne la parole. Sans briser ce silence je me lève et tournant le dos à l'océan je la regarde en face pour la première fois. « Bonjour Laya, je suis lumi. Mais je ne t'apprends rien n'est-ce pas ? » Je souris en prononçant ces mots. Je ne connais pas cette femme pourtant, nous ne nous sommes jamais vu pourtant elle me semble m'être plus proche que la majorité des gens que j'ai pu rencontrer jusqu'à aujourd'hui.

La tête penchée sur le côté, mes cheveux bâtant doucement mes épaules sous l'impulsions du vent, je regarde et dévisage pour la première fois cette femme avec qui je communique depuis plusieurs mois. Son visage est relativement agréable à regarder et est encadré de longue mèche de cheveux blanc. La vision de ces derniers me fait sourire de plus belle. J'ignore la raison de cette couleur, si comme moi elle les possède depuis sa naissance ou bien s'ils ont été acquis par un changement quelconque néanmoins, ce détail ne fait qu'accentuer mon envie de découvrir le lien nous unissant. Peut-être n'est-ce qu'un détail, peut-être cela n'a t-il pas d'importance cependant, cela suffit pour faire renaître ma curiosité. En dehors de ces détails concernant son apparence physique, elle semble être légèrement plus âgée. Quoi qu'il en soit, malgré son age elle semble, et est, plus petite que moi. Sans rien dire je comble les quelques mètres nous séparant et viens me placer devant elle.

« Je suis heureuse de te rencontrer. Les lettres sont pratique mais rien ne vaut une vrai rencontre ne pense-tu pas ? » Tout en parlant je profite de la proximité pour prendre le temps de la détailler. Bien qu'elle semble relativement calme l'anxiété se lit dans son regard. Je penche la tête sur le côté. Peut-être serais-je dans le même état si j'avais en face de moi une personne avec qui je suis liée et qui ignore tout de ce lien. Et elle a amplement raison d'agir de cette manière. Les chances que je réagisse mal à l'annonce qu'elle ne manquera pas de me faire sont faibles mais pourtant bien présente. « J'aimerais te demander comment tu va et si tu est heureuse de me voir cependant, tu semble un peu… Craintive. » Lâchant un petit rire je me retourne pour faire face à la mer et au soleil. « M'as tu trouvé facilement ? Je dois avouer avoir marcher sans réellement faire attention et me retrouver ici un petit peu par hasard. Néanmoins, malgré cela, tu ne semble pas réellement avoir eu de problème pour me retrouver n'est-ce pas? »

Le regard perdus sur l'océan je l'écoute parler sans rien dire. D'après ses lettres, d'après ses mots nous sommes liée par un lien m'étant inconnu. Je brûle d'envie de le découvrir, de me retourner vers elle et lui poser la question cependant, avec difficulté, je me retiens. Elle me dira ce qu'elle sait en temps et en heure. La presser ne servirais à rien si ce n'est réduire mes chances de découvrir la vérité. Avec un petit sourire je me retourne vers elle alors qu'elle complimente mon apparence. « Merci beaucoup, il est toujours bon d'entendre que nous sommes agréable à regarder. » Je m'interromps quelques temps, plongeant mes yeux azur dans les siens avant de la détailler rapidement avant d'ajouter « Tu est belle toi aussi. Bien plus que la majorité des gens vivant sur ce continent » Je fais un rapide signe circulaire de la main pour désigner le continent du matin calme. J'ai déjà pu côtoyer des personnes plus ou moins belles cependant, elle se démarque indéniablement du reste de la population. Mais, plus que sa beauté, c'est sa puissance que je ressens. Une puissance relativement calme mais pourtant capable de se déchaîner avec la puissance d'un typhon. Peut-être est-ce dû à son appartenance au peuple élémental. Probablement même. La suite de ses paroles me conforte dans mes idées et me tire un sourire amusé. D'après ses paroles sont élément serait le vent. En sachant cela, la méthode pour la contacter n'est plus réellement surprenante et la méthode qu'elle a utilisé pour me retrouver non plus.

« Tu n'a pas à être craintive. Pas de moi en tout cas. Je serais bien incapable de faire du mal à qui que ce soit. Et si jamais j'avais voulu te tendre un piège je n'aurais pas choisis la plage. » J'écarte légèrement les bras en rigolant. « J'ai même oublié mes armes, c'est pour dire. » Replaçant mes bras le long de mon corps je la regarde se rapprocher de moi, les traits légèrement tiré par l'anxiété qui semble la ronger. Le temps est venu. Celui des réponses. Celui des questions qui suivent ces-mêmes réponses. Et surtout celui des doutes. Toutes les révélations amènes au même résultat. Le doute. Et c'est en partis à cette épreuve que je vais devoir me soumettre dans les minutes, si ce n'est secondes, à venir.

Durant tout le temps de son monologue je tente de rester impassible, de retransmettre le moins de sentiments possible cependant, plus le récit avance moins je ne peux la tromper. Sa transformation avec le sorcier, l'effacement, ou plutôt le conditionnement de sa mémoire et la mort de cet homme sont des éléments intéressant mais néanmoins, n'étant pas réellement surprenant. De la part d'un sorcier une telle méthode est loin d'être surprenante. La suite, et donc ce qu'elle a appris en recouvrant la mémoire et en revanche différent. La perte de sa mère partit avec un nouvel homme et la naissance d'une fille. Pendant un instant je me sens chanceler et il me faut faire preuve d'une grande concentration pour ne pas m'effondrer. Si ce qu'elle dit est vrai alors cela ne peut vouloir dire qu'une chose. Elle est ma sœur. Ma demie-sœur plus exactement. Elle est un membre d'une famille que je pensais ne plus jamais avoir la chance de posséder. Fermant à demi les yeux je soupir calmement. Avant de me retrouver ébranler par tout cela, avant de devoir choisir entre sauter de joie ou au contraire lui en vouloir il me faut réussir à définir si oui ou non elle dit vrai. Peut-être est-ce une erreur. Peut-être n'est elle rien de plus pour moi qu'une inconnue ayant totalement bouleversée mon existence.

« Je… Ne sais pas vraiment comment réagir face à cela » Le ton enjoué que j'arborais quelques minutes au par avant à disparu pour être remplacé par un ton plus sérieux, plus neutre. Le doute est clairement audible dans le timbre de ma voix et je ne fais rien pour cacher mon hésitation. Cette dernière est de toute façon amplement justifiée après tout. « Comment puis-je être sûre de ce que tu me raconte ? Je… Comprends moi, j'ai vécu plus de dix ans en étant persuadée ne plus jamais avoir de famille, de proche sur qui me reposer, de personnes à aimer de… De…. Et tu arrive en chamboulant tout ça, en remettant en doute toutes mes croyances…. » Une larme vient perler au coin de mon œil et c'est d'un revers rageur de la main que je l’essuie. « Je… Je…. Je ne veux que te croire. Réellement je ne veux que ça. Mais pourrait-tu me prouver d'une manière ou d'une autre que je suis bien cette fille ? Je veux être sûre. J'ai déjà trop souffert, je ne veux plus me faire de faux espoirs. »

Les secondes s'écoulent à un rythme infernal. Non seulement pour moi mais aussi pour elle. Devoir accepter que ma famille n'est pas morte et qu'il peut rester des membres en vie n'est pas réellement quelque chose de facile à accepter cependant, il y a une chose que je ne dois pas oublier. Ce ne l'est pas non plus pour elle qui a du me retrouver et trouver le courage de venir me parler. Comment aurais-je réagis dans sa situation ? Aurais-je eu la force d'aller vers elle et de lui apprendre tout cela ? Non, probablement pas. La simple évocation de ce lien m'aurait probablement anéantie, rendant impossible toute potentielle prise de décision. Bien sur, uniquement si ce lien existe. Expirant doucement je la regarde, plongeant mon regard dans le sien, écoutant, buvant ses paroles et faisant attention au moindre de ses gestes. Si ce lien n'existait pas, si elle l'avait inventé de toute pièce, et je ne vois pas le moins du monde quelle raison aurait pu la pousser à créer un lien comme celui qu'elle vient de m'annoncer. Elle n'a rien à gagner à se prétendre ma sœur. Alors qu'elle s’interrompt, la main tendue à mi-hauteur attendant probablement que je daigne la serrer, je ne fais rien d'autre que fermer les yeux. Je dois réfléchir. Il me faut du temps pour réfléchir. Pour analyser tout ce qu'elle vient de me dire et prendre une décision. Je retiens un sourire à cette idée. Ma décision est déjà prise, je le sais. Quoi que je puisse me dire, après ce que j'ai vécu et après tout ce qu'elle a fait je sais que je vais la croire et la suivre. Je ne veux plus être seule. Et elle est le meilleurs moyen que j'ai pour ne plus l'être.

« Au final, si toutes les deux nous voulons croire que ce lien existe, c'est peut-être parce que nous voulons échapper à la solitude tu ne pense pas ? Je n'ai que de très vague souvenir de ma mère et elle ne ma jamais parlé de la partie de sa vie datant d'avant ma naissance. Dans ces conditions il est tout a fait envisageable qu'elle ai eu un homme dans sa vie avant mon père. Et un enfant avec cet homme. » Comblant l'espace me séparant d'elle et sans faire attention à sa main tendue je fais le tour d'elle, la dévisageant et la regardant sous tous les angles. « D'autant plus que… Laya et Lumi sont des noms relativement proche. » Je prends une petite pause avant de me replacer devant elle. La larme ayant tenté de couler quelques instant plus tôt réapparaît sans que je tente de la retenir cette fois. Je le sais maintenant. Ce n'est plus une question de dire si je crois ou non ce qu'elle me dit. « Tu… Tu est ma sœur n'est-ce pas ? » Les larmes commencent à couler sur mes joues sans que je réagisse. « C'est bien vrai… Tu est bien vraie... »

Sans lui laisser le temps de réagir je me jette à son cou, pleurant toutes les larmes de mon corps. « Tu est là et tu ne me quitteras plus hein ? » Le tête enfouie dans son épaule je lève deux yeux larmoyant vers elle. « Tu va rester avec moi ? Je ne serais plus seule ? » Baissant le regard je me love contre elle, profitant de sa chaleur et de son contact. Nous avons toutes deux pris un chemin différent, à l'écouter nous n'étions même pas censé pouvoir nous croiser un jour. Et pourtant, les choses sont ce qu'elles sont. Nous sommes là, au bord de la mer et nous nous sommes retrouvée. Nous allons pouvoir nous côtoyer, partager ensemble, nous réconforter… Vivre comme des sœurs. « Nous avons tellement de choses à rattraper… Je ne veux pas te quitter temps que nous ne l'auront pas fait. Je ne veux plus te quitter… Je ne veux plus être seule. » Sans me décoller d'elle j'attends sa réponse, espérant qu'elle sera positive, qu'elle tenteras de me rassurer de faire tout ce qu'elle peut pour moi. Me laissant bercer par le bruit de la mer présente non loin de nous je profite de ce contact familial oublié depuis bien trop longtemps. Jamais je ne pourrais assez la remercier pour ce qu'elle viens de faire en se présentant devant moi aujourd'hui.

Collée à elle, les clapotis de l'eau non loin derrière nous je profite de son contact, de sa présence, de ce lien familial qui ma tant manqué, de ce lien que j'ai oublié et mis de côté bien trop vite. Je ne sais rien d'elle si ce n'est son nom pourtant, il est une chose qui est certaine. Elle ne ment pas. Nous sommes liée par les liens du sang. Enfonçant plus profondément ma tête dans son coup je laisse mes larmes couler sur mes joues et perler sur sa peau. Rattraper tout ce temps perdus sera long mais nous y arriverons. Peut-importe le temps que cela pourra prendre. Je n'ai de toute façon pas l'intention de la laisser s'échapper maintenant que j'ai réussis à mettre la main sur elle.

C'est avec une pointe de regret que je la sens se détacher de moi et rompre ce contact. Plongeant mon regard dans le sien je l'écoute parler acquiesçant d'un petit signe de tête. Peut-importe combien ce contact est agréable nous n'allons pas pouvoir rester dans cette position toute la journée, elle est venue afin de se présenter à moi, ce n'est pas uniquement pour que je me colle à elle sans rien dire ou faire. Elle a probablement des questions à me poser. En tout cas, c'est mon cas et je ne compte pas perdre de temps. « Oui, tu a raison pardonne moi. Je… te suis. » Comme s'il pouvait en être autrement. En ce moment précis aucune autre solution n'est envisageable que celle de la suivre ou qu'elle se rende afin de ne plus être séparée d'elle. Je ne pourrais pas toujours agir ainsi cependant, au moins pour aujourd'hui et les jours à venir je ne compte pas agir autrement.

Notre marche sur la plage ne dure que quelques secondes et est simplifiée par un tour de magie de sa part afin d'éviter que le sable ne gêne trop nos déplacements. Une fois arrivée à destination je m’assois à ses côtés sur le rocher afin de poser doucement ma tête sur son épaule. Quand elle reprend la parole sa voix est emprunt d'une certaine gravité et je sais qu'au moins concernant ce point elle ne plaisante pas. Je ne sais pas ce qu'elle a pu vivre jusqu'ici néanmoins pour qu'elle désire cacher de la sorte son identité la situation doit être grave. « Ne t'inquiète pas, je garderais ton vrai nom secret si c'est que tu désire. Mais… quand nous sommes ensemble, préfère tu que je t'appelle Lysis ou Laya ? » Une nouvelle fois je me fais la remarque concernant la similarité présente entre nos prénoms.  Toutes les pièces de ce puzzle représentant nos vies sont en train de se mettre en place et je sais que les principales zones d'ombres vont disparaître dans les minutes à venir.

Quand elle m'invite à lui poser les questions que je veux il me faut un certain temps pour réussir à faire le tri dans mes pensées et choisir celles que je veux vraiment lui poser. Au moment ou nous parlions par le biais d'épitre et alors que j'étais ignorante du lien nous unissant je n'avais pas de réelle questions. Maintenant que les choses ont pris une tournure différente je ne sais plus ou j'en suis. Avec un soupir je ferme les yeux et commence à me concentrer. Avant tout cela l'idée qu'il puisse exister quelque part une famille pour moi était inenvisageable. Cependant, avec cette révélation elle vient de remettre en cause toutes mes idées sur ce sujet… Peut-être n'est-elle pas la seule… peut-être ais-je en plus d'elle une autre famille qui m'attends ailleurs. Elle a  d'ailleurs parlé de notre mère, pas de notre père…. « Qui était tes parents ? Je sais pour notre mère mais ton père, qui était-il ? » je lève vers elle un regard intrigué. C'est la peur de l'inconnue qui vient de remplacer la joie d'avoir retrouvé une famille. Mon père ne m'a jamais parlé de lui et de ses origines, c'est une des rares choses dont je me souviens de mon enfance. Il n'a pas pu ne pas faire attention sur ce genre de détail, c'était forcément volontaire… Mais pourquoi ? « Si c'est à mon tour de poser des questions alors j'aimerais que tu me parle de toi. Des événements marquant de ta vie et de ce qui a pu te pousser à me chercher. Et me trouver. » Je lève les yeux en rigolant avant de reposer ma tête sur son épaule. Les questions sur le reste de ma famille attendrons. Pour l'instant je compte uniquement profiter de cette partie de ma famille qui ne ma pas abandonnée et qui est au contraire venue vers moi.