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 Les derniers aveux [Event - Maelström]

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Jeu 24 Sep 2015, 10:41

Des larmes de rage coulaient sur les joues d’Ovilyn. Elle avait obtenu sa vengeance, mais le duc avait tout de même trouvé un moyen de la rendre amère. Ses derniers mots, avant d'avoir sa tête volant loin de son corps, avaient fait l’effet d’un coup monumental dans son cœur. Cet homme qu’elle avait cru bon et qui l’avait presque menée à sa mort, elle avait trouvé toutes les raisons de ne pas lui en vouloir, car elle n’était pas comme ça, tout simplement. Mais ces mots avaient été la preuve, pour elle, qu’il n’en était rien. Qu’il était juste quelqu’un de mauvais et que le monde se porterait mieux sans lui. Jamais elle n’avait été dans cet état de colère. Elle tremblait de tout son corps, elle avait envie de détruire tout ce qui était à sa portée. Aucun mot précis ne pouvait sortir de sa bouche ; trop d’émotions contraires et extrêmes la tourmentaient.

Mais en plus de ce dernier aveu choquant pour Ovilyn, il y avait la violence de sa mort qui l'avait traumatisée. Son estomac avait été tout retourné par la vue d'une violence aussi sévère à l'envers de cet homme. Alors qu'il se disputait avec un inconnu pour une raison complètement idiote, il avait entrepris d'agresser l'inconnu avec lequel il se disputait ; mais d'un coup, tout s'était retourné contre lui. Un mouvement flou était passé devant les yeux d'Ovilyn. Ensuite, elle avait vu ce mouvement, qui s'avérait être un oiseau incroyablement laid, s'emparer des yeux de son compagnon. Et enfin, il avait été achevé par une femme sans aucune pitié : elle l'avait fauché et sa tête avait volé dans l'Océan. Du sang avait coulé partout et aspergé Ovilyn, et l'homme qu'elle avait connu n'était plus. L'orine avait vomi. Ensuite, elle avait pensé à sa dernière phrase, puis elle avait revomi. Maintenant, elle tentait de maîtriser ses émotions face au bourreau.

Autour d’elle, les gens s’étaient déjà désintéressés du cadavre. Il n’y avait plus que la meurtrière qui restait devant cette chose. Elle ne semblait rien ressentir. Elle venait de décapiter un homme avec l'aide de son sbire, et elle ne semblait pas plus touchée que ça : en regardant son corps, l’orine croyait percevoir un intérêt de scientifique. Comme si elle l’étudiait, au lieu de penser à ce qu’elle venait de faire. Qu’avait-elle dans la tête ? Ovilyn pouvait-elle lui en vouloir ? L’homme qui venait d’être assassiné le méritait certainement. Mais ce n’était qu’aux Dieux d’en juger. Eux, simples mortels, n’avaient pas à décider du sort d’autres personnes. De plus, la violence de l'oiseau n'avait pas été nécessaire. En regardant cette femme qui n’accordait qu’un intérêt limité à la vie qu’elle venait d’ôter, l’orine finit par trouver une réaction appropriée.
« Mais pourquoi ? Pourquoi l’avez-vous… il était… » et alors qu’elle tentait de formuler sa pensée, ses forces l’abandonnèrent et elle tomba parterre, à genoux. Elle avait pitié de ce corps sans vie. Elle voulait comprendre… elle resta là à sangloter pendant plusieurs heures, entraînée dans un mutisme qu'elle ne pouvait combattre. Et puis, pour une raison qu’elle n’était pas en état de comprendre, la pitié et la colère finirent pas disparaître, comme si elles avaient été progressivement emmenées par ses larmes. Elles furent emportées par un sentiment qui se développait en elle : le devoir. Ovilyn était là, à s’apitoyer sur son sort et sur celui de la victime qui avait été bourreau, mais pendant ce temps, des choses se passaient dehors. Elle avait beaucoup à faire.

Car ce qui l’avait choquée, c’était les dernières paroles de l’homme ; il avait dévoilé ses plus sombres côtés à Ovilyn juste avant de mourir. Ultime rédemption ou sadisme ? Quoiqu’il en était, d’autres femmes comme elle étaient en danger. Il lui avait révélé avoir enfermé d’autres orines comme elle dans son manoir. Pour une raison qu'elle n'osait encore imaginer. C'était quand les tremblements de terre avaient commencé à arriver qu'il s’était enfui avec Ovilyn. Finalement, elle avait échappé de peu au même sort que ses pauvres consœurs... il fallait absolument qu'elle les sauve. Le problème était que le manoir était loin d’ici, très loin. Et Ovilyn, bien qu’elle sache où il était pour y avoir passé du temps, n’avait jamais su quel chemin il prenait pour y aller ; avec elle, il n’avait jamais qu’utilisé la téléportation. Et comble de tout, l’orine n’était jamais venue à Sceptelinôst ou à ses environs avant d’y être téléportée par le sorcier. Elle ne connaissait rien de l’endroit et les personnes qu’elle avait côtoyées étaient soit parties, soit… disparues. L’orine était démunie, et dans une situation pareille, personne ne s’inquiéterait de quelques orines certainement mortes sous les décombres. Tout le monde avait perdu des proches dans tous les tristes événements qui avaient ébranlé le monde, et la reconstruction des âmes et des villes ne faisait que commencer. Etait-ce une trêve ou la fin réelle de tout ça ? Ovilyn n’en savait rien, mais sa priorité était son peuple. Elle n’avait plus aucun lien, et pour une orine, c’était pire que tout.

Finalement, son regard se porta vers la femme qui ne trahissait encore aucune émotion, comme si elle ne s’était nullement intéressée à ses paroles. Elle n’avait même pas pris la peine de lui répondre, mais elle était restée là alors que les heures étaient passées. Ovilyn décida de prendre ça comme de la pitié ou de la culpabilité envers elle. Si l'inconnue avait eu une raison de tuer un homme, peut-être qu’elle pourrait trouver le moyen de la convaincre de l’aider dans cette tâche, en lui faisant croire qu’elle y trouverait aussi des intérêts. Le sorcier était puissant, ou du moins c’est ce qu’avait cru comprendre Ovilyn ; s’il avait été battu par l’inconnue, elle devait être encore plus redoutable. Si Ovilyn pouvait s’accrocher à elle, au moins provisoirement, elle serait en quelques sortes protégée. « …désolée. Il… je ne tenais plus à lui, il m’avait trahie. Vous êtes certainement quelqu’un d’occupé, encore plus dans des temps aussi troublés. Mais… je… pourriez-vous m’accompagner quelque part ? Je dois faire quelque chose chez cet homme. Il était riche », précisa-t-elle rapidement. Si elle était une mercenaire, l’appât du gain devrait l’intéresser. Non ? Et en même temps qu'elle attendait sa réponse, Ovilyn se demandait encore ce qu'elle faisait. L'orine demandait de l'aide à une sadique qui avait tué quelqu'un d'encore plus sadique. Elle avait définitivement perdu la raison. C'était sûrement ça.
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Jeu 24 Sep 2015, 11:37



Je voyageais. On m’avait dit de recueillir des informations. On ne m’en avait pas dit la raison qui en était sous-jacente, et à vrai dire, je ne me posais pas la question. Alors voilà qu’on m’avait assigné le nord du continent dévasté. J’avais obéi docilement, sans poser de questions. Mes pas automatiques m’avaient menée jusqu’à Sceptelinôst, une cité qui avait pris de plein fouet les malheureux événements, autant à cause des séismes que des littoraux dangereux. Le port ne ressemblait plus à rien, aucun bateau n’était amarré, les pavés étaient complètement couverts, à travers les rues, par la poussière et les débris. Parfois, du sang séché témoignait de la violence qui avait secoué le lieu. Sans que je m’en rende réellement compte, ces tâches marron retenaient particulièrement mon attention. Dernièrement, j’avais développé un intérêt inconscient pour le sang et le corps humain. C’était sûrement car plus le temps passait, plus c’était quelque chose de lointain pour moi. Quelque chose que je n’avais plus en moi. Le sang avait été remplacé par l’écorce et ses braises.

Sans m’en rendre compte, j’avais donc passé plus de temps qu’il n’en fallait dans la ville. À vrai dire, toutes les informations possibles avaient été recueillies très vite par moi-même : il n’y avait rien d’intéressant. On m’avait raconté les « horreurs » commises par les animaux aquatiques, par les Masques d’Or et par les tremblements de terre, dernière chose, d’ailleurs, qui semblait ne pas les avoir beaucoup touchés contrairement aux attaques des êtres vivants. Les personnes semblaient moins s’intéresser aux assauts de la nature qu’à ceux des personnes et des animaux. Je ne comprenais pas pourquoi cela avait un effet différent puisque le résultat était le même. Mais je faisais comme si je comprenais. C’était nécessaire pour me camoufler. Maintenant que mon apparence était redevenue quasi-humaine, mes consœurs m’avaient sommée d’avoir l’air plus expressif, de mieux me servir de mon empathie. Depuis, je prenais plus le temps de « discuter » avec ces gens, et cela apprenait beaucoup de choses, il était vrai, pour les imiter ensuite.

Mimétisme.

Aujourd’hui, j’avais décidé d’enfin partir de la ville et retourner dans l’Antre des Damnés pour faire mon rapport. Monsieur Vautour et Invinct m’avaient rejoint. Le volatile n’arrêtait pas de me tourner autour et de squaker en signe de contentement ; à l’inverse, Invinct avait décidé de se terrer dans une grotte non-loin de la ville après m’avoir vaguement poussée avec le nez en guise de communication. Le dragon de glace était décidément très différent du vautour. Au moins, je pourrais revenir plus vite au bercail grâce à la vitesse de déplacement de mon compagnon, et ma consœur serait mieux contentée de ma mission. Mais en partant, alors que je marchais avec ma faux bien posée sur mon dos, quelque chose d’inattendu arriva, et autant dire que c’était exceptionnellement rare dans ma mort. Un homme criait près de moi. Une dispute, un moment d’insanité, peu m’importait : je traçais mon chemin, comme toujours, en faisant vaguement attention aux mouvements qui atteignaient mon champ de vision. Peu m’importait, en tout cas, jusqu’à ce que ce dernier agrippe ma faux en me prenant par surprise. Ma réaction avait été sans appel, tout comme celle de Monsieur Vautour.

Il était plutôt impulsif et avait un intérêt inconsidéré pour les globes oculaires. C’était sa pièce préférée dans ses proies. Cet intérêt se démontra une nouvelle fois quand il s’attaqua directement aux yeux de l’homme : il fonça sur lui aussitôt et grâce à sa superforce, il déséquilibra la personne qui était devenue sa proie. Il avait pris ses yeux un par un avec son bec de vautour énervé. L’homme cria, et il en fut autant pour les autres qui assistaient à ce sanglant spectacle. J’entrepris de faire revenir Monsieur Vautour : les gens vivants n’aimaient pas les effusions de violence en public, et leurs réactions pourraient être dangereuses pour moi. Je ne souhaitais pas me faire remarquer, moi la morte, au milieu des vivants. Mais l’homme continuait à crier, et dans une réflexion très brève, je me dis qu’il apporterait moins de mauvaise attention s’il se taisait. Alors, dans un mouvement brusque, je repris ma faux qu’il avait laissé tomber. De son côté, Monsieur Vautour était parti se délecter de son mets favori en faisant des bruits assez atroces et la victime continuait de crier en portant ses mains à l’endroit où ses yeux avaient autrefois été. Une fois ma faux en main, je pris mon élan et fauchai la tête du malheureux en visant le cou, histoire de couper une fois pour toutes les cordes vocales qui provoquaient un bruit inconsidéré. Sa tête vola comme du blé bien mûr. Une seule femme était restée dans son champ d’action et elle criait, elle aussi. Mais quand ce dernier beugla une dernière phrase qu’elle seule dut comprendre, elle se tut, pour mon plus grand bonheur –et surtout pour son propre intérêt. J’aimais les effusions de sang, mais je n’avais aucune raison d’en éclabousser un peu plus le sol.

Bon, maintenant que j’avais défendu ma propriété et réduit au silence la personne gênante, il me fallait reprendre mon chemin ; j’appelai Monsieur Vautour et repartis. Mais la femme me retint. Elle était en proie à tellement d’émotions contradictoires que, même avec la précision de mon empathie, je n’arrivais pas à déterminer ce qu’elle pouvait ressentir. En fait, elle-même ne devait pas le savoir, car elle tentait de me parler mais ne prononçait rien de compréhensible. D’abord, elle me posa une question que je ne compris même pas. Ensuite, elle bégaya. Après, elle tomba à genoux et enfin, elle pleura comme un enfant à qui on retire son biberon. C’était un spectacle fascinant, d’une certaine façon : mon empathie s’affolait complètement. Alors que je la regardais sans bouger, retenue par mon pouvoir, je vis une consœur se matérialiser près du corps auquel je venais de retirer la vie. Je la saluai de mon seul regard, et celui qu’elle m’adressa sembla plein de reproches : il était vrai qu’elles avaient assez de morts sur le dos comme ça. Alors qu’elle s’en allait faire une tâche encore inconnue de moi, la femme me parla enfin distinctement. Elle s’était calmée. Aussi vite ? Je ne comprendrais décidément jamais tous ces gens. Elle me proposa même une espèce de marché, comme quoi elle devait aller chez le cadavre et aussi qu’il était riche. Je ne comprenais rien au rapport entre ces deux arguments. Elle me proposait un voyage, de ce que je comprenais… après tout, changer de lieu me ferait apprendre un peu plus de choses. Cela pourrait m’être bénéfique.

« Il habite où, le bonhomme ? » demandai-je en imitant le ton de la dernière personne à laquelle j’avais parlé.

Il s’agissait d’un aubergiste alcoolisé. Mais une fois de plus, à la réaction de l’inconnue, je me rendis compte que ce n’était pas le bon ton. Il y avait encore du boulot..


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Jeu 24 Sep 2015, 15:34

L’inconnue étrange accepta tout de suite sa proposition. Il fallait croire que l’argent aveuglait beaucoup de monde… et, par la même occasion, Ovilyn, persuadée que ce meurtre avait été prévu à l’avance, se demandait qui avait pu lui ordonner de le tuer. Peut-être qu’il avait beaucoup d’ennemis, tout simplement… en supposant que les sorciers en général avaient beaucoup d’ennemis ne serait-ce que par l’affirmation de leur race. Mais elle mit cette pensée de côté et se reconcentra sur son objectif premier. Si elle était du genre brute de décoffrage, autant ne pas perdre de temps en bavardage ; en plus, elle avait peur de regretter le moindre faux pas. Elle n’avait pas envie de perdre ses yeux comme le vieux bougre. Cette pensée lui ficha des frissons et son regard dévia jusqu’à l’oiseau squelettique. Il était vraiment laid ; elle se demandait comment cette femme pouvait voyager avec un monstre pareil. À côté, le colosse de chien qu’avait élevé le sorcier lui paraissait être un petit chaton affectueux. « Il est sur le continent. Mais… .. . Le problème, c’est que notre temps est compté : nous devons y arriver le plus vite possible. Avez-vous une solution pour ça ? » demanda-t-elle.

Et, tout en parlant, elle fit signe à l’inconnue de reprendre leur chemin. Elle s’était certes calmée au fil des heures, mais il y avait un cadavre qui commençait à pourrir sur les pavés, et l’odeur se révélait de plus en plus gênante pour les douces narines d’Ovilyn. Elle ne prit pas la peine de plonger le corps dans l’Océan : elle avait beau avoir un cœur d’or, il lui avait fait trop de mal, à lui et aux autres orines, pour mériter un minimum de considération. Alors elle s’en éloigna et s’enfonça à travers les ruines qui avaient été autrefois la cité des pirates. Elle décrivit précisément l’endroit où se trouvait le manoir, mais ses connaissances étant limitées, elle n’était pas certaine de pouvoir se faire comprendre. En plus, ce n’était pas l’inconnue qui l’aidait, avec son absence totale de réaction à ses indications…


« Vous comprenez ? Madame… ? » demanda Ovilyn en laissant sa question en suspens. Ovilyn n’avait pas envie de faire connaissance avec une personne si dangereuse, mais elle n’avait pas vraiment le choix. Quand on se faisait arnaquer, il était toujours plus facile de regagner gain de cause en connaissance l’identité de son bourreau… ou bien de connaître le nom de la personne qui a apporté beaucoup d’aide. À l’issue de cette expédition, elle connaîtrait l’utilité de la connaissance de son nom. Même si elle doutait de réellement pouvoir se venger si l’inconnue décidait de l’arnaquer… en revanche, si elle restait correcte jusqu’à la fin, peut-être requerrait-elle son aide pour trouver un nouveau chemin sur lequel s’avancer. Pour ne pas se retrouver seule avec elle-même, pire chose qui soit pour elle. Soudain, elle s’aperçut qu’elle venait déjà de se lier avec cette personne : même si elle était munie de mauvaises intentions à son égard, elle pourrait l’endurer juste pour rester avec cette femme. Finalement, être laissée seule dans ce manoir qu’elles retrouveraient peut-être en ruines serait la pire des choses… surtout si elle retrouvait ses camarades mortes sous les décombres, ou vivantes sans pouvoir les soigner à temps… ou même si elle ne les trouvait pas du tout… C’était vraiment trop effrayant. L’orine n’appréciait pas la personne qui commençait à partager sa route. Mais c’était toujours mieux que rien. Mieux que la solitude. Soutenue par cette idée, elle décida de faire un pas en avant, en réfrénant sa crainte naturelle.

« Je vais vous le préciser tout de suite, avant que vous vous posiez la question. » Ovilyn avait tenté d’employer un ton déterminé, mais c’était plus un couinement fragile qui était sorti. Cette dernière la regarda d’un air interrogatif. Ceci eut pour effet de lui donner envie de se taire, plutôt que de poursuivre… Ovilyn détourna son regard pour continuer. « Je suis une orine. Je n’ai pas de maître mais j’en cherche un. Bref… j’ai des raisons de croire que là où nous allons, des personnes de mon espèce sont livrées à elles-mêmes. Voilà pourquoi je veux y aller. » Peut-être que c’était trop tôt. Peut-être qu’elle venait de la faire fuir. L’orine se recroquevilla sur elle-même, appréhendant la réaction de l’inconnue… elle ne voyait pas quels problèmes cela pourraient lui poser, mais elle envisageait le pire : cette femme était complètement imprévisible.

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Jeu 01 Oct 2015, 11:22




Alors que nous étions en train de reprendre un chemin que je lui traçais, cette petite orine, toute fébrile, commença à m’avouer ses soucis. Selon elle, son temps était compté. La hâte ne faisait plus partie de mes préoccupations, alors je la regardais d’une façon étrange, sans véritablement comprendre ce que je percevais dans son regard hanté. Ces êtres étaient toujours pressés… après tout, ils n’avaient pas beaucoup de temps à vivre. Moi, j’étais vouée à exister jusqu’à la fin du monde, jusqu’à ce que le cycle de la vie et de la mort ne soit plus. J’avais bien trop de temps.

« Il n’y a aucun problème, un dragon est avec moi. Il n’aime pas les… gens. Mais je le convaincrai de te laisser monter sur ses écailles. » À son regard, je crus voir qu’elle n’était pas très enthousiaste à l’idée. Comment pouvais-je la comprendre si elle se contredisait ainsi ? Après une grande sollicitation de mon empathie d’ombre, je compris qu’elle était juste effrayée. « Il est très fort. Près de lui, tu ne pourras te sentir que protégée. Beaucoup de monde rêve de monter sur un dragon un jour, non ? Et ça ira aussi vite que tu le souhaites. »


Cette fois, ma socialisation avait réussi. Elle était rassurée, l’ombre d’un sourire apparut même sur son visage, l’espace d’une milliseconde… puis son expression de brindille effrayée revint aussitôt. Peut-être était-ce son état normal, finalement. Elle était peut-être paranoïaque. Ou traumatisée d’avoir assisté au meurtre de l’homme qui avait voulu me voler ma faux. Ah, oui, c’était sûrement ça : les créatures bénéfiques étaient plus touchées par ce genre de choses. Alors que les deux marchaient en silence, l’une en proie à ses émotions, l’autre n’éprouvant juste pas l’envie de faire la conversation, l’orine finit par rouvrir sa bouche. Elle raconta toute l’histoire qui se cachait derrière sa demande de service et finit son histoire dans un couinement de rat à l’agonie.

Je me rendis compte, pendant son monologue, qu’elle avait en fait peur de moi. J’inspirais… de la peur. C’était la première fois que je découvrais cet effet. Pourtant, je pensais avoir l’air très inoffensive, même apaisante, pour les personnes qui me côtoyaient… mais à mesure que mon pouvoir d’empathie se développais, je me rendais compte à quel point la conception de moi-même différait de celle des autres. J’avais donc encore beaucoup à faire : il fallait absolument que je me mêle bien plus aux autres. À force d’errer dans l’Antre des damnés en compagnie de mes seules consœurs, j’étais devenue encore plus inadaptée, et ce n’était pas Anshû qui m’aidait à paraître normale étant donné qu’il effrayait les autres encore plus que moi-même… après tout, ce voyage pourrait s’avérer fructueux. Cette femme était tellement… normale… qu’elle pourrait m’aider grandement à m’adapter.

Quand nous arrivâmes à l’orée de la forêt, la femme, qui était déjà en train de s’écrabouiller sur elle-même, finit de s’enterrer mentalement. La nuit était en train de tomber et nous venions de quitter définitivement la rare civilisation de Sceptelinôst. Personnellement, je ne comprenais pas pourquoi le fait de se retrouver seule avec moi l’embêtait autant : la population de la ville pirate n’étaient pas réputé comme les plus gentils et bienveillants qui soient, bien au contraire. J’entrepris de me rapprocher d’elle pour la rassurer, mais en la voyant inconsciemment s’éloigner de moi, je me rendis compte que même quand je faisais preuve de bonne volonté, j’étais définitivement une menace pour elle. Là, j’étais à court de solutions. Je me contentai donc de la mener à travers les bois, nous enfonçant de plus en plus, puis j’aperçus une aile d’écailles au loin. Invinct était proche, et Monsieur Vautour commençait à s’affoler, partant de mon épaule pour voler à toute vitesse vers son compagnon. Je savais pourquoi il était aussi pressé : Invinct ne restait jamais quelque part très longtemps sans trouver de proie à stocker près de lui. Monsieur Vautour n’hésitait plus à piquer un peu dedans. La femme, quant à elle, manqua de se faire sur la jupe en entendant les cris d’excitation de Monsieur Vautour. Invinct, dès qu’il nous remarqua, ne quitta pas la femme des yeux. Mais en échangeant un regard avec moi, il comprit rapidement qu’elle était un allié pour nous, et qu’elle n’était pas à manger. Notre mode de communication, contrairement à celui que j’avais avec les humains, s’était nettement amélioré au fil du temps. Les dragons, c’était plus simple que les êtres bipèdes, évidemment.

« Monte. »

Les deux protagonistes s’étaient échangés un regard et j’avais estimé que c’était suffisant pour faire connaissance. Je présentai alors ma main à la femme pour la faire monter sur le dos d’Invinct, lui lançant un regard qui lui signifiait qu’elle n’avait plus le choix.


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Jeu 01 Oct 2015, 15:19

Un dragon. Ovilyn allait monter… sur… un dragon. Déjà qu’elle ne pensait pas en voir un dans sa vie, elle aurait encore moins imaginé pouvoir en toucher un, et alors, monter dessus… cela dépassait presque son imagination. Dans des circonstances normales, elle aurait trépigné d’excitation. Mais aujourd’hui, un meurtre venait d’avoir lieu, d’autres étaient peut-être en train de se produire, autant dire que ce genre de « détails » lui passait bien au-dessus de la tête. Seul son objectif comptait : sauver des vies précieuses. La seule sensation que lui avait procurée cette révélation était un frisson d’appréhension. L’idée de se retrouver face à une créature légendaire, d’une puissance surhumaine, la paralysait de peur, encore plus le fait que de marcher à côté de cette femme redoutable, car elle-même semblait sous-entendre qu’elle ne dominait pas le dragon. Elle n’avait pas dit qu’elle « avait » un dragon, juste qu’il l’attendait. De sa propre volonté. Un dragon était indomptable.

Alors que des pensées obscures ralentissaient le pas de l’orine perdue, la femme continua de parler en prenant un ton qui se voulait plus rassurant : elle lui expliqua que le dragon serait pacifique envers elle. D’une certaine manière, cela montrait son propre comportement pacifique : finalement, elle ne semblait pas avoir de mauvaises intentions envers Ovilyn, et elle semblait vraiment vouloir tenir sa parole. C’était déjà ça. « D’accord », répondit simplement l’orine. L’inconnue ne semblait pas aimer beaucoup parler, et elle était déjà fatiguée de forcer la conversation : elle avait abandonné. Ces dernières marchèrent un bon bout de temps, puis elles rejoignirent le dragon. Sa conductrice lui somma de monter sur ce dernier. Ovilyn hésita un peu, mais moins que ce qu’elle avait imaginé. Ces dernières montèrent et le dragon partit. Ovilyn se concentra un maximum pour guider son alliée vers le manoir du sorcier. Le voyage fut long et l’orine était au bout de ses forces quand elles arrivèrent dans ce qui semblait être la forêt qui entourait le manoir. Ces dernières la survolèrent une bonne heure, puis l’orine aperçut une ruine. Etait-ce le manoir ? Elle croyait reconnaitre la cour. Dans le doute, les femmes s’y arrêtèrent.

La cour était bien celle qui était conforme à ses souvenirs : les arbustes étaient encore debout, tous alignés comme des bons soldats. Le chemin de gravier révélait des dizaines de traces de pas ici et là, comme si un tas de gens avait couru sur le chemin. Peut-être le personnel, quand les séismes avaient secoué le terrain. La seule différence qu’elle notait, c’était l’état pitoyable des arbustes qui n’avaient pas été taillés ou arrosés depuis longtemps. Certains étaient en plein dépérissement et leur forme n’avait plus rien d’élégant. Ce jardin était tout ce qui restait inchangé dans le lieu, seule parcelle de terrain qui rassurait l’ancienne occupante. Mais quand Ovilyn releva la tête vers l’ancienne bâtisse, plus aucun mur n’était debout. On pouvait voir l’effet dévastateur de la colère de la nature, présente d’une telle force qu’elle aurait inspiré les alfars les plus sombres. L’orine resta bouche bée un moment en voyant l’étendue de la destruction, mais son esprit revint vite à la raison. Où étaient les orines ? Le mécréant avait-il dit la vérité ? Etaient-elles sous les décombres, mortes, ou s’étaient-elles échappé ? La réponse se trouvait certainement à quelques mètres d’elle, dans cet hectare de ruines et de décombres. Elle devrait chercher. Elle aurait besoin d’aide. Alors Ovilyn se retourna vers la femme qui l’avait loyalement emmenée jusqu’ici.


« Souhaitez-vous partir ? Je dois vérifier si les dires de… si c’est vrai. Si elles sont là, si elles le sont été, en tous cas. Mais ça me semble bien trop vaste pour que je trouve quelque chose avant de me mettre en danger. » Car Ovilyn n’était pas un chameau. Elles étaient en plein milieu de la forêt dans le manoir d’une créature maléfique. Autant dire que ce n’était pas un endroit sécuritaire pour l’orine, et même si elle était assurée d’être tranquille, elle se voyait mal chasser ou chercher des champignons pour faire office de maigres repas. L’orine n’était pas une survivante, contrairement à la personne qui lui faisait face. « Je vous revoudrai ça, vraiment. » Comment pouvait-elle la convaincre ? Qu’avait-elle à lui offrir, finalement ? Si elle laissait le champ libre à cette dernière, peut-être trouverait-elle son intérêt toute seule. Si elle l’avait aidée jusque-là, elle allait bien accepter un prolongement du service qu’elle lui donnait… ?
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Jeu 08 Oct 2015, 14:34



Sur le dos d’Invinct, nous avions volé de ruine en ruine pour finalement arriver à celle que cherchait l’orine. Pour moi, elles étaient toutes pareilles, mais je n’en connaissais aucune. Il était donc logique que je remarque moins ce que ces ruines pouvaient avoir de différent des autres. Le voyage avait été long apparemment, car mes trois compagnons semblaient très fatigués. Monsieur Vautour s’était endormi à cheval sur les écailles d’Invinct et même le dragon, même s’il faisait mine d’aller parfaitement bien, trahissait des signes d’épuisement. Je les laissai dans leur coin quand j’établis qu’il n’y avait pas de présence humaine pouvant nous gêner dans les alentours. Nous étions en sécurité… plus ou moins, car bien que je n’avais pas détecté d’humains, cette forêt grouillait d’animaux sauvages. S’ils avaient faim, cette petite orine serait digne d’un repas idéal, et ce ne serait pas moi qui les empêcherais de survivre. Alors qu’elle était une proie potentielle, l’orine semblait ne pas s’en inquiéter, néanmoins : après avoir retrouvé quelques forces, elle se précipita vers le manoir, traversant sans peur l’allée extérieure. Il pouvait y avoir des pièges, des bêtes cachées et plein d’autres choses encore, mais elle n’y pensait pas. Elle était idiote, en fait.

Je la suivis machinalement sur le chemin, quelques mètres derrière elle. Quand elle ralentissait en admirant les arbustes, je m’adaptais à son rythme pour garder la même distance. Je la suivis ainsi jusqu’à ce qui avait été l’entrée de la bâtisse, aujourd’hui la simple limite entre le chemin de pierres et la montagne de débris. Là, elle s’arrêta et commença à réfléchir. Enfin. N’ayant aucun moyen de prévoir ce qu’il se passait chez elle, j’attendis sans rien faire, me demandant si elle allait me renvoyer ou me demander de continuer à l’aider. Finalement, ce fut la seconde option qu’elle choisit. Ces humains étaient avides de services, avides de profiter de l’altruisme des autres. L’orine la retiendrait aussi longtemps que possible, évidemment. Mais elle ne manqua pas de me faire une  promesse de retour. Je n’avais besoin d’aucune aide, cela m’était bien égal. Mais ça me paraissait logique. Symétrique. Il faudrait bien que je lui trouve quelque chose à faire après cette exploration probablement infructueuse, pour respecter l’équilibre. Une des seules notions que je pouvais encore concevoir correctement.


« Effectivement. » Je la fis attendre un peu avant de continuer ma phrase, juste pour voir comment ses émotions se développaient : elle avait de plus en plus peur. Notant cela mentalement, je continuai ensuite : « Vous aurez quelque chose à faire pour moi. Nous serons quittes. Alors mettons-nous au travail. Vous, occupez-vous du petit tas de débris, là-bas. Je me charge du reste. »

Elle était faible, paniquée et fragile : je lui avais donné une miette du travail, une miette qui semblait de taille ridicule mais qui l’occuperait, à mon avis, aussi longtemps que celui qu’il me faudrait pour retourner le reste de la bâtisse. L’orine sembla vouloir protester, mais j’avais trop d’autorité pour que son envie aboutisse. Elle se dirigea silencieusement vers sa miette de corvée et de mon côté, je me mis au travail. Ça allait être facile. L’orine cherchait des cadavres de ses semblables : autant dire que ce serait facile à trouver, mais certainement moins à reconnaître. Sous ces débris, leurs corps avaient dû prendre des coups, voire se retrouver en petits morceaux. Sans oublier que la destruction avait eu lieu au moins une semaine auparavant, à en juger de l’état de la ruine. Si l’orine espérait toujours retrouver ces personnes vivantes, alors son niveau d’intelligence était définitivement très bas, ou son désespoir au plus haut point.

J’utilisai ma vitesse accrue tout en soulevant les débris en suivant un sens logique. Pour en prendre plus, quand ils étaient plus encombrants que lourds, j’augmentais l’élasticité de mes bras pour les entourer sur plusieurs mètres, avant de les balancer derrière moi. Je déplaçai comme ça tous les débris derrière moi, ne trouvant jamais rien d’intéressant. Il y avait des bouts de sol, de fenêtres et de murs, des débris de meubles, un matelas mis en pièces, une photo de famille… mais toujours pas de cadavres. Je mis certainement quelques heures à tout retourner, car quand je finis, l’aube se levait et l’orine avait arrêté de travailler ; elle s’était endormie sous des bouts de draps retrouvés ici et là. Mais soudain, alors que j’arrivais vers la fin de mon terrain à couvrir, je découvris ce que cherchait peut-être l’orine.

Une trappe.


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Ven 16 Oct 2015, 13:11

Il n'y avait plus de doutes possibles : la femme qui effrayait Ovilyn autant qu'elle l'aidait était très puissante. Elle retournait les débris du manoir avec une force et une rapidité qu'elle n'avait encore jamais vu et espérer atteindre. À côté, son père passait pour une brindille fragile. Voyant l'efficacité de cette dernière, elle abandonna sa propre tâche : la colosse semblait infatigable alors que l'orine tombait d'épuisement autant mental que physique. Ovilyn alla s'asseoir pour observer le travail de l'inconnue et bercée par le bruissement d'arbres, elle s'endormit.

Quand elle se réveilla, le soleil était haut dans le ciel : elle avait dormi pendant toute la fin de la nuit et la matinée. Paniquée par cet écart, elle se leva soudainement et d'abord, elle vérifia que ses compagnons de route étaient toujours là. Heureusement, c'était le cas : il y avait juste le dragon qui avait disparu... sûrement pour chasser. De l'autre côté, l'horrible animal osseux dormait sur l'épaule de la femme qui, finalement, était tout aussi amochée que lui. Elle semblait assoupie, elle aussi : mais quand Ovilyn s'approcha d'eux, se demandant comment la réveiller sans la brusquer, elle ouvrit soudain les yeux et la fixa. Elle ne montrait aucune trace de fatigue, et cela ne fit que renforcer les frissons dans son dos. Imperturbable.
« Qu'as-tu trouvé...? » Cette dernière commença à lui expliquer qu'elle n'avait rien trouvé d'intéressant. Ses espoirs s'éteignaient à petit feu... jusqu'à ce qu'elle mentionne une trappe qui, selon elle, n'avait été qu'un détail, mais qu'elle avait pensé ouvrir quand l'orine se réveillerait.

« Mais il fallait me réveiller ! Par Vénus, et si elles étaient en-dessous ?! » Mais qu'avait-elle en tête ? Un pois-chiche ? Son cœur était-il cassé ? Si ça se trouve, c'était une génie ?! Ovilyn n'y connaissait rien, mais elle avait entendu dire qu'ils n'étaient que cynisme et entourloupes. Si l'orine lui avait pardonné beaucoup de choses, déjà trop depuis qu'elle partageait son chemin, c'en était trop, désormais. La jeune femme venait de perdre le contrôle. Les larmes lui vinrent aux yeux mais ne coulèrent pas : c'était la colère qui la tiraillait, cette fois. L'orine était rarement en colère et n'avait jamais eu besoin de l'apprivoiser, si bien que quand elle fit irruption, elle lui laissa tout le contrôle. Ovilyn se vit courir vers la folle et lui asséner un coup de poing de toutes ses forces. La douleur effroyable qui s'ensuivit la calma considérablement.  « Oh... je... » et soudain, Ovilyn se sentait misérable. La violence était quelque chose qui ne lui ressemblait pas, qui était même aux antipodes de son mode de vie. Cette fois, quelques larmes de culpabilité s'échappèrent de ses prunelles et elle se confondit en excuses, jusqu'à ce que le sujet initial lui revienne à l'esprit.

« La trappe ! Vite ! Allons l'ouvrir, je vous suis ! » L'inconnue la mena à la source de toutes ses questions. Quand elles arrivèrent juste au-dessus de la petite trappe en bois, l'orine eut des frissons désagréables qui la parcoururent de la tête aux pieds. Soudainement, la peur lui faisait croire qu'elle n'avait plus envie de dévoiler le mystère, tout simplement car sa connaissance pourrait la détruire. Si elle découvrait la mort, elle ne pourrait plus faire marche arrière et ce contre sa santé mentale déjà fragile. « Madame, s'il vous plaît... faites-le. S'il vous plaît. » Ovilyn n'avait pas la force d'ouvrir elle-même la trappe. L'inconnue le comprit bien car elle exécuta sa demande sans broncher. Au vu de son expression neutre quand elle souleva la poignée rouillée, il était maintenant certain qu'elle avait quitté le monde des émotions. À côté, Ovilyn était un tourbillon émotionnel.

La poignée grinça quand elle coulissa sur le métal accroché au bois. L'objet se souleva et ne dévoila qu'une pièce sombre. On n'y voyait rien... jusqu'à ce que quelque chose surgisse du lieu découvert. Dès que la trappe retomba lourdement sur les débris, une espèce de fumée violette en sortit aussitôt. L'alliée d'Ovilyn, qui s'était penchée sur l'ouverture, fut touchée la première par la fumée et fut embrasée par cette dernière. Cette fumée était l’œuvre d'un sort ou d'une potion de magie noire : cette dernière tenta aussitôt de l'éteindre, mais dès que quelque chose touchait la fumée, elle ne cessait de s'étendre... jusqu'à ce qu'elle utilisa ses pouvoirs pour stopper sa progression : elle avait le pouvoir de contrôler la glace et s'en servit brillamment, car au bout de quelques secondes à peine, toutes les flammes avaient disparu. Ovilyn, quant à elle, avait fui très loin pour éviter d'être touchée par la fumée. Au loin, quelques branches d'arbre s'embrasèrent, le vent ayant emporté le maléfice. Et ce fut tout.
« Je pense que nous pouvons y entrer désormais, mais prenons garde aux pièges éventuels. Au fait... je suis Ovilyn. Merci. » Le mystère n'était toujours pas dévoilé, mais elle venait de se rendre compte à quel point elles étaient proches du but et surtout l'étendue de l'aide que lui avait apportée l'étrange femme. Elle avait pris son coup de poing et ses sautes émotionnelles sans broncher, et il fallait un sang-froid sans pareille pour ça. Finalement, cette rencontre lui avait profité... jusqu'ici en tous cas.
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Jeu 22 Oct 2015, 15:50



La petite dame n'était décidément jamais calme. Après avoir pleuré pendant tout le voyage sans que je sache pourquoi, elle s'était endormie comme une masse au lieu d'exécuter la tâche que je lui avais assignée puis m'avait frappée quand elle s'était réveillée. Je me demandais encore si j'arriverais un jour à prévoir ces réactions si extrêmes auxquelles j'étais confrontée... certaines ombres que je connaissaient s'étaient bravement imposées dans la société qu'elles avaient choisies, s'infiltrant comme orines ou elementals. L'illusion était parfaite, elles avaient un sens presque infaillible des relations sociales. À côté de mes consœurs, j'étais bien loin du but. Solitaire éternelle, rares étaient les personnes vivantes que je côtoyais. Etant donné que je ne savais pas tenir une conversation, j'imaginais encore moins être capable de me fondre dans une société de telles personnes. En tous cas, cela n'avait pas bien marché pour l'orine puisqu'elle avait fini par me frapper et c'était, normalement, un signe très peu encourageant.

Quoiqu'il en soit, elle était restée avec moi pour que je l'aide à lever le voile sur le mystère qui la rongeait tant. Ces vivants pouvaient être d'un entêtement qui dépassait l'entendement. Anshû me disait que quand ils rencontraient des esprits tout frais, ils devaient toujours faire face à cela. Même après être morts, ces derniers refusaient l'idée que cela s'était réalisé et se prenaient pour des vivants alors que ce monde leur était devenu étranger. Eh bien c'était la même chose pour l'orine. Elle avait beau pleurer et avoir peur, elle avait continué le chemin jusqu'à ce manoir, jusqu'à la découverte de cette trappe. Et maintenant qu'elle me demandait de faire le boulot à sa place, elle restait tout de même près de moi pour être spectatrice de mon action. Elle m'avait aussi dévoilé son nom, Ovilyn, qui n'avait aucun intérêt pour moi hormis le fait de savoir qu'elle m'avait octroyé une partie de sa confiance. C'était un principe qu'Anshû m'avait appris : plus une personne se dévoilait, plus sa confiance était offerte à l'autre. Et la confiance, c'était la plus puissante des armes pour mener les personnes à faire ce que je voulais. ça, c'était la théorie d'Anshû ; moi, je ne l'avais jamais mise en pratique. Peut-être devrais-je commencer avec Ovilyn.

« J'suis Maelström. »  

Et, sans pression, j'ouvris la trappe. Une fumée s'y échappa dès que je lâchai la poignée. N'ayant aucune idée de sa nature, je m'étais approchée d'elle et je l'avais humée. Oh, terrible erreur. Dès que la fumée entra dans mes narines, elle avait tout brûlée sur son passage jusqu'à mes intestins arrêtés. Je brûlais de l'intérieur... et du visage. À cause de mon empathie, je ressentis un faible écho de douleur : Ovilyn souffrait en me voyant enflammée, comme si elle s'infligeait l'imagination de la douleur. Cela était fort désagréable. Je m'en débarrassai bien vite en utilisant le contrôle de la glace. Je me recouvris d'une fine couche de la matière translucide et les flammes moururent aussitôt. L'orine, qui avait fui aussi loin qu'elle le pouvait, revint vers moi à reculons. Elle regardait mon visage avec effroi. Certes, il était peut-être un peu écorché, mais ma plastique n'avait jamais été exceptionnellement propre, ce n'était pas quelque chose de nouveau. J'étais comme l'écorce d'un arbre, sèche et irrégulière.

Ovilyn retourna près de la pièce mystérieuse en rappelant que d'autres protections avaient pu être installées. Je lui sommai de passer après moi. J'étais plus résistante qu'elle, petite brindille tremblante. Je descendis des marches sans voir vraiment où j'allais : la lumière du soleil ne semblait pas atteindre la pièce, et je n'avais rien sur moi pour l'illuminer. En tous cas, rien de dangereux ne surgit une fois de plus alors que nous nous enfoncions dans la pièce. Dès que j'atteignis la dernière marche, des bougeoirs s'illuminèrent tous en même temps, comme s'ils avaient été commandés par une force invisible.

Et la pièce fut révélée. Ce n'était ni un mouroir, ni une prison : il n'y avait pas d'orines, qu'elles soient vivantes ou mort, mais que des objets. Néanmoins, il ne s'agissait pas de n'importe quels objets : au premier regard, il était facile de remarquer leur grande valeur. Ils étaient de toute nature mais tous confectionnés avec la plus grande finesse qui soit. Ces objets étaient des œuvres d'art. Leur provenance me parut évidente.

« Ovilyn, votre sorcier était un grand pillard. »  

Alors que Taelora était apparue et que les continents avaient tremblé, la plupart des gens avaient cherché en priorité à rester vivants. Cela avait été la période la plus fructueuse que j'avais connue pour grossir nos rangs d'ombres : un simple coup de pouce, et ces gens qui avaient tout perdu se pendaient dans leur chambre, sautaient dans les océans infestés des créatures aux yeux jaunes. Mais certains n'avaient pas eu les mêmes priorités : les plus grands opportunistes avaient pillé tout ce qui avait été abandonné. Les musées n'avaient pas été épargnés, visiblement. Dans cette grande pièce, chaque mètre carré était orné de fines œuvres. Elles étaient empilées comme de vulgaires pièces de monnaie. Le sorcier avait voulu s'enrichir, et au moment de pousser son dernier souffle, il avait voulu se repentir en utilisant Ovilyn. Désormais, c'était à elle de décider de la suite des choses.

« Que vas-tu en faire ? »  demandai-je.

Selon sa réponse, notre chemin se poursuivrait ensemble ou se scinderait aussitôt. Pour la première fois depuis notre rencontre, les cartes étaient laissées entre ses mains. Restait à savoir si les émotions prendraient une fois de plus le pas sur la raison.


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Jeu 22 Oct 2015, 16:42

Des objets. Toutes sortes d'objets. C'était là qu'avait voulu mener son sorcier bien-aimé avant de mourir. Pourquoi ? D'abord, pourquoi lui avait-il mentie, quel avait été le but ? Ovilyn ne comprenait plus rien. Peut-être avait-ce été une ultime tentative de la tuer, il aurait pensé que la fumée l'aurait tuée... peut-être même que ce maléfice avait eu un objectif bien plus complexe que de tuer la victime... son regard glissa vers Maelstrom. Elle détaillait la pièce avec un pragmatisme troublant et se tourna soudain vers elle. Ce genre d'attentions était rares. Que lui voulait-elle ? Partir ? Contre toute attente, cette dernière lui posa une question simple. Elle lui demanda ce que l'orine allait faire, désormais. À vrai dire, elle n'en avait aucune idée : elle était encore trop remuée par cette découverte pour réfléchir efficacement. « Je... je ne sais pas. » Les mots lui manquaient. Ovilyn s'affala sur un trône et regarda tous ces objets à la valeur inestimable, bouche bée. Quelle était leur valeur, tous réunis ? C'était donc pour ça qu'il était allé à Sceptelinôst, à l'origine ? Pour piller les derniers bateaux à quai des pirates ? Appart cela, Ovilyn n'y voyait aucune autre justification possible. En tous cas, il lui avait caché bien des choses, et ce jusqu'à la fin. Mensonges, manipulations, voilà tout ce qu'il lui avait offert, alors qu'elle avait espéré vivre une aventure toute autre. Elle avait même songé à l'amour, cette notion qui lui échappait tant alors qu'elle souhaitait la comprendre, la maîtriser. La connaître. Ces derniers aveux avaient été une ultime trahison... ou alors une tentative de rédemption. Qu'aurait-il voulu qu'elle fasse ? Qu'elle les garde pour elle, comme un héritage ? ...

« Il faut les rendre à leur propriétaire. Je n'ai aucun droit sur cette incommensurable fortune. » La question qui subsistait était : à qui ? Qui pouvait être digne de confiance ? Ses pensées glissèrent vers Etincelle et Flamiche, mais elle les rejeta aussitôt. Puis elle pensa à sa famille. Et si elle apprenait à ses parents qu'elle avait découvert ce trésor ? Est-ce qu'elle retrouverait son honneur à leurs yeux ? Est-ce qu'ils lui donneraient le droit de revenir ? Non, elle n'était pas prête pour ça.  « Hebeny. » La solution venait de lui apparaître. Claire et évidente. Hebeny était un lieu dont elle avait peu connaissance, mais elle avait confiance en son peuple et cela lui semblait être le lieu parfait pour toutes ces merveilles. Ils ne pouvaient être nulle part ailleurs.  « Nous devons les emmener à Hebeny. Non... nous devons les avertir et protéger cet endroit.»

Il était impensable de transporter les choses d'une telle valeur : les deux femmes n'auraient pas fait des lieues que l'odeur de l'or les auraient perdues. Si elle arrivait à porter à la connaissance de la Cité sa découverte, les orines pourraient trouver la solution et, elle en était certaine, la meilleure qui soit.  « J'ai une connaissance qui pourra m'aider. » Sa cousine, Emilyn. Elle était la seule qui avait gardé contact avec sa famille. Emilyn avait toujours eu un grand cœur et Ovilyn lui devait tout. Elle savait que tôt ou tard, Emilyn se rendrait à Hebeny et de plus, elle avait toutes les connaissances qu'il fallait pour avertir les bonnes personnes. Elle était sa solution.  « Il faudrait que vous retourniez en ville, Maelstrom. J'aurai juste besoin de quoi écrire et, évidemment, de quoi manger et boire pendant les prochains jours. Je garderai le lieu jusqu'à ce que les bonnes personnes viennent... sachez qu'il ne sera pas dans votre intérêt de me trahir. Emilyn sait déjà que je vais lui envoyer une missive, et si je venais à mourir ici, elle ne cesserait jamais de vous poursuivre. » Elle n'en pensait pas un mot. À vrai dire, elle ne savait même pas d'où lui était venue cette idée.

Finalement, cette découverte n'était que le début d'une aventure où Ovilyn, cette fois, aurait un réel rôle à jouer... et une excuse digne de ce nom pour contacter Emilyn, et même pour se rendre à Hebeny, si la chance était de son côté. Le tout serait de faire confiance à Maelstrom... les doutes n'étaient de toute façon plus permis : cette femme l'avait aidée jusqu'à maintenant, et elle n'avait pas l'air du genre à courir après l'or, au contraire : elle vivait de très peu. Si cela l'avait effrayée au début, c'était le plus grand soulagement pour Ovilyn désormais.
 « Je vais t'attendre ici, bon voyage. Nous discuterons du prix plus tard. » Ce dernier point était l'ombre au tableau. Si Maelstrom n'était nullement intéressée ni par l'argent ni par la gloire, que pouvait-elle vouloir d'Ovilyn ? Pourrait-elle au moins lui donner ? Pour l'heure, l'important était de se débarrasser du butin du sorcier.
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