Invité
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 | | Ven 07 Aoû 2015, 14:25 | |
| La lune offrait ses rayons d'argent à une nuit de velours ténébreuse. Les yeux levés vers les étoiles, Callidora se demandait ce qu'elle faisait là. Elle ne se rappelait absolument pas de la manière dont elle était arrivée ici. Un escalier immense se dressait devant elle, scindé en deux branches. Les marches brillaient d'un éclat sombre. Sa taille démesurée cachait l'endroit où il menait. Elle ne voyait qu'une sorte de palais gigantesque bâtie en pierre d'un noir d'encre qui semblait refléter la noirceur de la nuit. La lumière qui perçait les fenêtres donnait au bâtiment l'allure d'un fantôme prêt à engloutir ceux qui avaient le malheur de trop s'approcher. Un frisson lui parcourut l'échine.
Elle jeta un regard en arrière et poussa un soupir de soulagement en constatant que Syveth se trouvait à ses côtés. Une fois que ses yeux s'accoutumèrent à l'obscurité, elle commença à distinguer les alentours de château et elle eut la chair de poule. Des arbres noueux et presque morts s'étendaient un peu partout, comme une immonde bête qui refermerait ses mâchoires sur l'impudent manoir qui osait leur tenir tête. Effrayée par ce paysage sinistre, Callidora avisa une petite rivière qui coulait en contrebas. Elle refusa cependant d'y aller : dans un lieu aussi inhospitalier, elle n'aurait pas été étonnée que l'eau soit empoisonnée ou imbuvable. Comment des gens pouvaient-ils vivre dans un tel lieu ? À travers les persiennes, elle apercevait des ombres se mouvoir dans la lumière en un bal silencieux. Elle restait quelques instants à les observer, fascinée par leur étrange ballet et songea que ce décor ferait un magnifique tableau.
Sans émettre le moindre bruit malgré les branches cassées qui jonchaient le sol, Syveth venait de se poster à droite de sa compagne et posa une main sur son épaule pour la rassurer. "Ne t'en fais pas, je suis là." Elle se retourna et le dévisagea un instant. Elle ressentit une pointe de fierté et d'admiration en voyant son allure guerrière : il avait dégainé son sabre et restait sur le qui-vive, prêt à parer n'importe quelle attaque, quitte à y laisser la vie. La lueur farouche qui brûlait dans son regard aurait effrayé la jeune Rehla si elle n'était pas habituée à le voir ainsi. Affublé de ses habits gris, des yeux qui ne le cherchaient pas n'auraient pu le distinguer des ténèbres qui occupaient l'endroit. Seul son mystérieux collier d'un rouge sanglant trahissait sa position, brillant telle une flamme dans les ténèbres.
Elle ignorait même sur quel continent elle se trouvait, mais le froid mordait plus qu'ailleurs. Elle le sentait s'infiltrer sous ses vêtements pour lui caresser délicatement la peau avant de la glacer jusqu'aux os. Elle n'appréciait pas énormément ce genre de contact et adressa un léger sourire à Syveth. "Je crois que nous devrions emprunter cet escalier. Nous sommes invités, mais restons quand même sur nos gardes." Pour qu'elle fasse preuve de prudence, il fallait vraiment que la situation l'effraie et qu'elle se sente en danger. Elle venait de se souvenir du carton d'invitation qu'elle avait découvert devant la porte en se réveillant. Intriguée, elle l'avait ouvert alors que son compagnon la rejoignait. Cette invitation avait forcément un lien avec ce qu'ils vivaient en ce moment, même si elle voyait mal lequel. Après tout, peut-être contenait-il un sort caché qui envoyait directement les gens à l'endroit où ils étaient conviés. Elle se fit la remarque qu'en plus d'être déplacée, cette manière d'agir était terriblement louche. Quelque chose se tramait et elle ne savait pas quoi.
Ils commencèrent donc à monter les marches en faisant le moins de bruit possible. Malgré leur tentative de discrétion, le silence qui régnait dans l'air fut troublé de l'écho de leurs pas sur les dalles de marbre. Callidora détestait ne pas connaître son environnement. Elle se sentait affreusement vulnérable dans la situation actuelle. Au vu des informations qu'elle possédait, elle n'avait d'autre choix que de se précipiter là où on voulait visiblement l'amener, quitte à tomber dans un piège. Pour se rassurer, elle raffermit sa prise sur la dague qu'elle portait et s'imagina être une grande guerrière. Elle n'avait cependant aucune idée de ce qui les attendait et n'en menait pas large, aussi effrayée qu'une enfant. Alors qu'ils marchaient depuis quelques minutes, une somptueuse porte apparut devant eux.
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