Cela avait recommencé… A croire que les ennuis sur les Terres du Yin et du Yang étaient cycliques ! Après les revenants, après la disparition de la magie, voici venu le temps des tremblements de terres. Décidément, il n’y avait jamais moyen de vivre tranquillement sur ses Terres dévastées régulièrement. C’était à se demander si les Dieux ne s’ennuyaient pas fermement au point de se lancer des défis pour savoir qui trouverait le meilleur moyen de foutre le bordel sur les terres yinoises. Une chose était certaine, celui qui avait provoqué les secousses sismiques étaient plutôt bien parti pour être le vainqueur ! Si elle le pouvait, l’Ombre le ficherait bien un coup de pieds dans un endroit intime de leur anatomie pour réclamer un répit plus long, voire définitif. Il n’était pas interdit de rêver, même si pour une Ombre, cela n’était pas aussi simple…

Aaliah avait entreprit le long chemin vers le Port, grommelant entre ses dents son mécontentement. Un nouveau continent serait apparu au large… Ce qui n’était pas pour plaire à l’Ombre qui avait un mauvais souvenir d’un autre continent, plutôt glacial et mystérieux, avec d’étranges créatures. Cela n’aurait tenu qu’à elle, elle serait restée loin de tout, distante et glaciale aux cris désespérés des autres. Cependant, le destin trouvait toujours une raison pour la pousser à intervenir. En l’occurrence, empêcher deux races de s’approprier une terre inconnue qui ne leur appartenait nullement de droit. Ils étaient montés à bord de grands navires pour naviguer sur des flots chaotiques, se disputant la priorité. C’était navrant, de véritables enfants.

La Gardienne avait eu vent de leur compétition et de la révolte des autres races devant cette initiative de conquête. Enfin, eu vent… Une vieille dame lui avait hurlé dans les tympans son mécontentement devant cet acte. Celle-ci était sourde et devait probablement penser que c’était le cas pour tout le monde. Encore que l’Ombre n’était pas vraiment certaine de sa surdité… Si l’ancêtre semblait n’avait pas compris ses plaintes et son envie de tranquillité, elle avait très bien entendu : «  Bien, je vais voir ce que je peux faire pour les en empêcher » annoncer pour avoir enfin la paix. Pour la défense de la dame, Aaliah avait quelque peu hurlé cette phrase, ce qui pouvait aussi expliquer sa rapide compréhension… Lui accordant le bénéfice du doute, elle était partie en laissant sa fille Lisseth derrière elle, ne préférant pas l’exposer au danger. Un tavernier aimable avait accepté de faire de sa demeure, un lieu d’accueil pour ceux qui ne savaient plus où aller et qui avait parfois perdu bien plus qu’une maison. Lisseth y serait en sécurité le temps pour l’Ombre de remettre les choses dans l’ordre.

L’avantage d’être fait de brume, c’était que l’on pouvait se faufiler à peu près n’importe où en toute discrétion. Elle était montée à bord d’un des navires des démons qui s’apprêtait à aider leur compagnon déjà partie en mer et en difficulté contre la flotte sorcière. Personne ne l’avait remarqué au fond de la cambuse et elle attendit patiemment que le vaisseau s’avançât sur les eaux agitées pour rendre l’expédition des démons plus difficile encore. Assise inconfortablement, elle se sentait quelques peu secoué et balloté, comme les tonneaux mal attachés qui roulaient, allant et revenant, entre les parois du navire. Un bruit assourdissant raisonnait à l’intérieur, masquant la colère de l’océan. Et l’Ombre ne savait pas ce qui était le mieux : entendre l’eau claquer sur la coque du bateau comme une épée qui cherchait à le fendre en deux, ou le roulis incessant des tonneaux aux contenus indéterminés. Bien qu’au bruit métallique que faisait l’un deux à chaque passage, l’Ombre en déduisît qu’il devait contenir des armes. Les autres renfermaient probablement de la nourriture, mais elle n’avait ni le temps, ni l’envie de les ouvrir pour examiner leur contenu.

Lorsqu’elle considéra qu’il s’était suffisamment écoulé de temps depuis le départ du port, l’Ombre bougea de sa cachette, évitant les tonneaux qui continuaient leur inlassable danse à travers la cale. Elle monta silencieusement les escaliers et entrouvrir légèrement la porte pour observer les extérieurs. Les démons s’activaient sur le pont, hurlant des ordres et des insultes à tout va pour rattraper les sorciers. Un sortilège lancer par ces derniers, la motiva à refermer la porte pour se protéger de celui-ci. En reculant d’un pas, elle sentit une tête se cogner contre ses jambes. Elle reconnut aussitôt la tête de Loth, censé être resté lui aussi à la taverne. Il avait l’art de la suivre partout, mais il n’avait probablement pas fait tout ce chemin seul, sinon elle l’aurait remarqué. Quelqu’un avait dû l’aider à se faire discret pour la suivre. Et ce quelqu’un n’était pas loin puisqu’elle distinguait une chevelure nettement identifiable.

« Mais qu’est-ce que tu fiches ici, toi ? » l’interrogea-t-elle aussitôt, surprise toutefois de n’avoir pu la repérer. Comment diable était-elle montée à bord ?

820 mots
1/4

Contrairement à sa mère, Lisseth parvenait à dormir paisiblement tout en faisant d’agréables rêves. Aussi, être réveillé subitement par un sol en colère n’était pas ce qu’elle affectionnait le plus… La fillette avait même eu très peur, pensant un instant voir le plafond s’écrouler sur sa tête. Heureusement, les murs du bâtiment avait tenu le coup durant toute la secousse. Une fois remise de ses émotions et de cette surprise peu agréable, elle sauta hors de son lit. Lisseth se faufila dans les couloirs, cherchant après sa mère qui ne devait certainement pas être loin, peut-être même sur le chemin inverse pour la retrouver. Elle la connaissait que trop bien et savait qu’elle ne la laisserait pas seule sur une terre à nouveau chaotique. Et puis, contrairement à elle, sa nature lui permettait de survivre aux éventuelles chutes de briques. Lisseth ne s’inquiétait donc pas à ce niveau-là, mais plutôt pour son humeur… L’Ombre avait tendance à s’emporter, surtout quand les événements étaient plus cléments. Aussi, elle ne fut pas surprise de voir sa mère débouler, le visage grimaçant. Aaliah ne lui accorda pas un sourire, probablement à cause de l’énervement provoqué par cette énième secousse, mais la fillette en avait l’habitude. Sa mère n’était pas une habituée des sourires et chaleureuse étreintes. Cela ne la dérangeait pas vraiment, celles qu’elle recevait était un bien précieux qu’elle savait conserver jusqu’à la prochaine.

Lisseth suivit, écoutant d’une oreille discrète ce qui se disait autour d’elle et tenter de prévoir les prochains événements. La fillette était certaine que sa mère partirait bientôt en vadrouille sur les Terres du Yin et du Yang, c’était inévitable. Cela finissait toujours ainsi, d’une manière ou d’une autre, même si elle assurait qu’elle ne cherchait que la tranquillité. C’était d’ailleurs là que la jeune femme tentait de l’amener : dans un coin tranquille… mais il n’en existait pas vraiment dans tout ce chaos. Et cette vieille dame qui ne cessait de hurler son mécontentement ! Elle parlait d’une nouvelle terre et de conquête indigne qu’il fallait contrer. La veille dame aborda tout ce qui s’approchait d’elle, mais s’accrocha à sa mère qui finit par céder. Cela n’étonna pas l’élémental qui connaissait le caractère de sa mère. Elle finissait toujours par faire ce qu’on lui demandait, ne serait-ce pour avoir la paix. C’était cela ou la frapper dans sa fierté. Cela marchait bien aussi pour la convaincre. Lisseth aurait aimé être du voyage. Le bateau, elle aimait bien et était curieuse de voir cette nouvelle terre de ses propres yeux. Sa mère s’opposa immédiatement, la refilant à un aimable tavernier pour s’occuper d’elle.

« Je peux me défendre, j’ai déjà affronté des batailles, se défendit en lui rappelant ses précédents escapade sur des terres tout aussi chaotiques
— Tu m’as désobéi ce jour-là, j’dois te le rappeler aussi ?
— Mais je suis revenue en bonne santé, je peux recommencer
— Il n’en est pas question ! Tu as eu de la chance cette fois-là, ne joue pas avec le destin. Il n’est pas dit qu’il t’en accordera autant cette fois-ci ! Obéis-moi et reste ici. Je reviendrai très vite. »

L’élémental ne répondit pas. Elle n’avait de tout façon pas le talent de la vieille dame pour parvenir à convaincre sa mère de changer d’avis, mais elle saurait forcer le destin. Il était plutôt concilient avec elle et la jeune fille trouverait le moyen de faire le voyage elle aussi. Il lui suffisait juste de savoir comment ! Heureusement, les va et vient dans la taverne la rendirent discrètes aux yeux de ceux qui étaient supposés veiller sur elle. Elle ne due même pas se mettre sur la pointe des pieds pour quitter l’endroit, même le grincement de la porte user ne passa pas à travers les cris effrayés des autres enfants. Elle fut suivit dans son mouvement par Loth qui avait l’avantage de pouvoir changer de taille et de se faire lui aussi discret. Lisseth ne parvint pas à suivre sa mère qui pouvait disparaître dans la brume, mais savait où aller pour rejoindre le port ; sa destination. Elle courut d’abord, puis se décida de chevaucher Loth pour ne pas rater le départ des bateaux. L’élémental le fit atterri un peu plus loin, afin d’éviter d’attirer l’attention, mais les démons avaient autre chose à faire que de regarder le ciel : ils guettaient l’horizon. Elle aperçut de justesse sa mère monter discrètement à bord du vaisseau et se cacha pour réfléchir. Comment monter à son tour avec autant de facilité ? Ses cheveux blonds n’aidaient pas.

« Il faut que je me cache, mais où et comment ? s’interrogea-t-elle tout bas, en surveillant les allées et venues des démons qui indiquaient leur envie de prendre le large rapidement.

Il lui faudrait faire vite, sinon le bateau partirait sans elle ! Le destin lui donna la réponse aussitôt, lorsque l’un des démons ordonna à un autre de monter les derniers tonneaux restant à bord. Une dispute suivit rapidement, le second n’étant pas très ravi de servir d’esclave. Lisseth profita de cette hausse de tension entre l’équipage pour s’approcher des tonneaux en question. Certains contenaient des armes, d’autres de la nourriture et de l’eau, pour les aider durant le voyage et la conquête de cette mystérieuse terre. Loth eut vite fait de percer des trous avec ses dents acérés afin d’évacuer l’eau pour pouvoir y grimper dedans. Lisseth s’y engouffra avec un dragon en taille modèle réduit en priant tous les Aetheri pour que nul démon ne remarquât la flaque d’eau ou n’ouvrât le tonneau trop tôt. Elle aurait dû les prier aussi pour ne pas se faire voir aussi rapidement par sa mère… mais Loth trop secoué durant le voyage avait voulu prendre l’air.

« Je suis venue te donner un coup de main… » répondit-elle naïvement à sa mère; pas sûr que cette réponse lui plairait.

978 mots
1/4

Aaliah soupira devant la naïve réponse de sa jeune fille. Celle-ci voulait lui donner un coup de main… Elle secoua la tête, une main posée sur le front en se demandant à quel moment elle avait parlé une autre langue que le commun. Ce qui la dérangeait, ce n’était pas tant le fait qu’elle lui ait désobéit, ça, elle commençait à s’y habituer. C’était plutôt le fait qu’elle ne pouvait lui ordonner de rentrer ce mettre à l’abri ! En plein milieu de l’océan, cela s’avérait plutôt compliquer. Il lui faudrait donc faire avec la présence de sa fille et du jeune dragon. L’Ombre les dévisagea, cherchant si elle devait leur crier dessus ou non. Cependant, si elle optait pour le hurlement, il lui faudrait le faire prudemment si elle ne voulait pas que les démons se rendre compte qu’il avait à bord de leur navire trois passagers clandestins… Ce fut en les observant attentivement qu’un détail l’interpella.

« Mais pourquoi diable êtes-vous trempez ? leur fit-elle alors remarquer, en sachant pertinemment qu’ils n’étaient pas montés à bord en nageant. Du moins, osait-elle l’espérer ! Non, ne répondez-pas, je ne veux pas le savoir finalement ! » lança-t-elle lorsque sa fille ouvrir la bouche pour lui en expliquer la raison.

Aaliah avait une vague idée de la raison, car il n’y avait trente-six manières de monter à bord d’un navire sans se faire remarquer et quelque chose lui disait qu’elle n’apprécierait que moyennement la réponse fournie qui confirmerait ses suppositions. Aussi, elle détourna le regard et se concentra une nouvelle fois sur ce qui se passait à l’extérieur, ordonnant d’un signe de main aux deux autres passagers clandestins de garder le silence. Ordre à laquelle sa fille obéit, marchant sur la pointe des pieds pour s’approcher de sa mère et regarder à son tour ce qu’il se passait. Lorsque l’Ombre referma prudemment la porte, l’élemental se permit de murmurer ses questionnements.

« Que font-ils ? demanda-t-elle timidement afin de ne pas énerver sa mère qui avait déjà réussi la prouesse de conserver son calme devant sa désobéissance.
— Ils vont attaquer le navire des sorciers pour freiner leur course et arriver les premiers sur le nouveau continent.
— Et qu’est-ce nous allons faire?
— Nous ? répéta la jeune femme en fronçant les sourcils
— Bah, maintenant que je suis à bord, autant que je te sois utile maman…
— Mouais… lâcha Aaliah qui ne voulait pas donner raison à sa fille qui pourtant n’avait pas tout à fait tort. De l’aide ne serait pas superflu, mais la prudence était de mise. Je veux bien que tu m’aides, mais tu ne seras pas exempte de punition pour autant une fois de retour sur la terre ferme, compris ?
— Oui, maman, à notre retour, je serais puni pour avoir désobéi, fit-elle en baisant la tête
— Et cela vaut pour toi aussi Loth ! Dragon ou pas, tu seras aussi puni. Je ne sais pas encore comment, mais je trouverai ! »

Le petit dragon désigné pencha la tête, curieux de savoir ce que l’Ombre pourrait trouver comme punition à son encontre. Il savait cependant qu’elle ne manquerait pas de ressource et qu’elle trouverait certainement quelque chose qui lui ferait regretter d’être venu à bord de ce navire. Mais pour le moment, il fallait se concentrer sur le sabotage du bateau afin d’empêcher les démons de mettre le pied sur le mystérieux continent. Aaliah accepta de faire deux groupes : elle en solitaire et Lisseth avec le dragon qui se devrait d’être d’une discrétion sans faille. Alors qu’elle allait partir de son côté à contre cœur, elle sentit qu’on lui tirait le bas de sa robe.

« Maman, on sabote comment un bateau ?
— Tu me désobéis, tu montes à bord d’un navire commandé par des démons et tu oses me poser cette question ? Tu aurais peut-être dû de la poser avant, non ?
— Oui, certainement.
— Trouve un moyen de saboter le gouvernail. Si tu réussis, j’allégerai ta punition. Moi, je m’occupe des haubans. »

Sa fille hocha la tête et l’Ombre quitta la cambuse afin de rejoindre le pont, tout en essayant d’être le plus discret possible. Heureusement, le regard des démons était focalisé sur le navire des sorciers, ce qui lui permettait d’avancer progressivement, poignard à la main pour couper les cordages et fragiliser les mâts du navire. Elle jeta un regard en arrière pour observer sa fille qui se cachait à son tour derrière une caisse pour atteindre en tout discrétion le système du gouvernail afin de le saboter. L’Ombre était certaine qu’elle pouvait compter sur elle pour y parvenir et sur Loth pour se charger de sa protection. Aussi, elle se concentra sur son propre sabordage et se hissa dans les cordages. La Gardienne savait très bien qu’elle finirait par se faire voire, surtout lorsque les démons verront les cordages pendre mollement, mais elle espérait que les sorciers les occuperaient assez longuement pour en trancher un nombre assez important pour fragiliser irréversiblement la structure du bateau.

834 mots
2/4

Lisseth avait de la chance, sa mère ne s’était pas totalement mise en colère contre elle. Une chance qu’elle fût monté à bord d’un bateau de démons, dans un tout autre lieu, sûr que sa mère aurait su lui exprimé tout son mécontentement devant sa folie de la suivre. Cependant, la punition finirait par tomber et Lisseth savait que sa mère ne l’oublierait pas. Pour cela, elle avait de la mémoire. En attendant, il lui faudrait se montrer docile afin de se rendre utile et de ne pas rester en retrait dans la cale. Car sa mère serait capable de lui dire de rester caché, ce qu’elle n’avait nullement envie. Le voyage en tonneau lui avait donné des envies de liberté et à Loth aussi, même si lui aussi aurait droit à une punition. Lisseth était curieuse de savoir ce qu’il pourrait bien recevoir comme punition, lui, un dragon… Elle n’osa cependant pas poser la question à sa mère, surtout au vu de la situation. Mieux valait calmer le jeu et se montrer un brin obéissant pour faire oublier la manière dont ils étaient monté à bord.

Elle avait réussi à imposer sa présence dans la procédure de sabotage, il ne restait plus qu’à mettre le tout en pratique : malmené le gouvernail afin que les démons ne sussent plus capable de manœuvrer correctement tandis que sa mère s’occuperait des cordages. Dans sa tâche, la fillette serait secondée par Loth qui devrait faire des efforts supplémentaires pour passer inaperçu aux yeux des démons. Mais comme sa mère, Lisseth avait confiance au dragon pour réussir cette épreuve. S’il était désobéissant et parfois peu discret, il savait de temps en temps faire preuve d’intelligence. Tandis que sa mère quittait la cale la première, la petite fille réfléchit à la manière donc elle irait saboter le gouvernail. Elle connaissait peu de chose sur leur fonctionnement des bateaux, mais avait voyagé assez pour savoir où frapper pour rendre un gouvernail inutile. D’un regard dans l’entrebâillement de la porte lui permis de surveiller les allée et venus des démons et de sortir sans être vu, le dragon sur ses talons. Les griffes de ses pattes grincèrent sur le bois du bateau et la fillette dûe à plusieurs reprises se cacher pour vérifier que le bruit n’avait pas attiré de regards vers sa direction. Heureusement, les vagues qui frappait la coque et les discussions des démons couvraient les pas du dragon qui put continuer sa lentement progression. Lisseth essaya d’apercevoir sa mère qui devait certainement avoir déjà atteints les haubans, mais ne parvint pas à la voir. Sa mère savait vraiment passer inaperçu. Elle remarqua un cordage qui pendait dans le vide, probablement tranché par l’Ombre. Celle-ci était donc bien déjà occupé à son sabotage, aussi la fillette ne perdit pas plus de temps et se précipita à l’intérieur du navire, là où elle était certaine de trouver le mécanisme du gouvernail.

Si elle ignorait les termes exacts des matériaux qui constituaient le mécanisme de direction, elle avait la pièce qu’il fallait briser pour empêcher le navire de virer. Et si elle n’avait pas assez de force pour cela, elle pourrait compter sur Loth qui avait déjà envie d’intervenir. Elle aperçut la longue barre qui bougeait au rythme du gouvernail et découvrit également le cordage ainsi que les  poulies qui permettaient de commander les mouvements donner au gouvernail à l’arrière du bateau. La petite fille regarda admirative l’ingénieux système tout en ce demandant où elle devait frapper exactement pour malmené tout cela. Elle opta pour la corde, élément le plus facile à couper… Du moins, lorsqu’on avait une lame à porter de main. Ce que Lisseth n’avait pas et rien autour d’elle ne ressemblait à cela. Loth tenta de mordiller le cordage, mais il était épais et ne lâchait pas prise !

« Faudrait vraiment que tu apprennes à cracher du feu » fit remarquer la petite fille à Loth qui récolta de ce fait un grognement mécontent.

Tandis que le dragon s’excitait toujours sur la drosse pour la trancher, l’élémental fouilla la pièce à la recherche d’un objet tranchant ou lourd qui pourrait bloquer le gouvernail. Elle finit par mettre la main sur une longue tige métallique à l’air plutôt résistant et la ramassa aussitôt. Lisseth entreprit de l’enfoncer dans l’une des poulies. Elle manqua de force, mais le dragon attrapa aussitôt l’autre bout de la tige et la tira afin de faire l’effet d’un levier. La poulie malmenée ne résista pas longtemps et se brisa, libérant la corde de son étreinte. Celle-ci pendait mollement et n’envoyait plus les messages de direction de la barre. Le bateau n’avait plus de gouvernail, sa mère serait probablement fière d’elle ! Il se dirigea prudemment vers la porte afin de sortir s’en se faire prendre lorsqu’elle réalisa l’agita qui régnait sur le pont. Les démons couraient dans tous les sens, arme à la main. Les dégâts de sa mère étaient désormais bien visibles et l’un des mâts vacillait dangereusement. A un point tel qu’il céda et Liseth sursauta en entendant le bruit du bois qui se brisa tandis qu’une main l’attrapa par les vêtements pour l’éloigner. La seconde d’après, le mât s’était affaissé de tout son long à l’endroit même où elle se trouvait l’instant d’avant.

878 mots
2/4

Trancher les cordages tout en restant discrète n’était finalement pas une tâche aisée, même pour une Ombre. Elle devait s’armer de patience et d’agilité pour grimper dans les cordages et les couper, parfois avec difficulté au vu de l’épaisseur de certains. Pour couronner le tout, l’océan était loin d’être paisible. Les créatures maritimes s’agitaient sous la coque, se cognant régulièrement à cette dernière. Aussi, elle devait parfois s’accrocher pour en pas être éjecter de son perchoir. L’Ombre pensa au départ que les créatures étaient juste effrayées, mais lorsqu’elle aperçut l’agitation des démons sur le pont, elle comprit qu’il n’y avait pas que les sorciers qui leur causaient des ennuis. Ceux-ci d’ailleurs ne pourraient plus vraiment les ennuyer… Leur bateau sombrait lentement un peu loin, la coque percer par d’étranges tentacules. Quelques sorciers tentèrent encore de lancer des sorts ci et là pour éloigner les montres, voire arrêter la course des démons. Comme si, au vu de leur situation cela avait encore de l’importance… Aaliah secoua la tête avant de se concentrer une nouvelle fois sur les cordages. Ceux-ci étaient récalcitrants et elle pestait devant leur résistance. A ce rythme-là, les démons auraient atteint le rivage de la terre inconnu ! Puis, une secousse fit tanguer le navire et surprise, l’Ombre lâcha son couteau. Ceci tomba sur le pont dans un bruit métallique, mais nul ne l’entendit, ni même ne le remarqua. L’eau tumultueuse et les cris plaintifs des créatures marines intriguaient bien plus les démons.

La jeune femme descendit de son perchoir, se faufilant avec agilité et discrétion entre les membres du bateau pour récupérer son arme. Une tâche moins aisée qu’il n’y paraissait, puisque le pont recevait régulièrement des vagues qui mouillaient le sol et faisaient tanguer le navire. Lorsqu’elle parvint enfin à agripper le manche de la dague, elle se retrouva nez-à-nez avec un démon. La mort ne l’effrayant plus depuis de nombreuses année, elle réagit rapidement, lui plantant l’arme dans la gorge afin d’éviter qu’il ne pût donner l’alerte à ses congénères. La veine jugulaire tranchée, il se vida de son sang au rythme de sa respiration et s’écroula sur le sol sans avoir pu opposer la moindre résistance. Elle aurait bien jeté son cadavre à l’eau, mais elle n’avait pas la force de le soulever et ni le temps à perdre à essayer diverses méthodes pour y parvenir.

« Les cordages ont lâchés ! » hurla soudainement l’un des démons.

Aaliah se faufila aussitôt derrière une caisse, mais nul démon ne semblait vouloir chercher après un intrus. Regardant autour d’elle, l’Ombre se rendit compte que les créatures ne se contentaient plus de donner des coups sur la coque. Elles s’élevaient à côté du bateau, le frappant de leur puissante nageoire. Armés d’épées et de haches, les démons répondaient à leurs assauts avec violence, tranchant nette leur nageoire et éclaboussant le pont d’une mare rougeoyante. Ils devaient probablement pensé que ces derniers avaient abîmé les cordages, une chance pour elle. Profitant de la confusion qui régnait à bord, elle avançait silencieuse vers les démons solitaires pour leur apporter des coups fatals et réduire leur nombre. Si personne ne venait vérifier leurs blessures de près, ils penseront que les victimes avaient reçu un mauvais coup. Aaliah espérait que sa fille ne pouvait voir l’horrible spectacle qui se déroulait actuellement sur le pont. Celle-ci devait s’occuper du gouvernail, mais un regard vers celui qui tenait la barre lui indiquait qu’elle n’avait toujours pas réussi la tâche qui l’incombait. Soit, l’élémental éprouvait des difficultés, soit elle avait eu des ennuis ; hypothèque que l’Ombre n’aimait guère. Peut-être devrait-elle aller à sa rencontre afin de s’assurer de son état. Après tout, elle avait déjà mis à terre quelques démons et le mât ne tenait plus que pas habitude. Il suffisait que l’une des créatures le touchât pour l’anéantir. Cependant, l’Ombre ne fit que quelques pas…

« Eh, il y a un mort ici ! lança l’un des démons devant le cadavre de celui qu’elle avait égorgé un peu plus tôt.
— C’est pas le seul ! lui répondit ironiquement son congénère. Aide nous plutôt avant que ces maudites créatures réduisent encore notre équipage !
—  Et tes créatures, elles ont des poignards dans leurs tentacules ? Parce que lui, quelqu’un l’a égorgé !
— Que dis-tu là ? Un traître à bord ! Trouvez-le !
—Là-bas !! »

Le dernier mot hurler fit sursauter l’Ombre qui, à écouter d’une oreille discrète, avait oublié de l’air ! L’un des démons l’avait vu et la pointait nettement du doigt pour s’assurer que tous ses compatriotes la voir également. Oubliant de réfléchir, elle tendit les mains et usa de son contrôle du vent pour infliger une violente rafale au mât. Celui-ci ne fut guère ravi de cette attaque, qu’un un craquement se fit entendre à sa base. Les cordages restant n’étaient pas assez nombre pour retenir le point du lourd mât et lâchèrent à leur tour. Aaliah aurait été ravie du résultat de son attaque si elle n’avait pas aperçu une chevelure blonde très reconnaissable. Elle l’attrapa vivement et l’entraîna de l’autre côté pour éviter un écrasement fatal. Quelques démons n’eurent guère cette chance, mais elles ne pouvaient guère encore fêter leur victoire.

« Attrape, mais soit prudente avec, lui dit-elle en lui donnant le couteau. Et dis-moi que tu as réussi pour le gouvernail ? »

890 mots
3/4

Lisseth fut rassurée un bref instant en constatant que le bras qui lui avait évité la mort par un douloureux écrasement était celui de sa mère. En même temps, il eut été peu probablement qu’un Démon cherchât à la protéger alors même qu’elle était montée clandestinement à bord et qu’elle venait, de surcroit, saboter leur gouvernail ! Cependant, son côté rassuré ne dura qu’un bref moment, car en voyant l’arme que sa mère lui remis dans les mains, cela n’était pas bon signe. Même pour aller saboter le navire, elle ne lui avait pas donné une lame, ce qui pourtant lui aurait permis de gagner du temps… Cela ne pouvait donc signifier qu’une chose : les démons étaient désormais au courant de leur présence. D’ailleurs, son hypothèse fut vite confirmer lorsqu’elle remarqua leur visage méprisant et peu rassurant. La colère se lisait clairement sur leur grimace menaçante. Certes, Lisseth avait déjà vu de bien horrible personnage, mais cela l’effrayait toujours autant.

« Oui, j’ai réussi, parvint-elle à sortir hors de sa bouche pour répondre à la question de sa mère. Que faisons-nous ? demanda-t-elle alors avant de tourner la tête devant le silence. Maman ?! »

Lisseth écarquilla les yeux devant le vide qui se trouvait à ses côtés. Sa mère avait disparu, volatilisée, comme l’Ombre qu’elle était. Aaliah n’était pas loin, c’était certain, elle ne la laisserait jamais seule dans une si mauvaise posture. Toutefois, la fillette avait une préférence lorsqu’elle la voyait et elle n’était pas la seule. Les démons n’appréciaient pas ce tour de passe-passe.

« Ou est passé la femme ? » s’étonna l’un deux, véritablement en colère.

La fillette déglutit difficilement en voyant les yeux sournois du démon qui semblait avait très faim. Elle resserra sa main sur le couteau donné par sa mère, peu sûre malgré cela d’être capable de s’en servir. L’un des hommes s’avança dangereusement vers elle, l’insultant gracieusement au passage. Il n’était pas vraiment les enfants et encore moins lorsque ceux-ci étaient passagers clandestins à bord de son navire. Lisseth recula d’un pas tandis que Loth allongea le cou pour agripper le bras du démon, toutes dents dehors. Il n’eut cependant pas le temps de crier de douleur et de rage qu’une lame lui tranchant la gorge.

« Qu’est-ce que ! »

Les démons restèrent pétrifiés un instant devant la chute de leur ami, le temps pour eux de tenter de réaliser ce qui se passait. L’instant d’après, la rage l’emporta et tous les démons se ruèrent sur le pont, cherchant à attraper la jeune femme ou la fillette. Heureusement, Lisseth pouvait compter sur son ami le dragon pour faire chuter les démons qui la poursuivaient. Le pont était également son alliée, puisqu’une violente secousse envoya valdinguer l’un de démon par-dessus bord. La petite taille de l’élémental lui avait permis d’être tenue par une caisse providentielle, mais elle ne préféra pas tester sa chance trop longtemps. Au bord du navire, des tentacules et des nageoires essayaient d’attraper ce qu’ils trouvaient à proximité.

« Woh ! Évite cette maudite créatures ! lança l’un des démons à celui qui tenait la barre
— J’essaye, mais j’crois bien que le gouvernail ne fonctionne plus. Répondit aussitôt son ami, tentant une dernière fois de tourner la barre à son maximum, sans aucun résultat : le navire filait droit devant, ignorant les obstacles.
— J’suis sûre que c’est un coup de ces maudites garces ! Que quelqu’un les égorge, nom d’une corne cornu d’Aetheri !
— J’les vois plus !
— J’m’en fiche de le savoir ! Fouiller tous les navires et tuez-moi ces satanées créatures ! »

Le démon était hors de lui et Lisseth hors de sa vue. Elle avait profité de l’agitation pour filer se cacher dans la cambuse, suivit de prêt par Loth. Sa mère la rejoignit peu de temps après, vérifiant que nul démon ne l’avait vu. Le calme, cependant, n’était pas prêt de revenir à bord du navire. Les démons allaient tout fouiller, même les caisses. D’ailleurs, la fillette pouvait entre le craquement du bois que les démons perçaient avec violence. Elle entendait aussi le bruit peu commun de tentacules qui tombaient sur le pont ;  visqueux et ondulant, sectionner sans aucun cœur.

« Pauvres créatures » émit la fillette, quelque peu attristé par le sort des créatures de la mer. Après tout, ils étaient un peu sur leur territoire. Mais la fillette savait que ces dernières auraient leur vengeance, le navire n’arriverait jamais à destination, pas dans l’état actuel, sans grand mât et sans gouvernail. Il sombrerait dans les profondeurs de l’océan et les animaux abyssaux pourraient y faire leur maison. Il fallait juste espérait sortir de là avant, la fillette aimait l’eau, c’était son élément ; mais préférait toutefois éviter d’y en faire sa demeure.

« Comment allons-nous quitter le navire ? » demanda alors la fillette

805 mots
3/4

Etre une Ombre avait, par moment, ces avantages. Silencieuse, discrète et agile, la jeune femme parvenait à échapper aux regards des démons avec une facilité qui ne la rendait pas peu fière. Il faut dire aussi que la colère des démons les rendait peu observateur ! Ils avaient tous dans les muscles et pas grand-chose dans la tête. Même Lisseth parvenait à leur échapper… Certes, Loth était là pour la secourir et elle gardait toujours un œil sur elle, mais dans l’ensemble, la fillette s’en sortait plutôt bien. Assurément, elle grandissait de plus en plus… et Loth aussi. Il se fit plus imposant pour protéger l’élemental, mais conservait une taille convenable que le navire pouvait encore supporter. Bien que l’Ombre fût persuadé que ce n’était pas l’intelligence de l’animal qui se développait avec le temps, mais plutôt son instinct. Plus gros, il serait moins aisé pour lui de se déplacer entre les mâts.

Aaliah évita un tentacule sournois, tandis que la créature à laquelle il appartenait se fracassait avec violence contre la coque. Le navigateur se fit apostrophé et confirma alors ce que sa fillette lui avait assurée un instant plus tôt : le gouvernail était hors d’usage. Aussi, le bateau filait droit devant lui, faisant fi des obstacles qui se dressaient devant lui. Si cela avait son avantage ; les démons n’atteindrait jamais le nouveau continent mystérieux, cela avait aussi son inconvénient. Il leur faudrait trouver un moyen de quitter le pont et de rejoindre la terre ferme avant la destruction du navire. L’afflux de tentacule autour du pont ne la rassurait guère. Aussi, après s’être débarrassé d’un démon plutôt collant, elle fila sur les talons de sa fille qui profitait d’un moment de déconcentration de la part de son adversaire pour s’abriter. Cela n’était pas une mauvaise idée pour réfléchir sur la situation.

Elle s’installa aux côtés de Lisseth, observant les démons, dont le nombre avait grandement diminué, se débarrasser contre les tentacules et créatures qui montaient sur le pont. Si sa fille ne pouvait voir tout ce désolant spectacle, elle pouvait en deviner l’issu grâce aux bruits et s’attristait du sort de ces bêtes. Il était vrai que le navire était sur leur territoire et qu’elles ne méritaient pas de subir tant de souffrance. Cependant, l’Ombre ne pouvait pas faire grand-chose pour intervenir. Les créatures la considéraient également comme une ennemie et elle risquait d’attiser leur colère plutôt que leur sympathie.

« Je réfléchis encore… lança vaguement l’Ombre à la question de sa fille
— Tu n’y as pas réfléchi avant de monter à bord ? lui fit remarquer Lisseth, en écho à l’un de ses premiers reproches durant cette aventure
— Lisseth… ne fait pas de reproche à ta mère, c’est inconvenant ! Et puis, n’oublie pas que tu n’étais pas censée être à bord.
— Désolé maman, fit la fillette avant de ramper plus prêt de sa mère. Il me semble qu’il y avait des barques de sauvetage le long de la coque, non ?
— Oui, j’y pensais. Il faut espérait que les créatures ne les ont pas toutes détruites… et qu’elle ne nous attaque pas durant notre fuite. La barque ne résisterait pas.
— Nous ne pouvons pas leur demander gentiment de nous laisser partir tranquille ?
— Ma foi, si tu parles leur langage, tu peux toujours essayer. Sinon, pries les Aetheri. »

Aaliah n’était pas certainement d’avoir trouvé les mots justes pour rassurer sa fille sur la situation, mais les discours pour apaiser les esprits n’étaient pas réellement son fort. Cependant, la jeune élémental y était habituée et de toute façon, savait qu’il n’y avait d’autre choix. Il fallait quitter ce navire et le plus rapidement serait le mieux. Elle suivit sa mère dans son sillage, cherchant à se faire discrètes. Quelques démons cherchaient encore après elles, mais n’était pas assez nombre pour couvrir toute la surface du pont. Les autres cherchaient désespérément à faire lâcher prise aux créatures afin que le bateau ne sombrât pas sous leur nombre. S’assurant que Loth et Lisseth se dissimulait correctement aux yeux des démons, l’Ombre regarda les quelques barques que possédaient l’embarcation. Il en restait deux encore en état de flotter sur des eaux récalcitrants. L’Ombre hésita un instant à saboter le second, car il offrait aux démons la possibilité de les suivre. Elle préféra cependant laisser la chance à ces derniers de fuir à leur tour, ne serait-ce parce qu’ainsi, les créatures auraient le choix entre deux amuse-gueules et Aaliah espérait que celles-ci avait un net penchant pour la viande de démon… Elle fit signe à Lisseth et Loth de monter à bord et de s’accrocher, puis, elle coupa nette les cordages. La petite embarcation claqua sur l’eau, tournant vers eux le regard des créatures marines autant que celui des démons.

« Tu choisis quoi : la tentative de discours avec les créatures ou la prière aux Aetheri ? » demanda alors l’Ombre.

813 mots
4/4

Lisseth n’avait pu s’empêcher de reprocher à sa mère son manque de réflexion sur la manière de quitter le navire avant d’embarquer à bord. Elle avait besoin de se détendre, de penser à autre chose et ce petit moment d’ironie était ce dont elle avait besoin. D’ailleurs, sa mère dû le comprendre, car elle ne lui en tint pas rigueur. Elle lui fit juste remarquer qu’une fille ne devait pas reprendre sa mère, mais Lisseth savait lorsque l’Ombre était réellement énerver. Le ton de sa voix trompait rarement. Toutefois, elle s’excusa, principalement par habitude avant de s’approcher d’elle pour lui faire part de l’une de ses observations : la présence de barque. Bien sûr, l’Ombre n’avait pu passer outre ce détail, mais la fillette voulait montrer qu’elle aussi pouvait prendre ses responsabilités et réfléchir intelligemment de temps à autre.

Si l’idée d’emprunter une barque était intéressante, restait la fuite avec celle-ci. Outre les démons, les créatures risquaient de ne pas non plus leur faire de cadeaux une fois sur l’eau. Il faudrait ramer fort pour s’éloigner d’eux rapidement, car la coque d’une barque était bien moins solide que celle d’un imposant navire. Naïvement, Lisseth espérait qu’en parlant avec les créatures, il y avait peut-être moyen de les calmer et d’adoucir leur caractère. Après tout, elle parlait bien de temps à autre avec Loth et cela fonctionnait plutôt bien. Pour un dragon, Loth restait docile, même s’il savait les défendre avec force. Sa mère n’était pas entièrement contre l’idée proposer, puisqu’elle lui proposa de tenter l’expérience. Certes, le ton était cette fois ironique, mais au moins, ne lui avait-elle pas ri au nez ; bien qu’il était extrêmement rare que sa mère fît cela envers elle.

Elle laissa sa mère prendre les devants et la suivit en se faisant le plus discrètement possible, comme demandé. Si les démons ne cherchaient pas correctement, ce n’était pas le moment de leur facilité la tâche. Tout en avançant, elle enjamba quelques tentacules gisant sur le pont, ondulant encore sous l’effet des derniers spasmes. Elle n’avait qu’un mot qui lui venait à l’esprit : répugnant. Heureusement, sa mère lui fit rapidement signe de se hisser vers la barque et elle fut ravie de pouvoir enfin quitter le navire dont le bois prenait une coloration sanglante et une odeur peu agréable. Lisseth s’accrocha solidement, sachant que la chute serait courte, mais empli de sensation. Loth aussi se blottir du mieux qu’il put, enfonçant ses griffes dans le bois de la barque, évitant toutefois de la transpercer. La fillette n’eut pas vraiment le temps de se préparer qu’il eut un puissant claquement et une vague d’eau qui la recouvrir. Elle entendit les démons s’agiter une nouvelle fois tandis que sa mère lui demanda l’option qu’elle avait choisie.

« Je… je crois que je vais prier ! lui répondit-elle en voyant la seconde embarcation suivre le même chemin que la leur. Il aurait peut-être fallu saboter cette barque, ils vont nous poursuivre !
— Eh bien pries pour que les créatures apprécient les démons plus que nous ! »

Ce fut alors qu’elle comprit pourquoi sa mère avait laissé l’autre embarcation intacte. Elle espérait que les créatures s’attaquèrent à celle des démons, leur laissant ainsi le temps de s’éloigner de leur tentacule. Elle hocha la tête, avant de réaliser un détail important
« Maman…. Je ne connais pas de prière pour les Aetheri
— Dans ce cas demande aux créatures de s’en prendre aux démons, je n’ai pas le temps de t’apprendre à prier ! »

Effectivement, sa mère s’occupait activement de ramer tout en usant de sa magie pour tenir les démons à distance. Ceux-ci commençaient à leur tour à riposter et Lisseth baissa la tête pour éviter de se prendre un vilain sort. Déjà qu’elle avait fini élémental de cette manière… Ignorant comment parler aux créatures, elle se contenta de prier celle-ci

« Je vous pries créatures de la mer, préférez les démons et laissez-nous partir ! »

Elle n’avait pas d’autre inspiration et espérait que cela suffirait. Un jour, elle apprendrait à prier les Aetheri ou à parler aux animaux… Cela dépendait de la possibilité que lui offrirait le destin. Elle se blottit contre Loth, cherchant à se faire la plus petite possible tout en réitérant sa demande. Les eaux finirent par se faire plus calme, car elle sentait de moins en moins de remous aux fonds de la barque. Finalement, sa mère lui confirma qu’elle pouvait se redresser et que tous dangers étaient éloignés. Lorsqu’elle posa son regard au loin, elle vit l’imposant navire des démons sombrer et plus aucune trace de l’autre barque. Les créatures, quant à elles, étaient resté à l’horizon.

« Elles ne nous ont pas suivi ! fit remarquer la jeune fille soulagée
— Oui, et l’océan est redevenu calme. Il ne nous reste plus qu’à rejoindre la terre ferme
— Et la terre mystérieuse ? demanda-t-elle quelques peu déçue
— Elle restera mystérieuse, nous rendrons chez nous… puis, la jeune femme lui tendit les rames. Ta punition et la tienne aussi Loth. Vous vous débrouiller, mais vous ramerez jusqu’à ce que mes pieds touchent le sable fin d’une plage »

Les deux punis se regardèrent, puis, baissèrent la tête. Avec l’Ombre, il n’était pas question de discuter et puis, elle leur avait juré de leur donner une punition pour être monter à bord plutôt que d’avoir obéir à ses ordres. Aussi, ils se mirent à ramer durement pour rejoindre la terre ferme.

908 mots
4/4