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 Le rite du soleil ///Test 2 - Enzel///

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Jeu 29 Mai 2014, 10:01


Edgar avait longuement parlé à Thalie des cascades cristallines, un endroit qui, selon lui, appartenait aux fées. C'était assez amusant que le majordome, dont elle ne connaissait toujours pas la race, en sache plus qu'elle sur son propre peuple. Peut-être était-il Illuminae ? Elle s'était déjà posée la question mais, finalement, il lui semblait que non, sinon il préférerait s'occuper du jardin, comme elle, et non rester terrer toute la journée dans la grande maison, attendant le soir pour venir lui conter des histoires. Alors elle s'interrogeait sur lui, n'osant pourtant pas lui poser La question qui aurait mis fin à toutes les autres. Le seul problème avec Edgar, c'est que dès qu'il commençait une histoire, il avait le don de l'hypnotiser totalement. Thalie buvait ses paroles, voyait presque les paysages qu'il lui décrivait et avait toujours une envie irrépressible de s'y rendre pour découvrir l'endroit de ses propres yeux. Plus que tout, elle lui faisait confiance, sachant parfaitement que si elle s'absentait, son jardin serait sain et sauf quand elle reviendrait. Aussi, à force de voyages, elle avait fini par se sentir plus indépendante, bien que toujours attachée à ses fleurs, d'une manière sans doute éternelle. De ce fait, elle avait décidé, dès le lendemain de la révélation du lieu merveilleux par Edgar, de s'y rendre.

La fée se demandait parfois si, un jour, son ami viendrait avec elle, mais la simple pensée que ses fleurs risquaient d'en pâtir lui faisait rebrousser le chemin qu'empruntait cette idée. Ainsi, elle voyageait toujours seule et, même si elle faisait des rencontres pendant ses voyages, elle aurait aimé avoir quelqu'un à ses côtés, pour parler, pour se rassurer parfois quand le ciel se faisait menaçant. Thalie était encore jeune, jeune et naïve, bien que la réalité du monde s'impose à elle progressivement. Si, au début, elle avait cru que le monde était peuplé de fleurs, elle s'était vite rendue compte qu'il existait d'autres individus, appartenant à des peuples différents et qui n'étaient pas toujours favorables à la nature. En plus de cela, elle avait visité, à son plus grand désespoir, des terres sans la moindre végétation. Le fait même de s'y tenir l'avait rendu mal à l'aise, faible et elle ne voulait plus jamais y retourner. Même si Thalie l'ignorait, Edgar faisait en sorte de lui faire découvrir ce que l'on appelait simplement la vie, d'en faire une fée qui ne se laisserait jamais abuser par les êtres maléfiques. Edgar s'y connaissait en être maléfique après tout, puisqu'il en était lui-même un. Peut-être un peu spécial, puisqu'il protégeait une fée et les fleurs de son jardin, mais son passé avait fait en sorte qu'il apprécie ce peuple. Il en avait aimé une jadis.

Arrivée aux cascades cristallines après avoir longé la rivière éternité sous un magnifique soleil, Thalie regarda le paysage, laissant échapper un soupire de bien-être. Le lieu était splendide.

Se posant sur un rocher, elle finit par s'asseoir, fixant l'eau toucher terre après une longue descente à une vitesse effrénée. La fée ne voyait nul individu de son espèce dans les environs mais Edgar lui avait dit que ce serait sans doute normal car, lorsqu'il s'y était rendu, il en avait croisé seulement une. Thalie trouvait cela triste puisque les cascades semblaient être le seul endroit qui appartenait réellement à son peuple. Ramenant ses petites jambes contre son buste, elle les entoura de ses bras, posant son menton sur l'un de ses genoux d'un air pensif. Elle qui s'était dit qu'elle rencontrerait beaucoup de ses semblables, ses plans semblaient quelque peu perturbés. Soupirant, elle finit par fermer les yeux, écoutant le bruit de l'eau.
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Lun 16 Juin 2014, 16:04


Thalie Uranie.

Les fleurs m'avaient murmuré son nom. Feyd m'avait dit le reste. Et ce avant même qu'il ne sache que la petite Fée blonde qu'il avait rencontrée à l'avènement du printemps était destinée à venir visiter les terres de son peuple et à s'élever dans les cieux quelques temps plus tard. Il était on ne pouvait plus naturel de la part du Tiregan de mentionner en la présence de Neibulla l'intervention d'une de ses jeunes semblables qui lui avait permis d'éviter d'être écharpé par la pauvre Lirsina, rendue folle par l'échec de l'avènement du printemps. Et quand bien même l'on savait à présent que cette situation avait été l'un des prémisses du déclin mondial de la magie, les Fées n'en demeuraient pas moins déstabilisées, la nature commençant d'ores et déjà à fuir les plus faibles et les plus infortunées d'entre elles.

Tu es attendu.

J'étouffai un bâillement et me frottai les yeux du bout des doigts, tout en réprimant mon agacement. Si certaines ne pouvaient plus entendre les voix des fleurs, j'étais encore loin d'en faire partie, si bien que ces dernières en profitaient pour exploiter sans vergogne cette oreille distraite que je laissais toujours traîner à leur intention. Avec le temps, j'en étais venu à apprécier le contact de ces demoiselles à pétales et à laisser une partie de mon esprit ouverte afin de capter leurs pensées, alors que j'avais auparavant fait nombre d'efforts pour me détacher de ma nature féerique, commençant par arpenter le monde sous les traits d'un humain, fuyant la faiblesse présumée d'une race qui ne vivait que du haut de quelques centimètres. D'un mouvement vague de la main, j'écartai celles qui avaient eu la gentillesse de me prêter leur lumière naturelle pendant la nuit et me levai, me dirigeant vers la lueur du jour. Je m'étais éveillé bien avant l'aube et avais planché sur nombre de problèmes inhérents à la gestion d'un peuple à présent dénué de souverain, tentant avec mes semblables de trouver des solutions aux problèmes de plus en plus nombreux qui accablaient les nôtres.

Silencieusement, j'arpentais les couloirs minuscules creusés dans les roches des Cascades Cristallines, qui s'élargissaient de temps à autre pour former des cavernes dans lesquelles mes semblables s'étaient fait un plaisir d'y établir des jardins de fleurs discrètes mais taquines. Parvenant à prospérer même dans ce milieu rocailleux, ces demoiselles à pétales étaient nichées entre les rochers, certaines brillant d'une lueur qui leur était propre, leurs pétales émettant naturellement de la lumière.

« Neibulla. »

Aurais-je été un peu plus alerte, probablement n'aurais-je pas sursauté en entendant la voix de Géranium résonner dans les couloirs vides du dédale rocheux. Je rivai un regard penaud sur la Gardienne de la Sécurité, me sentant presque coupable, alors que je savais pertinemment que je ne faisais que répondre à mon devoir, quand bien même je délaissai pendant l'espace de quelques heures des problèmes qui méritaient également mon attention. Le visage de porcelaine de la Fée demeura imperturbable, alors que son regard émeraude semblait me jauger.

« Laisse-moi m'en occuper, Géranium, grommelai-je. Sinon, mes neurones auront fondu avant la fin d'la journée. »

Un pâle sourire éclaira le visage diaphane de la Gardienne, et je ne sus si celui-ci tenait du mépris ou de l'amusement. De toutes mes semblables, Géranium était sans aucun doute celle avec laquelle j'avais le plus de mal, son charme froid me rappelant bien trop celui de ma mère adoptive.

« Prends garde, futur Roi. »

A la fois irrité et blessé par l'ironie de la jeune femme, je lui lançai un regard mauvais avant de me détourner, poursuivant mon chemin jusqu'à atteindre la sortie des galeries, maudissant intérieurement ces espoirs chimériques que l'ancienne reine avait cru donner à ses semblables. Comment pouvait-elle espérer qu'un peuple qui l'avait détrônée accepterait sans la moindre contrepartie un héritier qu'elle aurait elle-même nommé ? Les paroles de Myrialuna n'avaient guère été divulguées au public, puisqu'elles m'avaient été transmises par la pensée, mais il demeurait que, Neibulla ou Edelweiss, j'étais un pion de cette reine déchue par son propre peuple. Je m'y étais moi-même résolu, en toute âme et conscience. A présent, je tentais péniblement de payer le prix de mon erreur.

Mais si j'avais décidé de rencontrer Thalie ce jour, c'était justement pour m'éloigner, ne serait-ce que quelques instants, de toutes ces considérations bien trop écrasantes. Le soleil brillait encore, et quand bien même la magie déclinait, les Lucioles pouvaient encore charger leurs ailes de la lumière du grand astre. Que les temps soient difficiles ou non, il était également de notre devoir d'assurer que les jeunes générations grandissent.

Avançant prudemment sous les rayons du soleil matinal, afin de ne pas souffrir de la différence de luminosité entre les galeries rocheuses et les berges de la Rivière se jetant allègrement dans le vide, j'avisai la quiétude du lieu, contrastant étrangement avec les troubles qui agitaient notre peuple. Mais il en avait toujours été ainsi : les Fées se faisaient toujours discrètes en ce lieu, échappant ainsi à la vue des étrangers venus fureter sur leur territoire. Pourtant, je savais que les miennes étaient loin de dormir paisiblement, que ce calme apparent cachait en réalité une activité des plus grandes, échappant néanmoins à l’œil du malavisé. Ailes noir de jais déployées, je m'envolai du rebord rocheux sur lequel la galerie avait débouché et m'abandonnai aux doux courants d'air pendant quelques instants avant de descendre paisiblement le long de la façade rocheuse, entre deux chutes d'eau. Je finis cependant par m'éloigner de la roche, frayant entre les gouttes d'eau, pour finalement venir voler à quelques centimètres de la surface de la Rivière en contrebas, regagnant son calme après sa chute tumultueuse.

Mes recherches ne furent pas très longues. Aiguillé par les indications des fleurs qui avaient senti la jeune Fée passer, je la trouvai assise sur un rocher, non loin de l'eau, les genoux ramenés à la poitrine, les yeux clos. Je m'approchai du rocher et atterris avec douceur, espérant ne pas trop surprendre la demoiselle.

« Thalie ? demandai-je doucement, mes ailes se repliant dans mon dos, mais demeurant visibles. »

Je n'en demandai guère plus, préférant ne pas entrer dans le vif du sujet trop brutalement. J'avais appris par le passé que cela ne pouvait qu'effrayer les plus farouches de mes jeunes semblables.
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Mer 23 Juil 2014, 21:35


Les yeux clos, Thalie réfléchissait. Elle ne connaissait pas grand chose au monde en général malgré les sorties qu'elle faisait régulièrement sur les conseils avisés d'Edgar et, à vrai dire, elle se posait bien des questions sur son existence même. Resterait-elle toute sa vie durant dans son jardin, loin des siennes ? Était-ce cela la vie d'une fée ? Devait-elle avoir des enfants un jour ? Naîtraient-ils dans les fleurs ? Sincèrement, elle l'espérait car la dame des abysses l'avait dissuadé de tenter toute méthode naturelle. Et puis, elle n'aimait pas les enfants en réalité. Seulement, elle ne voulait pas être une mauvaise fée. Elle avait besoin de quelqu'un qui guiderait ses pas. Les fleurs étaient certes ses protégées, mais elles ne lui suffisaient pas. Comment savoir ce qu'elle devait faire sans conseiller ? Elle ne souhaitait pas faire d'impaires. Et si elle s'occupait mal de son jardin ? Est-ce que quelqu'un viendrait la voir pour lui montrer la manière de faire ? Ou est-ce que des fées plus puissantes se moqueraient d'elle sans envisager la possibilité de l'aider ?

Elle soupira, se remémorant les cascades cristallines sans pour autant ouvrir les yeux. Cet endroit était étrange, comme désert. A en croire Edgar, chaque peuple possédait des terres sur lesquelles se trouvaient des palais merveilleux, des maisons, des villes entières dont les frontières étaient parfois indiscernables d'un simple coup d’œil. Bien sûr, elle doutait de pouvoir vivre dans un environnement où la végétation n'était pas omniprésente, mais elle se demandait dans quoi résidait la grandeur de son peuple. Qu'est ce qui faisait que les fées étaient importantes aux yeux des autres races ? Thalie avait noté cet étrange phénomène qui consistait à ériger des monuments immenses, des statues à l'effigie des souverains, des portes gigantesques à l'entrée des villes, des livres entiers comptant les exploits de certains guerriers. Et son peuple ? Est-ce que sa grandeur était justement de ne pas se faire remarquer ? Mais pour quelle raison ? Y avait-il des secrets qui devaient être protégés du regard d'autrui ou était-ce simplement que la royauté ne faisait rien pour que les siens s'élèvent parmi les races les plus grandes de ces terres. Petites par la taille, grandes par l'âme.

Thalie fut perturbée dans ses pensées lorsqu'elle entendit son nom prononcé par une voix masculine. Elle ouvrit les yeux, ayant, en même temps, une sorte de mouvement de recul en levant son bras droit comme pour s'offrir une protection qui n'aurait sans doute pas été suffisante face à un ennemi entraîné. Mais, observant quelques secondes son interlocuteur, son bras se baissa lentement. Il lui disait étrangement quelque chose et, en réalité, c'est quand elle aperçut ses ailes noires qu'elle comprit de qui il s'agissait : l'illuminae qu'ils avaient cherché avec Feyd à l'avènement du printemps. C'était étrange, comme si le destin lui même l'avait mis sur sa route. Le hasard était curieux parfois. Le problème, c'est qu'elle ne se souvenait nullement de son prénom à lui. Elle se contenta donc de répondre timidement, comme si elle ne croyait pas vraiment que ce fut elle qu'il cherche.

« Oui ? »

Normalement, elle clamait tout le temps son prénom, à quiconque venait à la rencontrer – et bien souvent, c'était parce qu'elle avait la folle manie de ne pas regarder droit devant elle, rentrant dans les gens qui n'avaient d'autre choix que de lui parler par la suite. Mais là, tout était différent. Elle avait souhaité rencontrer l'un de ses semblables, voilà que ce dernier tombait du ciel par hasard. Il y avait une question néanmoins, une question qui lui brûlait les lèvres depuis l'instant où elle l'avait aperçu quelques temps plus tôt. Cette question, elle n'aurait osé la lui poser dans d'autres circonstances, s'ils n'avaient pas été seuls. Thalie avait déjà interrogé Feyd à ce sujet mais il n'avait pas répondu. Peut-être était-ce le moment après tout ?

« Euh dîtes... Pourquoi vos ailes sont noires ? ».

Elle s'était redressée, un peu, le regardant des pieds à la tête. Malgré sa curiosité, elle était contente de le voir.
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Jeu 31 Juil 2014, 15:20


Un doux sourire se dessina sur mes lèvres lorsque la jeune femme ouvrit les yeux et baissa lentement son bras, qu'elle avait levé en craignant l'inconnu que j'étais interrompant ses songes diurnes. Feyd m'avait parlé d'une demoiselle jeune et maladroite, cependant brave à bien des égards, et surtout exubérante, mais il semblait à présent que ma compagnie la rendait bien plus timorée. Quoique je pouvais comprendre sa réserve, n'ignorant pas l'étrangeté d'un inconnu vous abordant en connaissant votre nom alors que vous ignorez le sien. Mais puisque je devais être certain d'avoir affaire à la bonne personne, et que j'avais un certain don pour mettre les pieds dans le plat malgré mon statut hiérarchique – la noblesse ne fait pas les manières, et j'en étais aussi heureux que dépité – je n'avais guère trop prêté attention au détail. Et s'il semblait que la jeune femme faisait preuve d'une certaine retenue à mon égard, sa curiosité féerique demeurait, si bien que sa question, bien qu'empreinte de timidité, franchit ses lèvres sans ambages, teintant mon sourire d'une amertume que je ne tardais pas à dissimuler.

Thalie était une jeune Fée, elle avait le droit de savoir ce à quoi sa nature l'exposait, tout comme elle avait le droit et le devoir de connaître plus amplement ses semblables. Car si ses ailes étaient encore d'un rose d'une douceur exquise, rien ne les empêcherait de s'assombrir si elle avait le malheur de vivre la destruction de son jardin sans pouvoir assouvir ses désirs de vengeance, quand bien même c'était là un sort que je ne le souhaitais guère. En outre... Les Fées aux ailes sombres étaient lassées de l'exclusion dont elles faisaient l'objet, quand bien même celle-ci était bien plus passive que discriminatoire et il fallait à présent que leur existence soit connue, et surtout comprise par le reste du peuple féerique. Mais avant tout...

« Vous pouvez m'appeler Enzel, Thalie, lui affirmai-je avec un sourire engageant. »

Bon nombre de mes pairs me reprochaient de faire fi des règles de bienséance, et si je répugnais encore à voir mes semblables m'assommer d'égards langagiers en vertu de mon titre de Neibulla, je m'étais tout de même résigné à soigner un peu plus mon langage qu'auparavant... et à mettre à l'aise celles qui semblaient être incommodées par ma présence – pour diverses raisons. Et si beaucoup semblaient accorder de l'importance au fait que je me présente comme Neibulla auprès des miennes, je passai sous silence le détail, le jugeant à la fois futile et inutilement encombrant – que l'on soit Luciole ou Gardienne, le soleil éclairait nos ailes de la même manière.

« Mes ailes ont été noircies par la rancune et la tristesse, poursuivis-je, plus grave, mais toujours avec douceur. Mais je n'suis pas le seul. »

Doucement, je m'approchai de la jeune femme et vint m'asseoir à son côté, au bord de ce rocher se trouvant à quelques pas humains de l'eau de la Rivière Eternité, et y plongeai fugacement mon regard gris acier, le souvenir d'une Fée aux prunelles améthyste traversant mon esprit.

« Peut-être avez-vous vu Sela, dans les montagnes, l'autre jour. Elle, et bien d'autres, sont comme moi, des Fées sombres aux ailes noires, des Nyxies, dont le cœur est habité par les ténèbres. Nous avons toutes perdu notre jardin de naissance et n'avons pu achever notre deuil. »

Je rivai mon regard gris acier dans celui céruléen de la jeune Fée, probablement bien trop innocente pour imaginer que la loi du sang régnait même au sein d'un peuple d'apparence aussi paisible que le nôtre. Quiconque détruisait le jardin d'une Fée devait le payer de sa vie, qu'il connaisse ou non la conséquence de son acte. Bien des individus avaient trouvé la mort en se moquant impunément de la faiblesse de mes semblables et en ignorant la violence dissimulées derrière notre apparente innocence.

« Quand une Fée perd son jardin, expliquai-je calmement, pesant chacun de mes mots, son cœur ne trouve le repos que lorsque celui ou celle qui a détruit ses fleurs périt de sa main. La loi féerique le lui autorise, sa nature le lui oblige. Et ainsi s'achève son deuil, ainsi recommence sa vie dans un nouveau jardin. Nous autres Nyxies n'avons pu, pour différentes raisons, faire payer cette dette de sang. Notre amertume, notre soif de vengeance, notre haine... Tous ces sombres sentiments nous animent encore, et noircissent nos ailes. »

Je ramenai mes genoux vers moi et levai les yeux vers le ciel presque vierge de tout nuage. Le soleil ne tarderait guère à atteindre le zénith, mais il n'y avait guère d'urgence à s'envoler pour en cueillir la lumière.

« Est-ce que ça vous effraye ? Beaucoup songent à notre peuple comme à un peuple de lumière, mais nous ne sommes en réalité qu'une mosaïque toute aussi complexe que les autres peuples de ces terres. Une mosaïque que la lumière du soleil éclaire sans la moindre discrimination. Thalie, est-ce que le rite du soleil vous dit quelque chose ? »
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Jeu 21 Aoû 2014, 09:50

« Enzel »

Thalie l’avait répété, comme pour le retenir, le graver dans son esprit. Après tout, c’était lui qu’ils étaient allés chercher avec Feyd, celui qui avait disparu de leur champ de vision à l’avènement d’un printemps qui n’avait pas eu lieu. Enzel. Thalie se demandait si ce prénom signifiait quelque chose dans une langue ou une autre. Edgar lui avait parlé des langages même si elle ne comprenait pas tout à ce sujet. Elle aurait aimé pouvoir communiquer avec tout le monde mais le majordome lui avait dit que certaine peuplade reculée ne parlaient qu’un langage particulier qu’elle ne connaissait pas. C’était dommage, mais tant qu’elle pouvait discuter avec les fleurs, elle ne pouvait pas se plaindre. Dire que les fées étaient les seules à pouvoir le faire ! Comment concevoir la vie avec des fleurs muettes ? Surtout que certaines étaient de vraies pipelettes.

La jeune fille écouta la suite du discours, sur la couleur des ailes d’Enzel. Elle ne s’était pas attendue à un développement si pointu, ni à son contenu pour dire la vérité. Elle avait plutôt pensé à une maladie ou à une fleur noire qui aurait teinté la matière fragile. Elle n’avait jamais aperçu de fleur totalement noire cependant, ni entendu parler d’une pathologie modifiant les ailes des fées. Et puis, finalement, elle ne connaissait pas grand-chose de ses semblables. Elle baissa d’ailleurs la tête, se sentant un peu coupable de sa méconnaissance du monde en général. Bien sûr, elle découvrait petit à petit mais peut-être était-elle trop lente. Elle n’avait pas de point de comparaison possible et les questions qu’elle se posait lui semblaient un peu idiotes – et peut-être l’étaient-elles en réalité.

Thalie n’aimait pas vraiment se rappeler ce qu’il s’était passé à l’avènement du printemps. Toutes ces méchancetés qui avaient été prononcées, tous ces actes horribles qui avaient été faits, elle ne savait toujours pas quoi en penser. Elle avait vu la colère, la haine même et la tristesse, le désespoir. Tout ceci l’avait chamboulé, le comportement des autres, le sien, c’était si flou. Seulement, ses yeux marquèrent sa peur lorsqu’Enzel lui avoua que les fées aux ailes noires avaient vu leur jardin détruit. Le fait même d’imaginer ses fleurs dévastées lui faisait mal, la rendait triste, la simple image lui mettait presque les larmes aux yeux. Elle pensait à ses fleurs, à ce qu’elles auraient pu penser si elle n’avait pas été là pour les défendre, à leurs cris de souffrance. Elle était certaine que si quelqu’un osait s’en prendre à son jardin, peu importe comment et peu importe le temps que cela prendrait, elle le tuerait, d’une façon ou d’une autre.

Un brin révoltée, elle s’apaisa cependant un peu, écoutant le fé parler. Cela ne servait à rien de se mettre dans tous ses états pour une simple théorie. Seulement, tout ceci la rendait curieuse. Ca ne l’effrayait pas pour autant. Elle n’aurait su expliquer pourquoi mais… non elle ne savait pas. Elle se sentait simplement un peu peinée pour ces Nyxies. Pourquoi…

« Mais pourquoi personne n’a aidé les Nyxies à se venger ? »

La question semblait peut-être stupide mais Thalie se la posait sincèrement. Si les lois féeriques autorisaient la vengeance, pourquoi plusieurs fées n’aidaient pas celle qui avait tout perdu afin d’apaiser son cœur ? Tournant son regard vers celui qui se trouvait à ses côtés, elle resta un instant sans rien dire avant de reprendre.

« Ca veut dire que vous n’avez pas pu vous venger alors ? Mais comment a été détruit votre jardin ? Quand ? Et vous savez qui est responsable ? »

Thalie était curieuse, elle ne pouvait pas s’en empêcher et elle ne se rendait pas vraiment compte qu’elle pouvait gêner son interlocuteur. Seulement, cela lui faisait tellement peur, cette infime possibilité que son jardin puisse un jour être détruit, qu’elle préférait s’informer. En plus de cela, elle ne s’imaginait pas être capable de tuer quelqu’un, surtout s’il s’agissait d’une grande personne. Mais qui d’autre ? Les fées ne pouvaient pas détruire le jardin des autres… si ?

« Est-ce que… est-ce que ce sont les fées qui détruisent les jardins ? »

Ce serait tellement horrible. Elle ne ferait plus jamais confiance à personne si cela devait être la vérité.

« Et si vous vous vengez, vos ailes redeviendront normales ? Vous voulez que je vous aide ? Peut-être qu’ensembles on pourrait… »

C’était une idée un peu folle qui fit qu’elle ne finit pas sa phrase. Il ne la connaissait pas alors elle se doutait qu’il ne voudrait sans doute pas de son aide. Et puis, elle n’était pas bien forte, elle devait le reconnaître, elle ne lui serait sans doute pas d’une grande utilité. Surtout que lui avait la capacité de grandir, alors qu’elle non – enfin, juste les pieds, ce qui ne les avancerait pas à grand-chose de toute façon. Et puis, elle repensa à sa dernière question.

« Le rite du soleil ? C’est ce qui permet de se venger ? »

Thalie était incapable de penser à autre chose. La nouvelle l’avait mis dans tous ses états et cela se voyait à l’un de ses pieds qui tapotait sur le rocher à un rythme frénétique.

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Mer 05 Nov 2014, 12:35

Je sentis l'horreur de la Fée. Son sentiment de révolte, sa peur, son incompréhension, teintés de la culpabilité de l'innocent qui apprend la dure réalité du monde dans lequel il vit. J'ignorais depuis quand exactement j'avais développé un penchant pour l'empathie magique, mais il semblait que celle-ci se montrait capricieuse et indépendante de ma volonté par moment. Je m'efforçai malgré tout de ne rien en montrer, d'écarter ces émotions qui n'étaient guère les miennes, sans pour autant fermer totalement mon esprit. Rompre tout contact spirituel avec les fleurs en territoire féerique ne faisait guère partie de mes désirs, autant pour des raisons pratiques que sentimentales. Et puisqu'il semblait que la curiosité de la jeune femme l'avait emporté sur la crainte, je n'avais guère de souci à me faire. Quand bien même ses questions s'avéraient être aussi délicates les unes que les autres, quoique les réponses qu'elles cherchaient étaient nécessité. Et bien avant les mots, ce fut un sourire teinté de tristesse et de reconnaissance mêlées qui répondit aux questions de la jeune femme.

« Non, le Rite du Soleil n'a en fait rien à voir avec les Nyxies. J'ai effectivement sauté du coq à l'âne sans la moindre subtilité, ajoutai-je avec un sourire d'excuse, passant une main gênée dans mes cheveux sombres. »

Aussi pointues et détaillées mes explications avaient-elles été, j'avais tout de même réussi à semer la confusion dans l'esprit de la jeune Fée, par maladresse. Quand bien même je m'améliorais d'un point de vue communication, j'avais encore bien des progrès à faire en tant qu'homme de responsabilités... Ce qui, je devais l'avouer, m'embarrassait autant que ma décourageait. Mais ce genre de considérations pouvaient attendre.

« Ce rite est une tradition, que chaque Fée parvenue à une certaine maturité passe, essentiellement pour pouvoir participer aux spectacles féeriques. Qui n'ont, encore une fois, rien à voir avec nos sombres histoires de vengeance peu réjouissantes, ajoutai-je avec un soupçon d'ironie. »

Quelle étrangeté que d'avoir à évoquer en parallèle les deux facettes les plus opposées de notre peuple souvent réputé pour la lumière qu'il apportait aux fleurs et à la nature, notamment au cours des spectacles féeriques. Mais la curiosité de Thalie était telle qu'il m'était impossible de ne pas en tenir compte. Tout comme sa sollicitude m'allait droit au cœur, me surprenant tout autant qu'elle me touchait. C'était bien la première fois qu'une autre Fée me proposait aussi ouvertement son aide vis-à-vis de la perte de mon jardin, une autre Fée qui n'était guère une Nyxie de surcroît. Si j'en étais venu à être apprécié par un certain nombre de mes semblables, la majeure partie de celles-ci préféraient faire abstraction de la couleur de mes ailes et éviter plus ou moins soigneusement le sujet – Loryë, par exemple, n'y octroyait que peu d'importance, sans pour autant l'évoquer. Peut-être cette sollicitude n'était que le fruit de la naïveté de la demoiselle aux prunelles céruléennes, mais elle ne m'avait guère laissé indifférent.

« Mais... votre gentillesse me touche, repris-je avec un sourire sincère. Ceci dit, la destruction de mon jardin remonte à des années et je suis à présent incapable de retrouver les responsables. »

Une demi-vérité valait mieux qu'un mensonge. Le fait que j'ai voulu pendant de longues années aller contre ma nature demeurerait un secret dont je serais le seul gardien, peu d'individus en ce monde étant probablement capable de comprendre les raisons pour lesquelles j'avais préféré ne pas me lancer à la poursuite de ceux qui avaient détruit mon jardin, quand bien même il en avait résulté des souffrances dont j'avais été le seul témoin. Plus que tout, c'était un problème qui ne concernait que ma propre personne et que je ne souhaitais guère partager.

« Sans compter que le mal est déjà fait, mes ailes resteront ainsi jusqu'à la fin de mes jours. Et... peu importe au final. »

Sans compter le fait que je n'avais guère la connaissance d'une Fée ayant parvenu à purifier son cœur et ses ailes en obtenant sa vengeance bien des années après la destruction de son jardin, porter ces ténèbres dans mon cœur n'était guère un fardeau dont je me plaignais. Cette impureté, que j'estimais à présent nécessaire, faisait partie de mon être. Et je n'aurais guère été surpris d'entendre les autres Nyxies partager mon sentiment.

« Il est arrivé, et il arrive encore que d'autres Fées aident leurs semblables qui ont perdu leur jardin dans leur quête de vengeance. Mais il y a mille et unes façon pour que la tentative échoue. La mort du responsable par quelqu'un d'autre, la supériorité magique du responsable, la fuite du responsable... pour ne citer que quelques exemples. »

Ou encore, la politique des précédentes souveraines. Mais loin de moi l'idée de plonger une jeune Fée comme Thalie dans les sombres tréfonds de la politique ou même d'instiller en elle des idées erronées. Je n'étais ni là pour faire de la propagande, ni là pour peindre un portrait sombre et déprimant de la réalité. Ainsi, pour revenir au sujet principal du jour, je levai l'index vers le firmament.

« Revenons à nos moutons. Je ne sais pas si tu connais les spectacles féeriques, qui ont principalement lieu ici, aux Cascades Cristallines. Pour faire simple, nous dansons, la nuit, au-dessus des eaux et des fleurs, nos ailes imprégnées de la lumière du soleil que nous partageons avec nos amies à pétales. En harmonie, symbiose et tout le tralala, mais ça, c'est la partie difficilement explicable, qui se ressent. Et le Rite du Soleil permet et apprend à la jeune Fée de recueillir la lumière du soleil dont elle a besoin pour participer aux spectacles. »

Je marquai une légère pause, afin de laisser la jeune femme assimiler mes explications, avant de reprendre :

« L'idée, c'est de voler là-haut. Le plus haut possible. Et de laisser l'énergie du soleil imprégner votre corps. Je vous accompagnerais au début, et je m'assurerai qu'il ne vous arrive rien. Vous n'êtes pas obligée de vous lancer tout de suite, si vous n'vous sentez pas prête. Et si vous avez des questions, je peux y répondre. En principe. »

J'achevai mes explications avec un sourire. Quand bien même Neibulla avait nombre d'affaires à régler du fait de l'abdication récente de la souveraine, je ne pouvais me résoudre à presser déraisonnablement la jeune Fée. Le rite était important. Ainsi que l'état d'esprit de celle qui devait s'y soumettre.
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Mar 24 Fév 2015, 11:48

Thalie écoutait Enzel patiemment. Elle n'avait, jusqu'ici, jamais véritablement eu l'opportunité de parler à l'une ou l'un de ses semblables. C'était une opportunité qu'elle ne voulait en rien laisser passer. La jeune fée était néanmoins bousculée par tout un tas de sentiments, plus étranges les uns que les autres. Les histoires concernant la destruction des jardins l'avaient complètement chamboulé. Comment pouvait-on ne serait-ce qu'écraser consciemment une fleur ? Les individus qui détruisaient les merveilles de la nature devaient être bien horribles. Elle les imaginait moches et gros, avec la peau verdâtre et des cornes semblables à celles des démons.

Les explications de l'illumina n'allaient pas pour la rassurer. Elle qui était si petite et si faible, si un individu s'attaquait à son jardin, elle ne pourrait rien faire. Mais quitte à voir ses fleurs détruites, peut-être préférerait-elle mourir avec elles. La simple pensée d'un tel malheur était atroce, invivable. Comment avait-il fait pour supporter ça ? Il semblait pourtant si fort, plus qu'elle en tout cas.

Thalie regarda Enzel un moment, comme si elle cherchait à lire en lui. Mais, finalement, elle abandonna sa contemplation. Ce n'était peut-être pas poli en plus de ça. Il la rendait curieuse. Avait-il abandonné ses recherches ? Elle ne pouvait pas comprendre finalement, elle ne pouvait qu'imaginer ce que serait sa vie sans ses fleurs. Mais lui, il le vivait chaque jour que la vie faisait. Elle se sentait triste pour lui. Aussi, elle finit par lui murmurer doucement.

« Si vous voulez, vous pourrez venir voir mon jardin. Il est petit, derrière une maison quasi-abandonnée, mais il est assez mignon à ce qu'il paraît. ».

C'était les mots d'Edgar en réalité. L'homme ne le contemplait que la nuit mais il aimait s'y promener. Le majordome veillait sur son jardin quand elle n'était pas là et rien que ça, ça la rassurait beaucoup. Sans lui, elle ne serait probablement jamais sortie de chez elle. Elle l'aimait beaucoup, lui et ses histoires, même s'il demeurait tout de même mystérieux à ses yeux.

Thalie préférait parler du rite du soleil en réalité, c'était bien plus joyeux, même si elle savait qu'avoir conscience des malheurs qui pouvaient lui arriver était sans doute un privilège. Ainsi, elle pourrait essayer de prévenir au maximum un éventuel désastre. Néanmoins, et c'était la part négative, elle aurait encore plus peur lorsqu'elle sortirait de son bout de terrain fleuri.

La fée fit un non de la tête aux dires d'Enzel. Elle ne connaissait rien des coutumes féeriques. Cependant, elle avait envie d'apprendre pour, elle aussi, se faire accepter parmi les siennes. La fête du renouveau du printemps lui avait laissé un goût amer dans la bouche mais les circonstances étaient sans doute mauvaises pour une première confrontation. Et puis, elle préférait parler seul à seul avec une autre fée, un échange qui permettait de poser des questions, de parler véritablement. Plus qu'en groupe en tout cas. Elle se sentait même déjà proche d'Enzel, comme s'il devenait progressivement un guide pour elle, une figure à qui elle voulait ressembler.

Le rite du soleil lui paraissait être quelque chose d'important et, en vue des explications sur le spectacle féerique, Thalie se mit à devenir impatiente. Elle aussi voulait voler la nuit pour magnifier la nature avec ses semblables. Néanmoins, le soleil lui paraissait bien loin et elle n'avait jamais essayé de voler à des hauteurs vertigineuses. La plupart du temps, elle ne dépassait même pas la cime des arbres. Y arriverait-elle ? Et si elle n'y arriverait pas, est-ce que les autres la jugeraient ? Sa motivation connut à ce moment une baisse fulgurante pour remonter en flèche. Elle ne devait pas penser à ça ! Elle devait essayer et elle verrait ensuite. Et puis, Enzel l'accompagnerait. C'était important pour elle de ne pas se sentir seule. Elle était encore hésitante du fait de sa méconnaissance du monde et des usages des siennes.

« Je suis prête à y aller. Si je n'y arrive pas, je réessaierai plus tard pour pouvoir participer aux spectacles féeriques moi aussi. ».

Elle n'avait pas de questions, elle lui en avait déjà posé tellement. Néanmoins, jusqu'à ce qu'une en particulier ne résonne dans son esprit. Elle aurait pu l'ignorer car elle n'était pas vitale, et ne concernait pas le rite à proprement parlé, mais elle décida de la lui soumettre quand même.

« Pourquoi est-ce que vous m'aidez ? C'est une obligation ou est-ce que toutes les fées peuvent aider leurs semblables ? Que faut-il faire pour aider les autres ? »

Ces questions pouvaient sembler idiotes mais contrairement à d'autres peuples, celui des fées étaient peu centralisé. Il n'y avait pas d'école pour savoir comment devenir une bonne fée. Elle avait vécu toute sa vie – bien que courte encore – dans son jardin sans voir personne. Ses fleurs l'avaient aidé, bien sûr, mais il lui semblait qu'il y avait des choses que seules les fées pouvaient lui inculquer.

Thalie se leva. Elle aussi voulait aider ses cadettes, les fées qui avaient vu le jour après elle. Elle ne savait pas comment faire mais elle espérait qu'Enzel l'éclairerait. En attendant, elle fixa son regard sur le soleil. Il suffisait d'y croire.

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Mar 31 Mar 2015, 16:59


Gentillesse et naïveté. Bien d'autres auraient pu le lui reprocher, moi y compris, si je n'avais pas eu devant mes yeux ce que tout un chacun se devait de préserver : le futur d'un peuple, quel qu'il soit. Aux yeux de bien d'individus, Thalie était une enfant, et même en ces temps qui s'annonçaient obscurs, l'innocence de la jeune génération était un trésor précieux qu'il aurait été souhaitable de chérir et de préserver. L'on pouvait me qualifier d'utopiste, d'idéaliste, mais peu importait. La sollicitude et la tendresse de la jeune Fae étaient pour moi un soulagement certain, alors que mes autres semblables me pressaient, moi et mes consoeurs Gardiennes, de leurs demandes, de leurs revendications, de leurs inquiétude. Savoir qu'au sein de cette tempête persistait un coin de printemps paisible et avoir le privilège d'en profiter était inestimable. Aussi le sourire que j'adressai à la demoiselle en entendant son offre fut des plus sincères, alors qu'en moi naissait le désir de contempler le jardin de la jeune Fae. Peu importait qu'il soit magnifique ou non, qu'il soit grand ou non, qu'il soit majestueux ou non. Le jardin d'une Fae telle que Thalie ne pouvait me décevoir, quand bien même je n'en attendais rien de particulier. Mais si l'invitation de la jeune femme était tentante, je m'efforçais de n'y répondre que par un mot, un seul, puisqu'il aurait été bien égoïste de ma part de m'envoler de ces lieux en abandonnant tous mes devoirs pour partir à la découverte du jardin de la jeune Fae.

« Merci. »

Et au-delà de tous les troubles qui agitaient le peuple faerique en cette heure, le moment présent se devait d'être consacrée à la jeune Fae aux prunelles céruléennes. Si sa sollicitude envers moi était réelle et appréciable, il demeurait qu'elle était celle qui avait besoin d'être guidée. Ce Rite du Soleil serait le sien, et j'estimais que mes propres affaires n'y avaient pas leur place. Et puisque la jeune Fae semblait être prête à s'y lancer, autant ne pas se préoccuper du reste. A plus d'un titre, la demoiselle méritait bien de pouvoir participer aux spectacles faeriques, dans lesquels je l'imaginais parfaitement s'épanouir – au vu du caractère enjoué de la demoiselle, je l'imaginais difficilement résister à l'appel du spectacle et de la danse. Mais encore une fois les questions de la demoiselle me prirent quelque peu au dépourvu.

C'aurait été mentir de dire que je n'agissais pas en guide lors des rites par obligation. Seulement, à mes yeux, cette obligation n'avait rien d'une contrainte, et j'aurais été bien contrarié que de laisser entendre que ma présence n'était rien d'autre qu'une résultante du titre qui était mien. D'autant plus que n'importe quelle Fae ayant effectué son Rite pouvait se permettre d'en guider une autre – quelque part, je n'avais aucune envie de révéler ma position hiérarchique à Thalie, puisque cela n'avait aucune importance pour son rite.

« Si je n'en avais pas envie, je ne vous aiderais pas, répondis-je à la jeune femme, un brin malicieux. Mais en vérité, toute Fae ayant effectué le Rite peut aider ses jeunes semblables à l'effectuer à son tour. Vous aussi Thalie, vous serez capable d'aider les autres Faes une fois que vous aurez volé et dansé. La nature même vous dira si vos jeunes pairs sont prêtes ou non à passer le rite. »

Imitant Thalie, je me levai à mon tour, mon regard suivant le sien, dirigé vers l'astre solaire, parvenu au zénith. Il n'y avait pas de théorie propre au rite du soleil, en dehors des explications que j'avais d'ores et déjà données à la jeune femme. Le reste était une question de ressenti, que les mots ne pouvaient retranscrire. Déployant mes ailes noir de jais, je refermai délicatement ma main sur celle de la jeune Fae aux prunelles céruléennes et m'envolai doucement, l'incitant à déployer ainsi ses propres ailes et à suivre le mouvement.

« Venez, fis-je sans brusquerie, lui adressant un sourire encourageant. »

Une fois parvenus à une dizaine de mètres au-dessus du sol, je donnai une douce impulsion à la jeune femme afin que celle-ci passe au-dessus de moi, et lâchai sa main.

« Allez-y. Montez haut, toujours plus haut. Il n'y a pas de mots pour décrire exactement le Rite, mais au fur et à mesure que vous vous monterez, vous ressentirez la chaleur du soleil, son énergie vous imprégnant. Allez aussi haut que vous le permettent vos ailes. Et n'vous inquiétez pas, je suis derrière vous. »

Rien n'était défini. Chaque Fae passant le Rite finissait par s'épuiser avant de parvenir jusqu'à l'astre de jour, ce qui était parfaitement normal, et suffisant pour accumuler l'énergie solaire. Seule l'Edelweiss Eternelle était capable d'approcher de très près l'étoile du jour, mais la nécessité ne s'en faisait que rarement ressentir. Chaque Fae parvenait à une distance qui lui était propre, dépendant généralement de sa puissance. Mais l'important n'était pas tant la distance que la magie du rite, celle qui permettait à la Fae de briller pour ses fleurs une fois la nuit tombée.
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Jeu 09 Avr 2015, 16:04


S'il était derrière elle, alors elle pourrait le faire. C'est ce que se dit Thalie aux mots d'Enzel. Elle le regarda un instant, flottant à ses côtés. Ce qu'il avait dit précédemment l'avait intéressé. Néanmoins, elle n'avait encore jamais rencontré de ses semblables. Enfin, si, une fois, lors du renouveau du printemps, et cet événement ci avait été un peu spécial. Enzel était le premier Illuminae avec qui elle conversait aussi longtemps. Mais si un jour elle croisait une jeune Fae, non initiée au rite du soleil, si elle le réussissait aujourd'hui, alors peut-être lui expliquerait-elle. Sans réellement les connaître, la jeune Fae éprouvait pour ses semblables une réelle affection. Elle voulait les rencontrer, leur parler, les questionner, voir leur jardin ! Toutes ces choses, elle espérait réellement les faire un jour.

« Je n'hésiterai pas à guider celles que je rencontrerai. »

Elle n'osait pas l'avouer mais elle voyait un peu Enzel comme un modèle. Il était gentil, charmant. Il expliquait les choses avec douceur, en se mettant à son niveau. Il ne la prenait pas de haut. Il était juste présent sans être envahissant ou trop curieux. Elle aimait cette manière qu'il avait de parler, d'une manière calme, non brusque. Plus tard, elle voulait être comme lui, même si elle avait encore un long chemin à faire, elle si naïve et ignorante. Elle devait d'abord passer la première étape. Y arriverait-elle ? C'était la question qu'elle se posait, celle qui l'effrayait. Mais il serait derrière elle. Elle ne risquait rien tant qu'il restait à ses côtés. Elle devait y aller, essayer au moins, même si elle ne réussissait pas du premier coup.

Elle leva les yeux vers le soleil, quittant Enzel du regard par la même occasion. Il semblait si loin, cet astre lumineux. La magie protégeait ses yeux de ses rayons, comme s'il était normal qu'elle puisse le contempler, propre à sa race. Thalie sera ses petits poings, sentant monter en elle une forme de courage, de détermination. Il lui en faudrait pour se frayer un chemin le plus loin possible. Elle allait essayer de combattre la gravité, de vaincre le vent qui voudrait certainement la détourner de son objectif. Elle ne devait pas penser à tout cela. Elle allait y arriver.

Soudain, elle prit une grande impulsion, son corps s'élevant dans les airs. C'était un moment important. Elle ne savait pas comment l'énergie solaire était sensé prendre possession d'elle, mais elle se disait que si toutes les Faes avant elle y étaient arrivées, elle devrait réussir l'épreuve également.

L'air sur son visage lui rappelait ô combien elle aimait voler. Sentir ses ailes pousser son corps dans le ciel, en harmonie avec les oiseaux, les papillons, c'était grisant. Elle en était émue à chaque fois. Thalie ne voyait pas le vol comme quelque chose de banal. Elle adorait ça, le rendait unique à chaque fois. Elle jouait avec les courants, tourbillonnait. Elle l'aurait fait aujourd'hui encore si elle ne devait pas ménager ses forces. Et malgré cela, un large sourire finit par apparaître sur son visage. Elle était si heureuse, si heureuse de s'élever vers les hauteurs.

Parfois, elle se demandait comment les autres créatures faisaient, elles qui ne volaient pas. C'était triste de rester accroché à l'asphalte. Mais comment regretter quelque chose que l'on ne connaît pas ? Tant pis, c'était comme un privilège, accordé à certains. Les autres peuples devaient avoir des avantages que les Faes n'avaient pas. Thalie finit par rire, allant toujours plus haut, toujours plus loin. Ses pensées la préservaient un peu des douleurs de l'effort. Elle aimait tellement voler aussi. Quand on aime, on est plus fort.

Thalie cligna des yeux plusieurs fois lorsqu'elle remarqua une étrange lueur émaner de son corps. Sa vitesse ralentie le temps qu'elle prenne conscience de ce dont il s'agissait. Le processus était en marche, le soleil l'acceptait, lui donnait son éclat ! De plus en plus heureuse, elle prit une nouvelle poussée, redoublant d'effort pour monter encore, son corps brillant de plus en plus. Elle sentait la fatigue mais le fait qu'elle soit essoufflée ne la dérangeait pas pour le moment, fascinée par ce miracle.

Alors elle continua, et elle continuerait jusqu'à ce que son corps ne puisse plus continuer. Ses pensées étaient obnubilées par cet objectif mais la Fae gardait une place pour Enzel. Il était celui qui l'avait guidé dans cette épreuve et, cela, jamais elle ne l'oublierait.

♫ Fin♫
Merci pour tout !

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Le rite du soleil ///Test 2 - Enzel///

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