Rosée du Matin avait faim, mais dans la ville où elle s'était égarée, il n'y avait pas grand-chose pour se sustenter et les humains n'étaient guère prêteurs. Pire que des fourmis, prêtes à sortir leurs mandibules pour vous piquer les fesses! Un vieil homme avait même osé la menacer avec une fourche dangereusement pointue lorsqu'elle avait souhaité croquer dans une pomme qui semblait juteuse. Rosée en avait même salivé d'avance. Mais devant l'aigri, elle avait fui à tirer d'aile pour ne pas se retrouver épinglé dans sa collection de papillon... C'était ce dont il l'avait menacer

« C'était pas un gentil monsieur, aussi piquant qu'une ortie! Il mériterait que je lui en mette une où je pense... Vilain! » critiqua la fée en tirant la langue dans le vide.

L'homme agressif était loin et ne pouvait ni la voir, ni l'entendre. La petite fée était menaçante, mais pas téméraire. Elle avait cependant toujours faim et rien à manger. Rosée en déprima presque, laissant ses ailes tomber mollement derrière son dos et survolant le sol à quelque centimètre à peine.

« Cet endroit n'est pas beau» fit-elle à son compagnon qui hocha positivement la tête devant les paroles de la petite fée.

Il était du même avis qu'elle pour souffrir lui aussi d'un début de faim. Un morceau de fromage, un bon fruit, une racine même serait suffisant, mais il n'avait rien à porter de museau ou de pattes. Il avait lui aussi tenter de chaparder quelques, étant un peu plus agile et roublard que la fée un peu trop ingénue et gentille. Il avait provoquer un cri aigu qui l'avait fait bondir d'un mètre et avait dû fuir lui-aussi à tirer d'aile pour éviter un vilain coup de balai. Même ses ailes de papillon n'avait su le rendre plus agréable aux jeunes femmes qui semblait répugner par son apparence de rongeur. Il ne comprenait pas; il avait pourtant le pelage propre et une jolie queue toute rose. Fruits des Bois émit un petit cri de désespoir et la fée se retourna aussitôt vers lui pour le serrer aussi ferment qu'elle le put dans ses petites mains fragiles;

« Ne pleures pas, tu es très beau et tout propre... Moi je t'aime »

Et elle déposa un baisé sur son museau pointu pour le réconforter. Rosée en profita pour passer ses mains dans son pelage et le brosser correctement avec ses petits doigts agiles. Elle remit quelques poils en place, tendit ses ailes et s'assura que sa queue était dépourvue de saleté. Elle le regarda un instant, lui demandant de relever la tête et de lui faire un petit sourire. Fruits des Bois montra ses deux dents de rongeurs et la fée s'en rapprocha pour les inspecter de plus prêt.

« C'est tout propre là aussi... j'comprends pas pourquoi elle a eu peur de toi!, s'interrogea-t-elle, véritablement perplexe. Hé, mais pourquoi tu caches tes dents?!» s'exclama la fée lorsque Fruits des Bois recula d'un pas en cessant de sourire.

Il ne lui fallut guère longtemps comprendre qu'on les regardait, une ombre apparaissant au-dessus d'elle. Elle se retourna quelque peu intimidée et inquiétée. Un balai? Une fourche? Rosée cligna des yeux incrédule lorsqu'elle remarqua deux énormes billes bleues la dévisager avec un sourire enfantin. Une enfant et avec des oreilles pointues! Une elfe. Rosée du Matin aimait bien les petits elfes pour en avoir déjà rencontrer. Elle tenta de faire la conversation avec la fillette, lui expliquant son envie de manger quelque chose, n'importe quoi... enfin, tant que cela ressemblait à un fruit. Même une miette, cela lui suffirait. Seulement, l'enfant n'avait rien sûr elle. Toutefois, elle lui indiqua la direction à prendre pour rejoindre une auberge où elle pourrait demander à manger. La petite fée la remercia vivement et remplie à nouveau d'espoir ─ à défaut de nourriture ─ elle virevolta à travers les ruelles avec son ami pour rejoindre le lieu désigné.

Ce que la petite fée ignorait, c'était que le lieu était plutôt bondé. Elle tenta tant bien que mal de se frayer un chemin entre les mangeurs, mais un coup de coude sournois l'envoya balader un peu plus loin. Elle perdit le contrôle de ses ailes, ne différenciant plus le plafond du sol et tourbillonnant ainsi dans les airs. Elle ricocha contre une large épaule, rebondit contre la fesse bien fourni d'une servante, fut frapper par un long manteau et termina son extraordinaire voyage dans un bol en argile. Rempli évidemment, sinon ce n'était pas drôle... Cependant, la petite fée n'eut pas le temps de crier à l'aide que l'individu l'attrapa sans délicatesse par les ailes.

« Il y a une mouche dans ma soupe. Oh! Servante!» fit le bourru sur un ton peu sympathique.

Rosée aurait bien voulu lui dire qu'elle était une petite fée et non une mouche, mais il n'en lui laissa guère le loisir et la lança à travers la pièce. Elle atterrit lourdement et sans élégance aucune sur une autre table. La fée se redressa en titubant quelque peu, les bras dressés à l'horizontal, horrifié par le liquide qui dégoulinait. Une rondelle de carotte trônait sur sa tête et un morceau de poireau collait sur son corps, comme un voile. Assurément, elle pouvait lancer une nouvelle mode vestimentaire chez les fées...  Fruits des Bois la rejoignit bien vite, s'inquiétant de son état. La fée remarqua alors l'assiette rempli qui se trouvait à côté d'elle. Qui dit assiette remplie, disait personne qui mange! Rosée prit rapidement les devant pour éviter de subir le même sort que précédemment

« J'suis une petite fée, pas un insecte, me chassez pas! »

918 mots

La petite fée évita de justesse un coup de main, arrêté par une autre, un peu plus grosse et masculine. Rosée se redressa sur ses jambes encore tremblotantes tandis que l’inconnu qui l’avait sauvé lui adressait la parole. C’était la première fois qu’il rencontrait une fée apparemment. Il lui fit remarquer que la vie devait être dure au vu de sa petite taille et s’interrogea également sur sa présence en ce lieu. La petite fée le regarda étonnée, ne comprenant pas vraiment ses questions. Elle ne trouvait pas que sa vie était plus dure à cause de sa petite taille. C’était plutôt à cause de la grandeur des autres et ce n’était pas pareil…

« C’est parce qu’il y a plein de géant ici, mais sinon, c’est pas dure… puis, je peux grandir aussi »

Il était vrai que la fée pouvait changer de taille, mais ne le faisait pas systématiquement. Elle vivait souvent à proximité de la nature et aimait pouvoir se lover dans les fleurs ou les feuilles pour se reposer. Aussi, elle ne voyait pas l’utilité de grandir. Puis, elle risquait aussi de faire du mal à la nature ou à un insecte par inadvertance si elle était plus haute. Pourtant, il était vrai qu’à proximité de gens, prendre quelques centimètres de plus ne serait pas une mauvaise idée.

« Puis, j’ai faim… et on mange ici… je suis donc dans au bon endroit, non ? »

C’était logique, non ? Elle souhaitait manger et l’on servait à manger dans ce lieu… Que demander de plus ? A par peut-être un coin pour fée ou être de petite taille pour éviter les collisions. D’ailleurs, Fruits des Bois lui rappela qu’elle avait une étrange rondelle dans les cheveux. La petite fée l’en détacha et offrir le morceau de carotte à la souris qui entreprit de la manger s’en attendre. L’avantage d’une carotte cuite, c’était que cela demandait moins de force dans les dents. Rosée retira également le morceau de poireau qui lui collait à la peau et essaya de se donner une meilleur beauté. Elle sentait un peu le potage, ce n’était pas la même chose que le parfum des fleurs, mais au moins, ne sentait-elle pas la viande fumée. Elle se retourna vers l’inconnu qui l’avait sauvé, se disant qu’il ne devait pas être méchant, du moins, pas autant que les deux femmes qui l’accompagnaient et semblaient regarder d’un très mauvaise œil le souris papillon.

« Ils ont l’air bon vos raisins, commença-t-elle timidement, je peux en avoir un ? »

Elle préféra jouer la prudence, d’autant plus qu’une des jeunes femmes n’avait pas l’air particulièrement intentionné à son égard, fronçant même les sourcils. N’était-elle donc pas partageuse ? Il y avait pourtant assez de raisins pour tout le monde. La petite fée sursauta, manquant de faire un arrêt cardiaque, lorsqu’un individu se mit à crier. Elle crut un instant que c’était Fruits des Bois qui avait à nouveau effrayé quelqu’un lorsqu’elle réalisa qu’il était toujours près d’elle. Le criard se plaignit que son poisson frétillait. La petite fée ne voyait rien, mais aperçut d’autre personne qui sursautait comme elle en s’exclamant que leur viande prenait vie. Que se passait-il donc ? Puis, le sol tremblait… Du moins, pour la petite fée qui s’envola aussitôt pour éviter de chuter une nouvelle fois sur la table. N’ayant d’autre endroit, elle s’installa sur l’épaule de l’inconnu. Il n’avait pas tout à fait tort, plus haut, on était tout de même un peu mieux. Elle vit alors un sanglier sortir d’une pièce en défonçant la pièce et en brisant tables et chaises sur son chemin. Les gens étaient affolés, criant, hurlant et gesticulant pour atteindre la sortie. Parmi la foule, un individu tint un étrange discours, parlant de ce que l’on faisait aux animaux et qu’il fallait rejoindre les végétariens. La petite fée ignora la définition exacte de ce mot, mais cela devait être une personne qui aimait les animaux.

« Il s’est passé quoi là ? C’est toujours comme ça ici ? » s’interrogea-t-elle peu connaisseuse des coutumes des hommes.

681 mots

Apparemment donner vie à des animaux dans des assiettes n’était pas une coutume locale. Chose bien dommage car la petite fée trouvait que cela était plutôt une bonne idée. Elle aimait et respectait beaucoup la nature, aussi, le fait de pouvoir réanimer les animaux lui semblait bien. Ce qui n’était pas le cas de l’homme qui lui faisait face. Il insulta celui qui était responsable de tout ce raffut, l’air peu ravi de la situation. Elle hésita à lui faire remarquer que manger moins d’animaux morts n’était pas plus mal, car il lui avait tout de même offert un raisin et combler ainsi sa faim. Toutefois, elle fut horrifiée lorsqu’il lança un couteau en pleine tête du sanglier. La petite fée fut à deux doigts de lutin de s’évanouir devant une telle horreur et mit ses mains sur ses yeux pour ne pas voir le sanglier s’écrouler. Pauvre bête qui ne méritait pas cela. Rosée aurait bien voulu faire remarquer à son bienfaiteur que l’on ne faisait pas cela, elle n’eut pas l’occasion. Déjà, parce que son petit cœur ne s’était toujours pas remit de la scène et que sa respiration rapide l’empêchait de parler. Ensuite, parce que l’homme attrapa un second couteau et le lança cette fois sur le mystérieux individu qui avait provoqué tout ce remue-ménage. Heureusement, il disparut aussitôt et l’arme termina sa course sans rien atteindre. Cela rassura la petite fée qui se promit de faire une leçon de savoir vivre au monsieur mangeur de viande. Elle fit battre ses ailes et se planta devant le visage de son ami, le doigt levé en signe de désapprobation de ses actes.

« Ce n’est pas gentil ce que tu as fait là ! Faut pas lancer des couteaux ainsi vers les gens ou les animaux, rajouta-t-elle en mémoire du sanglier. Ils n’avaient rien fait de mal. Le sanglier, il était juste effrayé, fallait lui parler et le rassurer. Et puis, le monsieur là, il voulait juste qu’on fasse plus de mal aux animaux… C’est bien ça aussi. Faut pas être aussi méchant. C'est pas bon pour le moral...»

Puis, la petite fée s'interrogea sur la manière dont l'homme si était pris pour faire son tour. S’il n’était pas coutume de ranimer les plats de viande, alors ce n’était pas tout le monde qui pouvait se permettre de faire cela. Il devait avoir un secret et Rosée serait bien tentée de rejoindre sa cause. Des fruits et des légumes pour unique repas, elle était bien partante. Le monde serait tellement plus beau si tous ne se nourrissaient plus que de cela ! Cependant, il fallait aussi savoir manger les fruits avec parcimonie. Le mystérieux homme respectait-il les fruits et les légumes ? Les cueillait-il seulement lorsque ceux-ci était parfaitement mûr sans faire de mal à l’arbre qui les portait ? C’était des questions importantes et la petite se devait de vérifier cela.

« Je dois retrouver cette personne… Tu veux bien m’aider ?» demanda-t-elle à l’homme en face d’elle.

Elle se méfiait parfois des humains, mais pas forcément de ceux qu’elle devait vraiment. La petite fée était plutôt naïve et pour elle, toute personne qui était sympathique avec elle n’était donc pas une méchante personne. Elle savait très bien que seule, elle se perdrait en chemin. La compagnie d’un homme lui serait donc utile. Que cela fut pour retrouver la trace de l’homme que pour l’aider lors d’une situation plus délicate. La fée n’était pas guerrière et plutôt maladroite. Et puis, comme cela, elle pourrait en chemin lui expliquer qu’il ne fallait pas lancer des couteaux ainsi, à tout va sur les gens ou les animaux.

« J’aimerai bien savoir comment il a fait pour donner vie aux poissons cuits, pas toi ? » lui demanda-t-elle, une certaine curiosité pointant dans sa voix.

La petite fée battit des ailes avec entrain et fut bien vite rejoins par son ami Fruits des Bois qui avait profité de la zizanie au sein du restaurant pour boulotter quelques raisins. La fée remarqua deux trois pépins restés collés dans ses poils et un peu de jus qui tâchait ses fines moustaches. Rosée lui fit des gros yeux

« Tu finiras aussi gros qu’un blaireau ! lui fit-elle remarquer.
─ Cruunch» se défendit le souriceau ailé.

708 mots

Rosée du Matin ne comprit pas tout de suite l'ironie de ses paroles lorsque le démon lui répondit un «ce n'est pas bien patati et patata». Cela ressemblait plus à une chanson et elle hocha simplement la tête, comme pour essayer de trouver le rythme de ce tout nouveau chant. Elle déchanta cependant très rapidement lorsqu'il reprit la parole pour lui démontrer que ce que l'autre individu avait fait n'était pas très bien. Il lui donnait d'ailleurs l'exemple de grappe de raisin qui deviendrait vigne sous son nez. La fée pencha la tête sur le côté, cherchant à savoir si ça la dérangerait vraiment. Elle aimait beaucoup la nature et ne se nourrissait pas uniquement de fruits, elle savait aussi se satisfaire de légumes et autres racines que mère nature lui offrait tendrement. Elle saurait apprécier de revoir les branches délicates d'une vigne et de l'aider à donner de nouveaux fruits. Fruits des Bois, lui, fut plus pragmatique et grinça rapidement des dents. Pour lui, il était évident que faire revenir des raisins à l'état de vignes n'était pas une bonne idée! C'était qu'ils étaient rudement bons ces petits fruits verts et juteux. Rosée du Matin lui reprocha aussitôt de ne penser que par son estomac.

Le démon continua son discours, en parlant du sanglier et en avouant qu'il était paniqué lui aussi. La fée pencha une nouvelle fois la tête, naïve. Elle ne s'était pas aperçu que le jeune homme était paniqué; il semblait avoir un si grand contrôle de lui même... Les apparences étaient trompeuses, une fois encore. Il avait agi par instinct... Il s'était senti en danger, il s'était protégé par réflexe. Il était vrai que dans la nature, tout n'était pas rose. Certains animaux avaient besoin de manger les autres, plus petits, plus faible.

« Bah oui, mais, les animaux, ils tuent pour manger et là... ah bah, oui, il devait être mangé avant», réalisa-t-elle alors.

Le sanglier était censé être le repas de quelques affamés en ce lieu. Il était revenu à la vie... pour mourir une seconde fois. Ces terres étaient vraiment très complexes, trop même pour son petit cerveau qui n'arrivait plus à savoir si la mort du sanglier était bien ou pas. C'était perturbant!

Heureusement, le démon semblait lui aussi intrigué par le pouvoir du mystérieux allié des végétariens. Sauf que lui, ce n'était pas uniquement dans le but de comprendre, mais bien aussi de lui éclater sa face, apparemment. Les termes utilisés choquèrent la petite fée qui le regardait avec de gros yeux horrifiés. Rosée du Matin n'avait pas l'habitude de la violence. Décidément, il n'appréciaient pas que l'on se fût pris à sa nourriture. Il argumentait même sur le fait que les animaux s'entre-tuant dans la nature, il avait tout à fait le droit de le faire également... Logique imparable quoique peut-être un peu primaire.

La petite fée tremblota légèrement des ailes en voyant le regard du démon. Il n'avait pas l'air méchant, mais l'air sérieux qu'il prenait ne lui disait rien de bon. Elle craignait une baffe pour l'envoyer paître un peu plus loin, mais ce ne fut pas le cas. Malgré leur opinion différent, il semblait ouvert à la conversation. Tout n'était donc pas perdu. Sous ces airs agressifs, il était prêt à l'emmener vers l'inconnu afin de lui permettre de lui parler. La fée en fut très joyeux, prêt à bondir de joie à cette idée. Son bond s'arrêta cependant avant même d'avoir été réalisé lorsqu'elle entendit le démon ajouter l'envie de lui faire la peau. Le terme tuer lui fit même mettre ses mains devant sa bouche, totalement horrifié. Ses yeux s'écarquillèrent encore un peu plus lorsqu'il précisa qu'il ne voulait pas la tuer elle, mais qu'il se sentirait obligé si elle s'opposait à sa décision. Dans quelle situation venait-elle de se mettre?

Encore sous le choc de toutes ses informations, elle restait silencieuse, perdue dans ses pensées. Elle ne savait plus que penser de cet homme. Etait-il bon ou méchant? Il ne l'avait pas tuer, du moins pas encore, et il était même prêt à l'aider à retrouver un individu... C'était qu'il avait un bon fond quelque part. Et de l'intelligence aussi. Avant de partir, il prit de la nourriture et de l'eau pour la route.

« Ah bah oui, pas bête ça, dit-elle en le regardant faire. Après, la nature pouvait aussi nous nourrir en chemin... mais c'est vrai que tu dois manger plus que moi», ajouta-t-elle devant la carrure du démon.

Et puis, la petite fée n'était pas totalement contre l'idée de savoir que des fruit se trouvaient à proximité d'elle et facile d'accès en cas de petit creux. Fruits des Bois aussi appréciait l'idée et lorgnait déjà sur le sac de provision. Rosée du Matin le remarqua et le mit aussitôt en garde.

« Interdiction de te cacher dans ce sac Fruits des Bois, tu vas tout manger et c'est pas bien, faut en laisser pour les autres! Je te surveille»  lui dit-il en le menaçant d'un petit doigt inquisiteur.  

Le petit rongeur baissa la tête et accepta de suivre son amie sans se faufiler dans l'ouverture du sac. Pourtant, ce n'était pas l'envie qui lui manquait, tant l'appel des fruits mûrs était tentant. La petite trouve était prête à partir et ravi de cette nouvelle aventure la petite fée en avait presque oublié l'envie de meurtre du démon. Elle avait la mémoire plutôt faible, d'ailleurs, elle n'avait pas réaliser qu'elle ne s'était pas présenté à lui. Ce fut uniquement lorsqu'il l'interrogea qu'elle émit un «roh» enfantin et étonné.

« Je ne me suis pas présentée? Quelle maladroite je fais! Je suis Rosée du Matin et lui, c'est Fruits des Bois. Pour le chemin, je crois qu'il est parti pas là... Je vais demander confirmation.»

Sans attendre un mot du démon, la petite fée voltigea jusqu'à une plante quelques peu malmené et l'aida à redresser ses pétales tout en l'interrogeant. Elle fut horrifié d'apprendre que l'individu avait filé sans regarder où il mettait les pieds! Elle embrassa la petite plantes, passant une main douce sur ses pétales froissés pour que la fleur pût s'en remettre plus facilement. Elle revint ensuite prêt du démon.

« Il est bien partie par là et il a écrasé des plantes... Je crois que tu as raison, il n'est pas si gentil que ça. C'est pas gentil de marcher sur une jolie fleur n'est-ce pas..., émit-t-elle tristement avant de chercher le prénom du démon dans sa mémoire. Elle réalisa alors qu'il ne s'était pas non plus présenté ou du moins, qu'elle ne lui avait pas laissé le temps de le faire. Oh, mais et toi? Comment tu t'appelles? »

1109 mots

[hrp: ah ben, finalement, j'ai réussi à terminer ma réponse aujourd'hui XD]

Yami, tel était le prénom du jeune homme qui allait l’accompagner dans cette drôle d’aventure à la poursuite d’un individu qui avait la capacité de ramener la nourriture à la vie. Yami, cela rimait avec ami ! Sûr, pour la petite fée naïve, cela était un signe de mère nature. Elle secoua la tête vivement devant cette rime amusante et signe de bonne entende. Il pointa la direction qu’elle avait indiqué pour confirmer et étrangement, Rosée du Matin eu l’ingénu réflexe de suivre le doigt et de regarder le chemin ainsi désigné. Elle hocha la tête positivement, perdant une brindille mal fixé dans ses cheveux.

« Oui, c’est le chemin que la pauvre petite fleur m’a indiquée » dit-elle en faisant fi de la brindille perdu qui permettait ainsi à l’une de ses mèches de jouer les rebelles.

Il trouverait bien une chose à remettre dans ses cheveux pour les recoiffés convenablement durant le petite escape pour retrouver le mystérieux personnage aux étranges capacités. De ses yeux fascinés, elle regarda Yami prendre son compagnon pour le déposer sur son épaule afin qu’il pût reposer ses ailes et les suivre sans se fatiguer. Quel humain charmant ! La fée soupira, ravie et ses yeux ambrés pétillèrent. Cela faisait du bien de croiser le chemin d’un être gentil après avoir été chassé à coup de balai comme un vilain insecte. Il lui déposa même une caresse sur le bout du museau, qui ne fut pas pour déplaire à la souris papillon qui adorait être cajoler, même s’il avait une préférence pour les doigts de la fée lorsque celle-ci lui gratouillait affectueusement le ventre. La fée voltigea avec élégance dans les airs et profita de la gentillesse du dénommé Yami pour se poser à son tour sur son autre épaule, afin de se reposer elle aussi. Le voyage risquait d’être long et puis, elle ne pesait pas grand-chose. Rosée agrippa toutefois le vêtement de son porteur, pour éviter une éventuelle chute car elle se savait un tantinet maladroite par moment.

« Ah bah… je suis… comment dire, un petit peu maladroite et je me suis égarée dans ce lieu. Et j’avais faim et quand j’ai faim… je ne sais pas allée loin. J’ai besoin de nourrir mon ventre, sinon il n’est pas content et il grogne. Alors, j’ai cherché à manger ici, mais les gens ne sont pas gentils, ils ne voulaient pas que j’aille cueillir leur fruit. C’est dommage, parce qu’il était mûr. Et les fruits, quand ils sont murs, il faut les manger, sinon ils deviennent blets ! Mais je ne crains pas les plus grand que moi, je sais me défendre, j’ai une épine de rose. »

Et comme pour prouver ses dires, elle quitta l’épaule du démon pour virevolter devant lui et lui montrer sa terrible arme contre les téméraires qui oserait sans prendre à elle. Sûr, cela en devait effrayer plus d’un et si l’épine ne suffisait pas, elle avait un autre atout à sa ceinture. Un lance-crotte créée par ses mains et donc Fruits des Bois était le fournisseur de munition officiel. Rosée du Matin lui montra également cette arme, certaine d’être parée à toute attaque, tandis que son compagnon couinait de rire. La petite fée n’était pas une guerrière et lorsqu’elle devait se servir de ses armes, elle les utilisait bien cachée derrière un buisson pour être sûre de ne pas être vue et s’enfuyait à tire d’aile si son ennemi venait à s’approcher trop près de sa cachette. Elle avait bien trop peur de finir piquée sur une brochette et mangée par un humain affamé et sans pitié envers les petites fées. Mais elle n’allait certainement pas avouer tous ses défauts à son nouvel ami alors qu’ils s’apprêtaient à vivre une magnifique et grande aventure ! La petite fée était curieuse et ne voulait pas que l’humain la laissât sur le bord du chemin pour la préserver. L’homme était certainement bien assez fort pour la protéger et la défendre contre les attaques. Elle n’avait donc rien à craindre et retourna se percher sur l’épaule de son protecteur.  Ce dernier repris la parole pour lui demander de l’avertie en cas de changement de direction, car sans cela, il continuerait tout droit. Sauf s’il y avait un mur. Elle pencha la tête tandis qui lui assura qu’elle comprendrait ses dires. En réalité, la fée n’avait pas trop compris ce que venait faire cette histoire de mur dans la conversation… Rosée du Matin fit donc de son mieux pour le guider, selon les indications que lui transmettait les plantes qui les entouraient.

Le voyage se passait plutôt bien, même si le démon était plutôt bruyant lorsqu’il croquait dans sa pomme. Celle-ci était juteuse et l’odeur sucrée existait le petit souriceau dont les moustaches s’agitaient avec envie. Il aurait bien était mettre son museau pointu sur la nourriture de Yami, mais la petite fée s’était penché pour regarder son ami et lui faire signe de ne pas bouger. Voler la nourriture d’un ami, ce n’était pas très gentil. Cependant, elle ne remarqua par l’arbre sur le chemin du démon et celui-ci se le prit de plein fouet. La fée virevolta inquiète tandis que Yami lui fit signe que tout allait bien, qu’il n’avait rien. Il fit d’ailleurs comme si de rien n’était et se contenta de demander le chemin. La fée écarquilla les yeux. Ce n’était pas pour le démon qu’elle s’inquiétait, mais plutôt pour l’arbre qui avait été si violemment cogné.

«  Mais mais mais… bégaya-t-elle offusquée. Tu pourrais au moins dire pardon à cet arbre ! Tu lui as foncé dessus ! »

Elle se dirigea vers l’arbre, lui caressant le tronc de ses doigts féeriques pour le rassurer. Rosée du Matin s’excusa pour la brutalité de son ami Yami, lui susurrant des mots doux et rassurant. Lorsqu’elle eut fini son câlinage d’arbre, la petite fée tourna la tête vers le démon.

« Tu lui as fait mal, c’est sensible un arbre ! »

Comme pour répondre aux remarques de la petite fée, l’arbre secoua ses branches d’un air menaçant, perdant quelques feuilles et brindilles au passage. A moins bien sûr que cela ne fût que le vent. Pourtant, Rosée du Matin assura que le démon risquait de chuter sur une racine ou de se prendre une branche en pleine tête s'il n’avait pas la politesse de s’excuser. Et il fallait être gentil avec l’arbre, puisqu’il était prêt à tendre une branche dans la bonne direction, lui qui avait déjà fait chuter l’autre malotru lorsque celui-ci avait piétiné l’une de ses nombreuses racines dans sa précipitation. Fruits des Bois, lui, ne s’intéressa guère à cette échange, bien au contraire. Gourmand, il profita de ce moment de discussion pour tendre le museau vers la pomme que tenait le démon. Il salivait d’avance devant l’odeur succulente de ce fruit mûrir à point et donc la chair déjà croquée à pleine dent relevait toute sa saveur. L’anima était en appétit et l’appel de la nature puisant. Fruits des Bois rêvait de sentir ses dents pointues se planter dans la pomme et discrètement, il s’avança pour réaliser ses désirs nutritifs…

1190 mots

En ce jour merveilleux, deux petites créatures étaient ravies. L’une parce que ses dents pointues avaient pu avoir accès au fruit tant convoité que l’homme avait déposé à sa portée. Un saint homme ! Un Aether presque pour le souriceau aux ailes diaprées qui saurait le remercier et retenir à jamais ses crottes pour ne jamais s’assouvir sur son épaule. Fruits des Bois grignota la pomme aussi vite que le lui permettait son étroite mâchoire, s’en mettant plein les moustaches. Rosée du Matin émit un « ooooooh » de ravissement et de joie d’une naïveté inimitable, car il fallait pour cela être une fae, et encore… Certaines étaient surement plus réfléchies et méfiantes. La petite rouquine absolument pas et ce n’était pas l’arbre qui l’a contredirait. Lui aussi se laissait adoucir par les excuses de l’homme. La fae avait un don indéniable pour rendre les gens gentils et respectueux.

D’ailleurs, il accepta la requête du jeune homme et murmura des paroles incompréhensibles tandis que le vent s’engouffrait dans son feuillage. La fae sautilla de joie dans les airs en faisant battre ses ailes à vive allure. Elle était heureuse de la tournure des événements, tous se passait bien et sa curiosité était de plus en plus attiser. L’individu aux étranges capacités n’étaient pas très loin, il avait un repère dans le coin. L’arbre ne sut dire où avec précision, ses racines ne lui permettant pas de se déplacer pour voir plus loin, mais il savait que l’homme passait régulièrement par ici. D’autres personnes le rejoignaient parfois. La petite fée hocha la tête.

« Faut aller par-là ! dit-elle au démon en pointant du doigt la direction à suivre. Nous sommes proches du but, d’après notre ami le chêne, son repère n’est pas loin. »

Elle remercia l’arbre pour son aide et s’excusa encore pour le petit incident de collision avant de lui dire au revoir. Le démon fit de même, récoltant ainsi une nouvelle vague d’admiration de la petite fae plus que ravie. Elle s’installa une nouvelle fois sur l’épaule de l’homme, tandis que Fruits des bois, repu, virevolta difficilement vers l’autre épaule. Il avait le ventre bien rond, les moustaches et les poils du museau encore couverte de chair de pomme. Il s’était régalé et grinça des dents pour remercie le démon de lui avoir si gentiment permit de manger le fruit.

« Fruits des Bois te remercie pour la pomme ! traduisit la petite fae. Mais faut pas céder comme ça, après il va devenir tout gros et ses ailes ne sauront plus le porter, puis il viendra toujours te taquiner pour quémander à manger. C’est un goinfre ! Si t’es un goinfre ! insista Rosée du Matin devant le grincement de dent mécontent de son ami.

Pour lui, son amie Rosée exagéré. Il ne mangeait jamais plus que ce que son estomac pouvait contenir, ce n’était pas de sa faute si son estomac avait une grande capacité ! Puis, voler, cela demandait beaucoup d’énergie. D’ailleurs, il fit une nouvelle fois aller ses moustaches devant une odeur alléchante. Du coin de l’œil, la petite fae surpris ce mouvement et s’empressa de virevolter à ses côté pour le réprimander.

« Toi, tu as senti à manger ! Mais faut résister à cet appel, tu as déjà mangé une pomme, c’est suffisant. Faut pas abuser des bonnes choses de la nature, tu le sais très bien. Un fruit par jour c’est suffisant.
— Crunch, cruuunch
— Comment ça, cinq fruits et légumes par jour ? T’es pas un humain, toi, t’es une souris papillon ! »

Le petit animal soupira, déçu pour une fois de ne pas être un humain. Cela devait être si bien de pouvoir dévorer des tonnes de fruits par jour. Le rêve absolu. Il fit encore aller ses moustaches, l’odeur devant plus forte, au point que même la fae put reconnaître les saveurs des fruits juteux…. Sauf qu’il n’y avait pas d’arbre fruitier à l’horizon. Elle tourna la tête, cherchant du regard un arbre quelconque avant que son esprit s’illumine comme un rayon de soleil.

« Il y a des fruits. Des gens mangent des fruits, c’est certainement ceux qui ont fait revivre le sanglier ! s’exclama alors la fae tout en posant sa main au-dessus de ses yeux pour essayer de voir plus loin sans être gêner par la luminosité qui régnait alentour. De fait, il semblait y avoir à l’horizon une chaumière, ou une cabane. Cela avait l’air rustique, fait main probablement et vaguement instable, même un tantinet tordu, comme si la maison penchait du côté où elle allait choir.

« Sûr, ça doit tenir par habitude ça ! On entre comment, on se présente? » demanda-t-elle un doigt interrogateur posé sur la bouche.

La fae était peu habituée aux règles sociales qui régissaient le monde des humains. Elle vivait et dormait dans des pétales de fleur ou en haut des branches, à l’abri du feuillage des arbres. Elle avait rarement l’occasion de pénétrer dans des demeures. La seule maison dans laquelle elle était rentrée, c’était par la fenêtre, laissée ouverte par le propriétaire à son attention. Ici, personne ne l’attendait, aussi, la fenêtre était close.

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A sa question sur la manière de se présenter et d’entrer dans le repère, le démon avait une façon bien à lui et très particulière. Cependant, il semblait que cela fût ainsi que l’on rentrait. Du moins, il n’y avait pas trente-six mille façon de faire, ce qui arrangeait plutôt la petite fae qui ne se voyait pas retenir un nombre si impression de manière d’entrer. Enfin, cela marchait avec les personnes qui avaient fait des choses mal… La fae pencha la tête, quelque peu sceptique. L’homme avait fait du mal ? Il lui fallut un instant de réflexion avant de se remémorer que oui, faire revivre un sanglier dans un restaurant, ce n’était pas bien ! Curieuse, Rosée du Matin observa les faits et gestes de Yami pour voir la procédure à suivre.  Il se para d’une arme puis, une fois devant la porte, l’ouvrir d’un coup de pied. La petite fae écarta les yeux, impressionnée. Certes, il ne fallait pas grande force pour rivaliser avec la frêle porte déjà bien décharné par le temps, mais tout de même. Pour une aussi petite créature qu’elle, cela restait impressionnant. Surtout lorsque le geste était accompagné d’une grosse voix.

La petite fae regarda la porte, imitant le démon dans le vide pour reproduire le geste. Sait-on jamais, cela pourrait lui servir un jour. Fruits des Bois la regarda, inquiet tandis qu’elle leva la jambe pour taper un ennemi invisible. Cela ne donnait pas vraiment le même effet… Assurément, il manquait quelques choses dans sa manœuvre. La grosse voix peut-être, ou les muscles. Sa carrure ne valait pas celle du démon et elle s’empressa de le rejoindre afin de voir l’intérieur des lieux, non sans continuer de balancer sa jambe dans le vide pour s’entraîner à ouvrir les portes. Lorsqu’elle croisa le regard du mystérieux individu, elle s’arrêta et ses yeux pétillèrent de joie devant ce magicien incroyable qui ramenait les plats à la vie. Rosée en oublia même toute méfiance pour se laisser aller à son péché mignon : la curiosité. Fruits des Bois tenta de la retenir, mais ne réussit qu’à lui arracher un morceau de pétale de sa robe.

« Oh ! C’est vous le monsieur de tout à l’heure?,lui demanda-t-elle à quelque centimètre de son visage.
— C’est moi que t’appelle l’abruti ? » répondit l’homme visé sans même accorder un battement de cil à la petite fée joyeuse.

D’un coup de revers de main, il expulsa Rosée de son champ de vision pour pouvoir mieux regarder le démon qui avait envahi son territoire en détruisant la porte de sa demeure. Rosée du Matin ne comprit pas ce qui lui arrivait, en un instant, elle traversa la pièce pour terminer sa course folle dans le noir. Lorsqu’elle se redressa, ses mains ne touchèrent que des parois de tous les côtés. Elle tapa, tapota, cogna, mais rien n’y faisait, à par soulever de la poussière qui la fit éternuer. La pauvre petite avait chu dans un vieux vase et son inquiétude devant cet endroit inconnu lui fit perdre ses moyens. Rosée ne pensa même pas à se servir de ses ailes pour sortir de là, ni à lever les yeux pour voir qu’il n’y avait pas de plafond au-dessus de sa tête !

« Où j’suis, aidez-moi, sortez-moi de là ! Fait tout noir et tout sale ! lança-t-elle d’une voix étouffée par le récipient.

Fruits des Bois fut le premier à réagir avec toute la vivacité d’une souris croisée papillon. Il virevolta à son tour vers l’individu mal poli, les dents grinçantes et la queue mécontente. Il reçut le même sort que la petite fée, un revers de main qui l’envoya à son tour dans le pot de fleur ancestral.

« Aieuh ! Qui m’attaque ? Oh, c’est toi Fruits des Bois ! Par où t’es rentré ? Comme ça, tu ne sais pas ?! »

Tandis que la petite fée cherchait toujours la sortie avec son ami, l’homme fit un pas vers le démon en reniflant bruyamment, comme si une odeur nauséabonde le dérangeait.

« C’est toi qui attire les mouches ainsi ? »

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A l’intérieur du vase, les sons arrivaient étrangement et la petite fée avait bien du mal à comprendre ce qui pouvait se passer à l’extérieur. De ses mains fragiles, elle cogna les parois à plusieurs reprises, cherchant après une issus qu’elle ne parvenait guère à localiser et la peine commençait doucement à l’envahir. Quelques larmes perlèrent le long de ses joues tandis qu’elle se laissa tomber sur le sol poussiéreux à côté de son ami Fruits des Bois qui se blotti contre elle pour la rassurer. Rosée n’aimait pas être enfermé, elle voulait savoir ce qui se passait. Un son étrange l’intriguait, comme un rire puissant. Quelqu’un rigolait, mais pourquoi ? Cela l’ennuyait de ne pas savoir, elle curieuse de nature. Elle se redressa, tourna dans son vase et choppa sur la queue de Fruits des Bois.

« C’est très étroit ici ! lui fournit-elle comme unique excuse, et… aaaaaaaaaaah des doigts géants ! »

La petite fée hurla terrifiée en voyant trois gros doigts boudiné s’infiltrer dans sa prison, sans même la prévenir. Ceux-ci l’attrapèrent toutefois délicatement par les ailes, mais cela ne la rassura pas plus. Elle n’appréciait pas vraiment d’être ainsi transporter, mais elle n’avait pas le choix. Alors qu’elle redécouvrait la lumière du jour, une autre main plongea à son tour dans le vase pour rechercher son compagnon.

« Mords pas, ils vont te sortir de là ! » lança la petite fée à son ami afin de le rassurer.

Elle sentit ses pieds toucher une surface molle et rosée qui n’était autre que la paume d’une main. Voilà qui était bien mieux pour se sentir plus à l’aise. Rosée du Matin profita de cet instant de répit pour observer tout ce qui se passait autour d’elle, car la fée ressentait comme  un malaise, ne serait-ce pas les regards échangés à travers la pièce. L’homme qui l’avait envoyé paître d’un revers de main invoqua l’énervement pour justifier son comportement, infirmant même que ce n’était pas de sa faute. Pourtant, Rosée avait bien vu que c’était sa main et non celle d’un autre qui l’avait propulsé dans ce vil endroit poussiéreux. Elle s’offusqua immédiatement devant de telle parole, cet homme était un vilain comme pouvait l’être certain. Son attitude n’était pas jolie du tout, mais le démon le remis bien vite à sa place. Fidèle à l’image que la petite fée avec de lui, il défendit fleur et arbre que le malotru avait malmenés. Rosée soutint rapidement les propos de Yami, en confirmant ces dires devant ses sauveurs.

« Et ce n’est pas joli joli du tout du tout ! Faut respecter la nature, les animaux, les fruits et les plantes » rajouta la petite fée.

Les hommes autour d’elle semblèrent convaincus par ses propos, car ils secouèrent la tête, l’air gênés. Ils avaient souvent pris la défense des animaux persécuté, mais leur chef n’avait, semblait-il, jamais réellement pris la peine de protéger la nature plus loin encore en épargnant fleurs et arbres durant leur passage. Yami enfonça le clou en ajoutant que faire revivre les animaux n’étaient pas non plus un acte de plus sain. La fée ne répondit pas à cette réplique, car elle n’était pas vraiment sûre de la position à prendre concernant ce fait. Elle avait trouvé bien de faire revenir à la vie des morceaux de viande, puisque les animaux charcuté pour nourrir les humains n’avaient rien demandé… Seulement, le démon lui avait démontré que c’était dans la nature des choses de manger et être manger. Aussi, elle préféra laisser les humains réfléchir aux paroles de son ami le démon. Puis, sans qu’elle en comprît la raison, l’homme défendeur du végétarisme et des animaux s’empara d’un couteau et bondit sur Yami. Elle cria, terrifié par l’attaque et ferma même les yeux lors d’échange trop violent. Les hommes restés près d’elle ne devait pas connaître grand-chose à la violence, car ils restèrent aussi surpris que la fée, restant pantois devant ce combat soudain. Puis, cela tourna au drame. Le démon toucha son agresseur et lui transperça le visage de son arme. La violence, les armes, le sang… C’en était trop pour la fée qui vacilla sur ses petites jambes et tourna de l’œil sous les regards terrifiés des alliés du défunt.

« La fée est morte ! s’écria l’un des plus jeunes et probablement le plus impressionnable.
— Mais non, on ne meurt pas comme ça… répondit un autre à la voix pourtant sceptique et peu convaincante
— Une fée c’est fragile » lança pensivement un troisième homme ;

Le groupe angoissait déjà à l’idée de subir les foudres du démon qui était venu avec la fée et qui s’était déjà emparer de la vie de leur chef. Certes, ce dernier semblait avoir été guidé par la folie pour s’en prendre ainsi à un démon et envoyer valser une fée. Il avait probablement eu ce que le destin lui réservait pour un tel comportement indigne d’un protecteur des animaux. Cependant, sans lui, le reste de la troupe était quelque peu perdu, eux qui avaient suivi ses dires tels des moutons de panurge bien éduqués.  Perplexes, ils regardèrent tour à tour le démon et la petite fée inconsciente qui se faisait déjà lécher le visage par son ami la souris papillon. Ce dernier espérait qu’elle reviendrait bien vite à elle devant tant de naïveté de la part des humains qui l’entouraient et qui ne pensaient qu’à une seule chose, éviter la colère de l’ami de la fée.

« Le chef est mort, vive le chef ! » tenta le plus jeune, qui préférait que le démon rejoignît le groupe plutôt que de l’affronter. Il n’était pas de taille, il le savait très bien. Les autres ne semblaient pas être tout à fait de son avis et grondèrent aussitôt leur mécontentement.

« Mais on ne sait même s’il aime les animaux !
— Il est venu avec une petite fée…, se défendit-il dans un murmure.
— C’est argument n’est pas recevable. Homme ! fit le plus âge en se retournant vers le démon, si tu es un défendeur des animaux, alors tu seras des nôtres, sinon…
— Sinon, quoi ? Nous n’allons pas nous battre contre lui tout de même ? Nous sommes là pour défendre les animaux qui finissent dans les écuelles ! répondirent à l’unisson les autres derrières lui
— Les gars… Vous me faites honte, occupez-vous de la fée plutôt, murmura l’ainé à ses congénères en essayant de reprendre contenance devant son interlocuteur. Ahem, je disais donc : Homme! Que nous veux-tu ? »

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