Le Deal du moment :
Cdiscount : -30€ dès 300€ ...
Voir le deal

Partagez
 

 [Quête] - La nuit en plein jour | Kitoe

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Astriid
~ Ygdraë ~ Niveau II ~

~ Ygdraë ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 2365
◈ YinYanisé(e) le : 03/04/2020
◈ Activité : Empoisonneuse
Astriid
Lun 10 Juil 2023, 22:07

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
La nuit en plein jour


Partenaire : Kitoe
Intrigue/Objectif : Astriid revient en Enfer pour tenter d'annuler le Pacte contracté avec Kitoe. Ou comment découvrir que le véritable ennemi n'est pas Kitoe, mais l'Administration Infernale.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

« Tu voudras bien t'en occuper, s'il te plaît ? » Perché sur le droit d'Astriid, Bisou attendait paisiblement d'être mené à sa destination. Il n'eut qu'à ouvrir ses ailes et se laisser descendre sans efforts jusqu'à ses congénères. Les abeilles étaient parfaitement capables de se mouvoir seules, mais appréciaient tout particulièrement de se faire porter par l'Ygdraë qui se pliait avec joie à cette petite tradition instaurée. Suspendue à un crochet au plafond dans un coin de la pièce, cernée de plantes qui ne cessaient de grossir en prenant toute la place dans le petit appartement, une ruche ambrée accueillait confortablement chaque soir ses compagnes ailées pour leur repos nocturne.

« Pourquoi ? Tu vas en avoir pour si longtemps que ça ? » « Je ne sais pas. J'ignore à quoi m'attendre. Je préfère parer à toute éventualité, si je ne reviens pas. Je m'en voudrais qu'elles soient livrées à elle-même. » Allongée en travers d'un fauteuil, sirotant une citronnade, Atae haussa les deux sourcils. Sa petite poule de compétition affichait rarement un visage aussi sérieux. Et encore moins souvent envisageait-elle sa mort. Ça n'allait pas du tout, elle n'avait même pas encore gagné, ni même prévenu l'Elfe à ce sujet d'ailleurs. Elle se redressa pour s'asseoir en tailleur. Ses cheveux en bataille formait un nuage céruléen au dessus de sa tête d'avoir été frottés contre le tissu de son assise. « Attends, rappelle-moi. C'est quoi déjà ton rendez-vous ? » « L'annulation de mon Pacte. » Dit Astriid d'une voix atone. Elle s'en était rendue malade d'angoisse et avait vomi il y a quelques heures au magasin. Désormais, ses intestins protestaient en lui faisant croire qu'une main invisible les essorait comme des draps sortant du lavoir. Laurier avait remarqué les crampes qui la pliaient en deux et lui avait ordonné de rentrer chez elle. Astriid avait manqué pleuré de gratitude face à tant de gentillesse, sans savoir que le maître chocolatier voulait en premier lieu éviter d'être contaminé par l'éventuelle maladie qu'elle avait pu contracter.

« Ah oui ! C'est vrai ! J'avais oublié. » Atae avait tendance à souvent oublier ce que lui disait Astriid. Pour sa défense, la rouquine parlait beaucoup, mais c'était aussi que l'Archonte avait d'autres préoccupations à penser que les soucis des petites gens, comme elle aimait dire. « Bah. Si tu veux mon avis, c'est une véritable perte de temps, tu ferais mieux de pas y aller. Tu veux savoir combien ont déjà réussi à annuler un Pacte avec un Démon ? Moi non plus, parce que je m'en fiche, mais pas beaucoup, ça c'est sûr. C'est en Enfer en plus, nan ? » Astriid acquiesça. Atae inspira bruyamment sa boisson d'un air entendu. « Je sais ce que tu penses. Que c'est dangereux, que je vais en revenir changée, si j'en reviens. Que c'est le dernier endroit où quelqu'un comme moi devrait aller. » « Je te le dirais si je savais que tu le prendrais en compte. Mais t'en feras à ta tête comme toujours. Et puis, je pense que ça ira. C'est pas le pire endroit de l'Enfer où tu vas. Quoique. Ça reste infernal, en un sens. » « Comment ça ? » « Je vais pas gâcher la surprise ! » Sourit malicieusement l'Archonte. « ... » « Roh, quelqu'un a perdu son sens de l'humour ! » « La situation ne prête pas à rire. » Fit Astriid, acide. « Je ne suis pas d'accord. Les Démons sont généralement plutôt drôles. T'y vas comment ? » « Apparemment, il y a une porte qui m'y mènera. Kitoe m'y attend. » « Elle veut annuler le Pacte, elle aussi ? » « Non. » « Ah. » Avec tact pour une fois, Atae décida de ne pas souligner l'incohérence de la démarche d'aller en Enfer avec une Démone pour faire ce qu'elle ne voulait pas faire.

« Tu t'occuperas de mes abeilles, alors ? Et de mes plantes ? » « Ouais. » Mentit Atae. En une fraction de seconde, elle s'était absorbée dans la lecture d'un livre apparu de nulle part. Son cerveau fonctionnait naturellement plus vite que celui des êtres humains et elle avait déjà traité les informations délivrées par Astriid le temps d'un battement de cil, pour décider qu'il n'y avait rien à craindre.




« Bon. Je crois que c'est ici. » Lança Astriid à voix haute, comme pour se rassurer avec le son de sa voix. Il n'y avait personne autour. En suivant les coordonnées géographiques, l'Ygdraë s'était retrouvée à quitter la ville pour battre la campagne environnante. Elle avait quitté la route principale pour traverser un bosquet et désormais, un énorme champ de blé lui faisait face, ses épis gorgés de soleil luisant douloureusement contre sa rétine. Il avait plu récemment car la terre exhalait une riche odeur et ses pieds s'enfonçaient avec un bruit humide dans le sol malléable. Il y avait une cabane un peu plus loin, qui semblait abandonnée. Elle vit quelques oiseaux tourner en rond autour de la cheminée coiffée d'une touffe de branchettes qui devait leur faire office de nid.

Le trajet pour accéder à la maisonnette lui parût à la fois trop court et interminable. La tension tendait ses muscles et ses nerfs comme les cordages d'un bateau. Etrangement, ses pensées étaient étouffées, comme anesthésiées. Depuis des semaines, elle savait que ce jour arriverait. Elle s'était organisée, ce qui était déjà anormal en soi, avait prévenu Laurier d'une éventuelle absence en prétextant un problème familial, avait préparé quelques affaires dans un sac, comme un mouchoir en tissu, une petite boîte de chocolats, des biscuits de la veille et une gourde de jus de fruits. Ne sachant pas trop quoi prendre pour la situation, elle avait pris sous son bras quelques feuilles et un crayon. Lui faudrait-il prendre des notes ? Ils avaient sûrement de quoi noter là-bas de toute façon. Elle se sentait ridicule de réfléchir à ces détails pour mieux étouffer le vrai gros problème.

Affreusement banale, la porte de la cabane était en bois vieilli, dont la peinture rose avait bruni en s'écaillant. Il y avait même un petit carreau poussiéreux à travers lequel elle apercevait l'intérieur, une pièce présentant du mobilier tordu, laissé là car personne n'en avait l'utilité. Astriid fut prise d'un doute. Était-elle seulement au bon endroit ? Elle avait scrupuleusement suivi les indications. Pour un portail en enfer, elle s'était attendu à quelque chose de plus... malveillant. Sa main se posa en tremblant sur la poignée rouillée qu'elle actionna lentement. La porte s'entrouvrit et une odeur de soufre fouetta l'air devant elle, agitant les boucles contre ses joues. Elle commença à tousser avant de s'interrompre aussitôt. Derrière la porte, une nuit de poix régnait. Mate et épaisse, comme une soupe nauséabonde qui aurait pour volonté de noyer le monde.

Au bout de quelques secondes, la vision d'Astriid s'habitua à l'obscurité et elle y perçut les lignes hésitantes d'un paysage inconnu. Son regard s'arrêta sur une petite silhouette plantée au milieu. Après avoir jeté un dernier coup d'oeil au champ de blé, la rouquine avança et la porte se referma dans son dos avec un bruit qui la fit frémir. À petits pas hésitants, elle se rapprocha de la brunette jusqu'à reconnaître ses traits. Elle déglutit, et un timide sourire traversa son visage tendu. « Salut, euh... Ça va ? » Elle se sentit rougir de gêne. Pour une fois, la bavarde ne savait pas quoi dire. « J'ai ramené du papier et de quoi écrire. » L'informa-t-elle, en lui montrant le matériel, au cas où Kitoe ne savait pas à quoi ça ressemblait. « Alors, c'est chez toi ici, hein ? » Elle regarda autour d'elle, à la recherche d'un commentaire approprié à faire.


Message I | 1326 mots



[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t37828-astriid-celwun-la-f
Kitoe
~ Démon ~ Niveau II ~

~ Démon ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 1702
◈ YinYanisé(e) le : 09/11/2016
Kitoe
Jeu 20 Juil 2023, 19:20

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Astriid & Kitoe
Bitch
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]


Sa robe était noire et terne. Son humeur aussi. Kitoe essuya pour la énième fois ses joues, vérifia l’état de sa tenue, passa une main dans ses cheveux qui n’étaient pourtant pas en bataille. Enfin, elle baissa les yeux sur son ventre. Il avait légèrement gonflé depuis qu’elle l’avait appris, mais ce n’était pas encore suffisant pour être évident. Elle pouvait aisément justifier une prise de poids. La jeune femme souffla. Le chemin vers les portes de l’Enfer la fatiguait. Elle dormait mal ces derniers temps et elle n’avait ni l’énergie, ni l’envie d’être aujourd’hui. Ce rendez-vous n’était, contre toutes attentes, rien d’autre qu’une contrainte.

L’ouverture vers l’autre monde laissa une grande bouffée d’air frais s’engouffrer dans l’atmosphère malsaine de son lieu de vie. Kitoe fronça le nez, irritée par le courant d’air. En temps normal elle aimait aller à l’extérieur, là où l’oxygène était aussi léger qu’il était pur. Si certains de ses compatriotes y trouvaient une terre oppressante et trop lumineuse, elle et bien d’autres percevaient davantage un monde de tant de potentiels quant à sa pervertir. La Démone y ajoutait en plus cette touche de nostalgie et de candeur qu’elle se plaisait encore à garder à l’heure actuelle.

Une silhouette apparut dans son champ de vision telle qu’elle se l’était déjà imaginée cinquante fois. L’arrivée d’Astriid aurait dû la réjouir ; à la place, leurs précédentes rencontres n’avaient fait que ternir la conception qu’elle avait de leur relation. Un désastre dès le départ et qui allait peut-être se terminer dans l’antre du chaos.

-Salut.

Elle ne précisa rien concernant son humeur. Sa tête traduisait toute seule ce qu’Astriid devait en déduire. De toute façon, Kitoe n’avait pas envie de parler. Si l’Elfe voulait savoir quelque chose, elle n’avait qu’à se débrouiller et deviner. La Vile baissa les yeux vers le matériel rapporté par cette dernière. Elle leva un sourcil jugeant, puis pivota sur ses pieds.

-Ouais.

En d’autres circonstances, elle lui aurait souhaité la bienvenue, mais ça aussi ça la faisait chier. Elle l’invita simplement à la suivre. Le chemin du retour était une grande descente qui menait à la plaine où s’était établie Kitoe, dans une sorte de petit hameau. Elles ne croisèrent pas grand monde, seulement deux ou trois types lugubres une fois proches des habitations.

-Tu veux boire ou manger un truc à la maison avant qu’on y aille ?

La question n’avait pas été posée sur le ton de la question. Ce n’en était pas spécialement une. Kitoe n’avait pas eu l’intention de les emmener directement au lieu où tout devrait se terminer. Le détour par la maison était même indispensable. La Démone avait fait deux fournées de gâteaux : l’une sans viande humaine et l’autre avec. Tout dépendait de ce qu’elle pourrait tirer de sa cocontractante.

-On doit se rendre dans un autre royaume, alors c’est un peu loin.

Par ailleurs, mieux valait être préparé avant de partir pour de bon. Mettre fin à un Pacte avant son échéance ou l’exécution des clauses, ça ne se faisait pas comme ça. Elles arrivèrent enfin à la maison de la brune. La propriété colorée dénotait avec les bâtiments ternes qu’elles avaient croisés.

-Fais comme chez toi. Déclara-t-elle platement en refermant la porte à clef derrière elles. C’était indispensable si on ne voulait pas se faire cambrioler tous les quatre matins. Tu peux t’asseoir. Elle désigna la table à manger. Je reviens.

Elle s’éclipsa dans la cuisine et revînt avec les fameux gâteaux et des verres de jus de fruits. Elle avait tout préparé juste avant d’aller chercher l’Ygdraë.

-Il paraît que c’est quasiment impossible de briser un Pacte.

C’était de connaissance populaire en Enfer, sans pour autant que Kitoe ne connût qui que ce fût ayant eu recours à une résiliation. C’était aussi pour cette raison qu’elle était de mauvaise humeur. Elle avait la flemme de se frotter aux horribles procédures qui les attendaient si elles y allaient vraiment.

-Et il y a un prix à payer.

La lourdeur des contreparties étaient variables d’un Pacte à l’autre. Pour le coup, Kitoe n’avait pas la moindre idée de la nature qu’elles pouvaient prendre. On brisait trop rarement un Pacte et ce n’était juste pas recommandable. Elle s’assit en face de son invitée et soutint son menton à l’aide de sa paume.

-Honnêtement, il serait beaucoup plus simple de faire avec ce que nous avons établi. Autrement, tu perdra la sécurité qu’il te garantit, en plus.

C’était ridicule. Astriid faisait l’égoïste et en plus, elle ne pensait pas à tous les avantages qu’elle avait obtenus et dont elle ne profitait même pas. C’était un véritable gâchis. Tout ça parce qu’elle ne voulait pas venir goûter ici de temps en temps. Tout ça parce qu’elle avait peur de Neah alors qu’elle n’avait rien à craindre de lui. En revanche, elle avait à craindre de Kitoe.

-Au fait, comment vont les abeilles ?

Kitoe les avait presque oubliées. Elle en avait pourtant chié pour les trouver. L’apiculteur démoniaque lui avait coûté cher. C’était la raison pour laquelle elle n’en avait pris que cinq.

-T’aurais pu venir avec.

Elle aurait bien aimé voir ce qu’elles devenaient, ce qu’évoluer en-dehors de l’Enfer avait fait d’elles. Peut-être qu’elles étaient devenues des abeilles normales.

872 mots


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]:
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34531-kitoe
Astriid
~ Ygdraë ~ Niveau II ~

~ Ygdraë ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 2365
◈ YinYanisé(e) le : 03/04/2020
◈ Activité : Empoisonneuse
Astriid
Dim 06 Aoû 2023, 21:50

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
La nuit en plein jour


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Refroidie par l'accueil polaire de la Démone, Astriid se ratatina sur elle-même. Autour d'elle, les volutes maléfiques faisaient chavirer son âme, s'infiltrant en elle par des canaux invisibles. Prise d'un frisson de mauvais augure, l'Ygdraë se hâta de suivre Kitoe, piétinant presque ses talons par crainte de la perdre de vue. S'égarer en Enfer rimait avec voyage sans retour, douloureux et potentiellement - non, sûrement - mortel.

Tout en sachant cela injuste, Astriid ne pouvait s'empêcher d'être déçue. La mine sombre et désabusée de la brune ravivait la culpabilité dont elle s'était crue guérie depuis le temps. « Pourquoi pas. » répondit-elle sans trop se mouiller. Elle n'avait pas très faim mais répondre par la négative risquait de pourrir une ambiance frôlant déjà le sol. Une autre question tourmentait la rouquine. Qu'entendait-elle par "loin" ? Fallait-il entendre plusieurs heures ? Ce n'était que l'affaire de quelques heures, n'est-ce pas ? Avec angoisse, elle réalisa ne pas avoir emporté de vêtements de rechange.

La tête baissée, Astriid ne releva le nez de sa commisération qu'en arrivant à proximité de son domicile. Ses yeux s'arrondirent. « Mais c'est mignon ! » Comme un cupcake posé sur la croûte moisie d'un plat qu'il était préférable de ne pas identifier, elle s'ancrait dans le paysage aussi naturellement qu'un poussin au milieu d'une portée de louveteaux. Avec un ébahissement s'affichant sur son visage, elle pénétra à l'intérieur, surprise de s'y trouver bien. « D'accord. » Elle prit place sur une chaise, le bout des doigts suspendu à la table à manger, dévisageant la maison comme si c'était la première fois qu'elle en voyait une. « J'aime beaucoup chez toi. » déclara l'Ygdraë au retour de Kitoe, lui adressant un sourire radieux. Ce dernier se fana aussitôt à la mention du Pacte. Ah oui. C'est vrai. « Oui, c'est ce qu'on m'a dit. » Et pour autant, elle ne reculerait pas. « On le paiera. » Et elle insistait sur le "on". En fait, elle était même bien gentille de participer aux coûts de rupture, parce que c'était tout de même de la faute de Kitoe si elles se trouvaient dans cette situation. Elle renifla l'air. « Ils sentent bon. C'est toi qui les a faits ? Tu as préparé tout ça ? C'est trop gentil, il ne fallait pas ! Merci beaucoup. » Elle lui sourit et but un peu de jus, puisant de la force dans la fraîcheur sucrée de la boisson.

« ... » Astriid ne tenait pas à raviver l'infini débat, surtout si cela risquait de faire réapparaître l'immonde personnalité qui avait adopté le visage de Neah. Elles en avaient déjà parlé, elle y avait repensé à froid de son côté et elle ne se voyait pas soulager sa conscience autrement qu'en mettant un terme au Pacte. « Je vivais très bien sans sécurité avant. Je ne suis pas aussi faible et vulnérable que tu parais le croire. Tiens, il n'y a pas plus tard qu'il y a quelques semaines, j'ai fait pousser de la mousse dans la bouche de quelqu'un qui m'embêtait. » déclara-t-elle, non sans fierté. Elle se mit à rire puis se gratta la tête, comme gênée de rire du malheur du Démon. « Bref, je saurais me débrouiller. » Et elle mordit dans un gâteau comme si cela avait le pouvoir de mettre un terme aux arguments avancés par Kitoe.

« Elles vont bien. J'ai préféré les laisser dormir chez moi, ne sachant pas à quoi m'attendre ici. Je suis désolée. Si tu veux, je te les présenterai une prochaine fois. » Astriid se mordit aussitôt la lèvre inférieure, réalisant sa bourde trop tard. « Enfin, euh, je suppose qu'on ne se reverra plus ensuite ? » Une part d'elle l'espérait, l'autre le déplorait. Elle préféra taire la dernière. Il était inutile de compliquer davantage les choses. Elle toussa, embarrassée. « Et donc, il y a plusieurs Royaumes en Enfer ? On est dans lequel ici ? Et celui dans lequel on va est comment ? Est-ce que tu connais le prix à payer pour rompre le Pacte ? J'ai ramené quelques économies, j'espère que ce sera suffisant. » Tout en parlant, Astriid fouilla dans son sac et ses poches, à la recherche desdites économies. Au fur et à mesure, elle vida ses affaires sur la table - branches d'arbre, liens en cuir pour les cheveux, une couronne de fleurs, un pot de crème parfumée, des bonbons et une boîte de chocolats. Elle leva les yeux sur la brune. « Hum, je n'ai pas osé te ramener des chocolats. Après la dernière fois, j'imagine que tu n'en voudrais pas. Désolée encore pour ça, je n'avais vraiment pas fait exprès. Ah, voilà. » Elle déposa une petite bourse au milieu de son bazar. Elle tinta faiblement en heurtant la table. « Ce n'est pas grand chose, je n'ai pas encore un vrai salaire vu que je ne suis qu'apprentie. Tu crois que je peux faire crédit si ça ne suffit pas ? »

Message II | 857 mots



[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t37828-astriid-celwun-la-f
Kitoe
~ Démon ~ Niveau II ~

~ Démon ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 1702
◈ YinYanisé(e) le : 09/11/2016
Kitoe
Jeu 17 Aoû 2023, 15:18

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Astriid & Kitoe
Bitch
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]


-Hm hm…

Astriid avait peut-être raison. Peut-être qu’elle n’avait pas besoin de sa protection, qu’elle était suffisamment grande pour s’en sortir toute seule. Elle avait pourtant accepté. Aussi stupide avait été sa décision, elle l’avait fait. Cela transparaissait, selon Kitoe, comme un élément de faiblesse et de vulnérabilité. Sa naïveté la rendait vulnérable. A ce problème initial s’était ajouté le suivant : comment survivrait-elle quand la Démone ne serait plus de son côté ? Elle rit un petit peu. L’anecdote de la mousse était amusante et elle voulait bien lui accorder ce moyen de défense.

La Démone observa Astriid déguster ses gâteaux. Elle avait pioché dans le plateau sans viande. Kitoe n’avait pas mis les autres en évidence parce qu’elle ne pouvait pas, malgré son envie grandissante. Les deux femmes étaient encore sous le joug du Pacte.

-Je suppose.

Ses ongles grattèrent la table. Elle se souvenait de sa fierté, après avoir signé ce premier Pacte. Elle allait tout perdre bientôt, et Astriid avec. Elle s’avachit.

-Il y a quatorze royaumes. On est à Ānanda, le lieu des jeux et des plaisirs. On va à Bādhyate.

Astriid n’avait pas besoin d’en savoir davantage. La Vile ricana, mauvaise. Elle s’affaissa jusqu’à ce que son menton reposât sur la table. Elle attendit que toutes les affaires de l’Elfe furent exposées pour s’emparer du pot de crème parfumée.

-Ca ne te servira à rien. Ce qui fait la valeur d’un Pacte n’est pas l’argent, mais les services qu’il profère.

Elle épargna les friandises. Comme le rappelait la rousse, le risque de se faire empoisonner était trop élevé. Néanmoins, elle détestait que cette dernière lui eût rappelée cette terrible période.

-Je ne sais pas ce que ça va coûter. Il faut que ce soit quelque chose que nous sommes toutes les deux capables de fournir. Elle leva les yeux. Mais ça ne veut pas dire que c’est facile à obtenir.

Au même moment, elle ouvrait le pot de crème pour y mettre son nez. L’odeur l’horrifia tellement qu’elle repoussa le contenant à bout de bras en détournant la tête.

-C’est quoi ce truc ?

Elle avait envie de vomir. Elle regarda l’étiquette : rose.

-Range-moi ça. Les chocolats aussi.

Si elle les voyait une seconde de plus, elle n’allait pas pouvoir se retenir. Son propre dégoût l’agaça. La grossesse ne lui allait pas. Elle avait honte. Kitoe se leva. Elle préférait évacuer les gâteaux aussi avant que tout ne se mît à la rendre malade. Une fois que son cerveau malade avait décelé une saveur ou un parfum qui lui déplaisait, ça se répercutait sur tout.

-Tiens. Prends ce que tu veux et mets tout dans ton sac.

Quand ce fut fait, elle rangea tout dans la cuisine.

-T’as de l’eau sur toi ? Une arme ?

Évidemment que cette idiote n’avait aucun des deux. Une couronne de fleurs, c’était tellement plus important. Elle s’empara d’un sac où elle fourra une grosse gourde d’eau et un couteau. Elle fouilla les tiroirs de son salon, récupéra un ou deux artefacts et une bourse d’or. Elle rajouta à ses affaires une miche de pain. Enfin, elle s’équipa d’une cape et en proposa une seconde à sa co-contractante.

Kitoe et Astriid traversèrent une seconde fois le hameau. La Démone héla un charretier. Elle le paya grassement afin qu’il les conduisit au bon royaume. Le trajet dura plusieurs heures durant lesquelles Kitoe ne pipa pas un mot. Leur convoi avait traversé la ville principale d’Ānanda et son animation qui ne trouvait jamais le sommeil. La Démone avait mis sa cape sur ses épaules et couvert sa tête. Franchir ces rues pavées avait été une première épreuve en soi, entre les cris des passants et les sollicitations poussées des prostitués. Beaucoup s’étaient accrochés à la carriole pour leur susurrer des mots doux ou caresser leurs nuques. Kitoe avait fermé les yeux. Jude avait bandé mais elle avait passé une heure à le repousser. Ensuite, elle s’était endormie.

Le conducteur la réveilla à l’arrivée en lui assénant un coup de bâton sur la tête. Kitoe grogna en se frottant le front et les deux jeunes femmes descendirent. Elles étaient arrivées au bord d’une vaste étendue d’eau rouge. Au loin, on pouvait discerner le bâtiment où elles devaient se rendre, l’enfer de l’enfer des procédures administratives.

-Il faut qu’on trouve le guide. C’est un type qui s’appelle Nāyi et qui est censé nous faire traverser. Kitoe se tourna vers Astriid. Cette mer est mortelle. C’est le seul moyen d’aller là-bas.

Elle espérait que l’Elfe avait conscience de la chianterie d’une pareille mission. Ce n’était que l’aube de leurs emmerdes.

768 mots


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]:
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34531-kitoe
Astriid
~ Ygdraë ~ Niveau II ~

~ Ygdraë ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 2365
◈ YinYanisé(e) le : 03/04/2020
◈ Activité : Empoisonneuse
Astriid
Mer 01 Nov 2023, 15:38

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
La nuit en plein jour


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Il y avait un monde entre apprendre être actuellement au royaume des jeux et des plaisirs, et le voir de ses propres yeux. Enveloppée dans la cape prêtée par Kitoe, Astriid profita que la Démone s'était assoupie pour se coller à elle dans la charrette. Dès que leur moyen de locomotion devait s'arrêter ou ralentir, elle sentait des doigts, parfois des griffes, la tripoter, jouer avec ses cheveux et les propositions les plus indécentes lui être susurrées. Une décadence comme son imagination n'aurait jamais pu créer se déroulait sur leur passage, mais l'Ygdraë la sentait s'accrocher à elle, comme des fils invisibles et gluants tissant une toile poisseuse tout autour d'elle, glisser sous ses vêtements, recouvrir sa bouche avant de la pénétrer. Au bout d'un moment, la succession de visions choquantes anesthésia l'Elfe qui se décida à fixer un point sur l'horizon, dans le ciel sombre et tous les appels, les gémissements, les hurlements furent réduits à un bruit blanc. Ce n'était pas suffisant. Elle sentait ce monde convertir chacune de ses cellules, comme pour lui former une nouvelle peau, plus apte à survivre ici. Elle avait déjà perdu toute envie de sourire, tout juste capable de grimacer de façon sarcastique quand elle s'y essaya pour remercier le conducteur quand il l'informa qu'ils étaient presque arrivés à destination. Elle s'apprêtait à réveiller Kitoe mais le Démon fut plus rapide et elle décocha un regard noir. « Mais enfin, ce ne sont pas des façons ! J'allais le faire ! » Après avoir réprimandé l'homme, Astriid fixa Kitoe et lui trouva un air fatigué, non pas cette expression endormie que chacun pouvait avoir en se réveillant, mais une lassitude plus profonde, émotionnelle. « Avant qu'on ne traverse cette mer, est-ce que ça va ? » Elle voulut s'excuser à nouveau mais quelque chose dans le visage de Kitoe l'en dissuada. « Bon, débarrassons-nous de ça de façon rapide et efficace, d'accord ? Je te remercie des efforts que tu fais pour ça. Je sais que tu ne veux pas. » Elle se retint de justesse d'ajouter qu'elle-même n'avait pas non plus voulu de ce Pacte en premier lieu mais cette dispute cyclique l'épuisait et elle y renonça.

Trouver le guide ne s'avéra pas une mince affaire. Le bon sens aurait voulu qu'il se trouve sur le ponton d'embarquement. Problème, il y en avait plusieurs. « On dirait les Pontons Magiciens, mais en bien plus compliqué. Enfin, j'imagine qu'on va finir par le trouver. » Astriid se voulait rassurante et énergique mais cela faisait plus d'une heure qu'elles longeaient la berge sans rencontrer personne. « Et puis, comment on sait quel ponton prendre ? Il doit y en avoir au moins une bonne vingtaine et je ne vois aucun bateau. » La rousse s'avança sur l'un des ponts au hasard et mit sa main en visière en prenant garde à ne pas trop s'approcher du bord. « De la chair fraîche sur mes ponts ? C'est mon jour de chance. » La voix avait résonné dans son dos mais quand Astriid fit volte-face, elle ne vit que Kitoe. Eberluée, sa mâchoire se décrocha. Des doigts pianotèrent sur son épaule mais quand Astriid tourna la tête, les doigts s'enfoncèrent dans sa joue et leurs ongles taillés en pointe percèrent la chair. Elle fit un bond en arrière et tituba dangereusement, le corps cambré au dessus des flots mortels. « Mais aïe ! » C'est là qu'elle vit le voilier à la coque noisette, jailli de nulle part, comme s'il avait toujours été là. Un homme se tenait sur son bord. Accoudé à son gouvernail, il leur adressa un sourire goguenard qui révéla des dents anormalement pointues. « Vous montez les filles ? Magnez-vous, y a une tempête qui se profile et j'veux pas la rater. » Interdite, Astriid se pencha vers Kitoe alors qu'elles franchissaient la passerelle magique reliant le navire au pont. « Il veut dire l'éviter, pas vrai ? »

Quelques minutes plus tard, Astriid se tenait en boule dans un coin où Kitoe et elle étaient relativement à l'abri des bourrasques assez fortes pour faire claquer leurs vêtements comme des fouets. La pluie ruisselait sur son visage, ses boucles trempées étaient collées à son visage et elle se tenait avec la force du désespoir à une corde. « Est-ce qu'on va mourir ? » cria-t-elle à Kitoe pour être entendue à travers les hurlements du vent. Elle pleurait mais ça ne se voyait pas avec la pluie. « Je ne veux pas mourir, et je veux pas que tu meures ! Kitoe, je suis désolée ! Pardonne-moi ! Et je te pardonne, d'accord ! » Imprudemment, elle lâcha d'une main la corde et enroula son bras autour du cou de la brune pour la rapprocher dans une étreinte de désespoir. Plus haut, dressé face aux éléments comme s'il naviguait par temps calme, le capitaine riait en entendant l'Ygdraë pleurnicher. « J'adore transporter des petits nouveaux. » confia-t-il à son bateau qui gloussa en réponse, faisant trembler le sol et les flancs en bois.

Message III | 865 mots



[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t37828-astriid-celwun-la-f
Kitoe
~ Démon ~ Niveau II ~

~ Démon ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 1702
◈ YinYanisé(e) le : 09/11/2016
Kitoe
Sam 16 Déc 2023, 18:04

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Astriid & Kitoe
La nuit en plein jour
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]


Les pupilles de la Démone pivotèrent vers sa co-contractante pour s’ancrer précisément dans les siennes. Est-ce que ça allait ? Kitoe comprenait la sincérité de la question, mais elle n’avait pas envie d’y croire. Un faible souffle fit frémir ses narines, mais sa bouche ne s’étira pas. Elle se demandait si elle devait en rire, envoyer chier son interlocutrice ou tout simplement l’ignorer.

-Non. S’entendit-elle finalement articuler au bout d’une latence interminable.

Elle ne développa pas plus. Elle n’avait rien à dire sur ce qui lui arrivait et surtout, ne souhaitait pas attirer une quelconque attention. Cette période de sa vie – car au vu du temps que la démarche prendrait, on pouvait aisément parler d’une période – était suffisamment détestable ainsi.

Plus tard, Kitoe observa le guide avec un regard rendu vitreux. Elles avaient cherché longtemps, ou plutôt elle avait laissé l’Ygdraë chercher, puisque celle-ci s’agrippait avec force à sa positivité aussi légendaire qu’agaçante. Alors que le marin les invitait à prendre place, la brune soupirait. Elle se fichait pas mal de la tempête à ce stade ; elle haïssait seulement l’innocence de sa partenaire et se demandait combien de temps il faudrait encore à l’Enfer pour détruire ses espoirs et la pervertir entièrement.

Kitoe s’accrochait fortement aux planches qui formaient le rebord de la coque, tandis que son corps entier se soulevait, épargné une seconde de la gravité par une vague, avant de retomber lourdement sur ses fesses. Une ou deux échardes avaient trouvé logis dans la paume de sa main, mais elle avait choisi de ne pas céder face à l’agression. Le bois de ce navire était à l’évidence merdique pour les déstabiliser davantage. Une nouvelle secousse la fit rebondir. Elle serra les dents en imaginant un mal de ventre déchirer ses entrailles et le bébé se décrocher d’elle sous la répétition des chocs. Elle ferma ses paupières pour supprimer l’image de son esprit. Le vent et la pluie fouettaient son visage avec une telle violence qu’elle aurait pu parier qu’il s’agissait de grêle. Elle s’accrochait à la réalité en cherchant les rires de leur navigateur à travers les rafales. Au contraire, elle essayait de faire abstraction de la voix insupportable d’Astriid qui déblatérait sa peur au creux de ses oreilles. Cette dernière était ridicule. Son pardon ne valait rien. Elle qui disait avoir beaucoup voyagé se comportait comme une princesse. La Démone avait hâte d’arriver à bon port, non seulement pour voir une fin à ce trajet abominable, mais surtout pour fermer le clapet de cette gamine qui penserait alors avoir tout vu – ce ne serait pas le cas.

Soudain, une anguille s’enroula autour de sa gorge. La Vile y porta quasi-immédiatement sa main. A cause de l’agacement, elle avait ce contact en horreur. Il l’étouffait. Passant ses mains sous l’avant-bras de l’Elfe, Kitoe se débattit avec fureur jusqu’à ce qu’elle la lâchât. Elle se laissait glisser sur le pont afin de s’écarter, jusqu’à retrouver un point d’accroche. De l’autre main, elle rabattit sa capuche sur son visage en partie découvert par les vents.




-Personne n’a vomi ?

La question du capitaine aurait pu être attentionnée s’il n’avait pas croisé les bras et pris ce ton presque offusqué de celui qui n’avait pourtant pas demandé grand-chose de plus. Kitoe serra les dents. Elle n’avait pas rendu, mais elle avait tout de même la nausée et le vent trop fort l’avait rendue vaseuse.

-J’espère que vous ferez mieux au retour.

Posant un pied sur le quai où il venait de les déposer, il poussa pour faire reculer son vaisseau et reprendre le large. Kitoe fit volte-face. Un bâtiment sombre et imposant s’élevait devant elles avec une lourdeur qui ne laissait présager rien de bon. D’un signe de tête, la Démone invita Astriid à avancer et fit de même. L’entrée du manoir était gardée, mais il n’était pas particulièrement difficile d’y entrer. Les deux jeunes femmes se retrouvèrent devant un guichet vide. Elles attendirent quelques minutes, puis, comme personne ne venait, Kitoe s’empara de la clochette qui trônait là et la secoua.

-Oui, ça va j’arrive ! Gronda la voix d’une femme.

Il fallut un moment à la réceptionniste pour apparaître. Avant que Kitoe n’eut pu entrouvrir la bouche, la dame leva son index pour lui indiquer de patienter encore un instant alors qu’elle remettait de l’ordre dans un monticule de papiers qui étaient de toute évidence inutiles.

-Oui ? Fit-elle enfin sur un ton désagréable.

-On vient pour rompre un Pacte.

Sa voix s’était plus définie comme un croassement que comme une véritable voix. Elle s’était voûtée et les cernes sous ses yeux s’étaient comme accentuées.

-Ah. Il faut prendre un ticket. D’un signe du menton, elle désigna une pile de petits papiers derrière elles. Vous patientez en salle d’attente et revenez quand ce sera votre tour.

La fameuse salle d’attente ne consistait qu’en cinq chaises placées contre l’un des murs du hall de la réception. Aucune d’entre elles n’était occupée, mais le ticket de Kitoe indiquait le numéro cinq-mille-cinquante-six. Résignée, la Démone alla s’affaler sur un siège. Sa tête bascula en arrière, contre le mur, et elle ferma les yeux. Le côté positif de cet endroit était qu’elle aurait tout le temps de rattraper les nombreuses heures de sommeil qu’elle avait en retard.

876 mots


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]:
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34531-kitoe
Astriid
~ Ygdraë ~ Niveau II ~

~ Ygdraë ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 2365
◈ YinYanisé(e) le : 03/04/2020
◈ Activité : Empoisonneuse
Astriid
Ven 12 Jan 2024, 18:37

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
La nuit en plein jour


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Astriid jugea préférable de ne pas répondre au capitaine. Elle estimait que ses jambes flageolantes et son teint de papier mâché suffisaient comme preuves de son état, et elle craignait également en descellant ses lèvres de rendre les biscuits grignotés auparavant. Heureuse de retrouver un sol palpable et stable sous ses pieds, elle expira mais ne se sentit pas mieux pour autant. Ce monde lui interdisait de ressentir la moindre pensée positive. Le retour... Elle regarda le navire redevenir un point sur la mer grenat avec la boule au ventre à l'idée d'entreprendre le chemin inverse. Elle frotta sa main où la griffe du Démon l'avait éraflée et fit appel à sa magie pour se soigner. Sans faire de commentaire, elle croisa le regard de Kitoe. Celle qui avait tant voulu devenir son amie, s'échanger des desserts, des lettres, des confidences, la rejetait aujourd'hui avec une froideur qui lui donnait envie de se jeter à genoux pour implorer son pardon. Elle n'aurait pas dû lui en vouloir, mais elle se sentait blessée et un fort sentiment d'injustice frémissait dans son coeur, juste à côté de la culpabilité qui la rongeait. Faisait-elle exprès d'adopter ce comportement pour se venger et lui faire goûter de son propre traitement ? L'Ygdraë savait avoir été la première à heurter les sentiments de l'autre, mais ce n'avait jamais été intentionnel ni même personnel. Elle détestait Kitoe de rendre tout cela plus complexe et difficile que ça n'avait besoin de l'être, elle détestait Mancinia et Neah de la pousser à ces extrémités pour des idéaux qui leur appartenaient à eux plus qu'à elle-même, et enfin, elle se détestait elle-même pour à peu près tout ce qui était à blâmer, et le reste aussi. Les oreilles tombantes, l'air morne, elle emboîta le pas à la brune dans le même silence aussi volumineux qu'inconfortable qui marquait leur périple depuis son commencement.

L'intérieur du bâtiment n'alluma pas la moindre étincelle de curiosité chez Astriid. Ils étaient peu, les étrangers à pouvoir visiter l'Enfer et à pouvoir en rendre compte après - encore qu'elle fut incertaine de s'en sortir sauve - mais sa curiosité mourait en même temps que sa bonne humeur. Rien ne l'intéressait sinon rapidement quitter ce monde. Elle pouvait presque le sentir la palper de ses gros doigts invisibles pour la refaçonner de l'intérieur, sa voix rauque lui murmurer les pensées les plus noires, sa magie insuffler à son coeur les sentiments les plus sombres. La réceptionniste arriva, au soulagement d'Astriid qui se sentait nerveuse à se trouver seule dans cette pièce trop grande avec Kitoe et son hostilité. Elle couina un petit « Bonjour. » qui n'atterrit nulle part. Elle hocha la tête alors que Kitoe prenait les rênes de l'entretien. Sans doute valait-il mieux la laisser faire avant de faire une gaffe.

Astriid riva ses yeux sur le ticket, puis, perplexe, interrogea Kitoe du regard. Une fois qu'elles furent seules dans la salle d'attente, Astriid rapprocha sa chaise de celle de la Démone et se mit à chuchoter, au cas où une présence invisible les écouterait. « Pourquoi on doit prendre un ticket s'il n'y a personne ? C'est habituel ? Ah oui c'est vrai, c'est ta première fois à toi aussi. Cette femme n'était vraiment pas agréable. D'ailleurs, j'ai une question, est-ce que les Démons sont ordinairement de mauvaise humeur ? Comme les Sorciers ? Je me faisais la réflexion, parce que tu n'es pas vraiment comme ça. Tu n'étais pas comme ça. » rectifia-t-elle. « Je t'ai déjà parlé de Faust ? Je l'ai rencontré par deux fois, c'est un adolescent qui étudie à Basphel, un Démon. Il est vraiment infect. » conclut-elle. Comme elle avait fait le tour de ses réflexions immédiates, elle tâcha de prendre son mal en patience. La chaise devint vite un outil de torture pour son postérieur et l'Elfe, qui n'aimait pas l'immobilité, finit par se lever pour faire les cent pas. Quand ses rondes commencèrent à lui donner le mal de mer, elle s'arrêta face à Kitoe. « Tu penses que ça va bientôt être notre tour ? Ils nous ont peut-être oublié ? On devrait y retourner au cas où, non ? C'est quand même curieux qu'il n'y ait personne ici et qu'on nous fasse attendre autant. Et ce manoir est affreusement oppressant, je n'ai pas envie de m'attarder ici, je ne me sens pas très bien, pour être parfaitement honnête. » Réalisant qu'elle ne faisait que se plaindre, Astriid se tordit les mains et décida d'arrêter de ne penser qu'à son petit nombril. « Tu as dit que ça n'allait pas tout à l'heure. Est-ce que ça a un rapport avec moi ? Ou est-ce que c'est autre chose ? Je n'ai pas pu m'empêcher de noter que tu avais l'air préoccupée. Qu'est-ce qu'il se passe ? » Embarrassée, Astriid réalisait qu'elle ignorait tout de la Démone. Elle ne savait même pas ce qu'elle faisait de ses journées. « C'est à ton travail que ça ne va pas ? Tu as un travail, non ? C'est quoi ? »

Message IV | 893 mots



[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t37828-astriid-celwun-la-f
Kitoe
~ Démon ~ Niveau II ~

~ Démon ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 1702
◈ YinYanisé(e) le : 09/11/2016
Kitoe
Mar 16 Jan 2024, 22:07

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Astriid & Kitoe
La nuit en plein jour
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]


Un murmure chantait dans ses oreilles à la manière de l’écoulement de l’eau d’une rivière. Une rivière qui se terminait en une cascade tonitruante, où l’eau s’écrasait contre des rochers en forme de pics acérés sur lesquels s’accumulaient une multitude de déchets, de branchages, et parfois, un animal mort. Ce murmure n’était ni reposant, ni agréable. Même en tâchant de ne pas y faire attention, même en ne cherchant pas à interpréter le sens de quoi que ce fût, le bruit s’amoncelait sur sa cage thoracique comme un liquide dense et visqueux sur lequel il aurait volontiers fallu passer un coup de raclette, ou à défaut, un revers de manche.

La distance entre ses deux sourcils, qui n’étaient pourtant pas si grande depuis le début de ce périple, se raccourcit encore. Rapidement, le liquide visqueux remonta jusqu’à sa gorge et Kitoe eut pour ultime réflexe de renouveler l’air dans ses poumons et d’ouvrir les yeux. Astriid avait quitté son voisinage et déambulait devant elle, de droite à gauche puis de gauche à droite. A sa manière, l’Ygdraë aurait pu faire une excellente Démone, rendant insupportable n’importe quelle situation déjà stressante et détestable en premier lieu.

-Est-ce qu’on t’a déjà demandé de la fermer ?

Le courant d’air glacial qui traversa toute la salle lui fit le même effet que le coup de raclette salvateur qu’elle attendait depuis si longtemps. Déjà, elle respirait mieux. Se redressant sur son siège, elle laissa les secondes s’égrainer avec délice.

-Par l’Œil, les audacieux qui te l’ont déjà dit ont dû sauver des vies.

Un rire rauque et cynique s’échappa de sa gorge. Kitoe appuya ses coudes sur ses cuisses et frotta son visage de ses mains.

-On est en Enfer, tu pensais vraiment que cette démarche administrative allait être un jeu d’enfant ?

L’on disait que certains ressortaient de ce manoir encore plus fou qu’ils n’y étaient rentrés, ou encore que certaines procédures duraient des années. Certains ne les terminaient même pas, soit par dépit, soit parce qu’ils en étaient morts. Les affres de ce réseau bureaucratique constituait l’un des plus gros mystères du territoire démoniaque, mais tous le décrivaient à l’unanimité comme terrifiant.

-On peut toujours rentrer si ça te rebute tant que ça. Au risque de ne jamais te débarrasser de moi. Elle lui laissa le temps d’y réfléchir. Quoi qu’il en soit, tu m’as posé des questions. Je suppose que tu as le droit à des réponses pour prendre ta décision définitive.

Ces révélations seraient un point de non-retour qu’elle n’avait pas envie d’atteindre. Mais puisqu’elles en étaient là, et juste pour l’expression sur son visage, Kitoe voulait le lui dire. Serait-ce l’horreur qui prédominerait ? Ou bien la déception ? La tristesse ?

-J’espère que je n’empièterai pas trop sur les termes du Pacte.

Elle n’en avait que foutre de protéger l’intégrité de l’Elfe. Les clauses avaient été bafouées plus d’une fois. Seulement, pas à un degré suffisamment extrême pour être dénoncé.

-Quoi qu’il en soit, moi et mon travail allons très bien. Maintenant que j’y pense, on aurait presque pu être partenaires. Je tiens une boulangerie. Elle marqua une nouvelle pause stratégique. Mais je tiens aussi une boucherie. Et sachant que je suis une Démone, je te laisse deviner où se trouve la supercherie. L’Elfe s’était-elle seulement posé la question une fois ? De savoir si elle avait tué. A la rupture de ce Pacte, nous ne répondrons plus de rien, Astriid.

Elle quitta sa chaise pour rejoindre sa co-contractante. Saisissant son poignet avec vigueur, elle la força à toucher son ventre. Il n’était pas encore gros, mais le léger bombage ne laissait pas de place au doute.

-Et outre toi, voici mon problème.

Ellie s’écarta, passablement dégoûtée par sa propre confidence. Tous les éléments qui lui rappelaient l’existence de ce bébé lui donnaient envie de vomir.

-Il n’y a pas de félicitations. Cette chose est la dernière dont on avait besoin.

Il y avait une chance sur deux qu’il s’agît d’une monstruosité dont Kitoe ne parviendrait pas à gérer l’existence. Elle se voyait déjà virer à la folie, plus qu’elle ne l’était déjà. Ellie regagna son siège. Elle étendit nonchalamment ses jambes devant elle, trahissant définitivement sa transition vers l’autre identité. Le dépit avait remplacé la détresse qui avait fait tant pleurer l’hôte ces dernières semaines. La Démone inspira, puis poussa un long soupir.

-Il parait que c’est interminable. Fit-elle, le visage tourné vers le comptoir de la réception. Si ça se trouve, je vais accoucher ici.

Elle plaisantait bien sûr, mais n’en donnait pas l’air. Elle n’avait pas envie de rire.

758 mots


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]:
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34531-kitoe
Astriid
~ Ygdraë ~ Niveau II ~

~ Ygdraë ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 2365
◈ YinYanisé(e) le : 03/04/2020
◈ Activité : Empoisonneuse
Astriid
Mer 17 Jan 2024, 07:58

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
La nuit en plein jour


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

« ... » Aussi efficace que si Kitoe s'était levée pour lui poser la main sur la bouche, le silence s'installa d'office sur les lèvres d'Astriid qui se pincèrent jusqu'à devenir une petite ligne droite blanche. On lui avait déjà fait comprendre qu'elle parlait trop, mais jamais on ne le lui avait reproché aussi sèchement. Elle reconsidéra la Démone d'un autre point de vue, comme si elle était descendue pour se mettre à son niveau. Son coeur se durcit. Ce n'était pas la Kitoe qu'elle avait rencontré, elle ne connaissait pas cette femme cruelle. Elle aurait pu garder en tête ce qu'elle lui avait confié auparavant, sur les multiples personnalités qu'abritaient son enveloppe, elle aurait pu se souvenir qu'en elle, il y avait une copie de Neah qui n'attendait qu'une opportunité pour jaillir et s'en prendre à elle ; mais non. Kitoe était Kitoe, et elle se fichait de savoir qui animait les lèvres de la Démone. C'était trop facile, elle ne pouvait pas s'en sortir avec ces excuses, elle n'avait pas à lui parler comme ça, elle ne l'acceptait pas. Ils avaient tous passé un Pacte avec elle, ils l'avaient tous bernée, ils auraient dû lui demander pardon.

Ses paupières papillonnèrent. Déstabilisée, Astriid sortit de sa stupeur. « Une boulangerie ? » répéta-t-elle, hébétée. La réponse était inattendue, tellement qu'elle en oubliât presque ses griefs précédents. La suite la laissa comme Kitoe le souhaitait, sans voix. Elle n'eut pas le temps de réfléchir aux produits proposés dans le commerce de sa co-contractante, la sentence tomba sur ses épaules, glissa autour de son cou comme un nœud coulant. Le faux Neah lui avait tenu le même discours, en substance. La même peur que naguère s'insinua en elle, et le courage qu'elle avait pu avoir lorsqu'elle était chez elle, en sécurité, se réduisait ici à une bouffée de fumée. Un tremblement nerveux agita sa main et elle manqua glapir en voyant Kitoe venir sur elle. Mais au lieu de lever la main sur elle, elle la força à toucher son ventre. L'Elfe nageait dans la perplexité la plus totale et elle mit un certain temps à raccrocher le geste à l'information associée. Elle fixa le ventre, puis Kitoe avec des yeux exorbités. « Q - Quoi ? » croassa-t-elle d'une voix qu'elle ne reconnut pas.

Comme statufiée, Astriid resta sans bouger, ingérant un à un les éléments. Un bébé, sa mort dès que le Pacte serait déchiré, la boucherie, et elle dans un lieu où elle n'aurait jamais dû venir. Tout cela avait été une mauvaise idée, c'était même pire que ça. Comment avait-elle pu se dire que tout se résoudrait en venant ici ? Qui viendrait la sauver ? Elle n'était même plus dans son monde. Ils voulaient tous sa mort ici, sa mort ou pire. Ce monde lui-même ne voulait pas d'elle, pas comme ça en tout cas. Son esprit se fissurait, elle se sentait au bord de la folie. Ses émotions ne lui appartenaient plus, sa magie rechignait à lui obéir pour les tempérer et analyser la situation avec le sang-froid qu'il aurait fallu posséder. Elle posa les yeux sur la Démone, tranquillement installée, à son aise, en apparence.

« Ce qui est certain, c'est que tu n'avais pas le même comportement quand tu voulais que je sois ton amie. » cracha soudainement Astriid avant de pouvoir se retenir, avant de se laisser le temps de la réflexion. « Je ne te reconnais plus. Au final, tu n'étais gentille que quand ça t'arrangeait, quand ça servait tes intérêts. Tu n'as jamais pensé un moindre mot de ce que tu m'as dit, tu mens, et ce depuis le début. Tu ne voulais pas d'une amie, tu voulais juste te servir de moi comme si j'étais un jouet avec lequel t'amuser. Mais c'est ça ton vrai visage. Tu n'es qu'une hypocrite, et tu n'es pas plus qu'une enfant qui me fait un gros caprice car tu n'as pas ce que tu veux, parce que je ne veux pas de tout ça. Et pour ça, tu vas me tuer quand notre Pacte n'existera pas ? » Elle eut un rire qui s'étrangla sur lui-même. La peur mordait son ventre. Elle n'avait pas envie de mourir, et elle était en colère contre Kitoe d'en arriver à cette conclusion aussi facilement. « Il s'agirait de grandir. On ne tue pas les gens parce qu'on est vexé. Et qu'est-ce que tu crois ? Tu penses qu'en te montrant cruelle, qu'en me menaçant, je vais soudainement changer d'avis ? » Elle se remit à rire et cette fois, il s'éleva clairement dans la salle d'attente et enfla jusqu'à donner à Astriid mal au ventre. Un sourire aussi large que factice s'étala sur son visage et elle vint sur Kitoe pour s'emparer de ses mains et la tirer hors de sa chaise. « Comme ça ? » Elle donna à leurs mains entrelacées une impulsion pour les faire tournoyer comme si elles dansaient une ronde à deux. « Soyons amies dans ce cas, Kitoe ! Puisque j'ai le choix entre mourir ou t'amuser, allons-y ! » chantonna-t-elle. « C'est ça que tu veux ? » Elle la lâcha sans prévenir et, déséquilibrée, trébucha en arrière jusqu'à tomber sur les fesses. Elle avait retrouvé son sérieux. Elle regardait ses pieds. « Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas non plus être ce que tu veux que je sois, quoi que ce soit. Je ne veux plus être ici, mais je ne peux pas rentrer tant que ce Pacte existe. Alors qu'est-ce que je fais ? » Ses yeux remontèrent jusqu'à Kitoe bien qu'elle n'attendit pas de réponse de sa part. Son expression se ferma et elle se leva pour aller à l'endroit le plus éloigné d'où la Démone s'était installée précédemment pour patienter. Là elle s'assit, croisa ses bras et ses jambes et fixa le mur avec des yeux assassins.

Message V | 1041 mots



[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t37828-astriid-celwun-la-f
Kitoe
~ Démon ~ Niveau II ~

~ Démon ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 1702
◈ YinYanisé(e) le : 09/11/2016
Kitoe
Mer 17 Jan 2024, 22:08

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Astriid & Kitoe
La nuit en plein jour
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]


Ses yeux roulant dans ses orbites, Ellie troqua le souffle d’exaspération qui gonflait au fond de sa poitrine contre une grimace trahissant toute la torture que représentait cette stupide joute verbale. Qu’on la traitât d’enfant l’excédait assez, puisqu’elle était de loin l’identité la plus adulte qu’avait jamais connu ce corps. C’était d’autant plus ridicule qu’Astriid avait décidé de faire de cet endroit chiant à mourir un véritable cirque. Manquait quelques trapézistes de part et d’autre de sa tête rousse, un clown jongleur et un éléphant barrissant dans le fond, et le tour était joué. Ellie ne connaissait que Lia pour crier au scandale de cette façon, et Lia avait douze ans tout au plus.

Cela dit, les propos de l’Elfe n’étaient pas totalement dénués de sens. Les reproches envers Kitoe étaient nombreux et légitimes. Du plus loin qu’elle la connaissait, cette dernière avait toujours eu cette tendance à s’accaparer égoïstement ce qu’elle désirait. Ça ne marchait pas toujours, mais le cœur y était et en disait long sur sa capacité à entretenir des relations.

-On…

Le rire fou qui secoua la rouquine l’interrompit et Ellie relâcha la tension dans ses épaules avant d’être complètement bloquée par l’irritation et de devenir parfaitement exécrable. Sans qu’elle ne s’y attendît, Astriid s’empara de ses mains et la força à la rejoindre sur une piste de danse improvisée. Prise dans l’élan, la Démone se laissa faire, stupéfaite.

-Arrête.

Mais la valse continuait et pour une raison ou pour une autre, elle n’arrivait pas à s’en défaire. L’inertie, peut-être.

-Lâche-moi !

Son ordre s’exécuta dans un sursaut. Ellie recula et retrouva appui sur un siège. Elle reprit son souffle tout en dévisageant la folledingue qui s’était métamorphosée sous ses yeux.

-On ne va pas nécessairement te tuer. Commença-t-elle. Jude voudrait bien. Lia aussi. Mais je t’avoue que j’en n’ai rien à carrer de ta gueule, et Kitoe ne fera rien. Elle veut juste te faire peur pour que tu fasses machine arrière.

Ce n’était peut-être pas tout à fait vrai. Les pulsions meurtrières de Kitoe dépendaient de son humeur, mais si elle le faisait, ce ne serait pas de gaieté de cœur.

-Kitoe voulait d’une amie. C’est juste qu’une fois qu’elle réussit à en avoir, elle a tellement peur de les perdre qu’elle fait n’importe quoi. C’était ainsi qu’elle s’était réincarnée après tout. Il n’y aurait pas dû avoir ce putain de Pacte en premier lieu, mais J…

Elle s’interrompit avant que le nom ne traversa ses lèvres. Si elle le prononçait, il allait intervenir et ce serait la fin de toute discussion sensée.

-Tout aurait pu bien se passer s’il n’y avait pas eu ce putain d’Ange dans l’équation.

Sans Neah, il n’y aurait pas eu de Jude, il n’y aurait pas eu de rupture amicale à l’Edelweiss et il n’y aurait pas eu de Pacte. Kitoe aurait fréquenté Astriid comme elle fréquentait parfois Bellada et tout aurait été d’une simplicité exemplaire.

-Kitoe est conne et rancunière. Hypocrite, très souvent : on n’a pas d’autre choix que de se cacher pour correspondre au commun des mortels. En revanche, elle tenait véritablement à faire de toi une amie. C'est marrant mais figure-toi qu'elle t’a montré Sahodara pour s’ouvrir à toi, pas pour que tu souffres.

Un soleil pour se détourner un instant du cynisme de l’Enfer et revivre ses années passées ? Kitoe saisissait ces opportunités les bras ouverts. C’était une sorte de jouissance perverse indissociable de sa personne. Son Enfer à elle, quelque part. Au contraire, c’était des gens de l’ombre dont la Vile se payait la tête. Stanislav était l’exemple parfait du jouet auquel Astriid faisait allusion : il n’était qu’une poupée dont elle se détacherait quand il finirait par l’ennuyer.

-Mais parlons un peu de toi. Toi qui étais pétrifiée pendant tout ce temps où elle a essayé, c’est maintenant que tu te réveilles ?

La Démone n’était pas la seule fautive dans cette histoire. Elle n’était pas le monstre que l’Ygdraë décrivait comme si elle avait tout vu. Celle-ci n’avait pas cessé d’être stupide durant tout le processus. Ellie se rassit. Les deux femmes étaient installées d’un bout à l’autre de la salle d’attente. Finalement, elle n’avait pas envie d’écouter sa piètre défense. Ça n’avait plus d’importance à présent.

–C’est pas plus mal que ces conneries se terminent. Conclut-elle. Ça lui pourrissait la vie.

En conséquence, Kitoe avait moins travaillé ces derniers temps et Ellie avait eu moins de gens à tuer, ce qui n’avait rien de drôle. Personne n’était gagnant dans cette affaire. Elle décida de changer de sujet :

-Bon alors, la supercherie. Tu l’as ?

-Numéro cinq-mille-cinquante-cinq. Scanda la réceptionniste d’une voix nasillarde.

La Démone posa ses yeux sur leur ticket. Il était tombé par terre pendant leur danse. Cinq-mille-cinquante-six.

-Numéro cinq-mille-cinquante-cinq.

La tête hideuse dépassa du comptoir. Elle ressemblait à une veille limace desséchée et pourtant, elle avait son apparence humaine. Elle se froissa.

-Personne ?

-Cinq-mille-cinquante-six. L’informa Ellie.

-Vous êtes le numéro suivant. Vous devez patienter.

Ellie se laissa glisser sur sa chaise en grognant. De sa poche, elle sortit un canif et entama le curage de ses ongles.

-Allez, devine.

851 mots


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]:
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34531-kitoe
Astriid
~ Ygdraë ~ Niveau II ~

~ Ygdraë ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 2365
◈ YinYanisé(e) le : 03/04/2020
◈ Activité : Empoisonneuse
Astriid
Jeu 18 Jan 2024, 18:44

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
La nuit en plein jour


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

L'objectif immédiat d'Astriid était de rester murée dans le silence. Elle ne voulait plus rien entendre de cette Démone, que ce soit Kitoe ou qui que ce soit s'exprimant à travers elle. Elle estimait le temps passé en Enfer à une petite journée pour le moment, mais elle en avais déjà ras les marguerites. La coupe était pleine. Un bref instant, elle faillit se boucher les oreilles pour ne pas avoir à l'écouter, mais après avoir accusé Kitoe d'enfantillage, c'était peut-être un peu fort de café. Alors l'Elfe écouta mais sans la regarder et en prenant soin de garder une expression égale et aussi fermée que possible, de la même façon qu'elle espérait fermer son coeur. Elle ne voulait plus rien ressentir, ne voulait pas penser au fait que Kitoe était enceinte et qu'elle n'en voulait pas, ni à rien qui puisse lui faire éprouver de la compassion pour elle. Elle n'en avait plus en réserve. Désormais, elle tâcherait simplement de rester en vie et de quitter l'Enfer avec les morceaux déchirés du Pacte. Elle pourrait ensuite revenir à sa petite vie à Caelum, oublier tout ce qu'il s'était produit, inviter Sif à faire un tour à son village sur les terres de Melohorë, revoir ses parents et son grand-père, se rendre avec Piäh Nour au Lac Bleu pour voir s'ils ne pouvaient pas passer du temps avec ses congénères, essayer de reprendre contact avec Dastan et Lucius, prendre le thé avec Mancinia et réussir à échanger quelques plaisanteries légères avec Neah.

La voix de Kitoe perturbait cette vision. Elle se demandait qui s'exprimait à travers elle. Mentalement, elle réfléchit aux différents comportements de la Démone. Outre Jude, sa facette la plus marquante avait été celle plutôt enfantine. Pour les autres, elle n'était pas certaine. Au fond, elle ne savait pas vraiment qui était Kitoe. S'agissait-il de celle qui avait pleuré aux thermes ? Ou de celle qui l'avait déguisée en esclave pour l'inviter à assister aux Jeux de Sahōdara ? Et qui avait-elle rencontré la première fois ? Manifestement, Kitoe s'était retirée pour laisser place à quelqu'un d'autre pour patienter.

Astriid eut un reniflement indigné. Elle vrilla son regard sur la brune. Ça lui pourrissait la vie, à elle ? C'était une plaisanterie ? Suffoquant presque, outragée par l'audace de cette réflexion, elle sentit les pissenlits lui chatouiller le nez et se mit à compter à l'envers dans sa tête pour se calmer. De toute façon, qu'est-ce qu'elle allait faire si elle s'énervait ? Il y avait toujours la possibilité de faire pousser une mousse bien épaisse dans sa bouche, ça avait plutôt bien fonctionné sur Faust. Elle secoua la tête. Non c'était faux, il s'était transformé en grosse main.

« Quoi ? » lâcha-t-elle, la voix un peu aigue. Perdue, elle tâcha de rattacher la question avec ses neurones. « Euh... » Sa réflexion fut coupée par le retour de la désagréable Démone occupant l'accueil. Quand elle fut repartie, Astriid se recroquevilla sur sa chaise, remontant ses jambes pour que ses talons soient calés contre ses fesses. « Si je dois deviner, c'est parce que vous ne vendez pas d'animaux morts dans votre boucherie, je suppose. » Il ne restait pas beaucoup d'autres alternatives si c'était le cas. La rousse eut envie de vomir. Elle ferma les yeux et cala son front sur ses genoux. En boule sur son siège, elle pouvait presque s'imaginer être ailleurs. Avec un soupçon d'efforts, elle entendait le chant des oiseaux se dégourdissant les ailes sous les rayons de soleil, le vent bruisser doucement entre les brins d'herbe, le poids d'un livre dans les mains, la perspective d'un pique-nique improvisé avec des amis, la chaleur d'une étreinte. Elle rêvait que quelqu'un la prenne dans ses bras pour la serrer fort jusqu'à lui faire mal aux côtes. Horrifiée, elle sentit ses paupières se gonfler de larmes. Ses ongles meurtrirent ses paumes et elle ravala tant bien que mal sa détresse. Elle ne voulait pas montrer sa faiblesse à la Démone, ne voulait plus se laisser aller à ses émois comme elle l'avait fait les autres fois. Ça ne les avait menées nulle part de toute façon.

« Laisse-moi tranquille. » marmonna-t-elle d'un ton qu'elle aurait souhaité plus ferme. « Et toi, tu es qui, si tu n'es pas Kitoe ? Il y a qui d'autre en dehors de Jude ? Vous m'avez dit être cinq, comme mes abeilles. C'était toi, non qui m'avais expliqué ça ? Ellie ? Je me souviens que tu m'as expliqué apparaître quand... quand Kitoe n'arrivait plus à gérer. » Un bref rire sans joie agita les épaules d'Astriid. « Plutôt pratique, il me faudrait la même chose, en ce moment même. » Heureusement, il existait d'autres alternatives. Elle fouilla le haut de son vêtement jusqu'à trouver la poche intérieure où elle gardait ses herbes et sa petite pipe. Elle eut une pensée pour Amphytria et Olonorin et songea qu'elle aurait beaucoup à leur raconter si elle les revoyait. Bientôt, une fumée odorante s'éleva de sa pipe mais il fallut à ses nerfs plusieurs inspirations pour commencer à se détendre, bien que ce soit encore un concept plutôt qu'une réalité. Elle se demanda si Olonorin ne pouvait pas lui donner quelque chose de plus fort, pour parer aux situations où on risquait sa vie. Elle rigola. Peut-être que ça faisait effet finalement. Elle expira et balaya le nuage de fumée du dos de la main pour apercevoir la Démone. « Qu'est-ce que vous allez faire du bébé si vous n'en voulez pas ? Vous n'allez pas le tuer quand même ? » Astriid fit la grimace et sentit sa tête lui tourner, comme cela arrivait quand elle n'était pas loin de vomir pour de bon. « Vous n'oseriez pas le... Pour la boucherie... »

Message VI | 1014 mots



[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t37828-astriid-celwun-la-f
Kitoe
~ Démon ~ Niveau II ~

~ Démon ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 1702
◈ YinYanisé(e) le : 09/11/2016
Kitoe
Sam 20 Jan 2024, 10:51

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Astriid & Kitoe
La nuit en plein jour
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]


Ses paumes de main avaient été abîmées par le trajet en bateau. Après Kitoe, Ellie constatait l’état de ses mains. Elle n’avait pas ressenti de douleur particulière plus tôt, mais maintenant qu’elle voyait les quelques écorchures, elle sentait des petites gênes çà et là. A l’aide de sa lame, la Démone retira une écharde qui menaçait de se loger entièrement dans la pulpe de son pouce.

-On ne vend pas que des animaux morts. Corrigea-t-elle avec un rictus. Tu as trouvé vite.

Son attention ne se décrochait pas de ses mains. Elle arracha une cuticule qui ne lui plaisait pas. Le silence entre elles était pesant. Ellie s’en fichait pas mal, sa manucure improvisée était plus intéressante que tout ce qui se passait autour d’elle.

-Je peux t’assurer que tu ne voudrais pas de la même chose en ce moment-même. Je ne suis pas censée exister et être en vie ne me fait pas plaisir. Si tu es encore ici, c’est que tu arrives à gérer et… c’est bien, je suppose.

Elle scruta le sol sous ses pieds, puis haussa les épaules avant d’en revenir à sa passionnante tâche.

-Pour être honnête, je ne sais pas combien on est. Je n’en connais que cinq d’entre nous.

Un crépitement faible, mais qu’elle connaissait bien, parvînt jusqu’à ses oreilles qui, si elles l’avaient pu, se seraient redressées sur son crâne. Elle redressa la tête comme un chat à l'affût, trouvant immédiatement l’origine du bruit. Son attention se riva sur la pipe hypnotique et la fumée envoûtante qui en émanait. Sa respiration s’était faite plus fine, tandis qu’elle essayait d'interpréter les premiers parfums de la drogue malgré la distance qui les séparait. Ellie rangeait son couteau, tâta ses poches. Rien. Comment ça, rien ? La Démone exprima une tique agacée. N’y tenant plus, se déplaça pour prendre place près de sa co-contractante. Celle-ci lui avait posé une question, mais Ellie avait besoin de quelque chose de plus important avant de pouvoir se concentrer sur une réponse. Avec souplesse, la Démone arracha la pipe des mains de la rousse. Elle avala une précieuse bouffée d’herbes avant de s’autoriser à se reposer contre le dossier de sa chaise. Elle souffla et tous ses muscles se détendirent. Elle rendit son dû à son interlocutrice. Qu’est-ce qu’elle ferait du gamin ?

-Je sais pas.

Kitoe y avait sûrement beaucoup réfléchi ; pas elle. Elle ne voulait pas y songer car elle avait décidé que ce mouflon n’était pas son putain de problème. Elle, Ellie, n’était pas enceinte. Elle n’était pas apte à créer la vie, pour la simple et bonne raison qu’elle était plus morte que vivante.

-Kitoe est certainement la plus imprévisible d’entre nous. Si elle décide de l’aimer, ça ira. Autrement, elle serait capable de le jeter au feu. Elle soupira. Mais je ne sais pas si elle irait jusqu’à en faire une terrine. Elle grimaça. Je ne mange pas de ces choses-là. Confessa-t-elle. Kitoe, Lia et Kraa, oui. Mais pas moi. Je préfère chasser. Elle perquisitionna à nouveau la pipe. En toute honnêteté, je sais pas comment elle s’est débrouillée pour tomber enceinte. Elle n’a pas voulu me dire et je n’en ai pas souvenir.

Cela la préoccupait. La cicatrice dont elle avait hérité au niveau de la gorge ressemblait à une tentative de meurtre, alors la piste du viol n’était pas exclue. Or, Kitoe n’était pas supposée se souvenir des viols. C’était justement à Ellie de porter cette charge.

-Numéro cinq-mille-cinquante-six.

Ellie se leva, se dirigea machinalement vers le comptoir.

-Vous prenez ce couloir et vous montez les escaliers à droite. Vous prenez à droite, puis à gauche, gauche, droite, gauche et vous vous rendez au bureau de Berzio. C’est le bureau en biais.

Ellie décampa sans un merci. Le pas raide et rapide, elle poussa les portes à double battant qui menaient au fameux couloir sans même chercher à savoir si Astriid la suivait. A l’étage, elle bifurqua à droite, prit le premier virage à gauche qui lui fut proposé, puis… Ellie serra les poings. Elle eut un doute, un doute qu’il n’était pas question de montrer à l’Elfe. Était-ce deux, ou trois fois à gauche avant de tourner à droite puis à gauche ? Cette infrastructure labyrinthique laissait place à toutes les incertitudes. Quelle que fut sa valeur dans cette situation ridicule, son instinct s’occupa de leur tracer un chemin qui lui sembla plus long que les indications qu’elles avaient reçues. Quoi qu’il en fût, elles terminèrent leur périple devant le battant en biais, que la Vile se dépêcha d’ouvrir après avoir frappé prestement.

-Hm ?

De l’autre côté, elles découvrirent des orteils en éventail, et des plantes de pieds nus, croisés et confortablement posés sur un bureau si noir qu’il semblait absorber la lumière. A l’autre extrémité des ignobles talons, se trouvait un homme aux sourcils réhaussés comme la voûte d’une cathédrale. A côté de son visage s’était suspendu une fléchette qu’il tenait délicatement entre trois doigts experts. Ellie jeta un coup d’œil par-dessus son épaule : une cible était accrochée à la porte, qui elle-même avait été salement ponctionnée par l’expérience de jeu de leur nouvel interlocuteur. Sans attendre son approbation, la Démone s’appropria une chaise.

-On a rendez-vous avec vous. On veut rompre notre Pacte.

-Ah ? D’accord.

Il attendit que la porte fût refermée pour lancer sa fléchette. Celle-ci se planta dans le bois en émettant une oscillation digne d’un ressort. Il fit claquer sa langue contre son palais.

-Vous m’avez fait rater.

Les pieds quittèrent leur nid et le supposé Berzio posa ses coudes sur la table. Il attrapa une feuille dans un tiroir et une plume rabougrie. A trois, ils étaient entassés comme à l’intérieur d’un placard à balais.

-Bon. Votre nom ?

-Kitoe.

-J’ai dit votre nom. Appuya le bureaucrate avec irritation. Nom de famille.

-Idael. I-D-A-E-L.

-Et votre prénom ?

-Kitoe.

Après avoir erratiquement griffonné les informations, il la scruta à nouveau.

-Vous êtes l’entité démoniaque ?

-Oui.

-Et votre co-contractante ? Nom, prénom, race.

Ellie pivota vers l’Elfe. Elle ne connaissait même pas son nom de famille.

1015 mots


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]:
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34531-kitoe
Astriid
~ Ygdraë ~ Niveau II ~

~ Ygdraë ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 2365
◈ YinYanisé(e) le : 03/04/2020
◈ Activité : Empoisonneuse
Astriid
Lun 22 Jan 2024, 07:47

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
La nuit en plein jour


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

« De rien. » persifla Astriid d'un ton acide alors que la fumée s'évadait d'autres lèvres que les siennes. « Pourquoi ne pas le mettre dans un orphelinat plutôt que le tuer ? » L'idée qu'un innocent subisse les caprices de Kitoe l'insupportait. Préférant ne pas s'attarder sur la nature des proies d'Ellie, Astriid regarda ailleurs jusqu'à ce que leur numéro soit appelé. Depuis combien de temps attendaient-elles ? Le temps s'écoulait-il différemment ici ? Laurier l'attendrait-il à la boutique ? Peut-être aurait-elle dû préciser au maître chocolatier que son absence risquait de se prolonger ?

Dans l'ombre d'Ellie, l'Elfe écouta les indications qui leur furent données et fronça les sourcils. Avant de partir, elle planta son regard dans celui de la femme à l'aspect de gastéropode. « Il serait plus efficace de prévoir des plans du bâtiment pour les visiteurs à l'avenir. » Elle s'estimait heureuse de posséder une mémoire remarquable, même si cela tenait à sa nature plus qu'à ses efforts pour muscler cette compétence. Elle couru ensuite pour rejoindre la Démone qui avait pris le large sans un regard un arrière comme si elle était seule. La drogue avait tendance à ramollir ses jambes et elle trébucha avant de reprendre son équilibre. Par précaution, elle se rapprocha des murs pour s'y raccrocher au besoin.

À l'hésitation de la Démone, Astriid ouvrit la bouche pour lui rappeler dans quelle direction se rendre mais n'en eut pas le temps. Cette Ellie était manifestement aussi impatiente d'en finir qu'elle même l'était. Enfin un point en commun. Elle commençait à l'apprécier, notamment car elle était la seule à lui offrir un éclairage avec ses informations. Au moins ne la menaçait-elle pas ouvertement.

Peu après, nez à orteil avec leur rendez-vous, Astriid parvint enfin à arracher ses yeux de la vision pour regarder le Démon en imitant sa co-contractante en prenant place. Cet homme n'avait pas l'air très professionnel, jugea l'Elfe avant de se reprendre. Elle évitait de porter un jugement trop hâtif, une qualité qui lui avait trop souvent fait défaut. Si elle avait réfléchi plus de cinq minutes par le passé, sans doute aurait-elle pu éviter bon nombre des situations épineuses dans lesquelles elle se fourrait.

D'un froncement de sourcil, la rousse barra la route à l'accusation. « Non, vous avez juste été mauvais. » rétorqua-t-elle du tac au tac. Elle ne se sentait plus d'humeur à se laisser marcher sur les pieds par les Démons. Cette décision, honorable selon sa propre opinion, aurait pu être prise à un autre moment que celui où elle se trouvait en territoire démoniaque.

« Astriid Cëlwùn. Ygdraë. » articula-t-elle. L'information arracha un sourire surpris au bureaucrate. « Sont rares à se faire avoir, les Elfes. Bien joué. » lança-t-il à Kitoe d'un ton endormi. « J'ai été bernée. » se sentie obligée de préciser Astriid qui n'aimait pas beaucoup qu'on complimente la Démone, ni qu'on sous-entende qu'elle-même se montrait indigne de sa race. Elle n'avait pas attendu cette rencontre pour arriver à cette conclusion par ses propres moyens. Depuis le temps, elle avait eu le temps de se noyer dans sa culpabilité, assez pour que l'avis de cet homme aux pieds dégoûtants ne lui blesse pas les oreilles.

« Vous avez le Pacte sur vous ? Que j'y jette un oeil. » Astriid jeta un coup d'oeil à la Démone. « Tu l'as pris ? » Dans la panique qui avait suivi sa signature, l'Ygdraë n'avait pas pris le parchemin scellant leur partenariat. « Dans quel contexte l'avez-vous signé ? » « C'est important ? » « Sans doute. » répondit-il évasivement. Comme Astriid le fixait intensément, il soupira et se râcla la gorge. « On ne rompt pas un Pacte juste parce que ça nous prend comme une envie de pisser. Il faut des raisons, et ces raisons doivent être assez solides pour être acceptées comme valables par la hiérarchie. » « Mais j'ai été trompée ! » « Vous pouvez préciser ? Enfin, vous n'êtes pas obligée, mais dans ce cas, ça va ralentir les procédures. Déjà que les dérogations prennent en général un certain temps. Moi ça m'importe pas vraiment. » Astriid sentit l'angoisse lui piquer le ventre. Comment ça, du temps ? « Kitoe a pris l'apparence de Neah Katzuta car il se trouve que je le connais, assez pour être devenue la marraine de leur fille adoptive. Nous avons discuté et je ne me suis pas rendue compte qu'il ne s'agissait pas de Neah. Elle m'a persuadée qu'elle voulait me protéger, ce qui, venant de Neah, n'avait rien de surprenant. C'est un Ange. » « Sans blague. » commenta le Démon en reprenant une fléchette pour viser la cible. Un instant, Astriid faillit perdre patience et lui intimer d'être attentif, d'au moins prendre des notes. C'était assez pénible de relater ce souvenir, elle ne tenait pas à le faire une deuxième fois. « Elle m'a ensuite dit qu'il suffisait de signer ce parchemin, qu'elle serait alors en mesure de m'épauler. J'ai une confiance totale en Neah, je l'ai crue. » Cela fit rigoler l'homme qui manqua sa cible de nouveau. Il maugréa dans sa barbe et revint sur les deux jeunes femmes. « Faut remplir ces formulaires. » déclara-t-il avant de claquer des doigts. Deux parchemins apparurent devant elle. La partie supérieure leur demandait des précisions sur leur identité, et sur la partie inférieure, il s'agissait d'écrire la raison de leur venue. Il dut sentir l'énervement d'Astriid pointer car il s'expliqua avant qu'elle ouvre la bouche. « J'étais juste curieux. Enfin je veux dire, c'est mieux pour vous conseiller si je sais de quoi il s'agit. Vous avez des papiers d'identité sur vous ? Si vous avez des témoins de ce que vous avancez, il faudra qu'ils viennent aussi pour remplir un formulaire. »

L'Elfe soupira. « Quels papiers d'identité ? » « N'importe quoi sur lequel votre nom apparaît. Votre contrat de location, une facture, un contrat de travail. » « Je... » Il sourit aimablement, presque innocemment mais elle lut dans ses yeux qu'il jubilait. « Je n'ai pas ça sur moi. » « Vous le prendrez avec vous la prochaine fois. » la rassura-t-il. Astriid commençait à se sentir mal. « Quelle prochaine fois ? » « Comme je l'ai dit, ça va prendre du temps. Il faut que la commission générale examine votre dossier, et les comités ont lieu de façon irrégulière. Manque de chance pour vous, le plus récent s'est produit hier, je crois. J'ignore quand le prochain aura lieu. » « Mais... » « Vous avez fini de remplir les formulaires ? » Il récupéra les deux parchemins, y jeta un oeil et s'assombrit. « Quoi ? » s'alarma l'Elfe. « Me suis trompé de formulaire. Ils ont été mis à jour. Vous savez comment c'est, avec les réformes administratives. Celui-ci, c'est celui de l'an dernier. Bougez-pas, je vais chercher les bons et en profiter pour virer mon assistante de garder encore les anciens formulaires. En attendant, regardez-ca, c'est la liste des documents dont vous aurez besoin avec vous pour compléter le dossier. » Avec un grognement, il glissa ses pieds dans d'étranges chaussures plates et fines avec une simple lanière de cuir séparant son gros orteil des autres. Il marcha d'un pas traînant vers une porte à l'arrière de son bureau qu'il claqua. Avec une inquiétude croissante, Astriid examina la liste longue comme son bras qu'il venait de leur remettre.

Message VII | 1285 mots



[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t37828-astriid-celwun-la-f
Kitoe
~ Démon ~ Niveau II ~

~ Démon ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 1702
◈ YinYanisé(e) le : 09/11/2016
Kitoe
Dim 04 Fév 2024, 22:15

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Astriid & Kitoe
La nuit en plein jour
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]


En Enfer, les compliments ne se faisaient généralement pas quémander deux fois. Ellie avait parfaitement cerné la sincérité du bureaucrate qui la targuait de sa belle prise. Un hochement de tête et un sourire entendu, elle accepta volontiers ce trophée racial qu’elle avait à peine fait exprès d’acquérir. Se penchant sur le côté, la Vile fourra une main dans l’une de ses poches à la recherche du fameux contrat. Elle lissa le parchemin, qui avait été soigneusement plié en huit malgré la moindre qualité du papier. Ellie elle-même en profita pour en lire le contenu, dont elle n’avait connaissance que d’un point de vue purement pratique. La Démone rejoignait l’amusement de son compatriote. D’humeur étrangement adoucie, elle se pencha ensuite sur les fameux formulaires. Elle récupéra d’autres documents dans sa poche qu’elle balança sur le bureau avec négligence. Les papiers d’identité étaient une spécialité infernale qui avaient pour seule fonction d’être présentés, mais à peine consultés.

-Pas de témoin. Elucida-t-elle d’office.

Du moins pas à sa connaissance. Et s’il y en avait eu, mieux valait faire comme si ce n’était pas le cas, car pour rien au monde elle n’allait ramener le cul d’un seul d’entre eux ici. D’un même temps, elle foudroya Astriid du regard. Cette gamine n’avait vraiment rien prévu. S’était-elle crue à une excursion scolaire ou à un séjour culturel ? Elle souffla tout l’air de ses poumons par les naseaux. Elle ne s’était pas attendue à grand-chose de la part de cette gamine, mais elle devait admettre qu’elle était tout de même déçue. La brune compléta le bon formulaire, long comme plusieurs bras, puis récupéra enfin la liste de documents.

-En attendant que vous récupériez tous les papiers, je vais archiver votre dossier. Les informa le fonctionnaire. Avant de partir, je vous conseille de prendre rendez-vous pour la prochaine fois, sinon vous devrez encore vous taper la salle d’attente pendant plusieurs heures.

-D’acc…

-Par contre les délais de prise de rendez-vous sont assez longs. Poursuivit le diable comme s’il n’avait pas remarqué qu’elle avait essayé d’en placer une. C’est de l’ordre de dix mois. Je vous conseille donc de revenir vite, car sans avancement de votre dossier, celui-ci sera radié dans les six mois à compter de ce jour. Vous devrez vous re-taper le formulaire et je sais que c’est pas chouette. Il les scruta toutes les deux depuis les profondeurs du dossier de son siège trop incliné. C’est à cause des archives, il n’y a plus de place.

-Donc le rendez-vous ne sert à rien.

Il leva un doigt correcteur tout en claquant plusieurs fois sa langue contre son palais en guise de sérieux désaccord.

-Ça permet de raccourcir votre temps en salle d’attente. Ellie n’y croyait pas une seule seconde. Il s’arma d’une fléchette. C’est bon pour vous ?

-Ouais.

-Refermez bien la porte avant de partir. La poignée fonctionne mal, il faut la relever après avoir claqué.

Ellie poussa l’Elfe à l’extérieur. Ce placard devenait étouffant et elle avait trop chaud. Elle allait fermer le battant sans le moindre état d’âme quand un élément lui revint en tête.

-Oh, si, j’oubliais.

-Hm ?

Ellie fouilla dans sa poche. Quand elle ressortit sa main, elle lui tendit un majeur levé. Les deux Démons s’échangèrent un sourire hypocrite et Ellie claqua violemment la porte. Les cloisons frémirent.

-Raté. On me l’a déjà faite, celle-là. Entendit-elle au travers. Elle grommela un juron : la cible ne s’était pas décrochée.

La Démone rattrapa Astriid dans les couloirs. Elle n’avait pas la moindre idée d’où elles étaient, elle comptait donc sur cette dernière pour se souvenir du chemin jusqu’à la sortie.

-Pièce d’identité, formulaire de garantie avec l’identité de tes parents, justificatif de domicile, dernier bulletin de salaire, avis d’imposition si tu en as chez toi, casier judiciaire, certificat médical. Énuméra-t-elle, la liste entre ses mains crispées. J’espère que t’as au moins ça chez toi.

Le reste des demandes – bulletins de scolarité, mensurations, ou encore dernier test urinaire en date, était à n’en pas douter des écarts administratifs optionnels destinés à les faire chier.

-Autrement, ce n’est pas la peine de revenir.






La première chose que Kitoe fit en rentrant chez elle fut de fermer la porte à double tour et de se réfugier dans sa chambre. Ce n’était plus la fatigue qui l’accablait, mais l’épuisement. La jeune femme roula sur son lit jusqu’à arriver sur le dos. Elle cacha son visage dans le creux de ses coudes et souffla jusqu’à n’en plus pouvoir.

Elle avait honte. Cette interminable journée n’avait été qu’un recueil d’auto-humiliations qui s’étaient enfilées comme des perles sur un fil. Ellie n’aurait jamais dû avoir à gérer ça pour commencer. Pourtant, Kitoe avait continué à l’imiter jusqu’à ce qu’Astriid ne lui eût lâché les basques, parce qu’elle avait aussi eu trop honte pour se montrer à nouveau. Par-dessus tout, sans avoir souvenir des détails, cette journée avait constitué une perte de temps qu’elle percevait comme considérable. Pourquoi perdre une amie devait-il être aussi compliqué ? Kitoe grommela et rabattit sa couette sur elle en roulant jusqu’à enfoncer sa tête dans ses oreillers. Maintenant, elle n’était plus bonne qu’à dormir, à s’emmitoufler dans le moelleux des plumes et du coton et espérer s’y plonger suffisamment fort pour y faire disparaître tous ces éléments indésirables qui lui pourrissaient l’existence.

884 mots
Fin


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]:
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34531-kitoe
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

[Quête] - La nuit en plein jour | Kitoe

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» [Quête] - Pour le travail | Kitoe
» [Quête] Autour de la Viande Grillée [Pv Kitoe]
» [Quête] Avoir Faim d'un Autre [Pv Kitoe]
» [Quête] Avec ou sans chamallows ? | Kitoe & co
» Nuit, Nuit... [Quête - Solo]
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Océan :: Continent Dévasté - Est :: Terres arides :: Enfer-