Réveillés par les battements répétés et une pression étouffante, Sherry se dégagea la première des draps soyeux, les laissant longer son corps frêle jusqu'à s'échouer de nouveau sur le lit. Elle admira le visage endormi de son amant, croyant encore que ses oreilles ne faisaient que lui jouer un mauvais tour. Ses yeux parcouraient par des petits mouvements répétitifs le tableau resplendissant auquel elle s'adonnait et le bonheur que ce dernier lui apportait. Elle grimaça d'un sourire amoureux ( soufflant un ''Je t'aime'' à peine audible ) avant de tourner les talons et de faire face aux volets en bois, clos.
Ses petites mains ouvrirent la porte à ce nouvel enfer. Conforme à une mortelle, elle discrédita dans un premier temps sa propre version des faits. Son cerveau se figea, grumelait dans son coin l'invraisemblance de la scène, avant de l'examiner par des petits coups d’œil rapides.. remarquant ainsi le froid mordant, le soleil offusquant, la peur environnante. ''Tout était.. bien réel'' en déduisit-il finalement.

Ils arrivaient. Ils étaient toujours là. Ils étaient partout finalement.
Au loin, des bruits sourds contre une paroi creuse semblaient résonner. Une main qui s'abattait sur les portes des maisons environnantes pour avertir du danger imminent ; des milliers de pas qui se succédaient dans les allées embrasées par la panique générale ; une ville entière qu'on tenait en haleine. Demeures détruites, meurtres et sang versé. La routine depuis que ces monstres avaient surgit des ténèbres pour asperger le monde de leur venin mortel. Cette scène macabre reprenait ses droits sur celle paisible que la réprouvée voulait voir perdurer, naïvement.
De ce fait, tout tombait en ruines. Des cris. Des hurlements récurrents auxquels ils ne pouvaient rester indifférents. Ils brisaient la barrière de paix qu'instauraient les bras de Wrath autour de sa petite protégée et amenaient un mal que même la fuite ne semblait plus être en mesure de repousser. La nuit avait été douce, épicée par des moments à deux et des baisers torrides, mais le réveil s'annonçait des plus turbulents..

Horrifiée, sans issue, elle appela l'ange à ses côtés, longeant son torse de son entité frêle, tout en s'écartant légèrement, détournant le regard de ce 'champ de mines' en taille réelle. « Il faut fuir » souffla-t-elle instinctivement de ses lèvres tremblantes, ses yeux plongés dans ceux noisette du déchu. Encore. De nouveau. Un chant de désespoir voire une prière qu'exhalait la ville entière. Une qu'ils connaissaient bien et à laquelle ils avaient déjà assisté à deux reprises malgré leur bon vouloir et leurs intentions pures.  L'impuissance les rattrapait aussitôt cela dit, et les instincts de survie faisaient surface, dépassaient tout le reste. Ils n'y pouvaient rien. Leurs choix étaient restreints et leurs chances amoindries.

Sherry enfila une tenue rapide ( sans doute celle dont elle s'était si facilement débarrassée la veille ) et s'en alla vers la chambre de leurs compagnons. Nombreux étaient ceux à contempler déjà les méfaits de ces monstres et la crainte qu'ils évoquaient. Les dirigeants de l'auberge n'étaient plus. Ils s'étaient fait la malle ( comme tous les autres ) sans se soucier de provisions ou autres bredouilles, ne cherchant qu'à sauver les siens. L'égoïsme était le facteur le plus notable en temps de guerre, surtout quand on était certains de ne pas la gagner. L'on courait dans les rues, l'on abandonnait ceux qui tombaient, l'on se hâtait de quitter ces amas de pierre et bois alternés, les plus à même d'être attaqués. Le groupe suivit le mouvement, partant à l'opposé vers le continent naturel, jonchant entre ruelles obscures et axes des marchés, voyant défiler taudis bas, logis d'artisans, abandonnés.

A la sortie, des groupes s'étaient d'ores et déjà formé. Tous semblaient prendre des directions différentes dans l'espoir de dépister les Ridere et ne pas attirer d'indésirables attentions. L'idée était bonne, en espérant qu'elle marche pour le mieux. Sherry, sa main toujours encrée dans celle de son amant, s'était calmée, heureuse d'avoir évité une confrontation inutile et de n'avoir en sa présence aucun blessé. Emboîtant le pas, elle observa la ville qu'ils quittaient, prête à s'effondrer. « On va faire quoi maintenant.. ? On a nulle part où aller.. » commença la réprouvée à l'intention de Wrath ( sans vouloir réitérer son erreur passée ), avant de se tourner vers le groupe adjacent : familles sans logement, ayant perdu fils et filles, logis et provisions pour une paix provisoire. Y parviendraient-ils seulement ? A la trouver ? A se l'approprier ?

« Vous avez prévu de vous rendre.. où exactement ? La ville plus proche étant Utopia, je vous déconseille d'y aller.. Elle est.. condamnée » marmonna la rousse d'un air nerveux, faisant irruption dans cette bulle solennelle et solidaire qui s'était formée autour des villageois inquiets et espérant ne pas leur causer plus de chagrin encore avec des nouvelles défaitistes dont ils se seraient passés. « Nous le savons jeune fille. La destruction de la cité ne nous est pas anodine. Notre tour est venu. Nous cherchons justement où nous réfugier.. mais ces terres sont vastes et les bons choix, inconnus de tous.. » avoua l'homme d'une certaine sagesse, un peu à l'écart de tous. Ses cheveux crasseux trahissaient la propreté de son habit. Dans son visage on lisait des traces laissées par les expériences vécues, par les maux affrontés, lui donnant ainsi un air crédible quant à sa prestance.

Sherry reprit alors. « Il nous faudrait un endroit, un bâtiment, des ruines à la limite, assez résistant pour nous héberger tout en nous protégeant des attaques de ces monstres.. » lança-t-elle d'un premier jet sincère avant de reconsidérer. « Mais.. tant qu'il nous est possible de souffler un minimum, je suppose qu'on ne peut pas en demander plus.. » acheva-t-elle d'un air fataliste. L'on pleurait à grosses gouttes.
L'on craignait la Mort, fléau qui les accablait de son caractère indolent avant de les décimer, terrasser tout être vivant sur son passage. Le désespoir était dans toutes les bouches et beaucoup n'arrivaient pas à avaler que la fin approchait.. et à grands pas. Ils se devaient de survivre, coûte que coûte.

~ 1016 mots ~

C'était impressionnant comment, dans une ère de chaos, l'humanité pouvait encore trouvé des brins de bonheur et de repos. Le genre d'allégresse à laquelle elle se raccrochait tout à coup, vivant ses derniers instants, et ne voulant pas en rater une once avant sa mort subite.
Wrath doutait fortement de sa survie. Il ne disait rien, mais pensait constamment. Ses deux compagnons qu'il trainait avec lui étaient faibles, et il se sacrifierait surement pour eux. De plus, même si Sherry était pleine de bonne volonté, il ne faisait aucun doute qu'elle était une petite fille débrouillarde, qui arriverait à faire route sans lui.
Pourquoi ? Car il était une abérration. Il ne méritait pas de fouler la même terre qu'elle. Qu'eux. Il n'avait pas à respirer le même air, et il aurait du abaisser sa tête à chaque fois qu'il adressait la parole à d'autres personnes que ses pairs.

Wrath était un déchet.

Et ce fut avec ce vague à l'âme qu'il se réveilla. La Reprouvée était contre la fenêtre, emplie de détresse, alors qu'il passait une main dans ses cheveux. Sans dire mots, il balança ses jambes d'un côté du lit, pour se hisser de toute sa carrure, commençant à s'habiller, face à la nudité des corps de chacun. Il avait profité de cette muse cette nuit encore, caresser autant sa peau que ses cheveux, s'imprégnant de leur soie, mais le méritait-il seulement ?
Machinalement, après avoir mit son large pantalon, il s'approcha de la fenêtre. Au loin de la fumée s'élevée. Incendie ? Décombres ? Poussière ? En contre bas, la foule courrait dans tous les sens, et des gens hurlaient en tapant partout. Les auberges et habitations étaient dorénavant vides. Le Déchu s'alarma plus pour la sécurité d'autrui que pour la sienne. Peut être était-ce pour cela qu'il pourrait se sacrifier avec tan de facilité ? Car la mort serait, pour lui, juste un châtiment comme un autre.
Fuir, fuir, toujours fuir.... Ils avaient le choix. Oui qu'ils l'avaient. Fuir, ou mourir. Toujours ce rapport cyclique à cette mort infâme. Wrath refusait de mourir pour rien, la fuite était, à ce jour, le meilleur moyen de s'en sortir. De faire comme ces villageois.

Alors le groupe suivit. Tous descendirent en hâte, pour se mêler à la foule. A peine eut-ils quitter l'auberge, que le village avait des air d'abandonné, de fantôme...
Le Déchu attrapa la main de la réprouvé, vit Gaëlle voler dans les airs, et attrapa fermement le bras de Kei « En route. » Ordre ou affirmation, peu importait, les politesses n'étaient plus d'actualité.
Le brun continua alors sa route, faisant attention à tout le monde, et espérant que Sherry se soucie de son ange et son démon. Il n'en n'avait pas rien à foutre mais il préférait reporter son attention vers les siens. D'un coup, sa tête le heurta. Grimaçant de douleur, il entrevit rapidement des bribes de lieux, d'incendies, de situations similaires à celle-ci.
Arrivant enfin à l'orée du village, il se mêla à un groupe de villageois déjà formé, et mené par un homme qui essayait de diriger ce troupeau. La panique assaillit tout le monde et il était dur de rassembler ceux ne le coulant pas.

Sherry semblait perdue. Avec toute la volonté du monde, ils savaient qu'ils ne pouvaient lutter contre un tel danger, et la perte de leur foyer temporaire, jour après jour, les mettait dans un état de dépression incroyable. Elle décida alors de se détacher du géant, pour poser des questions aux membres de ce groupe branlant. Utopia, les ruines, des bâtiments hors de portée... Wrath se frotta le front lâchant mains et bras, pour venir faire passer ses maux de tête. Se détournant d'elle, il se dirigea d'emblée vers un type charismatique -plus que lui, c'était important- « Excuse moi. » Dit-il pour attirer son attention « Pardonne mon manque de politesse, mais le temps n'est pas venu pour nous en faire. Il faudrait que tu parles aux villageois. Je vais vous emmener à Bouton d'Or. Il y a des vivres et c'est une terre hors de portée de ces infamies. », « M... Moi ? Parler aux villageois ? », « Oui. Monte là... » En même temps qu'il parla, Wrath hissa l'homme d'un tour de bras, sur une grosse souche d'arbre, surplombant la scène « HÉ LÀ, ECOUTEZ MOI ! » Sa voix rauque et dure résonna tellement, qu'elle en fit trembler les premières bâtisses encore visibles. Bien que personne ne l'écouterait réellement s'il parlait sur la longueur, un coup d'état comme ça avait le mérite de calmer tout le monde « Hum... Nous allons à Bouton d'Or ! Le chemin sera long et périlleux, mais il en va de notre survie de nous rendre dans cette ville intacte et encore forte. Des groupes s'y sont déjà réunis et ils ne font qu'attendre les survivants pour pouvoir les nourrir et les soigner ! Donnons-nous raison en disant que nous sommes valeureux ! En route ! » Le type parla d'une traite. Redescendant aux côtés de Wrath il lui dit tout bas « J'ai dis n'importe quoi, et je connais pas la route. Je te laisse jouer. », « Ca ira. Ouvre la marche, je la ferme. Le chemin à prendre est celui-ci... » Il pointa une direction « ...et je te dirai quand il faudra bifurquer. En attendant, hâtons-nous. »

Wrath revint vers sa dulcinée, et ne bougea pas. Il attendit que tous se mettent en route, et que le cortège avance assez pour fermer la marche, s'assurer que personne n'était laisser à l'abandon.
Le leader était un homme peut être un peu plus jeune que lui, portant clairement moins de cicatrices que le Déchu, et avec un meilleur visage. Une aura façonnée par le temps qui était assez respectable. L'Ange ne l'avaitpas choisit par hasard, et ce fut ten mieux car tout le monde suivit. Ceux qui voulaient fuir avait déjà fuit depuis longtemps « Bouton d'Or est une place forte et sure. Ne me demande pas pourquoi, mais je le sais... » Dit-il, comme pour se justifier. Son ton était doux. Il était toujours plus doux quand il s'adressait à sa Réprouvée. Son malaise était un peu partit, et bien qu'il restait muet, il était certain qu'il n'en n'était pas moins alerte des faits alentours.

Bizarrement, s'éloigner du village le rassurait... A savoir si cela allait durer.

Mots : 1 063

Le cri déchirant ( que poussa le déchu pour attiser l'attention de tous et faire cesser chez la foule le brouhaha qui s'y était installé ) surprit la réprouvée. Lisant dans cette voix rauque ( et ton grave à souhait ) des accords familiers, elle chercha du regard l'homme à qui elle appartenait. S'étant laissée distraire par le démon qui, isolé, lançait jurons et injures à tout va dans le vide, elle n'avait pu s'apercevoir qu'il l'avait quitté. D'un regard curieux, elle l'observa assister l'orateur en graine pendant son brave discours, avant que celui-ci ne descende du monticule ( sa tâche promptement achevée ) pour s'entretenir brièvement avec lui. L'étendue de leurs voix ne parvint aucunement jusqu'aux oreilles de la belle rousse, et elle demeura consciencieusement à une distance raisonnable en attendant la fin des arrangements.

''Bouton d'Or''
Ces mots résonnaient paisibles et chaleureux à ses oreilles. Ses pensées fusaient et fuyaient vers cette ville en plein essor qu'elle avait admiré de ses yeux de miel et de son admiration innocente. Pourtant, elle n'avait effleuré les pavés de la ville ( côtoyé ses habitants, découvert ses plaines et ses champs ) que quelques jours durant, mais l'impact avait été de taille. Des réprouvés. Une terre. Une économie. Une  capitale. Leur identité. Ils se redressaient enfin. Ils n'étaient plus les renégats repoussants dont l'esclavage était récurrent ou qu'on considérait comme des aberrations, véritables erreurs de la nature. Ils commençaient à s'instaurer, à se faire accepter comme un peuple fière à part entière, et Sherry observait ces maigres changements d'un œil satisfait. Elle n'y pouvait rien par ses seuls moyens, mais elle appréciait que les 'Grands' en soient conscients et s'y attaquent d'eux-mêmes. La ville était des plus agréables à contempler en temps normal et, ignorant si Wrath y avait déjà mis les pieds, elle espérait silencieusement que cette dernière ( si en bon état ) lui plairait.

Une fois l'homme de nouveau à sa portée, elle lui reprit la main. Avidement, mais de sa douceur habituelle.. comme s'il lui était devenu impensable ( en quelques jours à peine ) de supporter une quelconque séparation, voire même l'envisager quelques brefs instants devenus suffisants pour le perdre à jamais. La réprouvée était peut-être idéaliste, mais elle savait la vie impitoyable et le destin cruel. Et il était bien le seul qu'elle ne pardonnerait pas qu'on lui arrache. Tournant ses orbes aux nuances colorées vers le géant, elle se permit de le questionner, agrémentant l'interrogatoire de quelques remarques nostalgiques. « Je n'aurais jamais imaginé rentrer ''chez moi'' dans de telles circonstances.. J'espère que la ville n'en a pas trop souffert. Et, je ne te demanderai pas d'où te vient cette information, mais Bouton d'Or.. l'as-tu déjà visité ? Comment l'avais-tu trouvé ? Accueillante ? Désolée si j'y vais un peu fort, mais c'est un lieu important à mes yeux.. Qui plus est, je ne connais rien de toi, ou plus précisément de la vie que tu as mené et ça m'intéresse beaucoup.. » La jeune femme baissa la tête, gênée, d'une innocence presque maladive. Elle figea ensuite son regard, admirant l'horizon, ses joues s'étant teint d'un rouge écarlate prononcé.

L'enrobant tout de même d'un bras indécis et espérant recevoir l'étreinte chaleureuse du titan en retour, elle reposa sa tête contre son torse. Dans ses yeux, on lisait une paix brouillée d'inquiétude, mais que l'amour estompait largement. Kai ne ratait pas une miette de cette expression satisfaite et de ce bien être intérieur dont il n'était guère l'instigateur. Son propre orgueil le démangeait. Il le bouffait de l'intérieur et il ne pouvait s'y soustraire. Il le dissimulait sous des airs de ''jalousie'', sous un écran d'amour familial dont il se verrait souffrant, mais il n'en était rien. C'était évident. Il ne l'aimait pas elle, il était aveugle. Incapable d'accepter ses sentiments ; incapable de les faire taire, de les cacher, de se mentir plus que nécessaire.

Il croyait voir la vérité en face. Celle dans laquelle Sherry n'avait que faire d'un déchu comme Wrath qui pourtant lui avait tant offert, mais que Kai se disait d'autant plus capable de tout reprendre. Pour lui, l'ange n'était rien de plus qu'un b*tard usant de la gentillesse de la jeune fille qui s'était laissée, tristement, embobiner. Il ne restait plus à la réprouvée qu'à s'en rendre compte par elle-même. * Ce n'est qu'une question de temps * se dit-il en ricanant malicieusement. * Je n'ai qu'à les laisser seuls quelques temps pour qu'elle voit à quel point elle peut bien s'en passer * rajouta-t-il à la pensée précédente, en traître. Grossière erreur. Sot qu'il était, il ne pouvait le comprendre. Idiot, purement et simplement. Il détestait perdre et ce dans tous les domaines. Très vilaine habitude pour un odieux personnage : Pack complet.

S'éloignant alors ( une fois sa décision prise ) pour rejoindre un premier groupe isolé ( et légèrement dissipé vers le nord ), il avança de mine fière et d'une démarche assurée à travers les rochers érodés par les pluies et les quelques arbres qu'il trouvait là, se disant aventurier sûrement. Nao, de sa bonne conscience et esprit clair, le suivait du regard, s'interrogeait sur ses intentions et l'admirait se perdre dans sa bêtise sans fond. Bouche bée, des yeux amusés par la stupidité du démon, son cœur battant dans son poing, il voulait juste le frapper une fois de plus, espérant que cela suffirait à lui remettre les idées en place, chasser si possible son caractère de m*rde.
Sherry, de son côté, resta interdite face à son comportement.. d'autant plus quand celui-ci disparu soudain de son champ de vision pour se fondre dans l'ombre imposée par la végétation environnante. Elle le vit simplement s'éclipser dans le néant et disparaître devant ses yeux de miel. Nao, qui était de loin le plus proche, se hâta de le rejoindre pour le découvrir au fond d'un trou, enseveli sous la boue et des gravas. Lâchant un cri avec retenue, il sortit ses ailes défaillantes, se laissa glisser sur la paroi instable pour atteindre les profondeurs. Le blondinet enfonça de suite ses mains dans le mélange aqueux pour en sortir le sale gosse qui ne cessait de geindre et de maudire son mauvais sort.

Le soulevant tant bien que mal, il le porta ( non sans préjudice ) jusqu'en au du mini-précipice, avant de s'étaler au ras du sol, épuisé devant des dizaines de regards incrédules. Mais il y a bien une chose qu'il n'avait aucunement perdu dans cet effort démesuré : ses cordes vocales inexhaustibles. « Imbécile ! T'a de l'air à la place du cerveau ou bien ? Faut regarder devant soi quand on marche. Et d'ailleurs, les yeux servent à quelque chose eux aussi !! » rétorqua-t-il d'un ton sec, décidément rancunier de tous les maux que Kai lui faisait traverser. Sherry, elle, les voyant sains et saufs tous deux, resta silencieuse, fusillant simplement du regard le démon qui se relevait du mieux qu'il pouvait, une jambe cassée et une aile en très mauvais état. Elle fut tentée de dire qu'il le méritait, qu'il cueillait ce qu'il semait ( de ses graines d'orgueil et malveillance ), mais s'en abstint, essayant de ne pas remuer le couteau dans la plaie. Se détournant du petit groupe, honteux, enragé, les joues en feu, il dérangea le premier venu afin que ce dernier l'aide à tenir, avant de s'engouffrer parmi le reste de la populace nomade.
Ce voyage cachait bien des surprises, étant donné la traversée courte et tranquille qu'ils envisageaient en premier lieu..

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Spoiler:

Wrath réfléchit quant aux dire de la Réprouvé. Il ne répondit pas dans un premier temps, regardant plutôt les gens s'organiser pour partir, et commencer à marcher et traverser tout le continent. Personne n'avait le choix et ça, tout le monde le savait. Le Déchu finit alors par regarder celle qui partageait son coeur. Il sourit légèrement en se penchant pour déposer un baiser sur ses lèvres « J'adore quand tu parles beaucoup Sherry, mais le moment est peut être mal choisis ma poupée... » Se redressant en caressant sa joue, puis ses cheveux il lui dit doucement « J'ai souvenir d'y être allé une fois. Mais c'est très flou alors je ne saurai pas te dire ce que j'en ai réellement pensé. Tu habites là-bas ? » Il ne savait pas grand-chose sur sa vie, mais il se rappelait qu'elle n'avait pas de famille mis à part Nao et Kai. C'était étrange car lui même, hormis les gosses qu'il ramassait dans les rues, aucune personne n'avait jusqu'alors partagée sa vie et pire, ne s'était souciée de lui. Wrath glissa ses doigts le long du bras blanc et frêle de la minette, pour venir engloutir sa main. Plus que sa main, Sherry demanda jusqu'à son corps. La prenant contre lui, la faisant disparaitre  sous ses bras de géant par rapport à elle, il sentit le coeur de la belle se taire petit à petit pour battre à nouveau normalement. Plus d'impétuosité. Le Déchu huma ses cheveux, et se délecta de cette étreinte, finissant par courber son dos assez, pour venir embrasser son petit cou. Dès qu'ils étaient ensemble, une atmosphère étrange se faisant sentir et ressentir. Un couple oui, mais deux âmes chantant à l'unisson, voyageant côte à côte sur les mêmes eaux, avec les mêmes pensées. C'était agréable de s'en laisser porter.

L'ange ne remarqua ni Kai, ni Nao, et au contraire laissa Keith, Alyss, et Gaëlle se mêler à la foule pour essayer de glaner des informations. Ce moment à eux était serein, presque béni. Mais c'était sans compté sur le Démon de service qui, plein de malveillance, tenta tan bien que mal (m'enfin, plus mal que bien du coup) de se faire remarquer pour on-ne-savait quelle raison.
Wrath se redressa, haussant la tête pour surplomber la foule et regarder où les pas du type le menait. Visiblement, dans un trou, dans lequel ses ailes et sa jambe en pâtirent. Soupirant d'exaspération il souffla doucement « Il essaye de nous ralentir ? Pourquoi fait-il ça Sherry... ? » Vraiment, il ne savait pas. Il ne savait pas, pourquoi ? Parce qu'il ne se rendait pas compte, parce qu'il ne voulait pas croire qu'un orgueil, qu'une jalousie soit si intense, que ça en deviendrait... Idiot. Simplement idiot.
« Kei ! » Le vampire accouru à ses côtés « Mon garçon, va aider le démon là bas. Il s'est blessé et aura du mal à marcher. Ne t'inquiète pas, je resterai juste derrière toi... » Il lui toucha l'épaule pour le persuader aveuglément « Il ne pourra rien t'arriver. » Kei hocha la tête et alla vers Kai, le prenant à bras le corps pour l'aider. Cependant, le démon le repoussa, l'invectivant, et le vampire, désamparé, tomba les fesses à terre.

Il était temps d'agir.
Wrath avança rapidement. En trois enjambés, peut être deux pas de géant, il était sur Kai. Sans s'arrêter, alors qu'une main vint l'attraper par le col, son autre bras écrasa son cou, alors que de son corps puissant, il le pressa contre un arbre « Alors je vais t'expliquer comment ça se passe car t'as pas l'air de comprendre. Je ne joue pas. Si j'ai envie de t'éclater j'ai la possibilité de le faire, il y aura peu de monde qui pourra m'en empêcher. Tu ne touches ni mes enfants, ni Sherry. Ta liberté s'arrête là où commence celle des autres, c'est à dire tôt. Je suis ni ton copain, ni quelqu'un à qui tu peux manquer de respect. Depuis le début, le seul enragé, c'est toi. Tu nous mets à chaque fois dans la m*rde en faisant exprès de te blesser et de nous ralentir. Si Sherry n'était pas là, ça ferait un moment que je t'aurai laissé au bord de la route. A bon entendeur. » Son discours fut sec, tranchant, et il envahit l'aura, l'atmosphère autour d'eux. Lui donnant un à-coup en le lâchant, il le toisa du regard, furieux. La foule, Sherry, l'Ange... Tout ceci l'aidait à ne pas craquer, mais c'était limite. Limite car il savait que dès qu'il pourrait recommencer à mettre le bordel, Kai n'hésiterai pas une seule seconde.
Se détournant de lui, laissant le soin à Nao d'achever son travail s'il l'avait voulu, il arriva vers Keith, toujours à terre « Kei... Viens là mon grand. » Le vampire, enfant qu'il était au fond de lui, tendit les bras. Wrath le prit contre lui, le portant alors torse contre torse en revenant vers Sherry « Depuis le début, Kai est malveillant avec les miens. C'est ton ami, non le mien et j'estime que, dorénavant, je n'aurai aucune obligation quant à lui porter secours. »

De loin, il entendit la voix du leader. Les préparatifs étaient terminés, c'était le moment de marcher, de se mettre en route. Pour le coup, Wrath laissa les gens passer, avant de fermer la marche comme prévu. Il était déçu. Déçu de voir que la réprouvé était accompagnée d'un démon qui ne souhaitait que leur nuire, les faire reculer, les faire sombrer dans la mort, et qu'elle ne voulait pas s'en séparer. Déçu de voir que quoi qu'il ferait, ce serait toujours les siens qui écoperait des pots cassés. Gaëlle vint se poser sur la tête du déchu, hulula en tournant la tête, regardant derrière elle. Ses grands yeux finirent par se pencher, scrutant le visage de Wrath « Gaëlle, tu seras notre guide ma petite. Repère Bouton d'Or, et indique le au premier de la file. » Elle hulula, battit des ailes, et s'envola pour faire des cercles dans le ciel, avant de filer.
Les nuages noirs et gris faisaient assez peur, et la première intention du groupe était donc de trouver une terre d'accueil. Le reste irait forcément.

Mots : 1 038

Sherry accepta avidement le baiser et goulument ses paroles. Suivant le mouvement de ses mains, trouvant on ne peut plus plaisant leur contact, elle avoua d'un regard empli d'admiration. « Désolée, c'était assez déplacé.. Et non.. mais j'y songe depuis peu.. A m'installer à proximité j'entends. Il serait temps pour moi de me poser et j'aimerais le faire dans la capitale réprouvée » C'était la ville bâtie pour l'honneur d'un peuple rejeté et elle éprouvait une fierté notable à simplement la contempler. La phase d'acceptation définitivement terminée, il ne lui restait plus qu'à endosser tout le poids de leur 'péché' et les maux qu'enduraient ses semblables. Cette pensée de plus en plus vive dans son esprit, avait amené de tumultueuses réflexions qui s'achevaient toujours ainsi. C'était presque définitif, mais une chose la faisait douter.

Elle détourna le regard ( jusque là braqué sur l'ange, sans pudeur ), surprise d'imaginer cette nouvelle étape de sa vie, une des plus décisives dans son existence, en compagnie du déchu, et pas autrement. Un foyer accueillant, chaleureux, où la survie de chacun est l'affaire de son prochain. Tout ce qu'elle avait osé espéré, tout ce dont elle avait rêvé dans sa plus tendre enfance, ce qu'elle envisageait pour l'avenir et qu'elle souhaitait partager avec lui. La trouverait-il trop entreprenante ? Lui déplairait-il de savoir qu'elle n'envisageait plus uniquement un moment à deux, mais plutôt une éternité à ses côtés ? Si jamais elle avait le courage de le lui avouer, l'embrasserait-elle avec cette même tendresse à laquelle elle avait si facilement succombé ? Elle se plaisait à se dire 'oui', à se bercer d'illusions qu'elle espérait devenir des réalités un jour, images qu'il nourrissait de son touché délicat et de baisers affectueux.

La bourde de Kai vint interrompre l'ambiance religieuse qui les entourait, une que seul un idiot en son genre ( de par son côté presque sacré ) pouvait se permettre de couper court. Sherry, restée en retrait, plissa les yeux face aux questions de son amant. Elle avait honte, mais avant tout elle ressentait une tristesse profonde de voir se conduire ainsi celui qui avait partagé son enfance, qui l'avait vu grandir, ce qui était probablement la cause de tant de malveillance. Inspirant longuement, elle soupira à son tour. « Je crois qu'il a un léger soucis.. Je ne pense pas qu'il tienne à nous ralentir, simplement.. Il a toujours été trop, comment dire.. 'protecteur' ? Et aussi loin que portent mes souvenirs, il a tenu éloignés tous ceux qu'il considérait comme 'nuisibles'. De plus, il a un orgueil démesuré qui, comme tu as pu le voir, le rend détestable quand il se sent inférieur.. C'est, en d'autres termes, un vrai gosse qui est loin d'avoir conscience de ce qui compte réellement, et qui ne sait que le détruire. » Voilà ce qui la rongeait le plus. Voilà ce à quoi elle tentait de mettre fin. Elle avait l'impression qu'il ne vivait que pour elle, qu'il se damnait pour elle inutilement, et qu'il en était devenu aveugle par tant de dépendance et dévotion. Comme s'il lui devait quoique ce soit.. Il était pour lui de s'en détacher, mais la séparation était bien trop pénible pour que la jeune rousse ne puisse d'elle-même la suggérer. Une boucle infinie, que Nao pourrait peut-être ( avec beaucoup de patience ) briser.

Mais, sur ces belles paroles, Kai sut une fois de plus tout gâcher.. En refusant l'aide du vampire, en le repoussant de toutes ses forces, il avait non seulement attisé le courroux du déchu, mais en plus il allait en être la victime. C'en était trop, Wrath avait déjà supporté, outre mesure, ses nombreux affronts, et Sherry n'eut pas l'âme à l'arrêter : elle savait, au contraire, qu'une telle intervention s'imposait. Kai tressaillit sous son poing, sous sa force, l'envergure de ces derniers, et sentit son corps ( déjà mutilé ), son orgueil ( déjà amoché ) s'éteindre dans la vague de ses propos. Ils étaient justes, clairs, concis, poignants. Il allait droit au but, était fort, savant et on le sentait. Kai se sentit menacé par sa présence, par la fureur qu'il avait consciemment propagé : il avait enfin la décence de s'en apercevoir.

Nao ne se fit pas prier pour rajouter une couche ( déjà à bout de ses réactions puériles et démonstrations de piteuse jalousie ) une fois le déchu assez éloigné. Lui aussi commençait à fatiguer, sa patience à s'épuiser. Il n'avait qu'une envie ( celle de foutre le camp et l'abandonner à son sort pour le punir de tous les maux qu'il lui reprochait ), mais se haïssait d'en être incapable. Se retenant de le gifler, il enchaîna. « Je t'avais prévenu il me semble. Plus tu iras contre lui, plus tu te feras emporter par le courant. Tu ne fais pas le poids, Kai. Il est plus fort, plus habile, plus sensé. Sherry est à lui, met toi ça dans le crâne. Tu es juste pitoyable à regarder et tu la rends juste misérable. Et si t'es pas content, on s'en fout. Tu dégages et puis c'est tout. » Il était méprisant, de ce sourire constant qu'il arborait, comme pour s'abaisser à son niveau. Il savait ne pas l'atteindre autrement, il savait que les mots doux n'aurait aucun effet, même si lui voulait les entendre et les parler. Il était sot de s'y être tant attaché. « Et attends toi à une punition sévère une fois rentrés. Je ne m'appelle pas Sherry. » Et il était temps de le lui faire comprendre.

Sherry, quelques mètres plus loin, était comme paralysée. Elle ne fit que suivre Wrath, une fois le groupe parti. Elle s'en voulait, prenait toute la peine sur elle comme à son habitude. Tant de fois elle avait voulu revenir en arrière pour tout corriger, tant de fois elle voulut effacer de sa mémoire ou même de l'histoire certains moments ou événements, mais jamais autant que ce jour là. Cette rencontre n'avait apporté que tristesse et désolation, alors pourquoi aurait-elle voulut la préserver ?

« Je comprends.. Je regrette son comportement à votre égard, et je suis désolée de tous les désagréments qu'il vous a causé.. » fit la jeune femme d'une sorte de révérence, ne sachant comment pardonner autrement le caractère dément du jeune homme. Elle savait que de simples excuses ne suffisaient pas à tout réparer. Elle était sensible à l'humeur du géant, à ses paroles, et elle vit pour une fois dans ces dernières une claire distinction entre lui et elle, comme si le 'un' qu'ils formaient n'était plus. Il n'avait pas à le sauver, il n'avait pas à le côtoyer.. Sherry ne voulait juste plus d'ennuis, fatiguée, lasse des malaises et de la douleur. Relevant un peu la tête, elle le regarda. « Mais, je ne peux pas ( aussi haineux soit-il ) l'abandonner.. Nao fera en sorte qu'il reste le plus éloigné possible, en espérant que tes mots l'aient raisonné.. Je suis vraiment navrée » acquiesça-t-elle abattue et d'une mine bouleversée, son regard portant aussitôt sur le vampire innocent, aussitôt sur le titan à ses côtés.

Elle ne savait plus quoi en faire.. Elle sentait la noirceur du démon l'envahir de plus en plus. Submergé par ses émotions, il semblait perdre le nord, ce dans un laps de temps plus court et de manière plus récurrente. Il avait toujours agit ainsi, en gamin prétentieux mais au même temps soucieux de son bien être, mais elle constatait aisément ( bien qu'avec désarroi ) qu'il dépassait de loin les limites.. Quelque chose avait changé en lui, des sentiments nouveaux faisaient surface, faibles et indolents, tandis que d'autres profitaient pour prendre le dessus. Les mauvais la plupart du temps. Nao était bien le seul à le supporter encore, mais il restait encore à savoir si jamais cette attention et ces efforts lui seraient rendus..

Levant les yeux au ciel, elle en examina chaque parcelle jusqu'à déceler au loin une masse minuscule, loin de se fondre dans le paysage. Il ne lui fallut que quelques secondes avant de reconnaître les petits ailes, la carrure délicate et les plumes graciles de l'adorable créature accompagnant le déchu, celle à qui il avait demandé de guider la tête du rassemblement à peine quelques minutes auparavant. C'était impensable qu'elle ai faillit à sa mission, petite chouette loyale et dévouée qu'elle était, et son retour apportait avec lui de bien mauvais présages. Eux qui croyaient être arrivés à un terrain d'entente avec l'impitoyable destinée, se voyaient accablés d'un tout nouveau défi. L'on entendait au loin ses cris de détresse, l'anxiété se lisait même dans sa façon de voler, quelque peu hasardeuse et précipitée. Sherry se détacha de l'homme brièvement pour aller accueillir la petite bête de ses deux petites mains pâles, avant de se tourner de nouveau vers l'être aimé, confusion et appréhension dans le regard.

Tout portait à croire qu'un groupe de bandits avait pris pour cible le convoi insignifiant qu'ils étaient, la 'fin du monde' ayant marqué pour certains l'opportunité rêvée pour propager le mal, piller, tuer, massacrer, brûler, détruire. Il fallait s'attendre à ce que les groupes de bandits redoublent d'activité, mais ils n'avaient pas envisagé de se faire attaquer si tôt.. Des hurlements au loin et quelques directives lancées d'une voix forte, clamaient cependant que la petite chouette avait raison. L'heure n'était donc plus aux échanges d'affection, aux regards doux et pleins de bonnes intentions.. Il leur fallait protéger les plus faibles, les plus démunis, en somme la plupart de ceux qui voyageaient là en leur compagnie. Sherry sur ses gardes, détailla rapidement son partenaire du regard, l'air de dire qu'elle ne le laisserait aller seul au front, qu'il ne sacrifierait pas une fois de plus des instants de vie pour qu'elle se ronge les sangs à son sujet en lieu abrité.

Malgré l'effet surprise, les hommes ne se laissèrent pas abattre et l'on entendit de nouveau retentir la voix grave du nouveau 'dirigeant'. « Que les plus robustes engagent le combat ! A vos épées ! Ne craignez pas leur lame ! Nous n'avons plus rien à perdre ! » Et il avait raison. La seule chose qu'il leur restait, celle que nul n'avait encore pu leur dérober, c'était ce souffle de vie qui fait avancer tout un chacun. Et celle-ci ne pendait désormais plus qu'à un fil que ces malfrats se faisaient un plaisir de couper. La riposte était impérative et l'échec guère envisageable.

~ 1739 mots ~

Wrath était déçu. Déçu des paroles infâmes qui sortaient de la bouche de la réprouvée. Il aimait une femme qui avait des relations plus que mortelles et gênantes, mais desquelles elle ne pouvait pas se détacher. D'un ton sans appel il lui dit « Tu ne peux pas l'abandonner ? Ce n'est pas une question de pouvoir Sherry, c'est une question de volonté. Dis que tu ne le veux pas, car c'est juste cela. » Il ne l'avait pas regardé, n'avait pas daigné tourner la tête. Pas par prétention, juste qu'il ne préférait pas voir l'impact de ses paroles sur son visage, et se détester un peu plus, comme à chaque fois. Pourtant, le maudit continua « Je ne te demande pas de t'en séparer. Comme tu le dis si bien, il est là depuis bien plus longtemps que moi. Aussi, sa légitimité est telle, que je ne peux y passer outre. Cependant, je ne tolèrerai de sa part, aucune autre tentative envers les miens, que ce soit par 'protection' ou autre. Alors si lui ne part pas, je le ferai. » Les paroles étaient tombées, et bien qu'il se mutilait, oui, il serait capable de s'en aller, de partir et d'arrêter de fréquenter Sherry. Dans sa tête, les plans étaient clairs. Kai ne pouvait faire qu'une chose vis à vis de lui et de ses pairs, c'était de les pousser dans le vide, point barre. Et Wrath ne tolèrerait pas une telle chose. Il était aussi extrême que sa colère.

Etant persuadé d'avoir raison, il ne s'excusa pas, et ne préféra pas retenir ses dernières paroles. Pour lui, il était dans la vérité. Keith n'avait jamais causé d'ennuis à Kai, comme Alyss n'avait jamais cherché à entrer en contact avec. Même ses animaux le laissaient tranquille. Il n'arrivait pas à mettre le tort sur lui et les siens, aussi égoïste soit-il. Et pourtant, tout ça, il ne le disait ou ne le faisait pas avec méchanceté, au contraire. Il était plutôt gêné de devoir avouer que oui, il ne pensait pas être dans le faux. Seulement, les évènement s'enchainèrent rapidement. Gaëlle revint toute déboussolée.
Wrath posa enfin Keith sur le sol -ce dernier resta collé à lui- et observa sa chouette qui se posa dans les mains de Sherry. Quelque chose n'allait pas. Wrath tapota sa tête de sa grande main en disant « Tu as vu un ours ? » Mais celle ci le regarda sans cesser d'hululer. En tête de file, pire était en train de se passer.

Le groupe entier se faisait attaquer. Les armes étaient la seule chance de s'en sortir. Le type désigné comme leader avait réussi a galvaniser des hommes et des femmes, pour en faire de puissants assaillants « J'y vais. Vous restez là. » Il regarda Keith et Alyss, ne voulant pas décider pour Sherry et encore moins pour ses compagnons de route.
Tirant son katana de sa ceinture, l'homme fonça vers l'avant pour se retrouver en première ligne avec les autres. Il tua les bandits de manière nette et ordonné, n'étant ni la pour faire une boucherie, ni pour torturer les âmes déjà en peine. Rapidement, les corps furent évacués du passage, et le déchu essuya du sang qui avait giclé sur son visage. Fouillant certains corps, il en trouva de l'argent et des bijoux -surement volés- et finit par découvrir une note. Laissant le butin des vilains à la mort elle même, n'en ayant que faire, et n'étant pas là pour dépouiller des cadavres, il ouvrit le parchemin abimé pour le lire. S'approchant du type qui encourageait les gens s'étant battu, il lui tendit le mot « Ca avait l'air programmé. On ferait mieux de se dépêcher d'arriver au bateau, car je doute que d'autres de ces hommes nous en laisse le temps... », « Bien, on va y aller. Personne n'a été grièvement blessé de toute manière. », « Tan mieux. »

Le déchu laissa le groupe se ressouder et partir. Il avait annoncé au premier, d'accélérer un peu le pas, de manière à arriver rapidement. Il ne fallait pas trainer, et les plus lents suivraient, car d'autres les aideraient.
Wrath garda le silence. Il n'avait rien à dire. Si Sherry avait des questions, elle les lui poserait, en attendant, lui préférait se taire et avancer presque solennellement, réfléchissant à tout et n'importe quoi. Au final, Keith brisa le silence, en lui posant des questions. Il ne comprenait pas bien la situation en général, et il savait qu'il allait bientôt avoir faim. N'étant pas loin des cadavres, Wrath dit « Continuez sans nous, je vais rester pres des cadavres avec Kei, il a besoin de manger. » Se détournant il dit « Je ne veux pas que Kai vienne, il pourrait le blesser. Je préfère qu'on ne soit que tous les deux. Continuez, on vous rattrapera. »
Le vampire n'était pas très fort en temps normal, et si en plus le démon se servait de lui, dans un de ses moments de faiblesse, pour le torturer ou le blesser, le déchu tuerai certainement Kai.

Après le repas mérité du gamin, il le fit se dépêcher « Viens. J'espère qu'ils ne nous ont pas attendu. » Les deux hommes se mirent à courir. Quelques minutes plus tard ils virent le groupe, et le rattrapèrent aisément. Plus loin encore, un port se dessinait. Wrath remonta la foule pour arriver près de l'homme « On va prendre le premier bateau. Les gens dormiront dans les cales. Si quelqu'un demande à se reposer, tu lui diras que ce sera dans le bateau. De même pour manger. Il ne faut pas perdre une seule seconde, c'est clair ? »
L'homme acquiesça, avant de s'engager dans le port. Des bateaux étaient affrétés, prêts à partir. Comme s'ils n'attendaient qu'eux, le groupe d'une vingtaine de personnes, monta à bord, et après avoir répertorié tout le monde, et avoir rendu les enfants aux mères, le navire se détacha pour partir. Etrangement, l'Océan leur donnait du répit. Pas de bandit, à part des pirates mais rien à l'horizon, et pas de magie, aucune catastrophe, à part une tempête, ne pouvait arriver.
Armé de quelques denrées, Wrath en distribua à chacun, sauf à Alyss et Keith, qui n'avaient nullement besoin de se nourrir de la sorte. Gaëlle fut ravie de pouvoir boire, alors que le déchu mangeait un bout de pain. La chouette vint sur son épaule, quémander de la viande « Ma jolie, je suis désolé, mais des souris, y en a que dans les cales. » Elle le regarda en penchant la tête « Et non je ne vais pas t'en attraper ! Tu attendras d'être à Bouton d'Or. », « Wrath, tu crois qu'on retrouvera notre maison ? », « Je sais pas petit... Surement pas. Nous en trouverons une autre, d'accord ? J'ai un ami à Mégido... Peut être que tout ne sera pas perdu mon garçon. » Il lui ébouriffa les cheveux alors que le vampire s'appuya sur Alyss, pour s'assoupir.

Le voyage allait encore être long. Le Déchu alla s'appuyer à la rembarque du pont, faisant attention à ne pas basucler en avant.

Mots : 1 199

Ses lèvres restèrent clouées par des épieux de fer. Finalement, n'avouait-elle pas par ce silence sa culpabilité, et n'approuvait-elle pas tous ses dires ? N'aurait-elle pas dû vociférer son désaccord si jamais la défense et le refus s'imposaient ? Mais, elle ne pouvait dire mot. Elle n'en avait pas le droit, pas après ce que Kai leur avait infligé et ce dont il serait encore capable à l'avenir, si on lui en donnait l'occasion.. Son état d'esprit actuel était mortel pour ceux qui oseraient s'approcher de Sherry, du moins jusqu'à ce que ce voile illusoire ne se dissipe. Nao était peut-être la réponse à tout. Seulement, cela ne pouvait pas être aussi simple..

Sherry discréditait les sons, les mots et même les intentions des paroles du déchu, mais elle avait beau se les remémorer sans cesse, jamais elle ne leur trouva de sens caché. Il avait été clair comme de l'eau de roche, sur ses intentions et projets. Peut-être n'y figurait-elle pas... Elle qui venait d'envisager un avenir à deux, qui espérait lui en parler un jour en faisant preuve d'une audace qu'on ne lui connaissait pas.. Mais elle n'aurait peut-être pas cette chance. Aussi, se sentit-elle trahie, mais par dessus cela, elle se sentit rejetée, comme s'il pouvait si facilement s'en séparer, faire une chose qui pour elle était impensable. Elle se croyait au dessus de tous les autres, prétentieuse de l'amour infaillible qu'il lui portait, mais se sentit faillir, crouler dans un vide sans fond, quand dans tout ceci, il lui fit comprendre l'étendue de sa méprise.
C'était impossible enfin. Impensable. Elle n'y croyait pas. Elle ne résonnait plus, n'en était plus capable, se contentant de répéter ses mots en une boucle désordonnée, autant que ses pensées. Elle éludait son regard, craignait ce qu'elle pourrait y lire.

S'étant lancée seule à la charge ( sortie de force de ses pensées ), ses deux acolytes restèrent en retrait. Kai n'osait même plus l'approcher. Sherry acheva ainsi d'un air complètement détaché quelques bandits qui dans sa direction se dirigeaient, servant d'écu à deux autres hommes en sa compagnie. Elle ne se sentait même pas concernée par leur attaque ( des plus prévisibles soit dit en passant ), l'esquivant d'un bon arrière, avant de contre attaquer de sa faux qu'elle avait gardé sur elle, constamment. Elle fut, en combat, d'une utilité assez réduite, et s'en détacha aussitôt. Nao lui désigna quelques lacérations au niveau des bras et une au torse, mais elles étaient tellement discrètes qu'elle ne s'en était même pas aperçue. Blessée, désemparée, la jeune femme ne dit mot, aussi bien au moment de partir, que lorsque Wrath les somma de continuer sans lui; lors de l'embarquement ou encore quand ils retrouvèrent - enfin - une once de tranquillité qu'elle espérait ne pas perdre cette fois-ci.
Le voyage fut à ses yeux des plus brefs, tant son esprit était absent. Étranger de tout.

* Je suis désolée pour ce que t'a fait Kai.. Toi qui allais lui porter secours, non pas lui nuire. Tu n'as plus à t'en soucier, jamais plus tu ne le reverras * acquiesça la petite rousse, observant au loin le vampire pâle s'assoupir. * Ils n'auraient jamais dû venir *, avoua Sherry intérieurement d'un sourire étrange ( camouflage parfait ) qu'elle adressa à elle-même. S'éloignant pour rejoindre l'ange réfugié dans un coin de la pièce ( loin du démon qui dormait paisiblement en dépit du chaos qu'il avait semé et son caractère irascible inexcusable ), elle hésita une fois à ses côtés. La voyant s'approcher, le jeune homme s'était recroquevillé, enveloppant ses deux jambes pliées de ses deux bras, son visage entre ses genoux osseux. La rousse caressa d'une main tendre ses mèches blondes complètement désordonnées, se rassurant de leur soyeux touché préservé. Peut-être espérait-elle qu'il viendrait soigner les plaies saignantes de ses membres ou celles moins visibles qu'arborait son cœur.

Elle attendait probablement de lui des mots tendres d'affection, mais Nao ne semblait pas enclin aux mêmes passions. « Tu t'en veux n'est-ce pas ? Ce n'est pourtant.. » « Il me rend malade. » laissa-t-il échapper d'abord sans que ces mots crachés ne soient à l'intention de la réprouvée. Ses yeux plissés et son expression renfrognée, donnaient l'impression de plis dans une soie douce, mais ces derniers se voyaient douloureux et sans explication.
L'ange opprimait quelque chose. La peur s'immisçait dans ses traits, et on la lisait facilement tant elle s'y était encrée. La jalousie, indigeste sentiment, ne lui réussissait vraiment pas, et la période d'acceptation de son mal n'était guère de tout repos. Il refusait de se déchoir, aucunement surprenant. Il reprit. « Désolé, je sais que c'est pour mon bien que tu dis ça, Sherry, que tu essaies de me réconforter, mais.. s'il-te-plaît, laisse moi. Tu es la seule personne que je n'ai pas envie de voir en ce moment. Laisse moi. Seul ! Je..»

C'en était trop. Il fallait qu'il craque. Il le voyait venir et par malchance, il choisit le plus prompt instant, celui qui mutilerait le plus les barrières déjà faibles de la jeune femme. C'était la goutte d'eau décisive, celle à faire renverser le vase qui se briserait sûrement au contact du sol insalubre et noir de ténèbres.
Ils étaient si forts à l'époque.. Ils avaient tant traversé, tant bravé, comment avaient-ils pu en arriver là ? Comment des sentiments autrefois bénins pouvaient-ils porter tellement atteinte aux liens d'une famille, en apparence unie ? L'ange n'y était pour rien, n'ayant pas choisi d'en tomber amoureux. Le démon répondait à sa propre nature et réprimait déjà bien des instincts pour se tenir aux côtés de la réprouvée. La faute lui advenait-elle alors ?

Chancelant légèrement, elle prononça maladroitement un "Pardon.. Prends soin de toi" avant de quitter la pièce avec une certaine précipitation. Elle y étouffait. Elle venait de perdre son refuge, et voilà qu'elle s'effondrait déjà, en étant devenu dépendante outre mesure. S'appuyant contre une paroi solide, elle se laissa choir quelques instants, coiffant en arrière ses mèches humides. Elles gênaient ses yeux qui voulaient pleurer, lâcher par ce biais la géhenne prisonnière. Ces derniers s'y refusaient. Sentant une brise agréablement humide mais emprunte de fraîcheur, elle se leva, marchant sans but. Apercevant le déchu, elle ne réagit pas. Il lui semblait lointain. Hors de portée.

S'en approchant lentement, ( ignorant depuis combien de temps il se tenait là au juste ) elle remarqua toutefois qu'il n'en était rien et qu'elle pouvait encore le toucher. Arrivait-elle à temps ou pas ? Elle s'en fichait, car la seule vision du personnage avait laissé libre cours à ses larmes.  Deux petites mains chétives, des doigts frêles, une voix grave. Une figure cambrée inférieure à la sienne, des crins couleur feu que le vent s'arrachait. Le froid criblait sa peau de milliers d'aiguilles, ses pores respiraient la chaleur qu'il partageait avec elle. Plaquant son front contre le mur de muscles, elle s'agrippa à lui d'une force phénoménale pour lui demander d'une voix étouffée. Elle ne voulait pas lui faire face, elle flancherait dans son entreprise. « Tu peux..m'attendre ? » Elle ne savait pas si c'était les bons mots à prononcer. Elle ne voulait pas s'en séparer, elle voulait que rien ne change, mais cette option lui semblait la moins probable dans toutes celles qu'elle avait envisageait au préalable dans son esprit. « Si tu m'aimes..attends moi.. Moi, je.. Je ne veux pas te perdre. Je refuse ! Je viendrai te voir. J'ignore combien de temps il me faudra, mais..le pourrais-tu ? » Elle avait réuni tout son courage pour ces quelques mots. Elle était des plus timides en temps normal, et voilà la première personne pour qui elle était capable d'aller aussi loin.. Elle attendit sa réponse, tapie dans l'ombre de son anatomie de géant.

¤

Les mers commencèrent à s'agiter. A croire qu'était venu le tour des eaux de se déchaîner contre eux, d'essayer d'altérer leur destin, qui à première vue, n'aurait pas transcendé l'attaque d'Avalon. Ils avaient avec adresse évité le pire, mais auraient-ils toujours autant de chance ? L'arrivée à Bouton d'Or marquerait, le priait-elle seulement, la fin d'une fuite permanente, et la naissance d'un espoir nouveau. Les récents événements ne présageaient à eux seuls rien qu'on puisse leur envier, mais cette lande promettait à elle seule tellement plus que les mots ne pouvaient exprimer. Les hommes, réfugiés par vingtaine dans les cales, n'auraient pu s'exclamer autrement. C'était le discours des faibles ou de ceux fatigués d'endurer. Ils méritaient bien  un certain répit.
L'homme s'acquitta de ses tâches pour se diriger vers les deux individus. « M'sieur, j'vous conseille d'aller vous abriter. Il va pas tarder à pleuvoir, et le vent se lève. Z'allez vous faire emporter si vous vous magnez pas » Le marin les quitta aussitôt d'une modeste révérence, ayant lâché ces paroles d'une voix bruyante qu'on ne pouvait réellement discuter, et de ce ton qui suggère fortement de suivre les instructions. L'on entendit la nuit les enfants brayer, les mères chantonner des airs pour les calmer. Le vent bientôt abandonna les coups de fouets successifs, et la nuit passa finalement de manière assez calme.

Une fois arrivés à bon port, il ne leur restait plus qu'à suivre les chemins jusqu'à Bouton d'Or, réputé parmi beaucoup pour sa tranquillité inouïe, ses terres aux cueillettes abondantes, et son paysage pittoresque, voire bucoliques par endroits. Les espaces parsemés de verdure sont monnaie courante dans la région, et l'accueil n'est pour une réprouvée que plus chaleureux encore. Sherry se vit envahie par une liesse et un soulagement qu'elle ne pouvait garder cachés, se sentant chez elle, en paix. Pour combien de temps ? Elle l'ignorée..

~ 1609 mots ~  

Wrath n'avait plus la foi. Il était tiraillé entre plusieurs émotions, ne sachant pas vraiment quoi faire. Ne disant rien, il se dirigea machinalement vers le pont du bateau, laissant là ses acolytes pour méditer en silence. Il avait blessé Sherry, plus que jamais, et il le savait mais n'y pouvait rien. Sa franchise et sa sincérité était trop maladive pour qu'il n'ait pu la retenir.
Du coin de l'oeil, alors qu'un vent fort se levait, il aperçu une tête rousse. Se tournant vers elle, elle lui demanda de l'attendre, de faire en sorte de ne pas briser leur relation à cause de cet homme impertinent. Le Déchu la regarda. Elle pleurait, ses mèches folles s'envolaient avec le vent, sa jolie frimousse était déchirée, tout comme le coeur de l'homme à cette vision. Plaquant une main aimante sur sa joue il lui dit « Alors c'est ça que vous ressentez... ? Ce combat, à l'intérieur de vous, où un sentiment tente de prendre le pas sur l'autre, vous perdant un peu plus dans vos propres tourments ? Je n'ai pour seul sentiment la colère, et celle-ci à se se faire réduire en cendre par d'autres. Ceux que tu as su instaurer dans mon coeur Sherry. » Il s'approcha pour la prendre contre elle « Je serai fou de refuser de t'attendre. Si ce n'était que de moi, je ne te laisserai jamais partir. Tu es celle qui a su réchauffer ma vie, tu es celle que j'ai blessé et qui ne m'en veut pas, tu es celle qui viens en permanence vers moi pour que je m'ouvre au monde... Jamais je ne pourrai t'abandonner. » L'homme détourna légèrement les yeux « Il y a des choses que je t'ai dites qui ont été mortelles pour toi, j'en suis conscient. La rudesse de mon corps est identique à celle de mes mots. Seulement, je ne t'ai pas tout dis. Moi aussi j'ai une tare. Quelque chose pour laquelle tu me quitterai... » Il regarda les orbes miel de Sherry. A ce moment ci, un homme vint leur indiquer de regagner les cales.

A la simple lueur magique de la faible lumière tamisée, Wrath se tenait dans un coin, alors que le bateau tanguait énormément. Il regardait du coin de l'oeil sa promise avant de dire « J'ai l'apparence d'un monstre. Ce que tu peux voir ici n'est qu'un leurre. Leurre que je préfère m'avouer, plutôt que de voir mes vrais traits. Alyss et Keith me connaissent sous ceux-ci, à mon grand damn, et je pense qu'il est temps pour toi de le savoir. Je n'ai rien à me reprocher, mais le monstre que la mère a enfanté et abandonné, ne devait pas mériter l'amour. » Les ombres dansaient sur eux. Il n'y avait pas d'ombre floue, disparates non, c'était un clair obscur net et tranchant. Aussi, Wrath laissa tomber le masque.
Ses cheveux virèrent doucement au vert, et alors qu'il ferma les yeux, il commença à avoir peur. Peur que cette beauté devant lui, ne hurle et ne s'en aille.
Il aurait du ne pas faire cela, il aurait du s'empêcher d'autant changer de forme et de force, mais c'était impossible. Il voulait lui avouer, n'avoir rien à lui cacher.
Sur sa peau, sur son visage son torse et son dos, il sentit ses cicatrices de guerre apparaitre. Son oeil se fissura lui aussi, comme il le devait. Etant, de toute façon, déjà borgne avec ou sans la modification d'apparence, il ne lui manqua nullement cela.
Son corps cabossé refit surface, et lorsqu'il ouvrit les yeux, enfin, craignant que la poupée ne soit morte d'effroi, deux orbes émeraudes, plus rutilantes que jamais, traversèrent celles, miel, de Sherry.

« Je... Je te demanderai juste de ne pas hurler... »
Il se dévoilait. Tout son être était en train de laisser tomber ses apparats, pour se dévoiler corps et âme à elle, sa seule et unique femme. Il savait que si elle, elle partait, il n'aurait plus personne, car il ne voulait plus personne. Il avait découvert avec elle, la chance d'être aimé tel qu'il était -enfin presque-, d'être unique et à part entière. Si Kai n'avait pas tout foutu en l'air, alors ils seraient surement en train d'envisager autre chose qu'une 'attente', une 'pause', termes plus proche de la séparation que de l'union...
Ainsi, dans cet apparence, Wrath se sentait chétif et à la merci de chacun. Les lumières et les ombres continuaient de l'engloutir, dansant allègrement sur lui « Je t'ai menti, je le sais. Je ne voulais pas te montrer qui j'étais réellement car j'ai été égoïste. Je te voulais toi, et personne d'autre, et si j'avais du faire autre chose pour te garder, pour que tu restes à jamais à mes côtés, alors je l'aurai fais sans hésiter. Tu n'es pas synonyme d'hésitation Sherry. Dès que je t'ai vu, je te voulais. Pas comme un homme désire une femme, mais comme une âme en réclame une autre... » Comme s'il s'éloignait, de plus en plus gêné des évènements, et certains que Sherry s'en irait en courant, il finit par soupirer, se rendant compte que ce genre de déclaration, c'était jamais très bon. Le monde venait de sortir de justesse d'une ère de chaos et voilà qu'il s'accrochait à elle comme un fidèle à une déesse. Elle n'avait pas besoin d'un fardeau comme lui. Ses yeux se rivèrent sur Alyss, Kei, et Gaëlle. Le vampire dormait sur le génie qui, lui, jouait avec Gaëlle. Ces gosses là, c'était pas des cadeaux. Si Wrath ne voulait pas Kai, Sherry n'était pas obligé de supporter ces gamins là. Seulement, Wrath n'arrivait pas à se dire qu'il devrait un jour s'en séparer. Pas tan que eux ne seraient pas prêt de le quitter.


Le bateau accosta. Bouton d'Or était dorénavant tout près. La tête de file reprit, et tout le monde fut soigné. Les graines bleus dans le ciel avaient réussi à mettre tout le monde sur pied, et le Déchu resta perplexe face à cela. Que s'était-il passé au juste... ?
Entrant dans le village qui n'avait subit aucun dommage, il se dirigea vers les établissements de soin, emmenant tout le monde comme il se devait, se faire soigner et réparer. Un lieu était à l'écart, réunissant un trop plein d'enfants. S'approchant, il demanda à une jeune femme « Que font-ils ici... ? », « Ce sont des orphelins. Ils ont été emmené ici suite au décés de leurs parents dans les villages alentours. Il faudrait les emmener au Sanctuaire, ils ont un orphelinat là-bas qui pourra les recueillir. » Se tournant vers Sherry il lui dit « Maintenant que nous pouvons voler, et nous déplacer rapidement, ne serait-ce pas mieux que nous nous en chargeons ? »

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