Le Deal du moment : -20%
-20% Récupérateur à eau mural 300 ...
Voir le deal
79 €

Partagez
 

 ¤ Les Âmes sont les Essais des Dieux ¤ Pv Wrath [ EVENT / Partie 1 ]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité

avatar
Lun 02 Juin 2014, 20:36


Sherry souffrait. Elle pleurait perles de pluie et sanglots d'espoir à la vue des hommes, détestables créatures, qui dévoilaient enfin leur véritable nature. Elle attendait ce moment comme si elle l'avait prédit, mais elle l'appréhendait d'autant plus maintenant qu'il était à ses portes, à ses fenêtres, à ses côtés. Elle endurait cette vision du chaos qui s'installe et elle l'observait de ses orbes de miel à travers les vitraux de ses fenêtres sous son propre jugement : elle sentait la haine monter en ces êtres dénués de raison une fois frappés par le désastre, un sentiment qui se traduisait par des insultes sans maître et injuriés sans nom. Elle voyait les conflits doubler, s'incruster inopinés dans le cœur des gens pour y semer la panique et l'impuissance, les forçant à agir. L'apocalypse s'approchait en un nuage de fumée qui bientôt recouvrait le monde entier, tous le sentaient approcher et chacun essayait d'y apporter une résolution aussi futile fusse-t-elle. Ce dernier croulerait alors sous une force supérieure dont personne n'avait encore conscience, anéantirait sa courte espérance et ses crimes de chair et s'achèverait bientôt en sombrant dans le désespoir.

De simples rumeurs couraient à ce propos dans les campagnes, se propageant comme une traînée de poudre par le bouche à oreille des pauvres paysans. Les informations affluaient de toutes part, obligeant les plus sceptiques et incrédules des hommes à se plier à l'irréfutable réalité, mais comment distinguer le vrai du faux quand règne la zizanie ici bas ? Même dans cette petite ville chatoyante où il faisait bon vivre, où la populace se voulait bohème et des plus calmes, elle vit des camps d'opposition s'ériger, sortir de l'ombre et des amas de population se retourner contre leurs semblables. La belle restait renfermée à huit clos, sans prendre part au chahut qui assurait sa montée. L'anarchie semblait avoir prit le contrôle des esprits, de la mentalité des hommes en général car ces derniers, obnubilés par leur propre survie, faibles, pieux, cherchaient le réconfort de la vengeance pour se protéger d'un aboutissement que les plus pessimistes disaient imminent. Néanmoins, la cupidité dont ils faisaient preuve grandissait avec l'inquiétude d'une créance qui toucherait à sa fin.

Derrière ces belles paroles, derrière ces discours d'allégeance visant à impliquer les peuples dans une guerre menée par les civiles, derrière des cris de liesse et d'engagement, se cachait un égoïsme sans pair. Ils cherchaient à accuser, à châtier les innocents coupables de l'avoir été avant de se voir ralliés à une cause qui n'était pas la leur, et à condamner enfin les vrais coupables qui parfois n'étaient que les boucs émissaires d'une entité majeure. Les hommes qui auraient pu garder intacte leur innocence mémorable et limiter les reproches à leur égard, devenaient ici - frappés par ce fléau - de vrais animaux sauvages et êtres perfides. La réprouvée parvenait à voir à travers ce masque de bestialité, à travers leurs actes méprisables de rébellion et de marches engagées, une recherche incorrigible du salut. Elle ne pouvait s'amener à les détester mais craignait de se voir induite de ce même air chaotique et disparate dont on prenait le contrôle par la force. La peur était l'émotion principale en voyant l'enchaînement de situations qui échappait de loin à son contrôle, qu'elle ne pourrait jamais éviter par elle-même.

Bien que le courage fut aussi de la partie et qu'elle eut conscience de son devoir, ne pouvant pas rester de marbre à voir le monde chavirer sous les coups de force de ses propres habitants, une certaine appréhension l'empêchait de se retourner contre eux. Les minorités avaient toujours éprouvé un plus grand mal à subsister, rien d'étonnant. C'est donc au milieu de militants et paysans à couteaux tirés, que Sherry projeta une fugue soudaine. « Ne viens-tu pas avec nous ? Que comptes tu faire Sherry ? » demanda l'ange d'un regard larmoyant, le cœur brisé mais empli des rêves de futurs retrouvailles ou d'une rencontre prochaine. Sa question resta en suspens, la réprouvée ne pouvait se soumettre à révéler ses projets car elle le savait bien assez sot pour la suivre dans sa folle entreprise. Ses deux amis au moins étaient à l'abri des émeutes ou autres tueries... Elle n'espérait qu'une chose dans le chaos qui s'approchait et qu'elle voulait voir prendre fin au plus vite : rejoindre le seul homme qui saurait l'apaiser, qui parviendrait à lui rendre sa candeur habituelle même en ce monde troublé.

Qu'était-il devenu ? Cette peste, forme terrifiante et ignoble du mal, était-elle parvenue à l'atteindre lui aussi ? Avait-il déjà eu à traverser les horreurs de ce déchaînement, ce châtiment provoqué ne choisissant ni ses victimes ni ses survivants ? Avaient-ils seulement encore une chance de se revoir ? Était-il seulement encore en vie ? Était-il sain et sauf ? Était-il parvenu à s'enfuir et si jamais c'était le cas, comment retrouver sa trace ? Sherry se voyait persécutée, hantée nuit et jour par de telles pensées qu'elle voyait même en regard sous les traits des plus vils cauchemars. Certaines s'avéraient plus pertinentes que d'autres certes, mais toutes divergeaient dans un seul sens : celui du déchu que même en temps de crise était la seule chose qui lui traversait l'esprit et qui expliquait ses efforts démesurés et espoirs peut-être vains. Cependant, malgré les rivalités, les euphémismes, les meurtres dont elle pourrait être victime, elle devait tenter de le rejoindre, s'en approcher tout au plus. Elle se devait d'être à ses côtés. Plutôt que subir le courroux des autres, que de vivre comme ces hommes innocents dans l'attente constante d'un jour meilleur, il lui sciait mieux vivre à ses côtés ne serais-ce que quelques heures, choisir en somme une courte existence au lieu d'une longue dénuée de sa présence.

Arrivée sur place, ayant fort heureusement déjà visité la ville au préalable et pu user de la téléportation pour l'atteindre en un rien de temps, elle y vit ce qu'elle redoutait le plus : le même spectacle macabre impossible d'effacer voire même d'ignorer. La peur la prit à nouveau, mais d'une intensité étrangère, plus forte, plus dévastatrice. Le nom «  Wrath » s'échappa de ses lèvres une première fois comme pour se convaincre, certifier qu'il était le seul à la pousser à une telle folie, que elle, ne voyait pas comme tel. Combien de chances pour que dans le chaos qui y régnait elle parvienne à retrouver un seul homme alors que ce dernier avait pu à son tour et tout comme elle quitter la ville pour échapper à la catastrophe ? « Wrath » s'écria-t-elle alors d'une voix plus forte, aiguë et déchirante. Elle le répéta, encore et encore, ne se fatiguant pas de son intonation profonde et du minime courage qu'il lui léguait. Son appel finirait par l'atteindre, l'espérait-elle aveuglément.

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Dim 08 Juin 2014, 21:18

« Qu'est ce que c'était ? », « De quoi ? », « Le bruit là... Dehors. », « Rien Kei, viens t'asseoir, fini de réparer ton collier, c'est important. » Le vampire, suspicieux, s'assit en jetant des coup d'oeil inquiets vers la fenêtre. Il n'avait pas confiance, quelque chose n'allait pas. Wrath n'en fit pas cas, et finissant de manger, il s'attrapa de l'alcool pour boire et faire passer le repas.
Le gamin mit son collier autour du cou, et sursauta lorsque la porte s'ouvrit à la volée « Partons d'ici ! La ville se fait attaquer ! », « Quoi ? » Le déchu fonça à l'exterieur. En moins de trois minutes, il entendit des cris, sentit l'odeur du feu noir, et devina le chaos qu'il se passait. Ainsi, la ville était sujette aux attaques et... Bon sang !
Ses pensées se tournèrent vers une seule et même personne. Une rousse, aux cheveux raides et soyeux, au regard miel. Mais secouant la tête, Alyss, se collant à lui, le fit revenir sur terre « GAËLLE ?! » Il appela sa chouette qui voleta doucement vers lui, essayant d'éviter les sorts et projectiles « GAËLLE NON ! » La minuscule chouette, pleine de plumes, de joie, et d'allégresse, se prit une flèche dans l'aile. Elle ulula doucement, avant de filer en chute libre vers le sol. Dès qu'il vit la flèche dans sa direction, Wrath s'élança dans les airs pour la rattraper et redescendit « Gaëlle, ça va aller. Reste avec moi ma p'tite ! ALYSS ! KEITH ! On... » Mais il n'avait pas finit sa phrase, qu'un énorme projectile de feu et de foudre s'abattit sur sa maison, projetant le monde plus loin, au sol.

Un bâtiment adjacent s'effondra, et ensevelit immédiatement le vampire « KEI ! » Wrath commença à sentir sa colère monter outre mesure, similaire à celle du temple : ravageuse, mais maitrisée. Se relevant en vitesse, Alyss prit Gaëlle, se réfugia dans un coin qu'il pensait soft, et Wrath fila déterrer son vampire « Keith, Keith réponds moi... ! KEITH ! » Le déchu, dans la précipitation, le prit dans ses bras « On y va ! » Lui et Alyss se mirent à courir, et au détour d'une rue, de corps tombés, il vit celle qu'il aurait préféré éviter, ne jamais voir. Pas ici, pas dans ces conditions et ce chaos « SHERRY ! » Que de noms qui sortirent de sa bouche. Immédiatement, il fit passer le vampire sur son dos, et porta ses jambes pour qu'il reste bien coller à lui, et qu'il ne chute pas dans son inconscience. Arrivé près d'elle, le visage alerte, l'âme en colère, il dit « Que fais-tu ici ?! Pourquoi es-tu venue ? » Un cri d'agonie retentit non loin « Il faut partir bordel ! » Elle l'avait appelé pendant des minutes entières, et il avait finit par répondre à son appel, à l'écho de son coeur, mais trop tard à son goût. Il aurait préféré, et de loin, pouvoir communiquer avec elle sous une autre forme, ne sachant pas qu'elle était ici...
Seulement, le déchu n'eut pas le temps de lui poser plus de question, il entendit la toiture de la maison voisine craquer et céder « Venez ! » Empruntant d'autres ruelles, il se heurta à des gens, défonçant des épaules, en faisant tomber d'autres, vidant le passage de certaines présences encombrantes pour lui. Derrière lui, la rousse cria avant d'étouffer son cri. Immédiatement il se stoppa. Keith, le vampire, commençait à reprendre ses esprits. Etre balloté sur le dos du déchu avait finit par le réveiller comme jamais et il tenta de se frotter les yeux. Il avait des côtes cassées et la peau déchirée par endroit « Je... », « Sherry ! » Faisant demi-tour, il s'approcha de sa belle qui avait malencontreusement trébuchée, ou qu'un passant avait bousculé trop fort, et qui allait se faire piétiner par un cargo de gens paniqués. L'attrapant par la taille, il serra et la releva, dans un courant d'adrénaline et de colère, pour la porter contre lui « Alyss ! On continue ! Il faut éviter le palais, seul les rues à l'Ouest mènent vers un passage confiner pour sortir de la ville ! », « Qui est-ce qui nous attaque ? », « J'en sais rien, mais ils ont l'air bien plus entrainé que nous. Qui savait pour l'attaque ? », « Je sais pas ! Attention ! » Le génie se stoppa alors que le déchu évita de justesse un guerrier en furie. Il continua sa course, sachant que le type trouverait bien plus de solutions, et fila vers le quartier à l'Ouest « Put*ain Sherry, qu'es-tu venu faire ici ? Keith ? Oh Keith ! Tu peux marcher ? », « Je... Ca va je... Vais marcher mais... J'ai mal... », « Reste là ! On arrive on va se poser... Où est Alyss ? », « Je sais pas... » Le vampire posa sa tête sur l'épaule de Wrath, encore assommé. Le groupe se trouva entre la muraille et les maison, dans la terre qui faisait le tour des jardins et des quartiers, dont la milice ne prit pas le temps de pavé le sol vu que personne n'y allait « On... Fait une pause, ça a l'air plus calme ici... M*erde, c'était quoi ce bordel ? Sherry, tu peux tenir debout ? Tiens toi à moi... » Il reposa la rouquine sur ses jambes, alors qu'il toucha de sa main, le visage du gamin « Les salauds... Bordel, où est Alyss ! », « Je suis là. Il faut soigner Gaëlle ! » Wrath enleva la flèche de l'aile, avant de la prendre contre lui. L'animal ferma les yeux ululant tout doucement, comme pour se rassurer, contre son papa. Il ouvrit son kimono, blessé de voir sa plus fidèle amie comme cela et murmura « Comme quand tu étais petite Gaëlle, repose toi ici... Mais reste avec moi. » La peine qu'il ressentait, les larmes qui ne coulaient pas, tout se transformait en colère. En Haine puissante et remuante, qui permettrait à n'importe qui de causer ce chaos seul, et d'une seule main. Il releva la tête vers sa douce « Je suis désolé Sherry... Je suis tellement désolé... » Keith s'était à nouveau évanouit sur son dos, et Gaëlle dormait. Alyss s'approcha, plus triste que jamais, de son maitre, pour enrouler son bras autour des siens « C'est... Ma famille, je ne peux pas les abandonner... » Et pourtant, il savait combien ils les retardaient...
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Lun 09 Juin 2014, 23:40


La confusion générale s'était emparée de la ville assiégée, d'apparence calme au premier abord, mais dont la vivacité de jadis semblait avoir disparu. L'on y avait remplacé les rires béats et les acclamations de liesse par des cris de douleur sur des cadavres ensanglantés et des pleurs pour ceux dont la vie tenait encore, mais plus qu'à un fil. L'on tuait, l'on arrachait, l'on pillait à n'en plus pouvoir. La cupidité et le meurtre étaient partout - dans le sang, dans les cœurs, dans l'air - et nul de ceux qui se virent à leur insu tristes témoins de cette scène - du moins ceux qui parvinrent à y survivre -  ne pourraient jamais oublier le massacre qui y eut lieu. L'on égorgeait les enfants comme les femmes, l'on volait et l'on détruisait l'épée à tour de bras, le sourire au bout des lèvres se croyant réellement justiciers d'une punition divine ou humaine, tout en assouvissant en son nom une pareille terreur, un tel chaos. Et quelle meilleure façon d'annihiler un peuple que de s'en prendre à sa vie, la dévorer de l'intérieur sans ne jamais s'en prendre à ses dirigeants.

Les hommes parcouraient les rues dans une hâte, une épouvante sans limites, fuyaient les murailles qui s'écrasaient peu à peu leur espérance épuisée, condamnant par ailleurs celle de centaines d'autres bâtisses juxtaposées dont les habitants ne pouvaient prévoir l'imminente destruction. Les victimes coulaient à flots et bientôt la cité, déjà à feu et à sang, n'aurait plus âme qui vive pour témoigner de sa présence, le peu de survivants cherchant désespéramment des abris, refuges qui leur permettraient de quitter la ville en sécurité et ce dans les plus brefs délais. Et la petite rousse, en dépit des bousculades et autres mésaventures qu'elle brava pour avancer lentement dans la ville en proie à l'agonie, continuait de parcourir les grands axes comme les plus minces ruelles. Prise d'une horrible fatigue, elle s'arrêtait de temps à autre pour reprendre ses forces, son souffle, elle dont l'énergie semblait se vider tel un récipient sur lequel l'on a percé une ouverture, elle dont le manque d'énergie l'accablait par dessus tout et à un rythme plus soutenu.

L'appel retentit. Sherry, malgré un étourdissement momentané dû au choc que l'énorme chahut et populace confuse -  désemparée - lui avait causé, se redressa dans la minute, entendait enfin son nom de la bouche de cet homme, de cette voix grave qu'elle aimait tant. « Wrath ! » répéta-t-elle, un appel qui avait enfin pu atteindre ses oreilles. Se précipitant vers lui dans une peur guère feinte et une frénésie facilement explicable au vu de l'anarchie la plus sanglante qui les entourait de toutes parts, elle sentit ses mains se raidir au contact de son habit large, ses yeux s'émerveiller à la vue de son visage. Mais la rêverie ne dura pas et bientôt les hurlements et autres ressorts de douleur et tristesse, mirent fin à son adoration éveillée. Témoignant un certain courroux dessiné sur le visage, sculpté dans le timbre de l'être aimé, elle reconsidéra ses actes, songea en silence au pourquoi de s'y être rendue, à ses risques et périls, sachant pertinemment les calamité, le glas macabre et le désespoir qu'elle y affronterait. Elle savait, malgré elle, ne pas avoir agi pour le mieux.. mais c'était inévitable.

Ses deux acolytes, se doutant des folies qu'elle s'apprêtait à braver, à commettre de son gré, l'avaient bien mis en garde sur ce fait, mais cela n'aurait pu suffire à freiner son entrain, seulement à l'agrémenter :  l'inconscience eut raison de sa méfiance. Il lui était impossible et insupportable de rester à l'écart, de garder intacte cette distance, trop importante, qui les séparait. Toutefois, elle savait aussi que malgré cet égoïsme sans nom, cette attitude parfaitement puérile, elle n'aurait pu supporter que l'ange la rejoigne au centre des conflits dont elle pourrait être victime à son tour, pour s'y plonger, s'y mutiler, au risque d'y mourir. Elle trouva donc son courroux raisonnable, justifié.

L'heure n'était pas propice aux confidences ni aux belles retrouvailles émotionnelles et elle sut s'en abstenir, à la vue d'un courroux certain dessiné sur le visage de l'être aimé et le son des lames s'acharnant sur les hommes, pour les accompagner dans leur course endiablée vers l'extérieur de la ville. Les ruelles défilaient à toute allure, le petit bout de femme incapable de les reconnaître les unes par rapport aux autres, ne voyant là tout bonnement qu'une succession étrange du même tableau mais en continu. Elle se protégeait derrière la carrure imposante de son amant, trébuchait par moments l'obligeant à la ressaisir malgré l'être mutilé qu'il portait déjà dans son dos, mais attendait néanmoins ses consignes pour s’exécuter. Elle n'était rien d'autre qu'un poids pour le déchu, un fardeau qui l'empêchait d'agir à sa guise sûrement, signant ainsi définitivement l'échec de sa ''mission'' et de ses bonnes intentions. Wrath, quant à lui, voyant leur situation aigrir et l'état de santé de ses amis détériorer, leur accorda une pause précieuse en un lieu où il leur serait permis un peu de paix.

Ses deux acolytes semblaient mal au point et, bien que peinée pour les malheurs qu'ils avaient subi, elle crut bon profiter de l'occasion pour répondre aux questions que lui posait continuellement le déchu sans que jamais on ne leur permette de communiquer aisément. « C'est moi qui suis désolée ! Je le suis.. vraiment.. mais je devais venir te voir.. M'assurer que tout allait bien.. » commença-t-elle d'un air dépité, tout en le regardant droit dans les yeux sans ne jamais moindre une once de honte voire même de remords, ce malgré les excuses qu'elle formulait, sincèrement. Le moment était mal choisi pour s'étaler dans des discours interminables et invivables, sur des paroles sentimentales qui étaient ici incongrues et sans intérêt, d'aucune aide en somme pour leur permette d'échapper vivants à cet échafaud géant et à cette corde que la Faucheuse tendait, juste au dessus de leur tête. « Mais, même si ma présence te déplaît, je devrais au moins pouvoir me rendre utile. On n'abandonnera personne, Wrath. » acheva-t-elle, en rebroussant ses manches pour dénuder jusqu'à ses coudes, dévoilant sa peau d'un teint pâle et immaculé.

Dégageant ainsi sa crinière orangée pendant le long de ses membres meurtris par la course, elle les coiffa légèrement sur le côté, les tortilla de ses doigts fins, les tortura de leur emprise nerveuse. Prenant place à ses côtés, les deux jambes écartées lui servant de support pour l'empêcher de se reposer excessivement sur le corps géant du déchu, elle tendit ses deux petites mains pour les porter à l'intérieur de son habit, effleurant sa peau, appuyant sa tête docilement contre son torse pour bien voir sa patiente. Une cascade de fils scintillants s'abattit alors sur son dos, bras et visage de porcelaine qui s'en voyaient presque entièrement recouverts, avant de se pencher en avant, suffisamment pour que ça n'en devienne pas étouffant pour la petite bête.

De ses mains irradia alors une sorte de lumière blanchâtre, éblouissante de près alors que ses deux paumes enveloppaient avec affection le petit corps de l'animal et le baignaient dans sa bienveillance, ses instincts protecteurs. Ses larmes, elles, envahissaient doucement son visage, perlaient silencieuses sur le bord de ses joues rosées sans que l'on entende de sa part le moindre sanglot : mélange entre soulagement et une peur évanouie pour la sécurité de Wrath, sentiments déjà assez accablants sans que l'on n'y ajoute une certaine empathie envers la petite chouette, maux qui semblaient s'acharner sur elle. Essuyant les gouttes vagabondes, elle fit, tout en effleurant de son doigt la tête de la petite : « N'aie pas peur.  Tout ira bien, ma belle. »

Des propos qu'elle tenait en souriant de toutes ses dents mais dont la fiabilité était moindre voire nulle, au vu des mugissements de soldats qui prenaient source derrière les barricades et autres tas de gravas qui s'érigeaient autour d'eux pour leur parvenir, menaçants. « Venez ! J'en ai trouv.. » fit un soldat isolé que la réprouvée n'eut aucun mal à réduire au silence sans pour autant le dépouiller de sa vie ou de sa langue, l'ayant seulement assommé du revers de sa lame alors qu'elle attendait déjà sa venue, cachée et prête à frapper. Un autre le suivit dans son mouvement, s'élançant sans pitié vers la dame - sans aucune torpeur ou hésitation -  couteau tiré, la fureur brûlante dans les yeux.

Munie de sa longue faux qu'elle n'utilisait au final que pour des duels qui se faisaient rares, elle évita le premier coup, laissa le deuxième effleurer sa nuque de justesse, pour que le troisième, visant plutôt son abdomen, soit le coup fatal. Ces hommes, recrutés au final parmi les mercenaires et paysans labourant leurs champs, créaient d'énormes disparités dans les rangs ennemis, certains méfiants même à l'égard de leurs semblables tandis que d'autres n'avaient jamais touché un sabre dans leur courte vie. Brandissant alors avec élégance, et d'une seule main, l'arme dont elle avait appris à modérer le poids et l'intensité, la petite rousse la planta un peu en dessous de son épaule, assez pour le faire se tordre de douleur et s'évanouir également à cause de cette dernière.

Reprenant alors place près de ceux qu'elle oserait appeler ses ''protégés'' en quelque sorte, elle toucha le sol d'une de ses mains tout en prononçant quelques paroles dont elle ne comprenait elle-même pas entièrement le sens, espérant pouvoir grâce à cela leur donner un peu de tranquillité, ne serais-ce que quelques minutes. Une barrière temporelle qu'on ne pouvait percevoir en temps normal et qui pourtant se voyait transparente de l'intérieur, leur permettant ainsi d'observer attentivement tout ce qui prenait lieu à l'extérieur sans devoir s'en sentir concernés.

S'approchant alors de Wrath pour saisir du bout des doigts un pli de son habit pour se sentir rassurée et le savoir – sans trop le gêner – présent, sain et sauf, elle lança une succession de questions brèves car, plus que de trouver un endroit serein, ils devaient par dessus quitter la ville. « Savez-vous si les portes de la ville sont restées ouvertes ? Ou encore laquelle serait susceptible d'être la moins gardée ? Je n'ai jamais prit le temps de profiter de la visite.. Vous pensez qu'il est possible de parvenir jusqu'aux rives du fleuve aux orées de la ville sinon.. ? Vous connaissez bien mieux la ville que moi, je ne sais pas à quel point mes questions peuvent paraître aberrantes. » Elle leur lança un sourire doux et candide, ce dernier légèrement déformé par une fatigue qui refaisait surface langoureusement, cette peine faisant profil bas pour le moment mais les rapports de force ne tarderaient pas à s'inverser, la réprouvée usant avec négligence de ses pouvoirs et son énergie magique.

Nombreux étaient ceux à maudire la présente reine pour la déchéance de la cité et de ses habitants mais jamais la réprouvée n'aurait pu imaginer un tel renversement, une rébellion d'une telle violence qu'elle en viendrait à exterminer, à raser de la surface du globe l'existence même d'un peuple qu'UNE femme disait coupable. Le pouvoir de soulever une foule et s'en faire bâtir une armée, équivalait ici à celui de dominer le monde. Ses valeurs trôneraient alors en cette marre de sang, ce champ miné de cadavres et des plus putrides odeurs.. Car, au final, pour être vainqueur, il ne faut pas seulement le courage de lancer la rébellion mais aussi celui d'accepter ses responsabilités alors que croulent à ses pieds les vies gaspillées, épouvantées des civils, de ces innocents dont on ne connaît pas le visage.. En somme, ceux qu'elle a piétiné pour parvenir à ses fins. C'est ça, être vainqueur.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Dim 22 Juin 2014, 01:03

Wrath fut rassuré. C'était le chaos, il fallait fuir, faire en sorte que tout le monde survive, mais dans sa colère et sa furie, il était heureux de sentir le contact de la petite rousse. S'il n'avait pas eu une ribambelle de gosses à sa charge, et une chouette complètement en état, il l'aurait prise dans ses bras, et n'aurait pas hésité à fuir la ville. Dans son problème d'acceptation, de peur et d'égoïsme, il aurait préféré la prendre avec lui, pour l'emmener dans un lieu sur. Se repaitre d'elle, comme un homme aimait une femme. Qu'il se contente enfin de sa moitié, de son tout qu'il avait en l'instant. Seulement, le Déchu n'eut pas cette chance, ni même l'infime espoir de le rêver.
Arrivant dans un coin un peu plus calme et tranquille, Sherry se précipita sur lui, la mine triste et confuse. Elle avait un de ces visages que l'on pouvait voir sur des statues, des peintures ou encore des essaies de beauté. Des représentations de jeunes muses, dévoilant à peine leurs courbes pour laisser, dans la tête de l'homme, tout le subjectif se faire. Ses traits qui changeaient en fonction de tout ce qu'elle ressentait... C'en était une admiration. Il ressentait une soumission, l'élevant immédiatement en rang de déesse, ou une entité s'en approchant. Il aurait mit Avalon à terre s'il l'avait fallu, pour n'avoir qu'un seul de ses baisers. Le fait qu'elle fut inquiète, qu'elle pensa à lui, qu'elle était comme frustrée de son absence permanente, lui prouva combien la distance les crever. Ils n'étaient peut être pas fait pour vivre séparément. Y avait-il un endroit où il pouvaient bien aller se reposer ? Y avait-il un endroit où ils pouvaient réellement fuir ? Wrath lui même n'en n'était pas sur. La minette était désolée, et la moue qu'il lui infligea le paralysa. Il voulait la toucher, l'embrasser... Il était hypnotisé. Elle était belle et radieuse, elle était, même dans un moment de désespoir, la lumière qui le faisait avancer, quoi qu'il arrivait. L'homme ne pu pas lui répondre immédiatement, subjugué, et réalisant peu à peu qu'elle était là, près de lui, et bien plus consciente de ce qu'il se passait que lui.

On n'abandonnera personne. Même son prénom semblait beau et harmonieux prononcé de ses lèvres. Si sa présence le dérangeait ? Pire que ça, il en avait besoin. Il mourrait sans elle. C'était devenu son eau cristalline, la source des battements de son coeur, comment aurait-il pu dire, -et pouvait-elle croire- qu'il était de ces hommes encombrés par la gent féminine ? Femme juste bonne à avoir les cuisses souples pour être mère d'une famille nombreuse, et assouvir ses envies les plus perverses... Non. Wrath n'était pas comme ça, et répudiait cette attitude.
Elle eu la lucidité de se dépêcher, et de soigner Gaëlle. Au creux de son torse, le Déchu finit par revenir à lui et ouvrir son kimono, laissant à Sherry l'espace pour y plonger ses bras, irradiant de générosité et de soin, la petite bête à plume. C'était dur pour le Déchu de voir sa mignonnette souffrir le martyr, d'une flèche dans l'aile. Elle était petite, fragile, et absolument adorable et s'il retrouvait l'archer lui ayant infligé celà, les Aetheri savaient combien ce type allait passer un sale quart d'heure. Par pure vengeance car Wrath n'avait aucune bonté contre ce genre d'êtres vils. La séance de guérison prit un certain temps. Sherry, collée à Wrath, soignait la bestiole, et l'Ange posa sa tête sur celle de la rousse, regardant son oeuvre « Tu es courageuse... » Parlait-il à Sherry ? A Gaëlle ? Non, il parlait aux deux. Car pour lui, ces deux femmes, l'une animale, l'autre humaine, représentaient des modèles de courage et de persévérance dont, parfois, il avait manqué.

Seulement, leur repos fut de courte durée. Des soldats arrivèrent. Wrath se trouvait dans une position très inconfortable. Sherry était prête à se battre pour lui, il ne pouvait pas la protéger et, en même temps, Keith et Gaëlle dormait sur lui. Alyss fit ce qu'il pu pour aider la Réprouvé, pendant que l'homme se recula. Il détestait cela. Ç'aurait du être lui à cette place ! Pas elle !
Les hommes furent mis à terre rapidement et elle même créa une barrière, tel un bouclier, pour leur donner du répit. Alyss prit la parole « Ce serait du suicide d'aller aux portes ! Il faut trouver un autre chemin. », « On va prendre les sous-sols. Ce sont des sortes d'évacuation, mais ils emmènent à la rivières. Si nous arrivons à dépasser le Palais qui est en son centre, nous pourrons passer les murailles. », « Et voler ? », « Alyss ! Regarde Gaëlle ? Je ne veux pas que nous subissions le même sort. Toi et Kei ne le pouvez même pas en plus ! » Etrangement le génie ne répondit pas.
Wrath resserra son kimono, la chouette se reposant dans le plis de l'épais tissu, contre la chaleur de son torse « Aller on y va, par là ! » Le vampire sur le dos, Alyss essayait de le réveiller en lui pressant la main, mais sans succès.

Le Déchu zigzaga entre ruelles et maisons, évitant le feu ardent de la bataille et voyant tan de civils, faibles et mal lotis, subir la mort et la dévastation. C'était difficile pour lui de voir cela, dans le simple sens qu'il était en train de se dire que sa vie tombait en lambeau. Tout était en train d'être détruit, de but en blanc « On doit changer de continent ! », « Réfléchit ! La désolation est partout et non que chez nous ! Bon sang Wrath, tire nous de là ! » Le type était en colère. Il n'arrivait pas à trouver de solution. L'objectif pour le moment était seulement une seule chose : sortir d'ici. Fuir, et survivre. Heureusement, une fois atteint un bâtiment administratif, ils purent trouver des sortes d'escaliers, menant aux abords de la rivière, à flan d'eau. Des portes dérobées menaient vers les canalisations en elles-mêmes. A partir de maintenant, il suffisait de suivre les couloirs « Le Palais est là-bas, la sortie devrait se trouver plus vers l'Ouest. Allons-y, et que personne ne fasse de bruit... » Les couloirs résonnaient et, dans les bruits qu'ils pouvaient entendre, il y avait le clapotis des gouttes d'eau.
Ce n'était pas le moment, il le savait, mais l'homme était comme ça : brut. Il disait ce qu'il voulait, dans n'importe quel moment « Sherry... Je suis désolé si j'ai pu paraitre agressif. Je suis vraiment... Heureux que tu sois là. Tu as sauvé Gaëlle, et je ne t'en remercierai jamais assez. Nous sommes juste... Aux portes de la Mort, et te voir dans ce dédale avec nous m'inquiète. Peut être n'en ressortirons-nous pas vivants ? »
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Dim 22 Juin 2014, 17:48


Elle se heurtait à un mur invisible. Raisonner était devenu un acte impensable, la mort assurée si jamais elle se livrait à ce genre de pratiques suicidaires. Lutter était devenu leur seule option, la mort le seul avenir à envisager. Il perdait tout et ne pouvait rien protéger. Toute fleur flétrie évanoui avec elle l'espoir qu'il restait à cette ville qui était la sienne. Sherry ignorait l'attachement que pouvait avoir le déchu envers son peuple, envers sa demeure gisant maintenant en un simple tas de gravas. Elle courait à ses côtés, s'approchait de lui comme elle pouvait pour éviter les pleurs, les bousculades, le désarroi qui l'entourait. Leurs vies étaient précieuses, mais combien s'étaient perdues lors de cet affrontement à sens unique, cet attentat envers des gens qui n'avaient aucun moyen de défense en plus d'une reine absente ? La course continuait, la chasse à la survie était lancée.

« Il n'est pas question de courage, mais plutôt de regret. J'ai trop longtemps assisté à la misère des autres, trop longtemps contemplé leur mal en silence. J'ai vu ceux que j'aime disparaître, souffrir, s'éteindre.. et incapable de tout revivre à nouveau, je... Je ne te laisserai pas traverser cela, tant que j'en ai les moyens. » hésita-t-elle au final. Elle disait ce qu'elle avait sur le cœur, ne pensait guère aux apparences ou aux souffrances qui pourraient s'en suivre, ce qui lui avait tant coûté et au même temps tant apporté. Elle l'ignorait sûrement mais cette partie d'elle permettait à d'autres de la croire, de voir dans ses yeux l'infime et espoir et la rare sincérité, bienveillance et bonté. Elle était de ce genre de personnes qui offre tout sans rien demander ni espérer, d'autant plus au déchu concerné.

Les quelques minutes qui suivirent se portèrent sur une discussion stratégique majoritairement entre Wrath et le jeune homme qui l'accompagnait, tentant de délibérer laquelle serait le chemin le plus judicieux tout en ignorant les projets et agissements de leurs opposants. Ils n'avaient d'autre choix que d'aller de l'avant, un groupe en mouvement était difficilement repérable comparé à un isolé et immobilisé par les difficultés de la situation. Elle le suivit de près, sans dire mot, sans faire le moindre geste alors qu'elle voyait tout sombrer dans la mélancolie et le désespoir. Elle se questionna quelques instants, imagina un destin dans lequel il aurait eu à traverser ce bain de sang sans son appui, sa présence. Elle sentit son cœur se glacer à cette seule pensée, imagina brièvement le visage en peine de Wrath teinté du sang de ses amis, de ces êtres qu'il chérissait plus que lui-même sûrement. Sa poigne se resserra, elle refusait de le lâcher. Elle ne voulait pas entendre raison si celle-ci la poussait à s'en séparer. Si pour lui, le mieux était leur séparation, elle se prêterait volontiers à ce jeu d'égoïsmes et d'actes puériles pour rester à ses côtés. Elle voulait son amour, mais il ne lui suffisait plus. Penser à leurs moments ensemble n'avait plus cet effet apaisant qu'elle aurait pu ressentir aux orées de leur relation. Les besoins s'intensifiaient et avec eux les sentiments fusaient, jaillissaient d'elle inconciliablement. Maintenant, il lui était nécessaire, son contact impérieux : une effrayante ivresse affective.

Les sous-sols que l'homme avait mentionné ressemblaient surtout à des canalisations, un rassemblement des eaux usées de toute la ville, un macadam d'odeurs diverses et variées qui aurait prit pour refuge les galeries souterraines pour s'y cacher. L'endroit, insalubre mais visiblement en assez bon état pour supporter leur passage et cacher leur présence, apaisa légèrement la jeune femme de cette vue de l'apocalypse qu'elle n'avait plus devant elle, une vision qu'elle voulait éviter. Leurs pas s'enchaînaient mais le bruit de ses talons restait minime, réduit par ses efforts. L'homme s'excusait, se réjouissait, la remerciait, s'interrogeait au final. Tant d'émotions simultanées semblaient se faire sentir dans ses mots que la réprouvée ne put que sourire au début de ses affirmations pour au final manifester des émotions plus vives, quoique toujours aussi sucrées de par leur intensité. « Pas un mot de plus, Wrath. Je crois en toi, en nous. Je sais que nous sortirons d'ici indemnes. Je ne crains pas la mort tant que tu es là. L'on vivra ensemble, je ne te permets pas de penser le contraire.. » dit-elle d'une voix plus tremblante sur les quelques derniers mots, les yeux plissés pour aller de l'avant, croulant n'empêche sous une peur dont elle devait avouer l'existence.

Mais elle le pensait. La Mort ne l'effrayait pas, elle la côtoyait depuis des années qui plus est en sa qualité de réprouvée.. Elle vivrait à ses côtés, elle mourait si jamais l'ange venait à connaître ce funèbre destin. Et cette pensée lui donnait la force nécessaire pour tout traverser. Vivre comme s'il n'y avait pas de lendemain, vivre quand on n'a plus rien à perdre, c'est le combat des survivants auquel elle s'entraînait depuis des années. Il est des êtres qui ne peuvent pas supporter la réalité douloureuse et se glissent dans un monde imaginaire, se perdent dans leur rêve intérieur où le tranchant du scalpel est émoussé, voire inexistant. C'était trop peu pour elle. Elle voulait vivre, s'épanouir à ses côtés, ouvrir ses ailes qu'elle avait si longtemps fermé de peur des représailles. Il était sa confiance, son but, sa raison et c'était assez pour risquer tout d'elle pour sauver tout de lui.

Un fracas assourdissant de la pierre qui s'attaque, s'érode dans un éboulement de taille, se fit entendre derrière eux. Des secousses parvinrent jusque sous leurs pieds faisant perdre à Sherry son instable équilibre et stabilité. Les cris et le sang coulaient à flots à l'extérieur de ces murailles qui maintenant les en préservait. Ces hommes, ces justiciers du mal, propageaient la douleur, la haine, les rancunes et la vengeance, un cycle de destruction dans la supposée prospérité. La roche céda face à leurs attaques continues dévoilant ainsi les supposées échappatoires des réfugiés de la cité. Peut-être d'autres étaient-ils parvenus à fuir sans encombrement et sans que les malfrats ne détectent leurs agissements ? Peut-être mais le groupe de l'ange et de la réprouvée ne semblait pas avoir eu autant de chance. Rien ne leur prouvait qu'ils iraient aussi loin dans leurs fouilles et leur massacre, mais inversement, rien ne semblait réfuter cette hypothèse. Elle se releva aussitôt, chassa la poussière et la géhenne qui aurait pu la frapper et se remit en route à leurs côtés.

« Nous n'avons pas le temps.. Nous sommes encore loin de la sortie ? Nous allons seulement nous replonger dans le chaos si nous restons à l'intérieur de la cité.. Il faut sortir au moins ! S'il le faut, je peux essayer de téléporter les blessés jusqu'à l'extérieur et ensuite nous aussi.. » Elle laissa sa phrase en suspens, épargnant son souffle pour la course désespérée qu'ils menaient, sachant que l'information passerait très bien avec aussi peu d'indices. De toute manière, elle n'avait pas moyen de savoir si sa magie était suffisante pour tous les sortir de là, compte tenu de son incroyable difficulté à la contrôler dans les jours qui précédèrent cet accident. Elle essayait simplement de voir ce qui les avantagerait le plus pour sortir de la ville dans les plus brefs délais et éviter des affrontements inutiles que les bruits de pas présageaient de toute évidence. Peut-être provenaient-ils de l'étage de terre et de fer qui les superposait, peut-être n'étais-ce point le cas. Sa vision, trop obscurcie par son pessimisme et leur peu de chances de survie, n'était plus aussi performante qu'auparavant et elle essayait, vainement, de garder son calme, sa main toujours portée vers l'homme qui l'accompagnait. Son pilier. Sa détermination.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Dim 22 Juin 2014, 20:59