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 Et la Beauté enfanta l'Abyssum [PV Lokys]

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Lun 07 Juil 2014, 09:24


« Zackary… ? » Nastaé appela son majordome, mais personne ne vint. Passant à travers les arbres noueux, il continua de marcher. Etre de lumière, ressemblant à un mécène de la grâce, tout de blanc et mauve vêtue, jusqu’à ses cheveux, perdu au milieu d’un antre noir, qui ne cherchait qu’à le dévorer. Ses doigts fins et diaphanes vinrent caresser un tronc tortueux. Les appels quant à son valet, tombèrent dans l’inconnu, emportés par le vent. Depuis un moment la magie lui faisait défaut. L’Ariana avait cru bon de lui subtiliser son flux le plus précieux, et il se demandait même si, un jour, il arriverait à nouveau à manier correctement les ombres. Ajouter à cela l’apocalypse en cours, il était difficile pour lui d’évoluer. Si bien, qu’il ne pouvait même plus retourner chez lui. Ses jambes ne voulurent plus le quitter, à jamais métamorphosée. Le fait de respirer sous l’eau ne faisait pas tout. Retourner chez lui… Avec des jambes, tel un bipède perdu dans les Océans, était un affront.
Lâchant un soupir, il finit par entendre du bruit. Sans faire attention, son pied, simplement voilé d’une chausse fine et délicate, vint s’enfoncer dans la terre molle et friable.
« Les marais… » L’Empereur avait oublié où il se trouvait, mais pas pourquoi il s’y trouvait.

Ses belles jambes, à en faire pâlir certaines femmes, l’avait conduit en hâte dans un endroit quelconque. Il était hors de chez lui, et désarmé. Des espions venu de n’importe où se mirent à sa poursuite. Ces malfrats l’avaient déjà suivi dans plusieurs village, et bien que parfois il fut cérébralement lent, ici, il remarqua plutôt vite qu’on le suivait. Pourquoi ? Ah oui… La Reine lui avait annoncé qu’ils étaient les principaux suspects, pris pour cible pour des raisons à dormir debout. Seulement, les faits étaient là, et les espions aussi. Sorte de détracteurs, venu pour zigouiller les dirigeants d’un peuple déjà révolté.
Par chance, et pourtant démuni, il avait réussi à en tuer un. Les ombres furent assez clémentes pour en avaler un, sans l’épuiser à outrance. Mais les deux autres étaient biens trop coriaces pour lui seul, et son seul remède fut de fuir.
Nastaé se fichait d’éviter le combat. Il n’était pas un soldat, il était un assassin. Le genre d’homme qui œuvrait dans l’ombre, avec les ombres, pour tuer discrètement la moindre cible. Une bataille ouverte comme cela, non seulement ça ne l’intéressait pas mais, en plus, il savait pertinemment qu’il n’allait pas gagner.

Dans cette course folle, il s’enfonça dans les marais. Là-bas, les bêtes féroces étaient géantes. Des trolls des marais, rien de plus, défendant leur habitat. L’Empereur attrapa les fils de soie composant sa chevelure, tous rabattu d’un côté de son épaule, pour les enrouler dans un tour de main habile. Et alors il chanta. Peu fort, de manière presque feutrée, mais les bêtes se tenant autour de lui furent immédiatement hypnotisées, avant d’entrer dans une folie sans pareille. Il savait que, dans le périmètre mortel de son chant, aucun être humain ne s’y trouvait. Sa mélodie résonna sur les arbres, alors qu’il marchait doucement à travers la lande marécageuse. Chacun de ses pas n’était qu’une danse majestueuse, accompagnée de ses voiles en lin blanc transparent. Dès qu’il bougeait, chaque plis, chaque ourlet, prenait la forme de son corps, subliment l’être déjà fin et gracile qu’il était. Sa beauté n’avait d’égale que sa voix.
Puis comme le soleil s’éteignant sur l’horizon déjà sombre, sa voix se tut.
Relevant ses orbes émeraude sous ses longs cils pourpres, il vit dans les ombres une silhouette. Etant assez loin, il ne put que le décrire sommairement, mais son chant avait attiré quelqu’un. Loin de s’en vouloir, il fut plutôt curieux du genre de personne à trainer ici. Penchant la tête sur le côté, ayant arrêté de marché, il fixa le type tapis dans le noir des arbres, alors que des mèches folles tombaient sur sa joue. D’un geste de main, il les jeta en arrière, où elles tinrent tan bien que mal.
« Ce que vous pouvez être étrange… » Vous. Vous les bipèdes. Pourtant, il était bien l’un des seuls Ondins de l’eau, autant à même de les comprendre.
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Mar 08 Juil 2014, 04:21

Le rebord du monde avalait lentement le soleil, mais les ténèbres étaient déjà reines ici-bas. Les écorces étirées à l’infini semblaient se fondre dans le mucus déliquescent et se prolonger sous la soupe boueuse, loin de la vue. Mais la faune impitoyable était un havre pour ceux qui savaient y voir, il n’y avait de pièges aux aguerris des marécages.
Être de l’ombre, cerné de ses plus fiels atours de guerrier, Lokys progressait néanmoins péniblement. Il était de ces instants d’entre-deux, où la simple existence était remise en question. Être ne suffisait plus, il fallait comprendre. Tant que tout fonctionnait, personne ne s’inquiétait de savoir comment. De savoir… pourquoi. Une quinte de toux manqua de le trahir, mais sa gorge la contint. Douloureusement. La poussière voulait se projeter à l’air libre par le goulot qu’on lui obstruait, et le grattement insupportable brûlait sa gorge à qui il refusait la moindre plainte. Le raclement éraillant de l’inspiration renvoya à ses poumons éteints les moutons de soie. De l’eau, il lui fallait de l’eau… De l’eau et de l’air… Comment osait-il encore montrer sa face aux ombres.

Ses longs doigts blêmes vinrent cajoler cette honteuse pensée sur son torse saillant soulevé régulièrement par les efforts brutaux de sa respiration, qui nuit après nuit, reprenait vie. Son teint ne souffrait pas du changement, la soif restait, maigre consolation à laquelle l’éclat carmin de ses iris profonds faisait écho. Non. Ce n’était pas tout. Il ne pouvait se résumer si humblement à l’humain qu’il était autrefois, et la fragrance musquée qui soudain le frappa était là pour le lui rappeler. Bien avant le chant, c’est ce sillage dormant qui l’attira à la suite de la royale engeance. Les paroles sans mots s’imprimèrent à son esprit pour n’y laisser qu’une empreinte murmurée de bienséance, une véritable guérison de l’âme dont il voulait encore s’imprégner. Ses pas le portèrent plus vivement, agiles, à travers les aspérités moussues, sa gorge délia sa tension, accueillant l’air humide avec plus d’aisance. Tous ses sens le menaient inexorablement à travers les ombres auxquelles il appartenait, accompagnant dans sa mouvance la grâce féline qui le caractérisait. Il le vit alors, astre sélénique tombé sur terre. L’éclat princier lui remémora son propre état, que la bataille d’Avalon la veille menée n’avait pas au mieux arrangé. Son uniforme déchiré par endroit laissait paraître son derme d’albâtre piqué de quelques blessures suturée par son hérédité. Sa chevelure corbeau gouttait d’un savant mélange d’eau, de sang et de boue, râpant ses épaules et ses joues à chaque mouvement. Il n’aurait su contempler la beauté lunaire de son visage, son reflet étant ignoré par les miroirs, mais pouvait jurer que les vestiges du combat y étaient encore creusés. Mais pour rien au monde, il n’aurait fait l’affront d’ignorer la magnificence qui lui daignait l’honneur de sa présence, contrainte ou forcée.
Interpelé, d’abord silencieusement, par l’écrasante prestance de l’adonis, Lokys s’octroya un pas, puis un second, dans le tapis d’ombre où souplement courbé, il guettait, attendant le mouvement, le battement, la parole qui lancerait l’assaut. Prédateur joueur et invétéré, les fentes reptiliennes de son regard n’avait délaissé les charmantes courbes de l’éphèbe qu’un simple voile léger de pudeur lui laissait deviner. Comme habitué à être chassé pourtant, la proie ne bougeait pas, imperturbable, terriblement immobile et frustrante. Dans ses crocs pulsaient le dégoût pour un désir qu’on refusait d’attiser, être servi ne convenait pas à ses appétits et la saveur amère de l’indignation commençait à perler sur son palais. L’insidieux provocateur termina son œuvre par un jeté gracile de ses filins diamants, exultant l’arôme chavirant de sa beauté droit dans les entrailles de l’affamé. Puis le chant reprit, à son adresse cette fois, d’une teneur beaucoup plus claire que les mots jusqu’alors murmurés.

Lokys n’y tint plus. Comme intuitivement guidés, ses pas le menèrent le long d’une ligne incurvée par l’attraction qu’exerçait le somptueux inconnu. Frôlant la frontière de la lumière qu’il semblait irradier, sa haute silhouette ne pouvait qu’être admirée à travers les ténèbres, parfois entrecoupée d’un branchage, d’une feuille, d’un clignement volé.
Trop calme, pour un démasqué, le plaidant ourla ses lèvres en un rictus insondable, presque éphémère, et le timbre rassurant de sa voix chaude répondit au curieux constat.


« J’en conviens… C’est tout à votre honneur de l’avoir remarqué… » La boucle se referma, imperceptiblement, resserrant leur distance au gré des pas… « Ce que je trouve plus étrange encore, cependant… c’est que la blanche colombe ne se soit toujours pas envolée… » Le frôlement de l’air déplacé sillonnait entre les deux êtres qu’une proximité presque outrageante séparait encore, pour autant, le grand vampire n’osait la transgresser, maintenu en respect par une force qu’il n’aurait su décrire, comme s’il croyait à peine à la réalité du gibier qu’il cernait. « Et pourquoi vient-elle se tâcher les plumes… dans nos ineffables contrées ? » Sa litanie termina suavement sur ce questionnement.
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Mar 15 Juil 2014, 20:43


Nastaé avait envie de rire. Il ne savait pas pourquoi, mais le gloussement lui grattait la gorge. Cependant, l'Ondin lui refusa la sortie. Il avait des manières même devant les plus... Dangereux. Lorsque ses paroles résonnèrent, douce comme du cristal, il vit alors la silhouette s'aimanter à lui. Elle se rapprocha, dévoilant au fur et à mesure un homme d'une grande stature, à la carrure massive, mais pourtant agile. Ses muscles tressaillaient sous sa peau, bandés en permanence, comme pour prévoir un départ dans une course effrénée.
Mais l'Empereur n'allait pas courir. Pourquoi faire ? Pourquoi fuir le danger alors qu'il était juste là ? Non... Non, Nastaé le sentirait quand ça n'ira plus, et il disparaitrait à ce moment-là. Mais pas avant.
Les paroles de l'homme lui arracha néanmoins un sourire. Jovial, beau, impitoyablement charmeur, qu'en savait-il ? Le tout était de sourire. Plus il parlait, plus il s'approchait, doucement de l'Empereur, faisant vibrer le timbre de sa voix, et son corps. Nastaé, dans ses voiles blancs, rayonnait face à la noirceur de cet être qui se tenait maintenant affreusement proche de lui. Cependant, il ne l'atteignait pas. Le vampire n'arriva pas à tâcher l'Ondin. Peut être que ce dernier était déjà bordé de ténèbres, mais qu'il savait parfaitement les dissimuler...

Levant légèrement le menton pour regarder en l'air, le fait d'essayer de capter ses yeux ne le rendit pas plus petit, bien au contraire. Les mains sur les hanches, il vit son visage neutre s'expression, détailler celui du vampire « Pourquoi je suis ici n'est pas important. Ce qui est sur, c'est que vos effroyables contrées me meurtrissent. » Se décalant à peine, il recula sans quitter l'homme des yeux, avant de s'asseoir quasiment à ses pieds, sur une douche d'arbre mort. Nastaé, dans toute sa beauté se pencha en avant. Sa tresse de fortune laissa échapper des mèches de soie, qui eurent tôt fait de venir caresser sa peau. Il tendit délicatement une jambe, par rapport à l'autre, et souleva son sari. Il dévoila son pied, sa cheville. Dans un mouvement plus lent, il osa remonter encore, pour au final montrer son genoux. Bien que la peau soit écorchée, et que l'odeur du sang séché dû s'en dégager, l'Ondin prit soin de lever la tête à ce moment là.

Vision chimérique d'un être fait de rêves interdits, et bien que les hommes susceptibles sous son charme inégalable auraient de suite plongés dans son étreinte à ce moment-là, il préféra enchainer « Le trajet me fut pénible. Et me voici perdu. » Posant son coude sur sa cuisse, le voile tomba de son épaule. D'un geste avisé, il le replaça, avant de jeter son vêtement sur son tibia, se relevant immédiatement.
A nouveau si proche du vampire, il leva une fois de plus le menton. Son bras se leva, comme s'il allait toucher sa joue blafarde, mais le geste s'arrêta à mi-chemin et il annonça langoureusement, de son regard de biche « Je peux... ? » Evidemment qu'il pouvait ! Personne ne lui disait non. Sauf Zackary. Mais Zack' était un homme chiant et surement asexué. C'était obligé. Alors sa main continua son chemin aérien, et ses doigts fins vinrent effleurer la joue de l'inconnu. Il profita que celui-ci ait la bouche légèrement ouverte, juste les lèvres décollées, pour caresser délicatement de son pousse la seule canine qu'il sentait « Messire le prédateur, je ne saurai que vous conseiller de dévorer une autre proie. Je m'avérerai bien trop mortel sous votre dentition... » Un fin sourire sur les lèvres, l'éphèbe se retira, rompant le contact, que certains auraient trouvé outrageants, pour s'en retourner.

D'après les souvenirs qu'il gardait de rencontres avec certains vampires, il ne valait mieux pas qu'il commence à décimer la population. Yulenka serait furieuse, et cela serait fâcheux de froisser une amie et une potentielle alliée.

Spoiler:
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Mer 16 Juil 2014, 08:45

Insupportable, dans son irrésistible audace. Le paon pris au piège ne se contentait pas de lui faire la roue, mais s’attachait à se jouer de ses instincts en frustrant ses fantasmes de chasse effrénée. Lokys n’écoutait des mots de l’Adonis que la sérénade déliquescente, n’en comprenant pas tellement la teneur des plus fades. Son regard dégoulina sans embarras aucun sur la peau diaphane qui se dévoilait, s’accrochant aux cratères de sang comme les étoiles sur un firmament… Diable, qu’elle était belle cette proie qui tentait par ses charmes son bourreau, tant en jouant parfaitement les cartes pour se maintenir inaccessible à ses tourments, tant en y imposant son rythme inconvenant. Le vampire voulait saisir ces voiles fuyants, saigner à vif cette chair outrageusement innocente, mais il aurait menti s’il prétendait que cela ne le peinait pas presque autant qu’il le désirait. Ce prisme de beauté était après tout si… parfait…

Une question, un trouble, et le filet sembla lui échapper. Mu… dans la plus totale immobilité, tout bougeait à l’intérieur cependant, et sous le contact brûlant mais infime de ces doigts graciles, le vampire se sentit fondre, disparaître. Il aurait tout aussi bien pu s’effondrer aux pieds majestueux de cet être imposant qu’il dépassait pourtant d’une bonne tête que l’effet aurait été le même, mais se contenta de subir la tension irréversible de ses muscles, la décharge cosmique qui s’abattit en lui depuis le tressautement de sa canine attisée jusque dans chaque fibre de ses extrémités. Ses iris réduits à deux fentes sombres évasèrent derechef les halos écarlates qui les entouraient, son esprit rua, s’insurgeant de son inactivité dont il n’aurait su trouver l’origine tandis que la proie, aussi coriace que fugace, s’échappait de sa portée maigrement grappiller.


Il avait compris, et la réalité renouvela l’hilarité de son troublant faciès. Celui-là maîtrisait sans aucun doute le dialecte des mets les plus recherchés, ceux qui avaient l’habitude de repousser leurs encombrants et nombreux prétendants. Il ne l’impressionnerait pas comme un vulgaire en-cas. Il lui fallait gagner. Jouer les pièces dans l’ordre sur l’échiquier… et briller sur le piédestal des vainqueurs sinon, il ne serait pas satisfait… encore fallait-il savoir aux règles de qui ils allaient se plier… Un rire rauque poursuivit le désiré, ponctué d’une voix plus amène, onctueuse, rassurante peut-être, mais ce n’était pas à lui d’en juger…
« Vraiment ? » Qualifia-t-il avec sarcasmes. « Je dois m’avouer déçu. Je m’étais attendu à une plaidoirie moins… évidente, au regard de votre perspicacité… »

Des volutes plus noires que les ombres l’entourèrent brièvement, l’entraînant dans les ténèbres de la clairière. Ce rare pouvoir qu’il maîtrisait trop bien pour en perdre complètement l’usage, malgré ces temps troublés, usait néanmoins de beaucoup trop de force pour qu’il pût l’emmener bien loin. Fort heureusement, celui qu’il voulait entraver n’avait pu progresser que de quelques pas dans la mélasse des marécages.

Reparaissant devant l’éphèbe, Lokys fut instantanément désarmé, par ce regard inébranlable, par ce sourire qu’il n’arrivait pas à cerner, mais il avait de l’expérience dans les illusions lui aussi, et son minois ensorcelant prit, sans doute par chance, un peu d’avance sur la déstabilisante proximité, au creux de laquelle il susurra mielleusement :
« J’aime vivre dangereusement dirons-nous, et puis... qui vous dit que je désire vous dévorer ? »

Quelque peu intrigué par la menace cela dit, Lokys évita soigneusement d’imposer le moindre contact à l’immaculé, car après tout, même la plus jolie des fleurs empoisonnées pouvait dissimuler ses mortelles épines. Sinuant tel un serpent contre l’écorce humide, il se trouva dans le dos de la royauté des embruns, et se permit d’humer poliment sa chevelure satinée avant de reprendre.
« Je suis peut-être le gardien de ces bois… m’attachant à guider les âmes égarées. »

Sa grande main osseuse se présenta alors en invitation à portée du regard de l’acculé, et il laissa voguer quelques mots pour en préciser la vertu subliminale. « Les trolls des marais ne revêtent pas toujours l’apparence que l’on croit… alors, gageriez-vous votre salut sur l’offre d’un décor plus amène ?  » Sourire carnassier...


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Mer 16 Juil 2014, 10:26


Nastaé dansait avec le vampire. Il ressentait ce que la bête éprouvait, son empathie étant trop ouverte pour se cantonner qu'à ses propres sentiments, et sourit de tout ce mélange. Cette rixe d'émotions, qui n'arrivaient pas à trouver leur place dans le cœur du beau ténébreux, alors que l'Empereur osa seulement le toucher. Audacieux, peut-être fou, mais terriblement spontané. Lorsque l'Ondin avait envie, il faisait. Sans demander quoi que ce soit, il se laissait aller.
Les deux hommes dansaient dans ces marais spongieux. Alors que Nastaé tournait le dos à ce géant noir, ce dernier décida de contrer son chemin, ne le laissant pas s'échapper de la sorte. L’éphèbe adorait sa voix. Il trouvait son timbre mélodieux, et agréable. L'entendre prononcer son nom serait -outre le paroxysme de l'orgueil- un réel orgasme auditif. Seulement, il n'était pas crédule, pas de suite, et préféra se taire face au sarcasme de son opposant, que de répondre une parole malheureuse.

Il était sur le fil du rasoir. Il jouait avec des prédateurs bien plus forts que lui, qui pourraient simplement le soumettre en un rien de temps, mais c'était cette adrénaline-là, face au danger, qu'il aimait ressentir. Qu'il adorait faire ressentir « Ma... Perspicacité ? » Regardant le sol, avant de lever ses yeux d'émeraude, il esquissa un léger sourire, étouffant à nouveau un petit rire. Ils jouaient l'un avec l'autre, essayant malgré tout de se dominer alors que les gagnants, et les perdants étaient les mêmes.
Se stoppant devant lui, sortant de l'ombre, le vampire s'était penché vers l'Ondin pour murmurer au creux de son oreille. Ses sens vibrèrent, pris par surprise de cette chaleur tout à coup trop proche de lui. Sans bouger ou se reculer, il s'immobilisa. Pourtant, le vampire ne le touchait pas, pas même de ses cheveux, ou de ses vêtements. Nastaé laissa échapper un léger soupir. Soupir évacuant son agréable surprise quant au rapprochement des deux entités. L'Empereur se tut, laissant faire le garde-fou qui, de ses bras et de son corps, servait de barrière à l'Empereur. Lorsqu'il se trouva derrière lui, penché dans son cou, à lui susurrer bien des choses, alors que sa grande main lui montrait l'étendue du paysage marécageux et lugubre, l’éphèbe tourna sa tête.

Il savait que leurs visages, côte à côte, étaient particulièrement proches. Tourner le sien ne ferait qu'envenimer la situation, et prendre au piège le prédateur. Effectivement, dès qu'il pivota, le bout de son petit nez, et ses lèvres fines frôlèrent la joue marquée de l'être. Alors il en profita, lui insufflant peut-être la même surprise qu'il ressentit quelques minutes plus tôt. Sa voix était douce, chantante, et son souffle chaud et lourd glissa sur le profil du type « Oh... J'aurai pourtant cru que vos yeux eux... Me dévoraient. » Un murmure. Un chuchotement pourtant lourd.
Ayant rabattu ses cheveux en arrière quelques minutes plus tôt, il ne fut pas gêné pour scruter la pâleur du vampire, et ses traits se voulant si magnifiques « Mon égarement qui se veut fortuit, n'était peut être que le fruit de mes désirs... Ainsi, les bêtes des marais ne sont pas celles de la légende. Elles ont des canines bien pointues... et des envies bien prévisibles. » À peine eut-il prononcé ce mot qu'il glissa sa main dans la sienne en se décalant dans la seconde. Son rire cristallin éclata à travers les arbres, et ses doigts, si le vampire ne refermait pas sa main, glissaient doucement dans la paume du prédateur, pour finir par s'envoler, reprenant leur liberté.

Cependant, Nastaé ne s'y laissa pas prendre, et disparut derrière un arbre. Il voulait le chasser ? Il lui en donnait la possibilité. Ses yeux vermeils... L'Ondin s'en sentit grisé, juste d'y repenser. Mais l'Empereur était lui aussi pourvu de bien des tours dans son sac, pour parvenir à ses fins.
Ses pas s'aventurèrent alors plus loin, serpentant entre les arbres, avant d'atterrir près d'un d'un énorme amas de cailloux. Des rochers, si on en faisait le tour, taisaient une entrée béante, invitant les plus aguerris à l'intérieur. Mais l'Ondin n'y entra pas, se juchant simplement sur l'un des récifs, laissant nonchalamment ses voiles voleter sous la brise marécageuse, dévoilant ses chevilles, jusqu'à ses genoux. Ses cheveux à la tresse fuyarde, finirent par eux aussi savourer leur Liberté face à ce petit vent. Il était là, sur son piédestal vétuste. Mais le Roi avait bien trop de prestance pour se soucier de l'endroit où il se trouvait, car, au final, ce lieu maudit n'entachait en rien ses ailes blanches et soyeuses. Sa tête appuyée sur sa main, donc le coude était appuyé sur sa cuisse, se releva et un sourire en coin apparut « Alors Prédateur, on fait le timide... ? »
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Jeu 17 Juil 2014, 11:13

Un paon ou un phénix. Jouant habilement avec des flammes écarlates qui menaçaient de lui brûler les ailes, la traction fut trop vive sur les canines hyper-sensibilisées du torturé alors que le tentateur osait le premier contact.

Une vrille fraîche, à peine appuyée, un souffle, et quelques mots… familiers. Ce petit être rappela par ses audacieuses paroles un visage, les couleurs d’un souvenir, une étreinte aux effluves connotés de délice et de tabac. Le vampire laissa le troublant écho du souvenir résonner trop longuement à son esprit, le temps d’oublier de ressentir l’outrageante chaleur qui feignit la rémission, le temps d’oublier de l’enfermer avant qu’elle ne s’octroyât sa libération.

Le rire mutin, presque enfantin, le tira du fossé de rêverie dans lequel il avait été plongé, et ses sens reprirent leur vivacité alors que l’hirondelle disparaissait parmi les zébrures sombres des bois, sa blanche silhouette sinuant devant les prunelles de l’affamé qui ne perdaient pas une courbe, une toupie, un roulement de ces souples muscles flottant dans leurs voiles lunaires. Un ronronnement sourd gronda l’échauffement de cette machine de chasse prompte à s’élancer, l’adrénaline déchargea ses frissons sur chaque veine saillante sur la surface tendue de sa peau, la démence siégeait sur la beauté meurtrière de son visage et d’un jeté bien moins léger, mais qui ne perdait rien à son agilité, le félin déserta son immobilité.


La clairière ne vibrait que des alizées douces qui semblaient graviter autour de l’ondin, faisant onduler le terrain herbeux beaucoup plus praticable en ces lieux. La caverne à peine visible derrière un amas rocheux hurlait faiblement de ce souffle imposé à sa gueule béante, un trou de souris… mais y fuir ne semblait pas avoir effleuré l’esprit de notre poursuivi… et parmi les massifs de feuillages et de branches étriqués, l’Empereur ne pouvait que ressentir une présence dissimulée, s’évitant à la lumière sélénique qui auréolait l’être d’une beauté presque irréelle dans sa volupté. Si fin, si fragile, il lui semblait que le vent aurait pu l’emporter…
La masse de pierre même paraissait s’incliner face à l’égérie qu’elle avait l’honneur de recevoir sur ses épaules moussues, tressaillant à peine sous l’impact insignifiant des vents, qui mettraient des siècles à l’éroder…

Timide. Se mordant la lèvre, Lokys retint un rire. Cet enfant était touchant dans son insolence. Plus il se grandissait, plus il lui donnait envie de le ramener au sol avec fracas… Et ils en étaient conscients. Tous les deux…
Répondre avait été sa première idée, mais la voix lui fut soudain arrachée. Se baissant un peu plus sur ses jambes, le vampire stoppa tout mouvement, fixant un point non loin des pieds de l’ondin. Une indicible intuition courut sur son échine, hérissant ses sens en une alerte imminente. Ce n’était pas qu’une impression. Les pierres… s’inclinaient. Se mouvaient. Respiraient. D’une lenteur qui l’avait de prime abord leurré lui-même, alors il n’imaginait pas que le mortel eût pu s’apercevoir du fallacieux piédestal sur lequel il s’imposait. Deux petits yeux noirs s’ouvrirent, embués, gênés par la toile délicate qui cernait un petit pied… Et l’homme fut soudain soulevé trop haut pour qu’une chute ne lui fût mortelle, quand Lokys s’affaissait davantage afin de ne pas lâcher son gibier de vue.

Un golem. Immense. Affreux, défigurant sa prise par sa seule présence. De là où il se trouvait, ses bras de pierres lents et lourds ne semblaient pouvoir l’atteindre, aussi Lokys retrouva quelque peu son sourire, moquant l’infortune de celui qui riait tout à l’heure de la sienne. L’élégant engeance se posa d’une épaule contre un tronc, parfaite loge pour observer comment s’en sortirait l’attrapé. Sa main affectionna avec fermeté Ragnarozica, tout de même prêt à intervenir au cas où les choses s’envenimaient, car il n’escomptait pas que cette créature des marais lui ravît son dîner. Déjà, dans un enroulé sans grâce, le monstre de pierres amenait son poing à s’écraser sur le sol de la clairière, se redressant par le rebond et remuant assez les voiles blancs de l’Empereur… S’il y avait un sac à vider de ses tours, c’était peut-être le moment tout approprié…
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Ven 25 Juil 2014, 12:55


La disparition derrière les arbres, laissa les embruns de son propre corps, guider le prédateur vers le chemin le plus court. Ne se souciant pas des sens aiguisés du vampire, l'Empereur laissa distraitement flotter dans l'air son odeur, jolie brise marine musquée, reconnaissable entre beaucoup. Nastaé était bien trop frivole pour se demander si le sol qu'il foulait pouvait être vivant, ou que les pierres sur lesquelles il se tenait pouvaient être de confiance. Car soudain, alors que de ses pieds, se perdit ses chausses, qui glissèrent avec une infinie langueur sur sa peau, il se vit jucher sur ce qu'il semblait être l'épaule d'un golem. La boue s'échappa des interstices du géant, pour s'éclater sur la terre, en des millions de bulles marrons. Jouant de ses bras, l'équilibre du funambule revint doucement. Contre la pierre, il fut contraint de reconnaître qu'il n'avait aucune arme. Aucune ? Non... Il lui restait l'Ultime.

Nastaé retrouva pied à terre. Pendant la chute, glissant habilement du titan affreux, il perdit des pans de ses voiles. Non gêné par une quelconque nudité, il préféra s'attarder sur l'ennemi, que sur le prédateur. Ses jambes contusionnées, à présent révélées, se déplaçaient rapidement, pour prendre de la distance vis-à-vis de la bête rocheuse. Dès que le poing s'abattit sur le sol, l'Ondin sauta dans une ombre pour y disparaître dedans, avec grand mal. Il savait qu'il pourrait faire ça une fois, pas deux.
Ressortant derrière le géant, il du user d'esquive pour éviter ses coups dévastateurs. Son but était d'atteindre la grotte, le golem ne pourrait jamais entrer dans cet oeil béant.

D'un regard vif, acéré pour tout anticipé, il s'éloigna à peine. Mais, en une seconde, se tournant dans l'ombre, le regard plein de gourmandise qu'il lança au prédateur, fut d'une toute autre teneur. Doux, et presque malsain tan il souhaitait l'attirer. Alors sans entendre un son, ses lèvres articulèrent un « Mange-moi... », non audible mais déchiffrable. Sans que ni l'un, ni l'autre puisse agir, quatre notes retentirent.
Dans la nuit, dans la foret, et à travers l'espace, le creux de la gorge de Nastaé s'illumina doucement avant d'irradier. Ses cheveux et ses voiles volèrent comme s'il était au beau milieu d'une tempête, et en écho, quatre notes sortirent de sa bouche, pour venir heurter tous les êtres vivants. Dès que son fragment invisible brilla, les animaux fuirent des marais en vitesse, et dès que sa bouche chanta, le golem tomba à genoux.
Lokys allait devenir fou, Nastaé le savait, et c'était pour cela qu'il ne chanta que quatre notes, qui parurent être l'éternité. Toutes ses plaies se résorbèrent. Son Père, l'Océan, vivant en permanence en son sein, l'aida contre vents et marées, assommant le géant de pierre, et aidant son fils à marcher. Il savait que prononcer deux mots, en regardant son prédateur, ferait dorénavant de lui une proie. Mais une proie de choix, odieuse et tellement désirable.

Lorsque le tout se calma, Nastaé était déjà loin. Son rire résonna, et l'on aurait pu voir ses voiles entrer dans la grotte. L'Ondin ne s'apercevait pas qu'il aurait été moins désirable, totalement nu. Car un corps que semi-voilé, entre-caché de la réelle nudité, était le fruit de tous les péchés. Et c'était par cette empreinte de sensualité, que l'éphèbe marqua le vampire, dans le but qu'il le suive. Qu'il vienne à lui, se perdant à son tour dans cette grotte hostile, qui ne serait que peut être l'écrin d'un nouvel acte de folie.

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Sam 26 Juil 2014, 15:07

La clairière terne se mit soudain à vibrer. Une vivifiante mélodie de vents et de percussions se donnaient la réplique, et l'Empereur gracieux, au gré des notes, dansait. Envoûté, par tant de volupté, Lokys contempla le ballet, son regard sauvage magnétisé par chaque pas et chaque enroulé du fils de Neptune. Soudain, son cœur mort se serra. L'élégante silhouette au fumet si délicat venait de disparaître simplement de la dimension, et la perception alertée du chasseur sonda tous les environs, pour enfin le retrouver. Ainsi, ce pair qui lui avait paru si pur régnait aussi sur le royaume des ombres, une découverte bien intrigante, se dit-il en le voyant reparaître, et tourner vers lui son aguicheuse attention.

Derrière le rideau de feuillages, invisible au monstre désorienté, Lokys fixa intensément la proie fuyante, lisant sur ses lèvres la torride invitation qui tendit son impatience. Sa main caressa longuement l'écorce humide du saule noueux qui l'épaulait, imaginant les reliefs du torse dénudé qui lui était donné d'admirer. Le gibier voulait jouer ? Son prétendant ne doutait pas de leur excellente entente à ce sujet. Sous la clarté lunaire, sans aucun autre bruit que le golem qui rageait, soudain, le prédateur totalement conquis à présent bondit hors des fourrés, avalant vivement la distance qui le séparait de l'objet de ses désirs, quand au même moment, le ténor s'exalta.


" AaaaAAAaAAAAAARRGgHHh.... " Un hurlement. Déchirant. Semblable à un rire dément accompagna le départ de l'Ondin. Le tapis d'herbe fraîche accueillit la chute d'une rare élégance du vampire. Plusieurs voiles effilés, relâchés par le monstre s'éparpillèrent sur son exuvie cambrée de douleur. Ses muscles tendus, tressautant, comme parcourus d'électricité étaient incapables de le relever. Mais une troublante félicité étirait la beauté de ses traits fins.
Criait-il ? De mal ou de plaisir... La brûlure fulgurante qui courait dans chacune de ses veines était insoutenable, frustrante, délectable mais tellement... insuffisante. Les soupirs d'un plaisir orgasmique marquèrent le silence au rythme des vagues de douleur. Le vampire sentait son corps au bord de l'explosion, déchiqueté dans ses moindres tréfonds. Des sensations dont il s'était depuis bien trop longtemps privé. Encore, il en voulait... encore... Trop vite infligée, trop peu annoncée, et trop tôt envolée... Lokys rouvrit les yeux sur le ciel étoilé, ne se rendant compte qu'à présent qu'il était atterré. Son souffle chercha l'air un instant, craignant d'avoir oublié comment inhaler, mais avec la première bouffée lui revint le parfum capiteux de Nastaé... qui s'attachait à s'évaporer.

Une innocente euphorie s'était emparé de lui, nourrie par les retours persistants du sortilège vocal, dont il ne pouvait plus se passer. Rien que pour retrouver cette voix, il aurait été le chercher jusqu'au fin fond des abysses s'il le fallait. Il la voulait sienne. Ardemment. Prenant un temps tout de même de redevenir maître de lui-même, le ténébreux se pencha pour saisir un pan de tissu fin qu'il huma modestement. Sa poigne se referma fortement dessus, et faisant un pas vers la bouche béante, il roula soudain en avant pour éviter un coup revanchard du golem qui s'était également relevé.
La créature lui prendrait trop de temps, trop d'énergie, et même si refuser un si prometteur combat le peinait, l'enjeu en valait largement le sacrifice. Esquivant un autre coup trop lent pour son agilité de félin, le vampire n'eut plus le choix, et se laissa à son tour glisser dans l'interstice de terre pour se retrouver de nouveau en présence de l'égérie des embruns.
Un puissant éboulement retentit derrière eux. Le monstre des marais venait d'aplatir son énorme poing là où une seconde auparavant, il s'était éclipsé à sa vue, causant la congestion de la seule issue et source de lumière des lieux. Puis le calme revint.
Lokys se tourna vivement là où il avait vu l'ondin pour la dernière fois et curieusement, le trouva à la même place... Il faut dire que la caverne semblait bloquée de ce côté-ci aussi...


" Hmm... Miséricorde... Il semble que le terrier... soit en réalité une cage... où la colombe s'est tout droit jetée. " Constata le timbre claironnant du vampire dans la pénombre, d'où il pouvait toujours se délecter allégrement de la silhouette parfaitement aguichante du jeune homme. S'approchant de quelques pas, il poursuivit onctueusement. " Il n'est guère plus l'heure de faire mon timide à prés... " Mais ses mots lui furent arrachés alors que tout à coup, le sol se remettait à trembler...

La terre céda sous leurs pieds. L'orifice s'avéra être en fait l'entrée d'un long boyau de boue et de sédiment qui n'en finissait pas de serpenter vers les entrailles des marais. Usant de ses griffes, le vampire tenta de ralentir sa chute en se rattrapant aux parois. Après une longue minute de glissade tortueuse, ils finirent par atterrir dans le ventre de la caverne.
A combien de mètres sous les marais se trouvait-il ? L'odeur végétale qui régnait ici était raccord des ramifications de racines qui envahissaient les murs. Les ténèbres étaient totales, un ruissellement constant galvaudait l'ambiance, indiquant des écoulements phréatiques. Aux parfums musqués des minéraux se mêlait une autre fragrance, relativement surprenante... Celle du vieux parchemin empoussiéré par les années... Le dos de Lokys avait été douloureusement accueilli par un sol de limon, criblé de petites pierres luisantes de mille reflets. Ses côtes vrillaient, et il se sentait lourd, trop pour se relever. Ce n'est qu'en reprenant ses esprits qu'il constata avec surprise qu'il tenait dans ses bras... le corps sensuel de l'Empereur aux voiles lacérés...

Même sans lumière, l'être semblait irradier. L'avait-il attrapé par réflexe, ou bien l'Ondin s'était-il jeté dans son étreinte... Il n'aurait su le dire. Un léger rire gonfla son torse puissant contre lequel il resserra sa prise. Son souffle brûlant trouva la courbe tendre de l'oreille de l'Empereur et de son timbre le plus savoureux, il murmura en humant outrageusement la chevelure ébène qui lui chatouillait le flair.



" Hm... vous sentez si bon. Je me demande quel goût vous avez... "

Remontant une main le long du crénelage des côtes de l'éphèbe, le vampire se dégagea une plaine de chair satinée sur l'épaule dénudée pour y déposer ses lèvres, et grogner doucement. " Vous me laissez goûter ? " Son regard le dévorait déjà...
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Sam 26 Juil 2014, 22:00


Nastaé savait pour Lokys. C'était prévisible. Les bipèdes n'étaient fait que d'une chair, trop tendre pour leurs chants mélodieux et outrageants. Malgré la douleur, il y avait dans ces notes, un doux parfum. Un arrière goût sucré, alléchant, se faisant de plus en plus fascinant. Quatre notes suffirent. La mélodie emporta tout sur son passage, alors que l'Empereur fuguait avec malice dans le trou béant, n'appelant que les fous. Et fou, il l'était.
Seulement, le golem était bien plus vorace que ce qu'il n'aurait cru, et le vampire pu à peine le rejoindre, lorsque l'entrée s'étala, provoquant un éboulement. Penchant la tête sur le côté, il sortit d'un interstice rocheux, savourant de ses pieds nus le sol terreux et friable. L'homme se tenait juste devant lui. Écarquillant les yeux, dans la surprise la plus totale, il jeta un coup d’œil vers l'entrée qui n'était plus. Il ne s'attendit pas à ce que l'homme se rapproche autant, qu'il soit si près... Étrangement, l'Ondin se sentit acculé, paniqué. Aucun moyen d'avancer, et il ne pouvait plus sortir et... Il se retrouvait ici, avec le prédateur de la nuit.
L'homme le surplombait. Son regard, ses orbes luisaient dans le noir, et ce n'était pas difficile de les distinguer. Les fils de soie violets, composant la longue chevelure de l'éphèbe, se rabattirent sur ses épaules et son torse, comme pour le couvrir. Dans un désir de cacher cette nudité partielle, que la bête ne savait que voir. La scène avait quelque chose de dramatique.
Une colombe...
Oui, une colombe, blanche et belle, mais au cœur noir, et prit au piège par le plus féroce des tigres. Nastaé voulu parler. Parler et fuir par il ne savait quel moyen incroyable, mais autre chose se passa. Le sol, gourmand de leurs êtres, se fit instable, jusqu'à s'effriter, ouvrant sa grande bouche boueuse, pour les avaler entier. Dans la panique, la pénombre n'aidant pas, le bel homme fit un pas en avant pour essayer de fuir ce désastre. Mais en croulant, le sol emmena avec lui pierres et racines, formant des sortes d'éboulis, qui enlacèrent, de leur étreinte mortelle, les deux hommes. Il tendit ses bras en avant, comme un signe de rédemption, mais voilà que son bourreau chutait avec lui. Aucun espoir... Sa chute lui rappela celle dans l'Ariana.

L'Empereur glissa. De son trône Digne, il tomba sur le sol sale. La colombe était retenue par une chaîne, qui, finalement, l'emmenait se salir, toujours plus bas. Les événements s'accélérèrent, et par dépit, l'éphèbe attrapa prestement une partie de la chemise du vampire. Ancre marine dans ce trou sans fond, il ne fut pas épargné par les égratignures et les cailloux filants, mais comprendre que son partenaire était aussi là, à ses côtés, dans le même état que lui... Lui fit vivre la descente aux Enfers différemment.
Puis tout se stoppa. La terre arrêta de trembler, et leur course folle s'arrêta. Nastaé était sonné. De constitution moyenne, il réussit à avoir assez de force pour ne pas s'évanouir, mais son cerveau demandait un peu plus de temps pour émerger. Cet affreux ne voulait pas sortir de sa léthargie, et pour cause ! Voilà que, sous lui, contre lui, le corps du prédateur l'accueillait. La proie, empreinte de vices et de sensualité, essayait de lutter contre elle-même, allongée sur le corps de celui qui désirait n'en faire qu'une bouchée. L'éphèbe finit par relever la tête, doucement, faisant une grimace sous la douleur. Ses bras, et une grande partie de ses jambes, avaient beaucoup souffert. Si le corps de l'homme l'avait protégé, ses membres n'en restaient pas moins attaqués. Seulement, il était contre un corps qui se voulait chaud, palpitant malgré la froideur qui le caractérisait habituellement, et l'être bouillait. Il sentit son souffle, sa voix, son désir, ses envies... Nastaé sentit ses voiles quitter son épaule, devenus dorénavant trop lâches pour résister ou, ne serait-ce que tenir, d'eux même. Dans un geste ultime il se pelotonna contre le brun, demandant silencieusement un peu de temps de répit. Signer une cessation de feu.

Dès qu'il remarqua sa propre présence, sur celle de l'homme, il sentit les bras de se dernier se refermer petit à petit sur lui. Il l'emprisonnait de son étreinte masculine, le protégeant du monde extérieur. Mais actuellement, son plus grand danger... Se tenait devant lui, et non autour. Nastaé sentit une main s'aventurer avec une habileté et un naturel incroyable sur ses cotes pour remonter légèrement. Sa tête lui faisait mal, ses cuisses étaient incrustées, non pas de vulgaires cailloux, mais de pierres précieuses, alors que ses vêtements partaient un à un, au fur et à mesure qu'il avançait. Et cette fois-ci, il était captif du joug de son hôte. Et cet hôte était désireux. L'Empereur faiblit un instant, poussant un gémissement de désir, mêlé à de la surprise, lorsqu'il sentit le souffle de son faux protecteur, et qu'il entendit le timbre de sa voix chaude. Sensible aux sons, il l'était tout autant des voix, et plus elles étaient graves et habilement maniées, plus il avait envie de se jeter à corps perdu dans les bras de leurs propriétaires. Mais ici, il savait que ce type était un danger pour lui, et il pouvait parfaitement le vider de son sang. D'ailleurs, il le lui suggéra. Sous des envies bestiales, il lui fit comprendre qu'il voulait le mordre.

Alors Nastaé paniqua. Il était trop perdu pour réfléchir correctement, et comprendre la métaphore de la phrase. Inspirant plus fortement que d'habitude, il leva à nouveau sa tête pour l'avoir en face de celle du vampire. Ses cheveux raides tombèrent, comme des fils volants, sur le torse de l'homme à terre, et sa voix à lui se fit intrinsèque « Non. » Il ne pensait pas avoir prononcé ça... Comme ça. Sa voix se brisa, sa coquille aussi, se révélant alors au vampire. L'homme, qui se voulait maître de lui, ne l'était pas en cet instant. Il regarda aux alentours, évidemment, aucune sortie sauf la suite. Comme pour reprendre ses esprits, remettre le voile de pudeur, et d'indifférence, il enfouie son visage dans le creux du cou puissant de l'homme. Il sentait sous lui, son torse se soulever sans aucun problème. Nastaé était trop léger pour que quelqu'un ait peur de sa masse corporelle, c'était évident. Il se maudissait d'avoir révélé une partie de sa vraie apparence. De cet Ondin sensible qui avait finalement rapidement peur de ce qu'il se passait autour de lui.
Bien sur, il n'était pas fou. Il savait que le vampire pouvait le déchiqueter, en cet instant, de ses canines blanches. Alors sa main s'essuya rapidement sur un voile, remonta le long du corps de l'Apollon, pour atteindre son visage. Toujours les yeux bandé de son cou, il toucha doucement son visage, décrivant avec méticulosité sa machoire, pour arriver sa bouche. Verticalement, il y fit glisser ses longs doigts, comme pour faire taire l'envieux. De là, sa tête se redressa.

Le visage qu'il afficha, fut le même que la provocation, que la malice de tout à l'heure. Il était revenu. Un petit sourire fier, et des yeux trop effilés pour ne refléter que le désir d'autrui « Il serait dommage de me déguster plus avant l'heure, prédateur... » Et se voulant agile, il prit appui sur les pectoraux du bellâtre, pour se relever d'un bond. Regardant ses bras, il grimaça légèrement avant de jeter un œil à sa tenue « Je... Mince... » Nastaé soupira. Des voiles par ci par là. Son épaule était restée largement dénudée, le tissu tombant sur son bras. Ses genoux étaient visibles, et seule une cuisse était réellement cachée. L'autre... Le voile en lin déchiré, remontait quasiment jusqu'à la hanche. En haut des cuisses, se perdant sur son torse, ses reins, et légèrement sur ses côtes, des marques noires se faisaient visibles. Noires, comme des tatouages tribaux, peint à l'encre. Sauf que ceux-là étaient indélébiles.
L'Empereur ne s'en formalisa pas, vivant avec ces horreurs depuis quelques mois maintenant. Devant lui, un autre problème se faisait sentir. Lokys avait le dos en charpie, mais hors de portée de la vision de Nastaé. Non, là, tout ce qu'il voyait, c'était un homme, marqué au fer rouge par une envie irrépressible, un suscitement d'attention comme il ne connaissait pas. Si lui brillait dans le noir, de par sa prestance, les ténèbres qui envahissaient son prédateurs étaient bien plus alléchantes. Tellement que...

L'Empereur plongea. Son corps tomba à genoux, et, les mains à terre, il tenait en étau l'être qui lui faisait face. Ses yeux émeraudes étaient rieurs. Rieurs et tellement passionnés. Son être se pencha en avant, son visage à quelques dizaines de centimètres de celui du vampire, puis qu'à quelques centimètres, leurs bouches presque collées l'une à l'autre... Puis il finit par souffler doucement, si près de lui « Pardon, j'avais besoin de ça... » Il laissa traîner le dernier mot. D'un coup sec, il arracha quelque chose de l'épaule du type. Une sorte de bribe de vêtement -leur appartenant ou non- pendait, et doucement, il se fit une joie de l'attraper, pour l'arracher. Le but ? Nouer ses cheveux. Mais sa plaisanterie serait peut être accueillit avec mauvais goût, pour celui qui désirait le dévorer ? Affichant un sourire vainqueur, il commença à prendre l'impulsion pour se relever.
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Lun 28 Juil 2014, 11:52

La chute avait été rude. Presque autant que le ton sec et cassant employé par l’Empereur pour décliner son attention non-souhaitée. Le vampire se relâcha en arrière, allongeant sa tête au centre de l’auréole de filins ténébreux que formaient ses cheveux en riant allégrement à la touchante mièvrerie de la proie. Mais son rire se bloqua dans sa gorge lorsqu’il sentit l’homme s’y plonger. Ses doigts montant jusqu’à ses canines insurgèrent une décharge de frisson dans son corps qui ficela ses abdos pour ne pas tressaillir, et sa langue vint par un réflexe somme toute humain découvrir les appendices venus la visiter. La seconde d’immobilité parut s’éterniser entre le captif, inquiet que ces tranchoirs d’emails se retournent contre lui, et le geôlier, séduit, qui hésitait à ternir le maigre espoir de s’en sortir indemne de celui qu’il enveloppait.
Ses grandes mains lissèrent les bras frêles qui remontèrent sur son torse pour s’expulser au loin. L’infime parfum de la panique pigmentait l’atmosphère saturée par l’arôme de l’Ondin, blessé par endroit, laissant son essence respirer à nue et chatouiller le flair hypersensible du prédateur. Déchargé du poids plume, celui-ci se redressa douloureusement et fit craquer son pilier dorsal en plusieurs endroits, se libérant des quelques pierres qui s’étaient insurgées dans sa peau et de la tension provoquée par la chute violente. Apaisé, les fentes abyssales de son regard fuirent sur la silhouette partiellement dénudée du maître des embruns, une vision tout à fait étourdissante. Ses orbites s’écarquillèrent légèrement à la découverte de la naissance d’un tatouage dont l’essentiel des ramifications lui était caché… et comme tout ce qu’on dissimulait, il se prit l’envie de vouloir en découvrir le panorama complet. Mais avant de pouvoir se relever, cette fois, c’est lui qui se retrouva atterré.

Tombant sur les coudes en une position à demi couchée, le vampire observa le manège de son compagnon d’infortune, confiant, attentif et impatient à la suite prometteuse des événements. Il sentait dans ce regard sulfureux l’envie inavouée de l’éphèbe à la chevelure pourpre, et la satisfaction de provoquer un tel émoi chez une créature si pure et belle.
C’est alors que le masque de la perfidie refit surface, au son grinçant d’un déchirement. Surpris, Lokys observa ce qui lui avait été arraché pour constater avec soulagement qu’il ne s’agissait que d’un bout de sa veste de lin claire. Si jamais l’Ondin s’était osé à abîmer sa veste de cuir sombre qu’il aimait tant, la sentence en aurait sans doute été autrement… Mais le vampire était du genre soucieux. Soucieux des lois de la nature qui voulait un équilibre parfait des échanges, et tandis que le chapardeur s’apprêtait à le refuir, il suivit le mouvement et le retourna avec élégance, inversant leur position et bloquant les jambes fines de l’Adonis sous les siennes. Un bras puissant empêchait le bellâtre d’affectionner trop abruptement le sol inhospitalier de son dos délicat tout en l’enfermant contre sa froideur camphré, tandis que le prédateur fichait son regard à quelques centimètres de celui de l’emprisonné. Ses mèches charbonneuses stimulèrent les tempes anguleuses de l’homme, et Lokys constata d’un ton mielleux :


« Il semble que je me sois fourvoyé… Et la colombe est en réalité… une pie ! Aussi arrogante qu’envoûtante… Mais rien n’est gratuit ici bas, pas même la fellonerie, et je vais donc réclamer mon dû, chère proie… »

Se penchant sur l’homme sans jamais l’étouffer, Lokys trouva ses lèvres au goût marin de sa langue soyeuse, et lécha longuement ces deux ourlets frémissants pour en savourer le fumet.
« Hmm… à croquer.
Mais n’ayez craintes… »
Laissant fiévreusement son souffle mourir sur les lèvres humides de sa salive, il asséna… « … je ne me nourris pas de tout volatile tombé dans mes filets... encore faudra-t-il me détourner des autres désirs que vous… suscitez… » Et surtout, il avait déjà dîné. Tandis qu’il se relevait, libérant l’énamouré de son emprise, le nyctalope fit quelques pas pour observer les alentours.

Quel genre de purgatoire l’avait encore avalé… ça en devenait lassant de déjà-vu. Son regard luisant courut sur les reliefs rocheux, les racines noueuses qui gouttaient de calcaire et de sédiments et les nappes d’ondée claire qui fuyaient à travers les centaines de tranchées sur le sol vers… il ne savait trop où. Cette odeur de papier parcheminé l’intriguait, et semblait mener vers une sortie aussi sombre que la nuit, à peine distinguable même pour lui contre les parois de terre. Et d’ailleurs, comme s’en sortait celui pour qui l’environnement devait paraître encore moins vivable. Se retournant vivement, Lokys le détailla de manière plus pragmatique. Des blessures, des vêtements qui ne protégeraient plus grand-chose, des nus pieds, dont il redoutait même le premier posé qui ne manquerait pas de rencontrer les saillies coupantes des milliers de minerais qui jonchaient le sol. Le vampire en eut presque pitié… Mais l’homme était dangereux, dans sa précarité apparente… Une voix étourdissante dont il redoutait la mélodie autant qu’il en rêvait, une aptitude au combat indéniable, bien que ce ne soit pas ce dont il redoute le plus, au vu de ce corps frêle… Au demeurant, ils étaient bien deux, dans ce guêpier sans issue… Lokys ne tuait jamais pour le plaisir, car celui-ci était bien plus exaltant auprès des vivants qu’il pouvait torturer… dans l’instant donc, il ne lui serait pas venu à l’esprit de s’en prendre à la vie de son royal partenaire, et puis, il se sentait mieux ainsi. Quelque part, la solitude l’effrayait… Ici, à l’inverse de sa descente aux enfers avec la belle ange déchue, aucun lien funeste ne le liait à la survie de l’Ondin, mais il éprouvait un malaise à l’idée de s’en séparer dans ces cavernes obscures. Et quelle perte cela serait pour le monde et pour lui, par ailleurs.
S’approchant de l’aveuglé d’un pas félin, Lokys effleura de la pulpe de ses doigts les lèvres que quelques instants auparavant il léchait, et murmura en les détaillant sans pudeur.
« Votre voix… Vous êtes si… déroutant, étranger. » Ne connaissant pas son nom, le vampire se contenta de cette appellation bien tristement inappropriée, il ne pouvait pas encore se vanter d’être au fait des hautes instances de toutes les races de ce monde… encore que le savoir n’aurait sûrement rien changé. Un sourire carnassier vint embellir les ténèbres dangereuses de son faciès lorsqu’il reprit. « Même s’il me plairait de l’entendre à nouveau, vous comprendrez que cela pourrait être… inconvenant, dans notre situation. Je vous appelle donc à la garder à d’autres ébats… Pour l’heure, il nous faut trouver une issue… attention où vous mettez les pieds, étranger… » Termina-t-il onctueusement, affriolant le moment où il sentirait une nouvelle giclée odorante perler de cette superbe chair opalescente, puis renonçant à lui tendre son bras, il commença à se diriger vers l’éventrement oval.
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Lun 28 Juil 2014, 14:53

« Je... »

Nastaé resta coi. Il ne pu rien dire. Lokys avait inversé les rôles. Il l'avait retourné sur la terre ferme, tout en le tenant collé à lui de son bras puissant, l'avait envoûté, l'avait frustré, et était partit sans même l'aider à se relever. L'Empereur n'y croyait pas. Il lui avait, en plus, quasiment interdit de chanter.
L'Ondin n'y cru pas...
Il avait adoré la vu du vampire sur son corps, il avait transpiré de ses mains sur son corps, il avait failli crier lorsque ses lèvres touchèrent les siennes... Ce baiser qui, de l'un à l'autre, était tellement différent. Lui était une créature marine, alors que l'autre était une créature de la nuit. Ses lèvres avaient un goût métallique, ferreux. La si belle Sirène avait envie de passer ses bras autour de son cou, de prolonger ce moment mais le type le lui interdit. Il le laissa retomber sur le sol comme un tapis, avant de se relever en faisant demi tour. C'était dans ces moments d'abandon total que l'Ondin se paralysait, ébahit par le culot de l'être en face.

« Je... » Fut alors tout ce qui sortit de sa bouche. Seulement, il ne se passa pas cinq secondes pour que l'être se leva, presque furibond « Hé toi ! » Nastaé n'avait même plus la même voix.
Ses jambes d’albâtre vinrent se poster devant le vampire, levant la tête pour le regarder. Ses pieds nus s'entaillèrent sur des rochers qui jonchaient le sol, mais il s'en fichait complètement. Se positionnant devant l'homme il voulu le bousculer en passant. Bien que la conséquence fut vaine, le geste était bien là « Tu crois que t'es le seul à pouvoir mordre ? » L'égo de l'Ondin avait prit trop cher qu'il laissa passer cela « Tu... » Il gonfla ses joues avant de croiser les bras « Espèce de sauvage. La moindre des choses après avoir embrasser un roi, c'est de l'aider à se relever. Créature de la nuit sans éducation. Humpf... » Il haussa les épaules et fit volte-face. Ca l'agaçait tellement de tomber avec des gens qui ne prenaient pas soin de lui... Et puis c'était bien partit, il avait adoré le déroulement de la journée alors pourquoi d'un coup... Tout s'était envolé ? « T'as tout gâché. Sortons de là. » Son dos était nu et écorché à vif. Les marques noires léchaient ses reins et jusqu'à ses omoplates. Les tissus se balancèrent, glissant sur sa peau blanche, essayant de cacher le peu de pudeur qu'il pouvait encore avoir.

L'Empereur n'avait pas remarqué l'environnement. Une caverne aux odeurs particulières, et des minerais, de la caillasse, à piocher. Des racines pendaient du plafond à une bonne hauteur, et certaines parties étaient instables. Ses émeraudes lui indiquèrent le chemin, la suite des événements, avec une netteté contrôlée. L'Ondin savait où il marchait, et il serrait les dents pour ne pas prendre au premier degré la douleur que ses pieds nus ressentaient. Se détendant, il vit malgré tout des plantes marécageuses, pousser dans ce souterrain.
Plus l'éphèbe avançait, plus le terre fit jaillir des fleurs et des plantes, vertes et noires, qui rampèrent en fleurissant jusqu'à ses pieds. Elles formèrent, par sa volonté, un lit où il pouvait enfin marcher sans se mutiler. Par ailleurs, il passa sous une arche de fleurs créées par ses soins qui, toutes, se collèrent à son corps. Finement, des gerbes, des petits bouquets, commencèrent a se tisser les uns les autres, pour couvrir le dos de l'Empereur, ses cuisses, et ses bras. Pourtant, les plantes étaient pleines d'épines, de ronces, mais celles-ci tombèrent, ou se perdirent, lorsqu'elles touchèrent sa peau. De même, de petites chausses ornèrent ses pieds, et ce fut dans un soupir de soulagement qu'il reprit la route.

Seulement, le bonheur n'aurait été que de courte duré s'il n'avait pas eu le réflexe de s'arrêter. Sous ses pieds, le vide. Dans un cri sourd, de surprise, où il inspira l'air par la bouche, il fit un grand pas en arrière. Son dos se heurta à la carrure épaisse du vampire qui l'accompagnait.
Malgré tout ce qu'il lui avait dit, malgré la vexation dans son égo, il ne pu s'empêcher de lever la tête, admira ses orbes rouges. Il adorait ses yeux, les yeux du danger. Inconsciemment, l'Ondin s'enroula presque autour de lui. De ses doigts agiles, il attrapa un revers de son blouson et il aurait aimé passer le bras sous l'autre, pour faire le tour de son torse. Seulement, un bruit l’interpella. Le bruit d'une... Chute, suivit d'une cascade d'eau. Fronçant les sourcils, le sol se mit à trembler. Resserant sa prise, face au vampire, il monta sur la pointe des pieds, collant son torse au sien, dans une cambrure à en réveiller un mort. Malgré la sensualité de l'être, ce qu'il vit lui fit presque pousser un juron.

Au détour du couloir, une énorme vague d'eau, emportant tout sur son passage, fonçait vers eux. En face, un grand ravin se matérialisait. Au milieu, ils étaient coincé, et vu la hauteur de la précipitation, il était certain qu'elle toucherait le plafond. L'Empereur lâcha Lokys. Il le laissa, pour se prendre l'eau de plein fouet. Dès qu'une goutte le toucha, ses vêtements se disséquèrent, pour laisser place à sa mutation. Ses jambes se collèrent, et sa nageoire émeraude fit surface, longue et rayonnante, comme lui rayonnait. Nastaé dans toute sa splendeur. Ses cheveux violets volèrent, sa peau se fendit sur ses bras, ses doigts se palmèrent légèrement, alors qu'un nageoire dorsale fine, claire et souple, poussa sur sa colonne vertébrale. Malgré cette possession, cette vraie apparence, il ne perdait rien de son charme.
Comme prévu, ils furent emporté par le courant. Voyant dans le noir, et étant juste dans son élément, il chercha rapidement le vampire des yeux. Nageant jusqu'à lui à une vitesse affolante, il arracha une écaille de sa nageoire, et fondit sur le prédateur.

« Dans mes bras bel homme... » Il avait quasiment chanté cette phrase. Nastaé se colla à lui, le prenant dans sa faible étreinte, alors qu'il lui susurra « Mets ça sur ta langue et respire prédateur. Respire. » L'incitant à garder sa petite écaille, cela lui permettrait alors de pouvoir respirer sous l'eau, voilant son nez pour préférer son souffle à des branchies sur son cou.
Fourrant sa tête dans son cou, et près de son oreille, il fredonna doucement un air mélodieux pour rassurer le vampire « Tu es dans les bras de l'Empereur, et je ne laisserai rien t'arriver tan que tu seras prisonnier de mon domaine. Alors étreins-moi. »
La traversée aurait pu être douloureuse, mais Nastaé fit tout pour la rendre belle et exotique. Lokys pouvait respirer même s'il paniquerait très certainement. Jamais l'Ondin ne l'avait abandonné, et il ne cessa de fredonner que quand il sentit qu'ils remontaient. Il fallait qu'il le rassure. Il n'avait rien à lui prouver, mais il désirait quand même lui montrer que rien n'était vain. Que ce jeu n'était pas un simple fait, de simples actes, et qu'au delà de cela, il lui avait autoriser à goûter ses lèvres à l'embrun marin. Depuis le début, s'il avait refusé, il serait partit, se serait battu, et jamais n'aurait cherché à en savoir plus. Nastaé avait l'air bête, mais au final, il réfléchissait comme tout le monde. Le problème est qu'il était juste assez égoïste.
Le courant qui se voulait meurtrier, ne les éclata pas contre une paroi rocheuse. Le roi fit en sorte de les garder en état, avant de les diriger vers la sortie. En haut, un trou béant. Ils giclèrent de celui-ci pour atterrir lourdement sur la pierre dure.

A nouveau, l'Empereur trôna sur le vampire.
Nastaé, légèrement secoué par le choc, reprit rapidement ses esprits pour ne pas que Lokys s'étouffe. Ses écailles étaient pleines de surprises. Notamment celle que si elles aidaient les bipèdes sous l'eau, en surface elles les abîmaient. Ainsi, il ne pouvait plus respirer. Glissant impunément deux doigts longilignes et mouillés dans sa bouche, il en retira l'écaille pour la jeter au sol. Celle ci perdit son éclat avant de disparaître en poussière.
L'Ondin souriait. Dans cette grotte pierreuse, juché sur le vampire, un magnifique sourire illuminait son visage. Il ne pouvait rayonner plus que dans sa propre apparence, celle qu'il affectionnait plus que jamais. Ses lèvres, comme un bijoux, comme du diamant froid, vinrent effleurer celles de son bourreau, et descendit en de petits baisers voraces sur sa mâchoire. Mettant ses avants bras et ses mains à plat sur son torse, il plia sa queue, la levant ainsi en l'air comme un bipède aurait plier ses genoux lorsqu'il se tenait sur le ventre. Et son sourire était entier. Ses yeux de biches dévoraient l'homme malgré l'agonie de la situation.

« Un Roi ne laisse jamais mourir son plus précieux trésor, prédateur. »

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Mar 29 Juil 2014, 10:55

Les minerais crissaient sous la pression des bottes de cuir de Lokys se dirigeant vers l’enclave dont il percevait le halo noir. Se faire interpeler avec autant de familiarité qu’une vulgaire goule ne le fit qu’à peine froncer, mais lorsqu’il dut s’arrêter pour éviter de renverser la frêle crevette qui trépignait devant lui, son expression passa d’une concentration modérée à une franche narquoiserie. Ses rubis luisant dégoulinèrent sur le prince arrogant à la répartie vacillante, il était touchant dans sa vexation, et Lokys dut se faire violence pour se retenir de rire, mais le reproche était trop tentant, et d’un ton velouté, il contre-attaqua tandis que la silhouette dénudée du dos de l’Ondin ondulait sous son nez.

« Il ne me semble pas non plus avoir eu l’honneur de voir votre main se tendre vers le sujet miséricordieux qui aura sauvé son royal fessier de l’écartèlement ! »

Lokys ne prit pas vraiment au sérieux l’appellation honorifique que ce fou semblait juger bon de se donner… qu’est-ce qu’une tête couronnée aurait fait seule, perdue au milieu des marais après tout ? Croisant à son tour les bras, un rictus entendu aux lèvres, le vampire suivit le sillage embrumé du roi. S’il était vrai que son corps avait amorti la chute de ce dernier, il n’aurait su lui-même dire s’il l’avait attrapé à cette fin ou par la force du hasard. Ce qui était sûr, c’est qu’avoir rompu ainsi les distances d’affinité entre eux l’avait ravi, et éveillé un pressentiment en lui quant à la nature des lieux. Un golem de pierre, un éboulement de terre… La caverne semblait se jouer d’eux, mettant à l’épreuve à tour de rôle leurs atouts comme pour les contraindre à s’entraider, se lier. Tout en devisant intérieurement, le guerrier admirait le rouler sensuel des muscles dorsaux de son partenaire, intrigué par le marquage de jais qui défigurait son derme lunaire, et plus encore par les appétissantes crevasses suintantes de son nectar vital… on ne se refaisait pas. La suite l’interpela plus encore : les végétaux semblaient soudain s’éveiller au placé délicat des pas de l’Ondin, l’avalant goulument sous un somptueux drapé de feuillages et de fleurs. Le suivant sous l’arche où il dut humblement se courber, le vampire leva un majeur timide vers l’une des épines, surpris que le sang ne se mît pas à jaillir du corps de celui qu’elles auraient du meurtrir, et son trouble fut plus grand encore lorsqu’il s’érafla sans merci sur la pointe maligne… La plaie se referma promptement, non sans avoir laissé un mince filet de son sang tacher sa phalange, et alors qu’il retournait son regard grenat sur le fuyant, il fut soudain pris d’un haut-le-cœur en voyant le pied enrobé de feuille du charmant allant s’échouer dans le ravin. « Att-… » À peine s’était-il jeté en avant que le dos de l’Ondin vint épouser les bosselures de son torse délicatement. Voûtant ses épaules au-dessus de cet être en une enveloppe protectrice et inconsciente, le vampire retint son étreinte de venir soutenir le jeune homme qui se hissait sur lui en un contact parfaitement aguichant. Il avait eu peur, s’il devait définir ainsi son sentiment. Peur que la situation lui échappe, que l’Ondin le quitte précocement, avant qu’il ne lui en eût donné le droit, peur de se retrouver seul, emmuré dans les entrailles des marais, ironiquement non loin de là où il habitait. Le bruit du déversement s’amoncela alors à sa conscience, chassant sa précédente pensée. Lokys se retourna vivement alors que l’Empereur le lâchait mais n’eut que le temps de se recroqueviller alors qu’un mur liquide s’abattait soudain sur lui. Tout aussi puissant qu’il était, il fut balayé comme une plume par les alizées.

Le chaos qui s’ensuivit était total. Son corps malmené n’aurait su retrouver le haut du bas, complètement insensible à la gravité dans le tumulte marin. Il sentit plusieurs fois les parois recentrer avec brutalité la direction où les flots l’emmenaient inexorablement. Ouvrir les yeux lui fut presque insupportable, mais il devait y voir pour tenter de s’accrocher. Ses griffes trouvèrent alors une tumescence dans la roche où elles s’agrippèrent au point de lui faire mal. Il n’aurait pas pu lutter longtemps contre le courant surtout que… l’air commençait à manquer. L’air dont il aurait du être épargné depuis sa mort, depuis sa résurrection, mais le mal d’humanité qui le frappait ces derniers temps était décidément en bonne voie pour avoir raison de lui.
C’était la fin… Sa vision s’envolait vers les cieux de ténèbres, ses griffes glisseraient bientôt de leur prise pour laisser les flots terminer de le réduire en charpie, ses poumons gonflés d’eau hurlaient à l’agonie… et puis soudain, il entendit une voix familière, chantante, rassurante.

La violence des ondées sembla se calmer instantanément, et alors que les paroles reprenaient, il sentit quelque chose glisser entre ses lèvres… et revivre. Se perdre dans la plaine violacée des filins soyeux. Lokys plongea son visage dans les cheveux virevoltants de l’Ondin, ses bras l’enserrèrent contre la sirène frêle, il se sentait… bien. La sérénade des eaux le calmait, tout allait bien se passer, qu’il meure ou vive n’avait plus d’importance tant qu’il pouvait rester ainsi, avec celui qu’il l’emportait. L’Empereur… le mot résonna en écho à son esprit, distordu par le milieu aqueux qui les étreignait… c’était donc l’Empereur de l’Eau qui était venu le sauver ? Une aubaine bien imméritée pour un vampire perdu par sa propre avidité…
La promenade au clair des deux émeraudes rutilantes s’accéléra soudain, sans brutalité, et d’un coup, ils quittèrent l’eau pour atterrir sur un lit beaucoup moins accueillant. Respirer. L’air manquait à nouveau, le faisant presque regretter cet environnement qu’il avait trouvé si hostile. Lokys se cambra, soulevant sur son torse puissant la créature marine échouée, ses coudes appuyèrent sur le sol comme pour se dégager de son enveloppe, incapable de savoir pourquoi l’air lui était toujours refusé. Il chercha, pendant ce qui lui sembla être une éternité, l’inhalation salvatrice et ce n’est que lorsqu’à nouveau, il sentit les doigts palmés trouver sa langue qu’il put tousser. Le bicentenaire se voûta en avant, par réflexe, retrouvant la tiédeur humide du cou de l’Empereur. Son souffle pantelant flattait vivement la jugulaire battante de son bienfaiteur, un son qui ne pouvait que trouver grâce à son ouïe, mais avant qu’il eût pu songer à y aventurer davantage ses lèvres, celles-ci furent ravies par un baiser frais et mouillé.


« Hm… » Lokys se détendit enfin, allongeant son corps noué sur le sol douloureux. Il sentit une autre tension délier la panique sous les lippes de l’Empereur qui le butinaient. Ses mains larges reprirent position sur le dos crénelé qui lui était entièrement offert à caresser et il ouvrit ses paupières sur deux fentes carmin perlées. Un Empereur, le roi des mers. Et c’était lui, le fou qui l’avait tenté.
Le vampire se redressa pour venir de nouveau conquérir un baiser, plus appuyé, plus intense, plus envieux aussi… La pulpe de ses doigts trouva soudain le palpé souple et fluide de l’épinelle dorsale du transformé. Quittant à regret les lèvres sensuelles, le bipède se redressa en maintenant d’un bras sa proie contre lui pour lui éviter de tomber. Ses doigts curieux s’attardèrent avec douceur sur les crêtes et vallons de la nageoire longiligne. Sa main libre lissa l’un des bras du jeune homme, suivant du regard son tracé, jusqu’aux délicates jointures translucides entre ses doigts qu’il se permit à son tour de caresser. Fasciné…
« Fascinant ! » C’était le terme pour décrire le regard émerveillé dont il couvrait l’Ondin. Alors que sa main retombait le long du dos de ce dernier, ses doigts rencontrèrent la chavirante courbure d’un séant… écaillé. Lokys s’offrit avec une curiosité innocente la liberté de longer ce qu’il imaginait être la cuisse de l’être, admirant les reflets nacrés qui se déroulaient sous ses gestes jusqu’à la somptueuse finition sur cette queue marine.
Jamais auparavant il n’avait vu de créatures des mers affublées de leur véritable apparence. Si l’image était étourdissante, l’arôme musqué qu’il dégageait à présent à son flair désireux était sans commune mesure avec celui d’avant, le vampire voyait sa vision se galvauder chaque fois qu’il songeait à la robe du breuvage que ce corps sublime devait receler. Ses iris retrouvèrent celles de l’Ondin, qui de force ou de gré, s’était malgré tout laissé explorer. Reprenant contenance dans le regard charmeur qu’il lui décocha, il murmura en affectionnant la joue de l’être contre sa paume glacée.


« Un Roi bien imprudent pour ériger en trésor son pire prétendant... Mais on dirait bien que je vous dois la vie, à présent... »

De plus en plus dérouté, Lokys laissa son regard de serpent retomber sur les étincelantes écailles qui lui couvraient les cuisses… Combien de temps cela allait durer ? L’empereur était nu de surcroît, et la nouvelle salle où ils venaient d’échouer ne semblait contenir rien de vivant qu’eux ; des roches volcaniques, du sabre, des parois de caillasses, même les jolis minerais ne sertissaient plus les murs. Alors, c’était bien ainsi. L’un sur l’autre, ils devaient compter s’ils espéraient un jour sortir d’ici. Passant un bras sous la pliure de la queue de l’Ondin, le vampire le rapprocha de lui avec une douceur empreinte de fermeté. « Si vous me le permettez… » S’amusa-t-il en surenchérant les politesses, puis il se releva d’un déplié puissant de ses jambes encore chancelantes de la récente noyade, en emportant sa proie.
Outre la gorge remplie d’eau qui venait de les vomir, la chambre géologique s’ouvrait sur des dizaines de galeries, dont plusieurs impraticables du fait de la taille du vampire.
Celui-ci commença à marcher vers l’une d’entre elle, assez large, sombre mais dont le passage empruntait une pente douce qui tendait à le rassurer sur la destination.
« Son Altesse est-elle à son aise ? » Susurra-t-il à l’oreille de l’Ondin. Celui-ci était léger comme une plume, doux et tiède contre son exuvie ferme et froide. Leur marche les mena jusqu’à une nouvelle salle bien moins… sauvage que les décors de leur escapade jusqu’ici.
Une épaisse odeur de brûlé saturait les lieux, piquant l’odorat surpuissant du prédateur qui suffoqua presque sur le palier. À peine l’eût-il franchi qu’une lourde colonne de pierre tomba derrière eux, refermant l’accès à la cuve. Mais le comble du malheur fut de soudain de voir jaillir des murs de part et d’autre de l’entrée deux torrents de flammes qui manquèrent de les calciner sur place.

Se jetant en avant en enveloppant son protégé, Lokys sentit la chaleur incandescente frôler ses mollets mais la douleur disparut en même temps que les jets.
« La terre, puis l’eau, et maintenant le feu ? » Devisa-t-il plus pour lui-même… Cet endroit était piégé. Quoi qu’il cache, il y avait là de quoi décourager les moins courageux des intrus, et rien que cette difficulté donnait l’envie au vampire d’en déjouer les secrets… encore fallait-il pouvoir trouver une solution à cet étrange nouveau guêpier.

Le vampire se redressa après s’être assuré que rien ne se jetterait plus sur eux pour l’instant, puis observa la situation de l’Ondin. Continuer à le porter pourrait rapidement devenir problématique au vu des faits, et même si sa nudité ne l’aurait absolument pas dérangé, il doutait que ce fut le cas pour lui, aussi, s’allégeant de la veste de son uniforme un peu déchirée, il en couvrit les frêles épaules du jeune homme et se releva, cette fois sans oublier de lui tendre son bras.
« Levez-vous. » Invectiva-t-il avec autorité. « Nous n’avons plus le choix que d’avancer… »
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Mar 26 Aoû 2014, 13:54

Nastaé agita la main. Ce que disait Lokys ne l'intéressait pas. Le paon était vexé, touché dans sa fierté. A d'autres ! Le Prince des eaux n'avait alors que faire du fait que le vampire puisse le prendre pour un écervelé, ou un saltimbanque. Il voulait juste... Sortir d'ici. Mais ceci... Etait ce qu'il croyait.
Au fond de lui, il n'avait pas foncièrement envie de quitter ce géant de glace. S'en séparer, pour faire route ailleurs... Le laisser alors à d'autres étreintes, d'autres personnes qu'il traitera de la même façon si ce n'était mieux. De la jalousie ? Sans doute pas. De l'amertume ? Déjà plus probable. Il était partageur, et surtout assez honnête avec soi-même. Contrairement d'avec les autres... Nastaé ne se dupait pas, et il savait qu'il ressentait une certaine attirance, bercée d'illusions meurtrières quant à cet homme. Dès qu'il tournait le regard vers lui, il avait envie qu'il le possède, alors que l'Ondin planterait ses griffes dans sa chaire d'albatre. Il voulait le blesser autant que lui le blessait. Il n'y avait aucune issue. Et par dessus tout, il appréciait rester avec lui. S'en séparer n'était pas dans ses projets.
Seulement, l'homme se faisait une joie d'être exécrable avec l'éphèbe aux fils de soie violets.

Les deux hommes étaient ancrés dans leur cécité, et c'était seulement face aux catastrophes naturelles, aux dangers imminents, qu'ils s'accrochaient l'un à l'autre, révélant alors en cet instant leurs vrais sentiments. Autant les ponctuels comme la peur, la colère, l'angoisse, que ceux plus enfouie. La force que mettait l'Empereur, dans l'étreinte de ses bras était révélatrice... Tout comme les épaules voûtées du prédateur, sur son corps chétif, signe de protection physique.
Au fond, ils savaient. Ils savaient tous les deux mais ils le niaient. En surface, ils se détestaient presque. Ils se cherchaient, faisaient en sorte d'être presque nocif l'un pour l'autre mais... Au fond, aucun des deux ne s'empoisonnaient réellement.

Lorsqu'ils recouvrèrent la surface, en bonne créature terrestre qu'était le vampire surtout, Nastaé sentit le corps du prédateur convulser sous sa réelle apparence. Il jeta l'écaille, la retirant de sa bouche, pour le laisser à nouveau respirer, avant de le regarder en souriant.
Les sourires de l'Empereur étaient rarement de bonne augure et celui-ci était presque espiègle, malicieux. Nastaé passa ses mains dans les cheveux de Lokys, peignant alors ses crins noirs pendant que celui-ci reposait son front contre son épaule nue, toussant pour retrouver l'air qui lui avait été volé.
La jolie créature vit les yeux de son binome. Un affamé de premier choix.
Silencieusement, il le laissa découvrir le mythe qu'il représentait. Les Sirènes. Le chant, les écailles... Les dents carnassières... Tout ça n'était pas vain « Que fascinant ? » Il se mit à rire, alors que ses bras entourèrent le cou du bel homme. Ses doigts vinrent danser sur son épaule avant de venir caresser un de ses bras, en tension sous son poids. Hum... Il n'était visiblement pas assez fin pour ne pas le faire forcer.

Sa joue se vit ornée de la paume du prédateur, douce caresse dans leurs échanges pourtant malsains. Le Roi sur l'apprécier, fermant un instant les paupières, avant de caresser le poignet de l'homme de ses doigts fins. Trop de sentiments se mélangeaient en lui.
La lutte était difficile entre ce qu'il voulait et ce qu'il reflétait. Il était aussi satisfait de se mutiler, de mutiler Lokys, que de l'apprécier. Les mots doux lui faisaient autant chaud au coeur que ses paroles acerbes. Tout ce qu'il voulait après tout, c'était qu'il le regarde. En bien, en mal, peut importait, la seule condition était celle ci « Regarde moi ! » Sa pire sanction, son pire fantôme était l'ignorance. Il ne voulait pas que cet homme en vienne à l'ignorer, feindre sa non-présence, pour venir arracher son coeur au moment le plus opportun.
Une partie de lui pleurait déjà cette situation inexistante. Cette partie de lui la redoutait. Mais l'Ondin ne la laisserait jamais arriver après tout...
Ses doigts se fermèrent alors doucement sur le poignet de Lokys et ses yeux se relevèrent vers lui. Douces émeraudes qui ne cherchaient, en cet instant, qu'une présence réconfortante dans ce chasseur invétéré « La vie... ? » Donne moi la tienne ! Voulait-il hurler « Je ne pensais pas que de votre bouche sortirait un jour de telles paroles mon cher... La vie..., votre vie ? Ne serez-vous pas le premier à la reprendre ? » Et comme pour névroser l'homme, le sollicité un peu trop, il se hissa plus encore, enroulant sa belle queue écaillée autour de son corps et d'une de ses jambes pour fourrer sa tête dans son cou « Si vous me le permettez… », « Si vous y tenez... » Même ton, dissimulant juste un sourire, alors que son étreinte se délia. Le vampire chercha une faille dans sa nageoire, et vint passer son bras sous une sorte de pliure que Nastaé lui laissa malmener à sa guise. Ses longs cils, son regard de biche, ses iris fascinant vinrent observer leur porteur.
L'Empereur ne se gêna pas. Pendant la réflexion de l'homme, pendant sa procession vers l'autre cavité, il profita de cette proximité gourmande pour dévorer le vampire. Ses doigts effleurèrent son buste, ses épaules, avant de remonter vers son cou « Vous êtes si... Attirés par cette partie... » Nastaé rapprocha son visage aguicheur contre la peau glacée de l'homme. Il caressa de sa main libre cette colonne renfermant la pomme du désir, avant de la maculer de son souffle chaud. Sentant la chair mollir doucement sous ses gestes il finit par murmurer, ses lèvres presque contre lui « Il est vrai que c'est tellement... Tentant. » Mais au lieu de mordre, comme un lionceau ne s'aventurant pas sur le territoire de son père plus expérimenté que lui, il ne fit qu'embrasser. Baiser qui se voulait déroutant, envoûtant, gourmand « Lok... »

Il ne pu continuer sa phrase. Nastaé sursauta presque du bruit infâme que fit un mur de pierre en tombant lourdement à terre. S'agrippant comme si sa vie en dépendait, il comprit que la salle dans laquelle ils étaient entrés, étaient de mauvaise augure pour eux. Le feu jaillit de partout pour les calciner. Mais le vampire s'échappa de ce brasier avec agilité, l'Empereur dans les bras.
Il se sentait handicapé, et l'Ondin n'était tout à coup plus à son aise. Comme si cette mésaventure avait complètement changer le degré de complicité qui se jouait entre eux, Nastaé se vit posé à terre, affublé de la veste noire du vampire, avant de se voir ordonner quelque chose.
Levant les yeux au ciel en soupirant, il détourna la tête.
Ce type l'énervait. Il ne savait pas ce qu'il voulait, et ça commençait à devenir agaçant. S'aidant du peu de magie qui lui restait, l'Ondin se départit de l'eau qui imbibait encore son corps. Ses jambes apparurent en moins d'une minute, et il fut debout en moins de temps. De l'envoutement à la colère, l'Empereur avait vu sa libido faire une chute libre en l'espace de trente secondes « Ne me donne pas d'ordres. » L'homme se redressa avec l'aide du bras du vampire, et épousseta ses cuisses nues. Son corps était peinte de volutes noires. Celle-ci, lorsqu'il fut à nouveau humain, rampèrent sur son corps. Elles dessinèrent ses jambes, remontant sur ses reins et son dos, avant de venir lécher ses bras. N'y faisant pas attention, il se départit d'une barrette qui trônait, bien cachée, dans ses filins violets, et s'en servit pour faire apparaitre ses précieux voiles blancs. Contrairement à une tenue entière, juste un linge en lin, quasi transparent, apparu. Il piqua ses cheveux pour ranger la nacre, et de son autre main se départit du manteau « Reprends le. Je n'ai pas besoin qu'il me serve de bonne raison pour que tu sois toujours plus exécrable avec moi. » S'il se voyait perdu ou abîmé, il ne doutait pas une seule seconde, que le vampire se servirait de ça pour le meurtrir jusqu'à ce qu'il hurle d'agonie. Et Nastaé refusait ça. Il se fichait d'être nu au final, il savait juste qu'un corps nu, pour les bipèdes, était indécent. Alors il fit son maximum pour s'harnacher convenablement, avec le peu de matière qu'il avait.

« En route. » Dit-il, sans attribuer un seul regard au prédateur.
Cela devait se dérouler comme ça... Et l'Ondin se détestait de laisser Lokys mener la danse, et lancer à chaque fois, les hostilités. Mais en même temps si ça n'avait été que de lui... Aurait-il apprécié de se mettre à dos cet homme, à chaque pas qu'il entreprenait ? Pour quelqu'un qui lui devait la vie, il était alors bien peu reconnaissant.
Au moins, les dernières minutes furent amusantes... Avant que l'autre ni gâche tout, une fois de plus. C'était le destin, et l'Empereur sentait que, de leur relation, ne pouvait naitre ni la quiétude, ni l'harmonie. Plutôt l'opposition, la colère, la violence, et parfois le désarroi. C'était pour cette raison qu'il n'avait pas chercher à lutter lorsque le type se transforma en parfait goujat.
« Les éléments risques d'être nos principaux ennemis... Qu'ont-ils à cacher, ici, pour joncher l'endroit de pièges de la sorte ? » Croisant les bras, il passa une porte, longeant un couloir. Son murmure, sa petite réflexion, résonna dans la cavité. Plus ils avançaient, plus les murs se voyaient décorés de veines de métal. Fer, acier, laiton... Tout parsemait les parois, jusqu'à ce qu'ils se raffinèrent. Lisse, massif, ils formaient poutre, barre, arche... Puis les murs devinrent en métal. L'Ondin toucha la froideur de ceux-ci, et constata que le piège allait se refermer sur eux « Je doute de notre survie quant aux mécanismes de ce dédale infernal. » Si les murs venaient à se rapprocher, comme dans la pyramide, ils seraient alors fait comme des rats. Et évidemment le retour en arrière n'aurait pas été possible...

Nastaé arpenta les couloirs silencieusement. Réfléchissant, il sentit au fond de lui quelque chose s'agiter. Un danger. Une peur de quelque chose de mortel.
Soudain, devant lui, le sol s'ouvrit et un poing de fer vint heurter le plafond, faisant trembler jusqu'à son âme. Faisant un bond en arrière, encore une fois, ce fut le corps de Lokys qui réceptionna le sien. Son coeur battait la chamade, et ses yeux étaient si écarquillés que la peur n'était qu'un sentiment banal à côté de ce qu'il ressentait ici.
La furie de métal vint chasser trois fois le plafond solide, avant de rentrer dans ses entrailles abyssales. Deux secondes après le sol trembla, puis les murs, pour finir par le plafond. Nastaé avait activer le mécanisme de l'enfer. Des monstruosités sans nom qui sortait de leur lit, pour venir les écraser comme de vulgaire chose. Ce n'était pas leur monde. Et même si la magie y était peut être pour quelque chose, il doutait que le monde ait été un jour d'accord pour accueillir ce genre d'abomination.
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Mer 27 Aoû 2014, 13:06

Douce espérance qu’il avait eue que l’Ondin plantât ses canines acérées dans sa chair, que le sang ruisselât de sa gorge, que le prince de la nuit devînt victime du Neptune des abysses. La fleur de son derme encore électrisée du contact sirupeux du sensuel dénonçait la soudaine indolence du tortionnaire, alors que le vampire offrait de nouveau sa chair à la grippe de celui-ci. Il se fit utilisé comme un vulgaire pilier sur lequel on s’appuie pour ensuite le délaisser, mais loin de contrarier sa fierté, l’indignation outrageusement avérée de l’ondin redoubla son hilarité.
La situation ne se prêtait pourtant pas à l’imprudence, et Lokys retint ainsi l’envie qu’il avait de châtier l’insolence, aidé par la divine beauté qui devant lui se dévoilait. L’œil inquisiteur du prédateur observa le monarque reprendre une taille plus que décente. Son attention se fit dérobée par les épieux d’encre qui léchèrent le corps du souverain, comme des racines enchevêtrées sur cette statue de lait. La brume légère des voiles retomba sur le paysage défiguré, tamisant les embranchements sombres en ne laissant deviner que leur contraste criant. Un savant enrobage de sensualité au cœur empli de noirceur, dans lequel le ténébreux crevait d’envie d’y planter les crocs. L’insupportable pédant reprit cependant vite pieds avec la réalité, lui jetant à la figure son bien généreusement confié. Lokys fouetta l’air de sa veste pour en chasser les derniers reliquats de leur bain impromptu, puis se revêtit noblement en obtempérant à l’injonction clamée, l’œil mauvais.

A nouveau, les paroles justes du roi déchargèrent les frissons de la chasse dans son système, le vampire avait hâte de démêler le mystère de ce qui se cachait ici décidément. Plus le danger était grand, plus le prix promettait d’être appétissant, en de nombreux sens. Inconsciemment, il se rapprocha, frôlant de la glace de son bras la grâce de l’indigné qui croisa les siens, fermé comme l’huître agrippée à son récif de fierté. Le vampire ne chercha pas plus loin le contact, captivé qu’il était par les rutilantes parois métalliques qui les entouraient soudain. Un goût ferreux crépita sur le bout de sa langue, le posé feutré de leur pas s’alourdissait de plus en plus jusqu’à ce que le sol devînt claquement sous ses bottes. Les sons n’étaient pas les seuls à se distordre dans cet environnement ineffable, son champ de vision semblait onduler au rythme des nuances de gris de la faible lumière ambiante… d’où venait-elle d’ailleurs ? Les lueurs des cristaux minéraux lui revinrent en mémoire, mais ils avaient depuis longtemps déjà quitté la grotte mystérieuse, cet endroit semblait, s’il devait l’en croire, bel et bien manufacturé. Mais la nouvelle n’était pas pour lui plaire, car face au hasard de la Nature, les dangers créés par l’entité inférieur qu’était l’humain lui paraissaient bien plus terrifiants.

La remarque funeste du fataliste bloqua un soupir exaspéré dans sa gorge, le chasseur ne souhaitait pas revoir la colère déformer ses traits, et par ailleurs, l’heure n’était pas à la discorde. Préférant à une diatribe malvenue le silence, le vampire s’approcha de plus bel, se refusant même un effleurement sur l’égérie voluptueuse qui dansait face à lui, chaque pas plus ample et gracieux que le précédent, mais sa grande main experte de la dégaine vint affectionner la garde de sa famélique épée… savait-on jamais.

Infime, à peine audible, un cliquetis évaporé tinta sous le pas léger du délicat. Et l'intuition s'intensifia au creux des entrailles du vampires...
« Hmm… J’aime pas beaucoup ç-… » Ll’avertissement avorté se mut en stupeur lorsque le sol vomit la colonne de métal. Rattrapant un Nastaé in extremis rescapé contre lui, Lokys défourra Ragnarozica, dont l’obsidienne sanglante s’érigea entre le poing menaçant et l’ondin. Un grognement sourd tonna dans le torse puissant du guerrier qui recula lentement en entraînant celui qui reprenait ses esprits. Les tapotements brutaux qui s’ensuivirent ensuite donnèrent même des sueurs froides au colosse… Leur monde semblait en effet tourner, entraîné dans les fils du marionnettiste qui avait décidément juré leur mort, ou bien de ne révéler ses trésors qu’à des êtres dignes…

Puis soudain, le plafond creva.
« Aargh ! » Une pointe aussi fine que l’air se ficha dans son épaule, profondément, ressortant aussitôt en lui arrachant une plainte rauque. « Attention ! » Le vampire eut juste le temps de se retourner pour écarter d’une deuxième cette fois, Nastaé. Déjà, sa lame noire battait le fer contre une troisième, puis la dalle tomba, révélant leur adversaire« Une araignée ? »
Huit pattes de fer fines s’agitaient en parfaite synchrone sous un corps ovale de métal, où culminaient huit rubis luisants. La fileuse tressauta sous la chute, leur laissant un bref répit dans lequel Lokys sauta, enjambant lestement l’éventrement du sol où le poing avait frappé, il saisit sans ménagement la main de l’ondin et l’entraîna dans le dédale. Au-dessus d’eux, les toiles menaçaient à tout moment de relâcher leurs habitantes, derrière, on entendait le martellement clair des lames libérées qui annonçaient leur avidité. Puis le mur face à eux fut soudain défoncé. Dans les abysses d’une enclave plus sombre que la nuit, un immense monstre surgit, privant la fuite vers l’avant quand l’arrière se révélait du même destin. Lokys fit face au monstre, sentant son dos se plaquer à celui de l’ondin. La garde de son arme disparut sous la prise féroce de ses deux mains, tremblant de l’excitation du combat comme de l’attente du premier coup. La créature arachnoïdale s’avançait dans la cage de fer qui les emprisonnait. Depuis combien de temps ces gardiens dormaient-il dans l’attente d’une proie intrusive à ce dédale ?
La vague de bestioles qui les poursuivaient déboula à son tour. Les araignées enchevêtrées entre elles dans leur précipitation désordonnée formaient plus un mur grouillant qui empêchait à présent les autres d’avancer, mais s’en approcher était à éviter, et le géant à huit pattes s’en allait déjà se charger de nourrir ses bébés… Sans crier gard, la vrille partit.
Les prunelles sanglantes de Lokys l’observèrent sans sourciller torpiller vers sa poitrine. Ainsi érigé en rempart de l’ondin, bouger lui était proscrit s’il ne voulait signer le trépas de ce dernier. Ragnarozica plongea à son tour, parvenant à dévier la première patte quand la deuxième se fraya sournoisement un chemin au creux des coutures ficelées de son ventre. Deuxième râle plaintif. Sa main qu’une mitaine couvrait de moitié s’empara alors de la fiche de métal, tentant vainement de la plier, mais il parvint à se libérer les entrailles, ils n’avaient plus le choix, il leur fallait combattre ces atrocités.
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Mer 27 Aoû 2014, 14:24

La fierté laissait place à la colère, qui laissait place au désarrois. Le désarrois de se voir fais comme un rat, dans cet Enfer métallique, dont les bruits vrillaient les tympans du bel homme. Lokys et lui s'était mis sur leurs gardes, armes en main, le qui-vive. Ils attendirent que quelque chose se passe, que le Destin leur fasse un signe... Et quel signe !
La boucherie qui mettait de la vigueur a s'éclater contre le plafond, hérissait la quasi-inexistante pilosité de l'éphèbe. De l'autre côté, aucun moyen de se faire la belle, et revenir dans le trou d'eau béant ne servirait à rien, comme finalité, tan le courant était fort.
Les surprises des dessous du marais étaient bien plus mauvaises que ce à quoi il s'attendait réellement. A chaque fois que le métal heurtait l'autre parois, il avait l'impression que ses rêves s'envolaient toujours un peu plus, comme la chance de se voir sortir entièrement vivant d'ici. Il ne souhaitait pas perdre un membre. Un de ces si précieux membres.
Le cri qui devint étouffé, derrière lui, lui fit faire volte-face. Lokys venait de se faire transpercer la chair, et ce fut en homme héroïque, qu'il protégea l'Empereur de la seconde attaque, préférant l'acculer de son fer, que de laisser l'ennemie toucher son bien. L'Ondin n'avait pas d'armes. Il savait qu'il était à découvert, et sa magie était trop faible pour faire quoi que ce soit. Pas de cristal, pas même de plan alternatif, si ce n'était la fuite.

Ce qu'il croyait être des infimes pieux, sortant du plafond pour les trouer comme un fromage, n'était en fait rien d'autre que la partie visible de la monstruosité mécanique.
Lorsque le plafond se creva, laissant voir entièrement celui ou celle à qui appartenait ces armes, l'Ondin frissonna.
Et plus les évènements se déroulaient, et plus il se sentait -encore et toujours- de plus en plus proche de la Mort elle-même.
S'apitoyant que silencieusement sur son sort, ce fut le vampire qui fut le plus réactif. L'attrapant pour le trainer de force, prouvant au final qu'ils ne voulaient pas se séparer, autant l'un que l'autre, ils sautèrent d'un bond agile et magistral, l'horreur fulgurante qui, encore et toujours, martelait le plafond. L'Empereur ne pensait pas s'en être sortit. Il avait redouté le moment, presque fermé les yeux lors du saut, mais ce fut avec un soulage évident qu'il vit qu'il était encore bel et bien vivant.
Mais il n'y avait pas de temps à perdre à se féliciter sur sa petite personne. L'auto-congratulation, ça faisait perdre du temps, c'était bien connu.

Toujours dans ce but là, il ne lâcha aucunement cette main qui se retrouvait enlacée à la sienne. Il avait l'impression qu'en cette heure infortune, ils étaient deux êtres soudés. Des hommes que rien de pouvaient abattre. Mais le goût amer de la déception lui vint, quand il se morigéna en s'implantant l'idée que Lokys était un être si indépendant, que personne ne comptait pour lui. Et Nastaé ne devait compter sur personne.
L'Empereur avait des manies qui l'agaçait. Il s'agaçait de se voir si crédule parfois. N'avait-il pas assez côtoyé Vanille pour comprendre que la naïveté n'avait rien de bon ? Que pire, c'était la pire des garces... ?
Dans les plafonds, des pas ferrés résonnaient.
Piques métalliques, profondes et mortelles, seulement ici pour détruire toute chair humaine. Lokys en avait déjà payé le prix et c'était évidemment que Nastaé n'allait pas ne rien faire.
Acculer dans les abysses du souterrain mortel, cache parfaite pour les ennemis descendant toujours plus bas, de leur toile tissée, ils se retrouvèrent pris en étau. Le vampire se fit percer à nouveau la couenne, alors que l'Ondin commençait à s'agiter. La haine, la colère, l'agacement, faibles sentiments de mortels, mais assez répugnant pour nourrir quelque chose au fond de lui, qui n'avait de cesse de s'agiter. Sur son corps, petit à petit, mais de manière visible, les traces noires vinrent lécher bien plus que sa chute de reins ou son bassin. Elles rampèrent sur lui, volutant de ses épaules à ses jambes, sans oublier de strier son cou. D'aucun aurait pu penser à des sortes de tatouages ethniques, juste là pour impressionné l'ennemi mais, et l'Aether le sait, que Nastaé s'en serait bien passé.
Seulement, ce qu'il était devenu, n'avait rien à voir avec ce qu'il fut jadis. Et son instinct de survie, de combattivité, prenait désormais le pas sur certaines décisions plus fragiles et chétives.
Dès que Lokys fut blessé pour la seconde fois, Nastaé sortit de derrière lui, et plongea dans le flot.

Les pattes, plus tranchantes que des rasoirs, essayaient de le percer mais en vain. Il dansait majestueusement entre les griffes acérées de l'ennemi, permettant à chacune de rebondir sur les autres. Elles se piquèrent, se reculèrent, essayèrent de viser, mais toute l'attention était sur lui, et sa danse, aphrodisiaque pour le prédateur non loin, saurait les distraire assez longtemps pour trouver leur point sensible.
Alors l'Ondin dit doucement, comme un chant, comme un ode qu'il aurait narré « Arrache l'émeraude... »
Les araignées avaient, toutes, sous le ventre, un cristal précieux, une émeraude, pulsant sous le sang inexistant qui coulait dans leur veines métalliques. Il suffisait de l'arracher. Comme toute sorte de vie. Et tan que le ballet infernal durera, et que Lokys fera tomber les têtes une à une, alors ils auront une chance de s'en sortir.

L'un avec l'autre ils s'aideraient malgré tout, comme toujours.

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Et la Beauté enfanta l'Abyssum [PV Lokys]

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