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 Et la Beauté enfanta l'Abyssum [PV Lokys]

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Ven 29 Aoû 2014, 09:58

Le déluge métallique n’en finissait pas de s’abattre tandis que Lokys luttait sans relâche contre le monstre qu’une vitesse fulgurante animait. Son bras pourtant accoutumé à la bataille peinait à en suivre les assauts, équilibrant les failles de sacrifices plus ou moins sanglants. Les éraflures se multipliaient sur le satin de sa peau diaphane et le ballet ne pourrait bien longtemps continuer ainsi, si son étoile anoblie ne se décidait pas à agir. Mais alors que le cri s’apprêtait à fuir du fin fond de son gosier pour l’enjoindre de s’esquiver à la rafale meurtrière, la chaleur de l’Ondin qui soudain délaissait de son soutien rassurant sa masse lui fit réaliser à quel point, cruellement, un seul pas au loin de lui et déjà, l’insolent commettait l’affront de lui manquer... « V... » À présent libéré de son rôle de garant, Lokys roula sur le côté, laissant le monstre tituber là où un instant auparavant il se trouvait, élancé dans une autre vrille annonciatrice de désastre. Un bourgeon de sang manqua d’éclater à sa lèvres quand sa stupeur la mordit... il réalisait que malgré son désir de le crier, il n’avait pas de nom à appeler pour amener la colombe virevoltante à se tourner vers lui.

Le strige resta sans voix face au spectacle. Chaque pas et posé du gracieux, chaque arabesque délivrée en lyrisme dansé l’émerveilla. Leurs ennemis semblaient réduits au même état que le prédateur, leurs mouvements ralentis, proprement incapables de juste effleurer ne serait-ce que le sillage blanc des voiles volubiles du monarque. Ce fut l’injonction, murmurée pourtant, mais si pleine d’autorité, qui l’amena à se réveiller…
« L’émeraude ? » Les gemmes serties dans l’abdomen des monstruosités ne l’avaient jusqu’alors pas alerté, mais leur scintillement verdoyant lui apparaissaient dès lors comme autant de douces invitations à y décharger sa folie belliqueuse. L’esprit combatif à son paroxysme, le grand guerrier ne se fit pas prier, s’élançant à la suite de l’empereur dans une surprenante vivacité pour sa carrure, accusant tout de même le coup de ses blessures. Des cristaux de jade pleuvinaient sur son passage, désamorçant les fileuses de métal dans des explosions stridentes. Les parois prenaient de multiples teintes en fractales de lumière dans la salle, et c’est à ce moment qu’il l’aperçut… Ces éclats de couleurs n’auraient pu exister sans une source de lumière, et au moment où l’idée se formait à son esprit, l’étincelle ravit sa vision. « Là ! Un tunnel… » Hurla-t-il, vainement semblait-il, car le valseur s’y dirigeait déjà, ou bien était-ce là la suite naturelle de sa chorégraphie ?
Le violine disparut dans le terrier, et au moment où le strige allait le suivre, une immense pique se planta dans le mur jusqu’à côté de lui, rayant une ligne écarlate sur sa joue de plâtre tandis qu’il se retournait pour échouer sur une pierre aussi brillante que menaçante. L’énorme araignée avait bondit, acculant le vampire contre le mur éventré, mais offrant à la vélocité de sa lame affamée le diamant aux reflets violets, qui pulsait étrangement. Relâchant un cri terrible, de douleur et d’adrénaline, Lokys éclata l’améthyste. Le monstre tangua, déséquilibré vers l’arrière avant de s’effondrer sur ses répliques miniatures, mais déjà, l’auditoire s’échappait par l’entrée béante.

Son corps meurtri se laissa glisser dans l’étroit boyau métallique dont son essence fuyante peignait allégrement les parois. Enroulé autour du mât rougeâtre de son arme, il serrait la garde, prêt à évincer une éventuelle araignée coriace qui l’aurait suivi, mais alors que le renflement de ses omoplates rencontrait violemment une surface plane, on put entendre une explosion tonitruante en amont. Un relent de chaleur souffla depuis la bouche qui les avait recrachés. Puis le silence.
Se détendant dans cette relative accalmie, le vampire atterré entreprit de se relever, mais au moment où il posait une main au sol, nouvelle vague de stupeur.
« C’est… » De la glace… une surface lisse et soyeuse s’évadait en strie brisée sous lui. Froid, il faisait froid en ces lieux, sans qu’il n’en souffrît pourtant, mais sa main aussi froide que la pierre émit un retord bruit de succion lorsqu’il l’en ôta. Et son souffle retrouvé… ce fut ce détail qui le frappa le premier. Lokys suivit l’une des fractures blanches pour retrouver les stalactites de soie qui habillaient… l’Ondin. Le soulagement  qui détendit ses entrailles fut contenu à l’orée de ses lèvres entrouvertes. Il ne semblait pas blessé… Le guerrier souffrit d’un instant de contemplation forcée, de nouveau, la beauté et la grâce de la danse venaient brouiller sa mémoire. Par les Aethers, qu’il était beau… Mais il ne s’écorcherait pas la bouche à le lui rappeler, l’égo de l’insolent était déjà suffisamment démesuré.
Se relevant tant bien que mal, l’infant rengaina précautionneusement en s’autorisant enfin à deviser des lieux. Des murs, du sol au plafond que l’on ne pouvait voir, la glace réfléchissait en mille miroirs parfaits la gracile silhouette de Nastaé. Par instinct, grégaire ou de survie, Lokys s’avança jusqu’à lui avec le sourd espoir de se voir apparaître à ses côtés, mais le joug de la nuit lui avait depuis longtemps interdit ce luxe, et les miroirs gelés ne reflétèrent que le léger mouvement que sa main volage s’était permise pour réordonner une mèche pourprée.
« Vous n’avez rien, Majesté ? » A défaut de nom… Par rejet régulier, une brume blanchâtre se soufflait juste à côté de la tête de l’empereur, semblant flotter comme par enchantement dans le néant qui entourait l’ondin sur ses nombreux reflets.
Les orbes sanglantes du strige s’efforcèrent de ne pas s’attarder sur l’alléchant bellâtre tandis que pour s’occuper l’esprit, une main enfoncée sur la plaie de son épaule pour en enliser le flot, il recherchait une issue.

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Ven 29 Aoû 2014, 13:20


Il n’était pas dur pour l’Ondin de faire cavalier seul. Tantôt une danse, tantôt une autre, c’était pour lui un jeu d’enfant que de constater combien il se mut avec grâce, parmi les lames meurtrières qui tentaient de le corrompre. L’Empereur fredonna un air, sans chanter, voulant faire rayonner une mélodie sur ses pas si légers, si doux, que l’auditoire aurait pu avoir l’impression qu’il volait. L’homme était fin et grand, et ses jambes ne faisaient que décrire des mouvements qui mettaient son corps -pourtant peu vêtu- en valeur. Il jetait par moment des regards au bel homme blessé, l’aguichant de ses perles ancrées entre deux rangées de longs cils noirs, capables de rendre fou quiconque tentait de croiser son regard charmeur. Le vampire souffrait, il le savait, mais il ne pouvait pas lui venir en aide. Ses doigts et sa voix furent conçus pour tuer, et non pour aider autrui. L’altruisme l’avait savamment ignoré... Seulement quelque chose d’étrange se passa. Il prit soin d’y mettre un voile dessus, niant totalement ce qu’il ressentait réellement.

Son cœur battait légèrement plus fort dans sa poitrine quand il sentait le regard du prédateur sur son corps. Ses yeux n’arrivaient pas à se détacher de l’être de la nuit, lorsqu’il le voyait dans les parages. Sa discrétion essayait de faire de lui quelqu’un de fin, mais parfois, dès que Lokys arrêtait de le regarder, il lui manquait. Dès la seconde où son dos lui faisait face, c’était pour lui quelque chose de presque douloureux. Et pourtant, à côté de ça, il voulait le mordre. Le mordre, le griffer, le dévorer. Ses orbes de jade détaillaient autant le blessé, qu’il se repaissait.

Mais sa danse se devait d’emporter et de semer les cadavres, tout au long du chemin. Le vampire avait su éviscérer les horreurs, et ce fut avec un grand soulagement qu’il vit les têtes tomber une à une... Fuyant vers un tunnel qui annonçait une sortie, similaire au soulèvement d’un poumon à nouveau empli d’air, Nastaé s’y précipita, accentuant de ses grandes jambes les pas d’Apollon, semant sur son passage l’odeur saline de l’Océan.
Seulement, et si lui pu sortir de là, le Vampire resta derrière. L’Ondin déboucha sur une surface plate, gelée, le refroidissant instantanément. De la fumée glaciale sortit de sa bouche, et il serra son corps de ses bras, peu à même à se réchauffer.
Le plafond n’était rien d’autre qu’une grotte aux stalactites, alors que le sol et les murs étaient tout de glace vêtus. Fixant son reflet dans un des miroirs, il ne se regardait pas lui en particulier, las de se voir non, il observait au-delà de ça, ce qu’il y avait. Des mètres et des mètres de glace, et eux, étaient prisonniers. De pauvres âmes perdues dans ce gigantesque labyrinthe.

Sans le voir dans le miroir, son reflet étant inexistant dû à sa race, il tourna la tête pour se rendre compte de son état. Son binôme était bien plus blessé que n’importe quel soldat, et l’Ondin reçu l’égal d’une gifle, à le voir dans cet état « Oh... Prédateur... » L’un comme l’autre, leurs noms étaient de vrais mystères, mais le roi ne s’en offusqua pas. Levant sa main, appréciant le contact des doigts du vampire sur dans sa tignasse violette, il posa sa main sur sa joue non meurtrie « Je veux te soigner... J’aimerai chanter pour toi... » Mais ça le tuerait, et tout ça se savait.
Nastaé fit un pas en avant se collant à lui, dans cet environnement hostile tan il était froid et gelé. Le corps d’une froideur cadavérique de son partenaire, n’était pas vraiment plus chaud malheureusement, et il ne du compter que sur lui même pour ne pas s’écrouler en mourant de froid « N’y a-t-il pas un moyen... » L’Empereur fit glisser son pouce sur ses lèvres, avant de caresser une de ses canines. Alors il réalisa. Bien sûr que si qu’il y aurait une façon de le soigner, de faire de lui un homme neuf. Déshabiller l’un pour habiller l’autre. Sans son sang, Nastaé ne serait qu’une coquille vide, malade et en peine, alors que lui rayonnerait. Et le contraire était en ce moment effectif. Se reculant d’un pas, les filins de soie étant bien assez longs pour rester dans les doigts du vampire, l’Ondin détourna le regard. Il n’arrivait pas à trouver une solution. Il ne pouvait pas s’offrir comme ça à un prédateur, et les solutions pour éviter le massacre seraient... Infimes.

Mais l’heure n’était pas au débat, et si Nastaé se voyait privé du seul compagnon qu’il avait ici, pour X raisons il en serait affecté plus que jamais. Alors par élan égoïste il dit « Je vais t’aider. Sache que je suis empoisonné. » Depuis qu’il était tombé dans cet abîme, depuis que ces sombres dessins parcouraient son corps, il doutait clairement de la qualité goutu de son être.
Sortant sa barrette planquée dans ses cheveux lisses et longs, il tailla de celle-ci un récipient dans la glace la plus proche. Juste un bloc, ferré d’un trou. Attrapant un morceau dur et tranchant, il trancha net l’intérieur de son poignet « Tu me mords, je te tue. » Il était évident qu’ils étaient à armes égales... Alors autant ne pas se mettre dans une situation délicate. L’homme n’avait pas fait de plaie trop profonde, mais du sang commençait à couler. Dans le bloc de glace qui, avec la chaleur du liquide, avait tendance à faire une petite moue... Fondante « Vas-y. » Nastaé faisait en sorte de rester dans le verre, alors que le vampire pouvait boire par cet intermédiaire.

La morsure viendrait plus tard. Pour l’Empereur, c’était quelque chose de bien trop intime pour être utilisé à tout va comme cela. Ici, il préférait que le prédateur se retape facilement et rapidement. Et étrangement, plus il se vidait de son sang, plus il souriait, serein et apaisé « Je... Ne suis pas trop... Empoisonné ? » Il avait froid. Reprenant son bras, il l’entourant d’un linge de son habit d’une main tremblante, le serrant au maximum pour faire coaguler le sang. Appuyant dessus, il finit par s’asseoir à même le sol. Il avait froid et sommeil. Ses pieds nus glissèrent sur cette surface et il souffla de la fumée gelée « L... Laisse-moi quelques minutes... J’ai besoin de quelques minutes... » Mais étrangement, comme un enfant, sans se soucier de sa fierté, de son égo, d’une quelconque vexation personnelle il tendit une main, levant un bras. Il la tendit vers le vampire qu’il avait nourri, qu’il avait savamment sauvé, pour que celui-ci s’assoie à ses côtés, et le prenne dans son étreinte, en l’asseyant sur lui. En un regard, dans ses orbes émeraude qui étaient plus pâles et fades que jamais, tout comme sa peau, il réclamait la présence du prédateur sur lui, sous lui, autour de lui... Partout. Il avait besoin d’être entouré par son odeur, son aura, et ce qui le caractérisait.

Et lorsqu’il fut dans cet écrin qui était tout à coup devenu précieux, comme si les barrières étaient tombées et que la mise à nue se faisait maintenant, il lui dit péniblement « Parle-moi... »

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Ven 29 Aoû 2014, 14:45

Lokys, qu’une volonté qu’il aimait croire inébranlable habitait, s’évada du contact à la chaleur fuyante de l’Empereur. Non pas qu’il n’aimait pas sa main, mais la fantaisie de la lui arracher sans autre forme de procès traversa trop vivement son esprit pour qu’un deuxième assaut ne pût se résister à l’horreur. Doucement, il parcourut du plat de la paume la glace éternelle qui de leur prison. Aucune aspérité ne semblait en affecter sa pureté. Parcourant d’un pas lent l’enclave ronde, son regard ne put s’empêcher de retrouver l’image reflétée dans la glace de l’ondin, que sa fragrance salée ne faisait de toute façon que trahir… Le vampire ferma un instant les yeux, son épaule affectionna précautionneusement le mur gelé, lui dérobant une grimace malmenée. Le contact engourdit son bras de l’épaule aux bouts des doigts. Le froid ne le mordait pas comme il semblait affecter son partenaire, bien au contraire. Il délivrait en lui comme une mélodie de vie, rappelant à chacun de ses nerfs ses cellules tremblantes de douleur, que le mal progressivement quittait.

Un regard courroucé fut soudain appelé par les devisions solitaires du frigorifié. C’était sûr que l’informer de cette caractéristique allait l’aider. L’aider à savoir ce qui l’attendrait, mais c’était sans compter sur la nature irrépressible de… la Soif. Comme si la promesse d’un danger pouvait l’arrêter, comme si l’écran d’un poison pouvait protéger une proie désignée ? Mais le strige pouvait encore la contrôler. Les seules inquiétudes qu’il leur faudrait avoir résidaient dans les prochaines épreuves à endurer, et ils savaient tous les deux que nombreuses, elles seraient. Fiévreux, le vampire repartir quérir le frais soulagement de la paroi, écoutant d’une oreille attentive les manigances du monarque derrière lui. Attaquer la glace à coup de purin aurait eu le goût de le faire rire, au vu des blocs interminables qui les emprisonnaient, mais soudain, son hilarité fut étranglée dans son gosier. Ses prunelles écarlates fichées dans l’écrin amandé de ses yeux de séducteurs s’écarquillèrent sur l’affront… Le provoquait-il insolemment alors qu’il s’était tout juste offert la marge d’un avertissement ? Ou venait-il de se blesser dans sa vaine tentative de torpiller la glace ?
« Qu’est-ce que tu f-… » La plainte fut avortée tandis qu’il se retournait pour observer l’Ondin, et son calice de fortune qui lentement, se remplissait… Fasciné par la coupole déliquescente, ses pas devançant sa volonté ne purent que le trahir à son désarroi. Le breuvage remuait ses appétences, que ses blessures lançaient comme de bien vaines remontrances à son inexorable lenteur d’action. « Merci… » Lokys porta ses mains sur le pourtour inégal du récipient, et avant que la glace n’ait pétrifiée en son sein l’essence généreuse, ses lèvres trempèrent le rebord pour amener cérémonieusement à elles le sang. Lentement, l’hérédité faisait son arborescence curative sur ses plaies les plus amochées. La mixture bouillait dans sa gorge d’un relent rance et à plusieurs stances, le vampire manqua de commettre l’offense de la recracher. Tout le temps de l’offrande, il n’osa percevoir le jugement de Nastaé à travers ce regard trop calme, trop serein pour ce qu’il lui donnait. Puis le maléfice s’arrêta.

Lokys lâcha le bloc qui se fracassa au sol, répandant sang et glace à leurs pieds. Du revers de la main, il essuya les cristaux rougeâtres qui commençaient à parer ses lèvres diaphanes, et son regard ayant repris ses nuances argentées s’attarda dans les orbes de biche de l’adonis.
« Tu es répugnant ! » Le ton n’était même pas un reproche. Si l’on écoutait mieux les notes de cette litanie, on aurait même pu y saisir le plus amer des compliments. Accompagnant son obligé qui menaçait de s’effondrer, le Brujah s’arrangeant à son tour un siège dans l’angle du mur pétrifié. Mené par la volonté silencieuse de l’Empereur, il se retrouva avec l’adoré dans ses bras, avant même d’avoir remarqué qu’il avait accédé à ses désirs sourds, comme si l’ondin aurait de toute façon toujours obtenu ce qu’il voulait. La dette de vie jonglait entre les deux êtres comme l’équilibre d’un funambule sur un filin de soie, qui se devait à qui à présent ? Dans la parenthèse de leur étreinte, cela n’avait plus d’importance. Pour la première fois cependant, lui qu’il voyait jusqu’à présent si fort lui paraissait si… vulnérable. Lové tremblotant dans le maigre réconfort, pire danger de l’un l’autre sans se vouloir le moindre mal, mais proprement incapable de se sauver de ce qui leur échappait.
Lokys avait cependant laissé un peu de répit à la recherche d’une issue, comme s’il avait contrôlé le temps et voulu qu’il s’arrête tant que durerait ce moment. Sachant probablement que cela ne changerait rien, il enlaçait l’ondin contre le cuir laminé de sa veste, goûtant dans une respiration lente et régulière aux délicieuses bouffées marines que tout son être exaltait.

Que dire…
« Tant à dire… » Le vampire rasséréna sa sournoiserie, comme s’il n’avait plus aucune once d’envie de s’en prendre à la fierté de celui qui se livrait. Il décida de traiter l’homme comme l’épitaphe de sa dernière nuit… « Je m’appelais Lokys… Je vivais non loin de là où une onirique colombe s’est échouée, dans un monde où jamais elle n’aurait dû se trouver.
Hmm… Mais de ces sous-sols-là, je n’en avais pas la connaissance. Peut-être n’aurais-je pas pu mieux rêver comme fin à mon existence, peut-être avais-je d’autres projets… je n’en ai plus le souvenir. »
Machinalement, la pulpe de ses doigts berça de douces caresses les efflorescences sombres qui léchaient le bas du dos du monarque. Ses mots traduisaient de manière trop concrète la fatalité de la situation, et un tressaillement trahit les balbutiements latents de la terreur qui aurait pu l'envahir. « Ce dont je me souviens, c’est que… j’ai eu peur… j’ai souffert… mais cela n’est que le matériel que la Faucheuse se doit d’apporter avec elle pour pratiquer au mieux son art, non. Ce qui rendit mes derniers instants inoubliables, ce fut que je n’étais pas seul…  » S’il devait reparaître à la surface sans lui, voilà ce qu’il aurait aimé que l’ondin raconte au monde de son dernier compagnon d’infortune…
Ses yeux perles reprirent un éclat plus vivace tandis qu’il reportait de nouveau son attention sur son adoré.
« Mille excuses, Majesté, peut-être auriez-vous préféré des paroles… rassurantes ? Un chant ? » Un doux rire gronda faiblement dans sa poitrine. « Et vous… n’auriez-vous pas une dernière sérénade à rapporter à la surface ? »


Dans les formes étirées à l’infini que reflétaient les murs de reflets, il lui parut percevoir deux ombres… Un effet ? Mais bientôt, la voix mélodieuse de l’ondin le rappela à son égarement…
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Mar 14 Oct 2014, 21:32

Le bol de glace se fracassa à leurs pieds. Lokys le laissa tomber après avoir bu quelques gouttes de son sang empoisonné. Nastaé fit un pas en arrière, serrant son poignet, fusillant le vampire du regard. Il ne prit pas le compliment comme il le fallait, n'ayant pas le temps de chercher son partenaire alors que sa vie était en train de quitter son corps. L'Ondin se décala avant de s'assoir à même le sol. Il était paralysé. Le vampire ayant accédé à ses désirs, il écarta un pan de sa veste pour s'y réfugier, touchant alors d'une main gelée le torse du mâle qui le soutenait à cet instant. Le Roi avait une façon bien étrange de se réchauffer. Comme s'il comptait vraiment sur le corps délicieux de cet Apollon pour réchauffer le sien, bien plus fin et élancé. De là où il était, il regarda la machoire du vampire, scruta son cou, et observa la façon dont sa peau bougeait lorsqu'il parlait. Il avait envie de sentir la rudesse de ce derme sous ses lèvres qui commençaient à devenir violettes. Le vampire parla sans mal, comme si le froid ne l'affectait pas de la même façon que lui. Nastaé se sentit bien seul dans sa condition, mais ne gémit pas, restant silencieux. Il profita de ces bras qui, peut être ne l'enlacerait plus jamais. Non pas qu'il aurait pu un jour en avoir envie, mais ici et maintenant, il n'avait d'yeux que pour cet homme. On aurait pu le traiter d'homme superficiel, futile... C'était surement le cas, mais certains de ses sentiments n'étaient ni feints, ni inventés. Lorsqu'il touchait le torse du vampire, c'était pour sentir son relief sous ses doigts. Lorsqu'il lui demandait de le prendre dans ses bras, c'était pour partager un moment qui se voulait intime, pour réchauffer son pauvre coeur mutilé.

Il posa sa tête, sa tempe, contre son épaule. Dès qu'il sentit les doigts effleurer sa peau diaphane, il frissonna, presque tressaillit, mais ne pipa mot, gardant ses gémissements de surprise dans sa belle bouche. Son histoire était belle. Le petit voile de vérité qu'il souleva sur ce grand mystère qu'était cet homme, lui donnait envie d'en savoir plus. De plonger allègrement dans le poison qu'il représentait, quitte à s'en tailler les veines. Et alors il finit sur une chute se voulant comique, ironique. L'Empereur sortit de ses bras lentement, languissant déjà de son étreinte qui semblait, à son sens, chaleureuse. Genoux contre sol, il se mit en face de lui. Ses cheveux glissèrent sur ses épaules nues, venant caresser la glace de leurs pointes, alors que ses billes émeraudes roulèrent sur le puissant corps de son partenaire « Non... » Sa voix était pareille à un chant. Un murmure soufflé, esquissé, et pourtant un délice « Je ne veux pas que l'on me dise ce que je veux entendre. Je m'appelle Nastaé Dæloran, et je suis Empereur de mon peuple. Et toi... » Il tendit sa main, le visage comme triste, épris d'une forte mélancolie, pour caresser la joue du vampire « Et toi tu es l'un de mes prédateurs... » Leur race respective n'était plus à citer. Ils s'étaient vu, chacun, à visage découvert et pourtant, ils continuaient leur danse dans cette contrée ravageuse et mortelle « Et j'admire les êtres, comme toi, qui ont été capable de mener deux vies. De renaitre. » Reprenant doucement sa main il se leva, encore fébrile « Nous n'allons pas mourir ici, Prédateur. Je te promet que tu jouiras d'une vraie morsure... Une fois dehors. » Il lui sourit plus franchement, toute trace de mélancolie partit. Personne ne disait qui allait mordre qui...

Seulement, à peine fit-il un pas, que la caverne gronda. L'Ondin regarda le plafond, préférant éviter les stalactites prêtes à se décrocher « Qu'est ce qu... » Se fondant dans la glace, pour un sortir, un monstre, tantôt ombre, tantôt dragon, sortit de derrière eux, prêt à les engloutir.
Nastaé écarquilla les yeux avant de courir « Viens ! » Le dragon blanc, dragon de glace, était juste derrière eux et les poussait irrémédiablement vers le côté inexploré de cette grotte. Seulement, il y avait plusieurs débouchés, et une seule était la sortie. Des pièges se formaient au fur et à mesure, pics de glace mortels, et il fallut jouer de l'agilité pour les éviter. Seulement, à force de courir sans savoir où aller dans ce labyrinthe de glace où tout était pareil, ils arrivèrent devant un trou béant, traversé par un pont fait de glace. Au loin, ayant distancé le monstre, la cavité allait bientôt trembler « Traversons ! » Inconscient ! Et si il tombait ? Mais l'Empereur n'était pas fou, il savait qu'ils allaient s'en sortir... Même si la magie était faible, même s'ils étaient handicapé par cette force, il savait qu'ils en avaient assez pour se projeter dans une ombre, sans mourir. Le temps de traverser, le dragon était sur eux, et ils se retrouvèrent à la moitié du pont. Ne pouvant voler dans la grotte, il brailla, faisant tomber d'autres stalactites avant de vouloir s'engager lui aussi sur le pont. Mais il faisait trois fois la largeur du pont, et les deux coureurs n'étaient pas encore arrivés à la fin !
Malheur...
Le pont s'écroula lorsque le dragon avança dessus. Tout le monde courait mais dans la course, certains chutèrent. Nastaé arriva sur la terre ferme en glissant malgré lui. Mais Lokys n'eut pas cette chance. Doté d'une certaine force, il l'attrapa en se couchant sur le sol, aggrippant son bras alors que le dragon tombait dans le trou en hurlant « Lokys ! » Cri désespéré d'un âme en agonie. Il ne pouvait pas se permettre de perdre son chevalier de la mort. Inspirant un bon coup, il le tira avec lui, et dans une dernière impulsion, bascula en arrière. Le vampire vint sur lui dans l'élan, et Nastaé se retrouva prit en étau entre lui et le sol. Dès qu'il le vit sain et sauf, juste là, au dessus, il se mit à ricaner en disant « Tu me manquais déjà, Prédateur... » Il sentait le tissu de son pantalon sur ses jambes, son bassin près du sien, ses vêtements caressant les siens. Ses mains blanches, encore éreintées, comme son souffle, vinrent toucher le cou de son partenaire, avant de glisser sur son torse. Ses yeux émeraudes étaient espiègles, mesquins, comme s'il ne se rendait pas compte que ce n'était pas un jeu. Oh, bien sur, il n'était pas fou... Mais ça, qui le savait ?



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Jeu 23 Oct 2014, 10:29

Lentement, les bras du vampire laissèrent glisser la proie hors de leur étreinte. D’une frustration qui aurait pu naître à se voir délaissé, la proximité du monarque y remédia. Lokys affina son regard aux mots si mélodieux qui le berçaient… Habitué à être chassé, comme il s’en était douté… L’homme n’avait pas mis longtemps à le reconnaître, sans que cela ne semblât lui déplaire, d’ailleurs. La valeur du trophée n’en était que décuplée, la chasse n’avait de goût que dans la difficulté, bien sûr. Quel mérite y avait-il à saisir un gibier déjà conquis ? Les crocs ne pulsaient pas hors de leur écrin d’émail pour être servis, comme des nobles oisifs engoncés dans leur léthargie. Ils réclamaient une préparation, un jeu de fuite, l’incertitude, des risques… et de la chair à déchiqueter. Et, empereur ou mendiant, que lui importait? Tout ceci prenait une saveur d’interdit loin de le rebuter.
Le vampire ne se lassait pas de dévêtir mentalement le peu d’étoffe qui s’acharnait à nourrir son imagination sur le corps de l’adonis. Il se découvrait une passion pour l’harmonieuse descente de reins où roulaient en cascade les soyeuses mèches violettes de l’ondin. Ainsi agenouillé, ce corps recroquevillé lui paraissait être l’essence même de la sensualité, et si ce n’était pour le sang innomablement exécrable qui gangrénait les pourtant tentantes veines bleutées sous le derme translucide, le vampire se découvrait fervent fidèle du culte incarnée par l’effigie de volupté…


“ Nas-ta-é. “ Chacune des syllabes soigneusement détachées, dans la bouche famélique du strige parut comme avalée, à jamais par l’appétit sans fond de l’éternel affamé. En sa présence, il se sentait… inspiré. Mu par une grande confiance en l’avenir. Si l’Empereur le disait, ils n’allaient pas mourir, c’était ainsi. Rien ne l’invitait à remettre en question le jugement si exhaustif de cet être au charisme irrépressible. Il avait simplement envie, besoin peut-être, de le croire. De croire ces paroles si apaisantes, si confiances. Pour éviter de sombrer dans la déraison quant à la promesse bien audacieuse qui venait de lui être proférée, le ténébreux reporta son attention loin des étourdissantes courbes qui le tentaient, loin dans les méandres disparates du miroir de glace sans fond, où de nouveau une étrange forme sombre sembla se mouvoir. Comme un réflexe, une continuation naturelle de l’étrange relation qui s’approfondissait entre les deux hommes au gré de leur périple souterrain, Lokys resserra ses phalanges autour de la main de l’ondin. Il n’y avait pas à douter qu’il ne laissait rien d’autre que lui l’abimer... et réciproquement.

“ Attention ! “ Le cri survint en même temps que l’élan de son corps à emporter Nastaé sur le côté. Les crocs acérés du dragon venait de les frôler, mais avant que Lokys ne pût tirer son arme, emporté la folie du combat contre un ennemi dont il n’avait visiblement pas estimé la force, son compagnon filait déjà par la seule issue praticable. “ Nas- “ Commença l’immortel, déchiré qu’il était entre l’envie de le suivre et le dégoût pour la fuite que cela initiait, mais un rugissement strident, décrochant une slave de stalactites du plafond qu’il esquiva de justesse, termina de le convaincre. Lokys s’ébranla à la suite de l’empereur, avalant la distance qui le séparait de lui tout en essayant de palier aux virulents tremblements terrestres qui gondolaient le sol de la caverne. Un mot, rugi en langue inconnue, claqua dans les ténèbres et brusquement, une colonne de givre naquit face au vampire. RAAAARGH ! “ Ragnarozica trancha un horizon net au centre du mât, dont la partie haute s’effondra là sur son créateur, qui n’avait cessé de poursuivre ses deux proies de chair. Cet événement avait momentanément privé Lokys de la vue de l’empereur, mais lorsqu’il le repéra à nouveau… ce fut pour dénoter avec horreur son entreprise inconsciente.

Trop tard pour réfléchir. Le guerrier, empoignant son arme des deux mains pour les plaques contre sa hanche, la lame tournée vers le sol et en arrière, ploya en avant pour assurer sa stabilité le mince défilé qui se présentait à sa course. Il devrait la braver d’une traite. Il n’aurait pas de seconde chance. Aucune magie n’avait émané de lui depuis… un jour oublié. Grognant sa résignation, le vampire s’élança, s’étant à peine arrêté pour observer Nastaé jouer le funambule gracile sur la corde glacée. Il s’élança avec cette sourde certitude qu’ils ne s’en sortiraient pas. Il la voyait déjà, la belle chevelure violacée, ricocher sur la blancheur traitre de la patinoire. Il n’atteindra pas le rebord, pas sans aide… dévouer son dernier geste sur le monde à la survie d’autrui ne lui avait jamais apparu comme une fin envisageable. Mais s’éteindre sur la pensée de priver le monde d’une si divine créature lui était proprement insupportable. Peut-être que son existence n’aurait pas été que vaines inepties, ainsi. Peut-être que le monarque se souviendrait de lui autrement que comme l’ “ un de ses prédateurs “... Comme spectateur extérieur de son être, le vampire vit sa main gauche quitter la garde de son arme, se porter dans un geste d’espoir au devant de lui, empoigner la hanche si étroite de son adoré. Son instinct de survie lui criait de s'agripper à cette peau de lait, mais ç'aurait été signer leur arrêt de mort à tous les deux. Son geste se précisa, impulsant avec force le corps de Nastaé vers l'avant, initiant l'envol du bellâtre vers, il l’espérait, un avenir plus abouti que ce qui l’attendait, lui.

Déjà, il sentait le sol glissant se dérober sous ses bottes fermes. Des monceaux de glaces se rayaient sur ses éperons, la mâchoire implacable des ténèbres allait bientôt se refermer sur lui, mais quelle plus belle image aurait-il pu avoir pour tirer sa révérence au monde que le radieux naufragé parvenant à atteindre la rive… Ses paupières se fermaient déjà pour accepter le funeste sort annoncé… Puis tout s’accéléra. Le paysage défila soudain très vite. Une autre prise venait de l’enfermer entre ses griffes. Comme une respiration depuis longtemps attendue, le vampire se sentit tiré de l’eau, tiré vers le haut. La vie insufflée en lui, et un long gémissement plaintif d’un écho appartenant à un passé proche furent ce qui le rappelèrent à la réalité… Le dragon était perclus.
Lokys n’eut que le temps d’apercevoir la gueule désespérée du mythique animal expirer son dernier souffle glacé, avant de retrouver la solidité d’un sol de pierre, et le visage de Nastaé. Proche, bien trop proche pour que malgré la terrible situation, l’indécence ne s’achemine pas à lui faire sentir tous les délices qui épousaient son corps, de la chaude enclave au creux de laquelle était rendue sa cuisse ferme à la turgescence révélatrice qui flirtait contre son bas-ventre… et cette voix. Ce fut lorsqu’il avait cru ne plus jamais l’entendre qu’il s’était aperçu à quel point il l’aimait, cette voix dont il voulait que chaque note lui fût à jamais dédiée, cette voix qu’il voulut comme arracher dans le suave baiser que ses lèvres imprimèrent soudain sur celles de Nastaé.
De folie ou de désespoir, ils avaient frôlé la mort bien trop de fois ce soir pour ne pas le savourer comme s’il eût été le dernier. Lokys embrassait fougueusement le royal infortuné lui signifiant qu’il n’avait pas lieu de lui manquer qu’il était là, et ne partirait pas. Sa main quitta la pierre du sol qu’il avait tant affectionnée, pour s’assurer qu’elle était réelle, et vint s’agripper au col déjà bien découvert de l’empereur, remontant sur la ligne de sa gorge, serrant, doucement, ou peut-être jusqu’à l’étouffement, il ne s’en rendit compte qu’au réflexe de survie provoqué sur le corps de son adoré, qui l’incita à le relâcher.
“  Te devais-tu d’occuper ainsi toutes mes dernières pensées, Mon Roi… ? “ Ni reproche, ni compliment, le constat sonna onctueux sous le sourire retrouvé du strige qui se leva, et aida son compagnon à faire de même. Mais la parole lui fut bientôt soutirée par le nouveau paysage qui se profilait.

En aval de la plateforme où ils se trouvaient, un champ à l’aspect rocailleux se déroulait sous un ciel de ténèbres où on ne voyait pas, même doté d’une vision qui d’ordinaire se jouait du manque de lumière. Lokys ne savait plus dire s’ils se trouvaient en sous-sol ou en surface. Un vent frais agitait leurs cheveux, ainsi que les touffes d’apparence herbeuse qui jonchaient la terre ferme. Prudemment, le général descendit dans la mer aux formes imprécises. Il pouvait exercer ses yeux comme il le voulait, à terre comme en l’air, tout restait sourd à sa vision. Au bout de quelques mètres explorés dans la plus parfaite cécité cependant, une brume grisâtre commença à doucement les envahir. Glaçant, sans que la température n’en fût le moins du monde affecté, une paralysie émotionnelle semblait s’être emparée d’eux. Des pensées chargées de sombres desseins, d’amers souvenirs revenaient hanter l’esprit dérangé du vampire. La brume s’étendit jusqu’à leurs pieds, révélant la nature composite du sol inégal sur lequel ils progressaient… Un amoncellement d’horreur. Des corps, démembrés, défigurés, par la peur et la mort, sans vie. Du sang séché éparpillé sur leur peau inerte, et des visages… Des visages bien… familiers. Oubliant momentanément Nastaé, le vampire avança vers l’un des cadavres, à moitié encastré entre deux rochers. Deux abyssales prunelles pluie, pareilles à une forge de cruauté, serties dans l’écran amandé et profond de leurs orbites, le dévisageaient sans le voir. Une paire de lèvres entrouvertes sur un dernier mot d’agonie, la peur, une expression qu’il avait si rarement vu naître sur son juvénile faciès… Mais aucun mouvement n’agitait plus ses mains sculptées par et pour la guerre. Sa propre exuvie gisait à ses pieds, transpercée, enchaînée. Lokys s’observa longuement, étreint par la mort, d’une impassibilité glaciale. La pointe de Ragnarozica alla tâter son torse comme pour s’assurer de la substantialité de cette mauvaise blague, et il sentit avec délice l’obsidienne affamée s’enfoncer d’un doigt dans son corps putréfié. Un sourire tendre aurait pu assagir ses traits si soudain, il n’avait pas repérer le roi des ondins qui s’intéressaient lui-aussi à une autre forme jonchant le sol… Ayant subi à peu près le même sort, les traits du fils de Neptune se reflétaient, aussi beau dans la mort que l’homme bien vivant qu’il avait sous les yeux, et dont il s’approcha subrepticement pour aller le reprendre dans ses bras. Tout cela ne pouvait signifier qu’une chose.
“ La fin du voyage, on dirait… “ Mais cette nouvelle épreuve qui s’annonçait ne lui disait rien qui vaille...
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Jeu 23 Oct 2014, 12:19


Le coeur de Nastaé était aussi froid que le corps du vampire. Les sentiments et le émotions ne se bousculaient que peu dans cet antre figé. Ca faisait des jours, des mois, peut être des années qu'il ne s'était pas retrouvé coincé dans un souterrain, avec pour seul allié, un possible ennemi. Pourtant, il avait réussi à le dompter. A faire de lui un allié, quelqu'un qui, finalement, ne s'empresserait pas de le tuer. Il avait profité de sa voix, de ses grognements de colère, de son orgueil, avant d'arriver enfin à toucher son corps. Son être si sculpté et succulent, qui s'offrait à lui, juste sous ses mains, et surtout, sous ses lèvres. Il voulait embrasser cette bouche charnue, mais il se le refusait, non sans mal, préférant continuer son jeu d'espièglerie enfantine, que de devoir admettre sa défaite en succombant. Lorsqu'il se leva, bougea pour s'arracher doucement à l'étreinte du vampire, il sentit des yeux, il sentit un regard puissant couler le long de son corps de plus en plus dénudé à cause des épreuves, venir se stopper sur sa chute de reins aussi tentatrice qu'un démon empli de luxure. L'Ondin, lui, ne s'était que peu repus du torse de son partenaire, et aurait préféré en avoir plus. Toujours plus.
Son nom dans la bouche de cet homme, était comme une mélodie saccadée, différente mais néanmoins agréable. Agréable, car il avait sentit combien le vampire voulait entendre ce nom, voulait mettre un mot propre sur cet éphèbe. Et, bien que l'Ondin fut tout aussi discret, l'inverse fut la pareille.

Leur course effrénée ne s'arrêta pas. Nastaé n'avait pas fuit par peur, il avait fuit car il savait qu'il n'avait pas les armes suffisante pour battre ce monstre. Si Lokys voulait aller risquer sa vie, par fierté d'un combat, libre à lui, mais se serait de l'inconscience. Malgré tout, les hommes se mirent à courir, l'un immédiatement, l'autre après réflexion.
Le pont était instable, et l'Empereur priait les Dieux pour ne pas sombrer. Derrière lui, le vampire n'atteignit pas le bord et, en sombrant, il sentit sa main glisser sur sa hanche, frôler le plot d'arrimage auquel il ne s'accrocherait jamais. Mais le bel homme n'aurait jamais laissé une telle chose se produire, et si sur le moment il ne fut pas capable de courir assez vite pour lui, alors ce serait à lui de le rattraper, de faire en sorte qu'il vive. Car il le lui avait promis.
Lokys était dorénavant sur lui, et leurs corps soufflaient, peinaient. Leur course effrénée avait eu tôt fait de leur couper la respiration, et ce fut dans le calme qu'ils se rassérénèrent. Seulement, le vampire ne laissa pas de grand répis à Nastaé… Alors que ce dernier venait de parler, sourire aux lèvres, pensant être tiré d'affaire, voilà que son grand Prédateur avait décidé de le torturer bien autrement…

Les lèvres de Loys touchèrent les siennes, et ce fut avec une certaine hâte, une fougue non feinte, qu'il fondit sur lui. L'Ephèbe se laissa emporté par ces émotions qui percutèrent son coeur, laissant le loisir au vampire de jouer avec sa bouche, alors que lui-même passait ses doigts fins et glacées dans la chevelure ébène de son partenaire. Comme une délivrance, les chaines étaient enfin brisées. La barrière qui était entre eux deux avait éclaté par leur force commune, les incitants alors à se rapprocher l'un de l'autre. Nastaé n'avait plus de crainte, ou de gêne à le toucher outre mesure, et Lokys ne perdit pas non plus de temps à toucher ce corps de soie. L'Ondin caressa le torse de l'homme, cherchant à assouvir une envie, cherchant sa peau sous ses vêtements, voulant peindre de ses doigts les reliefs de son corps, cherchant à embrasser chaque parcelle de sa peau, pour en retenir les moindres recoins, comme si ça lui avait été vital. Les yeux azurs du vampire se firent plus profond, plus hypnotisant, et ce fut dans cet océan de mystère que Nastaé plongea la tête la première. Relevant légèrement le menton, il soutint le regard de l'homme, sentant ses doigts puissants se refermer autour de son cou si frêle. Sa main fragile se referma sur son torse, griffant au passage cette peau dure dont il appréciait le touché, et son corps, malgré le poids de l'autre, se souleva, comme pour demander de l'air. Lokys se régalait, et Nastaé se sentait unique. Il aurait voulu plus, il aurait voulu continuer ce jeu de torture, qui étreignait enfin ce corps et ce coeur gelé, fait pour rester stoïque toute sa vie dorénavant.

Malgré la proximité évidente des deux, leurs gestes n'étaient pas ceux des parfaits amants que l'on pouvait croire. Pas de caresse subtile, pas de baiser d'encouragement, non, tout était dur, froid, violent, fougueux. Brutal. L'Empereur esquissa un sourire, répondant alors au vampire « Je te l'ai dis non… ? Entends ma voix, et ne vis que pour moi... » Relevant sa tête, sous cette main puissante, il vint souffler ces mots sur sa peau. Son visage, son cou, tout s'en imprégna. A quelques millimètres de ses lèvres, il entrouvrit les siennes, et dans le silence le plus total, son expiration résonna presque. Ses yeux émeraudes vinrent regarder la bouche de l'être devant lui, avant de replonger dans ses yeux. Il jouait avec ses sens, il jouait avec Lokys pour qu'il ne l'oublie jamais. Pour que chacun ait la même empreinte de l'autre, trace indélébile qui ne partira jamais, même s'ils s'arrachaient la peau.
Nastaé sourit, s'éloignant de lui en se recouchant sur le sol, le temps que le vampire se leva.

A nouveau debout, le reste de la grotte était déroutant. Ténèbres, nuit, ambiance pesante. L'Ondin ne savait pas où ils étaient exactement. Les marais renfermaient-ils réellement autant de secrets ? Le bel homme ne marcha pas, restant sur place, s'éloignant peut être un peu du froid morbide qui commençait à geler le bout de ses cheveux. Il vit Lokys arpenter le chemin caillouteux et peu stable, pour arriver jusqu'à la brume. Le sol en était recouvert, et elle était tellement épaisse, qu'il était impossible de voir où l'on marchait. S'arrêtant sur le ciel orageux, il le vit bas, lourd, marbré de noir et de violet, prêt à éclater sur leur tête, à faire retentir des craquements secs et bruyants, pour assommer leurs esprits déjà éreinté. Baissant la tête, il vit le vampire devant lui. Ses bras s'enroulèrent autour de sa taille, caressèrent ses hanches, et l'Ondin posa ses mains sur ses bras, accueillant l'étreinte distraitement « La fin du voyage ? Mais qui... » Sa voix, pourtant basse, avait surement résonné assez fort pour se mêler à celle du vampire, et érveiller les âmes endormis. Les deux hommes durent faire face à bien plus que ce qu'ils imaginaient…
Les êtres figés sur le sol tremblèrement, pour se réveiller, et se lever. Leurs membres désarticulés se remboitèrent, et leurs visages se déridaient, prenant une autre expression. Etant resté particulièrement loin lorsque le vampire s'était approché, il n'avait pas vu que les deux corps, au sol, parmi les autres cadavres, n'étaient personne d'autre que eux deux. Dans un élan de surprise, il serra les bras de son partenaire, ne s'attendant pas à se voir lui même, en tenue aussi débraillée qu'à l'instant, se lever d'entre les morts. Sa démarche était souple, mélodieuse, et ce fut un sourire carnassier qui se dessina sur son visage.

Les réels se séparèrent affrontant chacun leur double. La machination de cette grotte, cette magie infâme, était bien plus intelligente que ce qu'il ne pensait. Alors il se dépêcha d'éloigner légèrement son Ondin, mais ce ne fut pas chose aisé. Le combat à mort de ce soi-même était évident, et celui s'approchant félinement de lui n'était pas la pour l'embrasser, et le chérir. Les deux éphèbes se faisaient face, jusqu'à ce que le double engagea la bataille. Magie et projectiles, tout ce qu'il aimait, car c'était tout ce qu'il maitrisait. L'agilité du maitre des Océans lui faisait faire roulades et sauts, permettant alors d'esquiver avec brio ses propres projectiles. Avec lui, il se connaissait assez fallait le dire, il ne fallait pas tenter de corps à corps, il fallait ruser. Jouer des ombres, jouer des yeux, et surtout, bien voir dans le noir. Nastaé se mit alors lui-même à s'attaquer. Il commença à son tour à chercher à blesser l'homme, esquivant ses dons et pourtant, cherchant, à se rapprocher de lui. Il voulait le mordre, le déchirer, il voulait se dévorer. L'éphèbe était insensible à son propre charme, mais au loin, ce devait être un bal de grâce qui s'exécutait là. Les coups volaient, et la magie ne s'arrêtait pas, s'épuisant de plus en plus, pendant des minutes entières. Mais si le clone n'arriva pas à toucher le réel, le contraire était aussi valable. Soufflant, ils se regardèrent, se jaugèrent, attendant la faille. Nastaé disparut dans une ombre, ombre dans laquelle le clone se lança. Celui-ci en sortit aussitôt, fou de rage, et se mit à ouvrir la bouche. « NON ! » Trois notes, très puissantes, en sortirent, mais il fut couper dans son élan par le réel, qui se jeta sur lui. De sa bouche d'Ondin, pleine de dents si effilées et si longues, il mordit son cou et son épaule et arracha la chair de ses armes. Dans un cri d'agonie, le clone chercha à se débarrasser de la dévoreuse qu'il avait sur lui, mais c'était vain : Nastaé avait déjà atteint son but. Il n'aurait pas du chanté, il aurait eu une chance de survivre mais là… Chanter, c'était toucher au vampire indubitablement, et l'Ondin ne supportait pas cela.

Dès que le traitre poussa un dernier soupir, s'écroulant a terre pour être réduit en poussière, Nastaé couru vers le vampire qui était, lui même, triomphant. Il était Empereur des Eaux, trois notes suffisaient pour retourner un cerveau, il le savait « Lokys ! » S'approchant de l'homme, n'ayant pas prit le temps d'essuyé sa bouche, des traces de sang partaient des coins, pour aller se perdre sur ses joues, et vers son menton. L'Ondin avait reprit son visage humain, et il regarda le vampire , le serrant contre lui « Je ne savais pas qu'il allait chanté, je suis désolé. Ca va aller... » Sa voix était douce, et il se mit tout contre lui, voulant l'apaiser, apaiser ses tourments funestes, par des gestes, et une présence « C'est la fin du voyage, partons d'ici Lokys... » Sa voix était un murmure, un chuchotement sensuel et plein de certitudes, servant à soutenir l'homme qui l'avait soutenu au paravant « Tu as raison, je suis infâme. » Un sourire naquit sur ses lèvres, voulant embellir le monde du vampire après cette danse mortuaire, qui signait l'arrêt de mort des deux partenaires.


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Ven 24 Oct 2014, 18:33

Vivre, ne vivre que pour cet être maudit. L’ensorcelant regard du vampire, éclats vermeilles dans les ténèbres, flamboya sous les subtiles allégeances de l’Ondin sur la peau sensible de ses lèvres. Maître de lui en toute circonstance, expert des plaisirs charnels, Lokys crut bien perdre pied et toute retenue face aux désirs qu’éveillaient en lui l’éphèbe efféminé. C’est sans doute le contraste macabre qui sauva de nouveau l’Empereur d’une énième torture de son obligé...

Parmi les morts, disposés comme un décor apprêté à les recevoir, les bottes lourdes du vampire tintaient au rythme prudent de son pas. Encore attendri par la vision si délectable de leurs corps sans vie, il prit Nastaé dans sa tendre étreinte, devisant quant à savoir duquel, mort ou vivant, il lui aurait plu de profiter à cet instant. La réponse devrait attendre.
Un sourd grognement résonna longuement derrière eux. Un timbre caverneux, annonciateur de désastre, loin de lui être inconnu, mais il lui fallut se retourner pour croire à ce qu’il commençait à redouter. Les ombres se dispersèrent soudain, totalement avalée par la brume vorace. Sous le voile flou du brouillard, les silhouettes lentes, tremblantes, meurtrières des cadavres se relevaient, pour les encercler savamment. Au centre, leurs parfaits reflets menaçaient  de leur sourire sans joie leur alter-égo du présent... Lokys sentit l’Ondin s’éloigner. A raison sans doute, car il imaginait déjà très bien ce que pourrait donner un duo des deux Nastaé. Mais le grand guerrier n’eut pas le temps de s’en formaliser...

Un lui-même, au regard dévorant, dévisageait son autre qu’une démente surprise marquait. Lentement, coulissant dans la chair puissante de son torse, l’ersatz déracina l’une des armes qui le transperçaient. Lokys les reconnut tout de suite. Les lames jumelles, ondulées de la garde à la pointe. Les cimeterres des von Darkenvy, celles dont il avait hérité le digne port à l’avènement de son éducation militaire, remises en main propre par sa mère... Un sourire illumina son faciès. Il tenait là l’un des combats les plus retentissants de son existence. Ragnarozica avait faim de son propre maître... Quel meilleur adversaire aurait-il pu trouver que sa propre puissance offerte sur un plateau ? Dans un signal propre à lui seul, les deux titans s’élancèrent l’un dans les bras de l’autre. L’obsidienne s’érigea en même temps que les ondulations d’argent se croisaient face à lui, en funeste promesse, et le ballet précéda la chanson... Tranchant, mordant, fouettant, seul l’air et l’acier se confrontait. Jamais, ils ne se toucheraient, c’était une certitude. Il se craignait, connaissant sa puissance. Une terreur sans nom se déversait en lui... de concert avec un puissant désir, et une confiance inouïe. Il n’avait rien à redouter, car le combat du même au même n’était qu’une illusion. Ce lui du passé était révolu, obsolète, crucifié par les années. Aurait-il à se point stagner qu’il lui serait impossible d’admonester sa propre inexpérience ? Une seule lame bien placée suffit à déséquilibrer les deux qui cherchaient à la séduire... Tendu sur son mauvais talon, car Achille vivait en chacun de nous, Lokys sut à cet instant que la victoire était sienne. Son propre dos, nu, puissant, lui faisait face, ouvert à la satiété totale de Ragnarozica qui piqua, d’une vrille sans merci, droit entre ses omoplates. Mais au point de contact...
« Gn..  A-ahhh... » Première note... L’acier qui tinte sur le sol. Lâché par les deux combattants... Lokys vit son souvenir s’effondrer à ses pieds, un filet de sang dégouliner de ses oreilles, les yeux ouverts sur sa dernière expression. Deuxième note... un gémissement creva ses poumons, Non, il ne tomberait pas... pas cette fois... Il la connaissait, cette voix. Il l’aimait, il voulait lui survivre, la supporter, lui rendre hommage comme il se dev... troisième note. Le ténébreux sentit la gravité l’emporter, le sol accueillir son genou avec plus de force qu’il n’aurait du. Sa chevelure d’ébène tomba en cascade de chaque côté de ses tempes...il n’entendait que des chants indistincts résonner, encore et encore à son esprit... Dans l’insupportable compression que tout son être subissait, il trouva la force de tourner son regard pour apercevoir... le plus beau profile que jamais il n’aurait cru voir du monarque. La créature carnassière qui se dévorait lui ressemblait tellement. Cela lui allait si bien, que l’infant se demandait comment il avait fait pour ne pas le remarquer avant. Une octave destructrice, douce et mélodieuse l’embrassait dans ses sombres desseins. Ces séducteurs de l’ombre étaient les pires, la pire espèce que portait ce monde... Si belle et si dangereuse à la fois...
Ils étaient de nouveau là, les émeraudes scintillants de vice à le fixer. Lokys sourit. Ses mains tachées de sang quittèrent la vaine carapace qu’elles appliquaient sur ses oreilles pour s’emmêler entre les filins soyeux de la chevelure de Nastaé. Il s’y était attendu, à cette voix... L’arme redoutable de l’Ondin. Il aurait mal vécu de ne pas l’entendre dans un si impérieux combat. Mais il avait résisté. Son esprit fort apprenait, se protégeait, grandissait... Il rassura l’Empereur en se relevant lentement, retrouvant l’ascendance physique qu’il aimait imposant à cet être si frêle, si friable. Mais à ce moment, la délicate biche le soutenait lui, le colosse de marbre, afin qu’il ne s’effondre pas sous la douleur de ses charmes.
« Tu... ne te connais pas assez. » Ironisa-t-il. Comment avait-il pu négliger ce fait ? « Infâme...» Comme un nouveau né irrémédiablement attiré par la chair nourricière de sa mère, le vampire retrouve la commissure frémissante de l’adonis, et lisser du bout de la langue le mince filet de sang venimeux qui la tachait. « Et répugnant... Mon roi. Chanteras-tu de nouveau pour moi ? » Dans son délire post-mortem, Lokys croyait à ses paroles bien plus que Nastaé n’aurait pu le deviner, mais soudain, une immense ombre fit mine de se dresser face au vampire. Lokys reconnut ses iris rouges et affamés, son adversaire devait juste avoir été assommé. Son empereur se trouvait dans ses bras, écueil parfait du coup de lame qui s’apprêtait, mais le guerrier fut plus rapide. Son bras libre enferma sa prise contre lui tandis que Ragnarozica tranchait dans le vif. Il était des sensations étranges et déroutantes dans ce monde. Celle de se décapiter soi-même devait être l’un des plus singulières. Ne relâchant par l’Ondin, d’une force raccord avec la peur qu’il avait eu de le voir souffrir des coups de son reflet, il s’observa tomber. Son corps d’un côté, sa tête de l’autre... C’en était bien terminé.
« Tu as raison... partons. »

A ses mots, la caverne de nouveau se mit à grogner. Au fond du champ brumeux, une enclave béante s’ouvrir soudain à même la paroi, les invitant à s’y engouffrer. Lokys rengaina promptement son arme qui terminait d’avaler les derniers restes de son repas, le sang disparaissant à vue d’oeil sur le fil d’obsidienne, puis se dirigea vers la porte, ses phalanges serrées autour d’une des mains de l’Empereur, qu’il n’avait plus l’intention de lâcher.

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Jeu 30 Oct 2014, 14:06


Lorsque le clone chanta, et avant que l'Empereur ne puisse se jeter sur lui, ce dernier entendit du métal tomber lourdement à terre. Les assaillants, les guerriers de l'ombre avaient lâché les armes. L'Ondin ne vit que du coin de l'oeil les deux hommes sombrer dans la folie, s'élançant sur son double pour lui arracher les cordes vocales de ses dents. Lors son travail fut achevé, et qu'il s'avança vers son prédateur, il le vit souffrir à terre. Se baissant au même niveau que lui, s'enquérant de son état, il fut interrompu par un regard. Les orbes grises du vampire se relevèrent vers son visage, vers les siennes vertes et profondes, pour montrer à leurs paires, toute la malice et le désir qui les traversaient. Lokys avait résisté au chant, alors qu'il l'avait entendu deux fois dans la même journée, ou la même nuit. Ce n'était qu'une ou deux notes, mais assez pour l'affaiblir, pour le faire toucher terre, et le faire saigner. Nastaé le savait et pourtant, quand il sentit la main du vampire dans ses cheveux soyeux, qu'il vit un filin de sang le long d'une de ses joues, il ne pouvait s'empêcher de sourire, et d'aimer la souffrance de cet homme. D'aimer ce sentiment que ce vampire soit dépendant. Dépendant de quelque chose qui le tue, de quelque chose, d'aphrodisiaque, mais qui aboutirait forcément à une agonie, une mort de folie.

La pensé coupée par le geste, les deux hommes se redressèrent, tenant à nouveau sur leurs pieds. Nastaé ne pouvait s'empêcher de le toucher. Il ne se retenait plus de poser ses mains sur son torse, de toucher son dos, de dévorer son visage et son cou, de vouloir embrasser toutes les parcelles de son corps. Il instaura une proximité qui plut au vampire, au vu des gestes que ce dernier entreprit avec lui.
Leurs lèvres se collèrent à nouveau, et l'Ondin ne se fit pas prier pour lui faire comprendre les réactions de son corps. Son dos se cambra pour venir caresser de son torse et de son bassin, celui du vampire. Entre ses bras, il se sentait petit, fragile, et à la fois invincible. Invincible et désirable. Que chacun qui regardait, qui appréhendait ce couple, ne faisait que violer leur intimé. Les voir, c'était les surprendre. Les regarder, c'était les matter d'un voyeurisme hors pair. Et Nastaé savait s'exposer. A la vue de tous, surement, mais à sa vue à lui surtout. Peut importait le reste, tan que lui le regardait. D'une voix douce et maligne, il dit « Oh, et bien... Si je chante dorénavant, tu deviendras fou. Mais peut être que cela sera de moi... » Esquissant un sourire il voulu échapper à son étreinte, le faire languir de ses doigts et de son corps non rassasié, mais ce fut avec une certaine confusion qu'il constata le renforcement de la poigne du vampire. Avec étonnement et pourtant... « Aah... » Cette force brute, protectrice, l'avait tellement surpris qu'il en avait gémit. Son souffle s'était fait chaud, ses yeux mi clos, alors que ses bras entouraient son corps par réflexe. La tête dans son cou, il lécha sa peau gelée, l'embrassa, avant de comprendre que derrière lui, se passait une autre scène. Une scène dont il se fichait, car il voulait le vampire pour lui seul. Mais Lokys veilla à leur sécurité, tenant son arme de sa main de maitre, faisant ainsi comprendre que le combat était terminé, et qu'il fallait rentrer. Du moins, sortir d'ici...

Nastaé se décala, le regardant de ses yeux gourmands. Il n'avait que faire de leurs cadavres, il n'avait d'yeux que pour le vampire « Tu ne pourras jamais t'habituer au Chant. Ce sera toujours mortel, mais au lieu de mourir, tu pourras peut être seulement... Perdre la raison ? A vrai dire, aucun bipède n'a jamais survécu. Peut être seras-tu le premier ? Mais chaque chant est différent. Si tu résistes au mien, tu ne pourras peut être pas résister à celui d'une autre... » Il lui attrapa la main « Mais je ne laisserai personne d'autre chanter pour toi. » Reculant un peu, enjambant le corps défunt de son amant, il pénétra avec le vampire sur le champs de mort. A leur passage, la brume s'écarta, les laissant passer. Nastaé, d'un revers de main, s'essuya la bouche, sentant encore le sang son autre lui, comme une marque indélébile. Il était pied nu, peu couvert, blessé et mutilé et pourtant, il conservait une grâce et une beauté digne de l'Empereur qu'il était. Comme Lokys gardait sa bestialité et sa sauvagerie autant dans son corps, dans ses gestes, dans son regard ou son attitude, Nastaé gardait ses atouts. Mais il ne se voyait pas, il s'en fichait, il ne voulait qu'une chose, c'était recommencer. Recommencer à jouer, pour emmener Lokys toujours plus loin dans ce jeu du chat et de la souris. Lui faire croire qu'il l'avait attrapé, pour le leurrer et l'emmener plus loin, et recommencer. Jusqu'au jours où le Prédateur s'énervera, et laissera éclater sa frustration. Alors l'Ondin le découvrira entièrement, et se l'appropriera pour qu'ensuite, et pour l'Eternité, il se souvienne de lui. Qu'ils se souviennent d'eux.


Lalala...:
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Ven 31 Oct 2014, 16:51

« Et je m’assurerai que tes vocalises m’appartiennent. » De nouveau, une serre terminée de longue griffes acérées serpenta autour de la gorge de l’adonis, chatouillant le désir de l’écraser dans sa poigne. « Je te ferai hurler, jusqu’à ce que tu perdes ta voix, et que ta raison éclate à son tour dans la folie... » L’écrin froid de ses lèvres se referma sur toute réponse qu’aurait voulu asséner le chanteur.

Se lever fut la partie la plus aisée. Tenir debout parut moins pénible grâce à l’épaule secourable du bel homme. Mais marcher ne lui avait jamais semblé être une telle épreuve de force. Chevrotant sur ses jambes au galbe puissant, le guerrier tachait de dissimuler la grande faiblesse dans laquelle l’avait laissée les stances du dévastateur pouvoir de son amant. Si sa main tenait toujours fermement celle de l’Ondin, son corps avait à peine la force de ressentir toute l’exhalaison de volupté qui émanait de son aquatique compagnon.
L’éclat métal de son regard s’était terni dans l’égarement lointain. Il suivit ce bras qui l’emportait à travers la plaie rocheuse pour de nouveau la percevoir. Cette infime fragrance poussiéreuse, le parchemin vieilli par le passage des années. Un goût de plume et de papier s’était posé sur sa langue, scellant dans le silence les murmures d’agonie qu’il aurait aimé exprimer. Après quelques pas dans ce nouvel endroit, l’encombrement ambiant laissa entrevoir au sol un coin de marche en bois. Il suffit aux deux hommes de repousser légèrement les décombres pour que se dévoile un long escalier, marches d’espoir vers un ciel dont ils avaient été trop longtemps privé. L’épais tapis de poussières et autres particules garderaient sans doute à jamais leurs empreintes maladroites. Lentement, s’entraidant mutuellement, ils gravirent la nouvelle voie qui s’ouvrait. D’étranges choses reposaient ici-bas. De somptueuses commodes de bois éventrées barraient la route, les unes sur les autres, vomissant des cascades d’ouvrages aux pages effacées, déchiquetées, éparpillées. Des bijoux, rouillés, comme des trésors sans valeur, paraient les chandeliers à moitié arrachés des parois. Quelques joyeux scintillaient encore sous les iris curieuses du vampire, mais pour lui seules comptaient à cet instant les iridescentes émeraudes qui le guidaient.
Combien de temps avaient-ils marché ? Lokys pouvait sentir qu’ils n’étaient plus très loin de la surface. Son sang bouillait de plus en plus à mesure que la moiteur de l’extérieur prenait le pas sur la fraîcheur souterraine. Le jour devait être haut, et il ne devait sans doute son éveil qu’aux secourables ténèbres qui régnaient là. Soudain, le grand vampire s’arrêta. Comme hypnotisé, ses doigts reprenant leur liberté s’acheminèrent jusqu’à la nuque de l’Ondin pour délicatement la presser, maigre signal qu’il s’apprêtait à le délaisser. D’une démarche trop bien maîtrisée pour laisser deviner son état, il évolua parmi l’étrange étage où l’escalier les avait menés. Cette fois, les commodes s’enchaînaient plus noblement le long des murs, encore garnies d’impressionnantes collections de livres et encyclopédies. Des artéfacts trônaient ça et là, des orbes, des outils, des parchemins usagés. Et dans toute la pièce, une oppressante présence s’était insufflée dans la conscience des deux explorateurs.

Sans trop savoir ni comment, ni pourquoi, Lokys se dirigea comme attiré irrésistiblement vers l’une des étagères. Son bras s’éleva lentement au-dessus de sa tête pour aller chercher dans les hauteurs un grimoire que son imposante carrure n’eut aucune mal à atteindre. Il l’ouvrit face à ses orbes fatigués, en lisant visiblement les premières runes vampiriques qui s’étalaient majestueusement sur le papier. A sa lecture s’accompagna la caresse de ses doigts, témoignant d’une recherche aux dehors insondables pour quiconque en cet instant l’aurait observé. Il décida de le prendre. Ce vampire qui l’avait réveillé de sa dernière demeure enfouie était à présent son propriétaire, et à lui seul il dévoilerait ses nombreux secrets.

Satisfait, Lokys emporta sous son bras l’ouvrage, et voulut se tourner vers l’Ondin, quand brusquement, un grondement manquant de le faire chavirer retentit derrière lui. Le soleil, mortel, s’engouffra dans la pièce, forçant les ombres à se terrer et s’élever autour de leur maître. Avec désespoir, ce dernier vit celui qui l’avait accompagné jusqu’ici se diriger lentement vers la lumière, de sa démarche gracile et séduisante, mais toute tentante qu’était la cambrure qui l’appelait, l’impie ne pouvait le suivre. Son plus grand malheur fut de ne pas avoir pu admirer le dernier regard que les émeraudes malignes lui lancèrent. Malgré tout, dans la silhouette candide qui se détachait de l’halo éblouissant, le vampire aurait jugé l’avoir vu sourire... Nastaé était parti. Lokys ne doutait pas cependant que cela ne fut le prologue d’une longue, et tortueuse, relation qui s’annonçait. Il ne pouvait en être autrement, pas après que les deux hommes ne fussent sortis vainqueurs de toutes ces épreuves de l’amitié.


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Et la Beauté enfanta l'Abyssum [PV Lokys]

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