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 In Tenebris (Pv Lokys Von Darkenvy)

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Mitsu
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◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2005
Mitsu
Mer 16 Avr 2014, 22:44

Mitsuko avançait dans les rues obscures, une cape noire la protégeant du froid de la nuit et des regards inquisiteurs. Elle avait certes encore un peu de mal avec la gravité mais ce n'était rien en comparaison de la transition entre son statut de Mortelle et celui d'Immortelle. Passer de l'un à l'autre était fatiguant, surtout lorsque la divinité faisait place à l'ondine. Mais tel était le prix à payer, le prix qu'elle avait choisi de payer. La vie était bien plus croustillante lorsque la mort pouvait la saisir, lorsque le froid pouvait glacer son sang, lorsqu'un long frisson dû au danger pouvait parcourir son corps entier. Bien entendu, rares étaient les situations qui pouvaient lui porter un réel préjudice mais qu'importe, si le danger ne venait pas à elle, ce serait elle qui viendrait à lui, comme toujours. Se laisser tomber du haut du rocher au clair de lune, entrer dans un repère d'assassins de mauvaises éducations, jouer contre les plus grands, voilà ce qui l'excitait bien plus que de gouverner une race, que de dominer les individus de ces terres de par sa divine position. Quoi qu'il en soit, outre ce nouveau souffle de vie qu'elle avait gagné en s'imposant elle-même une faiblesse non négligeable, une chose avait toujours rythmé son existence : la science. Personne sur ces terres ne pouvaient, d'ailleurs, se targuer de savoir si cette femme était bénéfique ou maléfique car elle avait commis l'irréparable comme le merveilleux. Son comportement avait autant de variation que le monde comportait de peuples et son sourire pouvait cacher de noirs desseins comme les meilleures intentions.

Aussi, Mitsuko ne se promenait jamais sans un objectif précis, ayant oublié depuis longtemps ce que le mot « repos » pouvait bien signifier. Et si ses pas raisonnaient dans les ruelles en cette soirée, c'était parce qu'elle recherchait des écrits bien spécifiques, des écrits portant sur des expériences scientifiques qui l'intéressaient au plus haut point. A présent qu'elle pouvait de nouveau prendre partie personnellement, et non en utilisant ses fidèles, elle se devait de le faire. Et, puisque la jeune femme voyait le monde comme un échiquier que seuls les plus intelligents pouvaient maîtriser, elle comptait, entre autres, réunir tous les livres et assimilés intéressants pour continuer à alimenter sa bibliothèque personnelle. Ce but motivait sa visite nocturne. Aussi, la sirène entra dans l'auberge, ignorant l'homme qui se trouvait à l'accueil qui ne voulut, de toute façon, pas en savoir plus. Elle monta quelques marches jusqu'à arriver à une porte, espérant que ses informateurs ne s'étaient pas trompés. Car, depuis son élévation, elle n'avait guère eu besoin de garder quelque contact que ce fut avec les Mortels, sachant parfaitement et précisément où se trouvait tel individu ou tel objet. De ce fait, elle avait dû, après sa transformation en ondine, se refaire un réseau, contacter des hommes et des femmes qui appartenaient au passé. Mais qu'importe, d'ici quelques temps, elle aurait infiltré le monde politique et les secrets bien gardés n'en seraient plus pour elle.

Faisant apparaître le sceptre du temple des esprits, elle en donna un coup sec sur la poignée qui céda sous la pression, la porte de la suite plongée dans l'obscurité grinçant alors en s'ouvrant doucement. Le plan était simple : Si la chambre était vide, elle s'emparerait simplement des documents. Si la chambre était habitée, elle s'emparerait également simplement des documents, quitte à tuer l'individu à qui ils appartenaient s'il se montrait trop récalcitrant. Après tout, elle n'avait pas que ça à faire et sa nuit ne faisait que commencer. La capuche recouvrant toujours sa tête, elle essaya de percer à jour les contours de la pièce, chose qui n'était plus aisée. Quelle tristesse car cette faculté avait toujours été sienne par le passé. Mais qu'importe, elle s'habituerait à la pénombre, du moins, du mieux qu'elle pourrait.
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Jeu 17 Avr 2014, 19:44

Un énième soupire venait ponctuer le début de sa soirée. Assis sur le rebord d'une table en chêne verni, un pied posé sur la surface immaculée, Lokys repassait un à un ses dessins éparpillés autour de lui dans la pièce. La plupart ne représentait que des ombres, des silhouettes indistinctes jetées grossièrement au carbone sur des feuilles parcheminées, annotées ici et là de sa griffe calligraphique. Mais une seule retint son attention plus longtemps que les autres ; un visage à peine reconnaissable même pour un œil initié. Une grande tête chauve, l'orbite droite balafrée d'une plaie déstructurée, le regard noir et mauvais... C'était la seule vision un tant soit peu précise qu'il avait pu capturer de ceux qui le suivaient depuis déjà plusieurs semaines et qui étaient décidément très doués dans l'art de l'espionnage... Pas assez sans doute pour tromper son intuition et ses sens surdéveloppés sur une si longue période.

Le jeune homme se leva soudain et un long bâillement vint découvrir deux crocs luisants solidement plantés dans sa gencive supérieure. Tandis qu'il s'agenouillait pour ramasser ses dessins, Lokys se répéta mentalement ce qu'il avait appris sur ses groupies de l'ombre dernièrement. Premièrement, elles étaient au nombre de quatre, deux femmes, deux hommes, bien organisés se relayant chaque nuit pour suivre ses traces à travers tout le continent. Deuxièmement, trois étaient humaines et le dernier, il n'en était pas sûr, mais ce n'était pas un congénère. Et troisièmement, il avait appris précisément et fortuitement ce qu'elles recherchaient. Ce n'était pas bien compliqué de toute façon... A son départ de sa demeure, l'inconnu qu'il était n'avait emporté dans une sacoche de cuir usé noirci par les années que peu de possessions : une dague, une corde, des flacons de divers poisons et substances imprécises, des plumes, de l'encre... et une collection de six livrets reliés sans grand soin. Six ouvrages qui contenaient de nombreux croquis, annotations, explications détaillées d'opérations à l'intérêt scientifique plus que douteux. Une âme sensible capable de lire le langage employé en vomirait dès la première page. Des formules très exactes noircissaient les marges tracées à la main des cahiers et permettaient de concocter divers venins, antidotes, sérums ou liquides plus mortels les uns que les autres... Pour en avoir absorbé une grande partie, le vampire les connaissait bien, leur goût, leur odeur, leurs effets... Et y survivre n'effaçait en rien le traumatisme qu'ils avaient provoqué... Un sourire vint déformer ses fines lèvres bleuâtres, quel merveilleux souvenir que la douleur improbable de son corps démembré de l'intérieur par un suave acide !

Mais pour l'heure, plus que d'un poison, c'était du sang dont il se serait bien abreuvé, se dit-il en insérant la pile de dessins dans la sacoche susmentionnée. Celle-là même qui comportait à présent cinq répliques parfaites des cahiers de résultats qu'il avait en sa possession, et qu'il s'était empressé de cacher avant son arrivée en ville. A la différence que leur contenu n'était qu'un ramassis de formules aberrantes, de croquis tendancieux et d'énigmes en tout genre qu'il s'était amusé à cracher sur les pages de ces faux documents. Le sixième cahier était cependant original, n'ayant pas eu le temps ni le matériel suffisant pour en faire la copie. Après les multiples précautions qu'il avait prises, il savait que ses poursuiveurs n'avaient pas détecté le stratagème et pensaient toujours qu'il transportait avec lui les six originaux. Il s'attendait à présent à recevoir à tout moment la visite de celui ou celle qui souhaitait si ardemment mettre la main sur ces trésors de science mais ne s'en inquiétait pas trop... Après tout, les gens étaient bien libres de choisir la mort qui leur convenait, et il se ferait un plaisir de satisfaire leur curiosité scientifique avec des travaux pratiques dont il était lui-même devenu expert.
Un frisson lui électrisa soudain l'échine et il se raidit. Son intuition le trompait rarement, mais plus souvent que son odorat rôdé.


" Hmm... Déjà ? Pas le temps pour un apéro au bar on dirait... " Murmura-t-il à lui-même.

Sous sa fenêtre dont les volets étaient fermés, Freya cahota sur le pavé et hennit brièvement, confirmant l'approche d'un individu plus suspect que les simples manants libidineux et bourrés qui peuplaient habituellement ce genre d'endroits.
Lokys caressa de la main les cahiers, s'emparant du seul original pour le coincer dans sa ceinture, il fit en sorte que les répliques fallacieuses dépassassent légèrement du sac, doutant que la supercherie ne dupât bien longtemps l'espion malheureusement. D'un geste gracieux, il ramena sa veste de cuir ouverte sur son torse par-dessus le cahier calé contre son dos, puis alla se placer dans un coin de la pièce, là où la lumière qui surgirait de l'embrasure de la porte ne l'éclairerait pas.

L'attente ne fut pas longue. Un cliquetis métallique débloqua la porte qui s'ouvrit lentement et accoucha d'une haute silhouette encapuchonnée. Son sillage laissait un parfum de femelle et d'embruns salés. Silencieuse comme une ombre, sa stature n'était pourtant pas si grande mais l'espace semblait rempli de la pression qu'elle exerçait par sa simple présence. Lokys l'observa tâtonner dans l'obscurité dont il n'était absolument pas affecté. Elle s'avança à hauteur de la table de chêne sur laquelle il dessinait plus tôt, à sa droite. Près de son genou gauche se trouvait le coin du lit pouffé qu'il n'avait pas touché depuis son arrivée. La pièce était spacieuse et débouchait sur deux autres salles face à l'entrée, toutes communicantes par des lourdes portes de bois travaillé. L'ouverture à gauche, derrière le lit, donnait sur un petit salon. Celle de droite, derrière la table, s'ouvrait sur une salle d'eau. Les deux portes étaient encadrées par de hautes étagères remplies de livres et de bibelots.

Par chance, l'inconnue ne se tourna pas dans sa direction, ses yeux semblaient s'habituer à la pénombre mais il douta qu'elle pût le distinguer clairement. Le vampire continua d'observer son exploration avec dans le regard une lueur démentielle de fascination et de curiosité. Il n'y avait aucun doute, elle était l'espionne qu'il "attendait"... Après deux longues minutes, il se décida enfin à s'annoncer.


" Ils ne sont pas là... " Sa voix calme, étrangement apaisante perça le silence et il avança d'un pas pour se trouver dans le champ du volet fermé. Un mince rayon de lumière de lune filtra à travers les panneaux de bois et vint épouser ses contours, révélant une fine ligne de peau opalescente, d'une iris rouge brillante et de quelques longues mèches de cheveux de jais. Le reste de son corps calfeutré dans l'obscurité, il ne cillait pas et ne quittait pas des yeux l'intruse. Son ton et son regard n'avait rien de menaçant et pourtant, ses pupilles vrillèrent rapidement en direction de son arme posée contre le mur près du lit avant de se replanter sur la silhouette toujours dissimulée.

L'échiquier était posé et Lokys avait déplacé sa première pièce en révélant que la surveillance dont il faisait l'objet ne lui était pas inconnue, pas plus que l'objectif de ses poursuiveurs. S'écartant du mince filet de lumière pour retrouver la salvatrice obscurité, il reprit en s'éloignant lentement du lit, s'approchant de l'entrée en émettant aucun autre son que sa voix douceureuse.


" Vu la minutie de votre organisation, je doute que vous ignoriez que vous chassez un chasseur, qui que vous soyez. Je me demande bien quelle lubie vous a laissée croire qu'il serait si facile de le voler... et quelle folie vous habite pour vous être aventurée droit dans son antre... la nuit ... seule. "

Lokys détacha bien chacun de ses mots, et le dernier fut accompagné du claquement brusque et puissant de la porte de la chambrée. Il appuya son dos contre le panneau, ses bras se croisèrent sur ton torse à demi-nu tandis qu'il jaugeait le peu qu'il apercevait de l'étrangère, sa discrète odeur marine, sa taille. Elle irradiait la magie, domaine dans lequel il était loin d'exceller et d'apprécier d'ailleurs, mais la peur était un avertissement accessoire qui l'avait depuis longtemps quitté, comme le prouvait le rictus assuré qui étirait ses commissures frémissantes.
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Mitsu
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◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2005
Mitsu
Lun 21 Avr 2014, 20:02

Un fin sourire apparut sur les lèvres de Mitsuko lorsqu'elle entendit, comme sortie de nulle part, le son de la voix d'un homme lui indiquer que ce qu'elle cherchait n'était point ici. Ah oui ? Et comment pouvait-il savoir ce qu'elle souhaitait obtenir au juste ? Lisait-il dans ses pensées ? Après tout, elle aurait très bien pu venir pour lui. Elle se retint de rire, se rappelant les réactions de certains individus lorsque l'heure de leur trépas avait sonné et qu'elle venait les chercher, eux. Elle n'était plus l'esprit de la mort, certes, mais elle aurait très bien pu l'être. Alors, comment cela se faisait-il qu'il ait deviné si aisément ce qu'elle désirait ? A moins qu'il ne possède rien d'autres d'intéressant ? A moins qu'elle ne soit pas la seule à vouloir s'emparer de ces carnets ? Les deux solutions étaient possibles après tout, mais la première, seule, serait bien triste. Elle ne dit cependant rien, attendant que l'homme agisse le premier. Elle ne s'était pas renseignée à son sujet et, à vrai dire, il ne lui importait pas. La jeune femme n'avait jamais été des plus douées socialement, n'avait jamais eu d'amis, juste des esclaves, des sujets ou des fidèles, et n'avait pas l'intention de changer ses habitudes. Elle préférait mille fois épargner une biche qu'un homme et son esprit des plus scientifiques lui faisait considérer les êtres inconnus comme des numéros parmi tant d'autres, des cobayes ou des personnes sans aucun intérêt tant qu'elles ne lui prouvaient pas le contraire. Elle méprisait ceux qui s'agenouillaient devant elle, elle méprisait ceux qui avaient la folie de croire qu'ils pourraient l'agenouiller devant eux. Seuls ceux qui éveillaient sa curiosité trouvaient grâce à ses yeux et ils étaient rares. Aussi, son esprit se mit à analyser la situation, machinalement. Un homme, éveillé à cette heure de la nuit, n'ayant visiblement aucun mal à se repérer dans des ténèbres quasi-totales. Elle ne pouvait être sûre mais les hypothèses se dégageaient doucement. Et puis, après tout, encore une fois, elle ne faisait cela que parce qu'elle avait l'habitude d'analyser, de déduire et de conclure, pour passer le temps.

Elle fixait la silhouette qu'il avait laissé apparaître. Il semblait aimer jouer avec l'ombre et la lumière, et pas simplement physiquement. Intéressant. Le dernier vampire qu'elle avait croisé qui faisait cela avait été son esclave un temps certain, avant qu'elle ne lui permette de se hisser au sommet, sur un trône qui lui avait appartenu jadis. Il n'était malheureusement plus mais puisque cet individu lui rappelait Vlad, elle allait le laisser encore un peu agir à sa guise. Le silence régnait donc, la jeune femme ne bougeant pas. Et puis, il se déplaça, sa voix indiquant parfaitement sa position. Il n'était pas difficile de deviner qu'il avait l'intention de lui retirer toute source de lumière. Elle aurait fait pareil à sa place si elle avait pu se fondre dans la nuit. Elle n'essaya pas de l'en empêcher, aimant depuis toujours se mettre en danger. C'était bien plus excitant ainsi.

Après un moment, elle finit par répondre. « La chasse est beaucoup moins amusante si le chasseur s'en prend à des brebis égarées. Lorsqu'un loup chasse un autre loup, il est à parier que le jeu n'en sera que plus plaisant. ». Elle marqua une pause avant de reprendre. « Et croyez moi, si nous ne jouions pas dans votre antre, comme vous l'appelez, mais dans la mienne, vous seriez déjà à ma merci la plus complète. J'ai donc trouvé bien plus respectueux, pour votre personne, de me déplacer plutôt que de vous inviter. ». Elle avait raison car dans son « antre », son temple, elle avait les pleins pouvoirs, chose qui était des plus ennuyeuses. Mitsuko avait toujours couru après la puissance mais c'est en l'obtenant véritablement qu'elle ne l'avait plus désiré. Paradoxale sans doute mais les défis ne sont amusants que lorsque l'on n'est point certains de les gagner. Sa voix retentit de nouveau. « Alors ? Comment faisons-nous ? Vous avez ce que je désire, ici ou ailleurs, qu'importe, je ne cesserai sans doute pas de les souhaiter. Il n'y a que peu de solutions qui s'imposent à nous, malheureusement. ». Elle sourit, enlevant la capuche de la cape qui lui couvrait jusqu'à présent la tête. « Néanmoins, vous avez relativement bien joué, du moins, s'ils ne sont réellement pas ici. Vous assurez ainsi votre survie. Cela dit, je ne suis pas sûre que cela soit une bonne chose non plus. Je pourrai avoir envie de vous forcer à parler... ». Elle rit doucement, s'imaginant déjà le clouer sur le lit. Elle n'était que très peu armée mais elle était certaine qu'elle trouverait un matériel de choix dans cette pièce pour le faire crier à n'en plus pouvoir. « A moins que vous ne soyez ouvert à une négociation. ». Pas qu'elle soit des plus occupées, mais tout de même.

Ils auraient pu discuter, oui, ils auraient pu, si un bruit derrière l'homme ne s'était pas fait entendre. Mitsuko sourit. « Visiblement, je ne serai pas votre seule visite de la nuit. ». Elle n'avait aucune idée de qui se trouvait derrière le battant de bois mais une chose était claire : si cette personne souhaitait la même chose qu'elle, elle tombait très mal.
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Mar 22 Avr 2014, 18:15

Excitante, c'était bien l'adjectif qui qualifiait le mieux la situation. Confortable, un de ses nombreux antonymes qui pour l'occasion était fort à propos. Cette suite était trop grande à son goût, comportait trop de fenêtres, trop de meubles, sentait trop le propre... Mais vivre parmi les vivants requerraient certains compromis afin de rester inaperçu, et ça avait le mérite de bien payer et de maintenir à portée un garde-manger infini et varié. Confortable aussi, ce dossier de chêne dont le vampire ressentait chaque aspérité avec une étonnante sensibilité, et la position stratégique qu'il offrait.

L'homme écouta l'étrangère parler avec un intérêt suscité par le mystère. Ainsi donc, ce n'était pas tant l'objectif final que le moyen d'y parvenir qui électrisait les hormones de cette autre chasseresse, une intéressante caractéristique qu'ils partageaient, se dit-il en souriant intérieurement.
L'inconnue poursuivit. Il faillit lui demander par quelle utopie elle s'imaginait qu'il aurait répondu à son invitation si elle s'y était prise ainsi pour le contacter, mais se ravisa. Il n'était pas sûr lui-même qu'il y aurait résisté car c'était avant tout la curiosité et le goût du danger qui motivaient ses initiatives ; un autre point commun aux deux improbables adversaires dont seuls les dieux étaient témoins. Et là où il y avait du danger, il y avait du sang... Ce que tout vampire, si l'on pouvait dire, saint d'esprit était en droit de rechercher...

Le voile se levait, la capuche tomba. Lokys détailla avec minutie le faciès de la jeune femme. Il la voyait aussi bien que si elle s'était trouvée en pleine lumière, ce qu'il considérait comme un avantage... injuste, certes. Apparemment, il avait fait preuve d'une étonnante perspicacité... Le sixième sens des vampires s'avérait-il exact ? Le jeune bicentenaire ne pouvait que comprendre son désir de mettre la main sur ces précieuses pages. C'était fascinant, n'est-ce pas ? La démence créative que certaines imaginations pouvaient démontrer lorsqu'elles avaient matière à s'exprimer. Ces possessions et le désir de cette femme de se les procurer le mettaient dans une position de force dans les négociations dont il était certain de vouloir tirer avantage, sans trop savoir comment... De quoi avait-il donc besoin ? Des auteurs de sa déchéance tous réduits à la merci de son... imagination ? La vision le réjouit mais il n'était pas sûr d'apprécier le cadeau à a juste valeur s'il n'avait pas l'occasion de traquer ses proies une à une...

Toujours silencieux, l'hémophage écouta l'arrogante sirène le menacer, ce qui colora son visage d'une expression nostalgique émue que malheureusement son interlocutrice ne put admirer. Et voilà qu'elle lui parlait à présent de négociations ? Mais qu'avait-elle à négocier au juste... Elle venait pour quelque chose qu'il avait lui, et tentait de lui suggérer en échange... sa survie ?... Lokys la couva du regard... Elle aurait pu provoquer en lui toutes les sensations du monde... mais pas la peur ! Quoiqu'elle fît.

Au même moment, un grattement derrière la porte irrita son ouïe affinée. L'intruse l'informa avec ses mots qu'elle l'avait également entendu... Il y en avait qui était décidément plus doué que d'autres dans l'art de la survie... Lokys ignora superbement ce deuxième visiteur. Il faudrait de toute façon à l'intrus bien plus qu'une simple force humaine pour ouvrir la porte contre laquelle il était appuyé. Avant de répondre, il laissa un temps passer, puis un rire léger trahit sa position... qui n'avait pas changé... de plus en plus fort, sans joie, jusqu'au franc éclat de rire. Lorsqu'il se calma enfin, il répondit avec un résidu d'euphorie dans la voix.


" Me... forcer ? Vous n'imaginez pas le plaisir que ça me ferait de vous voir essayer... mais je crains que vous ne veniez de compromettre votre propre destin si vous n'avez pas d'autre argument que la menace pour me convaincre de négocier quoi que ce soit avec l'insolente intruse que vous êtes ! "

Le vampire avait lâché ceci d'un trait, tout souffle étant de toute façon superflu, un réflexe tout au plus conservé du temps où il était humain, et qu'il usait pour abuser les vivants sur sa véritable nature. Mais il n'y avait sans doute plus besoin d'un tel artifice pour tromper l'étrangère, et elle lui avait montré son visage, il pouvait bien lui concéder comme contrepartie de lui révéler ce qu'il était.

" À vrai dire, peut-être sont-ils ici... " Le vampire se détacha d'un vif mouvement de hanche de la porte et glissa un pas vers elle, puis un autre, en écarta les bras. " Je suis un livre ouvert pour vous, que voulez-vous savoir ? " Ironisa-t-il.

Le panneau de la porte à présent libéré de son poids s'entrouvrit en un grincement. Lokys fit soudain un bond de côté, vers le lit, pour former le troisième sommet du triangle entre Mitsuko et la porte entrouverte, il tenait à garder les deux bien en vue.

" Un de vos amis ? Ca tombe bien, j'aime les plans à plusieurs... " Se disant, le vampire se tenait prêt, immobile, à accueillir "poliment" le nouveau ou la nouvelle venue, ou dans le meilleur des cas, à riposter à une attaque subite. Après tout, tout bruyant qu'il était, ce visiteur avait échappé à la surveillance de Freya...

HRP:
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Mitsu
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◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2005
Mitsu
Lun 19 Mai 2014, 02:40

Un petit sourire apparut sur les lèvres de Mitsuko. Les vampires. Sans doute se perdraient-ils dans leur orgueil mais au moins, celui-ci permettait de les reconnaître sans le moindre mal. Les complexes de supériorité étaient amusants après tout, bien que la dure réalité fasse bien souvent mal. Mais soit, elle pouvait jouer son jeu si cela gonflait son ego, si tant est qu'il ne comprenne pas le sarcasme. « Oh oui, vous avez raison, je suis une insolente intruse... ». Elle se mordilla la lèvre inférieure, sachant très bien que si elle ne pouvait pas le voir, lui en avait les pleines capacités. Elle se prit un instant pour une petite fille qui n'aurait guère été sage, avant de libérer sa lèvre de l'emprise de ses dents doucement. « Aussi, j'espère que vous allez bien vite me punir de mes péchés ô grand et séduisant prince de la nuit... Je tremble déjà d'effroi à l'idée de sentir vos canines se planter dans ma chair... ». Elle avait dit cela sans réellement se soucier de la personne qui se trouvait à présent dans l'embrasure de la porte, n'en ayant cure jusqu'au moment où elle perdit patience. Elle n'avait jamais apprécié la lenteur et le fait que cette dernière semble planter là ne lui plaisait guère. « Excusez-moi mais je commence à en avoir plus qu'assez d'attendre... Veuillez donc entrer ou partir. Ce n'est pas si difficile après tout. ». Et, en attendant que celle-ci accède à l'illumination divine nécessaire pour que ses membres s'activent, elle reporta son attention sur l'inconnu à qui appartenait les précieux carnets qu'elle désirait. « Croyez-moi, personne ne peut se targuer de faire partie de mes relations amicales. Je ne connais cet individu. ». Elle ne pouvait presque pas le discriminer dans l'obscurité ambiante, bien que la porte soit ouverte en grande partie. Mitsuko était lasse, elle n'était plus une chasseuse, ou, du moins, était-elle bien trop habituée à avoir tout ce qu'elle souhaitait sur un plateau. Le soucis avec cette créature de la nuit, c'est qu'elle ne semblait pas disposer à lui donner ce qu'elle voulait, ni même à négocier outre mesure. C'était énervant. Pouvait-elle se passer des documents ? Oui, sans doute. Mais elle détestait se déplacer pour rien. De ce fait, si elle repartait, ce serait soit avec eux, soit avec la tête de cet homme qui lui faisait perdre son temps. Peut-être que s'il lui offrait de quoi boire et allumait une quelconque source de lumière, serait-elle plus disposée à l'épargner, mais les choses semblaient mal parties. Et puis, la présence d'un tiers ne lui convenait pas. En tant que déesse, elle était relativement patiente, en tant que mortelle, elle ne l'était plus du tout. Peut-être sa race jouait-elle sur ses émotions après tout ?

Un homme finit par entrer dans la pièce, étonné de voir qu'il n'était pas seul, sans doute encore plus de ne trouver l'occupant de la salle en chasse ou quelque chose du genre. Le problème c'est que l'ondine ne lui laissa pas le loisir de s'exprimer. Elle avait trouvé le moyen de signaler ô combien elle était puissante au vampire, tout en le débarrassant d'un « problème » qu'ils avaient en commun. Elle se mit donc à fredonner un petit air entre ses lèvres, air destiné au seul intrus. Le chant envoûtant, une sorte d'hypnose semblable à celle que les vampires possédaient. Allié au contrôle des émotions il était une arme redoutable pour faire faire à n'importe qui n'importe quoi. L'homme sortit un couteau de son étui, n'hésitant pas une seule seconde, l'avançant lentement mais sûrement jusqu'à son cou qu'il trancha avec fermeté, doucement, le sang giclant au rythme des battements de son cœur. C'était triste d'être aussi faible. Mitsuko n'était en rien affectée. Elle avait appris depuis bien longtemps à regarder la mort en face, sa propre mort et celle des autres. Un petit sourire désolée sur les lèvres, elle se tourna vers la dernière position du vampire. « Je crois que vous allez devoir payer les frais de nettoyage. Cela étant dit, je crois aussi que l'odeur du sang vous est des plus plaisantes non ? ». Elle rit, doucement, méthodiquement, avant de rajouter. « Bien, où en étions nous ? Je vous disais... hum... oh oui, que je souhaitais négocier pour posséder ces documents que vous avez en votre possession. Peut-être serait-il d'ailleurs plus agréable de faire de cette pièce un endroit éclairé. Après tout, le noir ne lui réussit pas comme vous pouvez le voir, il attire les intrus. ».

Spoiler:
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Mar 20 Mai 2014, 11:07

Au comble de l’adrénaline tandis que le suspens du nouvel arrivant narguait son impatience et que l’exquis parfum de l’ondine éprouvait sa retenue, les compliments dégoulinants de sarcasmes glissèrent sur lui comme le ruisseau dans sa source, creusant un peu plus le fossé qui séparait Mitsuko des objets convoités, quand il aurait voulu l’informer qu’elle n’aurait pas besoin de le prier au moment où il déciderait de l’honorer de ces crocs qu’elle mentionnait sans prudence. Ces mêmes crocs qui s’étaient déjà mille fois approprié sa chair dans le cours de ses pensées insondables qu’il laissait défiler tandis que l’inconnue dévoilait le ballet de ses atours de femme, tantôt teints d’ingénuité feinte qui lui convenait pourtant à merveille. L’engeance vit à regret disparaître les discrètes marques que les dents immaculées avaient laissées sur la souple peau de ses lèvres sensuelles, qui firent soudain preuve d’une autorité à laquelle il ne se serait jamais attendu, intimant le timide inconnu de daigner se montrer.
L’hère ne tarda pas. Un homme d’une bonne taille, fait de chair et de sang sans doute, l’air se voulant neutre qu’une ride frontale informait de la détresse à se trouver ainsi surpris avant d’être parvenu à ses fins, fit irruption. Si sa bouche s’ouvrit comme pour accompagner son entrée d’un soliloque sans doute palpitant, il n’eut pas le temps d’en partager la teneur avec les deux autres occupants.


« Fas-ci-nant… »

Ce mot dont il détacha chaque syllabe, prononcé d’une octave presque inaudible, accompagna la chute de l’infortuné dans ses propres fluides. La flaque de sang luisant souillée de la carcasse du pauvre malchanceux éveillait à la fois une avidité intense et un profond dégoût chez Lokys, qui ne pouvait détacher son regard captivé de la scène. Sans qu’il s’en rende compte, il amorça un pas en direction de l’exécrable festin, mais fut instantanément stoppé par la vision improbable de son image agenouillée au sol en train de lécher le funeste liquide. Une lampée de ce breuvage-là, et s’en était fini de l’infortuné, et le bicentenaire salua le relatif contrôle qu’il avait sur ses pulsions.
Du même ton murmurant, il reprit plus à son adresse qu’à celle de l'artiste, investi d’une incroyable sincérité.


« Tuer ainsi relève d’une indéniable beauté, loin de sa victime, sans même lever le petit doigt, juste en faisant entendre sa mélodieuse voix. »

Il fallait être fou pour ne pas trembler devant une telle puissance… et fou, il l’était. Si le vampire ne craignait pas de jamais devenir l’esclave d’un tel pouvoir, il ne pouvait cependant nier que l’admiration malsaine se joignait à la curiosité insoutenable qu’il éprouvait à l’égard de l’insolente visiteuse dont il ignorait jusqu’au nom. Le liquide qui commençait à s’insinuer entre les interstices du parquet de bois noble peinait malgré son abondance à ternir la fragrance capiteuse de la sirène qui exaltait les sens du strige. Admiratif face à l’impressionnante insensibilité qui marquait ses traits après avoir si froidement tué, il dut fortement lutter un instant pour ne pas se jeter sauvagement sur la glaciale meurtrière tant le désir de goûter son essence le possédait. Il se contenta de répondre d’une voix maîtrisée.

« Je serais bien curieux d’entendre ce que vous savez de l’appel du sang. Vous me semblez bien vivante pour y être sujette et vos méthodes, trop propices au gaspillage, pour que vous n’ayez jamais eu la moindre idée de ce qu’est… la soif…. »


On avait vu plus propre et plus discret comme assassinat, ce qui lui laissa penser que l’ondine ne faisait pas grand cas des dégâts si cela pouvait engendrer l’émoi chez ses adversaires… et c’était admirablement bien joué.
L’expression beaucoup plus affable à présent qu’elle avait su susciter son admiration, Lokys consentit à accéder à la requête de l’animal diurne, et s’asseyant sur le matelas souple de son lit, il ouvrit le premier tiroir de la table de chevet pour prendre un bâtonnet de bois qu’il enflamma d’un frottement sec contre une petite plaquette de phosphore rouge. La flamme siffla avant de se stabiliser devant ses yeux, sa lumière encore hésitante détachait de l’obscurité la silhouette sombre du vampire. Il porta le support enflammé à la base de la lampe à huile qui trônait sur la petite table, et le liquide inflammable eût tôt fait de décupler la flamme, qui baigna la pièce d’une lumière vacillante, assez puissante espérait-il pour les deux magnifiques yeux émeraudes de la mortelle.
Portant l’allumette à son visage, son souffle déplaça l’air face à lui afin d’achever les résidus ignés et l’odeur saumâtre de la fumée plana un instant dans l’air tandis que, relevant son pied sur le lit, Lokys s’adossait au mur et reportait son attention sur la dangereuse sirène. Les traits de la noble engeance irradiait l’arrogance déplacée qui gangrénait ses semblables, et si son regard famélique se faisait malgré lui scrutateur, sa voix beaucoup plus amène se fit miel et sucre tandis que d’un geste de sa main libre il invitait Mitsuko à s’asseoir où bon lui semblait, avec l’indécent désir qu’elle se rapprochât.


« Je vous en prie, mettez-vous à l’aise. L’éclairage est-il à votre convenance à présent ? »
Son ton prit une note faussement désolée. « Vous me voyez peiné de manquer à tous mes devoirs, mais je crains que mon régime alimentaire ne m’ait pas laissé pour habitude de prévoir des boissons dans le cellier. »

Lokys songea à la cave quelques étages plus bas d’où il pouvait humer l’âpre fragrance des spiritueux, et où ils pourraient toujours migrer si le gosier de la mortelle nécessitait tant que ça d’être hydraté.
Jouant nerveusement avec le petit bout de bois calciné, un léger sourire vint ourler ses lèvres blafardes tandis que ses prunelles rougeoyantes, signe indéniable de son inanition, s’invitaient sur les moindres courbes du minois de la jeune femme et sur son port altier, dont le tressautement de la lampe venait sublimer les reliefs. Sans la quitter des yeux, sa vision périphérique perçut le scintillement de son arme posée de l’autre côté de la table de chevet, à peine à portée de son bras, dont l’acier immaculé reflétait la flamme dorée.
Il reprit ensuite en écho au sujet qui intéressait sa visiteuse indésirée.


« Les notes donc, sont hors de portée pour l’instant. Considérant l’entreprise risquée de votre déplacement, vous connaissez sans doute leur teneur… A vrai dire, la plupart ne me sont d’aucune utilité. Comprenez qu’il est difficile d’oublier les expériences qu’elles détaillent quand on les a soi-même subies… de nombreuses fois…. »

Marquant un court entracte, le vampire expira avec fausse compassion avant de poursuivre.

« Ce qui m’incite à vous en priver l’accès n’est donc que votre simple avidité à mettre la main dessus, et les éventuels profits que cela pourrait m’apporter.
Quant au dernier… J’imagine que son contenu non plus ne vous est pas inconnu ?
»


Lokys faisait bien entendu référence aux recherches inouïes sur le sang de substitution que contenaient le sixième cahier, celui dont les pages souples épousaient les reliefs de ses reins musclés tandis qu’ils devisaient à son sujet.

« Avant d'entrer dans le vif des négotiations, me ferez-vous le plaisir de révéler le nom de la plus délicieuse prétendante à mon héritage ? »
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Mitsu
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Mar 03 Juin 2014, 23:17

Mitsuko fixa un instant le lit avant de s'approcher doucement de la table, ses mains se posant sur le dossier d'une des chaises, la reculant sans bruit avant de s'y asseoir. L'idée lui était venue un bref instant de se rapprocher du prince de la nuit mais, malheureusement, ou fort heureusement, tout dépendait pour qui, elle avait une tendance marquée à se méfier de ceux qui appartenaient à son espèce. Elle avait particulièrement tenu à ne point le regarder pour le moment. Les vampires étaient tous séduisants, plus ou moins, et, bien qu'elle en soit avertie et qu'elle doute d'être attirée par qui que ce fut, elle préférait faire durer le temps qui la rapprochait de ce moment où elle lèverait les yeux vers lui. Aussi, ses deux émeraudes se promenaient sur les murs de la pièce, parcourant chaque relief, chaque coin, chaque objet jusqu'à se perdre dans le sang qui tachait le sol progressivement. Elle n'avait en aucun cas l'air pressée et, finalement, une fois la cause de sa contrariété ayant rendu son dernier souffle de vie, elle ne l'était plus tant que cela. Elle prit même la peine de chuchoter son contentement à l'homme. « Merci bien, c'est très aimable. Et ne vous inquiétez en rien, je n'ai pas soif. ». Soif de connaissances, sans doute, mais en aucun cas d'un quelconque liquide, encore moins si ce dernier était alcoolisé car elle n'avait jamais pu tenir guère longtemps, se laissant dominer par les effets de l'alcool au bout de quelques gorgées. Après tout, chaque être possédait des faiblesses, les siennes étant toutefois très modestes et connues d'un nombre restreint d'individus.

Aussi, pendant que l'homme parlait, l'une des mains de la jeune femme vint se fixer sur la broche qui retenait sa cape, l'ouvrant pour qu'elle puisse se défaire du tissu bien trop chaud pour la température de la pièce. Laissant glisser le vêtement le long de son dos, elle s'en empara ensuite pour le plier méticuleusement avant de le poser sur la table. « Hum. ». Elle ponctuait parfois le discours de Lokys tout en attendant qu'il cesse de s'exprimer pour le faire à son tour. Levant enfin les yeux vers lui, un sourire se contenta d'apparaître sur son visage sans pour autant se faire le reflet de ses pensées qui demeureraient sans doute un mystère. L'un de ses doigts se mit pourtant à caresser la table, lentement, juste avant qu'elle n'ouvre la bouche. « Tout d'abord, je dois vous avouer que si vous vous rappelez des expériences que vous avez subi, je me rappelle, quant à moi, de celles que j'ai fait subir. Nos positions sont, de toute évidence, antagonistes sur ce point, même si, apparemment, ce que vous avez dû endurer n'a en rien altéré votre beauté. Cela aurait été dommage, sans doute. ». Elle fit une pause, prenant plaisir à sentir le bois lissé au contact de sa peau. « Pour le dernier, je dois avouer que c'est celui qui m'intéresse le plus. Un carnet qui, selon mon opinion personnelle, a sans doute cent fois plus de valeur que les autres. ». Elle sourit. « Au point où je me demande comment l'idée même de ne pas le garder avec vous a pu vous traverser l'esprit. ». Elle baissa les yeux sur la table avant d'ajouter. « En ce qui me concerne, lorsque je cache un objet, soit je le place à la vue de tous afin qu'il passe inaperçu, soit je l'emporte avec moi. Car, si cela se trouve, à l'heure où nous parlons, votre possessions sur ces carnets n'est plus qu'histoire ancienne. Et j'avoue avoir du mal à négocier sur un objet que je ne peux contempler... ». Elle rit, doucement. « Nous ne sommes point des sauvages. Je reconnais mes tords quant à votre porte mais si je vous avais su présent à ce moment précis, j'aurai simplement frappé en attendant que vous veniez m'ouvrir. Très loin de moi l'idée de vous voler à présent, bien que je sois curieuse de savoir ce que vous désirez en échange de ces carnets. ».

Elle ne bougeait pas, restant inlassablement assise sur sa chaise. Ses yeux remontèrent vers lui, quittant les nervures de la table qui l'intriguaient tant. « Vous avez raison en un sens. Je n'ai jamais connu la vraie soif, celle qui ronge les entrailles des plus faibles vampires. ». Elle sourit. « Celle qui vous ronge. ». Elle aimait titiller ses interlocuteurs mais, en un sens, elle n'avait pas tout à fait tord. « A l'époque, je fus la 'fille' d'un ancien empereur de la nuit que je pris comme esclave. Ma magie était alors déjà puissante et je réussis à me contrôler rapidement, bien que la chasse m'excitait énormément. Je ne connais donc pas cette vraie soif mais qu'importe. Ce carnet, le dernier comme vous l'appelez, m'intéresse car, très loin de vouloir sauvegarder les enfants de la nuit particulièrement, créer un substitut au sang serait... une divine avancée scientifique. ». Rien de plus. « Je m'étonne que vous n'ayez pas vous-même commencé à réaliser cette prouesse. A moins que vous n'ayez que faire de la chose, ce qui serait fort regrettable. Imaginez... Si jamais le peuple vampirique venait à vous considérer comme l'inventeur d'un liquide qui pourrait étancher sa soif où qu'il se trouve, le titre de seigneur de la nuit vous serait confié sans aucune hésitation. La chasse ne serait plus qu'un plaisir et non vitale. Oh bien sûr, certains clans se plaisent à tuer mais d'autres répugnent à le faire. ». Elle fit une coutre pause avant de reprendre, ses yeux se plantant dans les siens avec un air amusé. « Alors, dîtes moi quel est le nom du prochain roi vampirique ? ». Elle ne lui avait pas répondu quant au sien, mais disons qu'elle avait la fâcheuse tendance à révéler certaine chose une fois qu'elle était sûre que le jeu en valait la peine.
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Ven 06 Juin 2014, 06:20

Pendant son discours et jusqu’à la question qui resterait donc en suspend, Lokys ne perdit rien de l’affriolant spectacle qui se dévoilait, imposant sur chaque contour vertueux de cette statue de chair les strates des désirs que ses prunelles ne cherchaient pas à cacher. Puis ce fut au tour de la muse de l’inspirer sur les raisons qui motivaient ses désirs d’acquisition.

« Vous m’en direz tant… » Dit-il en crémant la surface de son compliment de sa voix caverneuse. Une affection le prit pour l’improbable déguisement de tortionnaire dont elle se vantait, fruit d’un syndrome bien connu qui liait souvent les détenus à leur geôlier… Un sourire franc s’empara de ses lèvres, faisant presque disparaître le masque de machiavélisme qu’il revêtait aujourd’hui avec un naturel déconcertant quand elle osa douter de la valeur de son marché.

« Le simple fait que vous soyez encore ici, et que je sois toujours de ce monde, ne suffit-il pas à prouver  ma sincérité ? Vous réparerez la malheureuse calomnie si je commets l’affront de vous surestimez, mais vous n’êtes pas femme que l’on trompe... Et au premier de vos regards, je me suis senti… dénudé. »

Le bicentenaire n’avait aucune raison d’essayer de fourvoyer l’étrangère sur le trouble qu’elle avait semé en lui, de part son éminente prestance, et de part la pâle démonstration d’une infime partie de ses pouvoirs. Une tension dans le bas de ses reins le fit imperceptiblement s’arquer à ces mots… La vilipende était maligne. D’une voix suave, il surenchérit aux broderies sociales auxquelles, visiblement elle tenait à l’exposer.

« Ravi de savoir que j’ai en face de moi une meurtrière civilisée ! »
La belle dépeignait avec tant de précisions le portrait des siens que Lokys n’eut aucun mal à se persuader qu’elle avait en effet incarné l’une de ses pairs au cours de sa trépidante vie. Comment s’était-elle libérée du joug de la nuit ? Il n’escomptait pas de si tôt être honoré de l’explication si déjà la litanie de son nom lui était proscrite… Son synopsis tintait avec tant de délices qu’il extirpa l’engeance impie de son immobilité, l’amenant à se lever et à se rapprocher de l’impertinente vénus. Prenant galamment garde à ne pas s’immiscer entre elle et la source de lumière, il évitait par la même occasion de la confronter au rectangle éloquent qui déformait la chemise dans son dos.

« Mais vous l’avez dit-vous même... Je suis...Faible, impuissant... Ignorant et... inconnu. » Chaque mot se joignant à l’écho de ses pas. Sa courbe le fit frôler la flaque noirâtre qui frémit. Le vampire laissa glisser ses ongles le long des aspérités longilignes de la table, puis vint s’adosser à l’un des piliers du baldaquin, non loin de Mitsuko, qu’il n’avait effleuré que du vent que son passage avait déplacé. A nouveau, son étonnante sincérité frappa le cours de ses paroles mais à quoi bon se farder d'une prétention déplacée dont la substance factice ne saurait rien lui rapporter ? A d'autres... aux insectes qu'il pouvait se permettre d'écraser, pas à cette princesse de l'ombre qui l'avait déjà exposé.
Son sourire s’affaissa lentement, jusqu’à ne plus être que l’ombre d’une arrogance ancrée sur son faciès à l’irréelle splendeur. Le froncement qu’il figeait dans les deux orbes de jade de la sirène semblait sonder les tréfonds de sa pensée, sans pour autant y arriver. Toute volonté de s’essayer à la manipuler par des stratagèmes à sa propre discrétion l’avait quitté.
Se permettant d’écarter sa question, il reprit d’un timbre grave où aucune octave ne cherchait à dominer les autres.


« Vous imaginez-vous vraiment un fou sortant de l’ombre et rassemblant tous les peuples sous une unique bannière à l’effigie d’un... palliatif, voire un poison pour certains des clans qui vénèrent la chasse ? » Ou bien espériez-vous qu’en flattant ainsi mon égo, j’aille suicidairement m’y essayer... Songea-t-il avec amusement, sans oser laisser entendre à l’ondine qu’il lui percevait une certaine perfidie... il y avait des intuitions qui se valaient mieux tues. « Si c’est le cas, c’est que vous ne nous connaissez pas assez... ou qu’il y a trop longtemps que vous ne nous avez fréquentés... »

Son regard coula indécemment sur sa gorge halée, se blâmant quelque peu de la prévisibilité qu’il offrait sur un plateau d’argent à l’aumône de ses sarcasmes. Mais là s’arrêtait la déception, il n’allait pas formuler un si commun marché qui se heurterait sans doute au déplaisir de la négociatrice, quoi qu’il ne lui refuserait pas une commission d’office remportée par sa beauté, et l’exaltante fragrance de son essence, si elle se risquait à se mouvoir sur le plateau de son échiquier.

« Quelque part, j’envie ce sot… Je ne m’aventurerais pas moi-même à dire qu’il me serait inconcevable d’abandonner à quelqu’un comme vous l’apogée de ma vie… Mais hélas, je ne convoite pas le trône de l’esclave… En ce sens, nous nous ressemblons, non ? » Sa question n’appelait pas forcément la réponse, aussi reprit-il sans laisser la marge qui aurait permit à la belle d’exprimer son opinion. « Mon… appétit ne saurait se satisfaire de cet ersatz de puissance, et mon image ne m’intéresse pas autant que vous semblez le croire… » Après tout, il était fort conscient que ceux qui détenaient le vrai pouvoir ne s’exposaient jamais au grand jour, et la belle devait en savoir quelque chose d’ailleurs, car c’est l’intelligence plus qu’une lâcheté que d’aucun aurait pu lui prêter qui lui aura sans doute fait céder cette place symbolique aux mains d’un autre…

Tout comme les prédateurs de leur espèce, très peu pour lui d’enfoncer son séant dans le cocon bien molletonné de l’oisiveté, attendant comme un bienheureux qu’âge se passe jusqu’à ce que sa tête lui en tombe… A vrai dire, ces recherches il avait commencé à les mener, saupoudrant les pages du carnet de sa propre griffe calligraphiée. Les résultats, probants si l’on voulait décimer la moitié de la population impie, s’avérait stagnants sans les moyens et les volontaires pour en tester les effets. Aussi, s’accroupissant en une révérance feinte, il susurra à la belle en approchant ses doigts très proches de son pied, saisissant un mince filin d’or que son édifiante chevelure avait tristement laissé choir, et faisant glisser la vibrisse le long de la cheville autour de laquelle elle s’était savamment enroulée.
« Je m’appelle Lokys. Dernier fils de la lignée de sorciers des von Darkenvy… bien que je doute que cela vous évoque quoique ce soit… » Se relevant en emportant avec lui le bien dérobé qu’il entrelaça entre ses phalanges, il reprit une fois qu’il eut récupéré l’ascendance physique. « Alors dites-moi, chère consœur… » Et il mentionna moins son ancien état hémophagique que le goût de la prédation qui les habitait, « … on n’atteint pas les hautes sphères de la hiérarchie des miens sans s’attirer la sympathie, ou tout du moins le respect de certains ? Vous semblez également complémentaire de ce que je ne saurais me revendiquer, l’omniscience du chimiste, le doigté du légiste, et je n’ose vous imaginer dépossédée d’un lieu approprié où exprimer votre art. »
Laissant ses paroles décanter le temps de ravaler la salive gorgée d’endorphine qui commençait à tapisser son gosier, il poursuivit en détachant chacune de ses paroles.

« Si j’en crois le palpé menu que semble offrir vos délicates jointures, j’ai de quoi moi aussi palier à quelques facettes qui… d’aventure, pourraient vous manquer… » Bien qu’il doutât qu’une égérie de son acabit eut jamais besoin de témoigner d’une force autre que psychologique, Lokys tenta le tout pour le tout, sans pour autant faire un trop grand et futile étalage des avantages que d’un regard nul de pouvait ignorer… Car pourquoi se contenter d'un éphémère marché quand on pouvait clamer une plus longue collaboration, sous l'office du profit mutuel seulement. Après tout, les valeurs guerrières seraient peut-être amenées à être reconsidérées dans ce monde qui subissait de plus en plus les affres du changement… et il n’était à n’en pas douter que l’omnisciente créature qu’il avait l’honneur d’approcher de si près saurait à bon escient soumettre tous les atouts qui s’offraient à elle de son côté. Ourlant ses lèvres diaphanes d'un air entendu, il termina son tour et attendit de voir quelle forme prendrait le prochain placé de l'insoupçonnée déesse.
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Mitsu
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Mer 16 Juil 2014, 23:00

« Hum. ». Mitsuko attendit quelques secondes avant de se lever, se plaçant en face du vampire pour que leurs corps ne soient plus qu'à quelques centimètres. Doucement, elle avança sa main, touchant le bras de l'homme. Certes, elle pouvait observer le physique qui était sien de loin mais rien ne valait la caresse vérificatrice, surtout que cette dernière n'était certainement pas un attouchement, mais bien une tactique. Elle s'interrompit un instant, souriant avant de remonter l'émeraude de ses yeux vers lui. « Et ne vous inquiétez pas. Peut-être suis-je douée de quelques manigances, néanmoins, je peux aisément me féliciter de ne point être l'une de ses femmes de petite vertu qui se plaisent à toucher tous les hommes qui passent à leur portée. Le monde est, malheureusement, peuplé de catins qui croient bon de se donner à n'importe quel être mystérieux se prétendant inatteignable. Je sais que certains vampires aiment incarner ces chimères d'un soir. Peut-être faites-vous partie de ceux-là d'ailleurs... ». La jeune femme parlait tout en reprenant l'inspection qu'elle avait commencé. « Lokys Von Darkenvy. Hum... Vous me semblez taillé pour séduire quiconque poserait le regard sur votre personne. ». Elle fit le tour, passant dans son dos. Peut-être n'était-ce qu'une intuition mais depuis qu'ils discutaient, jamais il n'avait osé tourner les talons. Pourquoi ? Là était la question qu'elle se posait, question qui ne demeura guère longtemps en son esprit lorsqu'elle aperçut la légère bosse dans le bas de son dos. Ainsi donc était-il de ces cachottiers qui avaient le culot de cacher leur trésor au plus près de ceux qui cherchaient à s'en emparer. Cela lui plaisait. Elle était de la même trempe, de ceux qui pouvaient se targuer d'oser provoquer l'impossible, d'oser affronter les situations les plus difficiles en comptant uniquement sur l'audace. C'est pour cela qu'elle ne dit rien, passant ses deux mains sur ses épaules, pour en vérifier la tenue avant d'aller chercher son menton de son pouce et son index, l'incitant à se retourner pour lui faire face. « Oh oui. Laissez-moi vous dire que si j'étais l'une de ces femmes, je serai bien émoustillée à vous sentir si près de moi... ». Un sourire apparut sur ses traits un bref instant avant que toute trace de ce dernier ne disparaisse de son visage. « Avec des si, l'on referait le monde, n'est-il pas ? ». Elle marqua un temps avant de lui fausser compagnie pour retourner s'asseoir sur la chaise qu'elle avait fait sienne quelques instants plus tôt. Elle le regarda un instant. « Quoi qu'il en soit, il me semble que notre accord est des meilleurs. Comme vous l'aurez compris, je ne vous autoriserai jamais à me regarder avec les yeux d'un amant, néanmoins, il y a autre chose que j'aimerai ajouter à notre contrat... Hum... ». Une chose qu'elle trouvait parfois bien plus plaisante que l'acte charnel dont trop raffolaient à son goût. Cette chose, seuls les vampires pouvaient la lui prodiguer et cela faisait bien longtemps, trop sans doute, qu'elle n'avait pas ressenti les frissons et le délice qui se dégageaient de celle-ci.

La main de la jeune femme caressa son propre cou doucement avant qu'elle ne se mordille la lèvre inférieure d'un air pensif. « Quoi que... ». Peut-être n'était-il guère l'heure de l'autoriser à se délecter du nectar de vie qui coulait dans ses veines. L'attente augmentait le plaisir, c'est ce qu'elle avait toujours pensé. Aussi, elle changea de sujet, trouvant soudain bien plus intéressant de discuter de son identité. Elle répéta. « Lokys Von Darkenvy. J'avoue ne jamais avoir entendu parler de votre famille mais soyez sûr que je me renseignerai. Ayant moi-même été sorcière, je ne peux me permettre de passer à côté d'une telle information. Et puis, je dois vous confesser que j'aime particulièrement savoir avec qui je travaille, même si, bien entendu, loin de moi est l'idée d'interférer dans votre vie privée. J'espère néanmoins que ma curiosité croissante quant à votre... transformation ne vous mettra pas mal à l'aise. ». Elle sourit. « Me la conterez-vous un jour ? Je raffole des histoires. ».

Elle se releva après quelques secondes, avançant de nouveau vers lui pour glisser sa main dans la sienne. Le fixant de nouveau dans les yeux, elle s'amusa de la différence de taille qui les distinguait avant de lui murmurer. « Je regrette mais je ne peux pas laisser le cheveux que vous m'avez dérobé en votre possession. Si vous saviez ce que je fais avec ceux que j'emprunte aux hommes intéressants que je croise, vous comprendriez. Il est même probable que vous preniez l'initiative de raser votre magnifique chevelure à la seconde près où la nouvelle s'engouffrerait dans vos oreilles. ». Elle tira doucement sur le fil blond, le détachant progressivement des phalanges de Lokys avant de se rasseoir tranquillement. Attendant quelques nouvelles secondes, elle finit par tendre la main, paume vers le ciel. « Et si vous me le donniez à présent ? ». Le carnet.

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Mer 23 Juil 2014, 01:20

Le jeune vampire arqua imperceptiblement ses épaules sous leur soudaine proximité. Des années d’une torture sans relâche avaient certes éprouvé sa résistance, et peut-être était-ce l’une des raisons expliquant qu’il n’avait toujours pas réduit en charpie la gorge rieuse de la sirène. Mais autre chose également le maintenait immobile, qu’il ne savait expliquer… venant de celle-là même qui l’inspectait avec trop d’incivilité.

Les mots odieux qu’elle crachait ne trouvaient pas sens à son esprit, et son trouble n’en était pas la seule explication… pouvait-on vraiment blâmer quiconque se jetait dans ses filets de manquer de dignité ? Son apparence, sa voix, son odeur, jusqu’à chaque placer de ses pas, la grâce de ses gestes, les discrètes courbures de ses sourires, tout en lui était fait pour faire succomber ces jeunes proies égarées qu’elle se permettait de juger. Devait-elle s’en trouver plus honorable pour autant ? Cette navrante plaidoirie ternit un peu sa valeur aux yeux du vampire pour qui le sang ne subissait pas les affres de ce genre de jugements.
Des paroles au sarcasme soupesé dépassèrent sa pensée déliée alors qu’il la sentait glisser insidieusement dans son dos, sans que cette fois, le subterfuge ne tintât à son esprit.


« Hmm… voilà qui est honorable en effet… appuyer sur la tête de ses semblables pour se hisser en haut du piédestal… allons, j’ai peine à croire que c’est là votre seul recours pour vous ériger… »

Et cela lui aurait coûté d’avoir perdu son temps avec une potentielle partenaire à la dignité bien affaissée, mais il sentait bien qu’elle n’était pas aussi détestable, perdant sans doute elle aussi le fil de ses pensées dans son entreprise perfide que le vampire mit un temps à constater. La fièvre réchauffa son timbre alors que la belle reparaissait devant ses iris implorants de l’éprouvante tentation à laquelle elle le soumettait, et comme si elle l’avait pressenti, elle s’éloigna enfin, permettant à la tension de s’écouler plus librement dans ses artères en alerte.

Une mise en garde bien superflue lui fut intimée, mais galamment Lokys abstint un commentaire qu’il ne voulait pas mal interprété. Il aurait été mal venu de ne pas rendre hommage à sa beauté en prétendant ne jamais vouloir l’écheveler, mais ce n’était pas la première qualité qu’aujourd’hui, il recherchait chez l’intrigante inconnue. Retrouvant l’appui du pilier, ses mains se serrèrent sur le bois, en meurtrissant des griffes les aspérités longilignes lorsque la gorge lui fut dévoilée… S’en était trop pour un esclave du joug implacable de l’hémoglobine, et quelle magie surpuissante pour savoir le contenir aussi longuement à cette distance… il devrait sans doute l’en remercier, car il doutait qu’un faux mouvement de sa part ne lui aurait pas déjà coûté… en tout cas, quelque chose dont il ne souhaitait pas se séparer…

Aah oui… parlez… sa tête se pencha en arrière pour apostropher le bois. Qu’elle ne s’arrête pas de détourner ses pensées. La flaque de sang lui revint en mémoire, mais comment la préférez au fumet que l’ondine dégageait ? Ses paroles ramenèrent des souvenirs de peines et de douleurs à son esprit, redoublant sa félicité qui se figea dans la glace au toucher que la jeune femme lui imposa. Sa main se laissa manipuler par le fil de la marionnettiste, trop effrayée d’amorcer le moindre geste vers la tortionnaire, et à ses mots, un rire lui fut même arraché, léger, juvénile, frais.


« Il ne me semble pas vous avoir donné matière… à me faire subir… votre vengeance capillaire, bien que les détails… ne manquent pas d’attiser mon… intérêt… » Et il ne comptait pas un jour s’attirer la haine de sa contractante, tant que leurs intérêts suivaient les mêmes lignes parallèles.
Le filin doré déroula un long frisson sur le derme ficelé de son bras tandis qu’il lui était soutiré, puis ses paupières se rouvrirent sur la silhouette de nouveau installée de cette…

Maligne vipère des ténèbres… le carmin de son regard insolent dégoulina sur la paume tendue face à lui qui rappela un sourire frileux sur ses lèvres désireuses. Et sans un mot…

En un instant, en un clignement qui ne vint pas, l’arrogante engeance s’était jetée sur la clairvoyante, prêt à réclamer le prix de la tentation qui avait bien trop duré. Mais comme les deux pôles d’un aimant, ses mains furent irrémédiablement écartées de l’hilare, atterrissant sur le rebord de la table de part et d’autre des épaules de la belle qui, lui semblait-il, n’avait pas même frissonné. Ses paupières douloureuses se fermèrent à peine séparées de quelques millimètres de la chevelure mordorée quand ses crocs souffreteux murmuraient à son oreille leur envie de combler l’indicible désir qu’elle n’avait osé exprimer. Ainsi en équilibre penché au-dessus d’elle, il ne la touchait cependant que de la caresse de ses longs cheveux charbonneux qu’elle avait outrageusement menacés, les pointes transmettant les tremblements qui agitaient le confinement de sa frénésie dans les derniers retranchements de sa sagesse, qui peinait à en garder la maîtrise.


« Prenez… le… » Concéda-t-il d’une voix vacillante où son contrôle de soi et son désir se partageait l’ascendance. « Qu'il signe notre accord, et... Plaise à la Nuit que vous… en fassiez digne usage.
Voudriez-vous l’entendre à présent, mon histoire ? »
Était-ce la sirène même qui décidait ou non de ses mouvements ? Perdant le fil de la vision, ses traits disparurent contre la gorge qu’il apprivoisa langoureusement avant de terminer en un grognement chuchoté. « Vous plairait-il… que je vous en donne un arrière-goût ? »
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Mitsu
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Mitsu
Sam 23 Aoû 2014, 22:42

Il s'agissait toujours du même sourire, esquissé d'une façon identique, comme si, finalement, peu importe les actes et les paroles de son interlocuteur, tout lui allait à la perfection. Elle ferma les yeux quelques instants, un comportement qui aurait pu laisser croire qu'elle comptait se laisser aller à répondre par l'affirmative aux questions du prince de la nuit, mais qui s'avérait n'être que trompeur. Mitsuko avait l'art de donner d'une main pour reprendre de l'autre, sans que l'ombre de son forfait ne puisse prétendre à effleurer l'esprit de sa victime. Pourtant, cet homme excitait ses sens, cet esprit scientifique qui jamais ne l'avait quitté. Il méritait un pacte honnête, du moins, pour le moment. On ne savait jamais ce qu'une Taiji avait derrière la tête. Il aurait dû le savoir mais son ignorance rendait sans doute possible un accord que la connaissance aurait brisé. Qui serait assez fou pour pactiser avec le monarque démoniaque ? Peu d'individus sans doute. Mais elle, elle était pire que cette tête couronnée, et parfois meilleure que l'élue des cieux. Sa main glissa doucement sur l'un des flancs de Lokys, caressant la peau nue sous le cuir de sa veste juste avant d'attraper l'objet de son désir, ce carnet qu'il avait eu l'audace de dérober à la vue d'autrui, de cacher là, au creux de ses reins. Elle rit, ne répondant pourtant toujours pas à ses interrogations. Il était frénésie et force là où elle n'était que calme et douceur, un divin mélange, explosif, fascinant. L'ondine avait en horreur la proximité des êtres avec son propre corps, ne supportant guère les accolades, les embrassades, les libertés bien trop nombreuses que se permettaient certains individus, à tord. Pourtant, les vampires avaient ce soupçon de dangerosité qu'elle appréciait toujours autant. Leurs morsures semblaient éternellement avoir le don de la satisfaire, comme un nectar duquel elle n'aurait pu se passer, comme une drogue qu'elle n'aurait pour rien au monde souhaité cesser de consommer. Il y avait si longtemps... Elle chuchota : « Il y a longtemps, lorsque la fourbe magie des sorciers parcourait encore mes veines, je voyais régulièrement l'un des vôtres. Oh bien sûr, il ne venait jamais de son propre fait, je lui donnais rendez-vous. Et, là... dans l'obscurité de la nuit, il plantait ses canines dans la chair de mon cou... délicieusement... ». Elle détachait les mots, certaines syllabes même, prenant son temps. Peut-être jouait-elle légèrement, peut-être pas. « C'était... si... plaisant. ». Jouer avec la mort et la vie était un passe-temps exquis. Seulement, ce fils de l'ombre était, à chaque fois, bien plus à plaindre qu'elle, vidé de son énergie bien avant que le nectar de vie ne quitte le corps de la jeune femme au point d'en être funeste.

Elle se redressa, ne lui laissant guère le loisir de l'enserrer davantage. « Cette fougue qui vous habite, ce désir irrépressible de vous repaître de la moindre goutte de sang, tout ceci finira par vous quitter. Alors, vous aurez envie de proies plus spécifiques, plus subtiles. Pas n'importe quelle proie, plus de gestes commandés uniquement par vos pulsions, par vos plus bas instincts. Vous aurez envie de goûter au divin... ». Un simple geste et il se retrouva contre le bois de la table, coincé entre le meuble et elle. Sa main glissa doucement sur le chêne, attrapant un coupe papier qu'elle remonta doucement, délicatement, sur la peau du vampire. « Et croyez-moi, je suis divine. ». La jeune femme planta ses yeux émeraudes dans ceux de l'homme, à la manière dont elle le fit avec la pointe de l'arme, cette fois dans sa chair, d'un geste lent mais ferme. « La chair et le sang, la sueur et la peur, un mélange olfactif merveilleux, qui plaît tellement aux créatures de la nuit. Mais ne soyez pas dupe, il me plaît également, depuis toujours, consumant ma patience, créant ce frisson si spécifique, réveillant l'instinct de chasseur qui sommeille depuis bien longtemps en mon âme. ». Ses yeux descendirent sur la lame, l'observant tracer un trait sur le torse de Lokys. « Et si un jour je dois vous remettre mon sang, alors, il semble normal que vous me confiiez également le votre. Ce soir, je vous ôte, demain, je vous remettrais. ». Elle lâcha le coupe papier, celui-ci tombant au sol dans un bruit sourd. Lentement, son index passa sur la plaie, récoltant ce nectar dont elle avait tant abusé jadis. Elle le porta à sa bouche, le goûtant sans que grimace ne vienne troubler ses traits. Une légère trace marquait ses lèvres. « Les histoires attendront. ». Elle sourit. « Bonsoir, Lokys. ». Ses pas résonnèrent lentement jusqu'à la sortie, Mitsuko marchant, sans chercher à l'éviter d'une quelconque manière que ce soit, dans la flaque qui marquerait sans doute le sol encore un long moment. Dans le couloir, elle disparut, refermant simplement la porte derrière elle, lançant un dernier regard dans l'obscurité ambiante de la pièce. Le carnet était sien. Il serait sien.
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Mar 26 Aoû 2014, 11:16

Au fil des délicieux fantasmes que lui faisait vivre la tentatrice, le strige se privant de la vision obsolète du monde se laissa insidieusement glisser dans le piège, habillant les crocs fictifs de son infortuné congénère qui aurait eu l’honneur de déflorer cette fleur empoisonnée. L’antre soupirant de son désir gémit du supplice, à quelques centimètres de conquérir le divin nectar que tout son être suppliait à l’en faire souffrir. Il la voulait. Maintenant. C’était impossible d’envisager la suite autrement, il sentait qu’il n’aurait pas survécu à un refus. Les mots de la diablesse caressaient son attente et intensifiaient son ardeur, si ce n’était pour l’indéfectible magie qui le retenait, cette chair tendre aurait déjà été déchiquetée sous les coups affamés de ses crocs proéminents…

D’un coup, la désirée se redressa, le repoussant en arrière comme s’il avait été de l’air. Le jeune vampire la fixa, pantelant, un mélange de désir et de rage ombrageant sa dangereuse beauté, lui donnant plus que jamais l’air d’une bête sauvage. Il était bien trop inanité pour deviser correctement ce qui lui arrivait, tout ce qu’il était capable de se rappeler était qu’il ne l’avait toujours pas eu, qu’il aurait en cet instant tout donné pour s’approprier ne serait-ce qu’une larme du maître breuvage qu’elle lui avait tant fait miroiter. Tout en l’écoutant, à défaut de pouvoir faire autre chose cependant, il ne parvenait pas à croire ses promesses, y découvrant trop aisément la plaidoirie d’une proie cherchant par-dessous tout sa survie.
« Toute proie est divine… je m’étonne que vous puissiez penser différemment en ayant autrefois été l’une des nôtres… » Geignit l’infant, au bord de la syncope quand sentant l’étau se desserrer, un sursaut rugit violemment en lui, le jetant sur la sirène. Proche, il était proche de la faire sienne, quand…

Arraché au seuil du contentement de son plus cher désir en cet instant, le jeune infant feula, indigné, offrant le pathétique spectacle de son irrépressible frustration dans le regard carnassier dont il enroba la gorge tentatrice, si proche, pourtant hors de sa portée. Les stries de l’inquiétude vinrent étirer quelque peu ses traits durcis par la rage, fixant avec un effroi latent la lame glacée qui se ficha dans sa peau. Le strige retint un gémissement tandis que sa nuque se brisait en arrière, envoyant un rouleau charbonneux de ses splendide cheveux s’échouer sur le bois qui le soutenait. Non, il ne lui ferait pas le plaisir de crier. Ses bras puissants réduits à l’impotence par le charme irrépressible se bandèrent, ses poings serrèrent un air qu’il imaginait sourdement prendre la forme de cette gorge insolente. Mais au rythme de la douleur, se mêlaient d’autres notes bien moins avouables d’un plaisir volubile provoqué par l’indéfectible souffrance. L’éphèbe ploya sous le coupelet, gémissant presque d’une jouissance balbutiée lorsqu’il put reprendre ses esprits. La déesse l’avait lâchée.

« Non… » Souffla-t-il en observant son insolente silhouette s’éloigner. Quelle cruauté… elle lui ferait donc le dernier et le pire des affronts… Quelle cruauté… Reprenant possession de ses mouvements, son regard vrilla un instant sur la flaque de sang, séchée depuis longtemps. Sa mâchoire se ferma sur l’abjecte insulte bien trop adaptée à l’attitude cochère de l’effrontée, qui tambourinait son coffre vocal, menaçant d’exploser. Mais bientôt, l’auberge sembla s’éveiller… Quel grabuge avait donc causé la Perfide ? Il lui fallait partir avant qu’on ne le repère.

Rassemblant aux plus vite ses effets, le vampire retrouva rapidement la rue, déserte fort heureusement, et Freya qui trépignait, comme apeurée de ce qu’elle venait de voir coulisser en dehors de la bâtisse. La rassurant d’une délicate main sur le chanfrein, le strige l’enfourcha plus lourdement que voulu… Faim, il devait trouver de quoi calmer son inanition… quelle cruauté cela serait pour la proie malvenue qui se présenterait… sa brutalité décuplée ne pourrait plus être entérinée.

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The end
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In Tenebris (Pv Lokys Von Darkenvy)

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