Edwina sourit lorsque Eerah s'approcha d'elle. Elle était navrée d'être aussi fatiguée mais elle était certaine, pourtant, de pouvoir continuer encore un peu. Elle se concentra sur sa magie pour au moins finir ce qu'elle était en train de faire. Pourtant, elle se sentit étrange, comme si quelque chose dont elle ne maîtrisait pas la survenance allait se produire. Dans son esprit, il y eut comme un chuchotement, quelque chose de non habituel. Et puis, finalement, elle entendit aussi distinctement que si quelqu'un lui parlait « Prends en plus ! ». Sursautant, elle regarda autour d'elle, sa magie semblant s'affoler doucement mais sûrement. Puis, la suite la fit devenir aussi rouge qu'une pivoine un beau jour d'été. « Encore ! ». La voix lui semblait en plein coït et même si elle n'y connaissait rien, le vocabulaire l'aidait à comprendre de quoi il s'agissait. « Ça vient ! » finit la voix. A ce moment précis, une explosion eut lieu à quelques centaines de mètres de là. Sans le savoir, l'Ultimage venait de créer le lagon, un endroit merveilleux à l'eau étonnante. Une création qui venait en même temps que la jouissance de l'Orishala qui devait être perdu entre les draps de son palais. Edwina avait la bouche ouverte et semblait en état de choc. « Vous... vous avez entendu ? » demanda-t-elle au Vincide le plus proche d'elle. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre que non. Il avait entendu l'explosion mais en aucun cas le langage cru d'un homme. C'était la première fois qu'elle entendait les pensées de Cocoon dans son esprit, et ce ne serait sans doute pas la dernière.

Plus loin, un fin sourire se dessina sur le visage de Mitsuko face au vœu d'Eerah. « Réellement ? » demanda-t-elle comme s'il était encore temps de revenir en arrière. Mais, à vrai dire, le souhait formulé, elle était à présent dans l'obligation de le réaliser. Elle lui aurait bien demandé de fermer les yeux pour qu'il puisse avoir une surprise en les ouvrant, mais puisqu'il était aveugle, une telle considération ne semblait pas de rigueur. « C'est amusant que vous ayez évité le sujet lorsque je vous ai parlé de ma fille » fit-elle mine de rien. Oh ce n'était pas pour rien qu'elle disait ce genre de choses et, en effet, lorsqu'elle se mit à créer, l'esprit de l'homme lui étant offert sur un plateau d'argent, elle put remarquer avec délice des points qui ne devaient pas être dans les plans d'origine. La présence d'Erza était marquée ici et là. Aussi, elle créa une magnifique statue dans les appartements du roi, ici mais pas que. Plusieurs éléments s'insérèrent, éléments qu'il découvrirait plus tard. Et ce qui était bon, c'était qu'il ne s'agissait même pas d'un malus. C'était comme si l'esprit d'Eerah luttait pour supprimer Erza de ses pensées, mais comme si le simple fait de penser à l'annihiler la rendait plus présente. La magie bleue était en œuvre, créant bâtiments, portes, fenêtres. Mitsuko laissa cependant l'erreur d'Edwina comme telle, trouvant la création magnifique. Elle n'aurait qu'à dire que certains points n'étaient pas assez précis, ou qu'Eerah avait, parfois, pensé à Erza plus qu'à Avalon, ce qui était loin d'être faux. D'autres fois, lorsque les pensées devenaient floues, elle en profitait pour rajouter des choses sans le prévenir, les rectifiant si jamais l'homme fixait son attention sur celles-ci, les laissant comme elle les souhaitait s'il les oubliait en partie. Néanmoins, dans l'ensemble, la maîtrise du Dædalus sur sa création était excellente. C'était aussi facile de voir ce qu'il souhaitait que de contempler un tableau.

Une fois la cité construite, Mitsuko fit cesser sa magie. Il restait quelques détails sans doute mais elle savait parfaitement qu'Eerah verrait avec Edwina s'il désirait rajouter des éléments de dernières minutes. « Puisque vous avez ancré les éléments que j'ai créé dans vos pensées, à présent, vous en devenez le protecteur. Chaque chose, chaque... » elle marqua une pause, amusée « … personne, deviendra source de vos joies et de vos peurs. Vous aimerez ces éléments malgré vous, peut-être trop même. ». Elle rit. Après tout, elle n'en restait pas moins un Génie à l'heure actuelle. La malice était de mise, même si le fait qu'Eerah ait pensé à Erza soit plus de son fait à elle que du sien. Tricher était parfois la seule solution pour obtenir ce que l'on voulait. « Ah oui, je vous laisse Faust quelques temps. Je suis sûre qu'ici, il trouvera un toit. Je vous fais confiance. ». Puis, sans un mot de plus, elle disparut, laissant là le beau monde.

Fin