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Eerah
Æther des Bergers et des Wëltpuffs

Æther des Bergers et des Wëltpuffs
◈ Parchemins usagés : 3537
◈ YinYanisé(e) le : 20/07/2013
Eerah
Sam 21 Juin 2014, 20:39

« Lidyaëlle ! Etilan ! Que… Bordel. ». Le Déchu s’égosillait à voix basse, accroupi derrière un des rares buissons qui décorait les plaines mornes. La Prison n’était qu’à une centaine de mètres plus loin en avant, et c’était la dernière fois qu’ils pourraient faire un point avant l’assaut. Après discussion avec le patriarche Harpagon, celui-ci avait accepté d’envoyer trois alliés de valeur pour l’épauler. Ce n’était qu’un premier pas vers une collaboration plus aboutie, mais il était loin de cracher dessus. Ils ne seraient pas de trop pour réussir l’opération qui les avait amenés en ces lieux sinistres. Enfin, s’il arrivait à les retrouver. Morgana était là, silencieuse, aussi immobile qu’efficace. On l’aurait difficilement imaginée se livrer aux mêmes débordements que ses demi-frères et sœurs. En tant que bâtarde de la famille Harpagon, elle avait toujours eu l’impression d’avoir à faire ses preuves, et n’hésitait pas à s’investir entièrement dans n’importe quelle tâche qu’aurait pu lui confier son père, le chef de clan. De leurs côtés, les jumeaux Lidyaëlle et Etilan étaient loin de faire preuve d’autant d’intégrité. Bien entendu, leur force lorsqu’ils combattaient ensemble et l’ardeur dont ils savaient faire preuve lorsqu’il s’agissait de commercer n’étaient plus à prouver. Encore aurait-il fallu qu’ils possèdent un minimum d’humilité. Un Harpagon ne pouvait connaitre autre péché que celui de l’Avarice, mais pour autant qu’on sache, l’Orgueil n’était pas en reste chez ces marchands légendaires. La famille tenait une place des plus importantes dans l’économie d’Avalon, et ce depuis des centaines d’années. Penser prendre le pouvoir sans leur accord ou du moins leur consentement tacite était fou. Il avait au moins réussi à s’attirer le respect d’Elenquiel, le leader du clan. Où à l’acheter. On ne pouvait rien conclure avec eux sans y laisser quelques pièces d’or, mais peu importe, il savait que l’homme l’estimait assez pour le faire accompagner de trois membres de sa famille. Quand on connaissait ce qui arrivait au coupable si l’un d’entre eux était blessé, c’était un privilège rare ; cela dit, ils avaient tous soufflés leur centenaire depuis déjà longtemps, chacun était probablement capable d’ailleurs de battre Eerah au bras de fer sans effort. Le moins qu’on puisse dire était qu’il ne se faisait pas trop de souci pour eux. Le problème principal à cet instant, c’était surtout de savoir où se trouvaient les deux jumeaux. Il avait – comme tout le monde – entendu pas mal de rumeur sur les relations un peu trop proches qu’entretenaient ces deux-là. Et en soi ça n’avait rien de vraiment étonnant, on trouvait de tout en Avalon, mais même là-bas, et surtout au sein d’une famille aussi réputée, ça faisait jaser. Comme pour venir confirmer ses dires, il entendit pouffer dans son dos, et dans un bruit de feuillage, les deux absents sortir d’un autre bosquet. « Qu’est-ce que vous faites ..? ». Etilan s’étouffa à moitié, et sa sœur pris la parole, d’un ton faussement sérieux. « Reconnaissance du terrain. ». Eerah secoua doucement la tête, un sourire en coin. Il ne pouvait pas s’empêcher de les envier un peu, mais ce n’était pas le moment.

Il se tourna vers le petit groupe, et répéta une dernière fois l’ordre de mission. « Bien. Si tout se passe bien, on entre et on sort, rien de plus simple. ». Chacun sentit qu’Etilan était sur le point de lâcher une blague plus ou moins graveleuse, et l’aveugle enchaina rapidement. « Nous cherchons des papiers signés de l’Eorishaze. Basiquement, un rouleau sur lequel le sceau royal de Megido aura été apposé, ni plus ni moins. Nous entrons dans la prison par quatre entrées différentes, dès que quelqu’un met la main dessus, vous déclenchez votre signal. Des questions ?  ». Aucune. Tout était clair, et ils savaient parfaitement se servir des deux torches qui leur avaient été données. Il s’agissait d’un système instauré depuis peu par le service recherche et développement de la Garde d’Avalon ; un bâtonnet de bois couvert de runes qui, une fois brisé en deux, diffusait une sonnerie télépathique aigue à une centaine de mètres autour de son point d’émission. Ceux-ci étaient réglés sur des esprits Déchus, ils ne risquaient donc pas de se faire repérer par le moindre Sorcier, à condition qu’aucun d’entre eux ne fut directement à l’écoute de tous les canaux télépathiques. On les nommait torches en référence aux modèles plus visuels qu’on donnait aux éclaireurs et qui fournissait des fumées colorées visibles à des kilomètres. Chaque membre de la petite équipe disposait donc d’un signal pour marquer l’accomplissement de l’objectif, et d’un signal d’urgence, en cas de problème grave. Ce dernier, plus complexe, diffusait à intervalles régulier un message à même de guider les secours. D’une manière ou d’une autre, tout le monde préférait éviter d’avoir à y recourir, pour des raisons évidentes. Une mission d’infiltration effectuée avec brio était une mission où personne n’avait à tirer de dague ; c’était vrai contre un bande de malfrats de grand-chemin, mais utopique devant le bastion sorcier. Personne ne se faisait d’illusion, s’ils voulaient réussir, le sang allait devoir couler.

S’assurant que tout le monde avait bien compris et enregistré les consignes, Eerah donna le départ de l’opération. Sans un bruit, le groupe se disloqua, et tandis que les jumeaux filaient à l’est pour se séparer un peu plus loin, lui accompagna Morgana sur quelques mètres avant de la laisser continuer jusqu’à son poste. Chacun patienta quelques secondes, c’était pour bientôt. Plus loin, sur le muret qui ceinturait le territoire Sorcier, les gardes étaient relevés, et une nouvelle ronde débutait. C’était le moment. Quatre vipères noires filant dans la nuit, les Déchus se muèrent courbés jusqu’au mur. Ils avaient répété de nombreuses fois leur entrée dans le camp ; chacun donna un unique et puissant coup d’ailes, comme un bond de géant au-dessus de l’enceinte adverse. Les gardes qui crurent entendre quelque chose ne songèrent qu’à des corbeaux, ou des rapaces nocturnes. Qui aurait assez d’audace, qui serait assez fou pour attaquer le peuple le plus puissant de ces terres, après tout ? L’équipe aux ailes noires glissait, se faufilait d’ombre en ombres. De temps à autre, ils brouillaient la vue d’une vigie, atténuaient l’ouïe d’une sentinelle, ou trompaient l’odorat d’un molosse, mais jamais on ne s’apercevait de leur présence. La seule chose qui les séparait de l’immense bâtiment demeurait le long pont de pierre. Pendant une seconde, une courte et fébriles secondes, ils durent aveugler tous les gardes qui tenaient leur regard braqué sur la construction sinistre. Si certains s’imaginèrent avoir cligné des yeux, d’autres grognèrent, croyant s’être brièvement endormi. En quelques instants à peines, ils furent chacun rendus aux points d’entrées qu’ils avaient choisis. La suite était plus compliquée. Personne n’avait les plans de la Prison, ce qu’on en savait se limitait à ce qu’on pouvait voir depuis l’extérieur. Jusqu’à ce que le signal retentisse, ils étaient tous livrés à eux-mêmes.

Dans un chuintement discret, la porte se referma derrière l’aveugle, soufflant une dernière fois l’air pur des plaines. Derrière les murs de la Prison, le bruit du vent et son contact soyeux n’étaient plus qu’un souvenir. L’atmosphère était lourde, immobile. Il n’y avait pas un son, et pourtant de temps à autre, l’air était déchiré par une plainte ou un claquement de fouet strident. Heureusement pour eux, nul besoin de descendre dans les sous-sols tortueux, ce qu’ils cherchaient devait être conservés dans les étages supérieurs. « Devait ». Le terme en lui-même, loin de le rassurer, ne faisait que le conforter dans l’idée qu’ils ne savaient pas vraiment ce qu’ils faisaient. D’un autre côté, ils auraient difficilement pu faire autrement. Peu importe la raison, les Sorciers ne leur auraient jamais donné les documents, et cela même s’ils n’en avaient pas l’utilité ; question de principe, dirait-on. Le problème ici était qu’ils en avaient certainement l’utilité. La mission était commandée par l’Orishala, elle visait à attester de la bonne volonté du Déchu. Eerah restait très détaché vis-à-vis de cette requête ; il était presque certain que l’homme ne l’estimait pas beaucoup, et surtout, il se pesait le pour et le contre quant à la volonté du roi Orisha de le voir mourir. D’un autre côté, il avait besoin de ces documents, il en allait « de la sécurité de Megido », de là à dire qu’il avait besoin de l’aveugle, il n’y avait pas long. De toute façon, songea le Déchu en poussant une porte du bout des doigts, il n’avait pas vraiment le choix. C’était ça, ou se passer du soutien Orisha, ce qui était simplement inenvisageable. Et puis c’était sa « reine » qui avait volé les documents, il était de son devoir de laver les Ailes-Noires de cette réputation qu’elle leur infligeait.

La pièce dans laquelle il venait d’entrer était humide, tropicale ; à l’odeur de pommes de terre et de légumes qui en provenait, c’était certainement la cuisine. Personne. À croire que les sorciers ne se nourrissaient pas. Aucune chance que les papiers se trouvent ici ; et pourtant, il sonda rapidement l’endroit, fit le tour des armoires et plans de travail. Non, bien sûr – il n’imaginait même pas dénicher l’objet de ses convoitises en moins d’une heure, et chaque minute de plus augmentait ses chances de se faire capturer, et intrinsèquement, d’être torturé jusqu’à ce que mort s’en suive, ou pire. Sans s’attarder, il ressortir, et examina chaque pièce une à une. L’aveugle était visiblement tombé du côté des messes, c’était bien sa veine. Après un énième placard à provisions, il songea à passer directement aux étages supérieurs. À n’en pas douter, c’était là-bas qu’il trouverait son bonheur ; mais rien qu’imaginer que l’objet soit caché dans une des salles qu’il n’avait pas encore visité le maintenait en place. Tout ce qu’il pouvait espérer, c’était que les autres s’en sortaient mieux que lui. Soudain, le signal d’alarme vrilla ses pensées, rude et brutal, lui pointant la direction à prendre. Quelqu’un avait des ennuis. Il jura en silence, et commença à courir, toujours courbé. Faites qu’aucun Harpagon ne meure, songea le Déchu. Le moindre problème avec la famille signerait l’arrêt des négociations et de leur coopération, il ne pouvait pas se le permettre. Le signal le menait vers l’entrée principale, la grande porte qui menait directement sur le pont. Le plus silencieusement possible, il accéléra l’allure. En quelques secondes, il y était rendu et au moment de franchir le dernier couloir, il repéra l’empreinte mentale de Lidyaëlle à quelques pas devant. « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? ». « Aucune idée. Cet abruti n’a pas intérêt à être blessé… ». La voix de la jeune femme n’était pas aussi assurée qu’auparavant, et Eerah n’insista pas. Ce n’était pas encore le moment de se lamenter. Arrivés à la porte, Morgana était déjà présente, accroupie dans l’ombre. Sans un mot elle tapota le bois pour leur faire comprendre que le signal venait de l’autre côté. Un soupir glissa des lèvres de Lidyaëlle : « Non… ». L’aveugle se placa prestement contre la poignée, prêt à l’actionner, et fit signe aux autres, en levant trois doigts. L’un tomba, puis un autre. Quand il replia le troisième, il fit pivoter le montant et poussa de l’épaule la lourde porte.

De l’autre côté, rien. Rien à part la torche d’alarme, au sol, et aucune trace de son porteur. Deux gardes venaient de se retourner, déjà occupés à observer l’objet avec attention. Il ne leur fallu pas plus d’une seconde, et l’alarme fut donnée. La Déchue aux côtés d’Eerah jura avec application. « Foutre, où est passé ce débile ?! ». La réponse ne se fit pas attendre. Plus haut, un bris de verre se fit entendre, et dans un cri victorieux, Etilan s’élançait dans le vide, directement sur les soldats, et les percuta de plein fouet en roulant. « Je les ai ! On se barre ! ». Ils ne se le firent pas dire deux fois. Sous les efforts combinés des quatre Déchus, la masse de gardes se dressant entre eux et leur issue se retrouva bientôt dotée d’une ouïe prodigieuse. Aux grands mots les grands remèdes ; c’était leur stratégie de secours en cas d’échec. Comme une longue plainte montante, les quatre Ailes-Noires commencèrent à scander en criant un chant de guerre Avalonien. De tous côtés, les Sorciers chutaient au sol en se tenant les tempes, hurlant à leur tour, ne faisant qu’aggraver leur mal. En sautant par-dessus la muraille, ils assaillirent le jeune frère. « Roh, ça va hein ! Je me suis gouré de torche, et elle m’a glissé des mains, rien de bien grave ! ». Dans l’air frais, et même par-dessus le son d’alarme de la Prison, le bruit distinct d’une gifle se fit entendre.

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