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 Fondations, partie 2, chapitre 1 | Niveau VI | Solo

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Eerah
Æther des Bergers et des Wëltpuffs

Æther des Bergers et des Wëltpuffs
◈ Parchemins usagés : 3537
◈ YinYanisé(e) le : 20/07/2013
Eerah
Dim 06 Juil 2014, 18:15


En passant les portes d’Avalon, l’aveugle inspira lourdement. Cela faisait des semaines, des mois qu’il n’y avait pas mis les pieds. Parce qu’il n’y était pas le bienvenu, évidemment, mais aussi par peur de découvrir que ses projets n’étaient pas appréciés de la majorité. La chute d’Aya ne pouvait que le conforter dans sa position, pourtant malgré cela, il sentait un nœud s’inviter dans ses entrailles, comme une épée de Damoclès vibrant à quelques centimètres de sa tête. Sans un mot, son visage masqué sous une capuche sombre, il passa devant la paire de garde qui surveillait les allées et venues de tous les touristes et marchands que la ville voyait passer. Il doutait que quiconque aurait pu l’imaginer venir se jeter dans la gueule du loup, alors que d’une certaine façon, il était plus en sécurité au cœur même de la cité qu’à la merci des assassins à l’extérieur. Le Déchu entra donc sans heurt, les soldats le remarquant à peine. Qu’auraient-ils fait, s’ils l’avaient reconnu ? Toute la Garde n’était pas à la botte de l’autorité en place, lui-même y avait de nombreux contacts ; d’anciens collègues, des amis oubliés, ressurgis de l’ombre après avoir entendu parler de ses pérégrinations. Nombre d’entre eux avaient instantanément rejoint sa cause, et ceux qui n’y adhéraient pas s’étaient contentés de refuser poliment, sans l’incriminer davantage. Et c’était bien la preuve du mal qui gangrénait la cité ; on accordait plus de crédit aux dignitaires et aux commerçants fortunés qu’à ceux qui, dans l’ombre, protégeaient les murs et les habitants d’Avalon, parfois au prix de leur vie. Tout commençait et finissait avec eux, et parmi le millier de gardes, on en retenait la plupart du temps que la dizaine couverte de dorures qui protégeait le palais d’Orae. Eerah ricana. Protégeait était un bien grand mot, personne n’était parvenu aux portes de ce château de décadence depuis des siècles ; on y postait d’ailleurs pas les plus puissants, ni les plus obéissants – non, ceux qui se voyaient attribué l’honneur de défendre la reine étaient ce qui parlaient le mieux, qui présentaient avec verve ou qui rayonnait naturellement de charisme. Autant d’effort pour donner une image positive, c’était impressionnant. On recouvrait littéralement des fondations branlantes avec du marbre, d’ici à ce que tout s’effondre, il n’y avait pas long.

Longeant les allées principales en empruntant toutes les petites ruelles sombres, il finit par parvenir dans les quartiers de la bibliothèque. Chaque mètre parcouru, chaque nouveau pas apportait son lot de désolation et de stupéfaction. La cité tombait en ruine. Nombre des échoppes qu’il avait connu avaient mis la clef sous la porte, et ce qui était autrefois des auberges respectables n’en avait plus l’allure ni l’odeur. Les choses allaient mal en Avalon, et il se sentait presque idiot d’imaginer qu’il aurait pu y amener une solution en claquant des doigts. Oh, il avait bien un plan, et pour l’instant, rien ne venait l’entraver. Tout ce qu’il lui fallait, c’était les doigts de fée d’Edwina, la reine Magicienne, et le soutien d’une majorité de son peuple. Le premier pouvait encore attendre, quant au second, c’était pour ça qu’il était là. Au bout de quelques minutes, le Déchu avait contourné l’immense bâtiment. La bibliothèque elle aussi avait souffert de la récession et des récents assauts sur la cité. On voyait encore sur les grands murs de pierre blanche la marque de l’inondation, et les colonnes ouvragées étaient entaillées, tâchées, brisées ; de tous les édifices présents en Avalon, c’était bien le seul qui l’importait. Le Déchu ne pouvait s’empêcher de grimacer en passant sa main sur les cicatrices torturées qui parcouraient la construction. Tout ça changerait bientôt, se promit-il. En attendant, il avait quelqu’un à voir, la seule personne en qui il pouvait avoir toute confiance. Tim habitait une ou deux rues plus loin, c’était lui qui le tenait informé de tout ce qui se passait dans l’enceinte de la ville Déchue. Par sécurité, l’aveugle n’avait pas jugé bon de le prévenir de son arrivée ; on ne pouvait jamais savoir qui lirait le courrier. Silencieusement, Eerah passa d’ombre en ombre, sans jamais forcer le pas. Le soir tombait, et d’ici quelques heures, il n’aurait même plus à revêtir le capuchon qui entravait son champ de vision. Aux dernières nouvelles, même les éclaireurs publics étaient défaillants, certains ne passaient même plus, et personne ne venait les remplacer. Oui, encore quelques heures et il serait libre de circuler librement dans sa ville, comme il l’avait fait pendant des décennies. Une dernière intersection se profila, révélant la maisonnée du bibliothécaire. Le Déchu se stoppa net, reculant d’un pas pour se dissimuler derrière le coin d’une échoppe.

Une demi-douzaine de soldats encerclait la maison, montant la garde, quatre d’entre eux situés à chaque coin du bâtiment, et les deux restants tournant régulièrement autour de celui-ci. Eerah jura dans un murmure ; ce n’était pas du tout ce à quoi il s’attendait. Tim s’était fait prendre ? Non, si tel était le cas il se serait déjà fait exécuter. Alors quoi ? Ce n’était pas une coïncidence si on avait placé une véritable petite escouade à proximité du seul endroit de la ville où il aurait pu se rendre. Il toussota, en changea d’apparence pour revêtir celle d’un vieillard, avant de s’asseoir sur un tonneau, grommelant une série de paroles incompréhensibles. Conjointement, il laissa son esprit voguer jusqu’aux frontières de la maison, et à ses occupants. Son ami était bien là, ainsi qu’un autre homme, probablement un garde supplémentaire. Rapidement, il constata qu’on avait cerclé l’esprit du jeune homme avec une alarme ; n’importe qui tentant de communiquer avec lui par la pensée déclencherait le piège. Durant quelques minutes, il examina la barrière mentale sous tous les angles, chercha les failles, les portes dérobées. On ne pouvait pas protéger un esprit à cent pourcents, c’était impossible, lui-même avait essayé et s’y était usé les dents. En se glissant par un interstice dans la muraille psychique, le Déchu finit par accéder aux pensées de l’angelot. « Tim. ». « Eerah ? Tu ne dois pas rester là. Ils n’ont rien trouvé, ne t’inquiète pas, juste des soupçons ; quelqu’un a dû laisser passer à table, ils ont fait pareil avec Ash, Lishä, tous les autres. ». L’ancien soldat jura de plus belle. « Toi, tout va bien ? Le type avec toi, il t’a fait du mal ? ». Un court silence, alors que l’esprit du bibliothécaire s’agitait légèrement. « Euh… Non, non. C’est, euh… Mon petit copain. Enfin bref. ». Une seconde passa sans qu’Eerah ne comprenne, avant de se remémorer leur dernière rencontre et ce qu’elle avait soulevé. « Ah. Au temps pour moi. ». « C’est pas important. Il faut laisser toute cette affaire se tasser, ce n’est qu’avec l’attaque récente que les soldats ont été mobilisés, laisse passer une semaine ou deux, et ils trouveront vite autre chose à faire. En attendant, va au nord de la ville, dans un bordel, ‘La Flèche de Velours’. Demande Tenuviaelle, elle t’aidera à te cacher en attendant. C’est une amie, et une fervente défenseuse de ta cause. ». « Très bien. J’irais la voir. Prends soin de toi, Tim. C’est bientôt fini. ». Même à distance, il sentit presque le jeune homme sourire. « Je sais. ». Il ajouta cependant, l’air concerné : « Une dernière chose, cette femme est… Particulière, disons qu’elle a son franc-parler. Ne te laisse pas impressionner. ». Eerah failli éclater de rire. « Je devrais m’en sortir, va. ». Rien à cet instant n’aurait pu lui faire présager à quel point cela allait être plus compliqué que prévu.

La nuit était bel et bien tombée désormais, et il avait laissé derrière lui Tim et ceux qui le surveillaient. Il avait raison, ces soldats ne resteraient pas éternellement en poste, il y avait bien trop de crises à gérer pour garder six hommes sur une simple présomption. Quoiqu’il puisse en penser, le Déchu n’était pas si important que ça, et il doutait même que la nouvelle reine en place s’intéresse de près ou de loin à son cas. C’était surement Adam qui avait fait prendre ces mesures. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était attendre, comme le lui avait conseillé son ami. Il n’était pas plus pressé qu’envieux d’attirer sur lui les regards de la Garde. Forcé de traverser la ville à pied pour ne pas se faire remarquer davantage, il n’arriva au lieu de rendez-vous qu’un peu moins d’une demi-heure plus tard. « La Flèche de Velours » se reconnaissait entre mille, une enseigne plus qu’évocatrice décorait l’entrée du bâtiment, bardée de deux lanternes teintées de rouge. Loin du palais, les soldats se faisaient de moins en moins présents, il n’eut même pas à se dissimuler pour entrer dans le lieu de plaisir, retrouvant non sans satisfaction son apparence originelle. Parvenu au comptoir de l’établissement, il glissa une bourse rebondie et un sourire à la réceptionniste. « Où pourrais-je rencontrer Tenuviaelle, s’il-vous-plait ? ». Il sentit le regard surpris et curieux peser sur lui. L’or tinta alors qu’elle jetait un regard au contenu de la poche en cuir. « Vous savez qu’avec ça, vous pouvez avoir bien mieux que cette gamine ? ». « Je n’en doute pas, mais elle m’a été chaudement recommandée par un ami. ». « J’espère pour vous que ce n’était pas une farce alors. Quoi qu’il en soit, chambre numéro seize, troisième étage. Vous voulez que je vous y conduise ?.. ». Eerah sourit de plus belle, et saisit doucement sa main pour y poser un baiser. « Ça ira, merci. ». Grimpant deux à deux les marches menant à l’étage, il commençait à se poser de plus en plus de questions sur la jeune femme ; était-elle à ce point exécrable ? Pour avoir côtoyé de près les femmes du clan Taiji, il doutait qu’on puisse réellement faire pire. En parvenant à la porte décorée du numéro doré, il toqua rapidement. De derrière le bois lui parvint une voix pressée. « Une seconde ! Ou… Deux, en fait. Peut-être trois. ». À peine avait-elle finit de parler qu’un vacarme de meuble bousculés et de tiroirs dérangés lui parvint, entrecoupé des miaulements frénétiques d’un chat en colère et des jurons imagés de la jeune femme. Un instant plus tard, elle vint ouvrir la porte. « Quoi ? ». C’était dit avec tant de sympathie et de douceur qu’il en tombait presque à la renverse ; presque. Eerah n’eut le temps que d’ouvrir la bouche, sans pouvoir prononcer un mot, lorsqu’elle le tira à elle, claquant la porte dans son dos. « C’est vous !.. ». Le Déchu hésita à confirmer ou infirmer la déclaration. Est-ce qu’elle était vraiment digne de confiance ? Tim assurait que oui, mais on ne pouvait être sûr de rien, jamais. Il haussa les épaules en se tournant vers le reste de la pièce. Il y régnait une odeur sucrée, pleine d’arômes citronnés et de saveurs d’agrumes. Et également la fragrance moins subtile d’un chat, un chat qu’il n’avait pas oublié. « Roupoupou ? ». Un miaulement paresseux confirma ses dires. De son côté, la jeune femme parut estomaquée. « Sinon bonjour, non ? J’hallucine, c’est le chat ou moi que vous êtes venu voir ? ». Son « franc-parler » n’était donc pas un euphémisme. « Non, je suis simplement étonné de le trouver ici, la dernière fois c’était… Enfin bref, peu importe. Tenuviaelle, je suppose ? ». « Effectivement, oui. Et vous êtes Eerah Scaldes. ». Ce n’était pas une question, mais une constatation ; Tim avait dû lui parler un peu de lui. Un court silence s’installa, bientôt brisé par la respiration de la jeune femme, inspirant pour retenir son souffle. « Bienvenue, alors. Désolé de vous l’annoncer comme ça, mais vous allez rester dans cette pièce pendant une bonne semaine, au moins. ». Ladite pièce était emplie de coussins moelleux, une petite étagère couverte de livres et donnait accès à une salle d’eau ; en soi, c’était loin d’être une punition, d’autant plus que sa compagnie était pour le moins agréable. « Ça n’a pas l’air si… Terrible. ». Il accompagna sa remarque d’un sourire en se tournant vers la Déchue, qui eut un petit rire en retour. « Ravie de vous l’entendre dire. ». Elle fit deux pas en avant. « Alors c’est vrai… Vous êtes aveugle… ». Pas besoin de la voir pour savoir qu’elle agitait en ce moment même sa main devant lui ; comme s’il allait la suivre des yeux. Il entrouvrit la bouche pour répliquer, mais elle ne lui en laissa pas le temps. « Parfait. ». Eerah n’entendit que le son d’un drapé se froisser au sol, du tissu jeté à l’autre bout de la pièce. « J’ai horreur de rester habillée chez moi. ». Si le Déchu tiqua un instant, il fit tout pour ne pas le montrer, tâchant sans résultat de réprimer un sourire amusé. Non, ce n’était vraiment pas un calvaire de vivre avec la jeune femme. « J’y pense, tu n’as payé que pour la nourriture, en bas. Nous sommes un établissement de luxe, en conséquence, je vais devoir prélever moi-même mon salaire. ». Elle poussa l’aveugle de la paume, et vint s’asseoir sur lui toutes griffes dehors. « Au fait… Enchantée. ».

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