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 Se libérer des Chaînes de l'esclavage [Adril - Quête à usage unique]

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Dim 03 Aoû 2014, 14:09





Avoir un Maître c’était un peu avoir un père. J’avais cruellement manqué de cette présence masculine qui ne désire, bien évidemment, pas vous tuer, contrairement à mes autres Maîtres. Après notre rencontre, chacun était parti de son côté, j’étais allé à Drosera où je m’étais trouvé un autre Maître pour m’apprendre la médecine.  En sommes j’étais un apprenti médecin doublé d’un apprenti guerrier. Adril était un homme assez froid et distant, il n’avait pas vraiment le temps de s’occuper de moi, d’ailleurs ce n‘était pas une obligation. Il était pour moi le sang même de la race des Alfars, car ma famille d’accueil ressemblait plutôt à une famille d’elfe, où le mot faiblesse et pitié avait sa place. Nous nous retrouvions donc dans une grande clairière pour les leçons. J’avais effectivement beaucoup de mal à comprendre ma propre race, je la trouvais totalement désunie, comme si sa force résidait dans le troisième plateau et sa faiblesse dans le premier, ce qui était  vrai, mais n’est-ce pas normal de faire grandir les plus faibles pour qu’ils deviennent forts et donc répartir les forces de Drosera ? Il fallait être puissant tout de suite et pour cela, il était impensable de les laisser apprendre seuls. C’était d’ailleurs ce que je faisais en ce moment même, j’apprenais à être fort et à vivre comme ma race.

J’avançais dans la clairière, il n’était pas encore là, où si c’était le cas, je ne le voyais pas. Ce qui était difficile avec lui, c’était de le déchiffrer. Je n’avais aucune idée de sa vie, mais je ne préférais ne pas lui poser la question, de peur qu’il m’en colle une directe. Dans tous les cas, j’étais d’une humeur provocante, j’avais donc la ferme attention de jouer avec ses nerfs et de parler de son passée. Il faut croire que ma tendance masochiste n’était pas partie en même temps que Léto, car je me doutais que mon Maître n’allait pas se laisser faire, et par conséquent… que ça allait faire mal ? Je ris doucement à toutes les phrases que je pouvais lui sortir pour le mettre en rogne ou pas d’ailleurs, peut être me le serait-il payer à l’entrainement sans sortir de ses gonds ? Je m’assis sur un rocher, je repensais alors à tous ces esprits qui revenaient à la vie, à toute cette magie qui s’en allait… La magie d’Adril déclinait-elle elle aussi ? Je regardais en l’air pour me sortir tout cela de la tête, si mon esprit était ailleurs, je ne serais jamais capable de me battre convenablement. Je n’avais d’ailleurs toujours pas pris de force, j’étais exaspéré par mes muscles qui ne désiraient pas gonfler sous l’effort. Je soufflais en touchant mon bras, irritant n’est-ce pas ? J’avais l’agilité d’une fille qui faisait de la dance de bohémienne et la force d’une mouche, pathétique pour un homme. J’avais le corps d’un lâche, d’un fuyard… jamais je ne deviendrais un guerrier si cet amas de muscles ne décide pas de pousser un peu.

Le temps passa sans que le vent vienne siffler dans mes oreilles. Ce qui était une aubaine, je pouvais entendre autour de moi, sans qu’il n’y ait de bruits parasites comme les branches et les feuilles qui dansent au grès de la brise. Je pus donc l’entendre arriver, avec toute l’indifférence qui le caractérise tant.

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Mar 05 Aoû 2014, 14:07

« Tu veux partir ? Quel mal te prend Adril ? Le monde est en crise.
D’un pas lent, Cyrus vint accouder le rebord d’une fenêtre, le regard jeté en contrebas. Les terres du repaire des magiciens avaient été mises au service de l’agriculture. Pas une parcelle n’échappait au semis, malgré cela tous mourraient de faim. Car le reste de la place souffrait de la surpopulation. Là où allait normalement un homme, on en mettait dix. Les races et les familles se trouvaient contraintes à une anormale promiscuité. Tout devenait excessivement difficile. Chacun souffrait, mais aucun ne se plaignait : à l’extérieur, les choses étaient plus graves encore.
« Ce garçon n’est pas des nôtres. Poursuivit gravement l’alfar. Nimbrethil a besoin de son leader. Tu ne peux pas t’absenter de cette façon. Que ferons-nous si tu es tué ?
-Je ne serai pas tué.
-Adril…
Mon regard s’ancra dans celui de Cyrus. Pendant un long moment, nous laissâmes s’écouler les secondes, prit dans l’immobilisme d’une pensée suspendue. J’esquissais un rictus, tout en achevant de boucler les sangles de mon armure de maille.
« Tinuviel prendra ma place.
Le doyen du clan s’agaça.
« Tinuviel est partie ! Par tous les sends, ouvre les yeux… Elle t’a berné. Vous n’êtes plus tous deux…
Mains posées à plat sur le rebord de pierre, il se pencha juste assez au dehors pour pouvoir apprécier l’odeur de l’air, hélas trop viciée par les allées et venues d’humains de plus en plus nombreux.
« Considère de la répudier… ou tue là… mais ne laisse pas les choses en l’état : elle ne changera plus désormais. Il est encore quelques femmes dont la lignée ferait un bon mariage.
-Nous verrons cela en temps et en heure.
Glissais-je, tout en faisant chanter l’acier brillant de mon sabre elfique dans son fourreau. Je quittais alors la chambre laissée à mon clan, pour m’engager dans le dédale des couloirs du repaire des mages blancs. Jusqu’au moindre recoin des plus sombres arches, les humains s’entassaient. Grouillant, à la manière de la vermine, je voyais leurs visages abattus, leur angoisse. Aussi, la perspective de m’extraire de cet oppressant contexte m’apparaissait comme une aubaine inespérée.  

A la frontière de la barrière magique, elle sortit depuis le modeste bosquet de quelques arbres épargnés. Sa chevelure blonde en pagaille, son visage à l’air timide : elle était l’incarnation d’un souvenir passé en tous aspects.
« Je veux t’accompagner. Dit-elle, le regard affolé. Cet endroit me met mal à l’aise. Je veux venir avec toi.
-Non.
Je m’engageais hors de la frontière, elle me suivit.
« Je t’en prie Adril !
Me retournant vivement, j’attrapais son bras. Jetée d’un geste sec, elle tomba à la renverse, mais se redressa aussitôt. Immobile, elle me regarda m’éloigner. Tinuviel : comment as-tu pu croire que je me laisserais berner par une création aussi grossière ? Le paradoxe de constater qu’elle était plus conforme que toi à mon souvenir n’en était que plus douloureux. Quelle ironie… Mais de ce tour, crois-moi, tu apprécieras un jour le revers.

A l’orée d’une forêt sans nom, en bordure de montagne, je mis en suspend ma route. Oreille tendue, sens alertes : les dangers de l’anarchie s’étaient multipliés. Le moindre son pouvait cacher une horde de sans patrie avides. Mais ici, la menace était bien entendu d’une toute autre nature. Décocher une flèche ne prend guère plus d’une seconde : elle vint se ficher dans le fût d’un chêne à l’agonie, en faisant résonner le bois d’un son bref et sec. Luthien se dévoila à la lumière. Sa petite main aux doigts blancs vint saisir la flèche. Elle approcha en jouant, de ses ongles, avec la pointe.
« Nous ne sommes pas vraiment marié je crois… je ne suis pas forcée de t’obéir, n’est-ce pas ?
-Je te tuerais volontiers pour cette insolence.
Fis-je, alors qu’elle replaçait dans mon carquois la flèche. Ma main glissa jusqu’à son cou, en l’enserrant doucement. Lui briser la nuque était aisé, à portée. Un geste et elle mourrait de ma main. Elle le savait, pourtant, elle ferma les yeux et se laissa faire. Je relâchais finalement mon emprise et repris la route.

Les terres dévastées souffraient moins que les autres de la surpopulation. Point de ressources, aucune possibilité d’exploiter la terre : ceux qui s’y éveillaient s’en éloignaient pour rejoindre les villes. Enfin, je retrouvais la quiétude. L’absence d’humanité, la solitude qu’offre la nature : un souffle d’air, une résurrection.
Aëran, conformément à notre entente, attendait au point de rendez-vous. Toujours agacé par la présence de Luthien dans mon dos, j’allais à lui sans mot dire. Mon regard viridien le scruta pendant un moment. Il semblait se porter bien.
« Comment gères-tu les derniers évènements ?
Questionnais-je alors sans forme, d’un ton abrupt.
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Mar 05 Aoû 2014, 18:11





Le vent se leva enfin à son arrivée. Un regard vers lui me fit froncer des sourcils et fit monter en flèche mon taux de provocation. Je me levais sur mes gardes, dardant du regard celle qu’il trimballait. Alors qu’il m’adressait la parole, je reconcentrai mon attention sur lui, ne voulant pas lui manquer de respect : « Avec cette surpopulation, ceux qui me pourchassent sont occupés ailleurs… c’est donc un mal pour un bien. » Je bougeais sur place, bouillonnant littéralement. Ma voix ne reflétait aucune émotion, je me demandais juste pourquoi il l’avait emmené ici. Depuis que je me suis enfui, mon aversion aux femmes avait évolué. Au début j’en avais eu peur, ensuite je les ai tout bonnement évités, aujourd’hui je voulais leur faire mal. Léto en avait payé les frais lors de nos ébats, même si elle apprécier tout naturellement la douleur. Mon regard se perdit un peu partout, je voulais lui répondre plus longuement, lui demander comment il gérait la situation lui aussi… mais à la place, je sortis : « C’est qui celle-là ? Pourquoi elle vous suit comme une chienne ? » Mon ton c’était durci, et tout naturellement, je m’étais positionné comme-ci un combat allait s’engager, près à éviter les coups. Prenant conscience de l’aberration de la situation et de ma réaction, je me retournai en tapant dans une branche morte. Je ne pus néanmoins pas m’arrêter, j’avais trop de colère envers les femmes : « Ce n’est même pas une Alfar ! Elle émane une bonté qui me donne envie de vomir ! Et si j’ai bien compris, les mots tels que pitié ou bonté n’ont pas leur place dans notre race ! » Je ne m’étais même pas posé la question de savoir si cette femme avait un lien avec mon Maitre. Peut-être était-ce sa fille ? Peut-être était-ce également une élève ? J’étais bien trop maladroit pour penser avant d’agir, surtout lorsqu’il s’agissait d’une femme. Cela devait la mettre mal à l’aise ou la mettre également en colère, mais la seule chose à laquelle je pensais était que je devais me rapprocher d’elle pour lui faire mal. Je repris donc mes esprits.

Je soufflai en m’assaillant sur ma roche. La tête penchée au début, puis je la relevai pour m’expliquer : « C’est vous le Maître, libre à vous de vous entourer de qui vous voulez. Sachez néanmoins que je ne serai pas tendre avec elle, quelle qu’elle soit, elle ne m’inspire ni confiance, ni compassion. » Je me relevai, ne regardant jamais Adril dans les yeux. Je ne sus trop pourquoi, peut-être par habitude, mais je prenais cela comme une marque de non-respect. Ce n’était pas pour autant que je garderais mes avis pour moi, et j’étais prêt à recevoir maints coups pour mon insubordination, tant que je préservais ma liberté d’expression. J’étais maintenant prêt à répondre à sa question : « La surpopulation ne m’inquiète pas tant qu’elle n’affecte pas mon peuple. Pour le moment nous ne constatons qu’un manque apparent de nourriture et de toits, beaucoup vont surement mourir, mais… » Je m’arrêtai un moment avant de continuer : « Mais la perte de quelques un feront vivre les autres, il y aura moins de bouches à nourrir ou à loger. » Était-ce vraiment moi qui venais de dire ça ? Étais-je prêt à voir bon nombre mourir lentement pour vivre et voir vivre ceux que j’aime ? Je soufflais, mon instinct de survie restait la plus grande partie en moi qui ne cesserait jamais d’exister. « Comme vous pouvez le constater, je gère mal les derniers événements, comme tout le monde, je pense. On ne sait pas ce qui ce passe, ou ceux qui savent doivent surement se taire… Il s’y passe des guerres qui ne servent à rien, des règlements de compte qui détruisent des peuples, puis les monstres en forme d’humain et maintenant la surpopulation, je ne sais même pas où donner de la tête ! Je ne sais pas qui protéger, ou attaquer, ou encore si cela sert à quelque chose. » Je soufflai une nouvelle fois en passant la main dans mes cheveux : « Vous semblez avoir traversé d’autre crise, peut-être de grandes guerres… Dites-moi comment gérer cette situation »

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Mer 06 Aoû 2014, 00:46

J’acquiesçais d’un lent hochement de tête sa constatation. Privés de magie, il était certain que les sorciers et autres humains à pouvoir ne pouvaient se livrer à leurs sombres activités habituelles. La guerre rappelait partout les sujets de chaque peuple dans le rang des armées. Mon attention abandonna toutefois rapidement le propos du jeune alfar, pour se focaliser sur l’agitation croissante qu’il se laissait aller à afficher. En dépit d’un timbre monocorde, il transpirait la nervosité. Son effort pour dissimuler toute trace de sentiment n’en était que plus évident. Et sa réplique suivante, en plus de confirmer mon intuition, m’offrit jusqu’à l’objet de son angoisse. Elle : une chienne. Mon regard se durcit. Il était certain que si cette femme à mon côté avait été mienne, je lui aurais fait regretté d’avoir employé ce terme. Mais Luthien n’était qu’une création. Une création dont j’ignorais la nature exacte, mais que l’on pouvait résumer à l’avatar de ma véritable épouse. Ce qu’elle dégageait, toutefois, lui appartenait bel et bien. C’est pourquoi l’insulter revenait à insulter Tinuviel en personne. Mon agacement d’accru encore, nourrit par le reste de son monologue. Un tel acharnement ne pouvait qu’être le symptôme de quelque chose de plus profond… mais cela n’était pas mon problème. Je n’aimais pas que l’on me parle sur ce ton.
« Tu vas le laisser m’insulter de la sorte ?
Intervint soudain la jeune femme à la chevelure blonde, qui s’était avancée pour le mieux foudroyer du regard.
« Que connais-tu seulement des alfars, petit con*ard ?
-Assez, Luthien.
J’attrapais l’elfe par le bras et la tirait vers l’arrière. Mes prunelles viridiennes oscillèrent de l’un à l’autre. Et à moins d’être parfaitement idiot, ils savaient qu’aucun d’eux ne gagnerait à relever cet incident. Je ne tolérais aucune insubordination : jamais. Chacun se devait de rester à sa place aussi longtemps que je me trouverais à leur tête, ils avaient tout intérêt à se soumettre à mes ordres. Je n’étais pas d’humeur. La fille de la forêt le comprit et détourna les yeux, blessée dans son orgueil. Je la relâchais au moment où elle décida de reculer de quelques pas.

Aëran poursuivit alors par un bref exposé de sa situation. J’emmagasinais l’ensemble de ces informations, afin d’y songer plus tard. Il était visiblement égaré et avait besoin de repères. En tant que maître, c’était bel et bien à moi de lui en donner. Laissant s’égrainer quelques secondes, j’approchais finalement de lui et, sans forme ni introduction, lui asséna un coup en plein visage.
« Pour commencer, n’attise pas la colère de ceux qui te protègent. Fis-je en me massant le poing de mon autre main. Une petite mise au point s’impose avant tout, visiblement…
Je me détournais, bras croisés. Luthien ne s’enhardie pas à jubiler de ce retournement de situation : elle ne voulait pas risque de se voir elle aussi gratifiée d’une quelconque correction.
« La vie de cette femme m’appartient. J’attends de toi un comportement convenable à son endroit que cela te plaise ou non. Par ailleurs…
Immobile, je me pris à lire l’expression de son visage. Jeune alfar rebelle, amoureux de l’impertinence : à quoi bon jouer ta vie à coup de fierté déplacée ?
« Il est inutile de chercher des raisons à ce chaos, Aëran. Notre monde se déchire, c’est un fait… Contente-toi de survivre. Protège ceux que tu veux voir vivre, écrase les autres en leur nom. Et si la conviction qu’agir pour rééquilibrer la balance du monde t’apparaît comme seule ligne de conduite, alors fais-le. Un homme qui suit ses convictions n'est jamais dans l'erreur.
Le regard de Luthien s’était dissout dans l’atmosphère, comme elle se laissait aller à contempler le néant du ciel au-dessus de sa tête. Absente, pensive, elle s’éloigna encore de quelques pas, comme je poursuivais.
« Cela dit, n’oublie pas que pitié et bonté conduisent parfois quelques âmes à prendre sous leur aile un semblable menacé. La référence à sa personne me semblait évidente. Impitoyable, mauvais sont des appellations humaines usitées pour nous décrire. Méfie-toi de leur vision, Aëran. L’âme des alfars ne peut être couverte par leur philosophie du bien et du mal.
Il voulait comprendre son peuple, que je lui en enseigne l’esprit. Le moment était venu.
« Nous respectons les lois de la nature : vivre, ou mourir. Un chef qui arrache sa place à ses rivaux prouve au reste de son clan qu’il est le plus apte à les protéger. Nous sommes élitistes, Aëran, parce que nous en avons besoin.
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Mer 06 Aoû 2014, 14:39





Tout avait été très vite. Mon insubordination fut très rapidement remise en place par un coup de poing qui me fit tomber à terre. Je mis attendais bien évidemment, et les coups ne me touchais pas plus que cela. En réalité, c’était limite si je ne créais pas des problèmes pour que quelqu’un me remette à ma place. Une place sur laquelle j’avais du mal à rester immobile et sage. J’avais s’en cesse besoin d’une remise à l’ordre, que l’on m’aide à être quelqu’un. Il faut croire que j’avais trouvé la bonne personne, quelqu’un que je ne pouvais en aucune sorte manipuler ou dominer d’une quelconque manière. Oui, Adril était parfait pour cela. Imperturbable et Sage.

Je me relevais sans mots, sans poser la main là où le coup avait été porté. On pouvait voir que c’était une habitude qui n’était pas partie avec le temps, un passé bien trop présent. Je l’aurais bien remercié d’avoir été aussi conciliant dans cette remise à l’ordre, mes autres Maîtres ne se seraient pas contenté d’un coup de poing, mes cicatrices dans le dos en étaient témoins. Je ne fis pas attention aux insultes de la jeune femme, quelle importance ? Je l’avais insulté, elle avait fait de même.

Mon Maître continuait de parler, et je l’écoutais comme un bon élève se devait de le faire. Je pensais alors à notre première rencontre, lorsque je lui avais fait part que j’étais un mauvais disciple. Je souris, j’étais vraiment un beau s*l*ud. Je venais d’insulter la femme qui l’accompagnait et la réaction d’Adril me faisait rire, à croire que la situation n’était pas assez embarrassante. J’étais effectivement gêné, je me faisais disputer comme un enfant par son père, jamais cela ne m’était arrivé. Là d’où je viens, on m’aurait battu, privé de nourriture, empêché de dormir sans jamais m’expliquer ce que j’avais fait de mal. Jamais on ne m’a appris à vivre comme les miens, à vivre tout court. Adril était dure, mais j’en avais besoin, la manière douce n’aurait jamais fonctionné sur moi, j’avais besoin d’un bon coup sur la tête pour me reprendre.

Je soufflais en comprenant l’homme en face de moi. Je me tournai donc vers la femme :
« Je suis désolé de vous avoir manqué de respect, je n’ai aucune excuse. » Les mots furent durs à sortir, mais je lui devais bien ça. Je me retournai vers Adril : « Cela ne se reproduira plus, Maître. » Je brisais ici mon arrogance, mais j’étais conscient que mon comportement avait été déplacé. Saari m’avait montré que toutes les femmes ne se ressemblaient pas, alors pourquoi continuais-je à vouloir leur malheur ?  Je ne baissais néanmoins pas la tête, trop fière. « Je comprends bien avoir une idée erronée du peuple Alfar, ayant vécu avec des sorciers ou d’autre qui ne faisais pas partie de ma race. Je pensais que le peuple Alfar était impétueux, sans pitié… Mais n’est-il pas vrai que la plupart laissent les plus faibles apprendre seul ? Ne perdons-nous pas nos forces en faisant cela ? » C’était des questions que je me posais depuis que j’habitais Drosera.

L’heure était à l’apprentissage, autant moral que physique, et je sentais du sang s’échapper lentement de mon arcade. Je le laissai descendre sans y prêter attention, jusqu’à ce qu’il vienne au coin de mes lèvres. Ma langue ne put résister à l’appel du sang, mais dans un geste un peu maladroit, j’essuyais du revers de la main de filet rouge pour ne pas réveiller la bête, pour ne pas montrer au grand jour mon gout pour le sang et la chair.
 

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Jeu 14 Aoû 2014, 23:07

De son pas léger, Luthien traça un cercle autour de nous. L’air ailleurs, le geste lent, elle feintait l’inattention par un regard vide focalisé sur on ne sait quoi. L’oreille tendue sans en avoir l’air, elle écoutait nos propos. Et c’est baignée par cette diffuse autant que factice indifférence qu’elle accepta les excuses du jeunes alfar. Un hochement de tête à peine perceptible, un battement de cil au détour d’un long pas félin : elle semblait avoir déjà oublié l’incident. Je devinais quelle pensée occupait son esprit en vérité. Comprendre, expliquer, les raisons de mon choix. Pourquoi moi, un chef de clan à cheval entre deux races, avais-je accepté d’enseigner la culture alfar à un jeune dont le sang n’était lié à aucune dynastie. Aëran n’était pas noble, il n’était pas de belle lignée : en vérité, il n’était pas grand-chose. Malgré cela… Malgré cela j’avais fait ce choix et cela éveillait en elle de nombreuses interrogations. Elle, la seule à me connaître véritablement et sous tous les angles, savait que cela cachait quelque chose. C’est pourquoi elle s’évertua à capter chacun de nos échanges et se rapprocha quelque peu, au moment où mon disciple entra dans le vif du sujet. J’étais troublé par ce parfait mimétisme. Tinuviel était cette femme, mais elle, Luthien, n’était pas Tinuviel. La reconnaître en cette création accroissait colère, perplexité, regret. Un surplus d’affect inapproprié, que je m’empressais de chasser.
« La réalité des alfar est complexe. Fis-je. La résumer n’aurait guère de sens. Pas plus que de faire des généralités.
Détournant la tête, j’allais m’asseoir sur un rocher proche. La posture se prêtait mieux à évoquer l’histoire.
« Il est important de distinguer les alfars issus de Drosera et ceux de la forêt des murmures. Par ailleurs, Drosera même est divisée. Chaque famille, chaque clan, possède ses propres lois, sa propre logique… mais on y retrouve effectivement un culte de l’élitisme. Comme une essence commune à tous ceux de notre sang.
Luthien vint s’asseoir non loin de moi. Accroupie, les bras cerclant ses jambes, elle semblait un petit animal.
« Les jeunes suivent généralement l’enseignement de leurs ainés. A défaut de clan, ce sont les familles qui assurent l’éducation. La société forme peu, car c’est une question d’honneur. Un alfar brille par sa réussite, c’est un fait. On comprendra qu’il ne peut décemment tolérer que sa descendance salisse son honneur par de la médiocrité.
Je marquais une courte pause afin de regarder la jeune elfe, dont la chevelure flavescente obombrait, sous l’effet d’une légère brise, ses prunelles smaragdines.  
« J’ai combattu aux côtés des mages blancs il y a de cela quelque temps. A la tête de leur armée est un homme qui n’aime pas la guerre. Dans leurs rangs sont des gens du peuple. Crois-tu que cela vaut mieux que de laisser seulement ceux qui le veulent atteindre le sommet ? Les mages blancs n’ont pas gagné cette bataille. Plus grave encore : la décision de leur état-major a manqué de condamner l’ultimage en personne. Le véritable danger à placer des hommes à une place qui n’est pas la leur réside précisément en ce point. La guerre, la politique, l’art ne sont pas l’affaire de tout le monde. C’est l’affaire de l’élite.
Le silence retomba sur nos têtes une seconde fois, alors que je contemplais un coin de ciel.
« Lorsque l’on contemple une toile de maître, on ne pense pas à mettre un pinceau dans toutes les mains. Nous ne naissons pas tous égaux, c’est un fait. Pousser un faible à atteindre le sommet est aussi injuste que de briser les jambes à un meneur né. Si cela te semble étrange aujourd’hui, c’est parce que tu es abreuvé de logique humaine. Mais crois-moi, tout ceci est bel et bien la norme pour nous. Aussi vrai que le ciel est azur, ceci est notre nature. Aller contre est une perte de temps imbécile… D’autres questions ?  
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Lun 29 Sep 2014, 20:58





« Pousser un faible à atteindre les sommets… injustes…», répétais-je en le regardant. Je n’avais aucune expression de sympathie, aucune expression tout court. J’avais le don de le haïr et de le vénérer d’une seconde à l’autre, peut-être aussi que le transfert que j’opérais avec lui n’était pas l’un des plus aidant. Un père, un maître, quelle différence ? Tous deux dominaient après tout et je voulais s’en cesse mettre à l’épreuve cette domination flagrante que j’appréciai et détestais en même temps. En réalité, pour moi, une relation malsaine vint s’installer, une attirance physique face à l’Alfar et un dégout plus grand que jamais à la fois, toutes deux rythmant mes provocations et ma résignation face à lui. « Pourquoi vous accommodez-vous de la tâche alors ? » lâchais-je soudainement sans tenter d’être plus compréhensible. Je regardais la femme qui semblait totalement résignée à l’homme « C’est surement l’une des questions qui vous brûle les lèvres… » Je regardais le ciel, un peu perdu dans mes propres pensées « Peut-être avez-vous aussi baigné dans la logique humaine… » Sans me laisser abattre pour autant, je continuais en regardant mon Maître : « je suis né faible, je n’ai jamais été plus qu’un chien près à mordre pour ses maîtres, alors pourquoi aller à l’encontre de vos propres mots ? Voyez-vous en moi autre chose que cela ? » Dis-je sur un ton désinvolte : « Il n’y a rien qui puisse vous retenir si ce n’est le fait d’aider un faible, mais cela ne fait PAS partie du principe de notre race et je suis parfaitement d’accord avec ça ! Mais seriez-vous amènes de me donner une définition claire du mot faiblesse ?! » Je commençais à bouillonner, on ne m’avait jamais expliqué ce que cela signifier vraiment, même si depuis des années je savais que j’en faisais partie. « Est-ce que je ne dois plus rien ressentir ? Dois-je obéir ou me battre contre l’autorité ? Je ne dois jamais perdre peut-être ? Comment faire pour ne pas être faible alors que l’Amour même est considéré comme une faiblesse ! » Je repris ma respiration avant de dire calmement : « Un homme sans faiblesses n’est qu’un monstre et je refuse de l’être plus que je ne le suis. »

Je n’avais plus d’autre question, je voulais reprendre l’entraînement comme à notre habitude, me prendre des coups et en donner. C’était peut-être la seule façon pour moi de soulager ma colère emplie de peine à la fois. J’étais résigné au plus profond de mon être, cela avait était inscrit à l’encre noire et indélébile, autant dans mes relations, que ma recherche de maître ou même dans ma relation amoureuse. Je recherchai toujours plus fort que moi, à croire que j’aimais me faire battre par plus puissant. Peut-être cela me rappelait l’enfance volée que l’on m’avait sauvagement arraché, peut être une façon pour moi de ne pas oublier d’où je viens. J’avais bien peur d’être enchaîné à mon passé comme un chien à sa corde, celle qui l’écorche tant il tire dessus, celle qui le tue à force de l’étrangler. Mourrais-je donc d’un passé trop présent ? Pourrais-je un jour tout oublier malgré les cicatrices et les marques sur mon corps ? Je massai ma main où le tatouage montrant mon appartenance à la secte avait été fait. Je pensais avoir tout refoulé, avoir passé le cap, mais il s’avéra que, quels que soient les principes de ma race ou les coups que je prenais, il y avait toujours en moi un trou béant que je tentais tant bien que mal de combler.

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Mer 15 Oct 2014, 19:40

Au coin de mes lèvres se forme un fin rictus. Chaque geste, chaque expression ou mimique que mon jeune disciple m’offre à voir me régale de signification. Une porte ouverte sur son âme : un sang bouillant, un chien perdu prêt à mordre, désespéré de n’être dressé. Les mots qu’il y ajoute en deviennent presque superflus…
« Tu attends de moi que je te serve un dogme, mais ce n’est pas mon rôle. Mon sourire s’accroit à peine. Je ne détiens aucune vérité, Aëran. Juste une vision de ce monde. Une vision qui m’appartient. Ainsi que quelques clefs, de ce qui fait notre race.  
Quelques pas de côté, je le considère plus amplement. Sa posture, le rythme de sa respiration qui trahi l’état de ses nerfs… Le message que je tente de lui servir sera un calvaire pour ses conceptions fragiles. Car en son être est encore un orphelin en souffrance. Il cherche un bras auquel se raccrocher, une révélation transcendante, quelque chose d’immarcescible à même de lui faire oublier l’état de perte dans lequel il baigne. Obéir à un absolu épargne d’avoir à assumer ses propres choix, ses responsabilités. Suivre un chemin, c’est se prévenir de l’égarement.
« L’enseignement que je souhaite t’apporter te conduira à faire des choix en toute liberté. Des choix qui t’appartiendront, guidés par la raison et ta propre vision du monde. Tu veux comprendre la notion de faiblesse ? Interroge-toi sur ce qui te hante. Je laisse s’égrainer quelques secondes. Sache qu’un homme qui connait ses peurs est plus à même que tout autre à progresser. Les alfars ne sont dénués de sentiments ni de craintes. Ils y sont familiers au contraire, au point qu’elles deviennent des compagnes de voyage que l’on peut faire taire lorsque les circonstances le réclament.
Une notion hors de sa portée, hélas. Il ne comprendrait que plus tard, avec l’expérience. Je poursuis toutefois dans l’élaboration de mon discours, comme mes pas tracent autour de lui un large cercle. Luthien écoute en silence, immobile. Un arbre lui sert d’appuis.
« Tu considères que l’amour est une faiblesse, comme s’il s’agissait d’une vérité couramment admise. Certains le pensent en effet. Est-ce pour autant qu’ils ont raison ? Un homme, qui porte son peuple par amour, vaut autant qu’un autre, qui ne s’encombre pas d’une telle émotion. Toute la question, en vérité, consiste à savoir si le premier sera à même d’en faire le sacrifice, si cela s’avérait nécessaire. Les circonstances imposent des contraintes auxquelles nous devons nous adapter pour survivre.
Retourné à ma place initiale, je croise les bras, considère un moment le ciel et l’odeur de l’air.
« Concrètement, je peux t’aider aujourd’hui et chercher à te tuer demain, si ton existence venait à entraver ma propre avancée, sans que cela n’ôte rien à l’estime que je te porte.
Luthien passe une main distraite dans sa chevelure d’or. Des souvenirs lui reviennent. Nous avons tant bataillé par le passé que le compte des âmes, tombées au champ d’honneur, s’en est perdu. D’anciens alliés, ralliés à d’autres causes : j’ai tué des hommes que j’estimais, j’ai vu périr de leur main. Les siècles passant, l’affect s’érode et on s’accoutume à la mort. Périr en guerre est un aboutissement pour bon nombre des miens.
« Tu dois apprendre à distinguer tes opinions de mon enseignement. Tu ne pourras que gagner à t’enrichir de l’expérience d’un ainé, quand bien même nos idéaux divergent. Élargir ton horizon, pour mieux répondre à ce que le destin te présente... Et pour l’heure, je te conseille de nuancer ta vision de ce monde. Le bien et le mal n’existent pas dans la nature, il n’y a pas d’absolu et ce qui est valable pour un ne l’est pas nécessairement pour un autre. Il est cependant des règles. S’y soumettre ou non implique des conséquences et toute ta liberté résidera en ce choix, en ce que tu seras capable d’assumer. Quand aux raisons qui me poussent à te prendre sous mon aile, contente toi de penser qu’il s’agit de mon bon plaisir.
Ce garçon n’est certainement pas plus bête qu’un autre de son âge. Ce que je viens de lui servir constitue une base suffisante pour lui permettre de mieux cerner mes attentes et mes raisons. Il en fera ce qu’il voudra.
« Bien. Fais-je finalement, d’un ton empreint de lassitude. Maintenant, montre-moi ce que tu as appris.
Le métal blanc de ma lame elfique chante en glissant hors de son fourreau.
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Lun 24 Nov 2014, 12:59





C’était le dur apprentissage de la vie : se libérer des dogmes que l’on nous avait enseignés pour s’en forger de nouveau, les nôtres. Avoir sa propre opinion personnelle était très compliqué pour moi, comme si un barrage m’en empêchait, me confirmant mon utilité en temps que " chien " et non Alfar. Oui, j’appartenais au camp des esclaves qui n’arrivait pas à se libérer de ses chaînes. Je baissai la tête, un peu lassé de tous ces mots, je n’avais pas pris pour habitude de parler comme une femme, j’étais toujours le même, j’aimais donner et prendre des coups. J’avais beaucoup appris depuis notre dernière rencontre, les événements qui s’étaient passés ne m’avaient pas permis de chômer.

Lorsque j’entendis la lame sortir doucement de son fourreau, mon sang ne fit qu’un tour. Serais-je aujourd’hui plus fort que mon Maître ? Prenant conscience que c’était un guerrier et moi un assassin tuant dans l’ombre, j’étais totalement démunie pour le moment. Il fallait trouver un endroit où attaquer de loin, où l’observer sans qu’il ne me sente et me perçois. Nous étions dans une clairière et donc totalement à découvert, ce qui n’était pas bon pour moi puisque je n’attaquais pas loyalement, c’est-à-dire de face. Non, j’avais besoin d’un substitue pour atteindre Adril, pour le faire plier. Sans attendre, je me transformai en fée, me cachant dans l’herbe verte de la clairière. Je faisais attention à ne pas faire bouger les brins à chacun de mes pas qui se rapprochaient de ma cible. Me plaçant derrière elle, je repris ma forme normale tout en plaçant mon couteau de lancer sous la gorge de l’elfe blonde que je maintenais maintenant fermement. Dans tous les cas, même si ma force physique était loin du compte, j’étais parfaitement apte à esquiver les gestes de la femme si celle-ci se débattait.

J’étais curieux de voir la réaction d’Adril, mais j’étais aussi terrifié. Je n’étais pas dupe, j’avais bien vu que dans un sens il tenait à cette femme… même si la raison m’échappait pour le moment. J’étais également capable de lui faire mal ou  de la blesser pour prouver ma crédibilité.
« J’ai appris que je n’étais pas un guerrier comme toi… je suis incapable de me battre loyalement avec un combattant tel que toi » resserrant mon étreinte, je pressai un peu plus ma lame sur le cou de la jeune femme. « Je ne comptais pas m’attaquer à elle, mais je pense que c’est bien la seule personne qui t’atteint et donc la seule avec qui je peux te faire baisser les armes… » C’est ce que je croyais en tout cas, loin de moi la vantardise d’une vérité indémontable. D’ailleurs je ne transpirais pas du tout la provocation ou quoi que ce soit, j’étais pour une fois parfaitement sincère. « Je pense aussi que tu me crois trop faible pour lui faire du mal, mais tu te trompes, si je dois te prouver ma crédibilité, je le ferai »  pour une fois, ce n’était pas jouissif du tout, mais c’était ainsi que j’avais toujours fait si ce n’est faire des cabrioles pour échapper aux coups.  « Si tu veux te battre d’homme à homme, enlève cette femme d'entre mes mains… »

J’avais toujours mis le doigt sur une faiblesse avant de décider à me battre, tout bonnement parce que celle-ci pouvait arrêter un combat que je n’étais pas sûr de gagner. Je remarquai aussi que la familiarité avait fait intrusions dans mes phrases, je l’avais tutoyé et non vouvoyé. Je l’avais pour la première fois mit d'égale à égale, il n’y avait ici plus de maître et d’élève, juste deux Alfars se jugeant l’un l’autre. Bien que j’accepte sa supériorité, et son rôle de professeur, j’avais pendant un bref instant refusé la soumission hiérarchique. Secouant la tête pour me reprendre, je lui lançais : « À vous de voir, Maitre ».

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Ven 28 Nov 2014, 23:38

Une brise silencieuse fait osciller l’épais feuillage des arbres encerclant la clairière. Sous la lueur pâle d’un mince rayon de lumière luit le métal de mon épée. Son chant vibrant a fait fuir le jeune alfar qui, en guerrier fort peu fier, a préféré disparaître plutôt que de combattre. En garde, je laisse s’égrainer quelques secondes. Il réapparait l’instant suivant, derrière Luthien. L’idée est claire, mais je l’écoute me l’expliquer, placide, tandis que l’elfe tente vainement de se débattre. Ses dernières paroles s’achèvent sur un long silence. Je le toise, immobile. L’esquisse d’un sourire apparait au coin de ma bouche, renforcé à chaque seconde, jusqu’à éclater en un rire profond.
« Voyez-vous cela… Fais je, l’expression sévère autant que divertie. Mon propre élève refusant de combattre et usant d’une femelle comme bouclier… Tu veux savoir ce que cela me fait ? Lasto lalaith nîn…*
Je fais lentement tournoyer ma lame elfique, sans approcher encore. Luthien ne tremble pas : elle tempête. Son corps est encore frêle. Elle ne peut pas se dégager et cela la frustre. Je l’entends proférer en elfique quelques insultes, comme ses yeux aux reflets smaragdins délivrent la foudre.
« Que vas-tu faire Aëran ? Immobile, regard ancré dans le sien, ma lame pointe le sol : le geste nie la menace. Égorger ma femme, pour me prouver ta supériorité ? Est-ce la toute l’intelligence dont tu disposes ? Bref silence. As-tu anticipé les conséquences d’un tel parti prit ?
Les mains de la belle elfe cherchent le couteau, elle tente de l’arracher de sa gorge blanche.
« Nai rovalug meditha le…* Elle reporte sur moi son regard. Adril !
Mince rictus. La fierté du jeune alfar est telle qu’il se dit prêt à répandre le sang d’une femme et ce, dans le cadre d’un simple entrainement. Le déshonneur qu’entraine un tel geste ne lui a manifestement pas été inculqué. A la manière d’un chien tout juste libéré de sa cage, il voudrait mordre ce qui s’offre à sa portée, comme si cela pouvait changer quoi que ce soit à la réalité de sa condition. Un esprit manichéen et trop intense.
« C’est à toi que reviens cette décision, en vérité. Combattre, apprendre de mes techniques, ou persévérer dans ton orgueil. J’élève alors ma lame, la pointe en sa direction. La chose est fort simple : touche à cette femme, blesse la et je te tue. Esquisse de sourire. Considère cela comme de la clémence, à la charge de ton ignorance.
Lever la main sur une femme de bonne lignée est un outrage suffisant à la peine de mort. Fort heureusement pour lui, il ne s’agit pas de la véritable Tinuviel Kementari de Mallorn, mon épouse. Ce bel avatar, qu’il tient entre ses doigts, n’est qu’une pâle copie, création de magie et insulte à la véritable héritière de la lignée des Mithedhels. L’inverse eut scellé son sort.
Concluant sur ces simples paroles, je laisse retomber sur nos têtes le silence. Une seconde, deux et davantage. Mon expression se durcit, comme je vais à lui, le pas sûr, prêt à combattre. Qu’il se prenne à entailler la peau de Luthien : il est au fait des conséquences que cela aura. Et il ne sera plus question de maître et d’élève, mais de justice. Humble, il retiendra son geste et ira, vaillant et fier, en combat singulier. La nature en restera seule témoin.

Nature, qui murmure en ce moment même d’étranges mots, sur la venue de cavaliers porteurs de mort. Des hommes en quête, en recherche et poussés par la vengeance de pairs tombés il y a peu, sous l’œil flegmatique de la montagne.
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*Écoute à mon rire...
*Puisse un dragon te dévorer...
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Dim 30 Nov 2014, 18:25





Il y a fort à parier qu’un véritable guerrier ne peut voir que ce qui est physique. Il ne peut comprendre et apercevoir le reste, qui, pour lui, n’existe pas. Il n’y a sans doute pour lui aucun stratagème à la guerre, tout n’est que frontal et tout est à découvert. Si celui-ci ne comprit pas le fait que, peut-être, ici j’essayai de lui faire comprendre qu’il avait réussi à me faire comprendre certaines choses, eh bien tant pis... Comme tout bon guerrier, celui-ci répondit de manière droite et frontale, si je puis dire puisqu’ici je n’avais aucune intention d’égorger qui que ce soit : « Je ne compte égorger personne, je parlais de lui entailler le bras sans réel risque en fait… » Dis-je d’un ton las, pourquoi tout le monde me voyait comme un monstre ? Le truc c’était qu’en réalité je ne voulais pas apprendre les techniques de guerrier, je voulais apprendre les techniques qui m’était propres, c’est-à-dire celle des assassins qui ne se montrent que pour frapper : « Je crois que vous n’avez pas bien saisis le pourquoi de ma venue vers vous. Je ne suis pas là pour apprendre les techniques d’un guerrier, je n’en ai de toute évidence pas le gabarit. » Je voulais juste tuer proprement, me forger une conscience aussi, auprès des miens… « En prenant cette femme que vous appeliez épouse, je voulais juste vous montrer que nos manières sont nettement différentes… si vous attaquer avec beaucoup de loyauté, il n’en est pas de même pour moi, je préfère d’ailleurs éviter un combat plutôt que de mis engager. Je vous montre simplement ici la nature d’une faiblesse que je peux exploiter sans avoir à vous affronter… » Relâchant violemment l’elfe, et prêt à esquiver les moindres coups de l’un des deux, je continuais : « N’importe qui pourrait l’exploiter sans vergogne, et vous répliquerez la tête baissé, sans savoir à quoi vous attendre. Je comptais simplement vous montrer, Maître, que cette femme vous rend faible. » Par ailleurs, quelle idée de l’avoir emmené, sans cela, il serait tout bonnement resté sans faiblesses à mes yeux.

Tournant la tête vers la forêt derrière moi, gardant tout de même un œil vers les deux autres, j’écoutais les bruits de sabots qui n’avaient pas cessé leurs courses. Me retournant vers Adril, je lui dis en toute sincérité mes pensées les plus profondes : « En réalité, j’ai beaucoup appris auprès de vous… je n’aurais pas pu faire cela sans votre apprentissage, et je voulais juste vous montrer que votre faiblesse est trop flagrante, comme mon manque de tact ou mon maigre gabarit le sont. Je suppose que nous avons tous des faiblesses, mais dans le monde où nous vivons, nous nous devons de les cacher aux yeux des autres, car si je l’ai remarqué, vos ennemies le sauront aussi, et cette femme sera en danger par votre faute. » Oui, j’avais beaucoup appris à ses côtés, comme le fait de dire sincèrement son avis, sans arrogance aucune. Malheureusement, je ne saisissais que le côté psychologique de mon apprentissage… ce qui était dommage puisqu’en soi Adril aurait pu m’apprendre l’épée, mais que j’en étais incapable. Quelques minutes à porter la lourde lame de fer et j’avais déjà des crampes monstres.

Les bruits se firent de plus en plus bruyants, et nous entendions maintenant les hennissements des chevaux. Regardant Adril droit dans les yeux, je lui dis précipitamment avant leur venue
: « Vous ne devez pas leur montrer cette faiblesse, ou ils l’utiliseront contre vous et vous cèlerez sa mort. » Les chevaux sortirent de la masse noire de la forêt, tournaient maintenant autour de nous. Ma tête ne savait pas trop quoi regarder et que faire. Je regardais mon Maître, en tant que bête sauvage, jetais près à leur sauter à la gorge, mais en t’en qu’Alfar, que devais-je faire ?

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Lun 01 Déc 2014, 00:09

Le discours de mon élève ravive mes envies de rire. Car cet enfant, tout juste sorti du berceau et que la vie contraignit à n’être jamais plus qu’un chien de fosse, se prend à présent à me donner des leçons. A chaque mot, il exhibe davantage l’étendue de sa bêtise et de quelques idées forgées faute d’une véritable expérience de l’honneur. Mais la frêle consistance qu’il peine à se donner ne vaut rien. Sa simple audace suffit à le décrédibiliser en vérité, au point qu’il m’inspire, pour la première fois, quelque pitié. Pense t-il réellement pouvoir m’apprendre quoi que ce soit, à moi, un Alfar trois fois centenaire, chef de clan et ancienne lame de la garde royale ? Son ambition se limite à la simple survivance. Pour ne l’avoir véritablement vécue, il ne connait rien à l’existence, à ses lois, ses codes. N’est ce d’ailleurs pas pour cela qu’il fit appel à moi ? Quelques leçons, quelques paroles et voila qu’il s’invente une légitimité, doublée de grand airs. Attendant qu'il termine, j'élève les mains et applaudis lentement.
« Tu aimes à discourir de la faiblesse ? En voila une qui te caractérise : l’impertinence.
J’approche encore, réduisant la distance qui nous sépare jusqu’à pouvoir me saisir de son col.
« Tu es beaucoup trop prompt à juger de tes pairs… Ton assurance est telle que tu en viens à tirer des déductions erronées. Mon visage approche du sien, menaçant. Fruit probable d’une trop grande avidité à vouloir faire tes preuves. N’est ce pas là une stratégie quelque peu… hasardeuse ?
Luthien s’agite. Les sabots tambourinent et font vibrer le sol.  
« Crois-tu qu’un homme tel que moi prendrait le risque d’exhiber ses faiblesses à qui que ce soit ? Je souffle alors à son oreille. Car, vois-tu, cette femme n’est pas mon épouse.
Les cavaliers surgissent de la futaie à l’instant où je relâche mon emprise sur le jeune alfar. Quatre hommes, montés sur d’imposantes bêtes noires.
« N’est il pas saisissant de constater tout ce qu’un mot ambigu peut nous apprendre au sujet d’une personne ? Fais-je, assez haut pour couvrir le bruit des sabots, tout en reculant vers le centre de la clairière, bras ouverts. Et si tu souhaites diriger, à l’avenir, apprend tout d’abord à obéir.
Je pivote. Le fil de mon épée chante. Claquement. L’un des cavaliers tombe à terre : les brides de sa selle sont nettement sectionnées. Luthien veille à demeurer dans mon dos. Désarmée, elle ne peut se battre, mais le champ de bataille lui est familier tant et si bien qu’elle reste calme, concentrée. Je lui lance un ordre par-dessus l’épaule : elle me débarrasse de mon arc et se sert dans mon carquois. J’achève alors l’homme à terre, avant de jeter un regard à Aëran.
« Revenons-en au point où tu me montres ce que tu as appris.
Une flèche fuse et manque sa cible. L’un d’eux possède une arbalète. Le second tire, d’un riche fourreau de cuir noir, une longue épée d’acier damasquiné. Je soupçonne le troisième de vouloir user de quelque magie.
« Qui sont ces hommes ?
Glisse Luthien, décochant une flèche sur l’un des chevaux. Leurs vêtements n’affichent aucun blason et l’on ne peut qu’apprécier, entre deux coups portés, la qualité de leurs armes, ce qui semble bien inapproprié à de simples bandits. La monture chute en hennissant, emportant avec elle le manieur d’arme de jet. Il termine la jambe écrasée sous le poids de l’imposant animal, remettant à plus tard l’heure de sa mort. Je reporte mon attention sur les deux guerriers restant, veillant à maintenir l’elfe hors de toute atteinte. Cette scène résonne en écho à un souvenir récent, mais il faudra attendre encore pour l’expertise.
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Dim 07 Déc 2014, 15:32



Un Maître est comme une prison. Vous vous devez d’obéir, de vous rabaisser à ses choix et à ses mots. Il est vrai, j’avais choisi cette prison, car sans repères. Je ne le regrettais pas, mais une partie de moi me crachait que jamais je ne pourrais me décoller du rôle de sous-fifre, sauf si je devenais moi-même le Maître. Était-ce possible ? Pourrais-je devenir mon propre support ? Mon propre repère ? Surement un  jour j’y arriverais, j’aimais mon peuple, j’aimais mes traditions, j’espérais devenir un jour le repère de tous.

L’impertinence, oui, voilà quelque chose qui me ressemblait bien. Soumis et insoumis à la fois, je provoquais à tout va pour montrer que même si aujourd’hui je plis devant mes Maître, demain peut-être me rebellerai-je. Malheureusement pour eux, donner mon avis est loin d’être une marque d’assurance, mais bien une marque de rébellion, je n’avais pas peur de lui, je n’avais pas peur d’eux et je n’avais pas peur de mourir, j’avais juste peur de perdre ce que j’avais aujourd’hui. Au fil des mots qui enchainaient, je me demandais ce qu’était un « homme comme lui », un guerrier ? Un Maître ? Un homme qui lui-même ne sait pas ? Tout était mélangé dans ma tête… ce n’était pas sa femme, mais lui-même l’avait appelée son épouse… était-il un menteur ? Secouant la tête pour me remettre les idées en place, je compris que les mots ne servaient à rien ici, que seuls les actes comptaient.

Tournant la tête vers les hommes, j’évitai adroitement une épée qui fendit l’air. Mes yeux ne montraient plus aucune émotion, j’avais une grande estime pour cet homme que j’appelais Maître, et je lui avais assez tenu tête pour aujourd’hui. Prenant fermement un couteau de lancer, je le plantais dans la jambe de l’un d’eux alors qu’il passait près de moi. Contrôlant les mauvaises herbes alentour, je les enroulais autour des sabots de son cheval, qui freina net sa course. Le cavalier alla alors s’écraser plus loin devant. Je me concentrai ensuite vers l’autre qui était muni d’une arbalète et qui revenait vers nous tout en rechargeant. Sa petite flèche me frôla la joue et je tendis la corde de mon arc pour lui tirer une flèche en pleine tête. Je me tournais vers celui qui était tombé et qui était maintenant debout, prêt à se battre. J’empoignai une nouvelle fois un couteau de lancer. Sa cuisse saignait, mais marchant pourtant comme s’il n’avait rien, il faisait tourner autour de lui sa lourde lame. Lorsqu’il chargea, balançant adroitement son épée comme si celle-ci dansait, je commençais à l’éviter. Coupant la corde de mon carquois pour plus d’équilibre et lâchant à terre mon arc, je plantais mon couteau dans sa main tout en prenant un coup de pommeau dans l’arcade. Celui-ci lâcha sa lame et sans montrer la douleur qui commençait à monter, je lui plantai tout de suite le couteau au travers de la gorge. Le laissant alors tomber comme une masse, je m’essuyais le sang qui commençait à couler dans mon œil. L’adrénaline envahit mon sang, et je tournais la tête vers celui qui était coincé sous le cheval. Je reconnaissais ces techniques, je reconnaissais ces vêtements, je reconnaissais cette odeur de sang coagulé qui parsemait leur semelle lorsqu’ils avaient dû marchait dans le champ de cadavres d’enfants à l’institut.

Je commençais à précipiter le pas vers lui, l’attrapant par le col
: « Pourquoi s’acharne-t-il à me voir mort ?! » lançais-je en grinçant presque des dents. L’homme ne répondit pas, se contentant de sourire. « Je n’ai rien fait qui pourrait leur faire croire que je désir une vengeance ! Rien ! » Le secouant presque, celui-ci fermait les yeux, comme pour attendre sa propre mort. Je le relâchais violemment au sol, l’incompréhension de mon propre sort me laissait perplexe. Qu’avais, je fais ? L’homme se mit à rire, puis tout en me regardant lâcha : « Ce n’est pas ce que tu as fait qu’ils prennent en compte, mais ce que tu feras à l’avenir » Je fronçais des sourcils, l’appel de la Liberté était plus fort que la haine que j’avais envers eux, jamais je n’aurai pensé à les attaquer. « Et que leur ferais-je à l’avenir ? » Il se remit à rire : « Non, tu ne seras pas seul, et vous ferez surement quelque chose de très stupide. » Je le repris par le col : « N’ont-ils pas pensé que le fait de me pourchasser comme ils le font me conforterait dans cette chose stupide ? » Je le relâchais et sa tête se cogna contre le sol : « Lorsque tu t’es enfui, t’étais un gamin qui pensait pouvoir nous échapper, arrogant jusqu’à la moelle, jamais ils n’auraient pensé que tu puisses avoir de quelconques relations et t’en sortir indemne ! Pense bien que sinon ils t’auraient déjà tué ! Mais tu étais l’une des plus belles bêtes qu’ils avaient réussi à créer, un monstre dont ils étaient si fiers » Il se mit à rire d’une voix grave, comme si cette réussite dont j’étais fière allait tout bonnement causer ma perte. « Regarde-toi aujourd’hui, tu es un chaton, tu n’as plus la force nécessaire de tuer celui qui t’a créé ! » Il donnait un coup de menton vers Adril : «  Tu t’es trouvé u nouveau Maître ? Bien, mais penses-tu qu’il t’enseignera aussi bien que nous l’art de tuer ?  Qu’il arrivera à te maîtriser lorsque tu seras incontrôlable ? Tu aurais dû rester à l’institut. » Ma vue se flouta presque tant l’adrénaline ne faisait qu’augmenter. Que ferait Adril si je perdais tout contrôle ? Si la bête se réveillait ? Surement me tuerait-il. Me précipitant sur lui, je le harcelai de coup de poing. Je n’étais pas bien fort, je n’étais qu’un chaton comme disait l’homme, mais j’avais assez de haine pour le tuer à main nue. Lorsque son visage fut en sang, que sa tête balançait de droite à gauche, je m’arrêtai.

Un monstre ne change pas, il évolue. Un monstre ne pleure pas, il tue ce qui est à sa portée. Non, si l’apparence ne colle pas, et si la bête se cache, elle est là, quelque part, ne demandant que le sang de ceux qui m’ont autrefois enlevé, de ceux qui n’ont encore rien fait, de ceux qui feront peut-être, mais aussi d’innocents.


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Se libérer des Chaînes de l'esclavage [Adril - Quête à usage unique]

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