La petite fée avait chu, un peu trop attirée par la curiosité d’en bas. Elle ne savait pas comment, mais elle avait survécu à sa chute. Il faut dire qu’elle avait préféré fermer les yeux et se laisser porter par le vent. Elle se souvenait d’être entrée en collision avec un oiseau et d’avoir terminée sa longue descente dans le feuillage touffu d’un arbre. Elle ne savait pas où elle était, mais dans l’immédiat ce n’était pas ce qui l’inquiétait le plus. Elle s’interrogeait surtout sur le chemin à emprunter pour retourner dans son jardin afin de s’occuper de ses fleurs qui devaient probablement toutes se faire du souci pour elle. Seulement, il n’y avait aucun chemin qui menait au ciel, même pas un escalier ! Il n’y avait eu qu’une étrange personne qui lui avait donné une astuce pour rejoindre le ciel : se suicider. Lorsque la petite fée avait demandé la signification de ce mot, elle avait fui à tire d’aile, paniquée par cette révélation et par le visage un peu trop prédateur de cette inconnue malveillante. Elle volait toujours rapidement pour distancer l’étrangère peu sympathique lorsqu’elle percuta violemment un buisson en plein mouvement. Un arbre qui bouge ? La petite fée resserra ses mains sur les feuilles du l’arbuste qui se dandinait dans tous les sens.

« Hiiiiiiiii, arrête ! J’ai le mal du buisson, cria-t-elle à la plante qui ne semblait pas vouloir s’arrêter.
— Qui me parle ? répondit une voix toute aussi effrayée.
— Buisson droit devant !! » hurla la fée en apercevant un second buisson tout aussi rapide.

La collision fut toutefois inévitable et Rosée du Matin fit une pirouette dans les airs avant d’être secourue par Fruits des Bois qui la chatouilla du bout de ses moustaches. La petite fée se redressa tant bien que mal, essayant de mettre de l’ordre dans sa longue chevelure désormais parsemée de brindilles et de feuilles en tout genre. Cela ne la changeait pas de sa coiffure habituelle, mais d’ordinaire, c’était elle qui se coiffait ainsi ! C’était un désordre ordonné, ce qui n’était pas le cas ici et elle avait horreur de ça; la fée était coquette. Elle secoua ses ailes pour vérifier qu’elles n’avaient rien et se hissa de quelque centimètre au-dessus du sol. Ce fut à cet instant qu’un visage enfantin sorti du buisson en lui hurlant un :

« Tu vas bien ? »

Rosée du Matin sursauta dans un cri d’effroi avant de retomber sur le sol, le cœur affolée. Un second enfant s’extirpa de l’autre buisson pour lui venir en aide et elle tourna de l’œil. Des buissons qui marchent et qui accouchent ensuite d’enfant, c’était de trop pour son petit esprit. Lorsqu’elle reprit conscience, elle était allongée sur une fleur et l’un des enfants lui déposait une goutte d’eau sur le front à l’aide d’une fine branche. Malgré cela, la gouttelette était bien imposante pour la petite fée qui prit donc un bain pour le même prix. Elle se redressa vivement en crachant l’eau avalée tandis que les deux jeunes enfants la regardaient avec curiosité. Rosée du Matin, toujours terrifiée, dévisageait un instant les humains qui lui faisaient face. Plutôt petits, il y avait une fille aux cheveux blonds ébouriffés et un garçon aux cheveux tout aussi blonds mais moins ébouriffés. Les cheveux courts, c’était finalement bien plus pratique pour éviter les nœuds et les brindilles indésirables…

« Vous allez m’embrocher ? demanda Rosée d’une voix inquiète en posant son regard sur le bout de bois que tenait le garçon. Et me manger ?
— Non, on va pas te manger. Puis les fées, c’est gentil, répondit le garçon
— Toi aussi tu as peur des vilains ? questionna la fillette
— Pas me manger… vilain ? Où je suis ? Et pourquoi les buissons ils marchent ?
— Les buissons ne marchent pas, c’était nous dedans… dit le garçon
— On se cachait à cause des méchants, mais on a perdu nos parents », ajouta la fillette d’un voix tremblante.

Devant la peine des enfants, la petite fée se rassura. Elle n’avait pas affaire à des méchants, mais bien à des petits d’humains plutôt inoffensifs qui avaient usé de buisson pour se cacher. Comme elle, ils étaient perdus. Ils avaient malencontreusement égaré leur parent dans leur fuite. Rosée du Matin agita aussitôt ses ailes, bien décidé à les aider. Elle prit toutefois la peine de leur demander de patienter un instant, le temps de changer de pétale, le sien étant bien trop mouillé pour servir de tenue convenable. Et attrapa une fleur de campanule qu’elle enfila aussitôt et se retrouva ainsi parée d’une jolie robe mauve. La petite troupe se mit alors en marche, la fée chantonnant et dansant devant pour guider les enfants. Elle ne connaissait pas le chemin à prendre, mais elle était certaine que les fleurs même silencieuses, sauraient l’amener vers les parents égarés. Elle avait confiance en la nature et la petite troupe chantait¹ de toute façon assez fort pour être entendu par un adulte à un moment donné.

1: si nécessaire, réécouter le lien musical d'en haut pour avoir une idée de la chanson  :(:817:): 


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La petite troupe avait grandi, lentement mais surement. D’autres enfants cachés dans les buissons de la forêt sortirent de leur cachette pour les rejoindre et reprendre leur chant en cœur. La fée était heureuse de cette motivation et s’amusa à jouer les maestro. Au plutôt, c’était Fruits des Bois. Guidé par Rosée, il agitait la queue pour aider les enfants à élever ou diminuer la voix. Tout allait pour le mieux et la petite fée oubliait même momentanément son jardin céleste. Cependant, une autre troupe les rejoignit bien vite, probablement attiré par leur bruit qu’ils faisaient. Des adultes, bien évidement. Ceux-ci ne firent pas attention à la petite fée et accoururent vers les enfants pour les serrer dans leur bras et les rassurer. Vexée d’être ainsi bousculer, la petite fée attrapa déjà son lance-crotte pour se venger. Heureusement, le premier petit garçon qu’elle avait rencontré alla rapidement prêt d’elle afin de la présenter.

« C’est elle qui nous a guidés, déclara-t-il fièrement
— Non mais, t’étais pas obliger de me montrer et s’il me met sur une brochette ?lui murmura la petite fée anxieuse en voyant l’adulte se pencher vers elle pour mieux la regarder.
— Il ne va pas te manger, c’est mon papa et mon papa à moi, l’est gentil, il ne mange pas les fées. N’est-ce pas papa ?
— Bien sûr que non. Nous sommes des elfes, nous respectons la nature et les fées. Rejoignons le campement maintenant.»

La troupe se remis en route et rejoignit le campement précaire effectué par les elfes pour se rassembler. La petite fée put remarquer quelques blessés, certains avait du sang sur le visage et d’autre des vêtements en lambeaux et sale, d’autres avait parfois les deux ! Les plus jeunes pleuraient, mais quelques parents furent heureux en voyant les enfants qui suivaient derrière. D’un coup d’aile, elle se mit sur le côté pour éviter une collision avec une mère qui courait déjà vers son enfant pour l’enlacer fermement. Elle dû donner un second coup d’aile pour fuir dans une autre direction pour éviter cette fois un père et put heureusement compter sur les mains d’un elfe bienveillant pour la mettre en sécurité sur son épaule afin qu’il put mettre les autres au courant de son existence. Elle n’appréciait pas trop le fait d’être ainsi révélé, mais cela valait mieux que de se retrouver écrasée malencontreusement. Les elfes promirent de faire attention à sa petite présence ainsi que celle de son compagnon.

La petite fée rassurée par la gentillesse des elfes, entreprit de les aider et tournait autour des blessures de certains avec des bandages. Une fois sur deux, le pansement était réussi, dans les autres cas, elle s’enroulait avec… On lui donnait alors différentes tâches afin qu’elle put se rendre utile sans risquait de s’emberlificoter les ailes. Elle s’essaya à l’étalement d’onguent sur les plaies infecter, mais elle s’en mettait plus dans les cheveux que sur la blessure. Elle tenta de fabriquer des onguents, mais pleura à chaque fleur sacrifier pour le bien des blessés et mettait de ce fait mal à l’aise les guérisseurs. Elle entreprit de chantonner pour remonter le moral des affaiblis, entraînant également les enfants ravis de pouvoir donner de la voix. Cela marcha plutôt bien, la plupart des impotents retrouvant l’usage de leur membres pour s’éloigner des chants un peu trop étrange de Rosée.

« Elle est nourrie à quoi cette fée ? s’inquiéta l’un des elfes devant l’énergie que pouvait dégagé la petite fée.
— Je ne sais pas, mais ça doit être très énergétique. Je vais lui trouver une autre occupation avant que nos blessés deviennent sourds. Ils ont besoin de calme. »

La petite fée fut alors chargée d’aider quelques elfes à fabriquer des cabanes pour loger tout le monde. Au début, elle devait principalement vérifier les nœuds et consolider les éventuelles fissures afin de s’assurer de la solidité et de l’étanchéité des bâtiments de fortune. Cependant, avec les enfants, elle se motiva très vite pour se lancer à son tour dans la construction. Cela ne devait pas être si difficile ! Dans la joie, la bonne humeur et en musique, elle se mit à donner ses instructions aux jeunes elfes pour mettre sur pieds leur propre forteresse en bois.

Les enfants à leur tour chantonnaient, oubliant ainsi momentanément tous les soucis liés à la destruction de leur cité. Ils se voyaient déjà en train d’en partir une nouvelle. Plus grande, plus belle et toute en bois avec des fleurs et des lianes, bien évidemment. La petite troupe emprunta ci et là les outils des grands et tentèrent de respecter un plan approximatif pour réaliser leur nouveau toit. La petite fée était bien sûr aux commandes de tout, virevoltant dans tous les sens pour guider les mains des enfants. Ici une planche, là une liane pour maintenir, là-bas une fleur pour faire plus joli, par ici une découpe pour créer une fenêtre oubliée…


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[Hrp: Ouais, c'est nul, mais j'ai des requins sur le feu   et j'suis pas en avance niveau event ]

La construction n’était pas des plus réussies, mais au moins, tenait-elle debout. Elle penchait un peu vers la gauche et la porte d’entrée était bien trop étroite pour faire passer un adulte. A part cela, la cabane faisait la joie des enfants et de fée. Ils avaient fait comme les grands et s’empressèrent de montrer leur création afin d’accueillir les familles les plus démunis.

« Euh… Je ne sais pas, hésita le père d’un enfant en se grattant la tête.
— C’est solide tu sais, c’est Rosée du Matin qui nous a été. C’est une fée et les fées s’est agile !»

L’argument était valable, mais ne convainquait pas l’elfe qui avait des doutes sur la solidité du cabanon dont l’entrée empêcherait de toute façon un adulte d’y pénétrer à l’intérieur sans s’éclater le front. Ne voulant guère blesser les enfants et la petite fée qui avaient cherché à les aider du mieux qu’ils le pouvaient, il chercha rapidement après une autre solution.

« Eh bien, si nous l’utilisions plutôt pour mettre nos réserves de nourriture à l’abri ? »

L’idée plut aux enfants qui en sautillèrent aussitôt de joie… sauf que la nourriture manquait. Il fallait en chercher au cœur de la forêt afin de pouvoir nourrir ceux qui commençait à avoir faim, notamment les blessés qui devaient récupérer des forces. Quelques hommes furent choisis pour partir à la cueillette aux fruits et à la chasse aux petits gibiers. Cependant, la petite fée s’incrusta rapidement dans leur groupe, ne tolérant pas que l’on touchât impunément à la nature. Il fallait choisir des fruits mûrs et les cueillir avec douceur pour ne pas blesser l’arbre qui le portait. Et bien évidemment, il était hors de question d’attaquer une pauvre bête. Même si une simple claque aurait suffi à chasser la fée, les elfes se contentèrent d’hocher la tête positivement et organisèrent différent groupe pour espérer trouver le plus de chose. Ne pouvant se dédoubler, la petite fée décida d’accompagner un groupe.

« Non mais, non… je veux pas d’elle dans mon groupe.
— Moi non plus, j’aime bien les fées, mais… non.
— Et qui va lui dire non ?
— On part discrètement ? »

Tous approuvèrent et s’éclipsèrent aussitôt que la petite fée eut le dos tourné pour changer de robe. A peine avait-elle revêtu sa feuille de chêne qu’elle constata l’absence des elfes. Elle tourna la tête dans tous les sens, demandant aux autres où était passé les hommes. La réponse était unanime, ils étaient déjà tous partie. La petite fée soupira. Elle avait mis trop de temps pour s’habiller et ils ne l’avaient pas attendue. Rosée ne pouvait pas leur en vouloir, tout le monde ici commençait à avoir faim, elle en premier. Fruits des Bois la chatouilla du bout du museau pour la rassurer et il ne lui en fallu pas plus pour retrouver le sourire. Les enfants la rejoignirent bien vite, en l’interrogeant sur sa présence.

« Je croyais que tu devais partir chercher des fruits avec papa ?
— J’ai mis trop de temps pour me changer, ils sont partis sans moi
— Oh… pourtant papa est du genre patient.
— Oui, mais vos elfes cassés ont besoin de nourriture, c’est normal de partir vite. Sinon, après, il va faire nuit, c’est moins facile pour cueillir des fruits.
— Et si on allait ensemble ? intervint l’un des enfants.
— C’est une très bonne idée ! s’exclama une fillette. Allons-y, puis on sera nombreux, et plus y aura de la nourriture.
— Mais on ne peut pas aller sans un adulte, on va se faire gronder !
— Hé ! J’suis une adulte moi ! rectifia la petite fée. J’vous protégerai du danger !
— Avec un lance-crotte et une épine de rose ? Tu vas chasser les moustiques et les araignées qui nous agressent ?
— Hé, j’ai affronté un homme avec mon lance-crotte ! Elle fonctionne très bien cette arme. »

L’innocence de la fée et des enfants l’emportant, ils se mirent en route sur leurs petites jambes en échappant aux regards des adultes restés au camp. Guidés par Rosée du Matin et son ami ailé, ils étaient certains de récolté les meilleurs fruits. Lorsqu’ils furent assez éloignés du village de fortune, ils retrouvèrent leurs naïvetés et se mirent à rigoler entre eux pour oublier leur souci. Pour les aidé, ils avaient le soutien de la fée qui ne manquait pas d’imagination et qui leur contait l’histoire d’un animal fictif. Bien vite, ils reprirent en cœur la chanson pour faire la cueillette de mûres à l’aspect appétissant. La moitié de la récolte fut engloutie avant d’arriver dans leur panier.

¹

L’expédition enfantine n’était pas très discrète, mais les mûriers n’avaient guère l’air agressif. Et la fée était là pour leur dire quelles mûrs cueillir et lesquelles il fallait laisser à l’arbre. Malgré les fruits avalés pour récupérer des forces, les paniers se remplirent assez vite.

1: ‘tention, cette chanson peut provoquer des pertes de neurones…


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Sous l’œil attentif de la petite fée qui s’assurait que les arbres n'étaient pas maltraités, les enfants continuèrent leur cueillette, passant d’un arbuste fruitier à un autre. Ils récoltèrent ainsi des mûres, des groseilles et des myrtilles dans la joie et la complicité. Les chansonnettes qu’ils entamèrent à tour de rôle n’étaient pas des plus sérieuses et si elles attiraient les oiseaux qui piaillèrent d’enthousiaste sous la guidance de la petite fée, elles attiraient aussi quelques adultes. Ceux-ci restèrent debout derrière leurs buissons sans même chercher à se cacher, attendant que le regard d’un des enfants se posât sur eux. Ils ne durent guère patienter longtemps. L’un des fillettes s’était approché du buisson dans l’espoir de ramasser encore quelques fruits lorsqu’elle remarqua des pieds. Elle leva les yeux et resta interdite un instant en remarquant leur présence.

«Bonjour papa, hasarda-t-elle en le saluant gentiment. Regarde on a cueilli plein de fruits pour le visage.
— C’est bien… mais ne vous avais-je pas demandé de rester au village ?
— Je pense pas que c’est à moi que tu as dit ça », se défendit-elle

Visiblement, l’elfe avait peu d’humour en cet instant car aucun sourire ne parvint à dérider ses lèvres étroitement serré. Il n’était pas franchement content de retrouver une troupe d’enfant, même pour la bonne cause. La fée tenta une approche timide, mais s’éloigna à tire d’aile devant les yeux sombres de l’elfe et se cacha derrière une feuille. La petite troupe n’eut d’autre choix que de suivre le groupe des adultes pour reprendre le chemin vers le village tout en se faisant sermonner. Rosée aussi eut le droit à sa remontrance et même en montrant ses armes de défenses, cela ne changeait rien. La petite fée soupira en regardant son ami Fruits des Bois. Elle ne comprenait rien au monde des humains. Après tout, leur groupe n’était pas si différent du leur. Ils étaient plusieurs, elle était armé. Et puis, les forêts, cela était rarement dangereux. Les plantes et les insectes, elle les connaissait bien, certainement mieux que les elfes. Cependant, elle manquait de mots et d’argument pour émettre ses pensées.

Lorsqu’ils arrièrent au village, les autres groupes étaient également revenus de leur cueillette. Il fallait désormais distribuer la nourriture à ce qui en avait besoin en premier. Les elfes essayèrent de mettre en place une certaine organisation, tandis que la petite fée étudiait les fruits récoltés pour s’assurer qu’ils étaient tous mûres et qu’ils avaient été cueillis avec douceur.

« Vous sentez bon », leur déclara-t-elle en humant l’air.

Elle appréciait l’odeur sucrée qui s’en dégageait et, profitant que les attentions étaient toutes portées ailleurs, prit un fruit pour le goûter. Assurément, il était juteux à point et ce fut un délice pour la petite fée qui oubliait déjà les remontrances subies. Le visage tacheté par la mûre, elle leva les yeux vers la file qui attendait de recevoir leur portion de vivres. Ils n’avaient pas vraiment l’air joyeux et la fée trouva cela triste. Elle ne comprenait pas tout le chaos de la situation, mais cela semblait relativement grave. Elle s’envola vers l’un des elfes qui distribuait la nourriture et se posa au-dessus de son épaule pour lui parler.

« Et si je chantais… la musique, ça rend toujours joyeux et c’est bon pour le moral ?
— Avec les enfants, cela fonctionne, pas avec des adultes qui connaissent l’ampleur du désastre qui nous frappe.
— J'comprend rien à ton discours, mais j’te parie ma framboise que je peux faire chanter des grands comme toi !
— Une framboise… Je n’irai pas loin avec ça, lui fit-il remarquer
— C’est parce que tu manges trop, moi avec une, j’ai l’estomac rempli… Je peux chanter ?
—De toute façon, tu n’es pas assez intelligente pour connaître la définition du mot non »

Rosée du Matin ne releva pas la remarque et se mit à chantonner avant de se rendre compte que peu de gens l’écoutait. La plupart passait à coter d’elle sans la remarquer, se contentant de prendre la part à laquelle y avait le droit avant de s’installer comme il le pouvait sur une pierre ou un morceau de bois. La petite fée marmonna dans sa longue chevelure avant de se retourner vers son ami pour savoir s’il avait une meilleure idée pour se faire entendre.

« Crunch cruunch,
— comment ça une feuille ? J’ai une feuille sur moi.
— Cruuuuuuuuuuuuuuuuuunch! grinça-t-il exaspéré
— Ah ! Une feuille comme ça, je vais chercher ça de suite ! » répondit-elle en disparaissant aussitôt dans un buisson.
— Qu’est-ce que... ? commença l’elfe en voyant la fée sortir en brandissant une feuille enroulé.

Se servant de la feuille enroulé pour intensifier sa voix, elle se mit à chantonner d’une voix forte et enchanté¹. Cette fois, elle se fit entendre par les elfes et surtout par les enfants qui s’enthousiasmaient déjà. Ils se mirent à danser, suivit assez rapidement par leur mère. Bien que récitant, quelques pères se mirent remuer du pied discrètement pour suivre le rythme de la petite fée. Après tout, ils étaient parvenus à réunir leur famille, à soigner les blessés et à ramener assez de nourriture pour tenir le coup dans le village bâti à la hâte le temps de trouver une meilleure solution. Et tous étaient certains de ne pas retomber sur une fée aussi de sitôt… d’ailleurs, la majorité des adultes espéraient bien ne pas la recroiser un jour, même s’ils devaient reconnaître qu’ils appréciaient sa naïveté et sa façon d’enchanter les choses. Cela leur permettait d’oublier le chaos autour d’eux et de respirer un peu d’air frais…

1: si nécessaire, réécouter le lien musical d'en haut pour avoir une idée de la chanson 


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