Retourné au palais pour informer les élémentals que la guerre avait éclaté sur Avalon, qu’il avait assisté impuissant à la destruction de cette ville. Morvan s’était réfugié à Aeden, effectuer une  prévention de se tenir prêt à une éventuelle attaque même si déterminer l’ennemi semblait un peu confus même si ce dernier savait qu’il s’agissait de Ridère. Cependant, ce qu’il avait vu sur Avalon n’en était pas. Puis vu les événements passés, le fils de l’eau ne pouvait plus faire la moindre faute et c’était donc en étant conseiller qu’il se prépara avec l’aide des autres élémentals à diffuser l’information et avertir la population que le danger avait totalement envahi ce monde. Le retour de l’élémental sur Aeden était aussi l’occasion de revoir sa Reine, sa nouvelle compagne auquel la liaison était maintenant officielle. Son but était aussi de la protéger même si depuis quelques, ses dons avait diminué de moitié, il était constamment fatigué et avait des moments de vertiges comme la grande majorité des élémentals ne possédant pas le cristal. Observant les postes à pourvoir dans l’armée de sa Majesté, Morvan remarqua que personne n’avait pris la tête de la Brigade de la Cavalerie. Puisque ses pouvoirs l’abandonnaient, il avait peut-être un second choix pour défendre son pays si la chose venait à être sombre pour eux. Connaissant bien la nature de ces animaux par le biais de son chat, c’était un poste qui pourrait lui plaire assez grandement.

     Bref, alors qu’il était dans son bureau à feuilleter les dernières nouvelles de certaines parties du monde, mais aussi à plancher sur les rapports des espions élémentals guettant l’arrivée des Ridères ou autres. Un personnel de bureau déboula devant Morvan qui était déjà fatigué de sa journée. Ce dernier leva la tête de ses papiers, il salua le personnel avant de lui demander sa venue. Ce dernier lui annonça alors le déclin de Earudien, la cité des elfes détruite par les Ridères. Ce peuple dont le roi avait su dénigrer les élémentals lors du dernier conseil des chefs était dans le désarroi le plus complet. Le fils de l’eau demanda alors s’il y avait des survivants. Ce dernier, dans un sourire timide annonça qu’il y avait des survivants et qu’ils étaient tous réfugié dans la Forêt des Milles Clochettes, mais qu’ils avaient besoin d’une aide humanitaire s’il pouvait le dire ainsi. Une grande détresse allant du simple réconfort à conférer de l’alimentation, des soins et de l’aide pour bâtir des cabanes. Le Conseiller remercia le personnel avant de partir en hâte retrouver Takias qui devait elle aussi plancher sur les affaires du pays, sa défense, ses attaques et se renseigner sur ce qu’il se passait autour d’eux. Dressait devant les portes de son bureau, Morvan frappa à la hâte avant d’y entrer, même si ils sortaient ensemble, un petit protocole était toujours de vigueur au cas où si il y avait du monde. En entrant, il ne pouvait s’empêcher de lui sourire et vu qu’il y avait personne dans son bureau, il s’empressa d’être à ses côtés avant de lui faire un tendre baiser et ceux malgré les circonstances. Rapidement, il expliqua sa venue dans son bureau où elle semblait chargée en boulot. Il prit place en face d’elle avant de dire : « La cité des elfes, Earudien a été détruite par les Ridères, après Avalon, Earudien et que sais-je encore, ça commence à faire beaucoup tu ne trouves pas ? La majeur partie du peuple des elfes s’est réfugiée dans la Forêt des Milles Clochettes…je me suis dit qu’on pourrait sans doute y aller, récolter des témoignages, les aider matériellement et humainement. Mais surtout, tu vas sans doute trouver cela hypocrite mais redorer le blason des éléments et montrer que nous sommes là pour les aider ? » Le fils de l’eau marqua une pause dans son discours, il semblait un peu essoufflé et nauséeux avant de reprendre : « Qu’en penses-tu ? » disait-il avec un sourire non négligeable de sa personne malgré la teinte de son visage très blafard dû au manque de magie dans son corps qui était surnaturel. Se mettant d’accord, Morvan quitta le bureau de sa Reine pour se changer en version plus aventurier que conseiller avec ses vêtements de noblesses dont il ne raffolait pas tellement. Profitant d’un sac sans fond, il le gorgea d’aliments en tout genre qu’il avait su prendre dans les cuisines du palais. Comme si cela ne suffisait pas, il avait avec lui deux grosses caisses d’aliments mais aussi de soins pour des blessures primaires. L’élémental ne faisait pas attention à ce genre de dépense, de toute façon, il se moquait assez bien de son argent, il avait vécu longtemps sans. Il attendait aux portails la venue de sa Majesté pour l’accompagner dans une mission humanitaire, une première pour Morvan dans son domaine. Ne pouvant user de ses pouvoirs à outrance comme avant, les deux compères allaient avoir comme transport un dragon que pouvait posséder le palais en cas de coup dur. Le personnel chargea alors les caisses tandis que Morvan voyait arriver  Takias, vêtue elle aussi sans les faste de la Cour, ce qui soulignait aisément ses formes que ce dernier avait eu la chance de voir sans ses vêtements. Il ne pouvait s’empêcher de sourire une fois de plus avant de rougir modestement en la voyant. Il pensa alors qu’il avait une réelle chance de pouvoir avoir à ses côtés, une telle femme…  

      Bien qu’il fut ébloui de voir Takias venir à ses côtés pour cette mission, Kolio, le compagnon mais surtout le fidèle ami de cette dernière s’invita à la partie. Calion lui, préféra rester au palais voir comment s’organisait la protection de Aeden, une manière également de faire à son maître un compte rendu des événements se déroulant pendant son absence. Cependant, avant même que le voyage ne puisse commencer, une petite altercation s’effectuait entre Kolio et le dragon qui d’après ce qu’il venait d’entendre, se nommait Eclops. Soudain, alors que le fils d l’eau ne comprenait pas ce qu’il se passait. Soudain, un rugissement faisant vibrer tout son corps, échappé par Kolio surpris Morvan mais la chose ne s’arrêtait pas là car cette créature déjà énorme pour un lion se métamorphosa en un gigantesque dragon, pas si énorme mais la surprise fut elle que le blondinet exagérait dans ses pensées. Eclops comprit aisément qu’il était inutile et d’un battement d’ailes, il disparut dans les airs laissant derrière une rafale de vent sur la cour du palais. L’Impératrice se tourna ensuite vers lui avec un air amusé tout en lui révélant que ce petit conflit, c’était d’un naturel avec Kolio. D’ailleurs, Morvan se posait sans cesse la question si cet animal si puissant votait l’union de sa maîtresse avec un jeune homme telle que lui. Ses pensées se dissipèrent dans cette dernière lui prit sa main dans la sienne comme pour l’entrainer vers la suite de leur aventure commune, chose qui n’avait pas été faite depuis des années entre les deux.

     Bref, Morvan qui n’était pas un habitué des transports en commun sur des dragons était un peu perplexe en grimpant sur celui-ci. Cependant, Kolio facilitait la chose en aidant les deux compères à grimper sur son dos. S’en suivit ensuite tout une organisation pour plus de sécurité, le jeune homme ne pensait pas qu’il fallait autant de choses pour chevaucher avec un dragon si on pouvait le dire ainsi. Elle mit alors un baudrier qui se fixait à l’aide d’une corde et d’un mousqueton sur la nacelle. Elle en tendit un pour Morvan mais ce dernier ne se savait pas vraiment comment faire. Ce dernier observa l’objet archaïque avec un grand dédain, il aurait aimé voyager de façon libre sur le dragon comme il avait fait jadis au domaine de Alyska. Par chance, Takias se retourna avec la fameuse phrase que voulait entendre le jeune homme, elle affichait par ailleurs un large sourire qu’il rendit au retour. C’est avec amusement que cette dernière enfila le baudrier en s’abaissant vers ses cuisses pour enfiler les sangles autour d’elles. Ceci semblait l’amusait grandement mais cela plaisait aussi avec étonnement Morvan qui se remémora des scènes qui était hors contexte actuellement. Serrant les sangles sur les cuisses, Takias Lui vola un baiser auquel Morvan sourit plus intensément sans vraiment comprendre la raison de la situation mais cela l’amusait. Une manière d’oublier une seconde le désastre qui animait ce monde de dédain. Malgré cet instant de trouble, Morvan se mit à rire en entendant les propos de sa Reine, comment pouvait-elle comparer un pégase à un dragon, la chose était plus divergent mais cela l’amusait car lui n’avait qu’un petit pégase alors qu’elle, elle devait posséder plus d’un dragon.

     Tandis que Kolio s’afféra à prendre son envol, Morvan profita d’être à l’arrière pour ceinturer de ses bras sa dulcinée et posant sa tête sur son épaule, facile quand on était plus grand, il pouvait ainsi sentir l’odeur délicate de ses cheveux et toucher les formes de la jeune femme qu’il avait pu voir plus clairement lors d’une échange peu formelle. Il profita de ces instants pour éviter de sentir la grande secousse que Kolio allait effectuer en allant prendre son envol avec aisance. Oui, c’est étonnant de voir un élémental qui pouvait voler et qui défiait la gravité sans cesse, avoir une petite frayeur sur la secousse de l’énorme créature qu’était devenu Kolio mais à chaque fois, c’était une chose nouvelle pour lui, l’habitude n’était pas encore de vigueur.

     Le voyage fut brève, disons que Morvan n’avait que très peu ouvert les yeux, il préférait se concentrer sur la personne qui était devant elle et s’abandonner à quelques rêveries de plaisirs. Malheureusement pour lui, il sentait que Kolio baissait son altitude pour se poser avec aisance sur une prairie ceinturé par la fameuse Forêt des Milles Clochettes, un endroit hautement magique que le fils de l’eau n’avait pas eu encore l’occasion de visiter. Il se laissa tomber comme sur un toboggan pour rejoindre Takias qui avait entreprit précédemment la même démarche. « Je pense aussi que cela ne va pas être difficile, mais restons sur nos gardes, ils peuvent nous prendre pour des ennemis ! Faire aussi attention si car l’on pourrait très bien tomber sur des Ridères qui roderaient encore sur ces lieux ! » disait Morvan en regardant la bordure de cette forêt mythique. Enfin, ils avancèrent dans cette forêt, le point handicapant pour eux était Kolio qui de son statut faisait que l’on pouvait le voir à quelques lieux d’ici mais d’un autre côté, cela conférait une sécurité en cas d’attaque car la peau écailleuse du dragon servirait de protection pour les deux amants surtout dont l’un avait vu ses dons diminué de moitié. Le temps sombre et la brise d’air frais rendait ce lieu magique en quelque chose de sombre et de peu sécurisant. Bien que faible magiquement, Morvan s’était armé dans son sac de quelques potions des médecins élémentals ainsi que de la nourriture revigorant si physiquement, il se sentait faible. Il devait avant tout protéger Takias et se protéger ensuite car comme disait Calion son chat, ton existence à peu d’importance face à elle. C’était une chose un peu dure qu’avait dit son chat mais il avait raison, après tout, c’était une souveraine.

     Alors que cela faisait quelques temps qu’ils déambulèrent, la forêt qui était silencieuse depuis le début laissait percevoir des murmures d’une certaine foule. Mais avaient-il entendu ses bruits que surgirent des arbres et arbustes, des archers encapuchonnés  et voilés, même si on pouvait clairement ne pas définir leur identité, Morvan tout comme le reste de la petite bande savait que devant eux se dressaient les fameux elfes rescapés de la chute de leur cité passée. Un de ces elfes qui préservaient leur élégance demanda sans détour ce que faisait deux humanoïdes ainsi qu’un dragon dans la forêt. Aussitôt, Morvan prit la parole : « Nous sommes des élémentals et après avoir reçu une missive annonçant la chute de votre cité, nous avons décidé de vous venir en aide du mieux que nous le pouvions. Nous sommes là totalement neutre, les caisses que vous voyez là sont de quoi vous aider à tenir votre camp dans ces bois et manifestait notre aide envers vous avec pour signe, l’amitié et la solidarité. Je vous prie de me croire archer elfe ! » termina Morvan en prononçant ces mots crédules. Il se tourna vers Takias sous un air interrogateur, ne sachant pas s’il était favorable de se dévoiler complètement devant eux. Autrement dit, révéler leur identité complète… Les elfes semblaient faire de même puisqu’ils se rassemblaient pour décider d’une conclusion…  

      Après leur petite concertation face aux propos de l’élémental de l’eau, l’ensemble des elfes se détendirent un peu tout en gardant leur majestueuse mise en garde. Celui qui devait être le chef de ce petit groupe ne refusa pas leur aide et au contraire, il semblait ravi de cette démarche. Néanmoins, la fin de ses mots démontrait toujours cette crainte. Le fils de l’eau avait justifié leur présence mais Takias avait pris soin de prendre la parole afin de remettre bien comme il fallait cet elfe qui avait sans doute irrité la Souveraine. Pour ne rien rajouter d’une certaine autorité, elle justifia son statut tout comme celui de Morvan qui n’avait pas bougé, comme un fervent soldat. Il ne voulait plus se montrer impressionné par les échanges entre diplomates car après tout, il en faisait partie dans une certaine manière. Comprenant avec qui il traitait, ces archers escortèrent le trio vers le centre même du campement. Au passage, l’on pouvait voir très distinctement le peuple, triste et fatigué de leur périple. En voyant des étrangers, des sourires s’affichaient quant à d’autres, c’était de la méfiance, surtout en croisant un dragon majestueux qui pour ceux ne connaissant pas vraiment la créature mythique pouvait donner les chocottes.

     Ils arrivèrent enfin devant une grande tente fait dans un tissu noble se mêlant parfaitement avec la nature environnant. Morvan pensa que même si les elfes étaient en difficultés, ils avaient gardaient néanmoins leur art et leur élégance, ce que le fils de l’eau enviait, l’élégance. Le chef des archers entra le premier suivit très rapidement par Takias et enfin Morvan qui ne cessait de zyeuter les armures des elfes, incroyablement beaux et richement sculptées. Pénétré enfin sous la tente, l’archer s’inclina devant son souverain siégeant autour d’une table, des cartes en mains, encerclé par ses conseillers, cela rappelait aisément le Conseil des élémentals où la chose n’était pas facile. Faisant place à Takias, cette dernière qui devait se montrer aussi majestueuse que lui se présenta formellement avant de désigner son conseiller auquel Morvan se contenta de s’incliner modestement. Morvan reconnaissait bien là ce souverain des elfes au caractère bien trempé lors du Conseil des Chefs mais là,  il le voyait un peu dépassé par les événements et voir sa ville réduite en fumée n’arrangeait pas trop les choses.

     Bref, la discussion semblait s’éterniser alors que l’action devait être prise au plus vite. Le fils de l’eau qui était figé comme une statue se ranima enfin car la discussion prenait fin.  Comprenant aisément que l’entente s’éclaircissait, Morvan allait pouvoir enfin faire de l’aide humanitaire. Rejoignant Kolio qui était un peu en retrait, encerclé par des elfes en admiration, le fils de l’eau prit une caisse, son  don de force n’étant pas encore diminué en lui, il transporta la caisse vers le camp de fortune que devait se composer un maigre centre des soins. Suite à l’ouverture de la caisse, il donna des produits de soins à chaque elfe qui était ordonné médecins, infirmiers ou même la garde qui surveillait la tente d’éventuels agresseurs. Certains dormaient sur des lits de camps tandis que d’autres étaient un peu déboussolée de ce qu’ils leur arrivaient. D’ailleurs, cela se voyait aisément sur eux avec leur blessures dont certains, on pouvait craindre à leur vie. Cela attristé un peu le fils de l’eau qui voyait pour la première fois de sa vie, la misère dans son ensemble. Il essaya de rester digne et de se montrer fort devant ces elfes abattues afin de leur conférer de l’espoir et de la persévérance mais même lui, sentait que ce nouveau fléau, allait s’en tirer des séquelles inoubliables. Pour l’heure, le fils de l’eau aida les elfes soignants pour soulager et panser ceux qui en avaient besoin. Etant un élémental de l’eau, il usa de ses peu de pouvoirs pour soulager certains maux des elfes en les massant calmement comme pour les relaxer. Sortant son livre des eaux, il chercha des techniques pour soulager des hématomes prononcés ou encore des douleurs intérieures par le biais de l’eau auquel chaque être humanoïde se constituait. Certains soignants elfes étaient admiratifs de voir une telle magie se déployait, il y en avait même une qui avait entendu parler des pouvoirs médicinales des élémentals mais n’en avait jamais vu. Ce qui avait tendance à faire sourire le fils de l’eau mais affirmait que son métier n’était pas médecin. Ainsi donc, il passa son après-midi jusqu’au soir à aider les blessés, ce qui avait aussi la finalité de lui enseigner quelques méthodes, techniques sur le fait d’être un aide-soignant et comprendre mieux ce que pouvait faire Anwen qui elle était vraiment médecin. Durant ces moments, les langues se délirent et certains elfes blessés ou malades racontèrent les événements qui s’était passé dans leur cité, surtout raconter ce qu’était les Ridères que Morvan n’avait pas la chance, enfin si on pouvait le dire ainsi, de les rencontrer pour mieux comprendre. « Comment ils étaient ? » osa demander le fils de l’eau. La jeune femme elfe qui avait le cuir chevelu arraché sur le côté gauche répondit de sa voix suave et immortelle : « Ils étaient très grands, dégageant une froideur encore plus prononcé que vous, leur yeux étaient énigmatiques, d’un bleu mystique si je puis dire cela. On avait beau se défendre, ils ne semblaient ne subir aucune souffrance, des monstres aux proportions mythiques, voilà ce qu’ils sont ! » « Combien de temps leur ont-ils fallu pour raser votre ville ? » demanda Morvan en bandant la tête de cette dernière : « Même pas deux jours, pris par surprise, nous avons pas eu le temps de riposter ! » termina-t-elle les yeux en larmes. Le blondinet essaya de se montrer positive et que tout allait bien se terminer, qu’il fallait tenir bon car ce n’était que le début. Cette dernière le remercia mais l’informa qu’il devait se reposer car il semblait grandement fatiguer. Le personnel lui dicta la même chose. Morvan se retira donc de cette tente pour souffler un peu vers le centre du camp, profiter du foyer face à la déclinaison de la lumière dans la forêt.

     Il déambula ensuite à travers le camp à la recherche de sa Reine pour enfin la trouver en train d’aider elle aussi les elfes dans un domaine ou plusieurs. Le jeune homme en profita pour sortir un peu hors du camp, rechercher un brin de silence mais surtout, visiter un peu ces lieux dont il ressentait malgré sa faiblesse un dernier souffle de magie qu’émanait la Forêt aux Milles Clochettes. Marché toujours et sans surveillance, il se retrouva bientôt très éloigné du camp. Sentant qu’il était seul dans ces bois, il prit place sur une branche d’un arbre de plusieurs centaines d’années et ainsi se reposer un peu loin de la foule en pleine détresse, surtout que ses dons lui donnait un air encore plus malade qu’eux. Ce n’était qu’en quelques secondes qu’il s’endormit comme une marmotte sur sa branche et cela dura pendant un court moment. Ayant depuis peu des sommeils un peu agités, il ne cessait de bouger et là encore, il ne pouvait y échapper et tomba donc de l’arbre l’air un peu perdu. Cependant, la situation un peu incongrue se continua. En effet, en se relevant, sa tête dépassait les buissons autour de lui et c’était là qu’il voyait pour la première fois ces fameux Ridères qui étaient comme la description de la jeune elfe avait fait. Ils dégageaient cette fraicheur que même lui ressentait au point d’en avoir la chair de poule.  Il en comptait une dizaine allant d’un point A à un point B, ils ne devaient pas savoir qu’un camp se dressait non loin de là. Ils devaient sans doute rejoindre une infanterie pour attaquer une autre ville ou un village. Prenant soin de ne pas se faire remarquer, Morvan courut à la va vite à travers la forêt pour rejoindre le camp. Le voyant finalement, il ralentit sa démarche pour ne pas éveiller des soupçons chez les elfes. Il se rendit en hâte cependant pour retrouver Takias qui continuait elle à aider. Se tenant à ses côtés, Morvan murmura à l’oreille de cette dernière : « Je viens de croiser ce qu’on pourrait appeler les Ridères ! Ils ne semblent pas chercher le camp des elfes mais je tenais quand même à t’en informer ? » Ce dernier qui voulait un moment de tendresse prit la main de Takias pour l’emmener hors du champ des autres, dans un petit moment d’intimité, il embrassa avec envie l’Impératrice avant de lui dire : « Tout va bien, tout se passe bien avec eux ? » Le fils de l’eau n’était pas protecteur ou inquiet pour elle mais seulement pour oublier un moment la peine qu’éprouvait le camp…  

      Après avoir posé la question banale qui engendrait aisément une conversation, la jeune femme auquel Morvan tenait ses mains dans les siennes ne pouvaient que sourire à sa réponse concernant son aide envers les enfants, on pouvait à travers la flamboyance de ses yeux percevoir un petit air enfantin, joyeuse comme si aider les enfants avaient su raviver quelque chose d’enfoui. Le fils de l’eau lui, on pouvait voir très clairement sur le mot enfant l’attristé mais le mettait aussi dans une réflexion. En effet, ce n’était un secret pour personne mais Morvan voulait des enfants, son rêve ultime passant même au-devant de son ambition de devenir un personnage important. Son cœur désirait ardemment tenir entre ses mains un nouveau-né, individu de sa personne qui pourrait perpétuer la lignée mais aussi avoir enfin une finalité dans ce monde où l’errance était la meilleure compagnie du blondinet même si de nos jours, cette compagnie s’en était allé pour celle de l’amour, de l’amitié…

     Cette rêverie mêlée à de la méditation se dissipèrent pour un retour plus dur dans la réalité des choses. Ceci se faisait sentir dans les propos de Takias qui affirmait avec détermination le fait qu’il fallait prévenir le roi des elfes au plus vite sans pour autant rompre la fragile stabilité du campement. Réfléchissant à deux, ils mirent un certain temps à trouver une solution, cette résolution se faisait par ailleurs par l’Impératrice qui par ses moyens magiques parvint à faire passer le message avec une discrétion sans faille. Morvan lui, se contenta d’observer, être ébloui par les prouesses de sa bien-aimée en sachant que lui ne contrôlait que peu d’éléments, mais cela ne le stigmatisait pas puisque la puissance, la force n’étaient pas des attributs qui pouvait qualifier notre tête blonde.

     Bref, après avoir envoyé ce message, l’un et l’autre se joignirent dans une sorte de câlin qui se voulait très sensuel mais aussi réconfortant car la situation, dans ce campement n’était pas terminée. Ce dernier baisa une fois de plus les lèvres chaudes de la jeune femme ardente avant de prendre la parole : « Après qu’on est terminé notre aide de la journée, je viendrais te chercher pour savourer un maigre repas au bord d’un feu de camp avec les autres, d’après ce que m’a affirmé une infirmière. Et ensuite, on passera une merveilleuse nuit ensemble avant d’attaquer une nouvelle journée de solidarité ! » disait-il avant de reprendre la séance bisous bisous et câlins savoureux entre les deux. Tenant sa main dans la sienne, ils repartirent au centre du camp, ne se préoccupant pas du protocole. Après tout, vu les circonstances, un peu d’amour même aux yeux des autres, cela pouvait faire réchauffer bien des cœurs. Rejoignant chacun ses occupations, Morvan regagna le centre des soins qui avaient besoin d’une aide toujours plus importante. Malgré son envie d’y retourner, il enviait un peu Takias, lui qui aurait aimé se retrouver avec des enfants, sentir leur amour toujours aussi débordants.

     Se dressant devant une responsable du personnel, Morvan lui demanda si parmi les elfes, il y en avait qui contrôlait des éléments, en particulier, l’eau ou encore l’air. Cette dernière en sortit une dizaine de son personnel ainsi que de la garde se trouvant aux abords. Cette elfe surprise demanda au fils de l’eau pourquoi ce genre de demande. Ce dernier dans un large sourire allait enseigner par le biais de son grimoire quelques conseils pour aider des patients car il n’allait pas rester auprès des elfes indéfiniment et avant qu’ils puissent partir en ne sachant pas pour quand le départ, il devait quand même leur léguer quelque chose de son pays. Même si après tout, le grimoire qu’il avait entre les mains venait des ondins des eaux douces. Les créatures les plus mystérieux que Morvan ne comprenait toujours pas, après trois ans de cette fameuse rencontre. Le fils de l’eau demanda gentiment à la femme elfe de bien vouloir rassembler le personnel qualifié en contrôle ainsi que quelques gardes. Une fois la chose faite, ils étaient tous réunis dans une petite salle délimité par des rideaux, séparant l’élémental des autres elfes, un lit avec au-dessus, un mannequin fait de glace, création de Morvan lui-même. D’ailleurs, certains ne cessaient de regarder cette statue de glace car elle avait vraiment le visage d’un être vivant ainsi que tout le reste. Sortant son grimoire de sa petite sacoche, il tourna les pages sans même les touchers pour trouver celles qui le convenaient. Affichant un large sourire d’encouragement, il débuta son petit cours élémentaire sur le soin par l’eau. Durant une petite heure, il usa de sa maîtrise sans relâche, la fatigue ne cessait de monter en lui, son visage très blanc affichait une teinte violacée faisant ressortir ses veines. Ses yeux d’un bleu transparent était presque noirs mais Morvan n’avait pas terminé, il chercha au fond de lui une source supplémentaire d’énergie pour continuer sa démonstration.

     Cependant, alors qu’il continuait à user de ses dons, sa maîtrise dévia de son contrôle, la petite flaque d’eau qui caressait la statue explosa avant de se transformer en une brume et de se dissoudre dans les airs. Sa statue qu’il surveillait pour pas qu’elle fonde se transforma elle en une grosse masse aqueuse avant de se déverser dans la pièce qui servait pour l’occasion. La plupart ne comprenait pas ce soudain changement, la femme elfe intervint alors pour informer que tout comme eux, l’élémental subissait grandement le néfaste de la perte de magie. Morvan se contenta de sourire malgré un air très fatigué, il gagna un siège avant que quelqu’un ne lui apporte de quoi manger. Après cette petite mésaventure, il fit un petit tour auprès des malades dont la plus grande partie dormait déjà.  Voyant qu’il n’allait rien faire avant le lendemain, il sortit du centre sous un remerciement bien chaleureux du personnel auquel Morvan souriait car c’était ça la vraie solidarité.

     Il se rendit avec envie au camp, là où était gardé enfants abandonnés ou encore ceux où leurs parents devaient aider le campement. En somme, l’endroit où il y avait pleins d’enfants qui demandaient de la compagnie, de l’amour et du soutien. Désirant être discret, le fils de l’eau chercha tel un espion sa dulcinée pour enfin la retrouvée avec des petits êtres ravis de voir une personne s’occupait d’eux. Accoudé contre un meuble ou peu importait, Morvan restait là à observer Takias sourire, jouer avec des enfants. Bien qu’il était fatigué, Morvan sentait en lui une certaine joie, tellement forte que son propre cœur n’allait pas supporter la charge. Comme si l’émotion était si forte qu’elle allait se former en des larmes de joie. Néanmoins, il devait se contenir mais l’on pouvait par la luminosité décroissante dans les bois percevoir une fine couche larmes aux bords des yeux de l’élémental. Il resta ainsi pendant un long moment avant que l’Impératrice ne puisse le percevoir. Ce dernier se ressaisit soudainement, séchant ses yeux de quelques larmes avant de sourire comme pour masquer une petite tristesse. Il alla ensuite à sa rencontre avant de la prendre dans ses bras comme pour un réconfort nécessaire en veillant tant bien que mal à ne pas l’intriguer sur son changement physique dû à la perte de sa magie. « Si cela ne te gêne pas, je vais rester ici avec les enfants…je n’ai plus rien à faire si je puis le dire ainsi au centre de soin, les patients sont pour la plupart dans un profond sommeil ! ».

     Bien qu’il attendait une affirmation de sa Reine, un enfant agrippa la jambe du fils de l’eau. Ce dernier surpris sursauta sous le rire moqueur du petit elfe. Aussitôt, Morvan courut après ce dernier en affirmant qu’il allait le manger. Ainsi donc, pendant un long moment de ce début de soirée, l’élémental s’amusa avec les enfants avant de partir rejoindre pour la plupart leurs parents ou encore le dîner et le coucher des autres. Manquant de monde, le fils de l’eau aida les elfes à nourrir les petits êtres avant de les mettre au lit. Morvan s’imaginait faire cela avec ses propres enfants dans une demeure plus chaleureuse et plus protectrice que ces tentes. Couchant le dernier enfant, il s’en alla retrouver Takias occupé elle aussi dans une fonction. Vu le monde qu’il y avait, le blondinet ne se risqua pas à mettre dans l’embarras l’Impératrice du Tout puisque le but premier ici était de se montrer à leur côté et ne pas montrer une certaine débauche dans leur ébats amoureux. Il convia donc Takias autour d’un bon feu, un peu en retrait du campement, entouré cependant par quelques elfes qui semblaient eux aussi se retirer un peu des lieux pour plus de familiarités. En résumé, une bonne convivialité se faisait sentir une fois autour du foyer ardent. C’est ainsi que Morvan pouvait mettre son bras derrière la jeune femme pour la faire rapprocher de lui comme un couple basique, sans distinction hiérarchique. La soirée se déroulait relativement bien, ils mangeaient peu pour rationner mais la bonne humeur de chacun suffisait à oublier la faim qu’ils éprouvaient.

     La nuit se passa elle aussi très bien, retiré intimement, Takias ainsi que Morvan pouvait profiter d’être dans un lieu incongru pour s’abandonner à quelques plaisirs avant de reprendre la voie de la solidarité et de l’entre aide au lendemain et ainsi de suite avant que ne puisse sonner l’heure du départ pour les deux élémentals…