La disparition de sa magie était désormais totale. De sa nature, il ne restait rien. Comme la brume qu’elle était, celle-ci s’était envolé emporté nul ne sait où… La mort ne l’avait pas réellement frappée, se serait même tout le contraire. Elle était revenue à la vie. Elle était l’humain qu’elle avait jadis été. Pourtant, loin de la réjouir, cela la terrifiait. Aaliah Z’Odra n’était plus une Ombre, cela signifiait qu’elle ne portait plus le fardeau de la malédiction réservé aux suicidés. La faim, la soif, le sommeil, les émotions, l’amour même étaient des mots qui renaissaient. Cependant, elle ne savait guère les apprécier à leur juste valeur, si toutefois ils en avaient réellement une ! Elle avait gravi les échelons de la hiérarchie, appris à supporter ce fardeau, à apprivoiser cette malédiction, regarder la damnation éternel sous un autre regard. Aujourd’hui le monde qu’elle connaissait venait de s’écrouler. Certes, il n’était pas le plus beau, mais elle y avait passé tant de temps que revenir à la vie ; c’était plus une seconde malédiction qu’une délivrance. Elle pouvait saigner, elle pouvait se blesser ou être blesser, elle ne contrôlait plus les ombres, ni même ses émotions. Aaliah ne s’en était pas réellement rendu compte, mais certaines de ses émotions semblaient être affectées par son contrôle du même nom. Et chose qu’elle pensait impossible, elle était plus déprimée en tant qu’humaine qu’en tant qu’Ombre !

Elle avait erré, dans la mesure du possible, à travers les chemins sans réel but, comme au premier jour de sa vie d’Ombre. Pourtant, à début de cette vie, elle aurait aimé revenir en arrière, être l’humaine, être prêt de sa famille. Cependant, tant de temps s’était écoulé, qu’elle désirait à présent redevenir Ombre au plus vite. Peu importait la malédiction, le fardeau, c’était devenu son monde et vivre sans lui semblait une épreuve impossible à résoudre. Fatiguée par sa marche sans but, elle due s’arrêter au bord du chemin. Les longues distances étaient finies pour elle. Aaliah n’avait plus la force de manger des kilomètres sans s’arrêter. Son corps exprimait à présent des envies oubliées. Elle ressentait l’envie de dormir et le simple fait de s’adosser contre un arbre avait suffi à ce que le sommeil la rattrapât par surprise. L’ancienne Ombre ignora combien de temps elle dormit lorsque des voix la tirèrent de sa rêverie. Au plutôt de son cauchemar. Elle due se frotter les yeux pour immerger complètement et comprendre un peu mieux la situation. Son estomac aussi se réveilla, mais elle n’avait rien à lui donner. Aussi, elle se contenta de lui donner une tape amicale pour l’inviter à se taire et à patienter. Aaliah n’avait pas l’habitude de se sustenter à heure régulière et encore moins après un effort.

D’une main, la jeune femme caressa sa louve qui veillait sur elle. Plus que jamais, elle appréciait sa présence. Le poil soyeux de sa compagne de toujours qui lui chatouillait la paume, la rassurait quelque peu. Dire qu’elle était angoissée devant sa soudaine humanité était bien faible. Elle avait juste appris avec le temps à garder un visage impassible, mais intérieurement, elle tremblait devant cette nouvelle condition. Et le faire de la louve n’était pas dupe ! Aaliah se redressa et tendit la voix pour écouter. Des gens semblaient en difficulté ou du moins, autant perdu qu’elle dans ce monde devenu chaotique. Elle hésita à rester dans son coin, silencieuse et invisible, ou venir au secours de ses inconnus. L’altruisme, ce n’était franchement pas son truc… mais elle devait s’occuper l’esprit pour oublier ses propos angoisses. Il lui fallait retrouver un sens à cette nature qui ne lui convenait pas. Elle se serait bien suicidée une nouvelle fois, mais au vu du cycle de la vie perturbé, elle préférait ne pas titiller la queue du diable. Aaliah soupira, une fois. Puis une deuxième fois avant de faire route vers les voix.

La mort n’était plus son domaine, alors autant essayer de ses serrer les coudes. Tout le monde était un peu dans la même galère. La magie, les monstres destructeurs, tout ça, c’était pour toutes les races. Ou presque. La magie ne semblait pas affecter tous les individus au même niveau. Cependant, ceux qu’elle rejoignit semblait être dans le même bain. Elle n’identifia pas toutes les races présentes au sein du groupe, mais assurément, il n’était pas tous de la même famille. Les deux meneurs, probablement, se disputaient pour savoir où diriger le groupe. Il cherchait un abri relativement sûr, ce qui sur une terres aussi dévaster relevait du défi. Sa dernière hésitation à se faire voir fut balayée par l’odeur de la nourriture qui réveilla son estomac à peine assommé par son coup précédent. Il gronda si fort qu’il passait outre les éclats de voix des deux hommes. Aaliah fit la grimace, mais ne se fit pas prier lorsqu’une femme lui présenta un morceau de pain. Elle pouvait de toute façon difficilement dire non et avala la dive nourriture. Le pain était frais, probablement emporté rapidement dans le bagage. Ils ne faisaient donc pas la route depuis très longtemps. Ils avaient dû fuir l’un ou l’autre village.

« Et si vous faisiez route vers Bouton d’Or ? Les terres y sont plus accueillantes
— La route est longue jusque-là, surtout sans magie et avec tous ses pillards qui en profitent ! répondit-l’un des deux hommes
— Il en ira de même pour la majorité de nos pillards
— Et ses monstres qui tuent et détruisent tout sur leur passage ? s’inquiéta l’autre
— Il ne me semble pas qu’ils aient atteint Bouton d’Or, en nous dirigeant là-bas, nous les distançons… Je… (elle hésita sur le mot, l’aide aux autres n’étant pas ce qu’elle avait effectué le plus souvent) vous aiderai à arriver jusque-là, je sais manier l’épée… même sans magie.
— Soit, allons-y. Quelqu'un connait le chemin le plus court pour y arriver? »

Ce fut le silence qui lui répondit en premier...

~ 985 mots

A toute chose malheur est bon ! Dans ce chaos total dont la baisse de la magie était totale, je ne pouvais que jouir de ma situation ! Enfin, je ne possédais plus le lourd fardeaux des Ombres sur mes épaules, les Ombres redevenaient humaines, moi comprise ! Je retrouvais la joie de vivre, je ressentais de nouveau toutes les sensations de la mortelle que j'étais avant. Je ressentais toutes les émotions, même les plus positives comme l'amour ou bien l'amitié. Chose que je ne pouvais plus atteindre en temps que Suicidée. Je ressentais même la faim, la soif, l'envie de dormir … toutes ces petites choses qui finalement est le signe que vous être tout le temps en vie et non pas un être réincarné en temps qu'âme maudite. J'étais heureuse, totalement heureuse ! Je me sentais tellement bien que j'aurai aimé mettre des vêtements dont la couleur reflétait à la perfection mon état d'esprit. Mais je ne pouvais m'y résoudre, non pas parce que je n'avais que cette couleur là dans ma petite panoplie de vêtements. C'est surtout en voyant le malheur des autres, l'humanité qui courrait à sa perte … Je ne pouvais qu'être touchée par tout ce qu'il se passait actuellement. Alyska m'avait prévenue déjà de la situation d'Aeden, les Elémentals ne cessaient de se multiplier à cause de la résurrection des morts, comme beaucoup d'autres races. Sans compter les ombres qui redevenaient humaines. Je poussais un profond soupir qui fit sursauter la dragonne tigresse blanche d'Alyska. Elle manifestait son mécontentement en me grognant dessus, je baissais mon regard vers le sol, puis vers une flaque d'eau plutôt vaseuse où je pouvais voir mon reflet. Mon regard était beaucoup moins sinistre qu'avant, mais il était marqué par la fatigue due à l'absence de magie. Chaque jour, je tentais d'utiliser ma magie … en vint. Je savais très bien que la magie avait presque totalement disparut sur ces terres, mais j'avais tout de même un petit espoir qu'un miracle se produise et fasse réapparaître la magie !

Je me levais tout en ayant les yeux fermés, avant de les rouvrir tout doucement dans un nouveau soupir qui fut plus long que l'autre. « Il faudrait peut être que nous continuions la route, ce serait le mieux si on veut pas se faire attaquer par les Ridere si jamais ils arrivent. » Je regardais la personne ayant énoncé ces mots. C'était un homme du groupe que j'étais en train d'escorter. Il se faisait beaucoup de soucis pour les personnes du groupe que je menais pour aller vers Bouton d'Or, l'un des lieux jugés encore saufs. Je pouvais parfaitement le comprendre, nous étions tous dans la même situation. Tout était si compliqué et difficile à vivre, je ne sais même pas si on réussira à sortir indemne de ce terrible chaos. Je finis par me lever, la dragonne tigresse d'Alyska fit de même. Il fallait absolument que l'on reprenne la route et qu'on atteigne le lieu sauf avant qu'une ou deux nuits ne s'écoulent. Je prenais les devant avec l'homme qui s'appelait Helïo. Je n'arrêtais pas de regarder à droite et à gauche, je n'étais pas vraiment rassurée. Surtout avec cette horrible noire plus menaçante que jamais. J'avais tellement peur qu'elle nous tombe sur la tête tellement qu'elle était anormalement grosse. Je poussais une nouvelle fois un profond soupir, sans avoir de raison bien particulière. Mais quelque chose m'intriguait, j'entendis des voix non loin de nous. Ce qui me surprit le plus s'est justement de reconnaître l'une de ses voix. Je marchais d'un pas pressé en sa direction et c'est à ce moment là que mes doutes s'effacèrent. Aaliah se trouvait devant moi avec un petit groupe de personnes que je ne connaissais pas du tout. « Aaliah ! » Je m'approchais d'elle sans aucune crainte puisque je la connaissais bien. Pour faire simple, sans rentrer dans les détails, c'était justement l'Ombre qui m'avait poussée à me suicider. Enfin, passons. « Je ne veux pas paraître indiscrète, mais vous allez à Bouton d'Or ? Justement nous nous y rendons et je connais le chemin le plus court pour y aller … en espérant qu'il ne faudra pas en emprunter un autre si les Ridere se trouvent sur notre chemin. » J'attendais une réponse de sa part et de la part des autres, si jamais il leur prenait l'idée de se manifester de nouveau.

734 mots

Ils avaient emprunté un chemin au hasard, à défaut d’en connaître un précisément. Ils savaient juste la direction et suivait la route sinueuse qui devait les emmené en sécurité vers Bouton d’Or. En espérant toutefois que ce lieu fût bel et bien sûr. Avec les Ridere et les bandits qui profitaient du chaos pour piller, l’on n’était sûr de rien. Cependant, mieux valait mettre de la distance… derrière eux, il ne faisait pas meilleur. Ce n’était pas pour rien qu’ils avaient abandonné maison et village pour fuit avec le stricte minimum. Aaliah, elle, n’avait pas réellement laissé de maison derrière, même si elle avait fait croire le contraire à ses compagnons d’infortune. Il était plus aisé de dire qu’on avait fui le chaos que d’avouer la perte de sa véritable nature. Surtout lorsque celle-ci vous damné pour l’éternité. Peut-être aurait-elle dû être soulagée de recouvrer des besoins élémentaires perdus à jamais. Cependant, c’était tout le contraire. Plongée dans le mutisme depuis qu’elle avait proposé la direction de Bouton d’Or, elle suivait la troupe d’un air absent. Pourtant, certains tentaient bien de lui adresser la parole, voire de la rassurer, disant qu’elle n’était pas la seule à avoir tout perdu. L’ancienne Ombre hochait simplement la tête, parfois murmura un « vous avez raison » pour faire bonne figure, mais elle restait perdue dans ses pensées. Allait-elle resté ainsi toute sa vie désormais ? Allait-elle resté humaine ? Ce n’était pas tant la perte de ses pouvoirs ou son apparente faiblesse qui la contrariait, mais principalement toutes ses émotions et ses besoins retrouvés qu’elle n’arrivait pas à maîtriser.

Lorsqu’elle entendit son prénom, elle sursauta surprise. Il était plutôt rare le nombre de personne qui la connaissait, l’Ombre s’attachant peu aux autres. La voix ne lui était pas inconnue, mais elle fut incapable de remettre un prénom dessus sans voir le visage. Elle redressa la tête et chercha du regard celle qui l’avait nommé. La surprise fut d’autant plus grande lorsqu’elle reconnut la fragile Ombre rencontrée par hasard lorsqu’elle avait désiré exercé une activité au sein de Draguial. La ressemble était encore plus flagrante maintenant qu’elles se trouvaient au même niveau. Humaine toutes les deux, aux longs cheveux noirs et aux regards foncés. Luane semblait cependant un peu plus heureuse qu’Aaliah de son nouveau statut. Elle ne pouvait pas vraiment lui en vouloir, être une Ombre était un fardeau et probablement plus encore pour cette dernière qui n’avait pas vraiment eu le temps d’accepter cette condition. Nouvelle condition qu’Aaliah lui avait imposé, puisqu’elle était responsable de son suicide. D’étranges émotions se mélangeaient au fond de la gardienne du sceau, quelque chose comme de la joie. Voir un visage connu, voir une Ombre, cela lui faisait vraiment plaisir au fond d’elle.

Aaliah fit un pas en avant, comme l’on fait pour aller se jeter dans les bras d’une vieille amie à la présence rassurance. Elle se ravisa en faisant le second pas. Ce n’était pas dans ses habitudes. Elle posa une main sur son front pour tenter de calmer ses émotions dérangeantes tandis que Luane reprenait la parole. Le petit groupe dont elle faisait partie, se dirigeait également vers Bouton d’Or. Elle connaissait apparemment le chemin le plus court pour y aller ; à la grande joie des hommes derrières qui désespéraient, sans oser se l’avouer, d’être sur le bon chemin. Toutefois, la réalité les rattrapa bien vite. Pour l’emprunter, il fallait espérer que nul Ridere ne s’y trouverait, sans cela, il faudrait en trouver un autre. Personne, dans l’état actuel de la magie, ne voulait affronter ces créatures ! L’Ombre hocha la tête, plus ils seraient nombreux et plus ils auraient de chance d’affronter d’éventuel pillards ou embuches qui entraveraient leur exode vers la ville sécurisante.

« Essayons, nous verrons bien si les Ridere seront là ou pas… »

L’Ombre pressa un peu plus sa main sur front pour faire taire la douleur, mais cela ne fit rien. Elle grimaça tandis que dans sa tête, tout se mit à tourbillonner. Aaliah vacilla avant que l’un de ses genoux n’effleura le sol. Le plus agile des hommes l’attrapa par les bras afin d’éviter la chute totale et l’aida à prendre appui sur son épaule. La jeune femme aurait bien voulu s’en passer, mais ses jambes refusèrent de lui obéir et dû se résoudre à donner le bras pour se redresser complétement. La faim la tiraillait encore. Depuis qu’elle avait renoué avec ce besoin vital, elle n’avait guère eu le temps de prendre un vrai repas complet, se contentant de grignoter ce qu’il y avait à sa portée. Cependant, elle était certaine que la nourriture n’était pas la seule responsable. Pendant des années, elle n’avait plus connue de réelles émotions positives. Loin de la rendre heureuse, la joie ressentie faisait naître en elle des crises d’angoisse.

« C’est la joie de te revoir, je n’ai pas l’habitude, se contenta d’elle de murmura à Luane, la seule peut-être qui pouvait comprendre son malaise face à des émotions depuis longtemps ignorées. Cela va passer »

La fierté passant avant tout, elle fit un pas pour s’éloigner de l’homme qui souhaitait pourtant l'épaulé aussi longtemps que nécessaire. D'un geste de la main, elle fit signe au groupe de rejoindre celui de Luane pour se remettre en route. Aaliah n'avait jamais vraiment apprécier de montrer sa faiblesse et il lui fallut peu de temps pour retrouver une démarche assurer. Du moins, en apparence. A l'intérieur, l'Ombre n'était pas des plus assurée par sa situation et craignait une nouvelle chute...

~ 920 mots

Je ne quittais pas des yeux Aaliah, je voyais qu'elle n'était pas très bien. Peut être qu'elle ne supportait pas la disparition de la magie et donc sa condition d'Ombre. Je la vis poser sa main sur son front, cela m'inquiétait au plus haut point. Je croisais le regard de certaine personne du groupe de ma chère amie Ombre, il se trouve qu'ils sont très enthousiaste à l'idée de savoir que je connaissais le chemin le plus court pour arriver au lieu sauf qu'était Bouton d'Or. Je dois avouer qu'il y avait plus d'une question qui me tourmentait l'esprit. Comme par exemple, pourquoi certains lieux n'ont pas été attaqué par ces fameuses créatures avec le cristal bleu imprégné dans leur chair au niveau du cou ? Peut être n'ont ils pas réussit à atteindre ces lieux ou je ne sais quoi d'autre. Enfin peu importe, il fallait absolument y aller. De plus Aaliah souhaitait réellement que l'on essaye d'emprunter le chemin le plus court. De toute façon ce n'est quand l'empruntant que l'on verra bien s'il y a des Ridere, pillards, voleurs, tueurs et autres qui vont se mettre en travers de notre chemin. Je jetais un regard soucieux à Aaliah, je voyais très bien qu'elle n'était pas au mieux de sa forme. Elle pressait sans arrêt sa main contre son front, sans compter son visage qui se crispait. Un petit cri de terreur sortit de ma bouche lorsque je vis l'Ombre perdre l'équilibre. Pendant un instant mon cœur avait cessé de battre, je ne pus respirer de nouveau que lorsque l'un des hommes se rua vers elle pour la soutenir. Mon corps tremblait de peur, je ne pouvais pas arrêter tous ces tremblements, on aurait presque dit une malade dont le système nerveux était vachement atteint. Surtout lorsque Aaliah me murmura que c'est à cause de la joie de me revoir, de cette émotion positive qu'elle ressentait qui lui donnait la nausée.

Je regardais attentivement l'Ombre qui m'avait poussée à me suicider. Au fur et à mesure de sa marche, elle retrouvait sa démarche assurée. Mais malgré cela, je ne pouvais être tranquille. Je voyais très bien que ce changement la perturbait grandement et je me sentais impuissante, je ne savais pas comment l'aider. Mais une idée illumina mon petit cerveau d'Ombre Humanisée. Je cherchais la dragonne tigresse d'Alyska des yeux, je m'aperçus qu'elle n'était pas derrière, mais devant nous. Elle était restée sous sa forme de tigresse parce qu'elle ne pouvait plus utiliser son pouvoir pour passer de sa forme de tigre à sa forme de dragon. Cela ne lui empêchait pas d'être attentive. Je compris alors qu'elle s'était justement mise devant pour repérer les bandits, Ridere et tout le reste qui pourrait se mettre en travers de notre chemin. C'était justement cela que je voulais lui demander, mais elle m'avait devancée. Je regardais à présent Aaliah en lui disant. « Je trouve qu'Alyska et son élève Slania ont de la chance de posséder le cristal bleu. Tu sais, c'est la pierre qui protège la magie de son possesseur de la baisse de la magie. » Je voulais essayé de faire la discussion un peu, pour essayer de penser à autre chose qu'aux Ridere. J'expirais une nouvelle fois profondément, je me rendais compte que c'était épuisant de marcher. Moi qui avait l'habitude d'utiliser mon pouvoir de Brume Sombre pour simplement glisser sur le sol et ne pas avoir à marcher.

Je n'entendais presque aucun bruit … cela devenait très stressant pour moi. Je ne savais pas du tout ce qui allait nous tomber dessus. Par moment mon cœur faisait des bonds monstrueux dans ma poitrine parce que j'entendais le simple bruissement des feuilles par le vent. Moi je m'imaginais qu'une, voire même plusieurs de ces créatures venues du continent de glace sortir d'un endroit de la forêt que nous traversions en ce moment pour nous tuer. Rien que de penser à cela, d'horribles frissons parcoururent mon corps entier en insistant bien tout le long de mon échine. Et voilà que je me mis à faire mon tic nerveux, je me mordais la peau des lèvres. « Je ne suis pas très rassurée ... » J'aurais tant aimé pouvoir utiliser mon pouvoir de transformation en araignée ou alors prendre ma forme brumeuse en usant de mon pouvoir de Brume Sombre pour déguerpir au plus vite. Mais je ne pouvais me résoudre à laisser Aaliah, que je commençais à bien apprécier malgré qu'elle soit la responsable de ma nouvelle condition d'Ombre. Je fis un bond phénoménal lorsque j'entendis de nouveaux bruissements de feuilles. Je ne savais pas du tout ce que s'était ni qu'est ce qu'il allait nous arriver. Laïka balayait sa queue assez nerveusement, cela ne me rassurait pas du tout !

792 mots

Un pas après l’autre, l’Ombre avançait prudemment sur le chemin. Elle n’appréciait pas vraiment montrer ses faiblesses, surtout lorsque celles-ci étaient un peu trop visible à son goût. Aussi, elle prenait soin de ne pas poser le regard vers les membres de la troupe, fixant d’un air rassuré la présence d’un tigre ouvrir la marche. Elle savait que sa louve surveillait les arrières du groupe, tout comme la licorne qui l’avait acceptée à jour devait les suivre quelques part, caché dans les fourrées. L’Ombre ignorait comment l’animal parvenait ainsi à ce faire discrète avec sa robe immaculé, mais lorsqu’elle avait besoin de sa présence, la créature savait toujours arriver à point nommé. De quoi se sentir en sécurité et protégé contre les éventuelles menaces que pouvaient attirer un groupe en quête d’un endroit sûr.

Luane lui adressa subitement la parole, lui parlant d’un cristal bleu qui protégeait son porteur de la perdre de la magie. Probablement que la jeune femme souhaitait lui remonter le moral ou du moins, lui faire penser à autre chose. Cependant, elle ne récolta qu’un soupir attristé de l’Ombre. L’absence de possession d’une pierre capable de conserver la magie était décevante pour Aaliah. Elle aurait aimé faire partie de ses privilégiés pour se sentir un peu plus forte en ce moment. La jeune femme laissa s’échapper un second soupir, de fatigue cette fois. La marche était éprouvante. L’Ombre n’avait jamais connu la fatigué, capable d’errer sans chercher après un sommeil mérité. Parfois, elle s’arrêtait dans une auberge et s’allongeait sur lit, juste pour faire comme les bons clients sans réellement de nécessité d’un point de vue physique. Mais aujourd’hui, son corps semblait avoir oublié toutes ses années passées à marcher sans but, sans arrêt. La fatigue semblait vouloir se venger de ces années à ne pas la ressentir. Ses pieds, ses jambes, son dos, tout commençait à la faire souffrir. Elle avait l’impression de se mettre à marcher pour la première fois de sa vie ou d’être une vieille femme. Une très vieille femme. Ce qui, vu le temps qu’elle était morte, n’était peut-être pas si éloigné de la vérité. Elle paraissait jeune, parce qu’elle s’était suicidé jeune. Son nombre d’année réelle, elle avait cessé de les compter. Aaliah ressentit une pointe brûlante sur le côté droit et passa une main discrète pour masser l’endroit douloureux. La jeune femme ne se rappelait même plus de la sensation d’un point de côté et aurait aimé ne jamais s’en souvenir ! Malgré cela, elle resta droite, se contenta d’une légère grimace. Si la magie l’avait fui, elle espérait au moins pouvoir conserver sa fierté et sa dignité.

Pour fuir la douleur, elle se rapprocha de Luane et lui attrapa la main. Elle la sentait tremblante et avait envie d’agir en grande sœur à son intention, sans vraiment savoir pourquoi. Peut-être que sa famille lui manquait tout comme de jouer la sœur rassurante. Et puis, il lui fallait également occuper son esprit pour qu’il en oubliât la maltraitance que cette marche infligeait à son corps redevenu humain. Après tout, plus qu’une sœur, elle se devait d’être une mère. N’avait-elle pas poussé la jeune Luane à se suicider ? Le destin lui avait permis de retrouver l’un des Ombre qu’elle avait créé, peut-être y avait-il une raison à cela. Cependant, les grandes conversations n’étaient pas vraiment son fort. Aussi, elle conserva silencieuse la main de Luane dans la sienne quelques instants avant de le rompre sans prévenir.

« Lorsqu’ils ont purgés une très longue peine, certains prisonniers ne parviennent pas à s’adapter à liberté pourtant tant espérée. A vivre en quatre murs, on finit par s’y habituer sans même s’en apercevoir. La liberté devient alors un gouffre effrayant et la prison prend des allures d’un lieu sûr. J’ai porté notre fardeau sur une distance trop longue, le poids de son absence me désoriente »

L’Ombre évita soigneusement d’utiliser le terme « angoisser », elle était peut-être prête à converser avec l’une des siennes, mais pas à baisser toutes ses barrières. Elle préférait se montrer forte et rassurance afin de calmer les tremblements qu’elle ressentait chez la jeune Luane. L’Ombre essaya même de lui hasarder un faible sourire pour lui montrer qu’elle était là et qu’elle saurait la protéger. Son sourire s’effaça toutefois rapidement lorsqu’un bruissement de fleur provoquant un bond conséquent chez sa compagne de route. Elle ne fut pas la seule à angoisser, car d’autre membre de la troupe firent un pas sur le côté, inquiet. A raison, puisque des voyous ne tardèrent guère à sortir des fourrées, branche à la main et l’air menaçant.

« On calme les animaux et vous nous r’filer vos biens de valeurs et vos réserves de nourriture. Si vous ne bougez pas, y’aura pas de morts, promis »

L’Ombre fronça les sourcils devant le rire sournois de l’individu qui les invitait déjà d’un signe de la main à le refiler tous ce qu’ils possédaient. En temps normal, cela ne l’aurait pas vraiment dérangé. Surtout la nourriture, puisqu’elle n’avait pas besoin de ses sustenter. Ici, ce n’était pas le jour. On lui avait déjà retiré sa magie, il n’était pas question en plus de la dépouiller aussi simplement et bêtement, sur un chemin perdu ! Aaliah n’était pas réputé pour réfléchir longuement, lorsque l’un des voyous approcha de la jeune Luane pour savoir ce qu’elle possédait, l’Ombre s’interposa rapidement. Si elle n’avait plus sa magie, elle conservait son agilité et la colère lui permettait de passer outre ses douleurs et la fatigue. D’un geste,  elle attrapa sa dague cachée au fond de son corsage et frappa le voleur au poignet pour lui faire lâcher son bâton avant de glisser sa lame sous son cou.

« Ce qui est à nous reste à nous, compris ! » Elle éleva le ton pour le dernier mot, que certains membres du groupe reprirent en chœur.

Ils n’avaient pas fui les Ridere pour laisser des gredins leur barrer la route et emporter avec eux le peu qu’ils avaient su sauver du chaos...

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Je n'étais vraiment pas rassurée du tout, voir cette assommante lune noire n'arrangeait vraiment pas les choses. Certes j'étais véritablement heureuse de ressentir de nouveau tout mes sentiments et émotions, mais ce qui n'allait pas du tout c'est que tout était à fleur de peau. La moindre petite chose qui m'aurait fait peur, que se soit en temps qu'Ombre ou dans mon ancienne vie d'Elémentale de l'air, ne me faisait presque rien. Alors que là, le moindre bruit de broussaille, de vent caressant le feuillage … Me terrifiait au plus haut point ! La preuve était là, j'étais en train de trembler comme une feuille ! Je ne pus contrôler un violant sursaut surprise, et de peur aussi, lorsque je sentis quelque chose prendre ma main. J'essayais de garder mon calme, je fus heureuse de voir que ce n'était pas le grand méchant loup qui avait prit ma main pour ensuite m'engloutir sans aucune pitié, non. C'était tout simplement Aaliah qui avait glissé sa main dans la mienne. Même si cela me rassurait de marcher main dans la main comme ceci, je ne pouvais vraiment pas contrôler tous ces tremblements. C'était nerveux et anxieux.

Mon regard gris emplis de terreur fixait l'Ombre qui m'avait poussée à me suicidé, je comprenais parfaitement ses mots pourtant si énigmatique, surtout qu'elle avait rompu le silence d'un coup ! Sûrement parce que je commençais à connaître les Ombres, puisque j'en suis une moi même. Je comprenais donc très bien qu'après toutes ses longues années passées en temps qu'Ombre, Aaliah ne se sentait vraiment pas à l'aise avec la perte de la magie qui nous a réduit à la condition humaine. Et comme elle le disait dans ses derniers mots, elle en était désorientée. Je dois avouer ne pas avoir assez vécue sous ma condition d'Ombre, pas aussi longtemps qu'Aaliah surtout, pour ressentir exactement tout ce qu'elle ressentait. Après cela ne m'empêche pas de trouver cela déstabilisant, mais pour moi retrouver ne serait ce que les émotions positives comme l'amour, l'amitié, la gaîté … m'emplissaient de joie ! Je vis le faible sourire qu'Aaliah m'offrait, un qui exprimait présence et protection.

Mais l'heure n'était pas à la joie, ni à la bonne humeur. Un lourd silence se faisait ressentir dans cette forêt qui menait vers Bouton d'Or. Je n'aimais pas du tout cela ! La dragonne sous sa forme de tigre était en train de grogner en direction d'un bruissement de feuilles, sa queue remuait très nerveusement. Je fis un bond monstrueux, j'aurai voulu me cacher, fuir, courir … tout ce que vous voudrez ! Je vis un groupe de bandits venir vers nous, les battements angoissant de mon cœur s’accélérèrent. Ils avaient des branches dans les mains, l'un d'entre eux prit la parole. Il nous menaçait en nous disant qu'il fallait que l'on calme nos animaux et que l'on devait leur donner nos biens et nos vivres. De violents frissons parcoururent toute mon échine devant le rire affreux de l'homme. Un voleur s'avança vers moi, je n'osais même pas bouger. Mais avant qu'il n'eut l'occasion de me toucher, Aaliah réagit immédiatement en empoignant sa dague et donna un violent coup de poing dans le poignet du voleur. Elle glissa avec rapidité sa lame sous le cou de l'homme. J'étais heureuse de savoir que certains membres de notre groupe n'allait pas se laisser faire.

Même si je n'étais pas très forte, je pris la dague en argent que j'avais emprunté à Sierra. Une bataille s'annonça, même Laïka grogna férocement pour prévenir les voleurs d'une attaque imminente. Mais dès lors où nous allèrent entrer en conflit, les bâtons des ennemis commencèrent à voler et à s'abattre sur eux. Je tournais tout autour de moi pour voir qui faisait cela, puisque c'était une certaine source de magie j'en étais sûre. J'aperçus non loin de nous une silhouette humaine vêtue d'une longue cape. La main qu'elle tendait vers les bâtons m'intriguait, c'était la seule partie de son corps que l'on pouvait voir, mais il y avait aussi un cristal bleu imprégné dans sa peau. Le cris des voleurs m'incitais à poser mon regard vers eux. Les branches des arbres et les lianes des plantes grimpantes s'entourèrent autour d'eux, entravant ainsi leurs mouvements. « Bouton d'Or vous attend ! » Cette voix, elle venait de derrière moi. Je me retournais et m'aperçus qu'elle venait de la personne qui venait de nous aider. Mais celle ci avait disparue … Je regardais à présent Aaliah avec des yeux pleins de surprises.

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La bataille s'engagea rapidement, les voleurs n'appréciant guère de se voir ainsi repousser. Heureusement, Aaliah put compter sur les hommes du groupe pour prendre les armes, ou du moins, pour prendre ce qui s'apparentait à des armes. Armée de bâton ou de rouleau à tarte, ils frappaient droit devant eux pour repousser les gredins qui souhaitaient prendre leurs biens restants. Sa louve se dirigea vers les femmes restées à l'écart avec les enfants pour grogner contre ceux qui osaient s'en approcher. L'Ombre espérait juste que les voleurs fuiraient vite par lâcheté. La plupart n'était pas de bons guerriers, juste des êtres qui profitaient du chaos et de la disparition de la magie pour s'attaquer aux plus faibles qu'eux. Elle donna un coup d'épée pour éloigner un assaillant et soupira bruyamment. La douleur de ses muscles se réveillait et même si elle conservait son agilité dans le maniement des armes, elle faiblissait dans ses mouvements. Etre humaine n'était finalement pas si simple. Et l'énergie dépensée au combat réveillait également une faim qui semblait insatiable. Elle avait pourtant manger il y a peu. Pas assez, assurément. Cela la rendait folle et un peu plus colérique. La faim s'était pire encore qu'une fierté blessée! Son estomac grogna et elle fit de même contre un ennemi.

Puis, tout se passa très vite. Les armes des voleurs se retournèrent contre eux et les plantes les immobilisèrent. Aaliah écarquilla les yeux sous la surprise. C'était de la magie, à coup sûr, mais qui? Personne ici n'avait le moindre pouvoir qui coulait encore dans les veines. L'Ombre se retourna, suivant les cris et les regards des autres pour apercevoir à son tour l'inconnu au cristal. Voilà qui expliquait l'utilisation de la magie. Comme l'Ombre aurait aimé en possédait un! Heureusement, la personne ne semblait pas vouloir être leur ennemi, une chance vu la magie qu'il maîtrisait. Enfin, il ou elle, d'ici ce n'était pas évident avec la cape qui le couvrait entièrement.

Un simple "Bouton d'Or vous attend" raisonna autour d'elle avant que le sauveur ne disparût aussi subitement qu'il était intervenu. Pas de nom, pas de visage, ni même de race. L'anonymat dans toute sa splendeur. L'Ombre se retourna vers la jeune Luane qui la regardait à son tour avec de la surprises dans la yeux. Il était inutile de lui demander si elle en savait plus sur ce qui venait de se passer, elle ne saurait guère lui répondre. Aaliah regarda la troupe qui les avait suivies, ils semblaient tous aussi perdus et surpris qu'elles. Ils semblaient attendre un signe, une autorisation. L'Ombre soupira une énième fois. Elle avait mal aux jambes, aux bras; elle avait faim. Chaud aussi et elle ne savait pas quelle émotion était entrain de l'envahir en ce moment. La joie, la craindre? Le manque d'habitude ne lui permettait pas vraiment de les différencier. En tout cas, l'étranger à la cape venait de les aider, autant l'écouter. Bouton d'Or ne devait plus être loin et l'Ombre n'avait pas envie de réfléchir plus longuement. De toute façon, cela n'était pas son fort.

"Allons-y! lança-t-elle au reste du groupe. Profitons qu'ils sont ligotés pour continuer notre chemin... aieuh!"

A peine le mouvement effectué, qu'une vive douleur la surprit sur le côté. Elle posa une main sur l'endroit douloureux, en grimaçant. Décidément, le fardeau des Ombres étaient bien léger par rapport à toutes ses désagréables sensations. Ou alors, son corps manquait visiblement d'endurance... Ce qui lui fit d'ailleurs remarqué gentiment un homme, avant de reprendre:

"C'est un point de côté, certainement.
Un quoi?
Point de côté, vous savez, c'est la douleur qu'on ressent lorsqu'on manque d'entrainement. Vous ne devez pas vous battre souvent! Z'avez pas mal au bras d'avoir maintenu une épée?"

L'Ombre grimaça, puis mordit sur la langue pour éviter d'être malpolie. Elle lui ferait bien remarqué qu'elle avait assez d'entraînement derrière elle, mais cela serait fort complexe de lui expliquer le tout sans aborder sa nature d'Ombre.Toutefois, sa fierté la fit craquer et ne put se retenir de lui répondre. Elle fit cependant un effort pour paraître aimable.

"Vous moquez pas de moi, ou notre prochaine rencontre sera moins sympathique.
Ah, vous appréciez notre compagnie au point de souhaiter nous revoir un jour?
Nous pouvons dire cela comme ça... Aller mettons-nous en route
Vous voulez que je vous porte?
Même avec un point de côté, je peux encore utilisermon épée...

L'homme n'insista pas, s'amusant même de la fierté de la jeune femme, sans savoir qu'il avait de la chance. A une époque, elle ne l'aurait même pas prévenu et tuer sur le coup pour avoir osé lui proposer de la portée. Faisant fi de la douleur, elle se remit en route vers Bouton d'Or, là où les Ridere ne viendraient pas et où ils seraient en sécurité en attendant le retour de la magie. L'Ombre posa le regard vers la jeune Luane, se demandant comment elle réagirait si la magie devait revenir et récupérer ainsi sa nature d'Ombre dont elle semblait apprécié la disparition. Profitant de la distance entre eux et le groupe, elle adressa une nouvelle fois la parole à la jeune fille.

"Je t'aiderai, si tu le souhaites, commença-t-elle. J'ai fais de toi ce que tu es, je peux t'aider à évoluer parmi nous... à mieux comprendre notre nature... Enfin, si un jour nous la recouvrons.
L'ombre resta silencieuse un instant avant de reprendre, profitant de sa nature humaine pour exprimer pour une fois ses sentiments.

"Cela me ferait plaisir... Tu... tu me rappelles ma soeur"

Puis, l'ouverture de ses sentiments étant limité, elle profita que Bouton d'Or se dessinait à l'horizon pour se retourner vivement en arrière et faire signer à la troupe. Les enfants semblèrent heureux de la nouvelle et furent les premiers à courir à vive allure pour atteindre la frontière de la cité protectrice...

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Aaliah me regardait avec la même nuance de surprise sur son visage, il en valait de même pour nos compagnons de route. Cette personne si étrange, que l'on ne connaissait pas du tout, était venu à notre secours et nous avez dit que Bouton d'Or nous attendait. C'était vraiment quelque chose dont personne ne voudrait y croire, mais pourtant ! Aaliah nous incitait à la suivre tant qu'il en était encore temps et que ces voyous étaient ligotés. Mais avant que l'on ne se mette en route, l'Ombre exprima un cri de douleur en plaquant sa main vers l'endroit qui était douloureux. « Aaliah ! » La peur me submergée une nouvelle fois, je détestais voir les gens souffrir. L'avenir me réservait quelque chose de moins empathique, mais cela je ne le sais pas encore.

Je fus soulagée de savoir que ce n'était qu'un point de côté, mais cette douleur physique ne semblait vraiment pas plaire à Aaliah. Je commençais à la connaître, jamais elle n'avouera ses faiblesses. Je m'approchais d'elle afin de lui montrer que moi aussi j'étais près d'elle comme elle, elle était là pour me soutenir. L'Ombre posa son regard sur moi tendis que l'on reprenait la route vers le Lieu Sauf. La fatigue commençait à se montrer petit à petit sur mon visage, ressentir toutes ses émotions fortes si soudaine m'avait tellement bouleversée que la fatigue mentale prenait peu à peu le dessus. Seule la présence et la voix rassurante d'Aaliah me permettait de tenir bon. Mes yeux se remplirent de joie lorsqu'elle m'assura qu'elle m'aiderait à progresser dans la hiérarchie des Ombres. J'étais quelque peu gênée, mais heureuse à la fois. Depuis que je suis devenue une Ombre, je n'avais pas chercher à progresser ou autre puisque j'avais perdue mon identité … celle que j'étais au fond de mon cœur. Mais maintenant l'espoir de savoir que j'allais de nouveau être un être à part entière renaissait ! Mon cœur ne fit qu'un bond lorsque j'entendis Aaliah me dire que je lui rappelais sa sœur.

Je dois avouer que je ressentais quelque chose d'étrange pour Aaliah, comme si nous étions liée d'une certaine façon, sans savoir comment ni pourquoi. Peut être avions nous un futur en commun, une Destinée liée. Mais avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, l'Ombre retourna en arrière afin d'annoncer une excellente nouvelle au reste de la troupe. Bouton d'Or se dessinait à l'horizon, c'était tout simplement incroyable, mais pourtant ! C'était réel ! Les enfants se mirent à crier de joie, à courir vers ce lieu sauf. Je rejoignis Aaliah en passant mon bras autour de sa taille. La merveilleuse couleur dorée des champs de Bouton d'Or emplissait mon cœur de joie ! Enfin de la couleur dans ce tableau si funeste ! L'agréable envie de s'allonger dans un champ de blé doré, de regarder les nuages passer sans se soucier du temps naissait en moi. Entendre le bruit des moulins à vent travailler, voir le village s'animer. J'enlevais mon bras de la taille d'Aaliah lorsque je reconnus la silhouette de la personne encapuchonnée au cristal bleu. « C'est vous qui nous êtes venu en aide ? » La personne releva sa capuche pour laisser apparaître son fin visage aux yeux d'ors encadré par de longs cheveux noirs bouclés. « Oui et Bienvenue à Bouton d'Or. Ici, nous abritons les personnes souhaitant trouver refuge dans un des lieux jugés saufs. Et c'est avec plaisir de vous accueillir ici. » Je m'inclinais. « Merci beaucoup, les personnes que nous amenons ont besoin de soin et de repos. » La jeune femme se retourna et nous invita à la suivre.

Après un certain nombre de soin que l'on m'avait administré, je sortis du village pour m'allonger près du champ de blé en regardant le ciel. Cette lune noire assommante régnait toujours en maître. Bizarrement j'espérais tant que la magie revienne en ce monde, que les Ridere arrêtent de tout détruire sur leur passage, que tout redevienne comme avant même si je devrais supporter ma condition d'Ombre. Peut être finirais je par m'y habituer et à vraiment progresser dans la hiérarchie de ma nouvelle race. Tout était encore flou et sans réponse. Mais pour le moment il fallait que l'on profite au maximum de cette trêve qui nous est offerte à Bouton d'Or. Mais pour combien de temps la trêve durera ? On ne pourra pas rester indéfiniment en ce lieu, il faudra bien que je retourne à Draguial.

Le sommeil gagna sur ma raison, en peu de temps mes pensées laissèrent place à la rêverie.

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