« Tu seras un Homme mon fils. »

« Ainsi donc êtes-vous enceinte ? ».

Il y a des choses qui se sentent, des choses qui viennent vous embrasser un beau jour, une belle nuit, à un instant de votre vie, quel qu'il soit. Vous savez, simplement. Aussi, Mitsuko savait que, grandissant au cœur de son ventre, se trouvait un enfant. Un petit sourire apparut sur son visage légèrement rougi par le froid ambiant. Le navire avait du mal à avancer tant l'océan qui bordait les terres glacées était gelé. Mais la Déesse à présent Mortelle n'avait que faire de ce genre de détails. Nul individu sur ce bateau n'avait osé lui demander de participer à quoi que ce soit, tous la regardant comme si elle n'était pas de ce monde, tous la craignant tout en l'admirant. Sa puissance était exceptionnelle, même si certains Hommes la dépassaient en des domaines. Si rares. Fut un temps, elle aurait été bien orgueilleuse à avancer une telle chose mais à présent, outre ses dons magiques qui s'étaient amoindris, que risquait-elle de la majorité des êtres ? Un simple chant et elle pouvait commander un équipage entier, un simple regard et elle pouvait intimider une foule sans même entrouvrir ses lèvres pour déverser dans le conduit auditif de ses interlocuteurs de douces paroles assassines. Pourtant, le simple fait d'être Mortelle était une faiblesse, une délicieuse faiblesse. Debout, ses deux mains emmitouflées dans des gants blancs qui la privaient du contact du bois de la balustrade, elle fixait le décor, ne répondant pas tout de suite à l'interrogation du jeune mousse. Ses yeux se tournèrent vers lui et, par réflexe, il baissa les siens, fixant un point pris au hasard. La Déesse sourit. Son fils, même s'il ne la connaissait pas, n'avait pas l'air d'être le plus courageux des Taiji que ces terres eurent portées. « Ainsi donc ce continent vous effraie-t-il ? ». La question le fit se renfermer un peu plus sur lui-même. Mitsuko trouvait cela amusant. Il était attachant. Le soucis, c'est qu'il n'avait aucune ambition dans la vie. Elle ne pouvait le laisser ainsi, rester mousse toute son existence durant. Elle bougea lentement l'une de ses mains vers lui, glissant son index et son majeur sous son menton pour le forcer à la regarder. « Vous m'accompagnerez sur ce continent. Les autres ne seront guère d'une très grande utilité mais vous, vous m'êtes spécial. ». « Mais... Madame... Je ne suis qu'un simple mousse... ». Elle rit. « Petit mousse deviendra un jour grand capitaine. Ne connaissez-vous donc pas la chanson ? ». « Euh... non... je... ». « Chut ! Je vous l'apprendrais durant le trajet ! ». L'homme, à présent qu'il la fixait, ne pouvait plus détacher son regard d'elle. Elle l'hypnotisait en quelque sorte, même s'il ne savait guère s'il fallait avoir peur ou non. Et si cette jeune femme était réellement enceinte, il se demandait qui était l'homme qui avait pu prétendre à une telle paternité, surtout qu'il n'était visiblement pas présent à ses côtés.

Elle le lâcha, ce dernier reprenant son souffle, ayant presque oublié de respirer. Le regard de la jeune femme se tourna de nouveau vers l'horizon. « Nous arriverons bientôt. ». La glace devenait de plus en plus difficile à percer. Le navire ne pourrait pas accoster. Ce froid étrange lui glaçait le sang mais ce n'était pas comme si elle ne s'était jamais rendue en ce lieu. Le mousse prit de nouveau son courage à deux mains. Il ne savait pas pourquoi, mais il voulait savoir. « Vous êtes enceinte ? ». Elle sourit. « Je vois que le capitaine ne sait pas tenir sa langue. ». « Mais, n'est-ce pas dangereux pour le bébé ? ». Si, ça l'était. Mais, elle savait qu'il résisterait, au creux de son ventre. La température baisserait, certes, beaucoup, elle avait déjà commencé, néanmoins, Mitsuko savait que c'était ici qu'elle devait se trouver. Cela faisait partie de ces choses qui naissait un jour dans l'esprit des êtres, telle une vocation, un chemin à suivre inconditionnellement. Et elle avait choisi d'embrasser cette voie, faisant fi des douleurs morales qui pourraient surgir à nouveau lors de son périple. Elle avait déjà perdu un enfant, elle n'était pas prête à en perdre un deuxième. Mais si le temps continuait de jouer à l'encontre de l'Humanité, peu importe si elle menait sa grossesse à terme, car le futur n'existerait plus.

L'Æther devenue Mortelle avait toujours bougé ses pions dans le grand jeu de la Destinée et c'est pour respecter cette tradition centenaire qu'elle posa l'un de ses pieds sur le sol gelé du continent des glaces.

776 mots

« Madame ! Attendez moi ! ». Ifrey courait après Mitsuko, la jeune femme ne s'étant guère arrêtée de marcher dès l'instant où elle avait posé le pied sur le continent de glace malgré les interpellations des hommes qui vivaient ici en temps normal. Ils ne s'adressaient pas à elle pour la prévenir du danger, ils le faisaient parce qu'ils la reconnaissaient. Elle était cette femme qui était venue chercher l'homme qui avait élu domicile ici un beau jour, arrivant de nulle part, repartant comme il était arrivé. Cet homme qui était venu ici il y a peu, pourtant, leur révélant qu'il parlait le langage commun. Seulement, la jeune femme n'avait pas l'intention de parler de Zéleph avec eux. Cette vie ne lui convenait plus et elle avait simplement décidé de tirer un trait dessus. Le Destin de son mari était grand et pour la réalisation de celui-ci, elle ne serait qu'un obstacle, tout comme il en constituerait un pour elle si elle marchait dans la direction qu'elle avait décidé de prendre. Ils n'avaient jamais rien eu en commun, ils s'étaient complétés, mais, à présent, rien ne pourrait la faire changer d'avis. Ils étaient comme les deux moitiés de deux pommes différentes qui auraient été collées ensembles. Ils se détruiraient. Elle le détruirait plus que lui ne pourrait le faire d'ailleurs, simplement parce qu'elle était comme ça, simplement parce que son cœur était vide là où son esprit était plein. Elle soupira, bien décidée à ne plus jamais recroiser le chemin de l'homme dont il était question. « Madame ! ». Mitsuko s'arrêta, attendant le mousse qui courait à perdre haleine, essayant de ne pas tomber sur le sol glacial. Lui s'était arrêté, avait discuté avec les habitants de ces terres arides et s'était renseignée sur l'identité de cette femme étrange qui avait embarqué sur leur navire. Arrivé à sa hauteur il finit par lui dire, essoufflé : « Je comprend mieux votre comportement. Votre mari a l'air exceptionnel. ». « Bien sûr qu'il l'est. Néanmoins, l'enfant n'est pas de lui. ». Elle avait dit cela d'une voix totalement neutre et sans une once de remord. « Pa... pardon ? ». En d'autres circonstances, peut-être aurait-elle souffert de cette faute aux yeux du mariage Réprouvé. Seulement, si le signe persistait bien sur sa main, il n'avait plus aucun effet, ni pour lui, ni pour elle. Elle avait rompu le lien ou, plutôt, l'avait gelé. Reprenant sa marche pour atteindre la grotte maudite au plus tôt, elle finit par lui avouer. « Vous savez, je n'ai pas trompé mon mari à mon sens. Cet acte était purement... raisonnable, dans le seul but de concevoir un enfant exceptionnel. Je n'ai pas aimé l'homme qui en est le père comme j'ai aimé être dans les bras de mon époux. C'était... différent. ». « Mais vous avez dit que votre mari était exceptionnel, tout comme les gens du village l'ont confirmé! ». « Oui, dans un sens, il l'est. Certes. Mais ses exceptionnelles qualités reflètent également d'exceptionnels défauts. Et puis, je tiens à élever cet enfant seul. Il n'aura guère de père et aucun ne revendiquera sa paternité. Le concevoir avec mon mari, si tant est que je l'aurai revu depuis qu'il a appris ma... transformation, aurait été une erreur. ». Elle faillit avouer qu'en plus de cela, aucun d'eux n'avaient été présents pour Erza et que, malgré des efforts de leur part, les résultats n'étaient guère probants. Leur couple n'était qu'un ramassis de blessures, d'effondrements répétés de ce qu'ils avaient pu construire ensembles. Elle n'était pas faite pour être madame Stark, une épouse qui vivrait dans la maison familiale construire des mains de son cher et tendre. Son mari était vénéré d'un peuple entier mais elle pouvait le tuer d'une simple volonté. Un Æther avec un Mortel. Cela n'avait aucun sens, que celui qu'ils avaient cru pouvoir en tirer, à tord. Elle soupira, préférant ignorer les paroles de son fils qui reprenait de plus belle sur ce mariage qu'il ne comprenait décidément pas. La vie de Mitsuko avait toujours été complexe. Elle avait cru qu'en redevenant Mortelle elle aurait pu contrer le fait qu'elle soit supérieure à son époux, mais, au final, tout ce qu'elle avait réussi à s'imposer, c'était la vision d'une réalité qu'elle avait tenté d'ignorer par le passé. Elle était sûre d'elle à présent. Jamais elle ne pourrait être cette femme rangée qui accepterait un être dans sa globalité. Non. Elle était une sorte de vipère, toujours à se faufiler dans les hautes sphères des peuples pour en tirer des bénéfices moraux divers et variés. Sa vie était vouée à la manipulation en tant que Mortelle. En tant qu'Immortelle, peut-être était-ce différent, mais elle n'avait jamais eu besoin de personne, elle se suffisait à elle-même. Choisir une vie de solitude, elle l'avait fait à l'instant même où elle était devenue sorcière et elle devrait s'y tenir car c'était ce qui lui convenait le mieux.

820 mots

Proche des montagnes de glace, Mitsuko suivait en compagnie de son fils une fine ligne de magie bleue. Lui la voyait aussi, ce qui la confortait dans la théorie qu'il aurait un grand avenir. Un jour, comme tous les Taiji, quels qu'ils soient, peu importe le temps que cela prenait. Parfois, il fallait des siècles à la puissance de sa lignée pour se révéler mais venait toujours ce moment où au fond même de l'âme des Taiji, quelque chose s'activait, une volonté de domination, une volonté de perfection dans un domaine. C'était ainsi, l'un des plus grands mystères qui puisse exister. Pourtant, si Mitsuko, en tant que Mortelle, oubliait souvent ce qu'elle savait en tant qu'Æther, cette découverte, celle qui scellait le commencement de sa lignée, elle ne l'oublierait pas. Mais qu'importe, là n'était pas la question, là n'était pas le sujet. « Et vous alors ? ». « Quoi moi ? ». « Hé bien, vous osez juger de mes mœurs, bien que vous n'en disiez rien, mais vous ne me racontez pas ce qu'est votre existence. En avez-vous honte, vous le petit mousse sans buts et sans rêves ? ». « Je... ». Elle s'arrêta de marcher, se tournant vers lui pour le dévisager un instant. Elle sentait que quelque chose était en train de se passer, que quelque chose n'allait pas. C'était...

Du haut d'une des montagnes qu'ils avaient gravi, Mitsuko inspecta le paysage, l'océan qui s'étendait à perte de vue par delà le désert de glace. Pourtant, d'autres éléments avaient jaillis, mystérieux cylindres d'une magie céruléenne qui s'élevaient vers le ciel, stables, semblant pouvoir être observés de partout. « Cela commence... ». « Qu'est ce qui commence, ma dame ? ». « Le début de la fin, le début de la suite. ». Le mousse ne la comprenait décidément que peu. Elle parlait en énigme, ses yeux émeraudes fixant l'horizon, inquiets et fascinés. Il le sentit, ce vide en lui, le vide laissé par un absence de magie qui faillit lui faire perdre l'équilibre. Le lien qu'il possédait auparavant avec son élément venait de s'envoler. L'avait-elle remarqué elle-aussi ? Oh oui, la sirène se sentait prise dans les méandres de la faiblesse qui l'englobait à présent. Pourtant, elle souriait. Elle souriait parce que si elle était restée Æther, alors elle aurait disparu ou aurait été obligée de trouver refuge en son temple ou en Okaeli jusqu'à la fin des festivités. Néanmoins, à présent, elle ne pouvait plus se permettre de trouver la mort car celle-ci serait définitive.

En contre bas, des bruits de glace se firent entendre, réveillant les derniers Ridere encore emprisonnés. En haut de cette montagne, elle était reine de ce monde aussi gelé que son cœur. Elle ne risquait rien, tout simplement parce qu'Iffrey possédait le cristal bleu. Il la protégeait sans même le savoir. « Regardez mon cher, ce monde glacial qui s'offre à nous seuls. ». Il ne savait pas quoi répondre, la trouvant de plus en plus excentrique, de plus en plus inconsciente. « Connaissez-vous la légende du début de ce monde ? La légende de la trahison des Ætheri ? Celle de la disparition du Créateur ? ». Mitsuko n'était pas n'importe quelle femme. Certes, des secrets ne lui avaient été révélée qu'une fois l'élévation obtenue, mais la culture qu'elle avait emmagasiné de son « vivant » était impressionnante. Petite, blonde, elle semblait n'être faite que d'amour et de tendresse, peut-être légèrement naïve et manipulable, mais loin des illusions de son apparence, elle était l'une des plus imminentes érudits que les terres du Yin et du Yang aient porté, l'une des plus manipulatrices également. Une femme faite de la même matière que les rêves, qui apparaît et disparaît, ne laissant qu'un goût amer ou étonnement sucré. « Non, Ma Dame. ». Évidemment. Ce genre de mystères prenaient des siècles à être résolu. Il fallait avancer minutieusement, lire consciencieusement et avoir assez d'esprit pour faire des liens entre des choses semblant pourtant n'avoir aucun point commun. Mitsuko était comme une fée, gardienne de secrets interdits, gardienne de secrets qui lui avaient même parfois coûté la vie. Elle ne supportait pas cette nouvelle génération de souverains qui pensaient bon, à l'image des Ombres, de révéler les mystères qui se trouvaient depuis des millénaires enfouis. Une évolution ? Non, ce n'était qu'un déclin monumental et l'ère qui allait bientôt se refermer le prouvait amplement. A force de trop agiter leurs langues bavardes, les Grands de ce monde le détruisaient allégrement. Seulement, les secrets qu'elle avait trouvé jadis, en tant que Mortelle, elle pouvait les révéler à son fils car la jeune femme ne doutait pas que d'ici quelques temps, ils ne seraient que d'autant plus révélés. Elle avait relié la courbe du temps, relié tous les éléments et le seul moyen de sauver ce monde était de ramener Sympan. L'aimait-elle ? Elle ne le savait pas. Lui obéirait-elle ? Sans doute pas, trop indomptable pour courber l'échine devant qui que ce soit. Elle tremblait d'excitation devant ce futur qui, bientôt, s'emparerait du monde. « Je vais vous la raconter dans ce cas. ».

851 mots

« Lorsque je n'étais encore qu'une magicienne, jadis, enfant, je m'imaginais souvent façonnant ce monde, ce monde qui m'apparaissait comme un mystère à résoudre, une énigme des plus alléchantes. Certes, ce temps est bien lointain mais je m'en souviens comme si c'était hier. J'imaginais. J'imaginais que d'un simple geste de la main, je pourrai créer un océan. J'imaginais que d'un autre, je pourrai faire naître des montagnes majestueuses. J'imaginais que la nature d'une simple pensée, d'une simple volonté pourrait prendre vie, n'obéissant qu'à moi, à moi et à nul autre. ». Elle sourit. « Je n'étais qu'une enfant, une petite fille qui s'ennuyait dans un monde de grandes personnes. Et puis, je ne m'entendais pas avec les autres enfants. Je les trouvais stupides, ne voyant pas quel point commun nous pourrions avoir. En réalité, l'imagination nous rassemblait alors que le sujet même de cette imagination nous divisait. Eux souhaitaient faire semblant de vivre en couple, d'avoir des enfants, un travail. Moi, j'imaginais mon monde, durant des heures. Moi, je déchiffrais les sentiments des êtres que je voyais passer dans le village où je vivais. Je devinais leurs pensées et j'essayais de leur donner une saveur, une texture, un son, une image que je regroupais dans mon monde imaginaire. A l'époque, la transmutation qui était mienne était des plus vives, si bien que mes parents décidèrent que je ne devrais plus sortir de notre maison. Et puis, ils observaient le mal se peindre au fond de mon être au fur et à mesure que je découvrais des vérités terribles. Je souhaitais tout comprendre, comprendre les êtres maléfiques surtout car ils m'apparaissaient dangereux, indomptables. ». La magie avait déserté mais Yffrey semblait bien plus intéressé par son récit que par l'état du monde. « Cette sensation qui s'emparait de moi à l'époque me rattrapa des années plus tard lorsque, réellement, je créai un monde à mon image. Aussi, il y a longtemps, Sympan dut éprouver le même sentiment, façonnant du néant un tout. Chaque chose possédait sa place, chaque chose était une création de son esprit, de son imagination. L'océan, les terres, les créatures. Autour de lui s'élevait un monde nouveau et du haut de sa prestance, l'Æther pouvait observer la grande machine tourner en harmonie. ». Elle fit une pause. « Voyez-vous, lorsque j'étais enfant, j'avais des obligations. Ma mère m'appelait parfois pour manger, je devais étudier également, laissant le monde que j'imaginais seul. Mais cela n'était pas possible car, à la manière des fées qui s'absentent trop longtemps de leur jardin, j'avais peur qu'à mon retour, je trouve toute chose détruite, annihilée. Alors, comme moi, Sympan créa des créatures de son esprit pour protéger ces terres nouvelles, pour l'aider dans la tâche qui était sienne, pour gérer les Hommes. Mais, ceux-ci, bien plus proches des Mortels, en furent bien plus priés que le Créateur lui-même, acquérant une puissance qui devint vite l'égale de la sienne. Il y a une règle qui semble indérogeable : l'appropriation de ce qui appartient à autrui. C'est amusant de voir comme les Hommes aiment à vouloir ce qui est inaccessible alors que ce qu'ils ont ne leur plaît plus. Et, une fois obtenu, souvent, la fadeur s'installe, la convoitise se portant sur un objet différent. ». Elle rit, murmurant pour elle. « C'est pour cela que jamais je ne me donnerai à toi. ». Puis, elle continua. « Les Ætheri créées par le Créateur voulurent prendre le dessus, s'accaparer son monde, son travail. De là apparurent les Maîtres du Temps, afin d'aider Sympan, espionnant les Dieux afin d'avoir preuve de leur traîtrise. Mais l'Æther originel avait laissé trop de temps s'écouler. Il sut qu'il ne serait bientôt plus que poussières emportées par le vent. Alors, fort de sa puissance, il divisa celle-ci pour former les fragments du cristal maître, ordonnant aux Maîtres du Temps de les dissimuler de façon à ce que les Dieux jamais ne puissent s'en saisir, que seuls les Mortels puissent y avoir accès. ». Elle sourit de nouveau. « Vous savez, lorsque j'étais enfant, je préférai voir mon monde détruit de par ma propre volonté plutôt que par celle d'un autre. Peut-être que Sympan et moi-même partagions ce point de vue jadis. Car, avant de disparaître, il gela les premiers êtres qu'il avait créé avec un seul objectif : détruire ce monde si jamais un jour l'équilibre y était brisé. ».

Mitsuko releva légèrement le menton, fixant les Ridere qui s'élevaient pour envahir le monde, pour l'annihiler à jamais. « Demain, nous serons à l'aube d'une ère nouvelle. ». Oh oui, en ce jour, elle était reine du continent des glaces, assistant à l'élévation du fléau qui s'abattrait avec d'autant plus de puissance sur le monde. Car la vie gagnait ces êtres et, comme une révélation, cela s'imposa à elle : l'Æther de la Vie ne pouvait être une autre personne, âme sœur de celui de la Mort.

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