« Il fut un temps où nul être n'aurait envisagé de défier les Ætheri. Il fut un temps où ces derniers ne seraient guère tombés dans les méandres de l'Humanité. Il fut un temps où ils n'en avaient guère besoin, un temps où l'ennui ne les gagnait pas. Un temps où les Mortels seuls régissaient le fragile équilibre entre le bien et le mal. Le temps de la gloire des êtres faits, comme vous et moi, de chair et de sang, des êtres qui pouvaient connaître la mort à chaque instant, emportés par le temps ou par les combats sanguinaires qui s'y déroulaient. En ce temps, chacun avait une idéologie définie, chacun se battait pour ses convictions et non pour essayer de préserver un semblant de sécurité. Ce temps n'était sans doute pas le meilleur que nos terres aient connu, ce temps a peut-être était idéalisé au fil des siècles et, pourtant, quand je vois ce que notre monde est devenu, je ne peux que me sentir responsable d'un tel échec. Les souverains vous mentent, les souverains vous accusent. Les souverains ne sont que de faibles hommes et de faibles femmes, des enfants à qui l'on aurait donné une trop grande liberté. Et s'il faut les punir, il faut avant toute chose s'en prendre à ceux qui sont responsables de ces cours de récréation que sont devenus les gouvernements. Et qui devrait répondre de ces actes si ce ne sont les Ætheri eux-mêmes, les Dieux à qui il revient la lourde tâche de régir un équilibre qui est depuis quelques temps déjà, des plus brisés ?  Que font-ils, demeurant silencieux dans leur monde ? Vous les priez chaque jour qui passe, vous vous agenouillez devant leurs hautes statues de pierres précieuses, mais que vous répondent-ils en retour ? Rien. Ils ne répondent pas car ils se fichent de votre existence éphémère. Vous n'êtes que des pions sur l'échiquier de leur existence, que des insectes qui leur semblent vivre que quelques jours futiles. Pourtant, oh oui, nous avons le pouvoir de faire trembler les Dieux. Car qui de plus à même que nous, qui de plus capable que nous, pour les faire tomber à genoux ? Cessez de prier ô mes frères et vous verrez que la justice vous sera rendue, vous verrez que ceux que l'on juge souvent les plus grands, s'effondreront de leur piédestal pour ramper à vos pieds. Alors, ce ne sera plus vous les insectes, mais bien eux. Eux qui n'agissent pas ou bien trop tard quand vos souverains se montrent incompétents, eux qui ne répondent que quand la paix est assurée, eux qui vous trompent grâce à leurs pouvoirs divins. Pourtant, ces dons qui semblent si grandioses, vous en êtes la seule source. Oh oui, cessez de croire et, tel un Djinn de qui l'on aurait deviné le véritable nom, ils se livreront à vous.

Il fut un temps, mes frères, où le bien et le mal étaient représentés par deux entités Mortelles, deux entités suffisantes. Où étaient les Ætheri à cette époque ? Nulle trace de leur existence ne recouvre un seul parchemin. Alors comment expliquer qu'aujourd'hui, ils se vantent de jouer un rôle aussi important ? L'importance de leur rôle n'est qu'à l'image de celle que nous voulons bien leur concéder. Mais une fois les rouages même de leur existence assimilés et compris, ce sont eux les seuls pions encore existants. Car, mes amis, mes semblables, nous sommes le passé et le futur de ces terres. Nous sommes le Tout. Nous sommes ceux qui permettons aux Dieux de vivre, d'exister, et il semble qu'après toutes ces années, qu'après tous ces siècles, ils l'aient un peu trop oublié. Mais comment pourraient-ils s'en rappeler si nous les laissons mener à bien leur existence emplie de despotisme ? Car pour que les Ætheri réagissent, il faut que leur seule vie soit en péril. Nous l'avons bien vu lors de l'ère du chaos du cristal. Des milliards d'entre nous avaient trouvé la mort dans un futur où régnaient en maîtres le chaos et la destruction, mais qu'ont-ils fait ? Rien. Ils n'ont rien fait parce qu'ils pensaient pouvoir profiter de la situation. Car vers qui se tourne-t-on lorsque le désespoir sonne à notre porte ? Vers qui regarde-t-on ? Vers ceux qui, nous le pensons, plus puissants que nos souverains, pourront nous apporter aide et soutien. Nous avons vu quelle fut leur réponse à nos prières, allons nous recommencer indéfiniment quand seul le néant est apporté ? Non.

Il fut un temps, je vous le promet, où jamais les Dieux n'auraient pu s'octroyer autant de pouvoirs au détriment de la population sans que celle-ci ne réagisse. Montrons leur qui nous sommes ! Et, surtout, rappelons leur qui ils sont ! » 

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« Mitsuko. ». « William. ». Un petit sourire se dessina sur les lèvres de la jeune femme. Ils étaient entourés de cadavres. Nulle âme ne vivait plus près du temple des esprits et il était le seul Æther à avoir illustré la scène de sa présence même si aucun d'entre eux n'avait dégainé la moindre arme. Le seul combat qu'ils avaient mené était celui de leur regard, plongés l'un dans l'autre. Mais, la scène, pour eux, ressemblait à une mélodie trop souvent jouée par des musiciens qui, bien que bons, auraient tout de même fini par lasser leurs oreilles. Pourtant, afin de ponctuer la bataille sanglante qui avait eu lieu, tous les deux pouvaient bien avouer être d'accords sur un point : un brin de musique aurait été le bienvenu.

Il fut un temps où Mitsuko avait eu pitié des êtres habitant ce monde. A présent, elle n'en éprouvait plus aucune pour ceux qui se laissaient trop facilement bernés. Les beaux et grands discours étaient si faciles à entonner, les foules étaient si faciles à convaincre. Cela n'en était même plus amusant. La seule conclusion qu'elle pouvait en tirer était que l'Humanité était navrante à bien des égards. Rares étaient les hommes et les femmes qui possédaient assez de jugeote pour défaire ses machinations, bien que simples à son goût. Il avait été si évident de berner tous ces gens, à coup de « frères », de « camarades », de leur faire croire qu'elle était comme eux pour que la confiance s'immisce en leur esprit, se distille dans leur âme. Alors, ils lui avaient appartenu, buvant ses paroles, soudés dans cet esprit d'équipe. « Nous sommes plus forts ensembles ! ». « Les Ætheri ne peuvent rien contre nous ! ». Encore aurait-il fallu réfléchir aux tenants et aux aboutissants. Comment une poignée de cent hommes aurait pu détruire des Dieux priés par des milliers et des milliers d'êtres ? Alors non, ils n'avaient pas été plus forts ensembles, ils étaient simplement morts ensembles, jugés coupables de la bêtise la plus profonde. Et, pourtant, ils n'avaient guère servi à rien, ils avaient eu leur utilité car, à vrai dire, en tant que Mortelle, la jeune femme n'osait s'imaginer défier les esprits du temple et quelques fidèles seule. Non. Ce n'était même pas l'entièreté des divins résidant en ces terres qu'elle visait, mais bien un seul d'entre eux. Un homme qui lui avait caché des informations. Oh, elle était rancunière, extrêmement rancunière et, très loin d'adhérer au dicton qui souhaitait que la vengeance soit un plat qui se mange froid, elle préférait la consommer à point et chaude. Le conseil des Souverains n'avait, lui non plus, guère était inutile. A croire que chaque chose qu'elle entreprenait était amenée à trouver une place de choix dans le long fil de son existence. N'y avait-il donc aucune coïncidence, aucun hasard ? Sans doute pas. Mais est-ce que cela avait réellement une quelconque importance ? Non. La vérité était que cette femme avait toujours tout contrôlé et qu'elle ne s'octroyait que de petits instants non maîtrisables de temps à autres, des instants qui l'étonnaient à chaque fois pour être rares et terriblement dangereux et excitants. Ce jour en marquerait un, bientôt.

Ses yeux ne quittèrent pas ceux de William, tout le long de ce qui sembla être un combat interminable. Un Dieu n'avait guère le même statut aux yeux d'un Mortel qu'à ceux de l'un de ces semblables. Curieusement, la jeune femme avait calculé le déroulement de cette guerre miniature à la frontière entre les terres du château des cavaliers sans tête en ruine et les terres du temple des esprits. Pourquoi ? Elle s'efforçait de ne pas y penser. Après tout, nulle information dans son esprit représentait la même chose dans celui de son adversaire. Pourtant, femme qui contrôle tout ne laisse jamais rien au hasard. Il y avait une raison, une raison évidente à qui y réfléchirait quelque peu. Néanmoins, ils devraient attendre que le flot des combattants cessent, attendre qu'ils meurent tous, avant de se prêter à ce qui devenait, avec le temps, une petite habitude, une petite manie, qu'ils avaient pris. Ils semblaient si proches dans la plupart des grands événements : la coupe des nations, le conseil des chefs, ils échangeaient de tout et de rien sans même avoir à ouvrir la bouche et, pourtant, pourtant la vérité était bien au delà des sourires et des politesses d'usage.

Tous à terre, inertes et immobiles, ayant livré un combat perdu d'avance pour des idéaux aussi idiots que ceux à qui ils appartenaient, ils eurent au moins le mérite d'offrir le début des festivités auxquelles les deux protagonistes restant allaient bientôt se livrer.

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Mitsuko s'approcha de William. L'une de ses mains se posa sur sa nuque. Elle lui murmura à l'oreille des paroles que seul lui pourrait entendre. « Je souhaite un père intéressant pour mon futur enfant. ». Elle sourit approchant ses lèvres des siennes tout en reculant lentement, le faisant pivoter en l'embrassant pour que leurs places soient échangées. Il dut le sentir. Elle le sentit. Sa prestance était différente, plus... mortelle. Ses yeux montraient son contentement. La mortalité attendait les Ætheri qui sortaient de leur monde. La faiblesse leur tendait la main. Le néant les épiait. Il l'avait senti, l'homme faisant un pas sur le côté pour rejoindre la terre promise, la terre qu'il avait créé, celle sur laquelle il était en sécurité. Seulement, il oubliait que l'ondine qui lui faisait face n'était pas la plus idiote des femmes. Oh oui. Elle avait fait exprès, elle l'avait calculé, bribe par bribe, depuis le conseil des Grands. La faux de la justice apparut dans sa main, celle-ci valsant dans les airs pour venir mordre le Dieu qui perdait de ses pouvoirs, le forçant à reculer dans un élan brisé, dans un élan désespéré. Tout puissant qu'il pouvait être, elle savait mieux que quiconque combien embrasser la faiblesse après des siècles de divinité s'avérait être déstabilisant. Elle rit, s'expliquant sur l'origine de son geste. « Sache que je n'apprécie pas que l'on entre délibérément dans mon esprit pour en effacer des souvenirs. Sache qu'il n'y a rien de tel pour éveiller une douce colère au plus profond de mon être, une colère qui peut s'avérer dévastatrice à bien des égards. ». L'une des mains de l'homme vint le défendre, manquant de peu le visage de Mitsuko qui bondit en arrière, prenant appui sur le manche de sa faux pour se défendre, pour se mettre hors de portée de l'esprit du temple. Ses pieds touchèrent le sol, de la poussière s'en élevant, des graviers s'étalant sur le corps d'un cadavre. Elle rit, bien contente de l'effet de surprise qu'elle pouvait encore provoquer en lui. « Que crois-tu ? Que je ne sais pas me battre ? Hum. ». Comment aurait-elle pu ignorer l'art de la guerre, comment aurait-elle pu ignorer l'art du combat ? Dante De Mallet, Zéleph Shizuo Stark, tous deux étant d'imposants combattants. Et, de l'autre côté, Orion Shidori, Naram-Sin, tous deux étant de merveilleux mages. Au centre, Vlad Sparrow et Jun Taiji, deux mélanges adéquats. Elle ne pouvait avouer s'être construite en mémorisant chaque comportement, chaque sort, mais, quelque part, peut-être était-ce la cas ? Hum ? N'était-on pas sensé apprendre de son entourage ? Et quand une femme telle qu'elle, qui possédait le don de mémoriser ce qu'elle voyait, ce qu'elle entendait, s'approchait d'un individu qu'elle jugeait intéressant, elle en profitait pour en apprendre chaque bribe, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien qui le soit. Mais deux d'entre eux étaient inépuisables, deux êtres qui savaient distiller leur essence avec parcimonie, deux êtres exceptionnels.

William finit par rire. « J'ai toujours vu clair dans ton jeu. Le problème, Mitsuko, c'est que tu joues avec des forces dont tu ignores tout. Tu joues en pensant posséder toutes les cartes, les cartes de ton passé, de ton présent et de ton futur. Mais tu es telle une enfant. Tes connaissances par rapport au commun des Mortels sont grandes, mais par rapport à ce que moi je sais, du monde et, surtout, de toi, tu n'es qu'un nourrisson. Alors je vais t'apprendre quelque chose. Les Ætheri qui ne regagneront pas leur monde à temps disparaîtront d'ici quelques temps, succombant à leur faiblesse. Mais toi, tu es arrivée en avance si tu penses pouvoir être la cause de ma chute. Malheureusement pour toi, bien que ma puissance s'ébranle, elle est toujours à même de t'éliminer. ». Mitsuko ne vit même pas l'acte arriver, son corps s'écrasant violemment sur le sol sous le coup de la magie qui déferla sur elle. Il enfreignait les règles mais à ce moment précis, où même les Dieux tremblaient, cantonnés dans leur monde, qui pouvait s'en soucier, qui pouvait le punir ? Et, elle, ne les contournait-elle pas, après tout ? Ils étaient tous les deux en tord, elle jouant de son statut spécial entre Mortel et Immortel, lui jouant de sa Toute Puissance. Elle ne sentait plus son corps, engourdie. Elle toussa, crachant une gerbe de sang. Elle avait oublié, oublié la douleur, oublié ce sentiment si étrange, ce sentiment de mort. Pourtant, elle était certaine que ce n'était pas cela qui devait se produire. Elle ne devait pas mourir, pas aujourd'hui, pas comme ça. Alors elle rampa, tendant le bras, touchant la frontière des terres du temple des esprits de son index, libérant la divinité en elle qui apparut dans l'enceinte du monde, faux à la main, prête à frapper William de la justice divine, de la sentence qu'il encourait pour avoir enfreint les règles.

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« Allons, nous savons tous les deux ce qu'il en est. ». William venait d'apparaître derrière la jeune femme, celle-ci levant un sourcil. « Ah oui ? Vraiment ? ». Sa faux pivota pour se rapprocher dangereusement de son visage, celui-ci se brisant comme du verre lorsque l'arme le toucha. Le corps de Mitsuko disparut à son tour dans un nuage bleuté, bientôt rejoint par une brume doré. Un combat, une union, nul ne pouvait le savoir. Ils réapparurent plus loin, elle sur lui, l'attirant au sol grâce au poids qu'elle donna à son corps. Ils roulèrent, rattrapés par la frontière du temple qui mit un terme à un surplus de pouvoirs divins. « Je dois t'avouer quelque chose, William. ». Il profita de sa force maintenant supérieure à la sienne pour reprendre le dessus. « Et quoi donc ? ». Un coup de genoux dans les parties. « J'ai toujours désiré... te tuer. ». Il se téléporta, elle avec, dans l'enceinte du temple. Les deux Ætheri maintenant face à face, debout, il posa ses mains sur ses bras. « Tu raterais la grande révélation. Ce serait dommage. ». Mitsuko sourit. « J'espère qu'elle aura lieu dans un avenir proche dans ce cas. Ce serait mieux pour toi. ». « Oh. Tout dépendra de lui. ». « Lui... ». Le silence s'installa. Elle ferma les yeux. « Tu parles de lui comme s'il était l'un des nôtres William. Ton ami, ton ennemi. Mais il n'est qu'un Mortel. ». « Le plus intéressant d'entre eux, n'est ce pas ? ». « Le lui dire ferait disparaître à jamais le privilège qui est sien. Et puis, n'est-il pas destiné à mon ancêtre ? ». Il caressa sa joue. « Tu possèdes son prénom, tu possèdes son habitacle... ». Il descendit sa main pour toucher le cou semblant vierge de la déesse, soulevant un pendentif invisible. Il sourit, ayant trouvé ce qu'il était sûr qu'elle avait conservé. « Pourtant, tu n'as jamais cherché à le faire tien quand tu en avais l'occasion. Peut-être te l'a-t-il confié pour se protéger de ses ennemis. Après tout, quelle plus digne gardienne que toi ? ». Elle sourit à son tour. « Malheureusement, ce n'est pas le génie que je souhaite, ni être la gardienne d'un simple médaillon, aussi précieux soit-il. ». Elle attendit quelques secondes. « La discussion est close. ». Parler de cet homme ne résoudrait rien au problème qui s'imposait à elle. Lors de l'ère du chaos du cristal, elle avait réussi l'exploit de le blesser, bien qu'elle ne s'en rappelle plus à présent. Comment ? Le phénomène ne s'était pas reproduit aujourd'hui. Le mystère restait intact, cruellement entier. Elle se détourna, il reprit la parole. « As-tu abandonné l'idée de me tuer ? ». Elle rit. « Crois-tu vraiment que j'en avais l'intention ? Non. Je voulais que ce qu'a décrit l'Ultimage plus tôt se reproduise. ». « Ce qui revient sans doute au même. ». Elle tourna son regard vers lui, un fin sourire sur le visage. « Tu peux rester muet, je te promet que je trouverai de quoi il s'agit et, surtout, comment reproduire l'expérience. Tu sais comme moi que tu es de loin l'Æether qui enfreint le plus les règles. Cela doit être forcément lié. Je trouverai... ». « J'en frémis de peur d'avance. ». Il rit à son tour. « Tu disais avoir besoin d'un père, n'est ce pas ? ».

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Mitsuko était à présent seule, à la frontière entre les terres du temple des esprits et les terres du château des cavaliers sans tête. Elle murmura alors doucement : « C'est évident, ce monde n'était qu'un néant tant que je ne te connaissais pas. A présent, il m'est bien plus amer. Et, sans toi, ce sera bien pire. ». Il avait raison. Mais ce qu'il n'avait pas prévu c'est que, cette fois, ce n'était pas elle qui ne répondait pas quand il l'appelait. C'était lui qui restait silencieux, tel un océan à la surface duquel aucune vague ne se serait illustrée. Ses rêves avaient perdu de leur magnificence.

La jeune femme fixa son regard un instant sur les cadavres qui recouvraient le sol. Les Hommes. Ils avaient le mérite de posséder toutes les excuses du monde, le mérite de posséder l'espoir et de se battre pour leurs convictions, même si ces dernières étaient stupides et utopiques. Mais n'avait-elle jamais été dans le même cas qu'eux, lorsqu'elle n'habitait qu'une petite maison du quartier résidentiel, lorsqu'elle n'était qu'une sorcière juste bonne à manipuler les émotions de ses semblables en rêvant à la connaissance absolue et à la royauté ?

Sans rêve, il n'y avait pas de réalité et sans réalité, il n'y avait pas de rêve.

Alors, elle sourit, fermant les yeux, laissant ses pouvoirs divins ramener ces hommes et ces femmes à la vie.

« Si une fois dans votre existence mes murmures sont devenus à vos yeux des vérités, alors il se peut que votre vie se soit transformée en cauchemar. Cependant, si un jour le don de me faire rêver vous est offert, alors, nous ferons ensembles le plus beau des songes. ».

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