« Je ne comprends pas très bien votre invitation. » murmura l'homme qui se trouvait en face de Mitsuko. « Taie toi ! Je ne t'ai à aucun moment demander de parler. » répliqua la Démone d'un ton ferme et dur. C'était tellement amusant. Faust Taïmon se tenait devant elle aujourd'hui et elle devait lui faire comprendre qu'il n'était pas l'un des membres de sa prétendue famille, mais bien l'un de ses descendants à elle. Une partie de plaisir en somme que la Dame avait hâte de débuter. Mais avant cela, elle voulait voir si l'homme en valait la peine, s'il saurait lui répondre où s'il la fermerait comme elle le lui avait demandé. Vous souhaitez éveiller la curiosité d'une Taiji ? C'est simple : ne faites jamais ce qu'elle vous demande quand elle vous le demande. Après cela, il vous faudra simplement survivre assez longtemps pour que sa fureur disparaisse. Aussi, Faust garda le silence quelques secondes, le temps pour la Démone de tourner autour de lui pour l'inspecter. « Hum... Tu es plutôt attrayant à y regarder de plus près. Une bonne taille, une morphologie adaptée, pas de gros défauts. Pourtant, tu sembles insignifiant. ». Un éventail dans l'une de ses mains, elle fit un mouvement brusque pour le fermer avant de le poser sur les lèvres de l'homme pour lui faire signe d'ouvrir la bouche. Faust le fit. « Intéressant. Tu as de bonnes dents, un avantage non négligeable. ». Elle ne justifiait pas toutes ses observations, se contentant simplement de les faire. « Contrôle tu tes dons magiques ? L'on m'a dit que tu étais Sorcier avant. Comment vis-tu le fait d'être à présent un Elémental. Elémental de quoi d'ailleurs ? » questionna-t-elle. Faust attendit un instant avant de lui répondre. « Si vous me disiez ce que vous attendez de moi au juste, peut-être pourrai-je vous répondre plus précisément. ». Elle sourit. « Tu n'es pas idiot, au moins, je te l'accorde. ». « Elémental de glace. Et la réponse est non. ». « Hum. » fit-elle remarquer. « Ce n'est pas grave, nous arrangerons cela. ». Mitsuko avait bien l'intention de passer au plus intéressant mais, finalement, un événement inattendu se produisit.

Le Manoir Taiji était une demeure très ancienne que rien ni personne n'avait réussi à détruire sur plusieurs ères, personne n'oserait et la nature, visiblement,  n'avait pas non plus envie de s'y risquer. Pourtant, l'Antre des Damnés grondait depuis maintenant plusieurs jours. Mitsuko n'y faisait pas attention, n'ayant aucune envie de sortir des murs protecteurs de la bâtisse. Le domaine était assez grand pour lui offrir tout le confort dont elle avait besoin et, surtout, elle était immensément riche. Des domestiques, elle en avait des centaines, tous ayant étudié avec sérieux, tous reconnus par de grandes écoles. Le principal soucis était la disparition de son majordome, malgré le malus qu'elle lui avait infligé pour s'assurer de sa fidélité. Seth aurait reporté la nouvelle depuis longtemps s'il avait été là. Elle ignorait ce qu'il s'était passé ici. Elle l'apprendrait bien assez tôt. « Ma Dame, une nouvelle concernant les Démons vient de me parvenir. ». La Dame posa son éventail sur son trône, fixant Faust un moment avant de tourner son attention vers son nouveau majordome. « Bien. Parle. ». « Je vous ai déjà informé sur ces tremblements étranges menaçant tout le continent dévasté. Il semble également qu'une terre soit apparue au beau milieu de l'océan. ». Les doigts de la Démone tapotèrent doucement le haut de sa canne-épée. Voilà qui était étonnant. Les choses changeaient, certes, mais si nouveau continent il y avait, elle voulait être l'une des premières à pouvoir le contempler. « Continuez. ». « Vous n'allez certainement pas apprécier. Les Démons et les Sorciers semblent être les plus enclins à se rendre sur ces terres. Leurs flottes se préparent mais rien ne permet de savoir qui posera pied à terre en premier. ». « Ne pas apprécier ? Voyons... ». Elle se fichait de cette compétition opposant les Démons et les Sorciers. Néanmoins, si elle pouvait tuer quelques Mages Noirs, elle ne dirait pas non... avec quelques Démons en prime bien entendu. « Tu viens de me donner une occasion de sortir de chez moi que je ne peux en aucun cas refuser. ». Elle sourit, tournant son regard vers Faust. « Tu m'accompagneras. J'ai a te parler et puis, cela te donnera l'occasion de t'exercer. ». Après tout, si Mitsuko souhaitait marier Faust à l'une des filles de Vanille, il devait présenter convenablement.

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Ares serrait avec un acharnement élevé la choppe en ferraille qui était devant lui. Dans une taverne, vêtu tel un clochard, il écoutait les conversations qui émanaient des différents groupes. Lui était seul, une capuche noire et crasseuse sur le visage. Les hommes ici étaient encore plus faibles que lui, une bonne chose si jamais il souhaitait se défouler. Haineux, voilà le trait de caractère qui lui allait le mieux. Il voulait mettre le feu à ce monde et le regarder cramer depuis un balcon composé des squelettes de ses victimes. Le Sorcier était de la pire espèce mais, après tout, n'était-il pas le fils de Jun Taiji et de l'Oracle du Chaos ? Ses desseins étaient sombres, spéciaux, dangereux. Ce qu'il lui fallait, la seule chose qui lui manquait, était sa puissance d'antan, celle qui lui avait permis de s'élever parmi les puissants d'un monde qui n'existait plus que dans les livres contant la légende de l’Ère du Chaos du Cristal. Il soupira. Il n'avait aucune reconnaissance en ce monde. Son père ignorait son existence et, de toute façon, il n'avait aucune envie de lui faire face dans cet état. Il devait devenir plus fort, recouvrer sa puissance physique, sa magie et faire parler de lui via ses carnages. Oh oui, cela serait parfait que Jun apprenne son existence grâce aux dires d'autres individus. Il viendrait alors de lui-même le voir. Bien sûr, ce qu'Ares ignorait, c'est que son père n'appartiendrait bientôt plus au monde des Mortels.

Quoi qu'il en soit, les tremblements de terre avaient commencé partout dans le continent dévasté. Ares ne s'en inquiétait pas, il était, au contraire, ravie, convaincu qu'il ne mourrait pas, pas maintenant. Être le fils de l'Oracle du Chaos suffisait à la rassurer quant à son futur. Il était juste terriblement impatient. Il voyait les Souverains Maléfiques agir alors qu'il était incapable de faire acte de grandeur. Néanmoins, une conversation vint résonner doucement à ses oreilles, une conversation des plus intéressante. « La flotte des Sorciers s'apprête à embarquer. Tu le savais non ? Pourquoi n'as-tu rien dit ? ». Un homme imposant parlait avec deux autres hommes plus chétifs, sans doute des serviteurs. « Je... Je pensais que cela n'était pas important. Notre flotte est bien plus puissante que celle de ces rats... ». Le ton peu assuré de l'homme montrait clairement qu'il n'était pas certain que le premier pense la même chose. D'ailleurs, celui-ci se leva d'un geste brusque, dégainant son couteau qu'il planta dans la main du pauvre miséreux. Un hurlement retentit et un sourire sur les lèvres d'Ares naquit. « Les Sorciers sont fourbes ! Qui es-tu pour ne pas savoir ça ? S'ils arrivent avant nous sur ce nouveau continent, ils en demanderont la propriété ! Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre un tel avantage ! Tu m'as compris ? ». Un nouveau continent. Intéressant.

Ares finit par se redresser à son tour, étirant son dos dans un mouvement lent. Il n'y avait pas meilleur représentant de la race des Sorciers que lui mais, sans magie, il était méconnaissable. Ce serait facile de tromper ces hommes. « Bonsoir. Je vous ai entendu parler de voyage. Pour tout avouer je cherche un travail. Contre rémunération je ferai ce que vous voudrez. ». Du moins, il le ferait croire car une fois en haute mer, il ferait tout pour couler le navire de ces Démons. S'il arrivait à faire en sorte de ralentir les ennemis de sa race, alors celle-ci arriverait en premier sur les lieux. Il aurait tout à y gagner. L'entreprise était risquée mais Ares était le genre d'homme que la folie rongeait sans scrupule. Il se fichait de mourir et, plus que tout, il ne croyait pas une telle chose possible. Le Démon l'observa des pieds à la tête, semblant hésiter avant de conclure. « Marché conclut, j'aurai besoin de chair à canon si jamais un combat commence. En attendant, tu seras de corvée de cuisine sur le navire. Tu pourras manger et tu seras payé. ». Ares sourit, ses yeux bleus mauvais se posant sur les deux autres hommes. Il avait l'intention de les tuer, tous les trois et, ce, dès qu'il le pourrait. En attendant, il devait faire patte blanche. Quelles stupides créatures que ces Démons qui ne vérifiaient pas la provenance des étrangers avant de les embaucher. Mais ceci était une véritable aubaine pour lui. Ce voyage serait, en plus, bien plus intéressant qu'il n'aurait pu l'espérer.

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« Je ne comprend pas pourquoi vous tenez tant à m'emmener avec vous. Pourquoi faire ? » objecta Faust. Même s'il était Elémental à présent, il n'en restait pas moins qu'il avait été Sorcier de nombreuses années. Il n'avait pas l'intention de saborder une opération que menait son ancien peuple. Mitsuko sourit, faisant claquer sa canne épée sur le sol du port tout en s'arrêtant d'avancer. La Dame tourna son regard vers celui qui semblait ne point assez la craindre. « Savez-vous qui je suis, mon cher ? ». Elle avait décidé de le vouvoyer, simplement pour contenter son ego avant de le faire plonger dans les tréfonds de l'incompréhension. « Bien... bien sûr. Mais je sais également que vous n'avez plus aucun titre. L'on vous nomme la Dame Rouge parfois mais cela s'arrête là. Pour rien vous cacher, je ne sais rien de plus que ce qu'il se dit dans certains livres et je ne sais pas d'où vient ce surnom. Mais tout ceci me semble si lointain que je me demande s'il ne s'agit pas simplement de mythes. ». Cet homme était décidément trop bavard. Elle devrait le dresser pour qu'il puisse correspondre aux attentes qu'elle nourrissait pour lui. « Qu'importe le passé. Et puis, entre nous, vous découvrirez bien assez tôt pourquoi l'on me nomme ainsi. ». Les traits de son visage s'étaient fait mystérieux. « La vraie question cependant est : qui êtes vous, Faust ? Car cela, vous l'ignorez et je suis la seule à pouvoir vous en dire plus sur le sujet. ». Elle tourna les talons, s'enfonçant dans les rues du Port. « Néanmoins, pour le moment, nous avons bien mieux à faire... ». Elle laissa passer un petit silence, s'assurant que Faust la suive bien. « J'ai entendu dire que quelques navires partiraient d'ici. Deux petites flottes, rien d'exceptionnel mais il semblerait que les Démons et les Sorciers de ces dernières aient décidé de faire la course. Le plus gros des navires est déjà parti. Seulement, contrairement à ce que vous semblez croire, je ne compte pas m'attaquer aux Sorciers mais bien aux Démons. ». Elle émit un rire bref. « Fut un temps, je gouvernais la moitié de ce monde. Je trouve que l'évolution de ces Terres est bien regrettable : personne pour commander les chefs, tous vivant leur vie sans prêter attention au réel sens du mal. C'est en unissant les forces que l'on réussit à obtenir un résultat, pas en s'érigeant en nations indépendantes. C'est une grossière erreur de faire passer l'intérêt individuel avant l'intérêt collectif. Je suis assez outrée de voir le présent à vrai dire. ». Faust la fixa un moment. Cette femme était folle, il n'avait plus aucun doute sur le sujet. « Vous... Vous voulez dire que vous avez l'intention de saboter un équipage démoniaque ? ». « Exact car si j'étais encore Reine du Mal aujourd'hui, ce serait les flottes de toutes les races maléfiques que j'enverrai, à l'unisson, conquérir les nouvelles terres. Cette petite guerre entre représentants du mal est aussi ridicule que si les Anges et les Faes décidaient de se défier. Voilà pourquoi les forces obscures ne peuvent gagner en ces temps. ». Elle marqua une pause. « Heureusement, quelques grands noms maléfiques sont encore présents pour faire pencher la balance là où la masse en est incapable, faute de certains dirigeants. ».

Mitsuko fixa un moment une échoppe avant d'entrer à l'intérieur. Ce monde la dégoûtait et ce n'était pas pour rien qu'elle avait trouvé le moyen d'atteindre une autre voie. Les manuscrits sur le sujet étaient rares et elle avait, bien entendu, pris grand soin de détruire celui qui l'avait informé de tout ce qu'elle savait aujourd'hui. Son ascension serait longue et elle devrait se plier à bien des sacrifices pour parvenir à son objectif mais le jeu en valait la chandelle car jamais elle ne deviendrait la reine d'un seul peuple. C'était hors de question, répugnant. « Qu'avez-vous l'intention de trouver ici ? » demanda Faust en entrant dans la boutique sinistre au possible. Un homme les fixait dans le fond, une sorte de Sorcier sans doute, que Lux In Tenebris avait défiguré. « De quoi saboter et cacher mon visage également. Et puisque je possède une fortune illimitée, laissez-moi vous dire que l'on trouvera aisément de quoi s'amuser. ». Elle avait déjà sa petite idée sur la question.

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