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 Le baiser funèbre.

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Ven 23 Mai 2014, 02:15

Prélude : « Nombreux sont ceux qui théorisent le hasard en fatalité et réciproquement, moi je ne crois qu’en ces occasions impossibles, ces aventures sans lendemain. Je suis cet homme qui défile dans le temps, je ne sais ce que sera demain mais croyez que je compte faire de ma vie une palpitante histoire, je veux que l’on se souvienne de moi, pour le bon et le mauvais que j’accomplirai. Oui, aujourd’hui je ne suis qu’un mortel mais qui sait, demain, je serai une étoile, me consumant dans le ciel sans qu’il n’y est une fin à écrire. Depuis que les dieux me chuchotent la gloire que méritent les titans, je suis obnubilé, hypnotisé, je veux être quelqu’un, que mon nom soit une légende et que l’on me craigne, ô oui, que l’on me redoute, que les visages se crispent de terreur à mon seul regard, et quelque part, que l’on me prie. J’ai un souhait, et le monde pourra brûler, peu m’importe. »
Ethan Mebahel aussi nommé « Le Mârid »
Il y a bien longtemps

Près d’une cheminée, un homme accoudé sur la pierre brûlante qui l’ornait, dévisageait les flammes avec ce désir de défier l’enfer que même le moins belliqueux des hommes aurait ressenti. Malgré la chaleur, aucune trace de sueur ne venait salir le colosse de glace, un verre dans l’autre main, il restait silencieux, attendant que son hôte n’arrive et n’apprenne la surprise de sa présence, il détestait passer par la porte, ce n’était pas dans ses habitudes. Dieu qu’il songeait, songeait à l’avenir et une femme allait l’aider, sans qu’elle ne le sache. Une femme qui avait pourtant tout compris. « Toi, ici, Ethan, qui aurait cru qu’un Mebahel reviendrait un jour chez les Taiji. Tu me déçois, je te pensais homme plus fier. » Sans finir son verre, il jeta le contenant dans le foyer, provoquant un retour de flamme qui ne fit qu’accroitre son ombre dans la pièce de tous les vices.

« Aria, j’ai failli t'attendre. Laisse-moi supposer, elle a aussi deviné ta mort ? » Il n’osa pas se retourner mais il sentit la présence ardente de la jeune femme s’approcher, son souffle irriter sa nuque, son sourire à lui grandissait mais il le dissimula instinctivement tandis que son interlocutrice s’éloigna, s’asseyant, jambe croisée, au boudoir pour recoiffer sa longue chevelure de rubis. « Il faut être bien simple d’esprit pour se fier aux dires d’une oracle. Mais tu es comme ça, superstitieux, ce simple petit trait de ta personnalité m’a toujours fasciné et en dit beaucoup sur toi, plus que tu ne le voudrais. » Le génie soupira longuement : « Si tu n’y croyais pas, je t’aurais mal imaginé faire le trajet pour saluer cette vipère. »

Se retournant brutalement il se mit à faire les cent pas : « Je n’ai pas assez vécu. Ça ne peut pas s’arrêter comme ça... » Prenant un instant pour y réfléchir encore une fois, il respira profondément, un souffle lourd s’apparentant à celui d’une bête, « Je ne peux que m’en remettre à toi. Je suis né il y a si longtemps, j’ai vu les aetheri dévaster l’humanité et j’y ai survécu. Il y a forcément un moyen de mettre la main sur le grand livre de l’élévation. Ta réputation veut que tu obtiennes tout ce que tu désires. Alors pourquoi ne le désires-tu pas plus ardemment ? » Un léger rire sarcastique embauma la pièce « Le monde n’est pas prêt. C'est notre problème ça Ethan, on ne sait jamais dire stop. C'est bien ce que l'on a de commun, on en a jamais assez. » Elle disait cela sur un ton léger, chantonnant presque mais la colère se fit porte-parole du Mârid : « TU n’es pas prête ! TU ne peux concevoir que le monde soit assujetti à autre âme que la tienne ! Nos familles n’ont cessé de se croiser à travers le temps. Tu me dois bien ça. » mais sans lever le ton, sans présenter la moindre nervosité, elle répliqua : « Je ne te dois rien, n’oublie pas que si tu es roi c’est grâce à moi. Ô Ethan, tu es donc de ceux qui redoutent la mort bien plus qu’ils ne rêvent de vivre. Il y avait autant d’exemplaires du grand livre de l’élévation que de continents sur nos terres mais William et ton fils - dont tu refuses toujours de me révéler le nom soit dit en passant - les ont cherché un par un avant de les brûler. Il fallait les arrêter. » - « Il en reste un. William désire secrètement ce que mon fils répugne. Il l'ignore encore. » - « Alors arrête-le. »

« Rien ne l’arrête. Il semble n’avoir… aucune faiblesse. » - « Tous les hommes ont leur faiblesse, je suis reine à ce jeu. Ô, il me vient une idée qui te plaira. » - « En es-tu capable ? De le garder prisonnier entre tes griffes suffisamment longtemps ? » - « J’ai toujours rêvé d’avoir un génie, à moi. Tu sais Ethan, si j’ai bien appris une chose, c’est que les hommes qui ne semblent avoir aucune faille sont en réalité les plus faciles à détruire. » - « Il apprend vite de ses adversaires. Et s’il te détruit avant ? » - « Ce serait amusant. Tu ne me demandes pas ce que je désire en échange ? Ce ne sont pas les génies qui crient à qui veut bien les entendre qu’il y a toujours une contrepartie à un souhait »

« Tu as eu vent de ma dernière trouvaille à ce que je vois. » - « Ô pardon ! J'ai aussi appris que tu tenais absolument à garder cela secret mais tu devais bien te douter qu'on ne peut rien me cacher très longtemps. Et la nouvelle ne m’a pas surprise, je n’en attendais pas moins de toi. Le Grand Cauchemar dit-on, rien de moins. » Ces mots, elle les prononça distinctement non sans plaisir. « Tu n’es pas celle que la Porte des Songes attend et je ne suis pas celui que le Grand Cauchemar réclame. Notre sang ne doit pas se perdre Aria. Mais ce n’est pas notre histoire. » La jeune femme se leva, irritée par cette fausse vérité qu’il semblait détenir dont on ne savait où : « J’écris l’histoire Ethan ! Nous pouvons bien mourir demain, nous reviendrons ! » Mais l’homme ne répondit rien, s’avançant vers le balcon, il se prit d’une étrange passion pour les étoiles : « Demain tu auras tout oublié Aria, je ne peux pas te laisser avec ce souvenir, pardonne-moi. » La reine sombre le suivit de près, d’un pas rapide à l’extérieur de la chambre par cette nuit glaciale : « Tu ne fais que retarder l’inévitable ! Manipule mes souvenirs si ça t’amuse mais n’oublie pas, tu ne pourras pas m’évincer. Ce sont nos deux héritages et on ne peut le nier. » Lui faisant face, il admira un instant ses yeux, des yeux qu’ils reconnaitraient entre mille, à travers la pénombre et la mort. Passant une main devant son visage, celle-ci tomba dans un profond sommeil, vite rattrapée dans sa chute par le Mârid qui la porta jusqu’à son lit. Une main dans ses cheveux, il lui susurra à l’oreille : « La prochaine fois que nous nous reverrons, ce sera en enfer. »

S’éloignant, il prit le temps de regarder une dernière fois Mitsuko, un prénom qu’il haïssait, qu’il n’employait d’ailleurs jamais, le nom d’une malédiction qui le dépassait. L’oracle ne se trompait jamais. Cette même phrase qui résonnait sans cesse dans sa tête, jour et nuit : " La fin sera l’œuvre d’un rêve. " d’un même rêve, un rêve qui contaminerait tout le monde. Aussi jura-t-il, ce ne serait jamais la fin car c’était bien connu, un rêve ne connait aucune frontière.

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Ven 23 Mai 2014, 15:23

Iris avait désiré modifier son apparence pour l’occasion, las de ses cheveux d’ébène, à la mesure que son peigne filait la crinière lisse et brillante, un blond d’or subsistait comme une trainée de poudre. La main qu’elle passait sur son corps l’habillait d’une magnifique robe rouge laissant son dos nu, elle aimait montrer les tatouages gravés sur sa peau et contredire l’image pure qui pouvait se dégager d’elle. Toujours pied nue, elle exagéra le rouge de ses lèvres en passant son doigt avant de s’observer un instant dans le miroir. Elle allait adorer cette soirée songea-t-elle alors que du creux de ses phalanges naquirent des perles nacrées formant un collier qu’elle accrocha à son cou avant de faire un tour sur elle-même, s’observant non sans désir pour sa propre personne. Elle était fière de son narcissisme, rien ni personne n’aurait pu lui brider son plaisir. C’était à présent son tour se rappelait-elle en admettant qu’il était idiot de ne faire profiter aucun spectateur de sa petite scène focalisée. « Ismérie, où es-tu encore passé ? » Ce à quoi l’ombre, derrière elle, répondit : « Juste derrière toi. »  Elle sursauta avant de se retourner vers lui, l’air contrariée : « Comment me trouves-tu ? Je vais faire des ravages ! » Mais Ismérie n’était pas de ceux qui complaisaient. « Pour cela, il faudrait déjà que quelqu’un d’autre que moi puisse te voir. » - « Qu’est-ce que tu peux être désagréable quand tu t’y mets. » elle aurait dû s’en douter, si elle voulait être complimentée, ce ne serait sur lui qu’elle devrait compter, à son grand regret. « Tu sors quelque part ? Il est vrai que l’avantage du trépas est bien la gratuité des loisirs. » Il était méprisant, un peu amer dans sa voix. « Et tu es invité mon cher alors tâche de sourire un peu, nous allons voir la représentation d’une nouvelle pièce dans le quartier de Djinneïs, un mélange plaisant d’un ballet classique sur fond d’opéra lyrique. C’est une représentation privée qui plus est, alors sens-toi honoré. » Mais le génie n’avait décidément pas le cœur aux festivités : « Si un gros aristocrate s’assoit sur moi et traverse mon ectoplasme de corps, je le hante jusqu’à sa mort. » Iris se mit à rire, sa façon de tourner en ridicule une situation dramatique lui plaisait.

Se rendant au théâtre, Ismérie voulut prendre sa compagne d’un soir par le bras mais celui-ci la traversa comme un nuage de fumée : « Si même les fantômes ne peuvent se toucher, dis-moi quelle réalité nous façonne. » ce n’était pas une question, juste une observation de l’ironie de la situation. « Nous ne sommes juste pas sur le même plan astral. C’est ma malédiction, personne ne peut me toucher. Ça ne m’empêche pas de m’épanouir. Il n’y a que toi pour faire débat de ces futilités ; c’est ici, entrons. » L’art du spectacle était déjà initié par Iris qui en passant, salua les hôtes du conservatoire avec courtoisie sans que ceux-ci ne réagissent, s’amusant de pouvoir voir ce que eux ignoraient. « Cette nuit, c’est le premier acte. » glissait-elle dans le brouhaha de la foule qui pénétrait les lieux. Conduisant Ismérie jusqu’à sa place et s’asseyant à ses côtés, elle fit part de son excitation alors que déjà, l’orchestre initiait ses premiers mouvements, que le rideau se levait. Des orines s’avancèrent sur scène entourées de sirènes qui montaient doucement la voix. Le ballet débuta alors que le piano faisait vibrer le cœur du génie qui restait silencieux. Il regardait le spectacle d’un air curieux, étrangement pensif et Iris soudainement plus intéressé par l’ombre que par la scène se plaisait à imaginer ce à quoi pouvait bien songer le génie déchu du haut de son perchoir. Rêvait-il de sa vie passée ? Cet air si triste, il ne le dédiait pas à n’importe qui. Sûrement cette musique lui rappelait une danse qu’il avait menée, une femme qu’il avait aimée ou le souvenir d’une soirée dont il aimait se rappeler l’aventure. Aussi Iris pouvait comprendre le mal qui rongeait son compère, il avait vécu si longtemps, des millénaires d’amour et de haine l’avaient forgé et tout s’était arrêté brusquement.

Alors que les orines effectuaient avec une rare grâce leur œuvre fascinante, que tous étaient hypnotisés, Iris glissa au génie qui pencha légèrement la tête avec elle : « Tu la reverras. Je te le promets, tu la reverras. » Mais sans réponse de sa part, elle préféra se taire. Cependant, alors que le deuxième acte commençait, l'ombre sortit de son mutisme. « Un peu avant de mourir, j’étais persuadé d’avoir fait le tour, je ne voyais plus l’intérêt de vivre, j’étais vide, et si seul. Et tout comme on savoure sa liberté lorsque l’on nous en prive, je désire ardemment la vie car la mort est cette prison de ténèbres et qu’elle fait de moi un homme bien pire. J’espère la revoir mais même si cela arrivait, je ne saurai que lui dire, la gorge serrée, sûrement la saluerai-je banalement et la regarderai-je partir. Nos esprits sont liés depuis que par un vœu, nous décidâmes qu’elle ne puisse jouer de son omniscience à mon encontre et que je ne puisse par la fenêtre de son âme en déceler toutes les inconnues de l’équation qu’elle forme en moi. Cependant, si un danger imminent pesait sur l’un de nous, alors l’autre le sentirait, c’est ainsi que j’ai pu barrer la route à Jun avant qu’il ne soit trop tard. Mais où était-elle lorsque je suis mort ? Sa simple présence m’aurait réconforté, qu’elle me tienne la main aurait été trop lui demander, je n’exigeai pas ses larmes ni un amour de dernière minute mais au moins qu’elle soit là, qu’elle me souhaite un bon voyage. Personne n’était là, et je ne voulais personne de toute manière, car c’était elle que j’attendais et elle n’est pas des mortels. Mais à présent, elle n’est plus personne. Un aether n’est plus l’humanité, il n’est qu’un écho de l’équilibre matérialisé, exprimé en un être qui se fait la voix de ce dernier. Que pouvais-je espérer au fond d’un simple écho ? D’un ricochet du ciel. »  Iris eut sa réponse, mais elle ne savait qu’apporter aux questions bien complexes qu’il entendait nier, désirant s’en débarrasser, comme s’il en était capable. Iris préférait ne pas donner de suite à la discussion, se repositionnant sur son siège, c’était à présent à son tour d’être pensive. Le pauvre, pensa-t-elle. S’il savait. Ismérie serait bientôt déchiré par un choix impossible, sa vie, il l’obtiendrait pour la revoir mais qu’en sera-t-il lorsque de cette même femme dépendra sa vie ? Iris savait l’avenir bien sombre. Elle devait dans cette optique préparer son disciple à se défendre contre les dangers qui se présenteraient à lui.

Ismérie de son côté lâcha son regard de la scène pour s’aventurer à détailler les alentours, et alors qu’il allait commencer à détailler les défauts visibles de quelques spectateurs, quelque chose l’intrigua. Des ombres dansaient sur les murs du conservatoire. Des ombres, de plus en plus épaisses confirma son jugement, quelque chose n’allait pas. Se tournant vers Iris pour la questionner, il remarqua avec étonnement son absence, elle avait disparu. Cela ne laissait présager rien de bon.

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