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 [Q.] Le Baiser du Boucher

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Mancinia Leenhardt
~ Humain ~ Niveau IV ~

~ Humain ~ Niveau IV ~
◈ Parchemins usagés : 11252
◈ YinYanisé(e) le : 01/05/2015
◈ Âme(s) Soeur(s) : Neah Katzuta | Ange | Compagnon
◈ Activité : Joaillière [Rang IV] | Médecin [Rang III] | Éleveuse de Vaches [Rang I] | Investisseur [Rang II]
Mancinia Leenhardt
Sam 30 Mai 2020 - 0:23


Image - Kadeart
Le Baiser du Boucher

Partenaire - Solo
Intrigue - Suite aux événements s'étant déroulés à Orhmior - RP Référent -, Mancinia prend sur ses épaules la charge de prévenir les proches des victimes. Si elle s'interroge sur les causes de l'étrange maladie ayant frappé le détachement, les pratiques douteuses d'un de ses collègues la tracassent également. Malheureusement, l'amertume gagne les Humains qui se méfient de plus en plus des Anges. Pardonner est-il possible ?



Mancinia avait levé sa main, heurtant d'un geste maîtrisé le bois de la porte. Quelques coups suffisaient à faire comprendre sa présence. Si la boutique était fermée aux clients suite aux événements, elle savait qu'on entendait. Ils attendaient la nouvelle. Elle prit une inspiration avant que le battant ne s'ouvre pour laisser place à un homme. Ce dernier devait avoir la septantaine, les cheveux grisonnants et des rides marquées indiquant le poids des âges. Son sourire s'était légèrement affaissé en distinguant son visage.

Oh ... Matasif.

Son ton était empli d'une certaine tristesse. Sa présence pouvait signifier qu'une chose.

Vous êtes venue ... C'est aimable.
J'y tenais.

C'était une remarque sincère. Aux yeux des autres, ce n'était peut-être que deux personnes et leur disparition n'impacterait pas grand-monde, car mourir faisait partie du cycle de la Vie. Malgré tout, ils avaient chacun une Famille et ce n'était pas être respectueux que de l'oublier. Ces deux êtres courageux, en ayant choisi de suivre les Anges en explorations, ne se savaient pas condamnés. Ils avaient seulement voulu prendre part à une grande aventure, mais l'issue avait été, hélas, tragique. Tout le monde n'avait pas cette prétention de vouloir aider son prochain, mais eux l'avait voulu. Le tenancier de cette boutique était le frère aîné de l'une des victimes, Jeffrey Vicondir. Perdre son cadet aurait eu de quoi ébranler n'importe qui. C'était les vieux qui partaient en premier, d'habitude. Seulement, la Vie était bien cruelle ...

Votre nièce ... ?
Je vais aller la chercher. Je vous en prie ... Entrez.

L'homme s'écartait pour qu'elle puisse mettre pied dans la boutique déserté. Il y avait de nombreuses confitures sur les étagères et sans doute ce lieu récupérerait vite toute la vie qui l'animait lorsque la douleur serait apaisée. Mancinia était venue voir la fille du disparu, notamment parce que ses frères étaient en Voyage actuellement et que celle-ci s'occupait du plus âgé de la fratrie en leur absence.

Yünae ? Viens, ma chérie ... Quelqu'un doit te voir.
Oui, mon oncle ?

Souriante, la demoiselle à la chevelure noire de jais et aux yeux d'émeraude apparut devant eux après avoir écarté le morceau de rideau qui séparait les pièces de vie à leur lieu de travail. Son sourire se figeait dès l'instant où elle vit la Matasif. Elle avait compris. Sa main se crispait sur le tissu, elle eut une longue inspiration en fermant les yeux, levant son autre main vers son collier sans osé poser la question fatidique. Quand elle les rouvrit, elle essayait de se trouver du courage pour le demander, les lèvres tremblantes. Yünae avait eu beau être préparée, c'était difficile.

C'est ... fait ?
Oui, mademoiselle. Je vous présente mes condoléances.

Mancinia avait doucement incliné la tête en signe d'affliction respectueuse, mais la demoiselle se laissait presque immédiatement retombée sur le tabouret près d'elle. Dépitée, les mots lui manquaient.

Est-ce que ... ? Est-ce qu'il a ... ?
Il n'a pas souffert. Les médecins se sont assuré qu'ils soient apaisés.
Bien ... C'est bien ...

Il y eu un silence. Simon, c'était son nom, eu une larme au coin de l'oeil qui dégringolait sur peau flétrie, chassant celle-ci d'un revers de la main en essayant de rester digne.

Il ne voulait pas que je parte avec eux ... C'était trop dangereux pour sa petite fille chérie, ah ah ... Quel idiot.

La barrière de ses yeux n'y tenait plus, elle mit ses mains devant son visage pour dissimuler ses larmes, mais rien n'y faisait.

Quel idiot ... ! Mais quel idiot !
... Est-ce qu'il n'y avait vraiment rien à faire, Dame Leenhardt ? Est-ce que ... avec un peu de temps ?
Je crains que l'Unité Médicale n'ait été dépassée par la gravité de la maladie ... et les risques étaient grands pour le reste du détachement.

Acquiesçant signe de compréhension, il vint près de sa nièce pour mettre sa main sur son épaule et l'encourager dans cette épreuve qu'ils partageraient ensemble.

J'allais me marier quand ils seraient revenus. Je voulais que mon père soit là, mais ...

Ce qu'elle avait imaginé pour sa cérémonie n'existerait jamais.

Merci, Matasif.
Je n'ai fait que mon travail.

C'était ingrat. Sans doute aurait-elle pu déléguée. Personne ne lui avait demandé de venir en personne. Personne ne lui avait demandé de s'occuper de la demoiselle, qui aurait très bien pu être prévenue par un membre de Yüerell. Ce n'était pas correct à ses yeux. Ce n'était pas humain.

Je vous prie d'accepter mes condoléances, encore une fois. Yüerell souhaitait venir vous avertir en personne, mais j'ai choisi de le faire.
Je comprends, ils ont beaucoup à faire ...

Il n'y avait plus rien à dire. Elle devait laisser cette famille faire son deuil. Simon la raccompagnait sur le pas de la porte.

... Pouvez-vous nous dire si ... les corps ... ?
Nos rites ont été respectés, reprit-elle. Nous recevrons les urnes dans les plus brefs délais. Nous vous tiendrons informés.
Bien ... Merci.

Inclinant la tête une ultime fois avant que la porte ne se referme et qu'elle ne retourne à ses occupations, Mancinia se disait que tout cela n'était qu'un immense gâchis. Malgré les animations dans les rues, la situation la laissait perplexe quant à la spécificité de cette maladie ayant pris la vie aussi facilement. Personne n'était à l'abri de rien. On oubliait que l'invisible tuait aussi sournoisement qu'une dague dans le bas du dos. Depuis qu'elle s'intéressait à la Médecine, l'Humaine avait pris conscience de bien des choses. Son hygiène, qu'elle voulait bonne d'origine, était en vérité déplorable. Des maladies qui lui étaient inconnues, en passant par les plus courantes la population lui permettaient d'être préventive. Vraiment ... c'était grisant. Plus elle apprenait, plus elle avait envie d'évoluer dans ce métier. Seulement, contrairement à quelques traditionalistes, elle allait aussi piocher dans les études venus d'ailleurs, ce qui lui donnait l'avantage de combiner quelques théories et idées, voire de regroupées quelques données entre elles. Sans doute était-ce le partage de ces connaissances, la véritable clé du succès. Pour se prémunir des dangers, mais aussi les concevoir, à l'instar des Sorciers menaçants de leurs potions macabres. La Fille du Soleil ouvrit distraitement la porte de l'étude où elle travaillait en tant qu'apprentie, en compagnie d'autres médecins ou d'étudiants. Imaginons, peut-être, qu'une maladie ne se répande dans une ville comme Amestris, que les habitants perdent peu à peu leur conscience et ne s'entretuent. Ce serait ...

Quel sourire sinistre.
Korthiad, salua-t-elle le médecin. J'élaborais des théories sur la maladie.
Celle d'Orhmior ?

L'Humaine acquiesçait. Mieux valait éviter d'ébruiter quelques pensées assassines.

Ah ! Je comprends votre curiosité ! J'aurais aimé avoir un échantillon de cette ... faune, flore ... de l'endroit. J'aurais voulu étudier sa composition, mais dans un sens, c'est bien trop dangereux de ramener quoi que ce soit ici sans connaître le vecteur principal de contagion.

Elle aussi, elle l'aurait voulu.

Ils pensent qu'il peut s'agir de deux maladies distinctes, en soi, c'est une théorie tout à fait plausible. Qu'ils contractent une maladie pulmonaire pour avoir pataugé dans un marais quelques temps est assez cohérent, pour ce qui est du reste ... Peut-être s'agit-il d'un endémisme propre à Orhmior, voire même à la région concernée ?
Ça reste une théories vu que les victimes étaient sur le territoire Magicien avant les explorations.

Mancinia penchait sa tête sur le côté, intriguée, tandis que son maître en la matière eu un léger sourire.

On sous-estime beaucoup le seuil endémique, vous savez ?
C'est vrai que c'est quelque chose qu'on oublie. Il suffit de partir de Haute-Terre et d'aller aux environs de Stenfek pour se rendre compte que nos régions ont des particularités propres.
Les Humains peuvent tomber malades dans une autre région à cause d'une inaptitude à supporter une plante ! Regardez les Enfants des Cieux que vous avez soignés, ce n'était peut-être que des spores propres au Désert dont ils avaient du mal à s'acclimater !
On ne sait pas de quoi ils ont été malades.
Oui, mais vous avez trouvé un remède. Ils avaient seulement quelques soucis respiratoires à cause de l'air stagnant de la Cité, c'est tout.

Mancinia eu un froncement de sourcils. L'air ? Depuis quand l'air rendait malade des bébés, ou des personnes en pleine santé ? Elle était persuadée qu'il s'agissait d'autre chose, mais elle n'avait malheureusement pas les arguments, ni les preuves adéquates.

Pourtant, avec les recherches médicales, ils auraient sans doute pu les soigner. Ça me laisse perplexe.
Aaaah ! Ils ont beau avoir des connaissances traditionnelles, ils se reposent bien trop sur les aptitudes de leur magie ! On va vous mettre dans la même pièce qu'un médecin Magicien pour une hépatorraphie, vous verrez alors qu'il est incapable de vous suivre.

Quelle ironie quand on lui suggérait de ne pas se documenter à l'étranger, avec des techniques qui avaient faits leurs preuves. L'Humaine savait très bien que les Magiciens étaient capables de faire une simple suture chirurgicale, mais avaient-ils la pratique et la vitesse propres à ceux qui ne se servaient pas de magie ? C'était une autre histoire.

En tout cas, il y avait clairement une hémoptysie.
Oui, les victimes se sont mises à cracher du sang.
La base de leur infection serait une phtisie ? ... Hum.

C'était un casse-tête lorsqu'on ne se trouvait pas sur place. Ils se contentaient d'avoir leurs propres théories sur ces questions nébuleuses auquel ils ne tarderaient pas à avoir des réponses plus précises. A un moment, ils avaient même émis la possibilité que ces derniers l'aient contractée avant leur départ, ou pendant la traversée. Sans parler directement de sabotage, il était toujours plausible qu'une bactérie rencontre un mauvais contenant, mais la crainte d'une épidémie avait secoué les praticiens pendant quelques temps. Cette idée avait été rapidement abandonnée devant le peu de réactions des patients sur le Continent, sans mentionner qu'une contamination plus large aurait certainement infecté plus qu'une dizaine de personnes. Il était peu probable que tout le reste du détachement y soit insensible ... Il y avait trop de variables, trop d'incertitudes. Tout n'était que suppositions avant la remise d'un rapport final.

Des idées ? l'encourageait Korthiad.
Si on met de côté cette infection pulmonaire ... Un parasite, certainement.
Pourquoi cette conclusion ?
Les malades souffraient visiblement d'hallucinations visuelles et auditives qui ne peuvent être causée par une fièvre, aussi forte soit-elle. Ce qui ne peut être détruit par magie ou par des médicaments est donc, potentiellement, un parasite. Il devait s'être logé dans une zone particulière et l'attaquait directement. Si la fièvre ne descendait pas, c'était en raison de sa présence qui ...
Vous avez lu les ouvrages des Déchus, n'est-ce pas ?

Korthiad venait de l'interrompre, croisant les bras sur sa poitrine. Contrairement à de nombreux de ses collègues, elle n'héstait pas à étudier d'autres ouvrages que ceux issus de son peuple. La Bibliothèque de Nylmord s'avérait très complète dans ses archives médicales.

La médecine touchant au cerveau est une aberration. Vous ne devriez pas vous y attarder. Ce sont des maux envoyés par les Aetheri, nous ne pouvons pas aller à l'encontre de leur message.

Mancinia était piquée de cette remarque. Qui devait-elle blâmée pour être aussi touchée par un de ces maux sacrés ?

Je trouve ces études très complètes, au contraire. Nous devrions nous y intéresser pour nous prémunir contre ce type de maladies.
Par l'Amour des Aetheri, Mancinia ... Non !

Post I - 1900

- Hépatorraphie - suture chirurgicale du foie
- Hémoptysie - crachement de sang venant des voies respiratoires
- Phtisie - synonyme de tuberculose pulmonaire



[Q.] Le Baiser du Boucher Chriss10
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Mancinia Leenhardt
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Mancinia Leenhardt
Sam 30 Mai 2020 - 0:50


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Le Baiser du Boucher

Mancinia avait refermé la bouche et n'avait plus rien dit, se contentant de subir un sermon sur les offenses envers les Aetheri en hochant la tête de temps à autre. Même en tant que personnes de sciences, devaient-ils réellement s'en remettre à leur bon vouloir pour sauver des vies ? N'était-ce pas à leur travail de prémunir celle-ci ? C'était abracadabrant. On ne donnait pas un savoir aux Fidèles pour ensuite leur dire de ne pas l'utiliser, c'était se mettre un clou dans la main. Écoutant tout en restant muette, sachant très bien qu'elle appliquerait ses propres méthodes lorsqu'elle serait Confirmée. Si personne ne remettait en doute ses capacités, mais seulement ses manières de faire, ils verraient bien que celles-ci pourraient être profitables au plus grand nombre. Craignaient-ils à ce point le changement ? C'était pourtant dans leur nature d'évoluer vers l'avant. Dire qu'elle pensait seulement étudier dans ce domaine dans le but de dissimuler son Don, la voici maintenant subjuguée. Si la Joaillerie avait été son premier amour professionnel, la médecine était ... Un monde fascinant. Effrayant. Illimité. Et il y avait tant à réaliser que c'en était grisant. Cependant, la Médecine des Humains était en retard ... bien trop en retard. Combien de temps avait-elle vu les femmes accouchées debout avant que la position allongée ne soit recommandée, alors que cette pratique étaient utilisées par les autres depuis longtemps ? Il y aurait beaucoup de travail pour améliorer la situation. Korthiad relâchait un soupir, conscient d'avoir mis une mauvaise ambiance et que son apprentie ne l'écoutait guère, bien trop têtue sur ce point. Il essayerait de lui faire comprendre, en attendant, il remit la conversation pour poursuivre sur un terrain plus clair.

Vous avez assisté à l'opération de la semaine dernière ? Qu'en avez-vous pensé ?
Que le patient perdait trop de sang.
C'est inévitable, malheureusement, nous ne savons pas contrôler le sang ... Vous vous sentez préparer pour votre examen ?
Je pense que je serais prête, oui.

Elle demeurait évasive, il y avait certainement un moyen d'éviter cette perte de sang inutile. Surtout que la vie du patient se retrouvait rapidement en danger vu que rien ne savait stopper les saignements en dehors de la rapidité d'action du praticien, élément qui pouvait également engendrées des erreurs fatales. A une époque, on essayait de transmettre le sang d'une personne en bonne santé vers un malade, mais cela conduisait quatre fois sur cinq vers la mort. C'est alors que quelque chose la marquait dans son observation visuelle : la descente du Soleil.

Bon sang ! dit-elle en se redressant. Je ne m'étais pas rendue compte qu'il était si tard ! Je vous prie de m'excuser, je dois ...
Allez vous occupez de vos enfants, oui oui, sourit le médecin.

Celle-ci lui rendit son sourire avant de s'en aller. Korthiad demeurait songeur devant la porte close. Il la savait consciente de bien des choses, notamment du fait que l'étude avait ses limites, mais Mancinia avait d'ores et déjà démontrée d'excellentes aptitudes. Seulement, elle s'intéressait de trop près à d'autres méthodes qui ... étaient aberrantes aux yeux des médecins Humains. Elle risquait de ne pas avoir beaucoup d'alliés parmi ces derniers, lui-même se refusait parfois de l'écouter. Ceci dit, si son apprentie parvenait réellement à trouver des remèdes, à réduire la mortalité, à faire évoluer leur médecine ... Il avait envie de croire en elle. Le miracle qu'il avait vu lors de l'Éveil était bien ancré dans sa mémoire.



Quelques temps étaient passés depuis l'annonce du décès des Humains lors des explorations de l'Île d'Orhmior. Une partie de la tristesse s'était évaporée et laissait désormais place à un climat de suspicion. Quelques mauvaises langues parlaient d'un prétexte pour expliquer leur disparition ... Parce que si c'était vraiment une maladie, pourquoi alors un membre de l'expédition se retrouvait affublé du titre de Boucher ? Mancinia se massait la tempe. Quel casse-tête que d'avoir affaire à des bornés qui ne comprenaient pas les mots sortant de la bouche des officiels, déformant ces derniers selon leur bon plaisir, cherchant dans le moindre mot un complot potentiel. Ce n'était pas la faute des Anges. Ils essayaient d'être totalement transparents sur la question et celle-ci était d'ailleurs saluée. Heureusement que ces idiots n'incarnaient pas une majeure partie de leur population. Personne n'avait besoin de ça alors que la colère était encore grande contre l'Ange ayant pris la vie de certains d'entre eux. Il avait beau avoir été exécuté pour ses crimes, l'amertume régnait et ne cessait désormais de grandir contre ces tueurs d'Humains désormais incarné en la personne du Boucher. C'était presque si on ne devait pas l'éliminer, lui aussi. La Kaaezi n'avait rien entendu de plus farfelu. C'était deux êtres différents, aux motivations différentes, dans un contexte différent ... Inconsciemment, ils en étaient tous conscients. Sans parler que le nom du responsable courraient un peu partout, choquant quelques uns, qui s'en donnaient à coeur ouvert. Cette nouvelle leur était parvenue en même temps que les urnes des victimes ...

Isiode Yüerell. C'était bien étrange et en même temps, qui d'autre aurait pu avoir une telle abnégation ? Le Boucher. Sans empathie. Froid. Mécanique. Aurait-il dû sourire ? C'en aurait été encore plus macabre. Aurait-il dû s'arrêter ? Ils seraient morts malgré tout. Aurait-il dû pleurer ? ... C'était un Soldat. S'il pleurait à la moindre mort, il en aurait perdu l'esprit depuis longtemps. Même Neah avait du mal. On pouvait lire dans son regard, mais voir des larmes couler était si rare. Il y avait eu cette nuit où ... Mais surtout, oui, surtout. Elle ne l'avait vu quand Isley avait touché sa main. Sa petite main dans la sienne avait eu raison de toutes ses défenses. La Vie au-dessus de la Mort. Ce souvenir lui réchauffait le coeur. C'était la Guerre qui les avait transformés ainsi. Son pas était devenu plus rapide, plus rageant. Traiter les Anges de Tueur d'Humains en était presque un scandale. Elle aussi avait été victime de tout ça et elle n'en faisait pas des tonnes, nom de Sympan. Ils avaient été là autant qu'ils le pouvaient. Sur tous les fronts. Sans personne sur qui se reposer, même pas les Humains ! Ils avaient sauvés plus de vies qu'ils n'en avaient prises, mais visiblement, c'était mieux de balayer ça pour mettre en avant ce qui nous arrangeait. Au milieu de la rue, Mancinia s'était arrêtée en soupirant. Est-ce qu'elle pouvait faire quelque chose ? Probablement qu'Isiode recevait toute l'aide dont il avait besoin sur Orhmior. C'est ici qu'elle devait agir ... Pour éviter des incidents s'il revenait. Elle n'était plus à l'aise depuis l'agression qui avait suivi les meurtres et ce, malgré l'indignation qui s'en était suivie ...

Kaaezi Leenhardt ?

Mancinia se retournait vers la voix de Yünae. Celle-ci avait sûrement réalisée les funérailles organisées pour son Père, compte tenu de sa tenue et des fleurs dans ses mains. Ses frères étant également rentrés en urgence auprès du reste de la Famille pour opérer aux célébrations mortuaires qu'ils avaient voulues intimes. Elle les avaient vus à leur retour et savait que celle avec un simple collier en corde appartenait au Père Vicondir. C'était l'un des deux colliers que son interlocutrice portait, avec celui de ses fiançailles ... Elle lui sourit, affable.

Yünae ... Bonjour !
Bonjour ...

Son visage était rongé de tristesse au point de faire peine à voir. Elle baissait ses yeux quelques instants, sans doute pour se retenir de pleurer, avant de reprendre.

J'aurais une demande à vous faire ...
Je vous écoute.
Je voudrais envoyer ceci à messire Yüerell, vous pensez que c'est possible ?

Autant dire que le visage de l'Imprévisible avait marqué sa surprise lorsque Yünae lui avait montrée les fleurs et un coffret. Ce n'était donc pas ... ?

... Envoyer ? Pour quelle raison ?

Il y eu un léger silence, tandis que les mots essayaient de se frayer un chemin.

Je ... J'ai été très en colère lorsqu'on m'a dit que nous ne pouvions pas sauver mon Père. J'estimais que l'équipe médicale ne faisait pas correctement son travail. Puis ... on nous a avertis que c'était la fin en demandant notre accord de ... Et il est mort. J'ai ensuite orienté ma colère vers cet homme que je ne connais pas en me demandant pourquoi il avait tué mon Père.

Elle ravalait sa salive.

Il ne l'a pas tué. C'est la maladie qui l'a fait.

Une sourde colère passait néanmoins sur ses traits, ses mains tremblaient légèrement.

Je ne veux pas vivre dans la haine. Je ne veux pas non plus qu'on se serve de mon Père pour alimenter des critiques envers les Anges. Ma belle-soeur en est une et elle s'est presque cachée pour venir à l'enterrement ... Mon amour pour elle est plus fort que ça, notre peine est aussi la sienne ... Si ... C'est à moi de faire le premier pas ... Alors me voici. Certes, mon oncle n'est pas d'accord et leur en veut, mais parce que mon Père ... c'était son petit frère, vous comprenez ? Il a vécu plus longtemps à ses côtés que moi. Leur différence d'âge agit comme si cela avait été un fils. J'espère qu'il comprendra avec temps. Nous n'avons pas le choix que de nous adapter pour continuer.

Yünae lui tendit ses présents de sorte qu'elle ne puisse pas refuser.

Ce n'est pas grand-chose, mais si cela peut aider un peu ... Je ...
Je m'en occupe, sourit Mancinia en mettant ses mains sur les siennes. Je le transmettrais à Yüerell dans les plus brefs délais.

L'Humaine eu un sourire, mais le poids des larmes étaient trop grand et celles-ci dévalèrent sur son visage, tandis que la Kaaezi la prenait dans ses bras en geste de soutien et d'amitié. Cette étreinte ne durait que quelques instants et après les remerciements d'usage, Mancinia se retrouvait chargée de quelques devoirs supplémentaires. Heureusement qu'elle savait encaisser toutes ces choses, ou elle serait devenue folle, mais elle n'en était pas encore au stade où elle voulait renoncer à toutes ces émotions. En repassant par chez elle avant de se rendre à l'hospice pour mettre tout cela en ordre, Monika l'aidait à mettre les fleurs dans un vase qu'elle posait sur sa propre table de nuit, faute de mieux et de place ailleurs. Un vrai bordel organisé, elle devrait remédier à cela. En les observant, la Fille du Soleil était subjuguée par la beauté des pétales carmines du lys. Yünae lui avait dit que c'était une variété assez rare. Une Fleur Ardente. Cette plante était capable de supporter des climats variés et de tenir très longtemps. Sans doute une version Humaine de la flore. Après tout ... C'était le geste qui compte.

Comment allez-vous ce matin ?

Mancinia avait croisé Korthiad dans un des couloirs et ils poursuivaient ensemble la route vers leur étude. Ce dernier semblait avoir quelques cernes sous les yeux, sans doute une mauvaise nuit et ce, malgré sa réponse rassurante. En ouvrant la porte d'entrée, le médecin ne vit pas qu'une autre personne était présente et celle-ci le fit bien savoir.

Bien le bonjour, cher confrère.

Cette voix masculine figeait son collègue sur place, elle y vit autant de dégoût que de colère derrière ses mires sombres. Cette réaction la surprit fortement. Cet homme se voulait avoir le même âge qu'elle, élégant avec ses cheveux blonds gominés et ses yeux verts. Pourtant ... elle se sentait mal à l'aise.

Oh ! Serais-ce la douce Marquise Leenhardt à vos côtés ?
Bon ..., débutait-elle, poliment.
Ewen. Sortez de mon bureau. Tout de suite.
Je ...
Dehors.

Korthiad n'avait pas haussé la voix, mais c'était comme s'il avait crié. Juste avant de sortir après avoir relâché un soupir résigné devant cette tête de mule, ce dernier mis une main sur l'épaule de la femme. Elle était tellement glacée que Mancinia failli s'en dégager avec impolitesse.

J'espère que nous pourrons parler plus longuement à l'avenir, Mancinia.

Et il disparut en refermant la porte derrière lui.

Post II - 1994 mots


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Mancinia Leenhardt
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Mancinia Leenhardt
Sam 30 Mai 2020 - 1:30


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Le Baiser du Boucher

Mancinia déglutit avec une certaine difficulté. Cet étranger avait un charisme écrasant, hypnotique ... Ce devait être un Noble ? Elle ne l'avait jamais vu auparavant et se demandait pourquoi. Est-ce parce que c'était un médecin perdu dans ses études, ou parce qu'elle n'avait d'yeux que pour Neah ? Peu importait, car son aura en était presque malsaine. Cette surprise de le rencontrer en ces circonstances l'avait laissée désarmée. Sa présence avait répandu une telle ambiance dans la pièce qu'elle en était muette de stupéfaction. Korthiad se rendait près de son siège en enlevant sa veste, déposant celle-ci d'un geste sec sur le bureau, observant son apprentie du coin de l'oeil tandis qu'elle observait la poignée de la porte refermée, ne sachant que dire ou que faire.

Je vous donne un conseil de médecin à médecin, Mancinia ... Ne parlez pas avec Ewen.
... Ai-je le droit d'en connaître la raison ? demanda-t-elle en se retournant vers lui.
Vous avez des méthodes douteuses à bien des égards ... Cependant, vous n'attaqueriez jamais un patient faible pour les mettre en pratique, pas vrai ?

Ce sous-entendu envers le praticien la choqua plus qu'elle ne l'aurait cru. Sa réaction en disait long sur la véracité des propos tenus.

... Sachez qu'Ewen étudie la légitimation d'une approche biologique extrême.
Une ... Pardon ? demanda-t-elle avec un petit rire nerveux.
Il étudie les organismes de sorte à déceler des caractéristiques propres à une race. Durant votre absence, nous étions en guerre avec les Démons et quelques-uns des prisonniers ont subis des trépanations à vifs de sa part. Il essayait de diagnostiquer un moyen de créer une arme qui ne se rependrait que de Démon à Démon selon une particularité dont eux seuls seraient détenteurs.
Vous parlez de génétique ?
Oui ... C'est comme ça que ça s'appelle.

Malgré que ses pairs soient répugnés par ce genre de pratiques, ce n'était pas vraiment son cas.

C'est assez ingénieux.
Non, répliquait Korthiad avec un ton glacial. C'est votre côté guerrier qui parle, mais nous, Médecins, ne sommes pas là pour tuer et torturer, mais pour sauver des vies. Entrez-vous cela dans le crâne ou vous sortirez aussi de mon bureau.
Les Démons n'ont pas cet égard pour nous.
J'ai parlés de ces rats puants, mais Ewen ne se contente pas de travailler sur eux.
Comment ça ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils.
En temps de guerre, nous sommes peut-être moins regardant à l'égard de nos ennemis, mais la Paix domine à présent, il se concentre aussi sur d'autres recherches. Une de ses théories serait la correction des maladies mentales, consistant alors à effacer la mémoire du sujet et à la reconstruire complètement en lui permettant de vivre normalement.

On sortait totalement du cadre de l'étude des caractéristiques. On entrait dans une sphère que les Humains ne maîtrisaient absolument pas et que les autres races peinaient à soigner dans la mesure où cela touchait un domaine que l'on disait Sacré. De ce fait, ses propos pouvaient être beaux et plein d'espoir, mais ...

Il n'y a aucune théorie scientifique qui atteste de la véracité de tels soins.
Merci ! s'exclama le médecin en levant ses bras au ciel, tout en regardant le plafond, avant de reprendre une position normale. Parce que si vous l'écoutez, ce serait simple et normal d'appliquer sa théorie !
Vous savez en quoi elle consiste ?

Le regard de son interlocuteur s'était assombri quelques instants, elle se reprit pour éviter son courroux dans un sermon assourdissant.

Je demande par curiosité. Vous avez l'air de bien connaître, mais en tant que novice ... Je ne le connaissais même pas il y a dix minutes ... Je préfère anticiper, dans un sens ...

Korthiad évaluait la situation. Il y avait très peu de chance que Mancinia tombe dans les griffes de ce malade. C'était une maligne, mais aussi une personne altruiste. Plus vite elle serait prémunie de sa folie et mieux ce serait. A l'inverse, si son apprentie soutenait ces théories, il se chargerait de la faire échouer à son examen pour éviter d'avoir une autre fêlée pleine de légitimité sur les bras ...

Ewen pense que la combinaison d'un long sommeil et des traitements médicamenteux peuvent remettre à zéro un esprit.

Mancinia eu un froncement de sourcils suspicieux, consciente que c'était loin d'être aussi simple.

Il oublie souvent de préciser que ce sommeil est produit par des substances psychotropes. Le patient est donc attacher en permanence durant le traitement et subi alors des hallucinations auditives et visuelles. On ne sait pas si elles peuvent réellement les impacter, mais imaginez ! Le corps est soumis durant des semaines à des doses élevées ! Ceci ne peut que créée une dépendance et risque de causer plus de ravages que la maladie elle-même ! Et après ? L'adulte redevient-il un enfant prisonnier d'un corps qu'il ne maîtrise pas avec le devoir de tout réapprendre ?

Sans être certain des résultats réellement probants d'une telle étude. En imaginant que ce ... traitement parvienne à effacer une grande partie de la mémoire des patients, le laissant à l'état d'enfant, disloquant ses plus grands traumatismes, ou réactualisant son esprit au présent ... C'était juste inhumain. Ce n'était absolument pas possible d'infliger cela à un autre être vivant. Et puis, tous ces adultes auront potentiellement oublié des compétences de base, comme l'utilisation des latrines, la manière de s'habiller ou d'attacher ses chaussures ... Et après, c'était quoi l'étape suivante ? Proposer cette torture sur des enfants ?

Beau sur le papier, mais aberrant sur un être vivant, pas vrai ? Heureusement qu'aucun Humain n'est assez désespéré pour lui confier un volontaire ... qui n'en serait même pas un !
On ne peut pas briser les voies cérébrales et anéantir les symptômes des maladies mentales par ce biais. Surtout que nombreuses sont ces maladies à permettre de vivre normalement, malgré des lacunes ou des soucis quotidiens.

Comme la sienne. Est-ce que cela serait assez logique de devoir l'attacher au point de la brisé, d'effacer tous ses souvenirs ? Elle était convaincue que même les plus fragiles gardaient en mémoire certaines informations, elle l'avait vu ! Comment détruire tout ce qu'ils étaient ? Est-ce que son étourderie, son irascibilité et ses absences étaient une raison pour cela ? Surtout avec son Don, son traitement serait sans fin ... Visiblement, ce dernier se battait au quotidien contre son Mal Sacré et maintenait le spectre de la maladie au loin. L'Humaine l'avait compris, elle pouvait tout guérir, mais elle pouvait encore mieux le faire si elle comprenait ce qu'elle soignait. C'était l'inconscient qui avait le pas sur son activité ... Ses dents se serraient, la colère grondait dans ses entrailles.

Pourquoi diable est-il encore médecin s'il mène des recherches pareilles ?
Il n'a pas menée ces expériences, ce ne sont que des théories ... Et sans doute parce qu'il est moins dangereux surveillé que seul, pas vrai ? Alors, votre Boucher là ... Il est bien gentil, mais on ferait mieux de regarder les vrais monstres, de ceux sous notre nez.

Korthiad l'observait, avant de s'asseoir.

Mancinia ... Faites vos choix, mais ... Il faut que vous évitiez que ce genre de choses ne se produise. Nous ne sommes pas des monstres. Nous expérimentons parfois, avec l'énergie du désespoir, mais nos patients sont malades. Ce ne sont pas des cobayes. Je ...
Je suis de votre avis, Korthiad ! Nous pouvons trouver des traitements, mais certainement pas sous couvert de tortures ! Je m'y refuse !

Le médecin sourit, mais en même temps, il avait une certaine appréhension ... Ewen l'avait comme cible.

Soyez très prudente. Il va certainement vouloir vous rattacher à sa cause.

La Fille du Soleil eu un violent froncement de sourcils, silencieuse. Aucune chance qu'elle ne cède.



Au retour dans sa demeure, son esprit était troublé par la situation. Ewen avait des idées intéressantes, mais il semblait se contenter de méthodes archaïques et d'une violence certaine envers autrui, ce n'était pas digne d'un Médecin que de maltraiter son propre peuple. Ne pensait-elle pas empoisonner les Sorciers ? Sans doute étaient-ils du même acabit ... Elles détestaient les Mages Noirs. Non, certains d'entre eux. Peut-être, alors, n'était-ce pas nécessaire de les exterminer à leur tour. La Vengeance menait loin, trop loin. Son regard croisait les lys rouges reposant dans le vase, tandis qu'elle enlevait son châle. Sa respiration se troublait. Est-ce que ... Est-ce que Yünae aurait pu envisager de causer du tort à Isiode ?  Ça semblait ridicule après son discours empreint de sincérité, mais ... En même temps ... La Kaaezi prit la lettre attachée au-dessus du coffret entre les mains. C'était de la curiosité animé par la crainte de voir un drame survenir. Sa décision était prise. Son coupe-lettres en main, elle entreprit de déchirer l'enveloppe. Elle remettrait le pli dans une nouvelle, ensuite ... Et personne n'en saurait rien.

Messire Yüerell,

Je me permet de vous écrire en tant que cadette de Jeffrey Vicondir. Sans doute ce nom vous est connu, puisque vous avez eu la lourde tâche de mettre un terme à ses souffrances. Au nom des miens, je tenais à vous remercier de votre abnégation quant à cette tâche délicate qui aura sans doute fait souffrir beaucoup de monde, malgré toutes les sottes rumeurs qui courent. Ce serait mentir de dire que nous n'avons pas éprouvé de la colère à votre encontre, mais nous ne pouvons pas vous tenir responsable des causes d'une maladie sournoise ... Il ne restera de tout ceci aucune rancoeur, soyez-en assuré.

En gage de notre gratitude, nous vous envoyons ces présents. Nous ne sommes pas riches et nous ne pouvons pas nous permettre de vous soutenir de manière extravagante, c'est pourquoi je vous fais parvenir une caissette de thé avec tout le nécessaire, pour que vous puissiez en partager avec vos compagnons. Je vous envoie aussi une variété rare de lys rouge, nommé Fleur Ardente. C'était la favorite de mon Père, c'est avec un bouquet similaire qu'il a demandé ma mère en mariage, il aimait nous le rappeler. Je vous suggère de les mettre près de votre lit, car l'odeur de ces fleurs aide à mieux dormir.

Je vous remercie de votre dévouement, prenez soin de vous,

Yünae Vicondir.

Mancinia se recalait sur son siège en soupirant, s'amusant de sa méfiance. Elle s'était assurée qu'il n'y avait aucun poison sur les Fleurs Ardentes, quant à la caissette qu'elle avait ouverte, l'ensemble du thé semblait normal, il y avait même du sucre de chez Julia, de la même boutique où Monika allait se fournir. Tout semblait normal à l'aspect et l'odeur. C'était à se sentir idiote de s'être inquiétée et de ne pas y avoir vu une once de sincérité. Isiode serait sans doute ... rassuré ? ... C'était sans doute une bonne chose. Yünae était courageuse, ce n'était pas tout le monde qui serait capable de vouloir faire le Bien de cette manière. Cet à cet instant que sa Camériste se fit annoncé à sa porte avant d'entrée, charger d'un plateau une théière et ses accessoires, accompagné de macarons.

Je vous apporte du thé, Mancinia.
Merci, tu es un ange !

Celle-ci vint le poser sur sa table basse, la servant avec une dextérité nouvelle.

Je vous prie de m'excuser, mais il n'y a malheureusement pas de sucre pour ce soir. La livraison à pris du retard chez Julia et celle-ci en aura pour demain matin.
Oh, ce n'est pas pour une fois. Tu veux en boire avec moi ?
Votre attention me touche, mais je dois décliner. Il me reste du travail et mes collègues comptent sur moi.
Je comprends. Faites, mais ne vous surmenez pas trop.

Avec un dernier sourire, la ravissante Magicienne disparu à nouveau. Elle était si douce et compétente, heureusement que son instinct lui avait dit de la prendre sous son aile. Mancinia était épuisée. Entre l'étude et les émotions, il y avait de quoi. Sa mine était néanmoins contrariée de ne pas avoir de sucre. Ça l'ennuyait assez et le gaspillage n'était pas vraiment recommandé ... Elle observait la boîte sur son bureau. Hum. Pourrait-elle en subtilisée un ou deux ? Assurément, ce serait visible. Tant pis, elle prenait un ou deux sucres de la petite sacoche de transport. Il lui suffirait d'en racheter une neuve demain matin. Personne ne le saurait non plus. Petite voleuse, mais tant pis. En se servant, elle relu un rapport de Morisat sur l'observation des derniers temps, rien de bien nouveau. Mancinia éternuait, prenant conscience de l'heure tardive ... Mieux valait aller se coucher. A peine blottie dans sa tenue de nuit, celle-ci vint s'effondrer complètement dans son lit, une dernière pensée lui traversait l'esprit. Je donnerais à Neah tout ceci à remettre à Isiode. J'irais racheter une sacoche de sucre ... Monika pourra sans doute ... Endormie, elle aspirait à de doux rêves. Et puis, une toux violente la saisi.

Post III - 2155 mots


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Mancinia Leenhardt
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Mancinia Leenhardt
Sam 30 Mai 2020 - 2:07


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Le Baiser du Boucher

Au milieu de la nuit, l'Ange eu un sursaut brutal, le contraignant à se redresser sur son lit tout l'extirpant d'un rêve qui l'était tout autant. Mancinia ? Sa main sur sa poitrine lui indiquait que son coeur battait à toute vitesse en pensant à sa bien-aimée, mais il s'agissait plus d'une sourde inquiétude que d'un sentiment passionnel. Il déglutit difficilement. Cet instant où leur Lien semblait s'être rompu brièvement devait avoir pris source dans son cauchemar. Elle était là, apaisée. Tout allait bien. Vraiment. Il était là, il ne disparaîtrait pas. C'était seulement un rêve. Neah se laissait retomber contre son oreiller, un sourire aux lèvres. Cette femme allait le rendre fou, mais en même temps, il ... Il s'était rendormi.



Quelques heures plus tard, Monika ouvrit la porte de la chambre de Mancinia. Elle avait pris cette décision avec appréhension, car la Marquise ne répondait pas à ses nombreuses tentatives. Sans doute s'était-elle rendormie ? Ce n'était pas impossible, sa charge de travail était colossale ces derniers temps et c'était presque un miracle qu'elle puisse faire quelques nuits. Si la Camériste lui avait laissé un quart d'heure supplémentaire, ce n'était désormais plus possible : elle avait plusieurs réunions et il était impensable qu'elle les manquât. Par ailleurs, le Docteur Korthiad souhaitait s'entretenir avant le début celles-ci et il n'allait plus tarder. Tout ceci lui traversait l'esprit pour comprendre ce qui avait dérapé dans son travail matinal pour qu'un tel spectacle heurte sa vision. Figée sur le pas de la porte de la chambre, la Magicienne croyant à une illusion, alors que sa main se portait à sa bouche. Non, Mancinia n'était pas étendue sur son lit, le visage pâle comme la mort. Non, l'oreiller et les draps n'étaient pas recouverts de sang. Non, elle ne respirait pas difficilement avec du liquide carmin émanant de ses orifices. Soudain, un cri émergea dans la demeure, mais elle ne prit même pas conscience que celui-ci émanait de sa personne.



Cette mauvaise impression ne le quittait plus, comme si une barre métallique lui traversait la poitrine en lui donnant la sensation de s'étrangler progressivement. Il ne se souvenait pas avoir connu quelque chose de similaire, ce qui ne voulait dire qu'une seule chose ... Neah ne parvenait pas à mettre un mot sur l'horreur qui s'abattait sur ses épaules. Le Captiane Vaancy relevait son nez de son rapport d'un air circonspect, distinguant bien qu'il n'était décidément pas dans son assiette ce matin. Il n'avait jamais vu son ami si démuni au point de devoir s'appuyer contre l'un des murs de la Caserne pour se retenir, la main sur la poitrine en signe de douleur évidente, le souffle court, le front barré de sueur et les membres tremblants. Jamais.

Ça va, Neah ? demanda-t-il en posant une main sur son épaule. Tu as mal quelque part ?
Notre Lien ...

Son collègue n'avait pas besoin de plus pour comprendre à qui il faisait référence.

Je le sens si faible ... On dirait qu'il se disloque. Cette nuit aussi ... Je ne comprends pas ce qu'il se passe.
Tu devrais aller la voir tout de suite.

L'Ange l'observait, assez surprit. Il ne portait pas vraiment Mancinia dans son coeur.

Ne t'inquiète pas ! Je préviendrais l'Imperator de ton absence ! C'est urgent, on le voit rien qu'à te regarder ... Va-y ! Allez !



Dans son état, Neah n'aurait pas su prendre son envol, incapable de tenir la distance. Seulement, sa magie était plus stable et sa concentration, bien que troublée, parvenait à se souvenir de la moindre parcelle de la pièce où sa Protégée reposait présentement. Neil lui avait appris, à sa demande, les méandres de la téléportation. Il détestait ne pas avoir le contrôler sur son corps au cours d'un voyage, mais étrangement, c'était d'un pratique évident dans les situations d'urgence. Il n'était pas encore prêt à réellement se lancer, mais cette chose dans son esprit lui hurlait de se dépêcher. L'Ange repensait au pourquoi de son apprentissage rigoureux ces dernières semaines pour ne pas céder à la panique. Il était préparé à tout, mais pas à la scène qui se déroulait devant ses yeux.

C'est quoi ce raffut ?!

Korthiad venait d'entrer dans la chambre, passant la porte en trombe, le cri brutal de Monika l'ayant alerté. Le médecin avait déboulé au point qu'elle cesse de crier, incapable de s'exprimer tout en tendant la main dans la direction de Mancinia, étendue, en train de se noyer dans son propre sang. D'abord ahuri devant cette vision imprévisible, son regard se posait immédiatement sur les Fleurs Ardentes, qui transcendaient le décor par leur beauté maligne.

Par les Saintes Miches de Drejtësi !

Il avalait la distance avec une célérité rare pour son âge, donnant un violent coup du plat de sa main sur le vase à ses côtés, ce dernier décollant de sa base stable pour aller se fracasser un peu plus loin, répandant son liquide et les fleurs dans un amas désorganisé et tragique.

Aérer-moi cette pièce ! Tout de suite !

D'abord sous le choc, Neah réagissait à l'ordre en raison de ses habitudes. Ce qu'il ressentait ... Cette sensation inoubliable. Tout se tordait dans sa poitrine, leur Lien se distordait, comme il y a dix ans ... Il s'éteignait, en suspens, comme dans l'attende de la décision des Dieux à son encontre. Sa Protégée, sa bien-aimée, sa douce fiancée ... Elle était en train de mourir, à quelques pas de lui ... Et il ne pouvait rien faire. Aucun de ses sorts de soin, pour peu qu'il en maîtrisât, ne marcherait, car tel était la Désolation des Protecteurs ...

Mancinia ! Réveillez-vous ! Mancinia !

Korthiad la mit directement sur le côté gauche, lui permettant d'expirer le sang tout en améliorant sa respiration. Celle-ci n'était que des râles d'agonie sifflants, elle essayait de ne pas céder à la panique malgré sa situation. Son nez et sa bouche étaient recouverts de liquides carmin, de morve et de sudation. Le Capitaine avait un frisson effrayé, mais cela eu pour effet de lui créer un électrochoc. Se raccrochant désespérément à l'Espoir ténu que tout se déroule au mieux, essayant de contrôler le tremblement de ses mains, tout en observant la scène qui lui paraissait surréaliste.

Par les Aetheri, elle respire encore ... Vite ! Vite !

Avec sa maîtrise habituel, mais devant l'urgence de la situation, le Médecin se parlait à lui-même pour remettre de l'ordre dans ses idées. Sa main se perdait dans la sacoche qu'il emportait avec lui pour sa tournée des malades, sous les regards impuissants de l'Ange et de la Magicienne. Korthiad ne cessait de se dire qu'il avait bien raison de se promener avec des antipoisons en cas d'urgence, tout en extirpant un flacon à l'allure bleuté, qu'il ouvrit avant de le coller contre la bouche de Mancinia, la contraignant à l'ingurgiter, alors qu'elle recrachait d'autant plus de sang tandis que le liquide se répandant dans sa gorge. En dégageant ses voies respiratoires et en étant propulser dans son système sanguin, celui-ci ne devrait pas tarder à agir. L'air stagnant était chassé par la brise matinale, lui apportant une aide réelle. Neah était venu à ses côtés, sachant qu'elle avait besoin de soutien pour combattre ce qui lui étreignait le corps, en prenant sa main sanglante, probablement conséquence de vouloir calmer sa toux. Distinguait aisément un éclat lumineux, qu'il dissimulait sous ses doigts pour ne pas éveiller les soupçons et apaisait son esprit ... Elle avait eu le temps de permettre à son pouvoir d'agir, avant de sombrer et, sans doute, était-ce pour cette raison que tout se déchaînait en lui aussi. Sans Sympan ... elle serait morte. Cette pensée ne le quittait pas durant les plusieurs minutes intolérables où son sort se décidait, tandis que les dernières gerbes de sang sortaient de son organisme.

Malgré de longues respirations sifflantes et douloureuses, Mancinia ouvrit les yeux, hagarde, la luminosité blessant ses rétines, souriant de manière sanglante à son Gardien, avant de refermer les yeux et de cracher sur le côté de sa tête, éliminant les derniers éclats, tandis que Khorthiad se laissait retomber sur une des chaises, passant sa main sur son visage humide.

Vous savez vraiment choisir vos frayeurs matinales, nom de Dieu ...
Je ne me sens pas très bien ...

La main du médecin dévalait son visage pour atterrir mollement sur sa cuisse, tout en l'observant d'un air ahuri.

Sans déconner ?

Ce qu'elle avait de l'humour.



Je suis désolée de t'avoir inquiéter.

Pour toute réponse, le front de Neah vint à sa rencontre. Soulagé. Mancinia était assise dans son lit, ses draps et sa tenue étaient recouverts de fluides carmin, ainsi que sa peau. Sa Camériste l'avait aidée à se débarbouiller le visage en tremblant, encore choquée. On prétextait un saignement de nez suite à une chute et elle avait prétendu à ses autres collègues que le visage de la Marquise en sang l'avait effrayée, ce qui lui avait valu quelques rires. Son état devait être tenu secret, pour l'instant.

Eh bien. Je ne pensais pas que mon remède serait si efficace ! Il ne vous reste presque aucune séquelle ...
C'est une bonne nouvelle, non ?

Malgré son envie de détendre l'atmosphère, le visage de son médecin était sans appel.

Quelqu'un a essayé de vous empoisonner, Mancinia.
Vous avez une idée de comment pour avoir trouvé le contrepoison aussi vite ?
Ces fleurs ...

Les Fleurs Ardentes étaient encore répandues au sol, comme en train d'agoniser.

Si vous ne sentez que leur odeur, il n'y a aucun effet. Ce sont des fleurs normales et courantes dans bien des chaumières ... Néanmoins, avec une substance précise, celles-ci agissent comme un poison.

Mancinia écarquillait les yeux en réalisant la situation.

Est-ce que quelqu'un savait que vous en aviez dans votre chambre ? Avez-vous mangé ou bu quelque chose hier soir ? Quelque chose que vous n'avez pas préparé vous-même ?
Je ... Le thé, pensa-t-elle aussitôt. J'ai pris le ... sucre et ...
Ceux sur votre bureau ?

Confirmant ses propos d'un signe de tête, le médecin reprit un autre contenant avec l'antipoison pour se diriger vers son bureau, il prit quelques-uns des sucres de la caissette, répandant sur le bois, avant de verser quelques gouttes dessus. La couleur cristalline vrilla dans un mélange cyan.

Contaminés ... Ils ont bien été empoissonnés.
Je suis surprise ... J'ai pourtant vérifié au préalable.

Neah écarquillait les yeux, serrant son poing sur sa cuisse, indigné.

Tu soupçonnais qu'on attentait à ta vie et tu ne m'as rien dit ?!
Je ...
Matasif, en tant que haut dignitaire de nos Royaumes et, en tant que Marquise de Nylmord et des terres associées, nous ne pouvons pas laisser ce crime impuni !
C'est un crime envers la Noblesse et un outrage envers les Souverains que tu représentes !
Surtout dans le contexte actuel où ... !
... Je n'étais pas la cible ! parvient-elle à dire entre deux remarques.

Les deux hommes étaient stupéfaits.

Je me suis servis de ces sucres en pensant remplacer la boîte ce matin, mais c'était un cadeau adressé à une autre personne. On a bien raison de dire que prendre ce qui appartient à autrui est mal.
Et la cible était ... ?

Mancinia ne savait pas quoi répondre pendant quelques instants. Elle regrettait la présence de Neah.

C'était Isiode Yüerell.

Les traits d'incompréhension marquaient le visage de l'Ange, avant que ceux-ci ne laissent place à la consternation.

Sérieusement ?!

Cette violence dans l'intonation fit presque sursauter les deux guerriers.

Non, mais ... Sérieusement ?! Vous êtes en train de me dire que quelqu'un voulait le tuer parce qu'il a fait son job ? Ah ! Si on devait tuer les médecins qui perdent un patient, on aurait seulement un Dieu à leur place ! Et d'ailleurs, pourquoi c'est pas ma collègue la cible, tant qu'on y est ? On va bientôt voir des médecins se faire empoissonner pour ça ?!

Cette situation l'énervait au plus haut point. Il y avait tant de personne qui méritait bien plus de rancoeur et de complots à leur encontre, mais Korthiad était bien conscient que Mancinia avait besoin de repos, alors il se reprit, tout en se relevant de son siège.

Je reviens. Je vais chercher de quoi vous remettre d'aplomb ... Je ne sais pas comment vous faites pour ne pas dormir pendant trois jours après tout ça, mais vous êtes jeune ! Je vais aussi voir comment va votre Camériste. Elle était en état de choc ... Ne bougez pas. Vraiment ... Attachez-là au lit au besoin, Capitaine.

Ce dernier disparu en maugréant après avoir refermé la porte, Mancinia relâchait un soupir de soulagement.

Par Sympan ... Quelle chance. On a évité de peu un incident !

Résonnant dans la chambre déserte, le claquement eu le mérite de la ramener droit sur la situation. Sa tête s'était tourner sous la violence de la gifle que venait de lui asséner Neah, sa main se relevant auprès de sa peau douloureuse, tandis qu'elle tournait ses yeux vers lui. Mancinia était médusée, observant son Gardien ayant une expression si glaciale, sa main toujours tendue près de son épaule, comme prêt à lui en infliger une autre à la moindre remarque de travers.

Post IV - 2210 mots


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Mancinia Leenhardt
Sam 30 Mai 2020 - 2:15


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Le Baiser du Boucher

Pourquoi dois-tu toujours te mettre en danger ? ... Pourquoi es-tu aussi stupide ?!

Se relevant brutalement de sa position, il mit ses deux mains sur ses épaules. Sa poigne était d'une rare violence et si elle n'était pas entraînée, sans doute aurait-elle crié de douleur. Durant, un instant, Mancinia eu peur de lui.

Tu te rends compte que tu viens d'échapper de peu à la Mort ?!
Je ... Je ne l'ai pas fait exprès de m'empoisonner non plus !
Mais comprends-tu les conséquences si tu n'avais pas ... Si tu n'avais pas cette chose ?!

Sa voix était ... un mélange indéfinissable. Elle perturbait sa moindre parcelle de conscience, l'empêchant presque de réfléchir. Neah se laissait retomber sur la chaise à côté du lit, le visage contre sa main.

Comment peux-tu être aussi inconsciente avec ta vie ? En parler comme si de rien n'était ? ... Je ... Si tu étais morte ... Je ... J'aimerais mieux mourir, Mancinia. Notre Lien est comme ... C'était comme sentir la résistance d'une corde en train de céder. J'étais terrorisé. Ce n'était pas ... La première fois que ça m'arrivait ... C'est un sentiment bien trop dur. Ne me demande pas de vivre ça en continu sous prétexte que tu te sens invincible. Ne me le demande pas, je n'y arriverais pas.

Son regard ne mentait pas sur sa douleur ... Sur la terreur qu'il avait éprouvé. Ce n'était pas de la Colère qu'il éprouvait à son encontre, c'était sa peur qui parlait. Mancinia était amère de ses reproches, mais en même temps, c'était un sentiment compréhensible. Elle aurait réagi de la même manière, voire pire. Sa main se posait sur l'épaule de son Gardien.

Je suis désolée que tu aies dû endurer cette douleur, mais ... Je ne l'ai pas voulu. Je ne pensais pas à mal. Je suis vraiment prudente avec ce ... ma chose. Je ... J'ai eu très peur.

L'Humaine avait compris ce qu'on ressentait en appelant à l'aide sans que personne ne l'entende. Se sentir noyer sous la douleur et le goût du sang qui dominait ses sens, être incapable de se mouvoir ... Elle avait à peine eu le temps de mettre sa main sur sa poitrine en implorant Sympan. Sans son Don, Ezechyel serait venu lui rendre visite.

Je t'assure que ... C'est un accident. Je dois seulement éviter d'y penser ... ou je vais me mettre à pleurer.

Un silence s'abattit entre eux. Neah la croyait, évidemment. Il en était conscient. Ses émotions étaient bousculées depuis ce matin. Mancinia regardait ses mains nouées devant elle, sans rien dire. Quelle atmosphère gênante. Seulement, le Capitaine reprit le dessus sur l'amoureux. Ses réactions étaient encore sourdes et aveugles.

Donne-moi le nom de la personne qui t'a donné ces fleurs.
Que vas-tu faire ?
Je vais aller la dénoncer à la Garde ! Je vais même aller l'arrêter en leur compagnie pour être certain qu'elle n'essaiera pas à nouveau de menacer l'un des membres de la Compagnie !
Non, attends ... Cette histoire ne colle pas.
Pourquoi ne veux-tu pas simplement admettre qu'il y a des tensions et que tout va trop loin ?
Et si c'était le but ? ... Que nous franchissions la ligne avec un acte inconsidéré ?

Mancinia voulu se dégager de ses draps, mais Neah l'arrêtait d'un geste ferme.

Tu sais que je vais bien, Neah. Tu as confiance en moi ? Alors laisse-moi prendre un air convenable ... Je veux des réponses tout autant que toi.



Yünae avait ouvert la porte de sa boutique avec un léger sourire en la voyant, mais la mine blême de la Kaaezi et son air austère eurent tôt fait de lui faire comprendre que la situation était grave. La présence écrasante du Capitaine Katzuta n'était pas en reste sur son malaise. Il y avait aussi la présence de Korthiad, le médecin, qui avait une mine assez tendue.

... Tout va bien, Kaaezi ?
Vous osez demander si tout va bien ?

La voix de l'Ange claquait dans son esprit comme un fouet, générait un léger spasme de surprise.

Je ...
Entrons.

C'était un ordre plus qu'une demande, alors Yünae se reculait pour les laisser entrer dans la pièce déserte.

Yünae ? Que se passe-t-il ? ... Oh ... Bonjour !
Je ne sais pas, mon oncle. Je suis assez perdue.
J'ai été victime d'une tentative d'empoisonnement ce matin.

Mancinia avait choisi de ne pas y aller par quatre chemins, leurs réactions étaient horrifiées. Neah eu un froncement de sourcils.

Quoi ?! s'étrangla la jeune femme.
Mon Dieu ... Vous ... Vous allez bien ?
J'ai eu de la chance.
Qui aurait pu faire une chose pareille ?

Leurs regards se portaient sur l'actrice principale.

Vous m'avez donné des Fleurs Ardentes et enduis les sucres de poison, Yünae.
... Hein ? papillonna-t-elle des yeux, sans comprendre.
Ne soyez pas surprise. J'ai subtilisé quelques-uns des sucres de la caissette que vous m'aviez confié, en absence d'une livraison dans ma demeure. J'allais les remplacer, évidemment. Je pensais que personne n'en saurait rien. Seulement, ils ont été au contact d'une substance agissant comme un poison lors de l'inhalation de la fragrance des Fleurs Ardentes. Dans votre lettre, vous signifiez au Prince de Caelum de dormir proche de celles-ci pour que son sommeil soit amélioré, ma question étant ... Yünae, avez-vous voulu empoisonner Isiode Yüerell ?
Non !

L'Humaine était gelée, choquée qu'on puisse l'accusée d'un tel crime.

Non ! reprit-elle. Jamais je n'aurais commis un tel acte ! Jamais ! Par les Aetheri, je le jure !
Vous croyez qu'invoquer les Dieux, c'est suffisant ?
J'ai acheté les Ardentes chez la Camarilla, la boutique au coin même de cette rue ! Je suis ensuite aller chez Julia me procurer le thé et ce avant de venir vous voir ! Je ne mens pas !
Et la lettre ?
Je l'ai écrite entretemps.
Quelqu'un vous a vu ? Parce que si ce n'est pas le cas, il est probable que vous ayez eu le temps de mettre le poison.
Yünae ... Tu es allé chez le boucher.
Hein ? demanda-t-elle sans comprendre, suspendue dans son élan.
Tu es allé chez Tareb entre la Camarilla et Julia, tu te souviens ? Tu as été chercher la commande pour le repas de ...
Oui, achevait-elle. Seulement ... Tu n'y pense pas ... ?
Souviens-toi, tu m'as dit qu'il avait été incohérent. Tu as demandé à Andreas de s'assurer qu'il ne t'avait pas suivie. Tu sais ? C'est comme quand il ne prend pas ses médicaments.

Elle se retournait ensuite vers Mancinia, mais elle ne semblait pas très sûre d'elle.

C'est vrai. Il ... Il m'a tenu des propos étranges, mais ... Je ...
Dans quel sens ? intervint Khorthiad, soudain intéressé.
... Il m'a demandé si mon mariage s'était bien déroulé. Je ne suis pas encore ... mariée. Je lui ai rappelé, puis ... Il m'a dit de ne jamais me laisser faire, qu'il existait des armes pour me défendre. Je ... En me demandant si je connaissais un poison capable de tuer quelqu'un sans laisser de trace. Je lui ai répondu que je n'en avais jamais entendu parler. Je n'y connais rien ... Il m'a dit qu'il était là en cas de besoin. Que je n'avais pas à avoir peur. Son regard était ... déroutant.
Tu as laissé tes affaires sans surveillances dans sa boutique ?

Cette question n'avait besoin d'aucune réponse devant sa réaction, presque paniquée. Tareb avait dû voir les Fleurs Ardentes sur le comptoir, comprenant ce que cela signifiait, il avait mis le liquide réactif sur le sucre ? Korthiad et Mancinia se regardèrent, stupéfaits. C'était à la fort simple et ...

Vous croyez sincèrement qu'on va gober cette défense ?
Capitaine, reprit Korthiad. Elle dit vrai. Je vous assure, en tant que médecin, que Tareb est malade et peut avoir provoqué cela sans avoir conscience de ses actes.
... Tu confirmes aussi, Mancinia ?
Oui. Tareb est ... souffrant.
S'il est malade, pourquoi tient-il une boutique ? Une boucherie, qui plus est !
Ce n'est pas parce qu'il est malade que c'est un inapte.
Oui, c'est un maniaque de l'hygiène et de la comptabilité, il est certes un peu lent à servir, avec quelques oublis dans les gestes quotidiens et fait quelques erreurs dans les commandes, mais ça n'a jamais été un mauvais homme. Haute-Terre lui a fait beaucoup de bien et même les Magiciens l'apprécient.
Ce n'est pas quelqu'un de dangereux, reprit Yünae. Il n'a jamais été violent ... Je doute que ce soit lui qui est fait quoi que ce soit ...
Je sais que vous ne mentez pas.

Neah avait mis en avant sa boucle d'oreille, Mancinia la reconnu et comprit.

Il a voulu tuer quelqu'un ... Et sa cible, c'était le hasard ! Cela aurait pu atterrir dans les mains d'Isiode !

Son regard se posait sur Mancinia, agacé que ce fût-elle la victime.

Ça a terminé dans les tiennes !

Il se retournait ensuite vers Yünae, presque sur le point de s'évanouir devant la violence de qui était sur ses épaules.

Et si cela n'avait pas été le cas ...

Un silence lourd retombait. Neah serrait les dents. C'était absurde. Il tournait les talons pour sortir.

Cet homme doit être arrêté. Allons voir les ...
Non !

Mancinia s'était mise devant la porte pour l'empêcher de s'en aller, sa réaction stupéfiait tous les protagonistes de cette conversation.

Nous ne pouvons pas nous permettre de fragilisé ce qui est à deux doigts de se brisé ! Si on met sur le devant cette affaire, cela aura des répercussions beaucoup trop grandes, avec des conséquences trop imprévisibles !

Mancinia mis ses mains sur les bras de son Gardien, éberlué par ce qu'elle sous-entendait.

Neah. Je t'en prie. Pour le bien de la réconciliation entre nos peuples ... Pour que nous tournions la page ... Nous devons savoir fermer les yeux.
... Tu as été mise en danger.
En tant que victime ... Je choisis de ne pas porter d'accusations.
Si Yünae est mise en avant dans une tentative de meurtre envers un Ange, il y aura une escalade des deux côtés. Votre peuple ne laissera pas passer éternellement le mauvais comportement des Humains à son encontre, même s'il a été conciliant et désolé sur les récents événements. Les Anges sont Bons de nature, Capitaine, mais ce n'est pas le cas des Humains. Vous savez mieux que quiconque que certains prendront exemple, peu importe la vérité ... Et n'hésiteront pas à laisser place aux actes, plus qu'aux paroles. Oh, une Humaine a eu le cran d'essayer, à nous de terminer son travail ! ...Vous le savez très bien.
Si les tensions envers vous dépassent Haute-Terre et atteignent Qaixopia, notre alliance va se rompre.
N ... Non ! Ce ... Je ne veux pas que ...
Les risques sont trop grands.

Tout ce que cela impliquait serait trop lourd. Neah devait s'avouer vaincu.

Très bien, concéda-t-il. Très bien. Rien ne sortira d'ici.

Mancinia relâchait un soupir de soulagement, il était aussi buté qu'elle, parfois.

Comment allons-nous faire avec ton personnel ?
Ils croient que Mancinia a été victime d'un saignement de nez. Si personne ne dit rien ... Personne ne saura rien.
Ça vous convient ?

L'Ange s'était retourné vers les deux autres personnes, qui n'eurent d'autres choix que d'accepter. Être complice d'une tentative d'assassinat les enverrait derrière les barreaux.

Seulement ... Je te préviens, Mancinia. Si on me pose la moindre question ... Je ne mentirais pas.
Très bien.
C'est compris ?

Yünae n'osait rien dire. Visiblement, Neah engendrait chez elle une crainte démesurée. C'est alors que la porte s'ouvrit à la volée, manquant de lui faire recracher le coeur par la bouche.

Matasif Leenhardt ! Pardonnez-moi de vous déranger, mais le Capitaine Ereigent m'a demandé de venir vous avertir !

Mancinia s'était vivement retournée vers l'homme qui avait fait une irruption fracassante dans la maison, l'interrogeant du regard.

Il y a eu ...

Il était blême, horriblement choqué.

Il y a eu un meurtre !
Un meurtre ?! s'exclama Korthiad, attérré
Calmez-vous, mon ami, reprit-elle en allant vers lui. Dites-moi seulement ce qu'il s'est passé ...

Post V - 2020 mots


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Mancinia Leenhardt
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◈ YinYanisé(e) le : 01/05/2015
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Mancinia Leenhardt
Sam 30 Mai 2020 - 2:37


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Le Baiser du Boucher

Une Boucherie, dans tous les sens du terme. C'en était presque ironique, d'ailleurs. Que l'on désigne la boutique ou cette scène ... d'abattoir ? L'Ange était mal à l'aise et cela n'avait rien à voir avec le spectacle désolant qui s'étendait devant lui. Du sang, des amas sanguinolents charcutés et l'odeur de la Mort, le Soldat connaissait. Seulement ... Quel était cet endroit ? Comment les habitants de Haute-Terre pouvaient venir ici, en temps normal ? Est-ce que c'était réellement un endroit convivial où les mères de famille venait se retrouver pour quelques achats ? Quoi que ce fût, cela n'existait plus. Neah regardait les murs de cet endroit où la chaleur humaine semblait ne plus avoir mis les pieds depuis des années, on aurait presque dit un lieu maudit où le morbide dominait la moindre aspérité, il avait ressenti le lugubre glacial avant même d'entrer. Visiblement, la Garde avait aussi du mal à comprendre ce qu'il s'était passé durant la nuit. Personne ne comprenait. Certains habitants étaient ouvertement choqués des événements. L'odeur était presque intenable malgré les aérations qui avaient été effectuée pour purger l'endroit et permettre à l'équipe de travailler. Entre la potentielle odeur du corps, il y avait aussi la putréfaction des chairs animales, laissées à l'abandon au sol. Tareb avait littéralement découpé la moindre carcasses en sa possession et avait répandu les contenus sanglants, dessinant des arabesques incompréhensibles avec le sang de celles-ci. Partout. Aucun endroit n'avait été épargné, ni dans son commerce, ni dans ses pièces de vie.

Cet endroit était la Mort. Tareb Raheb n'en avait donné que plus d'insistance en se suicidant. Il s'était volontairement accrocher à l'un des crochets de son atelier en se laissant tomber depuis un tabouret, lui ouvrant la peau du dos sur son propre poids. Cela ne l'avait pas tué directement, alors, il s'était poignarder les bras, les cuisses et le ventre. Neah avait compter, il y avait presque une vingtaine de coups. Quelle folie l'avait étreint pour s'infliger ça ? Si les Gardes avaient crus à un meurtre, c'est car la scène devant ses yeux avait de quoi rebuter par sa violence et son illogisme. L'homme est dépeint par beaucoup comme étant sans histoires, malgré les malheurs de son existence. Personne ne comprenait pourquoi il avait dérapé à ce point. La victime avait écrit un semblant de lettre de suicide, quelque chose de codifié, dans un langage que lui seul pouvait comprendre. Définitivement, cet homme avait perdu la raison. Mais pourquoi empoisonner des sucres au hasard ? Mancinia ne pouvait pas se taire. Et s'il avait contaminé les viandes vendues ces derniers jours ? Ce serait une catastrophe ... Encore que Khorthiad avait clairement dit que ce produit ne marchait que si des Fleurs Ardentes se trouvait à proximité. Est-ce que son Humaine avait seulement jouée de malchance ? Juste avant de sortir d'ici, l'Ange relevait les yeux en essayant de comprendre Tareb. Ce n'était pas possible.

Son oeuvre la plus magistrale restait ce papillon aux ailes déployées englobant tout le plafond. Il y avait une inscription sur ses ailes, mais Neah était incapable de la lire, il pouvait néanmoins dire que ce n'était pas de l'Alikir, ni du Naciaze et qu'elle ressemblait à ce qui se trouvait sur sa lettre. Comme si son esprit détraqué avait voulu mettre une explication, malgré tout.

Qu'as dit le Capitaine ?
Il ne comprend pas ce qu'il s'est passé. Il en va de même pour moi ... Monika venait ici, elle n'a jamais rien relevée.
Aucune idée de ce qu'il lui a prit, dit-il en haussant les épaules. Une crise de folie, en tout cas. Difficile de remettre en doute le fait qu'il est glissé du poison après autant de mise en scène ... Vas-tu garder cela secret malgré tout ?
Oui. Seul Camarilla vend des Fleurs Ardentes. Nous allons consulter son dossier de ventes.
Tu ne peux rien faire sans preuves ...
Détrompe-toi. Khorthiad à trouver l'Heuphor en quantité dans la boutique et à prévenu la Garde. Ce produit n'est pas dangereux seul, il doit être combiner à l'odeur des Fleurs Ardentes ou à un mélange précis pour devenir un violent poison. Normalement, personne ne craint rien et ... Cela enterre définitivement cette affaire.

Pour que la vérité sombre à jamais dans le néant.

... Pourquoi en avait-il en grande quantité ?
L'enquête le dira, je suppose ... Il n'est pas aisé à obtenir. Je me demande même si les vapeurs dégagées ne seraient pas responsables de ses délires ...

Sa nature médicale reprenait le dessus, mais Neah ne souhaitait pas qu'elle poursuive. Si son silence avait un prix, ce serait que sa Protégée ne s'implique pas. Il prit la main de Mancinia. Il ne voulait pas qu'elle reste ici, lui-même ne le voulait pas vraiment.

Pourquoi il est là, lui ?
Il vient regarder le spectacle, forcément.
Ils ont rien d'autre à faire que de nous menacer à Yüerell ?

Neah semblait hermétique aux accusations. Il savait que réagir ne créerait que plus d'ennuis encore.

Silence !

La voix avait cloué tout le monde. Le Capitaine Ereigent avait décider de calmer l'attroupement de curieux devant la devanture, maintenu à l'écart par quelques Gardes, muets et droits.

Le Capitaine était de passage et il voulait s'assurer que ce suicide n'eut pas été provoqué par quelqu'un de mal intentionné.
Question d'habitude, hein ? ironisa quelqu'un.
Oui, à être entourer de personnes malveillantes, on commence par développer ses sens.

Certains Humains baissaient le regard, gênés de l'avoir accusé à tort, ou d'avoir médit avec des sous-entendus très douteux. En vérité, l'Ange n'avait fait qu'accompagner la Matasif, n'en revenant pas que le coupable de son état se soit donner la mort ... Ce n'était qu'une conversation pour donner le change, mais cela arrachait un léger sourire à l'Ange et il inclinait la tête à son homologue, pour le remercier. Ce dernier fit de même. Il oubliait parfois que tous les Humains n'étaient pas animés de mauvaises intentions, malgré quelques hostilités récentes. Mancinia ne dit rien, cette enquête n'était pas pour elle. On était venu la prévenir, car c'était l'usage. Mais oui, tout cela lui avait paru suspect, mais rien. Aucune trace de magie, ni même aucune trace d'agression. C'était un suicide. Et pourtant, son instinct le lui disait que cette histoire ... était anormale.



Je pense que Tareb s'est servi de vous dans le but d'assouvir un quelconque plan qui lui semblait cohérent, à lui seul uniquement. Qu'Ezechyel est son Âme.

Silencieux à ses côtés, l'Ange pensait que son but n'était pas qu'imaginaire pour lui.

Au final ... Je n'ai pas pu offrir votre cadeau à Isiode Yüerell.
Il vaut mieux ... Vu ce que tout cela a engendré ...
Souhaitez-vous lui écrire une nouvelle missive ?
Non.

Yünae fermait les yeux en prenant une grande inspiration.

Quand il reviendra des explorations d'Orhmior ... nous l'inviterons à une célébration que nous organiserons pour on ne sait quoi. Nous avons toujours des opportunités de faire la fête.
Yünae.
Mon oncle ... Père n'aurait pas voulu que nous vivions dans la colère. Regardez ce qu'elle aurait pu engendrer. Prenez la chance de repentance que la Matasif et le Capitaine nous tendent. Pardonnez ... Je vous en prie.
... Je ne sais pas si j'en aurais la force.

Sa nièce mis sa main sur son épaule, encourageante.

Tu verras. Je suis sûre que tu verras un homme normal revenir de là-bas et tu oublieras la raison de ta colère ... Après tout, lui aussi est le frère de quelqu'un.

Mancinia baissait les yeux vers ses mains. Isley. Son silence l'inquiétait, de bien des manières. Elle le chassait bien vite de son esprit.

... D'accord. Je vais essayer.



Tu n'auras qu'à dire que ton Humaine a été malade, ce matin.
Je n'aime pas beaucoup mentir à mes supérieurs, Mancinia.
Ce qui n'est pas totalement un mensonge.

L'Ange eu une moue contrarié.

Je suis désolée de te mettre dans l'embarras à chaque fois, Neah.
... Ne sois pas désolée. C'est moi qui m'excuse. J'ai eu si peur que ...
C'est oublié, dit-elle en mettant un doigt sur sa bouche pour le faire taire. Dis-moi seulement si tu as besoin d'un mot pour le Commandant ?
Tu t'es prise pour ma mère ?
Papa Séraquiel sera peut-être plus gentil ?
Tu l'imagines me crier dessus ? Tsss. C'est le genre d'hommes qui, avec un regard, te paralyse sur place. Ses longs silences sont bien plus effrayants que la moindre de ses paroles !
Je devrais lui envoyer un cadeau pour le remercier de lui causer tant de tracas.
Ce n'est pas nécessaire.
On l'invitera à notre mariage ... Qu'est-ce que tu en dis ?
... Pourquoi pas.

Neah attrapait sa main pour l'attirer à lui. Mancinia profitait de ses étreintes.

Ne mange plus de sucre pendant au moins cinq ans, d'accord ?

L'Humaine sourit et il disparut, simplement, comme une illusion envolée. Elle n'était pas certaine d'aimer ce genre de pouvoir magique, mais si cela leur permettait de réduire la distance qui les séparait à terme, sans doute était-ce acceptable ? Mancinia sourit avant de retourner dans sa demeure, Korthiad l'attendait dans un petit salon et elle avait choisi d'annuler ses réunions, prétextant une maladie soudaine qui l'indisposait, elle prendrait de l'avance sur d'autres dossiers.

Quelle histoire de fous, tout de même ! Heureusement que vous avez tenu une partie de la nuit, on aurait eu du mal à comprendre d'où venait cette agression, autrement. Sans parler que le savoir aurait eu des répercussions désastreuses, le Kaafa Lenclud n'aurait pas laissé passer ça.

La main de Mancinia se crispait sur sa tasse de thé. Leoben avait retourné sa veste à l'égard des Anges depuis les morts désolantes et imprévisibles. Il était chargé de s'assurer que tout se passe bien entre les deux peuples, mais il ne se contentait que du strict nécessaire. Elle n'était pas certaine que leurs alliés tolèrent ce comportement très longtemps. L'Humaine se demandait si une audience avec la Reine Varey serait une mauvaise chose. Ses tâches centrales se trouvaient à Qaixopia, mais ayant un large monopole sur l'économie, une appréciation globale du peuple et un droit de regard sur les Enfants des Cieux, elle était aussi la bienvenue à Haute-Terre, à condition de ne pas ingérer dans les affaires de ses supérieurs ... Sans aucune gêne, elle se le permettait, de temps en temps.

Ah ! Ça me rend la fougue de ma jeunesse !
Ça ne vous choque pas plus que ça que je vous demande de mentir ?
Qui me croirait si je disais que vous avez subi un empoisonnement maintenant ? ... Je suis assez étonné que vous alliez si bien, d'ailleurs. Vous avez une bonne santé, car la majorité des patients mettent trois semaines à se remettre.

Elle répondit par un simple sourire poli.

Dire que Tareb allait bien ces dernières années malgré la disparition de sa fille.
J'ignorais qu'il avait une fille.

La mine triste de Khorthiad en disait long.

Tareb était malade de naissance, mais avec du temps et de la patience, il a su mener une vie normale. Lui aussi s'est mariée, mais sa femme a été assassinée, il y a six ou sept ans, son enfant était introuvable. Utopia n'est plus la ville sécurisée d'autrefois. Malgré les Gardes, les faibles sont vite broyés et une enfant de trois ans disparue ... Ces événements ont causer un choc et il ne s'en est jamais vraiment remis. Ce ... déchaînement de violence est sans doute une conséquence. Je ne cherche pas à le dédouaner, Mancinia ... J'essaie seulement de comprendre.
J'aimerais moi aussi ... détenir la réponse à ce mystère.
Il était suivi, mais je ne sais pas par quel confrère. Je vais demander une vérification auprès de la Soranos. Nous sommes tous affiliés au sein des rangs de l'Armée, en tant que réservistes. D'ailleurs, n'oubliez pas de remplir vos papiers avant votre examen !

Mancinia était distraite. Elle repensait à ce petit être dominant dans la demeure de Tareb, sans qu'elle ne sache pourquoi, son instinct lui demandait de ne pas oublier les détails. Ce papillon, plus que tout, semblait être la clé de cette énigme.

Post VI - 2020 mots


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