Melody.M

Contexte: Ce RP prend place juste après la mise à mort de Melody, par une guillotine enchantée. Le corps sans tête de cette dernière est emmené avec d'autres corps dans un petit attelage, vers le cimetière.

La jeune Dullahan vas peu à peu reprendre conscience... et prendre conscience de ce qu'elle est devenue.

Un sac posé sur la tête, on me trainait fermement par le bras vers mon destin. Impossible de lui échapper. Le vacarme assourdissant de la foule en délire m'abrutissait. Comment pouvait-on se réjouir autant à voir une décapitation ? Les humains étaient immondes... Répugnants... Du moins c'est ce que je me mettrais à penser dans quelques heures, probablement. Je ne ressentais aucune haine, aucune tristesse, aucun regrets à quitter ce monde ou pour les actes que j'avais commis. Ce qui a été fait est fait. Et je recommencerais si c'était à refaire. C'est le cœur vide que l'on me bouscula brutalement sur la guillotine et que l'on me retira le capuchon, offrant mon visage impassible aux yeux du monde. Aveuglée par la soudaine lumière, je ne distinguais plus rien d'autre qu'une masse étrange de corps difformes hurlant à se briser les cordes vocales ou mes tympans. Vite, qu'on en finisse. Plus rien n'avait d'importance désormais. Un silence s'abattit sur l'assemblée. Ce que cela faisait du bien ! Et la dernière chose que j'entendis fut le clique métallique de la lame que l'on venait de libérer sur mon pauvre cou. Puis ce fut le néant.

Puis il arriva quelque chose à laquelle je ne m'y attendais pas. Des bruits de sabots sur de vieux pavés de pierres accompagnés de grincements de vieilles roues en bois me réveillèrent. A peine avais-je émergé qu'un intense douleur et impression de manque me saisit. Quelque chose n'allait pas. Quelque chose me manquait. Et cette évidence apparut alors que ma haine envers l'humanité naissait. Ma tête. Elle n'était pas là. Quand je dis là, je veux dire à sa place, sur mes épaules. Je ne savais ce que ces hommes m'avaient fait, mais je souffrais. Terriblement. Je devais la retrouver. La remettre à sa place. Cette obsession s'encra en moi en une fraction de seconde et je me sentais capable de n'importe quoi pour la récupérer. N'importe quoi. Même tuer à nouveau si il le fallait. Mais je la récupèrerais.

Plongée dans mon intense restructuration de personnalité, je ne remarquais pas tout de suite que l'attelage sur lequel je me trouvais était remplis de corps morts, que nous étions arrêtés et qu'un étrange vieillard me fixait, sans aucune crainte dans ses yeux. Mais j'y vis mon reflet. Celui de la jeune femme que j'étais, sans ma tête. Je voulus parler mais aucun son ne sortit de ma bo... de moi. Comment pouvais-je voir sans yeux ? Aucune idée. Et simplement... Comment pouvais-je être vivante ? En quoi m'avaient-ils transformée ? En zombie ? Aucune peur en moi, mais de la colère. Et je voulais que l'on me rende ma tête. Peut être cet homme savait-il où elle était ? De rage, j'arrachais un tibia à un macchabée, prête à m'en servir comme arme mais avant tout pour le menacer. Et puisque je n'avais pas la parole, je me mis à faire de grands gestes allant de lui à l'emplacement de ma tête, traçant un grand point d'interrogation invisible dans l'air. Et il me fixait, impassible, avant de dire:

- Tiens, une Dullahan. Voilà bien longtemps que je n'en avais pas vu. Ne soit pas aussi farouche ma pauvre petite. Vient t'assoir avec moi. Tu ne dois même pas comprendre ce qui t'arrive !

Il me sourit avant de se retourner, me faisant signe de le rejoindre à l'avant de la carriole. Il avait raison, je ne savais rien et lui avait pu identifier ce que j'étais au premier coup d’œil. Il ne servait à rien de se lancer à corps perdus dans une chasse à la tête, je devais d'abord comprendre. Après quelques enjambées maladroite au dessus des cadavres, je m'assis à ses côtés, les mains sur les genoux, attendant comme toute bonne élève le ferait. J'éprouvais un grand respect pour les anciens, et celui-ci pouvait m'aider. Raison de plus pour écouter ce qu'il a à dire. Toi, même avec tout le mépris que j'ai pour le genre humain, je ne te tuerais pas. Il commença alors son explication, son long monologue:

- Tout d'abord, je m'appel Étienne, et je suis chargé de temps à autre par Igor, le fossoyeur du cimetière de la ville, de lui amener les corps. Ça nous occupe moi et la vieille Betty, ma jument. Quand à toi, jeune demoiselle dont je ne serais le nom, tu es une Dullahan. Décapitée par une guillotine magique, tu ne trouvera le repos que lorsque tu aura récupérer ta tête. Je le sais car dans ma longue vie, j'en ai croisé des comme toi. Après, il parait que t'aurais aussi des pouvoirs, et tu peux voir, entendre et penser, on sait trop comment. Mais je n'en sais pas plus, malheureusement.

Je ne comprenais pas tout mais avait saisit l'essentiel de ce que j'étais. Tout simplement une humaine sans tête, comme dans la légende du Cavalier sans Tête. Et je ne pouvais m'empêcher, malgré la douleur, de trouver ça super classe. Mais que faire maintenant... Retourner en ville ? A cet instant, un nom me revint en mémoire. Milady, ma sœur. C'était sa faute. Tout était sa faute ! Elle devait payer. Je devais la retrouver, elle devait me rendre ma tête. Oui, voilà ce que j'allais faire... Je prenais chaleureusement dans mes bras le vieux sage et lui indiquais que je repartais vers la civilisation. Il me laissa faire et je sentais au fond de moi que je le reverrais. Je descendit de la charrette et pris le chemin inverse, le saluant une dernière fois de la main. Prépare toi grande sœur. J'arrive !