Milady.M

Contexte: Ce RP prends place alors que Melody est sur le point de retrouver sa soeur, Milady.
La Dullahan, décidée à se laisser aller à sa nouvelle personnalité, vas enfin pouvoir atteindre son but.
L'Ombre, possédant désormais un semblant d'apparence humaine, vas devoir faire face à son passé et enfin sortir de chez elle.

Cela faisait maintenant deux mois que je hantais ma maison, parvenue à contrôler ma forme actuelle jusqu'à me donner une forme qui ressemblait aux photos encadrés sur les meubles et les murs. Grâce à Vincent, j'avais fini par comprendre ce que j'étais, une Ombre. Un  être maudit par son geste de suicide. En revanche, je ne savais toujours pourquoi j'avais exécuté ce geste de désespoir ni quel était mon rôle à jouer dans le grand cycle de la vie en tant qu'Ombre. Mais j'avais fini par abandonner mes recherches, me contentant de rendre mon habitat plus agréable, en maitresse de maison que j'étais. Quand à ma mémoire... j'en étais venue à la conclusion que si elle s'était effacée, ce n'était pas sans raison et que tout ce qui est fait sur ce monde a une raison. Je ne cherchais donc plus non plus à retrouver mes souvenirs, je pouvais très bien m'en fabriquer de nouveaux.

Je ressentais toujours cette culpabilité étrange qui me rendait malade et la dépression s'était confortablement installé en moi, aidé par ma constante solitude. Cependant, j'arrivais à rendre mes journées moins pénibles et moins longues. Le manoir, à force de dure labeur, ressemblait désormais à ce qu'il avait été, l'effervescence constante en moins. Je ne sais pour quelle raison, mais personne ne venait toquer à ma porte. Pas un voisin, pas un passant. Je n'avais vu âme qui vive depuis que l'Élémental était partit. Il me manquait, ce qui me surprenait. Étais-ce seulement lui ou une présence en général qu'il me fallait ? Probablement un peu des deux. Notre rencontre avait été assez... particulière et rétrospectivement, je la trouvais amusante. Peut être reviendra-t-il me voir un jour ? Je l'espérais secrètement.

Mon envie de sortir de ce lieu avait totalement disparu. Je me sentais à l’abri entre ces murs, protégée de tout danger. Le monde extérieur me faisait bien trop peur et l'angoisse que mon être de brume ne disparaisse au moindre coup de vent était bien présent. Je m'étais résignée à passer le reste de mon existence ici, et j'avais même quelques projets, que je garde pour le moment secrets. L'avantage à ne pas avoir besoin de se nourrir ou de dormir, c'est que l'on a beaucoup plus de temps libre pour soi. Si bien que j'avais entamé la lecture de nombreux ouvrages de la bibliothèque, y passant le plus claire de mes journées. Ce que je lisais ? Absolument tout, même si les livres de cuisine restaient mes préférés. Je m'étais découvert u une passion pour cet art, celui d'associer les aliments afin de créer de nouvelles saveurs. Ce qui était très paradoxal puisque j'étais bien incapable de les goûter. Mais cela ne faisait que me motiver à vouloir retrouver un corps. Je m'y attelais chaque jour, passant des heures devant le miroir, essayant de remodeler mon apparence passée. Et je progressais, de semaines en semaines. Désormais j'étais capable de saisir des objets aisément, de rendre solides mes bras et mes jambes. C'était une renaissance, une renaissance de l'ombre.

Et par un matin froid, le magie opéra et un miracle se produisit. Je vis clairement apparaitre les traits de mon visage, la brume que j'étais prenant forme, façonnant mes mains, ma peau d'une pâleur cadavérique, mes yeux d'un vert éclatant... Je me voyais, comme sur les photos, bien que le trou béant laissé par l'arme de ma mort était visible. Mon reflet était instable, mais j'avais un corps humain, distinct. Et je ressentais pour la première fois les odeurs, les brises d'air frais sur ma peau... et j'allais de nouveau pouvoir goûter aux merveilles culinaires. Je restais figée de longues minutes devant cette nouvelle moi, encore sous le choc de cette transformation. J'avais durement travaillée pour arriver à ce résultat. Et je n'en étais pas déçus. De nouvelles perspectives s'offraient à moi. Je me dis que j'allais enfin pouvoir sortir, et pourtant cette pensée ne me réjouissait pas. Non, je ne voulais pas sortir. J'étais bien, chez moi, libre d'agir comme bon me semble. Et au moins ici, seule, je ne pourrais faire de mal à personne... Car j'avais fini par me convaincre que j'étais nocive pour les autres. J'avais fais souffrir mon mari et ma bonne, par mon geste stupide dont je ne connaissais même pas la raison. Et plus jamais je ne voulais revivre cela. Oui, je me condamnais à une vie de solitude, mais c'était pour le bien des autres. J'en étais convaincue.

Melody.M

Résumé: Après sa rencontre avec la jeune ombre Kanae, Melody s'était remise en quête de la maison de sa sœur.
Écoutant discrètement deux passantes, elle apprendra où se trouve le quartier riche de la ville et s'y rendra, trouvant ainsi le manoir abandonné de Milady.

Deux mois. Deux longs mois à parcourir la ville sans aucune trace d'un quelconque manoir abandonné. Tout comme Kanae, j'avais élue domicile dans une vieille bâtisse du vieux quartier, prête à s'effondrer. Bien que le besoin de me nourrir et de dormir ne se faisait ressentir en moi, j'avais tout de même besoin d'une sorte de quartier général, d'un lieu où me cacher. Les hommes de lois étaient toujours à ma recherche. Même sans ma tête, l'on m'avait reconnue et j'entendais un peu partout la rumeur qu'une jeune fille sans tête, meurtrière de sang froid, parcourait les rues mal famées en quête d'une prochaine victime. On me mettait tous les crimes existant sur le dos. J'étais devenue célèbre, en quelque sorte. Mais cela ne m'arrangeait en rien et compliquait grandement mes propres enquêtes. Comment pouvais-je récolter des informations sereinement alors que j'avais la constante impression que tous les regards se tournaient vers moi ? C'était extrêmement désagréable. Et mes pulsions de sadismes ne s'en arrangeaient pas.

Je m'imaginais, approchant d'une pimbêche médisante, sans un bruit, saisissant d'un geste rapide son cou et la retournant de force face à moi. Je voulais ressentir sa peur à ne pas voir de tête sur mes épaules et sentir la vie s'échapper de son corps au fur et à mesure que je resserrais mes doigts autour de sa peau... Laisser son corps se débattre pour survivre, plonger mon regard invisible dans le sien, à l'agonie, à la folie. La voir suffoquer, tenter de me repousser, en vain, puis ses yeux se révulseront et dans un dernier spasme, la peau devenue bleutée, son dernier souffle de vie s'échappera de son misérable corps d'humaine. Rien qu'à imaginer cela, je frémissais d'excitation. A force de parler de moi comme d'une tueuse en série, j'allais le devenir. Le pouvoir de la parole est monstrueux et il me tardait de retrouver une voix...

Il pleuvait aujourd'hui, et le ciel assombrit me permettait de m'aventurer dans les rues d'habitude animés plus facilement. Je m'étais fabriqué une tête à l'aide d'un sac et de divers déchets. Accroché sur mes épaules, une capuche déniché je ne sais trop où sur le dos, on pourrait presque croire que j'étais une humaine normale, mis à part l'odeur qui se dégageait de mon subterfuge... Heureusement que la pluie la cachait en grande partie. J'arpentais le quartier commerçant, prêtant l'oreille à tout ce qui se disait, dans l'espoir de trouver quelque chose d'intéressant. Deux grognasses, assises sur un banc à l’abri du torrent diluvien, attirèrent bien vite mon attention. Le plus discrètement possible, je me clissais dans l'ombre du pas d'une porte à quelques mètres d'elles...

- Nous nous retrouvons donc demain pour l'heure du thé ?

- Oh oui, volontiers. Votre maison se trouve toujours à côté de...

- Dieu ! Ne parler donc pas de cette maison maudite ! Pauvre Juge... Oui, c'est bien celle-ci, mais nous pensons sérieusement à déménager.

- Pour m'y rendre, dois-je bien traverser le parc ?

- Ah malheureuse taisez-vous ! Et si quelqu'un nous entendais ! Ce lieu doit rester caché pour notre sécurité. Mais oui c'est bien cela.

Je m'arrêtais, le cœur battant à tout rompre. Je savais... Je savais enfin où elle était ! Quelle bande de truie... Merci infiniment mesdames. Je partis immédiatement en direction du parc, mes jambes s'étant mises à courir d'elles même, emportés par cette prodigieuse nouvelle ! J'allais la retrouver. J'allais pouvoir assouvir mon désir de vengeance. La détruire. Elle, tout ce qu'elle aimait, en faire mon pantin. Lui faire retrouver ma tête. Je me sentais pousser des ailes à la perspective de ce futur radieux. Il ne me fallut que peu de temps pour traverser le parc et trouver le lieu que je cherchais. Une dizaine de manoir d'apparence tous plus riche les uns que les autres formaient un arc de cercle face à moi. Repérer la seule maison abandonnée dont le courrier débordant allègrement de sa boîte fut un jeu d'enfant. Je traversais l'étendue d'herbe en sautillant, l'envie de rire et de danser plus forte que jamais. Un début de folie ? Je n'en avais cure. J'étais une Dullahan, et j'avais depuis longtemps pris la décision de m'abandonner totalement à cette nouvelle personnalité qui avait prit possession de moi.

Arrivée sur le perron, j’ôtais ma capuche et jetais au loin ma fausse tête. Je n'en aurais plus besoin désormais. Tout était dans mon esprit. Chaque mot que j'allais lui écrire, chaque sentiments que j'allais lui décrire. J'allais la faire culpabiliser jusqu'à la folie, jusqu'à la soumettre à tous mes désirs. J'en frémissais d'impatience. Oh oui grande sœur, tu vas souffrir... jusqu'à regretter d'être née sur cette terre... Doucement, sans un bruit, je tournais la poignée de la porte, qui était étrangement ouverte, puis je pénétrais dans le manoir du juge qui m'avait condamnée à mort. C'est le cœur emplis de haine et les idées pleines de sadisme que je m'en allais quérir ma chère Milady. Ne me restait plus qu'à la trouver...