Aussitôt Vincent avait accepté ma proposition de recherche, aussitôt j’étais partie à travers les ombres jusqu’à la bibliothèque. C’était vraiment très pratique de pouvoir me déplacer de la sorte, et très agréable aussi. Je me demandais de plus en plus si il existait d’autres êtres comme moi et si ils en savaient d’avantages que moi sur ce que nous étions. Car il et vrai que dans les livres, nous pouvions trouver beaucoup d’informations, mais j’étais en revanche beaucoup moins certaine que ce que nous allions trouvé était soit de source sûre, soit de simples élucubrations d’une quelconque personne qui aimait raconté des histoires. J’étais assez partisante du « voir c’est croire » et je n’avais qu’une confiance relativement limitée en le savoir que renfermait les livres quand à ce qui était plutôt méconnue. Et il vas s’en dire que ce n’était pas tous les jours que l’on croisait une petite boule de fumée capable de penser et d’agir, même un minimum physiquement.

Cela me rassurait pourtant de savoir que mon invité était persuadé de déjà avoir rencontré quelqu’un comme moi. Je me disais que les Élémentals devaient en savoir beaucoup plus sur les créatures magiques que les humains et que Vincent avait du énormément voyager dans sa vie. Même si je ne pouvais m’empêcher de douter de sa mémoire, principalement car il semblait peiner à se souvenir. Et en tant qu’amnésique, je ne pouvais que comprendre ce que cela représentait. Mais ce n’était pas le moment de faire de tenir compte de mes états d’âme. Nous avions une mission à accomplir et des recherches à effectuer. Heureusement que la lecture avait toujours été ma plus grande activité, du moins en avais-je eu l’impression lorsque j’avais visité ma chambre personnelle et aperçut tous ces livres qui s’entassaient sur ma table de chevet.

Vincent avait choisit deux livres, « Tant de mystères pour tant de contrée » et « La mort, fin du périple ? ». Effectivement, au vu des titres, il me semblait que qu’ils soient de bons choix pour un début. Je me plaçais alors au dessus de la table, en face de mon sauveur qui me déposa l’un des deux ouvrages et l’ouvrit à l’une des pages. Si j’avais pu, j’aurais surement rit à sa proposition de me tourner les pages. Je me sentais tel une infirme mais en regardant bien la chose que j’avais créée et qui me servait de main, je compris que saisir une fine page de papier serait une épreuve bien plus que délicate. Je levais alors l’une de mes griffes en l’air, comme je l’aurais fait avec un pouce, pour lui signaler que j’avais bien compris la consigne. Et ma lecture commença… et dura…

Je commençais à trouver le temps long, même rythmé par le son de la vieille comtoise de la salle à manger. Et toujours aucune information quand à une quelconque créature née du suicide d’un être humain. Je commençais à désespérer et demandais de moins en moins souvent à Vincent de tourner les pages… Une pause était nécessaire. Alors je déplaçais mon petit corps flottant jusqu’au couloirs… et me figeais. Le lourd plancher de l’entrer venait de craquer… et des faisceaux de lumière se reflétaient sur les murs assombris de hall… Quelqu’un. Quelqu’un était entré sans s’annoncer… Le plancher grinça une nouvelle fois et j’entendis quelqu’un pester et une autre personne lui intimer de se taire, à voix basse. Des voleurs… Des voleurs venaient d’entrer dans le manoir.