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 Dans l'aube du Jardin [PV Ismérie]

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Mer 18 Juin 2014, 11:54

~ Paisiblement, Shiro fixait l'astre solaire, qui dessinait lentement sa courbe. Une petit brise souffla et du balcon où elle se tenait, l'Ombre put la sentir. Elle avait longtemps hésité entre rester au Royaume des Abîmes et venir au Jardin Animalier. Certes, ces derniers temps n'avaient rien de réjouissant pour les siens, mais la Reine des Ombres se devait de garder un œil sur le lieu qu'elle avait bâti avec ses amis. La petite fille baissa les yeux et distingua deux Liroa qui jouaient, en bas. Elle étira un pâle sourire, son esprit n'étant plus tranquille depuis le début de ces perturbations magiques. Habituellement, en ces temps sombres, l'Ombre prenait soigneusement garde à changer d'apparence, afin de pouvoir aller du Royaume à d'autres lieux, sans se retrouver avec une horde d'enragés à ses trousses. Un jour transformée en Shiro adulte, un autre en une autre petite fille aux cheveux roux, un matin en oiseau et l'après-midi en cheval, grâce à ce procédé, exceptée son aura, rien ne pouvait mettre sur la voie de son identité. Cela faisait-elle de Shiro une Reine lâche, incapable d'affronter la réalité que les souveraines étaient traqués, davantage ceux des races soupçonnées ? Songeuse, elle ferma les yeux. Comparé à certains de ces terres, sûr, l'Esprit de la Mort n'avait que peu d'expérience néanmoins, avec le temps, elle avait appris à laisser les gens dire. Ce qui comptait, c'était de rester intègre à soi-même, car dans toute circonstance, cette loyauté était présente et restait parfois un point d'ancrage. *Libre à eux de penser ce qu'ils veulent.* L'Ombre releva le regard. L'aurore apparaissait très clairement et la lumière orangée du matin baignait, désormais, chaque parcelle du vaste Jardin. Certains animaux venaient profiter de ces rayons matinaux pour bien débuter la journée.

Alors qu'elle admirait ce spectacle, dont Shiro ne se lassait jamais, Kuro fit son entrée derrière elle :
« Ah Shiro, tu es là, je te cherchais. Eyji me dit par lettre que tout va bien au Royaume, pas de souci, enfin pas trop. » La Reine se retourna vers le Pariât et sourit, avant de répondre. « Bien. Heureuse d'apprendre que ça va plutôt bien. Il y a toujours mieux, mais toujours pire. De toute façon, nous ne restons pas très longtemps, juste deux ou trois jours. Eyji est au courant qu'il devra venir au Jardin quand on retourna au Royaume ? » « Oui, t'inquiète pas, tu sais comment il est, au pire, il démarre au quart de tour. » Les deux amis rigolèrent. Puis, le Démon vit la mine triste de son amie. Celle-ci n'avait plus trop le moral depuis quelques temps et il lui demanda : « Hmm... Ça va Shiro ? A chaque fois que je viens te voir, tu fais une petite mine. » « Oh oui, je m'interroge juste sur plein de choses... Kuro, tu crois que beaucoup d'Ombres errent en ce moment, sans savoir où aller ? » « Je sais pas. » « Habituellement, les Ombres sont tellement perdues, alors imagine ce que ça fait en ce moment... Certaines revienne à la vie, d'autres doivent être encore plus égarées avec tous ces problèmes. J'aimerais tellement les aider. » La souveraine fixa le cornu, qui ne savait quoi lui dire. Kuro ne connaissait pas en profondeur les sentiments que pouvait ressentir une Ombre. En dépit de vivre au côté de la Reine de ce peuple, et ce depuis longtemps maintenant, jamais il ne pourrait savoir les petits détails de l'existence d'une Ombre, à moins de se suicider... Shiro soupira un grand coup : « Bah, oublie. Essayons de penser à autre chose. » Elle se tourna vers l'horizon. « Tiens, eh si on partait se promener ? De toute façon, le Jardin n'ouvre que l'après-midi aujourd'hui, on risque de croiser personne, ça sera tranquille. » Le Démon acquiesça, heureux de voir un petit sourire lumineux sur le visage de sa meilleure amie.

~ Les arbres de l'animalerie ombrageaient le sentier qu'empruntaient les vieilles connaissances. La Forêt Zen était le lieu idéal pour faire le vide dans sa tête et ne penser plus qu'à l'instant présent. Le bruissement des feuilles sous le vent aurait pu bercer même le plus attristé ou le plus souffrant des cœurs. Le Pariât libéré contemplait les dalles sur lesquelles ils marchaient. Pendant ce temps, le groupement de feuillus luxuriants faisait retomber Shiro dans ses pensées. Elle aussi avançait, tête basse, les yeux rivés sur ces pierres aux couleurs pastelles. Au fond, la demoiselle essayait d'oublier ses soucis, mais qu'importait son activité, ils étaient toujours là, comme cette moisissure incrustée aux murs, indélébile. Oui, c'était le mot : indélébile ! Tout le temps là, présent, quoi qu'on fasse, quoi qu'on dise, quoi qu'on pense. C'était cela qui rongeait l'Ombre et même la présence de son frère adoptif ni changeait rien. Un vent souffla dans la forêt et l'Ombre s'arrêta pour sentir quelque chose d'étrange. Elle releva le regard. Avait-elle bien senti la présence d'une troisième personne ? Elle balaya la zone de ses iris écarlates, avant d'achever sa course sur le Pariât, qui regardait une jeune pousse. Impossible ! Personne, à par elle, Kuro et ses amis animaux, n'étaient présents au Jardin Animalier. De plus, les seuls habitués du lieu étaient généralement des Elfes ou des Béluas. Là, c'était une aura particulière... Une aura... D'Ombre ? Shiro fronça les sourcils. Si c'était bien ce qu'elle pensait, jamais elle n'avait ressenti la présence d'un des siens de cette façon. Aucune aura "ombresque" ne ressemblait à celle-ci. Silencieuse tout d'abord, l'ex-Passeuse lança :
« Qui va là ? »

Le Démon releva la tête, surpris, et dévisagea son amie. « Euh... Shiro, t'es sûre que ça va ? » « Il y a quelqu'un, ici ! » Le jeune homme observa les alentours et répondit : « Non, Shiro, regarde. Tu vois quelqu'un, là ? Y a personne à par nous. Ou alors c'est un... » « Fantôme. Quelque chose d'invisible, mais de présent. Une Ombre en gros. J'en suis certaine ou alors je deviens folle ! » Ecartant la dernière hypothèse, ou du moins espérant de tout son cœur que ce n'était pas le cas, Kuro ne put s'empêcher d'être inquiet. Comment, alors que les portes du Jardin étaient fermées et surveillées par Dashan, Ray, Windy et d'autres animaux, quelqu'un pouvait-il pénétrer dans l'enceinte de la bâtisse ?
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Dim 06 Juil 2014, 19:53


Iris au beau jour qui s’annonçait, rêvait de cueillir les fleurs du jardin qui se présentaient à elle mais depuis plusieurs années maintenant, elle ne se laissait plus surprendre à s’y tenter, aucune forme matérielle était sa seule loi, sa malédiction, ne rien toucher et n’être touchée, elle était l’inoffensive Iris, mais aussi l’invincible et si pour ce prix elle avait tout sacrifié, rien ne l’éloignerait ne serait-ce qu’un peu de l’objectif fixée, pour elle mais aussi pour toutes les ombres qui dépendaient d’elle. Derrière elle marchait le silencieux et glacial Ismérie, fraichement converti, ses mains se rejoignant dans le dos, inclinant légèrement la tête vers le sol, il ne disait pas un mot tandis qu’Iris d’un pas léger semblait presque s’envoler portée par les vents matinaux qui faisaient voler sa robe de rose qu’elle s’était créée pour l’occasion. « Comprends l’occasion mon cher. Une ombre des plus haut gradée qui a accepté notre invitation. Elles comprennent enfin qu’il est inutile de vouloir se dresser contre nous. » mais son compère semblait moins optimiste à l’idée d’une entrevue ici même : « N’est-ce pas toi qui m’a fait jurer de ne jamais m’approcher d’une ombre qui ne serait vengeresse, car il serait inopportun de leur confier nos travaux et une perte de temps de les raisonner ? » Mais Iris ne semblait pas déstabilisée : « Tu ne comprends pas. Nous sommes des personnes discrètes mais habiles. Nous agissons dans le secret depuis des siècles mais nous agissons. Depuis la mascarade du ballet d’Utopia, la donne a changé. Nous avons plus de poids. Nous rencontrons les bonnes personnes, nous leur proposons un marché qu’elles ne peuvent refuser, si toutefois cela arrive, alors nous les tuons. Si elles acceptent, alors elles seront les grandes gagnantes de cette guerre secrète et sous-terraine qui se prépare. Sois patient Ismérie, bientôt, tout sera limpide pour toi. » Ismérie comprenait plus qu'elle ne le croyait, l'apogée des ombres vengeresses s'écrivait dans le sang.

Arrivé au point de rendez-vous sous un arbre majestueux, Iris désira s’asseoir en tailleur, mimant le soutient que lui portait le tronc de l’arbre à son dos bien que si elle se laissait aller, elle le traverserait sûrement. Ismérie quant à lui surveillait les horizons, il n’aimait pas rester dans l’ignorance. « A qui appartiennent ces jardins Iris ? » jugea-t-il bon de demander. L’ombre se mit alors aussi tôt à rire sans retenue, elle trouvait remarquable la naïveté à l’état pure. « Tu ne le sais donc pas ? Un ancien chef de race comme toi.. tu avais bien trop à faire me diras-tu, à poursuivre Jun à travers les confins du temps. La surprise n’en sera que plus belle. Laisse-moi et va te promener, ne laisse personne s’approcher de ce lieu et s’intéresser aux discussions qui y seront menées. » Iris ne lui disait pas tout, elle avait plus qu’une idée derrière la tête, le regard qu’elle gardait pour l’ancien génie était particulier, elle rêvait de grandes manipulations et de stratégies comme elle en avait tant lu autrefois. Pouvait-elle encore seulement ouvrir un livre ? Ismérie acquiesça cependant, moins il en savait, mieux il se portait.

Quelques pas dans la forêt pour s’éloigner des messes basses, et voilà qu’il ressentait un instant une volage sensation presque volée de liberté, sans Iris, sans le démon du grand cauchemar, sans quiconque à tuer ou âme errante à souiller. Il était seul face à la nature et c’était ce petit rien appréciable qui le fit se perdre dans des rêves oubliés qu’il se plaisait à ré imaginer. La vie lui manquait affreusement, elle lui manquait affreusement, il souffrait chaque jour de n’être que ce fantôme invisible ou ce parasite voleur de corps, il s’y perdait. Parfois, il fermait les yeux et se souvenait de son palais, de Somnium, de sa couronne et des soirées d’été au bord de la falaise à admirer la lave se déverser dans l’océan pendant qu’il fumait l’opium en bonne compagnie. Tous ceux que les guerres du temps de l’ère du chaos de Jun avaient décimé. Lui-même en avait été une victime. Comment pouvait-on ainsi passer du roi à l’errant en un instant ? Tout posséder et n’être la journée suivante, plus rien. Ce goût d’éternelle insatisfaction qui le rongeait tant ne connaitrait donc jamais de fin ? Il devait mentir à tout le monde et finir par se mentir à lui-même.

Cependant, ce fut comme si le temps était devenu soudainement lourd, l’air lui manquait, il étouffait littéralement. Un sentiment bête se répétait-il pour se rassurer, tout comme la peur de tomber au volcan il y a quelques temps, il était mort, il n’y avait nul vertige à éprouver ni nulle air dans ses poumons d’ombre. Il fallait se faire une raison et s’adapter. Mais c’était si simple à dire et si difficile à vivre, pourtant un ancien génie comme lui devrait avoir l’habitude mais il n’en était rien. Il détailla du regard le paysage qui se présentait, trouver la raison d’un tel malaise. Un simple instinct de survie ? Non, c’était bien plus puissant, aussi dans sa tête sa conscience lui hurlait de s’enfuir. Aussi une telle adrénaline ne l’avait plus habité depuis si longtemps qu’il refusa cette option d’emblée et prit même la décision d’avancer là il semblait que son cœur factice battait plus fort et plus vite. Entremêlés d’arbres et de cette terre de feuilles tombées, un vent étranger soufflait sur la plaine du continent au matin calme. C’est lorsqu’il aperçut au loin les deux silhouettes d’un dénouement soudainement tragique qu’il comprit que plus rien ne serait pareil, qu’il ne pourrait plus reculer. Alors logiquement, il s’avança, se dissipant dans l’ombre que procurait la forêt ici et là, se positionnant juste à côté d’un démon, profitant de sa silhouette imposante pour rester caché, il susurra à basse voix « Lui ne me voit pas. » mais faisant un pas de côté, s’arrêtant juste derrière une jeune fille : « Mais toi. » souffla-t-il à son oreille, « Toi tu peux voir les morts. » répéta-t-il, « Car ce sont les morts qui ont posé une couronne sur ta tête. » et son sourire narquois, inexistant jusqu'à lors, se mit à renaître de ses cendres.
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Mar 22 Juil 2014, 23:22

~ Shiro frissonna un instant en entendant cette voix, presque inaudible au début. Elle sentait cette présence étrange, que jamais elle n'avait croisé auparavant. La Forêt Zen paraissait s'être tue, désapprouvant la chose qui venait d'arriver. Pourquoi un tel mot pour une aura qui ressemblait tant à celle de l'ancienne Passeuse ? Tout simplement, parce que la petite fille ressentait, pour la première fois venue d'une de ses semblables, une telle... Energie ? La Reine ne parvenait pas à trouver le mot exact. Elle continua de fixer Kuro un temps, le Démon ne saisissant pas très bien le regard de sa meilleure amie. Néanmoins, il comprit que quelque chose était, en effet, bel et bien présent, mais qu'il était dans l'incapacité de le voir, ou peut-être de l'entendre ? Le jeune homme n'aurait su dire. La souveraine vit une ombre glisser jusqu'à elle et lui murmurer quelques mots qui venaient confirmer ses pensées. Tournant son regard de braise, elle croisa le sourire railleur de l'homme. Shiro n'en fit rien et resta de marbre. Instinctivement, la demoiselle effectua un pas sur le côté et détailla l'étranger. Ses iris de sang parcoururent le visage de l'Ombre, auquel elle ne savait associer aucun nom, aucune référence, pas la moindre chose. Le Pêcheur en face vit la scène, ne sachant quoi faire ou quoi dire. Kuro était plutôt tracassé à l'idée que quelque chose d'invisible eusse pénétré les murs du Jardin Animalier, mais que pouvait-il faire maintenant ? Pas partir, ça c'était sûr. Agacé, il voulut dégainer son sabre, mais la voix de la Reine des Ombres, si enfantine et si mature à la fois, vint l'en dissuader : « Pas un geste Kuro, reste en dehors de ça ! Qui sait de quoi il est capable, il semble... » Le reste de ses paroles ne furent qu'un pâle murmure en son intérieur : *Aussi puissant que moi, mais est-ce vraiment cela ? Qu'est-ce que ce type fiche ici ? J'aime pas vraiment ça, autant que Kuro s'en aille, je m'en voudrais si ça tourne mal pour lui.*

Le cornu, qui avait posé sa main sur le manche de son katana, la retira lentement. L'Ombre ne lâcha pas l'inconnu des yeux et ordonna à son acolyte : « Kuro, fais moi le plaisir d'effectuer un tour du Jardin, avec Ray s'il te plaît. On ne sait jamais si d'autres personnes auraient passé les portes du Jardin, avec l'incroyable discrétion dont le monsieur a su faire preuve. » « Mais tu... » Elle porta un regard dur et autoritaire sur son frère adoptif, un regard qui n'était que rarement dans ses habitudes : « Va, je te dis, et ne remets pas en question ce que je te demande ! » Il sursauta légèrement. Les paroles de la jeune fille étaient si sèches et si directes que le Pêcheur ne put qu'en vouloir à la personne troublant la gentillesse de l'Ombre. Cependant, Shiro savait que le jeune homme comprendrait la raison de cet ordre. « Bien. » Il fit quelques pas en arrière, avant de se retourner et de rebrousser chemin, pas très rassuré de laisser sa camarade ici. Mais, il avait confiance en Shiro, elle savait se battre et avait une magie utilisable, en dépit des troubles de ces derniers temps. Au fond de lui naissait tout de même des interrogations : qui était l'individu déchirant la sérénité de la forêt et de la dirigeante ?

La fillette observa son ami s'éclipser, avant de revenir sur l'Ombre près d'elle. Ils étaient seuls dorénavant, du moins, aucune présence humaine ne viendrait perturber la rencontre, sauf si Eyji avait la mauvaise idée de débouler dans son brouhaha habituel. Shiro n'aimait pas trop le personnage qui se tenait là, son aura et son regard ne lui inspiraient nullement la confiance, bien au contraire. Se plaçant clairement en face de lui, son corps englouti par la taille de son interlocuteur, elle constata trop de mystères sur les traits de cet homme. S'il savait qui elle était, Shiro ne savait rien sur lui. Le physique de l'Ombre ne lui évoquait rien, aucun souvenir, et pourtant, peut-être avait-elle déjà croisé cet individu par le passé ? Un passé probablement lointain dans ce cas.

L'Esprit de la Mort s'adressa enfin à l'inconnu :
« Les morts ont effectivement posé une couronne sur ma tête, mais qu'on-t-il posé sur vous, les morts ? » Elle plongea son regard dans celui de l'homme, sa question n'attendant pas vraiment de réponse. Après tout, son sens était déjà bien flou, en avait-elle réellement un ? Quoi qu'il en soit, l'inconnu n'était pas une Ombre comme les autres, une Reine et Ombre ancienne sentait ces choses-là. Ces petites choses qui faisaient toute la différence, mais qui restaient indéfinissables. Elle fronça les sourcils : « Je suppose qu'au vue de vos paroles, vous savez qui je suis. Ainsi, puis-je savoir qui vous êtes et quel but vous mène au Jardin Animalier, si ce n'est me porter une dague à la gorge ? » Le ton de Shiro traduisait à l'individu la méfiance qu'elle lui portait. L'éleveuse n'aimait pas voir ses Jardins troublés, cela révélait toujours quelque chose sur ceux qui faisaient vaciller la tranquillité de l'animalerie. Tapi dans l'ombre des arbres, un Spirit dévisageait l'étrangeté de la scène. Ses iris, profondes et lumineuses, fixaient l'invisible, la présence qui l'avait conduite jusqu'ici. Son pelage de feu s'embrasait au contact des rayons solaires, qui parvenaient à traverser l'épais toit de feuilles, et une légère brise fit frémir sa crinière, imitée par la chevelure ténébreuse de la Reine. Les animaux avaient bien senti, grâce à ce sixième sens unique, les deux auras se rencontrer. Si la plupart s'écartait, un petit nombre n'en restait pas moins intrigué par le début de l'échange entre la maîtresse des lieux et l'homme invisible, à la puissance fascinante.
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Jeu 24 Juil 2014, 22:12


Être le loup dans le troupeau de brebis, voilà le jeu qui me plaisait. Pourquoi les hommes, dès l’instant où ils croisent un des leurs sur un chemin qu’ils n’empruntent pas, se sentent menacés ? Que risquent-ils ? Là était la culture du sauvage, du barbare, de celui qu’on ne comprend pas, qu’on ne veut pas comprendre. La peur elle-même était celle que l’inconnu puisse chambouler un ordre établi, emprunter un autre chemin que le sien induit forcément deux hypothèses : soit que l’on a emprunté le mauvais, soit que c’est le cas de l’autre. Evidemment on préfère penser que l’autre a tords, alors on éprouve méfiance, même de l’animosité, de la malveillance à son égard, on refuse d’admettre son existence, ni même sa légitimité. Et ici, qui est à blamer ? Ceux qui veillent où ceux qui espèrent autre chose ?

J’admirai cette petite fille jouer de ses airs princiers, ordonner à son sbire ceci ou cela. Elle était convaincante. Mais qui devait-elle convaincre ? Voulait-elle me faire reculer ? Que je me ravise dans ma démarche et pourquoi pas, que je sois ce mauvais rêve qui disparait en clignant des yeux ? « Ton chien de garde serait le borgne de notre histoire, aussi est-il préférable de l’envoyer promener plus loin. » confia-t-il à sa reine alors que ce qui semblait être Kuro partit faire sa ronde comme convenu. « Voilà un ordre digne d’une reine. Tu vois un homme invisible que ton chien ne peut pas voir donc logiquement tu lui demandes d’aller voir si d’autres hommes invisibles ne l’accompagnent pas. Des hommes qu’il ne pourra donc pas voir. Et lui, il part sans broncher. Je comprends pourquoi le monde va si mal, personne n’est capable de penser par lui-même, il se sent toujours obligé d’être soumis, aux couronnés ou aux divins, à l’aether de la justice ou à un père de famille un peu trop autoritaire, tout ça pour se rassurer. » on ne savait trop sur quel ton j’osai, à la fois sarcastique, un brin résigné, c’était comme rire pour ne pas pleurer d’un désespoir dévorant.  

Vint ensuite sa question, des plus pertinente. J’en fus surpris, l’enfant était donc capable d’éloquence ? Que lui restait-il d’ailleurs de son enfance ? Elle en avait certes l’apparence mais après tout, à me regarder, semblait-il que j’étais figé en cet adulte d’une trentaine d’années, alors que combien de siècles ont façonné mon esprit dérangé ? Tout aussi logiquement, j’en vins à me demander, avait-elle connu l’amour et la haine de son immortalité ? Le temps qui passait la faisait-elle grandir ? Pour gouverner un peuple d’ombres, il fallait bien ça, du courage et de l’ambition. « J’aime votre question. Les morts ont posé sur moi le lourd poids de leurs maux, leurs hurlements incessants, leur insatisfaction, leur rancœur et toutes les frustrations qui consument leur âme. Mais ça, dans votre beau jardin édénique, qu’est-ce que ça peut bien vous faire ? En caressant vos dragons et vos tigres, vous n’avez pas le temps pour les échos du trépas. » Je n’étais pas tendre, elle ne l’avait pas été à mon égard. Peut-être avec qu’avec un accueil plus chaleureux, les choses auraient été différentes mais je ne me laissais jamais impressionner. Les temps où les plus grands me rappelaient à ma condition d’errant étaient lointains à présent. En passant au vouvoiement, je laissais une barrière s'installer entre nous, pour prendre de la distance, et ainsi toucher avec plus de délicatesse. « Une dague à votre gorge ? Ô quelle exagération pour si peu. Nulle dague ne grince entre mes dents ma reine. Bien au contraire, si je siffle comme le serpent c’est dans l’espoir d’attirer votre attention. »

Je m’agenouillai devant elle, pour que nous puissâmes se faire face à égale mesure, après tout, les apparences n’étaient que ce qu’elles étaient, du regard de l’ancien génie qu’il était, il en savait à ce sujet, que rien n’était jamais ce qu’il semblait être, bien au contraire, il s’agissait souvent de l’exact inverse. On ne pouvait se fier en rien, tout n’était que mensonge, l’humanité avait tout fondé sur ça, des légendes et des espoirs, sur une tempête imaginaire qui a guidé leurs pas. « Je me nomme Ismérie. Nous nous sommes déjà rencontrés, à la fois longuement et brièvement, car nous n’avions pas le temps. Lorsque j’y repense à présent, j’en ris car du temps, nous en avions finalement tant. Et aujourd’hui je suis à cette place que je m’imaginais autrefois avec un peu d’envie vous voler car les ombres m’impressionnaient, me laissaient admiratifs. Moi aussi j’étais partisan de ce rouage conventionnel, de cet ordre à sauvegarder. Mais la réalité m’a rappelé à elle et avec le glas, l’apesanteur de la vérité. Nous ne pouvons que nous comprendre à moins que vous n’oubliez trop vite et vivez trop peu. Ce qui me manque ne peut que vous manquer. Oui, appelez-moi Ismérie, ce ne fut pas toujours mon nom mais c’est bien celui que vous retiendrez à présent. Car du passé, seules les cendres vous atteignent. Nous sommes ces petits êtres qui dansent dans l’ombre et nous nous donnons une importance déméritée et dont pourtant nous nous ventons. » Il semblait à cet instant qu'en mes iris comme des vitres fissurées s’abattaient la pluie naissante, gelée, tandis que dans le ciel grondait déjà le tonnerre. J’étais à présent ce catalyseur, mes émotions dictaient le mauvais temps. Une première goutte tomba près de nous, puis une seconde qui me traversa littéralement, humidifiant l’herbe sous nos pieds. Je souriais de plus belle. « Et vous ma reine, quelle berceuse attendrit vos nuits pendant que nous souffrons bien au-delà des frontières qui ne vous effrayent pas ? Avez-vous entendu mes cris, ma reine, lorsque je suis mort, m’avez-vous entendu hurler, appeler à l’aide ? Non. Vous n’étiez pas là. Aucune ombre n’était là. Du moins pas celles que vous connaissez. » je venai de verser la première larme de sang dans un lac d’innocence.
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Ven 25 Juil 2014, 20:23

~ La méfiance était dans la nature de Shiro, mais pas l'agressivité, bien qu'actuellement, toute définition de son caractère pouvait être relative. Ce qui l'intriguait chez cet homme figé dans le temps, c'était la présence qu'il dégageait. La Reine connaissait d'autres Ombres, comme Raeden ou Aaliah, la Gardienne de la nature. Ils pouvaient affirmer le contraire de ce que s'imaginait l'inconnu sur le compte de la demoiselle, mais celle-ci ne pouvait en vouloir qu'à elle-même. Hélas ou peut-être tant mieux pour les Ombres, leur Reine était une personne bienveillante, qui faisait cependant justice par elle-même. La vengeance restait son adage, tout comme l'amitié. Difficile de bien cerner le noir et le blanc qu'était Shiro, si on ne faisait pas l'effort de les découvrir sous toutes leurs facettes. Enfant, adulte et Reine, voilà ce qu'était l'Elfe suicidée. Elle esquissa un bref sourire aux propos de l'inconnu sur Kuro. Au-delà de la longue existence qu'il devait avoir, il ne savait rien au sujet du Démon et du lien des deux amis. Si le Pêcheur était un être soumis et docile, il fallait chercher dans l'extrémisme pour trouver ceux qui ne l'étaient pas.

Shiro écouta attentivement la suite. Elle resta statue quand il répondit à l'étrange question qu'elle lui avait retourné. En revanche, la fin de sa réponse étira un nouveau sourire sur les lèvres de l'Ombre. Désillusion ou vérité frappante, la jeune fille le laissait croire et savoir. Cherchait-il à l'évaluer quant à ses réactions ? Peu lui importait s'il jouait les analystes aguerris. Son sourire se fit plus marqué quand l'invisible répondit à sa dernier question. Peu à peu, la fillette en oublia une partie de ses manières méfiantes, après tout, de ce qu'il avait répondu, l'homme ne semblait pas là pour jouer les pyromanes et brûler le Jardin. Il paraissait même bien s'en moquer des feuilles et des chats. Mais, rien n'est pire que l'eau qui dort, Shiro restait une lame à double tranchant, du haut de son mètre vingt. Ainsi, l'Affranchi était venu uniquement pour la voir. Elle répondit :
« Soit, je suis votre semblable, je suis là pour vous écouter et pour parler, si votre cœur en a besoin. » Une première phrase sincèrement gentille, ou du moins adoucie, qui reflétait davantage la véritable nature de l'Ombre. Puis, légèrement étonnée, elle vit l'inconnu s'agenouiller et entamer sa présentation. Décidément, et ce bien le temps qu'elle avait passé sur le trône, l'Ombre ne se faisait pas à ces façons de faire. Cependant, Ismérie paraissait un habile comédien. Lui aussi était une lame à double tranchant, probablement.

Aux mots de l'ancien vivant, ils s'étaient déjà rencontrés. La suite capta toute l'attention de la jeune fille, notamment le mot "vérité". Oui, elle comprenait les propos d'Ismérie, car seuls ceux qui cherchaient à la savoir pouvait comprendre. Néanmoins, ce ne fut pas pour la même raison que Shiro devint une Ombre. Pour elle, et ce en dépit de la tâche à accomplir en tant que serviteur de la Mort, la fillette avait trouvé une délivrance et une raison d'être dans cette communauté. Elle était notamment sur le trône pour remercier les Ombres, autant ses semblables que la race par définition, de ce qu'elles lui avaient offert : la vie dans la mort. Ni orgueilleuse, ni triste, ni lasse d'être une Ombre, l'ancienne Elfe était juste heureuse et redevable d'exister en tant que tel. Et pourtant, au fond d'elle subsistait l'envie de revenir parmi les vivants pour voyager, apprendre et comprendre davantage. Tenir un tel trône et un tel rôle n'était pas de tout repos, bien qu'on découvrait les secrets les plus enfouis du monde. Elle déclara entre ce paragraphe et le suivant :
« Oui, je vois de quoi vous parlez Ismérie. Mais je n'ai pas suivi le même chemin que vous pour devenir une Ombre. Moi c'est autre chose qui m'y a poussé, quelque chose que j'ai fini par trouver, dans ce monde et à cette place. Connaître les secrets de la Mort font de vous une pierre qui se tait à jamais. C'est un choix qui j'ai fait et que j'accepte. Si nous nous sommes déjà rencontrés, pardonnez ma mémoire de ne pas s'en souvenir, peut-être le temps me rendra-t-il votre ancienne existence. Ceci dit, nous ne devions pas bien nous connaître pour que rien ne me revienne. Je sais que je n'oublie jamais rien, pas même ce qu'on me demande d'effacer. »

Sentant une goutte tomber, puis une autre, le Spirit tapit dans les fourrés leva les yeux pour inspecter les cieux. Lentement, des gouttelettes s'accrochèrent aux cheveux de Shiro, avant de dégringoler sous l'épaisseur de la chevelure, incapables de la traverser. S'en suivit une question de la part d'Ismérie. L'Esprit de la Mort fronça les sourcils, ses derniers mots l'interpellant aussitôt. Alors que le ciel débutait ses pleurs, l'Ombre marqua une pause pour méditer sur les mots de l'Affranchi et écouter. Elle entendait les âmes, au loin, verser leurs larmes sur des linceuls oubliés, car, qu'elles fussent au Jardin Animalier ou non, la tristesse du cortège restait immuable. Une indescriptible plénitude se lisait sur les traits de son visage enfantin : « Non Ismérie, je n'ai pas entendu vous seulement, mais probablement vous ai-je entendu parmi d'autres. Par milliers, sachez qu'elles sont présentes et que je les entends. Je ouïe plein des miens qui hurlent, comme vous, leur sort ou bien leur mort. Moi aussi un jour, j'ai hurlé et à moi aussi, on ne m'a pas répondu. Ainsi, si vous voulez m'en vouloir, car je vous ai fais souffrir en ne faisant rien, vous pouvez. Vous êtes un homme, avec les mêmes droits que moi et ceci est amplement justifié. » Le toit de feuilles abritait l'invisible et la petite Reine des larmes célestes. Elle poursuivit : « Et malgré la douce existence que je semble avoir et que vous paraissez ne pas aimer, sachez qu'aucune berceuse n'attendrit la nuit d'une Ombre, qu'elle ait une couronne sur la tête, un morceau du Requiem à garder ou le rôle à jouer. Je suis juste chargée d'illusions d'une vie plus douce et je le sais... J'avoue vous dire que vous me connaissez assez mal, à moins que vous fassiez comme ces assassins qui écrivent des lignes et des lignes sur leur cible afin de trouver le meilleur moyen d'accomplir leurs desseins. Fine astuce, mais il faudra probablement des pages et des pages pour moi, et des livres et des livres pour vous. »

L'Ombre étira un sourire amical, qui vint illuminer ses iris écarlates. Oui, elle commençait à apprécier Ismérie, même si cela n'était pas réciproque. Certes, c'était un homme étrange, mais il y avait quelque chose en lui qui gagnait la sympathie de l'ex-Passeuse. Néanmoins, la gravité reprit rapidement le dessus sur le visage blanc de l'Ombre et, doucement, son sourire s'effaça. Du moins pas celles que vous connaissez. Ces mots résonnèrent dans son esprit. Retrouvant une attitude moins lumineuse, elle demanda d'un ton sérieux : « Je crois que votre dernière phrase a abordé un sujet que je risque de difficilement lâcher Ismérie... Qui sont ces Ombres que je ne connais pas ? » Imperturbable, elle le fixa. Peut-être s'était-il relevé, dans ce cas, il lui faudrait lever la tête, sinon, probablement étaient-ils correctement face à face si Ismérie était grand, néanmoins, l'une ou l'autre des situations ne changeait rien à son regard transperçant, désireux de savoir le secret que taisait le vieil Ombre. Elle ne lâcherait rien, davantage si cela m'était en périple les siens ou menaçait l'équilibre du monde. Ainsi était le devoir d'une Reine, ainsi était le devoir de l'Esprit de la Mort, que cela fusse risible ou non.
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Mer 06 Aoû 2014, 00:01


Les yeux de l’ombre s’écarquillèrent, faisant cette mine sur jouée de déconcerté, comme s’il venait d’entendre une blague inattendue. Aussi il se mit à faire un grand sourire, sans montrer ses dents, un sourire jovial et serein, il fit même secouer légèrement ses épaules et sa tête en même temps. Aussi il soumit à l’ombre « Vous avez raison, vous faites du mieux possible et moi je râle comme un idiot ! Vraiment, quelle chance de vous avoir pour reine ! Allons-nous promener et parler dragon, j’en voudrai un rose qui crache des fleurs parce que le feu ça peut faire mal ! » un air enfantin accompagnait ses dires. Il y mit cependant fin. « Vous me donnez envie de vomir, Shiro. » il l’avait dit, sans fourcher, en prononçant bien lentement chaque syllabe qui composait sa phrase prédative, à chaque mot, son sourire s’estompait jusqu’à atteindre le degré zéro absolu. « Cessez de parler comme une reine, vous n’êtes à aucun sommet diplomatique ici, vos grands sourires niais et vos paroles gerbant de bon sentiments n’ont aucun bénéfice, laissez ça aux hypocrites et aux anges. » Il n’en démordait pas, effronté, dévoré par la haine, bien trop pour s’apercevoir que la reine des ombres l’appréciait derrière ses griffes d’ours, non, il ne voulait pas de sympathie, ni de pitié. La compassion était à la fois le pire et de moindre mal. Il voulait qu’on réponde à sa colère par de la colère, le feu par le feu. Il avait tant envie de crier sous son costume de glace taillé pour lui, cette robe d’ombre qui l’emprisonnait.

« Est-ce qu’au moins un jour, quelqu’un a osé vous parler comme je le fais ? » Il se releva doucement. Faisant un pas pour s’éloigner de Shiro puis un deuxième pour se rapprocher. « Non, bien sûr, tout le monde est adorable avec la parfaite petite reine bienveillante, à l’écoute de son peuple et répondant à leurs prières autant que possible ! » puis mimant une mine boudeuse, retroussant sa lèvre inférieure « C’est vrai quoi, on ne peut pas contenter tout le monde, c’est pas facile la vie, la mort encore moins, vous n’y êtes pour rien si ce qui nous arrive n'est pas une longue ballade sur la plage de sable fin. » puis plus sévèrement « Incapable de parler sincèrement. Je ne suis pas un de vos sujets qui pique sa crise. Réveillez-vous Shiro ! Le monde est à l’agonie ! Vous ne faites pas de votre mieux, non, vous ne faites rien. »



De ses paroles fugaces, ses mains volaient dans tous les sens, il s’énervait. « VOUS, êtes la garante du royaume des morts. VOUS, avez un devoir ! VOUS, avez manqué à celui-ci ! » il lui en voulait, sincèrement, il lui reprochait mille et un faits. « J’étais dans le royaume des abimes ! Je venais de goûter à la mort. » il reprit son calme, respirant profondément, persuadé qu’il pouvait encore respirer, persuadé que tout ça n’était pas fictif. « Des millénaires d’existence Shiro. Des millénaires. Des histoires à vous raconter à vous tenir en haleine jusqu’au bout de l’éternité. Et cette femme. Cette femme. » il ferma les yeux. Il ne l’évoquerait pas. Son visage, pourtant, résonnait, guidait ses pas. « Tout ça balayé en un quart de seconde. Dans le silence et la solitude. Cette douleur-là, l’entendez-vous souvent ? » il laissa un vide s’installer, il voulait qu’elle comprenne de quoi il en retournait. « Le temps a fait des ombres un mécanisme complexe et imperméable aux émotions de l’homme et sa folie. Mais nous, ombres naissantes, nous implosons de ces sentiments ! Le remord, la mélancolie, la haine, nous définissent, nous créent ! Et vous. Vous, habituée, vous savez que ce n’est qu’une passade, que ça va passer, que l’ombre va s’habituer parce que c’est ainsi. Mais tout le monde n’a pas le même avis. Bien au contraire. » Il en faisait partie, Ismérie était ainsi, incapable de se résigner à son sort, il détestait que les choses finissent comme prévues, qu’on ne puisse jamais rien faire contre un fait, d’être confronté à la vanité de nos actions. « J’aurais voulu qu’une ombre m’explique. Mais non, le doute dans nos subconscients a germé, faisant leur route dans nos esprits maladifs, faibles de par notre suicide, une moindre étincelle met le feu à notre démence » il arrivait à la conclusion de son argumentation : « C’est cet incendie qui me consume, ma reine. »

Les ombres étaient des êtres tout en nuance mais vides. Aucune émotion, aucun goût, tout était fade, sans saveur ni talent. Le monde aperçu par une ombre était gris. « Je veux vire Shiro, je le veux plus que tout. Je veux… je veux manger à ma faim, dormir sous les étoiles, sentir une goutte de pluie ruisseler sur mon visage, je veux aimer, avoir mal aux tripes tellement j’aime, frissonner de désir et pleurer devant le déclin du monde. Au lieu de ça, je suis indifférent, seulement indifférent, à tout et à tous. » au fil de sa phrase, sa voix devenait plus faiblarde, jusqu’à être à peine audible à ses derniers mots. « Mais vous n’écoutez pas. » puis plus fort : « Vous entendez mais vous n’écoutez pas. » et enfin en criant comme un orateur :  « Vous ne m’écoutez pas. Je suis l’écorce du monde  et mon cris est celui d’autres, le mien résonne juste plus loin, il est juste plus strident. » Il se le promettait, il serait la voix de tous ceux qu’il avait croisé, qui comme lui souffrait du même mal. « Alors comme beaucoup d’ombres, nous nous sommes tournés vers autre chose. Vers des ombres qui nous comprennent, nous guident, nous respectent, nous aident à franchir ce cap difficile qu’est la mort. » Il avait attiré la curiosité de la reine, il s’en serait félicité si le message n’était pas aussi sérieux.

« Ces ombres vous ont renié Shiro, pas vraiment vous, mais plutôt tout ce que vous incarnez. Ils m’ont promis mon souhait le plus cher. » il ferma de nouveau les yeux. « La revoir. » il y songeait, se l’imaginait « Ce soleil interdit. » la gorge serrée, il continuerait pourtant à parler, rien ne l’arrêterait. « Ces ombres-là ne sont pas comme vous. Je ne saurai dire quelle malice les guide et sûrement, le monde en tremblerait. Mais au désespoir qui me guide, c’est mon seul choix. Mais ça, vous ne le comprendrez jamais. Car pour vous, mes paroles ne sont que le fruit d'un égoïsme. »


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Dim 31 Aoû 2014, 17:17

~ D'une simple question, d'une seule phrase, Shiro paraissait avoir réveillé le sentiment profond qui sommeillait en Ismérie. Il n'était pas coutume pour l'Ombre de se taire quand un sujet éveillait son esprit par moments trop curieux. Néanmoins, ceux qui veulent savoir peuvent souvent entendre la vérité trop longtemps cachée. Ainsi, dans un silence total, l'Ombre écouta chaque parole de l'homme qui avait vu et vécu des milliers de siècles. Les premières déclarations d'Ismérie s'écoulèrent, avant de parvenir au "vous" de dénonciation, qui reflétait l'habileté de cet homme à parler avec bon sens et justesse. D'après ses dires, Shiro avait failli à son devoir. Un instant, l'Ombre leva les yeux vers le verdoyant des feuillus. Lentement, il était bercé par les soupirs du vent. Lentement, il prenait le temps d'onduler. Lentement, le ciel déversait ses larmes. Lentement... *J'aurais ainsi failli à mon devoir... Cet homme n'a pas tord. Je ne suis sûrement pas l'Ombre idéale et parfaite qu'il faut à cette place...* Silence. Elle étira cependant un discret sourire, repensant à Neith. *Mais, je crois que parfois, il faut des gens différents, qui changent de l'étiquette, pour apporter une nouvelle palette de couleurs, un nouveau souffle, à quelque chose de trop classique. Dans les quelques discussions qui auront lieu, on ne parlera peut-être pas de la gamine de huit ans comme de l'Esprit idéal, mais peut-être comme une personne qui a un peu changé la face du monde des Ombres. Au moins, sans faillir complètement, j'aurais fait quelque chose et ça, c'est déjà beaucoup.*

Les ombres et les lumières jouaient sur son visage pâle, qui revint observer les traits de cette Ombre sans âge. Oui, il avait des millénaires d'existence et oui, le suicide balayait tout cela en un quart de seconde. Même l'amour, la haine ou peut-être l'admiration, porté à cette femme murmurée, présente telle une vague dans l'esprit d'Ismérie, mais dont le nom ne devait être prononcé dans cette discussion, n'y échappait pas. Shiro releva un petit sourcil : *Qui peut bien être cette femme ?* Puis, l'ancien Roi revint sur le sujet de ces Ombres mystérieuses. La jeune fille se doutait bien que tout cet échange flou, mélange de colère et de tristesse, parlait de ces personnes. Un message codé ? Un appel à la méfiance ? Qu'importe, la seule chose que Shiro retenait était la dangerosité de ces personnages. L'ex-Roi parla des Ombres naissantes et des Ombres habituées. Ismérie voulait des explications et, comme tant d'Ombre, il voulait vivre. Shiro contempla la torture qui habitait l'ancien. *Comme quoi, même le plus âgé et fort des Hommes peut être aussi fragile que du cristal.* La fin du discours éclaira tout ce dernier. Ces Ombres mystérieuses, qui "écoutaient" les personnes dans l'état d'Ismérie, étaient contre son image. Elle ferma les yeux et réfléchit à la vérité gravée dans chaque lettre d'Ismérie, du moins, une vérité. La Reine rouvrit ses yeux et fixa l'homme en face. Ses iris, à l'écarlate transperçant, affichaient le début d'une réponse.

Elle commença :
« Tous vos mots me font comprendre que le malheur de vous et des vôtres provient de moi et des autres "habituées". J'entends les reproches que vous me faites, ainsi, vous confirmez mes doutes : je suis un bien mauvais Esprit de la Mort. Je reconnais que vous avez raison, je ne suis pas très... Conventionnelle ? Mais au moins, je ne me serais pas tournée les pousses, je pourrais partir heureuse d'avoir posé un cairn sur le chemin, et si ce n'est pas votre impression, vous m'envoyez navrée. » La voilà qui retournait à ses expressions habituelles. Si Ismérie c'était mis hors de lui et lui avait exprimé sans détour le fond de sa pensée, la moindre des choses était de l'imiter. Ainsi, elle fronça les sourcils et le regarda droit dans les yeux : « Néanmoins, vous me dites de me réveiller, mais regardez vous ! Vous dites vouloir vivre, vous dites vouloir la revoir, mais alors, où est votre force ? Où est votre envie ? Où est la rage de la bataille ? » Elle secoua la tête. « Elle n'y est pas, car vous êtes fatigué ? On vous a oublié ? Vous attendez qu'on vous aide ? Alors, vous n'avez pas envie de vivre, Ismérie. Vous n'avez pas envie de la revoir, pas envie de manger à votre faim, pas envie de sentir le soleil sur votre peau. Oui Ismérie, vous êtes à l'agonie. Vous le savez. Ne m'affirmez pas que, si, vous avez envie de vivre, car je sais aussi ce que sais. Vous ne me montrez pas là quelqu'un qui le désire plus que tout. »

Intensément, Shiro le regarda et laissa s'écouler un silence, avant de poursuivre sur son ton emporté : « Vous dites être faible de par votre suicide et je le confirme : vous êtes faible. Même, vous êtes pitoyable. » Elle serra le poing. « La vie, c'est ça Ismérie, je ne vous apprends rien. Les dictons sont vrais : on tombe pour mieux se relever. N'attendez pas que ces Ombres qui promettent vous rendent ce que vous désirez par un échange de services ou je ne sais quoi. Comme vous dites Ismérie, il faut être égoïste parfois. Ne croyez pas aux promesses, au destin, au dessein des dieux. La seule personne qui pourra vous apporter la chose pour laquelle vous hurlez, c'est vous même. D'Ombre à Ombre, je peux vous aider, mais pas vous promette de parvenir à vous relever, car c'est à vous de le faire. Vous vous débattez Ismérie, vous luttez, mais je suis triste de vous dire que cela est en vain. » Elle soupira et apaisa sa voix. « Ce qui est facile à dire est toujours difficile à faire. Que mes paroles vous paraissent enfantines, à côté du sujet, non-abouties, contournables ou autre, je dis ça car je vois bien que vous souffrez. Ces Ombres semblent vous priver de la clairvoyance qui est vôtre, à moins qu'elles vous l'ai acheté contre cette promesse. Elles vous mènent à la baguette, car oui, vous êtes perdu et essoufflé. Je ne sais pas qui elles sont, mais savez-vous seulement qui est la pièce maîtresse de tout ça ? Le désespoir vous guide, cela est une chose, mais faut-il pour autant que vous perdez votre raison et votre individualité ? Reprenez-vous Ismérie, vous courrez à votre perte si c'est le cas. »

Shiro détailla un instant le visage de son interlocuteur. « Faites ça pour vous, car ce cap de la mort, on le franchi en grande partie tout seul. Le reste c'est du vent. Après le suicide, il faut tout reconstruire et c'est parce qu'on a oublie le goût des choses et les sentiments qu'il faut s'y attelé en solitaire. Je ne sais pas si les mots espoir ou vaillance vous disent encore quelque chose, peut-être n'ont-ils pas de valeur à vos yeux, mais hélas et car seule la vérité blesse, ils vous aideront à la revoir. » Elle ne sourit pas, mais son regard était sincère. « Vous avez vécu longtemps et peut-être connaissez-vous mieux les Ombres que moi, mais je suis assurée que la marche pour revenir vers la "vie" en tant qu'Ombre, vous l'ignorez. Soyez égoïste Ismérie et interrogez-vous sur ces Ombres qui vous guident et vous respectent : que connaissez-vous d'elles ? Comment s'appellent-elles ? Quelle valeur pourriez-vous avoir à leurs yeux ? Pourquoi sont-elles venues vous voir vous et pas une autre ? Pour cette question, ne me répondez pas car vous souffrez plus qu'un autre, la douleur est certes différente, mais on souffre tous à égal. Questionnez-vous Ismérie. Quels mots, quels gestes, quels ordres sont suspects dans leurs agissements ? Et, si vous ne trouvez que des "jolies" réponses à toutes ces questions, c'est que sûrement, tous étaient des Anges avant de choisir le voie des Ombres. Si vous voulez aider les autres Ombres dans votre cas, trouver des réponses et aider vous d'abord. »

Elle aurait voulu poursuivre en demandant qui était "cette femme" dont il parlait tant. En revanche, Shiro avait déjà beaucoup dit, trop peut-être. Elle voulait forcer Ismérie à s'interroger et, s'il l'avait déjà fait, à l'effectuer plus en profondeur. Son rôle dans cette histoire n'était pas de raisonner cet homme, ni de lui donner totalement raison. Elle était juste là pour l'aider à ouvrir les yeux et lui montrer un chemin possible, quoi que toute cette histoire d'Ombres manipulatrices la concernait grandement. Ismérie était-il venu ici de sa propre volonté ou alors, était-ce une de ces Ombres qui l'avait conduit jusqu'ici ? De nombreuses questions restaient encore à élucider, tout comme la souffrance et le personnage d'Ismérie. Combien d'Ombres étaient ainsi tombées dans ce qui semblaient être les mailles d'un inquiétant complot ?
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Dans l'aube du Jardin [PV Ismérie]

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