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 De gourmet à gourmande | ft. Mitsuko Taiji

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Dim 30 Mar 2014, 01:29

« … et sur votre gauche, la très fameuse pierre d’Arnhak ! C’est ici que, en des temps immémoriaux, la divine Aether de la Justice, Mitsuko, aurait fait une pause pique-nique. ». Les yeux plissés et de longues cernes tracées sur ses pommettes, Mickey bailla longuement. D’ordinaire pourtant il adorait les sorties ; c’était l’occasion se balader dans la nature, de voir du pays – et plus généralement, de faire un gouter avec ses camarades. Littéralement. Mais ce matin-là, on les avait fait levé bien plus tôt que d’habitude, avec pour seule explication que la promenade serait bien plus agréable par temps frais. Au final, ils étaient tous partiellement muets, dévastés par la fatigue et frigorifiés ; et même Julie et Sassie, les deux pipelettes du groupe, avançaient en silence, les yeux hagards. Posant sans conviction son regard sur le caillou sacré dont on leur faisait l’éloge depuis déjà quelques minutes, il commença à douter de la prétendue intelligence supérieure des adultes. Des pierres comme ça, il en avait vu bien plus que les doigts de la main, et il était prêt à leur montrer si ça pouvait leur faire plaisir. Il tourna la tête vers le reste de sa classe. Au fil de ses pérégrinations, il avait eu affaire à un certain nombre de personnalités, des assemblées turbulentes aux groupes de farceurs en série ; d’une manière générale, n’importe quelle bande portait en son sein un élément perturbateur, un petit ingénu capable de tout pour se faire remarquer. Pourtant c’était bien la première fois que parmi tous, c’était lui-même qui s’en rapprochait le plus.

C’aurait été exagéré de l’appeler perturbateur, puisqu’il n’avait jamais manqué de respect à l’un de ses ainés ou à un professeur, et il suivait scrupuleusement les règles de conduites en vigueur à l’institut Baude L’Ère. Non, simplement face à ses camarades, même un modèle de calme comme Mickey pouvait passer pour un rebelle de bas-quartier. Ils étaient tous taillés pour devenir de parfait petits aristocrates, ceux qui pouvaient se vanter d’avoir des parents étaient également fiers d’annoncer directement la couleur, avec des habits bien trop seyants pour leur jeune âge, des fripes hors de prix qui ne leur irait plus une fois l’hiver passé – non, il ne leur ressemblait en rien, lui qui, en plus d’avoir l’affront d’être orphelin, n’avait qu’une seule et unique tenue, tenue qu’il se contentait de laver lorsque besoin était. Partant de là, qualifier l’attitude qu’ils avaient envers lui de mépris total était encore un euphémisme criant. Mais le Démon ne les détestait pas. Il ne leur en voulait pas plus, c’était logique de profiter de ce que l’on avait, ne pas se servir des avantages que leur avait procuré la nature et leur différentes ascendance aurait été humble, certes, mais stupide. Puis Mickey ne s’attachait jamais. Il appréciait certaines personnes, par leur gentillesse et parfois, parce qu’elles étaient drôles ; mais d’une manière générale, il le savait parfaitement, les gens étaient fait pour être utilisés, mangés, puis oubliés. Du moins c’est comme ça qu’il vivait, et on ne pouvait qu’opiner devant le fait accompli : il était heureux.

Alors non, il ne les détestait pas. Surtout pas Lysie. On ne pouvait pas détester une humaine bien en chair qui prenait le temps chaque matin de se parfumer aux essences de framboise. Elle lui mettait l’eau à la bouche rien qu’à y penser. De ses grands yeux violets, il chercha la jeune fille, parcourant rapidement l’assemblée de mini-zombie qui avançait mollement en suivant leur instituteur enjoué. En l’apercevant enfin, il brisa la file bien ordonnée, sous le regard réprobateur de Tim et Tom, les deux fils du comptable de la ville. Fendant le groupe en s’excusant poliment et avec un petit sourire joyeux, il alla rejoindre la petite rousse. « Coucou Lysie ! ». Soudainement paniquée, la fillette rougit jusqu’à prendre la teinte des fruits avec lesquels elle s’apprêtait. Elle faisait toujours ça, quand il venait la saluer, et bien qu’il trouvait ça plutôt étrange, Mickey avait finis par comprendre que ce n’était pas mortel et qu’elle n’était pas impropre à la consommation. De sa voix chevrotante, elle lui répondit bas en détournant le regard : « B-bonjour, Mickey. T-tu ne devrais pas changer de place, tu sais que ce n’est pas bien… ». Ignorant la remarque d’un haussement d’épaule, il se mit à marcher à sa hauteur, obligeant sa précédente voisine, Sylvia – une garce sans nom – à s’écarter en pestant. En vérité, il était bientôt onze heures, et son ventre lui faisait clairement comprendre qu’il allait falloir trouver quelque chose pour alléger ses souffrances. Une lueur froide passa dans ses prunelles mauves, et il adressa un large sourire à sa camarade. « Dis, Lysie… Ça te dirait qu’on aille jouer aux explorateurs ?! ». L’intéressé failli s’étouffer, prit quelques teintes de plus, et balbutia vaguement une réponse : « Quoi ? N-n-non ! Beuh… Que… Com-Comment, j-j-juste, nous, nous deux ?! ». Décidemment, cette fille était vraiment curieuse ; il fallait espérer qu’elle ne l’était pas au goût. « Bah… Oui. Tu viens ? ». Ce qui n’était d’ailleurs pas vraiment une question ; il l’attrapa par le poignet et l’entraina entre les arbres qui bordaient le sentier, dans le petit bosquet qui bordait le grand Manoir Taiji. Heureusement, personne n’était assez réveillé et attentif pour relever leur fuite, et la petite troupe continua de son côté comme si de rien n’était. Mickey, lui, menait sa proie par la main en riant, ignorant avec soin ses petites exclamations apeurées.

Après à peine quelques dizaines de seconde de course, une petite clairière se dessina devant eux, et le Démon s’y arrêta en respirant profondément. C’était tout de même mieux sans les jérémiades des adultes et leurs histoires sans intérêt. L’odeur de framboise dans son dos raviva une lueur affamée dans son regard. Il se retourna d’un bloc, adressant un sourire ravi à la jeune fille. Celle-ci se dandinait sans oser croiser ses yeux, rouge pivoine ; puis soudain, elle ferma les yeux, et tendit la tête vers lui en serrant les lèvres. Incrédule, Mickey la considéra un instant. C’était bien la première fois que son déjeuner se proposait spontanément. Il hésita une seconde, et haussa les épaules. Après tout c’était bien mieux sans le goût des larmes, de toute façon. Il avança à son tour la tête, puis se baissa, et planta sa mâchoire dans le cou de l’enfant. Elle n’eut qu’un hoquet surpris avant qu’il ne lui brise la nuque d’un coup de dent. Et cette odeur de fruits rouges… Il aurait pu en devenir fou. Son sang sucré et sa peau de pêche transformaient le tout en un véritable délice, un dessert digne des plus grandes tables. Une dizaine de minutes et de nombreux soupirs de contentement plus tard, il se relevait en emportant avec lui ce qu’il restait de son petit-déjeuner, un bras dodu et tendre à souhait. Voilà tout ce qu’il lui fallait pour passer une bonne matinée ! Le beau temps, une forêt et un casse-croute des plus exquis ! Toute la partie inférieure du visage couverte de sang épais, il avançait dans la forêt, grignotant de temps à autre un morceau de chair, en chantonnant gaiement. Il irait retrouver le groupe plus tard, pour l’instant, l’heure était à la détente, et à la digestion. Inconsciemment, ses pas le menèrent jusqu’au parvis de l’immense manoir, et en renversant la tête en arrière, il lâcha, de sa petite voix impressionnée : « Whouaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah ! ». Et c’était bien faible pour décrire l’ampleur de la chose. D’après ses calculs, l’édifice devait bien mesurer au moins beaucoup de mètres ; nul doute que de là-haut, on pouvait apercevoir toute la région, si ce n’est le monde entier. Avant même que l’idée n’ait finit de traverser son esprit, sa décision était déjà prise. De sa démarche chaloupée, sautillante, il pénétra dans l’enceinte du bâtiment, en croquant un annulaire au passage, oubliant même de fermer la bouche en mâchant, tant il était absorbé par la contemplation de l’architecture dantesque. Il poussa la grande porte, et s’essuya les pieds sur un coin de tapis avant de demander tout haut : « Bonjour ? ».

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Mar 15 Avr 2014, 19:15

« Comme il est déplaisant de devoir faire les choses soi-même... ». Mitsuko tenait un verre dans la main, assise majestueusement sur un trône en bois devant le feu crépitant de la cheminée du manoir Taiji. Les flammes, ses alliées, se reflétaient dans ses yeux, celles-ci à moitié cachées par le corps d'un homme à genoux, suppliant, implorant, retenant ses sanglots à grande peine. Pourtant, la maîtresse des lieux n'avait pas l'air de s'apitoyer sur le sort de l'individu en question, fixant celui qui était à côté de ce dernier avant de demander calmement : « Faites moi le plaisir de me révéler quelles sont vos pensées mon cher. ». « Je... je n'ai aucune leçon à recevoir d'une alcoolique qui croit gouverner le monde ! ». La force de conviction était bien présente, bien que légèrement vacillante au début. Pourtant, la jeune femme à qui étaient adressées ces paroles assassines ne sembla guère troublée, un petit sourire venant même éclairé son visage. « Alcoolique dites vous ? ». Elle se leva, faisant résonner sa canne sur le sol en marbre de la pièce à chaque pas. Tendant son verre, elle le pencha doucement, renversant le liquide sur le visage de l'impertinent. Même s'il ne souhaitait pas s'en abreuver, il y fut contraint, l'interrogation se lisant alors sur ses traits. « Du... du jus de raisin ? ». Les yeux de Mitsuko se firent plus perçants alors que sa prestance grandissait. Elle le fixait comme un insecte, sa supériorité sur l'être ne faisant aucun doute. « Voyez-vous, il y a bien des illusions en ce monde. ». Elle se pencha vers lui pour que leurs visages soient à la même hauteur. « Peut-être en fais-je partie ? ». Elle se redressa avant de déclarer. « Et pour votre gouverne, ce monde sera à moi, à un moment ou à un autre car j'en suis la digne héritière. Mais vous ne verrez jamais mon triomphe malheureusement. Enfin, bien sûr que vous le verrez, votre esprit du moins. Oui, car je suis au regret de vous dire que votre vie s'arrête ici. ». Le bruit fut discret, ce léger cliquetis qui libérait l'épée de la canne, l'épée s'abattant sans aucun ménagement sur le cou du malheureux, lui coupant la tête d'un coup sec, précis. Celle-ci roula alors que des giclées de sang tâchaient le sol, rattrapée par la jeune femme qui la fourra contre le visage de l'individu restant. « Alors ? Puis-je compter sur vous pour me ramener ma petite fille ou est-ce qu'il faut que j'aille la chercher moi-même ? ». L'homme hocha la tête, tremblant de peur. « Bien. Dégagez à présent ! ». Et sans attendre qu'il se redresse, elle renfila l'épée dans sa canne, lui assénant un coup magistral dans les côtes avant de crier alors qu'il s'éloignait déjà le plus rapidement possible, une main sur sa blessure « Plus vite ! ».

Quelques secondes passèrent avant qu'un des serviteurs ne viennent interrompre la jeune femme dans ses réflexions. Son arbre généalogique était un mystère quant à ses ascendants. Néanmoins, ses descendantes étaient nombreuses et elle avait bien l'intention de toutes les chercher, de toutes les retrouver, quitte à les faire revenir à la vie s'il le fallait. Jun roi des chamans, elle le manipulerait comme il faudrait. Elle savait parfaitement qu'il voulait se venger d'elle et elle savait aussi comment il allait faire. Il était sa créature, il n'avait aucun secret pour elle et son entreprise l'arrangeait parfaitement. Tant qu'il ne s'élèverait pas, il perdrait à chaque fois en jouant contre elle. Ainsi était sa malédiction. Le serviteur en question lui annonça : « Madame, un enfant est entré dans le manoir.  Devons nous l'enfermer afin de le cuisiner ? ». Un enfant. Curieux. Il est vrai que la plupart des individus qui se perdaient finissaient dans son assiette mais qu'importe, les enfants n'arrivaient pas souvent jusqu'ici indemne. Celui-ci devait être spécial. Aussi, la jeune femme sourit avant de demander au manoir lui-même de lui indiquer la position de l'individu. La maison lui obéissait, à elle et à nul autre, et la maîtresse des lieux n'eut donc qu'à se laisser guider dans les couloirs pour se retrouver face à son invité. Elle s'arrêta un instant, réajustant ses gants rouges, assortis à sa robe avant de s'approcher plus près. Elle l'observa un instant puis, sans se baisser elle finit par lui adresser la parole. « Hé bien, je n'ai guère l'habitude de recevoir la visite d'êtres aussi petits que toi. Et puis, généralement, mes invités font un brin de toilette avant d'arriver. ». Elle n'avait point côtoyé beaucoup d'enfants mais celui-ci l'intriguait. Le sang qu'il avait un peu partout, notamment autour de la bouche, ne pouvait que présager quelque chose d'intéressant. Aussi, elle lui tendit la main afin de l'amener dans la salle de bain la plus proche. « Viens avec moi, nous allons te laver et tu me raconteras comment tu es arrivé ici. ». Puis, elle regarda dans le couloir avant de demander : « Es-tu seul ? ».
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Lun 28 Avr 2014, 14:54

En marmonnant une chansonnette, Mickey gardait les yeux braqués sur ses souliers cirés et le sol en marbre qu’il piétinait. Depuis quelques minutes déjà, il passait le temps en sautillant d’un carreau à l’autre en évitant de marcher sur les interstices entre ceux-ci. De temps à autre, il jetait un regard en direction des nombreux couloirs qui s’enfonçaient dans la bâtisse, y cherchant une quelconque raison d’aller l’explorer. Mais l’éducation passait avant sa curiosité, il savait parfaitement qu’investir la maison d’autrui sans lui demander son autorisation était extrêmement mal élevé. Alors oui ; il attendait. Heureusement pour lui et l’intimité de la demeure, il lui en fallait relativement peu pour s’occuper. Il n’avait pas l’habitude de fouler quelque chose d’aussi lisse et brillant que le marbre, il parvenait presque à se voir dedans, lui et son visage maculé de sang. En deux sauts de cabri, il bondit au-dessus d’une volée de dalles, se rattrapant sur une jambe, au moment où une femme entrait dans la pièce. Le son de sa voix surprit l’enfant, qui marqua une pause, manquant de trébucher. Il se redressa au prix d’une pirouette approximative, avant de se raidir, les mains dans le dos. Sœur Christie le lui avait enseigné, il y a bien longtemps ; en présence d’une dame de haute-naissance, ou bien habillée, il fallait être sage. Et ici, « bien habillée » était un euphémisme. Mickey, qui, malgré son assiduité en cours et ses sept décennies d’existence, manquait de vocabulaire, ne trouvait que « Jolie » pour la décrire suffisamment. Quoique, à la réflexion, « Appétissante » semblait également approprié. Même pour le petit Démon, pourtant habitué à faire front sans se préoccuper des conséquences, il fallait avouer qu’elle était assez impressionnante ; suffisamment pour répondre prudemment : « Beuh… Je suis pas petit… C’est moi le plus grand de ma classe ! Sauf Billy, mais Billy la maitresse elle dit que ça fait deux fois qu’il redouble, et que si ça continue il aura de la barbe avant de savoir compter jusqu’à vingt. Puis moi je sais compter jusqu’à vingt, je savais même avant d’arriver dans la classe. Madame McMithy, elle dit que c’est bizarre mais ça impressionne les autres alors c’est bien je trouve ! ». Il inspira un grand coup, cambré sur ses jambes et les bras entamant déjà de grands mouvement pour donner vie à ses propos ; la prudence ne faisait définitivement pas partie de ses qualités les plus reconnues.

Et pourtant il retrouva rapidement son calme lorsqu’une main lui fut tendue. Timidement, il s’en empara, et décocha un grand sourire, dès que le contact et la magie purent s’établir. Il ne savait pas encore jusqu’à quel point il pouvait en user sur elle, il allait pouvoir le découvrir bientôt. Pourquoi est-ce qu’elle tenait tant à le laver ? Fronçant les sourcils, il baissa les yeux sur sa tenue, guettant la moindre tâche, sans résultat, avant de monter une main à sa bouche, et d’y sentit le liquide poisseux à moitié coagulé. L’expression qu’on put lire dans son regard à cet instant n’avait rien à voir avec de la culpabilité ou la peur d’être révélé à sa véritable nature – après tout, manger les gens n’était qu’une façon de se nourrir, non ? – mais s’apparentait plutôt à une forme de gêne mêlée de honte. Le petit Démon poussa une exclamation menue et bafouilla une justification : « Ah ! C’est que, euh.. J’ai mangé très vite, et j’ai pas trouvé de quoi me rincer ! Désolé Madame… ». Les yeux baissés, fixés sur le sol, il ajouta en marmonnant : « Puis elle était très très salissante, Lysie, d’abord… ». Le regard de Mickey glissa un instant vers les grandes jambes de la femme qui marchait à ses côtés. Il pressa un peu plus fort sa main, mobilisant inconsciemment une partie de sa magie, et monta vers elle un visage des plus attendrissants. « Vous m’en voulez pas, hein, madame ? ». Bien sûr qu’elle ne lui en voudrait pas ; il avait l’habitude. Personne ne lui en voulait jamais.

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Sam 31 Mai 2014, 23:16

Une fine grimace passa sur le visage de Mitsuko lorsque l'enfant commença à lui raconter sa vie. Ce n'était guère pour rien qu'aucun bambin ne courait dans les couloirs du manoir. Elle n'avait jamais aimé les enfants et n'avait jamais souhaité en avoir. Sa propre grossesse n'avait servi qu'à son suicide et, depuis, elle faisait tout ce qui était en son pouvoir pour ne pas approcher ces choses. Mais puisque celui-ci était là à présent, elle n'allait pas le manger... ou peut-être que si, après tout. La chair des enfants était des plus tendres, un vrai délice annonçant un festin de roi. Néanmoins, lorsque celui à qui elle tenait la main continua ce qui avait commencé comme un monologue exaspérant, les sens de la dame se mirent en émoi. Avait-elle bien entendu ? Un fin sourire se dessina sur son visage, le genre de sourire à faire trembler d'effroi quiconque poserait les yeux dessus, un sourire qui ne présageait rien de bon, seulement une idée des plus redoutables. Aussi, quand il fit une bouille adorable qui aurait ému la première cruche venue, le sourire de la démone disparut avant qu'elle ne réponde sèchement : « Quelle question, bien sûr que je t'en veux. Pour quelqu'un qui sait compter jusqu'à vingt, tu es loin d'être très malin. ». Elle n'ouvrit plus la bouche durant tout le trajet, sa poigne sur la main de l'enfant étant des plus dures. Peut-être lui faisait-elle mal mais ce n'était guère en l'entourant de coton qu'elle pourrait en faire ce qu'elle souhaitait. Un bon conditionnement commençait par le constat de la supériorité de celui qui l'exerçait. Une fois devant la porte des bains, elle baissa les yeux vers lui tout en poussant la porte. « Puisque ta venue n'était en aucun cas prévue et a dérangé mes activités, je vais en profiter pour prendre, moi-aussi, un bain. J'aimerai que nous discutions de certaines petites choses en plus de cela. Aurore va te laver. ». Se baissant légèrement en tirant sur le bras de l'enfant, elle lui précisa, lentement mais sèchement. « Attention. Une seule trace d'une de tes dents sur sa peau sans que je ne te l'ai autorisé et je t'enverrai chez les anges subir quelque chose d'horrible ! Les anges sont les pires créatures existant sur ces terres, pires que tes plus affreux cauchemars ! ». Elle le lâcha, entrant dans la salle où se trouvaient les bains, des têtes de morts décorant la pièce avec goût alors que l'eau chaude qui coulait ici et là reflétait le rouge du sang de ses victimes. Sans plus de cérémonie, la dame fit tomber ses vêtements au sol, entrant doucement dans le liquide en poussant un soupire de plaisir. Il n'avait fallu qu'un coup d’œil de la maîtresse de maison pour qu'Aurore sache ce qu'elle avait à faire, tendant la main à l'enfant pour le guider à son tour dans le bassin après l'avoir aidé à se déshabiller.

Mitsuko colla son corps contre l'un des murs, penchant la tête en arrière afin d'apprécier les bien-faits de la chaleur. Un petit silence s'installa avant qu'elle ne décide de reprendre la parole, son regard saphir se fixant sur l'enfant. « Vois-tu, dès que je t'ai vu, j'ai su que nous étions pareils. Nous sommes des créatures bénéfiques toi et moi, faisant ce qui est naturel. C'est naturel de tuer des gens et, bien sûr, c'est naturel de les manger. C'est bien. ». Elle marqua une pause puis reprit. « Seulement, j'ai eu peur que tu ne sois corrompu. Il y a sur ces terres des gens maléfiques, affreux, qui nous en veulent sans raison. Ils souhaitent nous faire du mal. Parfois ils ont peur tant notre quête est juste et souvent ils crient parce qu'ils savent qu'ils sont mauvais et que rien ne pourra nous arrêter. Mais d'autres fois, ils emploient la parole et leur magie pour convaincre les gens comme nous qu'ils se trompent. Souvent ça marche. C'est pour ça, il ne faut pas les écouter. Il faut les tuer et, parfois, les manger, pour leur propre salut, pour les sauver de la folie. ». Mitsuko sourit, continuant. « Les pires de tous, ce sont les anges, comme je t'ai déjà dit. Ils sont capables de choses tellement horribles que le simple fait d'en parler est dangereux. Parfois ils font rester les petits garçons à genoux pendant des heures, ils les privent de manger tout ce qu'ils veulent, ils leur défendent de se vanter... ». Elle soupira, semblant tout à coup accablée. « Hélas, si tu étais tombé sur un ange tout à l'heure en disant que tu savais compter jusqu'à vingt, ça en aurait été fini de toi. Ils t'auraient changé, ils auraient modifié tes pensées, pire encore, des choses que je ne peux t'avouer tellement elles sont ignobles. C'est pour cela que je disais que tu n'étais pas malin. Imagine si j'avais été l'un d'eux... ». Puis, elle laissa sa phrase en suspend, laissant à l'enfant le loisir d'imaginer la suite.
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Dim 15 Juin 2014, 19:52

Penaud, Mickey tapotait ses index l’un contre l’autre. C’était loin de se passer comme il l’avait envisagé. Tout d’abord et surtout, la Dame était toute nue dans l’eau, et d’aussi loin qu’il se souvienne, on lui avait bien dit que les garçons ne devaient en aucun cas essayer de voir les filles sans leurs vêtements. Or là, qu’il le veuille ou non, elle ne semblait pas vraiment en tenir compte. Il sentait le sang lui monter aux joues sans vraiment comprendre pourquoi. Et puis l’autre, qui après l’avoir déshabillé à son tour, commençait à le frotter avec du savon, c’était plutôt étrange : il savait se laver tout seul, lui. Pourtant, il ne lui était même pas venu à l’idée de refuser. La dame en rouge lui faisait un peu – pas beaucoup, mais un peu – peur.

Le problème résidait surtout dans la première impression qu’elle lui avait faite ; elle semblait insensible à son charme. Pourquoi, comment ? Sa réponse sèche et abrupte avait fait perdre toute contenance au petit Démon. Elle ne pouvait pas lui en vouloir, pas plus qu’elle ne pouvait résister à son regard, ça n’était jamais arrivé auparavant. Sur le coup, il s’était donc tu, trainé par la poigne de la maitresse de maison. Il était retourné contempler le sol, et le reste du trajet s’était effectué dans un silence gênant, jusqu’à ce qu’elle le confie à une deuxième jeune femme qui semblait à son service. D’une manière ou d’une autre, depuis cet instant, il se sentait un peu sous pression. Pas le droit de manger ou même de simplement mordre sinon, elle l’enverrait chez les Anges. Il n’avait pas la moindre idée de qui ils étaient et de ce qu’ils étaient capables de lui faire, mais dans la bouche de la dame en rouge, c’était terrifiant. Rien qu’à l’imaginer, il les voyait l’empêcher de manger pendant des jours, ou pire, lui piquer sa nourriture sous ses yeux. Il en frissonnait de frustration. Ce qui était certain en revanche, c’était qu’elle en savait bien plus que ses professeurs ; eux ne comprenaient jamais lorsqu’il leur disait qu’il avait faim, tout ce qu’ils lui donnaient, c’était une pomme ou un gâteau. Comme si ça pouvait suffire à le caler. Alors docilement, il se laissait faire, quelque peu étonné qu’Aurore – la servante – ne pousse pas des cris effarouchés en voyant tout le sang qui le couvrait. À chaque fois qu’une de ses maitresses l’avait vu revenir avec un peu du liquide poisseux, il en avait eu pour des heures de lamentations tourmentées et de questions condescendantes et agaçantes. Or là, pas de plaintes, rien. Elle se contentait de frotter avec une éponge douce et du savon de bonne qualité. Ça le changeait.

De son côté, la Dame lui parlait avec une douceur retrouvée ; elle devait l’avoir pardonné, finalement. Mickey écoutait attentivement, sans en perdre un mot. Ce qu’elle disait changeait tout, complètement. Il avait toujours pensé que ce qu’il faisait était normal, mais de là à imaginer qu’il servait sans le savoir une cause supérieure, celle du bien… ! Et finalement, ça donnait sens. Ce qui était étrange, c’était de combattre son propre corps et sa propre faim, ce qui était fou, c’était d’essayer de l’empêcher de se nourrir pour survivre. Si on ne voulait pas qu’il survive, c’est qu’on ne l’aimait pas, et si ne l’aimait pas, nécessairement, c’est qu’on était du mauvais côté. Inconsciemment, il se mit à hocher la tête à chacune des remarques de la dame en rouge, au grand dam de celle qui lui lavait les cheveux. Après tout, il ne comprenait pas le problème que tout le monde avait avec le fait de tuer. Tous les jours, des centaines d’animaux mourraient dans les abattoirs, ça ne choquait personne, alors pourquoi quand il s’agissait d’un humain, tout le monde criait et pleurait ? Il détestait les cris et les pleurs, ça l’énervait beaucoup. On aurait dit que la dame en rouge ne pouvait pas pleurer ou crier, elle semblait si forte, en comparaison des autres gens. Par déduction, elle ne pouvait qu’avoir plus raison qu’eux. Il déglutit difficilement lorsqu’il imagina ce qui aurait pu se passer si c’était effectivement un de ces « Anges » qui l’avait accueilli. Il aurait être tué, ou pire, finir comme eux, ne plus manger que des légumes ou des biscuits. Horrible. « Beuh… Mais, c’est pas bien ! Pourquoi les gens laissent faire les anges ? C’est pour ça que tout le monde crie tout le temps… J’aime pas quand les gens crient. Ça veut dire… Ça veut dire que beaucoup de monde pense comme eux ?! ». Peut-être même qu’il ne restait plus qu’eux ! Peut-être qu’eux seuls étaient encore au courant du bon chemin. L’idée était étrange, mais pas déplaisante, ça ferait un peu de lui un justicier, comme dans les comptes et les légendes.

Nu dans le bassin, de l’eau jusqu’à la poitrine, il faisait maintenant de grands gestes avec ses bras, éclaboussant par mégarde la jeune femme derrière lui. « Mais… Je veux pas finir comme eux, moi ! Tous ceux de mon école, je parie qu’ils ont été corrompus par les Anges, si j’y retourne, ils vont m’interdire de manger, encore… ». Ses grands yeux violets se fixèrent dans ceux de la maitresse des lieux. « Comment on peut faire, Ma Dame ? Je veux dire, il faut que tout le monde comprennent qu’ils se trompent ! ». Définitivement, ce monde était malade, et il avait besoin d’eux.
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Mar 15 Juil 2014, 15:56

Mitsuko était ravie de la réaction du petit démon. Peut-être qu'elle pourrait... hum... oh oui. Elle le voyait d'ici. Bien sûr, elle n'avait toujours pas l'intention d'avoir un enfant mais pourquoi songer un seul instant à faire dans la souffrance ce qui lui était ici offert sur un plateau d'argent ? Elle sourit, songeant un instant à l'avenir. Certes, elle-même était sans doute bien terrible, mais si elle éduquait correctement le démon, alors son futur serait des plus satisfaisants. Un homme capable de déclencher un fléau d'un claquement de doigts, voilà ce qu'elle apercevait en voyant le garçon patauger dans son bain. L'enfance jouait un rôle important sur le devenir de l'être, même si cela demeurait enfoui dans l'inconscience, et si elle s'érigeait sa préceptrice, alors il deviendrait... parfait. Peut-être même serait-il plus puissant que Lucifer ou bien plus puissant qu'elle. Peut-être s'élèverait-il pour faire trembler les cieux. Mais, en attendant, il allait faire frissonner les terres du Yin et du Yang. Le voyage serait long mais l'arrivée serait des plus jouissives. « Pourquoi les gens les laissent faire ? Oh si tu savais. Un nombre incalculable d'individus sont corrompus. Tous pourris jusqu'à la moelle, tous serviteurs des Anges, tous dominés par eux. Ils n'ont plus de libre arbitre. Ils sont manipulés et ne peuvent pas être sauvés autrement que par la mort. Une fois morts, ils recouvrent leur liberté et se réincarnent pour devenir comme nous, des individus œuvrant pour le bien de l'Humanité. ». Elle marqua une pause. « C'est pour cela qu'il faut les tuer. De plus les manger multiplie leur chance de retrouver leur véritable nature. ». Elle prit un air grave. « Quant aux Anges, il faut... prendre notre temps, leur faire payer tout le mal qu'ils ont fait en leur arrachant les plumes, symboles du péché qui les corrompt. Puis il faut leur enlever la peau et la chair, petit à petit. Ils crient alors tu pourrais croire qu'ils ont mal, mais il faut se rappeler à chaque instant qu'ils font semblant pour te corrompre... Ne jamais croire un Ange car s'il parvient à reprendre le contrôle, il te fera cinq fois pire... ». Elle fixa son regard dans les yeux de Mickey avant de répéter en appuyant sur chaque syllabe : « Cinq fois pire. Ne l'oublie jamais. ».

La Dame attrapa l'une des éponges, y versant du savon avant de la passer sur son propre corps. Elle adorait la senteur qui se dégageait présentement, se laissant bercer un instant par les effluves en fixant un coin de la pièce. « Hum... je crains que partir serait bien trop dangereux pour toi si les individus composant ton école ont été corrompus pas les Anges... ». Elle s'approcha de lui avant de poser ses deux mains sur les épaules du garçonnet. « Tu ne l'as pas encore été parce que tu es fort, mais cela ne saurait tarder. Personne ne peut résister éternellement dans un environnement hostile... ». Mitsuko attira l'enfant à elle dans une étreinte qui aurait pu choquer bien des âmes sensibles. Seulement, si elle devenait sa préceptrice, elle serait en quelque sorte sa mère, et il n'y avait nulle pudeur à avoir dans une telle relation, du moins, jusqu'à ce qu'il grandisse, si cela était seulement possible. « J'aimerai te protéger des Anges, t'apprendre à les combattre, faire de toi un élu sur la voix du bien, un meneur, quelqu'un qui redonnerait espoir à ceux qui s'apprêtent à baisser les bras et à se faire corrompre. Dès qu'ils te verront, ils deviendront plus forts. Ils t'admireront, tel un modèle, un messie. Nos troupes s'agrandiront grâce à toi et je suis sûre que quand tu seras grand et fort, nous gagnerons la guerre contre ces êtres maudits ! ». Elle sourit, l'écartant d'elle pour sortir de l'eau. « Seulement, si tel est ton désir, tu devras m'obéir. Sinon, je t'en prie. Sors du manoir. Mais je suis certaine que, seul, tu ne tarderas pas à tomber sur un Ange... ». Elle prit une serviette, se séchant en l'enroulant autour d'elle avant d'ouvrir la porte, disparaissant dans les couloirs lorsque cette dernière se referma sur elle. Libre à lui de la suivre.
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De gourmet à gourmande | ft. Mitsuko Taiji

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