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 [Event Août, mission 3] ~ Les étoiles te le murmurent, cours Sin Luxinreïs (Caleb)

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Ven 14 Aoû 2015, 17:18

Illithya regardait la neige qui s'étendait à perte de vue. Si l'on oubliait les tremblements, se rapprochant et s'éloignant, tel un terrible orage, la jeune femme aurait pu croire que le monde était en paix. Ce n'était malheureusement guère le cas. Elle soupira doucement, sans bruit, posant ses mains sur la balustrade. Elle logeait dans cette auberge depuis quelques jours déjà et tous se demandaient quand est-ce que la zone serait dévastée, à son tour, par les effondrements qui avaient lieu de plus en plus souvent. Beaucoup avaient pensé que le continent naturel était à l'abri de la tourmente, mais ceux là avaient eu tord, un tord qui causait aujourd'hui bien des souffrances. Mais comment auraient-ils pu deviner le futur ? Seuls certains êtres exceptionnels le pouvaient. Illithya avait longtemps appris aux côtés des Maîtres du Temps avant de mourir et il était dans ses ambitions de continuer cet apprentissage dès que les événements se seraient calmés ; s'ils se calmaient un jour. Cependant, il n'y avait pas qu'eux capables d'une telle prouesse. Ils étaient juste les seuls à pouvoir intervenir, d'une certaine manière. Tout était une question d'équilibre, de subtilité. Une voix la sortie de ses songes, celle d'Alicia. « Des rumeurs courent sur l'identité du potentiel coupable. ». La Magicienne regarda la Réprouvée un moment. Elle pensait savoir de quoi il en retournait. Il lui semblait avoir elle aussi entendu des murmures mais, à vrai dire, elle ne souhaitait pas s'étendre sur cette question. Si elle avait voulu être certaine des faits, alors elle aurait demandé aux Esprits qui parcouraient ce monde, spectateurs des plus vils secrets, ces Esprits à qui l'on ne pouvait rien cacher. Certains ne souhaitaient pas répondre aux questions mais d'autres se montraient coopératifs. « Il y a toujours un coupable, Alicia. ». Elle sourit, fixant la neige. « Mais qui sommes-nous pour juger les actes d'un être ? Comment pouvons nous connaître la vérité ? Peut-être que le Destin se devait d'être ainsi ? Peut-être que la mort et la souffrance que le monde endure actuellement ne sont que les prémices d'une ère de paix, un mal nécessaire ? ». Elle tourna son regard bleu vers son interlocutrice. « Je ne défends pas le coupable mais je pense que si ce dernier doit être arrêté, alors il le sera tôt ou tard. Il y a bien des entités dans ce monde qui savent. Nous ne sommes que les fragments de poussière d'une magie qui nous dépasse tous. ». Alicia sourit à son tour avant de poser ses mains sur la balustrade, à côté de celles d'Illithya. « Si j'ignorai que vous étiez une Taiji, je vous soupçonnerai d'en être une. ». La Réprouvée savait se faire subtile. Elle était loin d'être aussi rustre que la plupart des individus peuplant la race. Après tout, elle avait été espionne autrefois, la femme aux mille visages. Ce qu'elle avait été avant sa mort, elle souhaitait le redevenir, même si cela prendrait du temps.

La discussion fut malheureusement écourté, un homme menaçant venant d'entrer sur le balcon. « Vous là ! Nous partons pour les montagnes ! Venez avec nous, on a besoin d'aide, même celle des femelles ! ». Illithya ne bougea pas mais un vent de cruauté s'éleva dans le regard d'Alicia. Il ne fallait jamais chercher un Réprouvé, sous peine de se retrouver confronter à son côté maléfique. Pourtant, la Magicienne s'avança, demandant calmement. « Comment ce fait-il qu'un homme aussi grand que vous ait besoin de l'aide de deux femmes frêles ? ». Il allait répondre mais elle leva la main pour lui demander de se taire. « Je viendrais avec vous si vous m'expliquez de quoi il en retourne. Sinon, je serai contrainte de dire à vos camarades que vous êtes dans l'incapacité de les rejoindre. Je vous laisse deviner pourquoi. ». Sa voix était douce, calme, posée. Quand on avait vécu aussi longtemps qu'elle, que l'on avait parcouru le monde sous la forme d'un Esprit pendant des Ères et des Ères, l'on n'avait plus peur de la mort. « Quoi qu'il en soit, ma compagne ne viendra pas avec nous. Elle a en charge la garde de mon petit-fils. J'espère que cela vous convient. ». Quelque chose dans son ton laissait comprendre que même s'il n'était pas convaincu, les choses se dérouleraient de la même façon.

Illithya aurait pu le congédier, tout simplement, mais l'esprit curieux des Taiji venait de s'éveiller au sein de son esprit. « Venez. » dit elle en faisant un autre signe de la main. Elle commença à avancer vers l'intérieur avant de s'arrêter. « Et, encore une chose : ne m'appelez plus jamais femelle. ». Le monde était peuplé de loups. Illithya en était un, un loup bénéfique.

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Mer 26 Aoû 2015, 19:27


Quelques dizaines d’années auparavant, alors que je n’étais qu’un vagabond sans but ni estime qui ne comprenait rien aux étoiles et au destin, j’avais tenté de mettre un point final au récit lamentable de mon existence en m’envoyant valser du haut d’une falaise, dans l’espoir de me briser sur les roches balayées par les eaux salées. Ce fut ce jour qui marqua un tournant à ma vie, ce jour où je fis la connaissance de la jolie Alice, une Sirène qui en savait plus que moi et qui s’était mis en tête de me sauver. Depuis, mon quotidien avait considérablement changé, tantôt en bien tantôt en mal. Pour autant, je n’avais plus jamais songé au suicide. J’étais un homme différent, quelqu’un qui affrontait des situations de crise et guidait un peuple de peine et de tourmente tout en s’occupant de ses enfants, quelqu’un d’entouré et de plutôt heureux. Dans un soupir, je m’enfonçai davantage dans l’eau chaude mon bain. D’une oreille distraite, j’écoutai les éclats de voix qui me parvenaient du salon. Soudainement, la noyade me paraissait une solution honnête, presque honorable. Quitte à avoir les poumons remplis d’eau, autant qu’elle soit parfumée aux agrumes et au cèdre. En tant que Sin Luxinreïs, j’étais particulièrement sujet aux migraines à force de contempler des lignes de vie et la destinée du monde. Mon entourage semblait se liguer pour précipiter ma fin et hurlait à la moindre occasion. « Il m’oblige à gagner ma vie, à travailler ! » s’insurgeait Alice, qui ne semblait que peu apprécier que je lui apprenne les responsabilités. Elle considérait que, dans la mesure où j’étais roi et riche, je devais, en plus de lui offrir une chambre au Palais et de la laisser bénéficier des services du personnel, l’entretenir. Autant dire que je ne partageais pas sa philosophie de vie. J’étais heureux de ne pas être dans la même pièce qu’elle. « Pourquoi, toi, tu passes tes journées à ronfler et à te prélasser ? » continua-t-elle, furie. « Je suis un chat ! Tu as déjà vu un chat travailler ? Nan ! » Alice et Myosotis ne s’entendaient définitivement pas, la première acceptant mal les traitements de faveur de la seconde. A vrai dire, j’avais abordé le sujet de l’emploi avec la Magicienne mais le concept se heurtait aux impératifs de sa démence. J’avais préféré laisser tomber, surtout que, contrairement à Alice, elle ne rechignait jamais à m’aider ou à prêter main forte à qui le demandait. « Et des chats qui parlent, t’en a rencontré des masses ? » - « Figure-toi que oui ! » - « Des chats en petite robe aussi ? Vous avez des boutiques spéciales ? Félins et tendance, par exemple ? » - « Ne dis pas de bêtises ! » La dispute s’éternisa et je finis par devoir quitter mon bain, devenu froid tant je repoussai l’échéance. « Figure toi que les chats ont une société très organisée et que le code de … Oh Caleb. Je te croyais sorti. » Myosotis me souriait. Alice ne quittait pas sa mine sombre et contrariée. Pour ma part, habillé à la va vite avec les premiers vêtements qui m’étaient tombé sous la main, j’avais les traits fatigués et une serviette sur la tête qui n’empêchait absolument pas mes cheveux de dégouliner sur ma chemise blanche. « Tu as une sale tête. » claqua la langue de la Sirène. « Toi aussi. » Elle tourna les talons en pestant. « Ca ne s’arrange pas, avec elle. » déplora la jeune femme. « Tu feins relativement bien la tristesse. » Elle rit. « Désolée de t’avoir imposé ça. » - « Je commence à avoir l’habitude. » soupirai-je. « Est-ce que tu vas mieux ? » - « Oui. » J’étais revenu, il y a quelques temps déjà, de ma petite expédition sur le Continent Naturel. Je n’avais pas osé me présenter à Illithya mais m’étais évertué à la garder en vie, dans l’ombre. Malade, fatigué et blessé, Myosotis et Jade m’avaient récupéré dans un piteux état. « Tu es un idiot. Tu aurais dû lui parler. » - « Je vis très bien le fait d’être un dégonflé. » - « Est-ce que tu la regardes, de temps en temps ? » J’hésitai avant de répondre. « Oui, mais je me force à ne voir que son présent ou son avenir proche. » Je me faisais l'effet d'être un dangereux pervers. Elle m’accompagna sur le balcon tandis que je lui parlais de tout et de rien en regardant les étoiles.

« … a du mal à se faire à Basphel mais … » Je m’interrompis soudainement pour pousser le soupir le plus long de ma vie. « Caleb ? » - « Cette femme a décidé que ma vie devait se terminer au plus vite. Il n’y a aucune autre possibilité. » - « Qu’est-ce que … Où vas-tu … » - « A ton avis ? » J’attrapais mon épée et mon grand manteau noir. Elle rit. « Essaie de lui parler, cette fois-ci. » - « Elle m’aura tué avant. Les Taiji ont un véritable souci avec la mort. La braver est une chose, la chercher en est une autre. Danser la polka devant elle en la narguant, c’est du suicide. » - « La polka ? » - « Oui la polka ! » Voilà que je m’énervais pour rien. Dans un petit geste, je m’éclipsais dans une nuée de ronce pour atterrir dans le vent et la neige des Montagnes. Les cheveux toujours mouillés.    

Dans quel état j'allais me retrouver, encore.

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Sam 05 Sep 2015, 15:21

« Vous aussi ils vous ont réquisitionné ? » demanda une voix dans le dos d'Illithya. La Magicienne l'aurait reconnu d'entre mille. Ce n'était pas une personne qu'elle fréquentait, ni même l'une de celles qu'elle aurait aimé connaître. Malheureusement, lorsque l'on se promenait au côté d'Alicia, l'on était amené à rencontrer toute sorte d'individu. La Réprouvée était une ancienne espionne et ses liens avec Jun, Zéleph et Ismérie étaient quelque peu flous. La Taiji n'avait jamais véritablement été capable de cerner pour qui elle travaillait réellement. L'ancien Seigneur des Deux Rives était le plus probable mais nul ne pouvait sonder le cœur d'une femme aussi changeante que la brune. « L'on peut effectivement dire cela comme ça. » murmura Illithya doucement. La veille, elles avaient donc mangé ensembles et cette femme, sans crier gare s'était jointe à elles. Alicia ne refusait jamais la compagnie, véritable caméléon sociale. Elle avait été habituée à tous les changements, à toutes les possibilités, aussi parce que les dons qu'elle avait eu avant de mourir une première fois avaient fait en sorte que sa propre personnalité ne se révèle jamais aux autres, qu'elle ne puisse être elle-même qu'une fois seule. Cette femme donc, Hilda, était tout le contraire d'Illithya. Elle était bruyante, indiscrète, volage et, bien que la Magicienne non plus, n'avait pas peur du ridicule. Ce cocktail semblait explosif et il le serait d'ici quelques minutes.

« C'est par là ! On avance ! » dit un homme pour motiver les autres. D'après ce que la Magicienne avait compris, ils les entraînaient dans les montagnes où la Khæleesi avait été aperçue en compagnie de plusieurs hommes étranges portant des marchandises au creux d'une grotte mystérieuse. « Ils ne sont pas bien beaux ceux là ! » dit alors Hilda. Ah oui, chose importante : la jeune femme ne pensait qu'à s'amuser, par tout temps et toute saison. Les tremblements ? Les Masques d'Or ? Ils n'étaient qu'un facteur en plus pour exciter sa libido qui semblait toujours bel et bien présente. « Chaque homme possède son charme je dirai. Tout dépend du point de vue de celui ou celle qui le regarde. ». « Ha ha ! Vous êtes bien drôle vous ! Va falloir se dérider un peu sinon vous ne trouverez jamais chaussure à votre pied. ». Illithya sourit, polie. « Je préfère être certaine de la chaussure que je souhaite glisser à mon pied en les observant minutieusement toutes plutôt que de les essayer aveuglément et frénétiquement les unes après les autres en espérant que l'une d'elles finisse par convenir plus ou moins. ». Hilda resta silencieuse un moment et la Magicienne crut même qu'elle avait compris le message qu'elle essayait de lui faire passer. Seulement, si l'espoir fait vivre, la déception guette parfois, loin au bout du chemin. La route ne fut guère longue. « J'ai une idée ! Nous pourrions faire un jeu ! Après tout, c'est ennuyeux de marcher dans la neige comme ça... ». Illithya se mordilla la lèvre inférieure, s'évitant ainsi de proliférer une réplique peu polie à sa compagne du jour. « Je vous parie que j'arrive à embrasser un homme en moins d'une minute... Il suffit donc juste de choisir quelle cible sera la mienne... ». Elle fixa la Magicienne. « Vous m'aidez ? ». « Hum, non, je préfère que votre cible soit à votre convenance. ». « Bien... alors... ». En réalité, à ce moment précis, la Magicienne se désintéressa pour de bon de cette femme, la laissant parler dans le vide en faisant des commentaires sur chaque homme présent, soulevant les raisons qui faisaient qu'elle ne choisissait ni celui-ci, à cause de son nez, ni celui là, à cause de l'odeur pestilentielle qui s'élevait de lui. La Taiji se mit à penser à autre chose, comme la conclusion de cette étrange mission. Sa curiosité éveillée, elle souhaitait découvrir au plus tôt les secrets de la montagnes. N'était-ce que rumeurs infondées ou bien la vérité ? Et si tel était le cas, ils seraient sans doute trop peu nombreux pour lutter. « Hum... celui-là là bas. Je ne l'avais pas remarqué mais il est de loin le plus bel homme de notre peloton. ». « Oui, ça me semble parfait » répondit la Magicienne sans même regarder.

« Bonjour vous... » fit Hilda d'une voix qu'elle souhaitait sensuelle en s'approchant de Caleb. « Voyez-vous, je dois gagner un pari... Je suis sûre que vous ne serez pas contre un baiser ? Hum ? ». Elle n'attendit aucune réponse et se fut à ce moment précis qu'Illithya tourna le regard. Son cœur rata un battement en voyant cette femme essayer d'embrasser l'homme qui hantait ses pensées depuis des semaines. Elle était trop proche de lui. La Magicienne finit par les rejoindre à grands pas, se plaçant entre Caleb et Hilda alors même que cette dernière fermait les yeux pour donner un parfait baiser au Rehla. Oh elle donna bien un baiser, mais à Illithya qui, trop occupée à protéger Caleb de cette folle, n'avait pas pensé qu'elle puisse être assez stupide pour continuer sans se rendre compte qu'une personne s'était interposée entre eux. Une fois terminé, un petit silence s'installa. Finalement, la Magicienne comprenait que l'entièreté de sa lignée ait pu se complaire dans le mal.

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Dim 13 Sep 2015, 16:09


Egaré entre quelques pensées, j’errai sans prêter attention aux alentours dans la neige et les vents froids, partagé entre mon désir de revoir la Magicienne et mon caractère discret qui me poussait à m’ériger une nouvelle fois en fantôme protecteur et un brin justicier. Peu à peu, je me mêlai à une foule d’étrangers, réunis pour l’occasion d’une grande chasse aux Sorcières dont je comprenais aisément les motivations sans les approuver totalement. Pour ma part, j’évitais soigneusement de croiser la route de la charmante Khæleesi et de ses associés. Mon rang et ma race m’obligeaient à une certaine mesure que le passé commun qui me liait à la vipère qu’était Vanille caël Deslyce ne me permettait guère de peaufiner à la perfection. J’avais beau me répéter que cette aventure avait été nécessaire à la naissance de la Prophétesse, je peinais à me remettre de cette histoire. Tiré de mes rêveries par le salut qui se voulait sensuel d’une illustre inconnue dont les pensées salaces me firent reculer d’un pas, je baissai un regard surpris sur cette femme aux lèvres tendues qui espérait un baiser de ma part. Me maudissant de ne pas avoir plongé dans l’oubli pour éviter des situations gênantes, je secouai mes cheveux bruns en cherchant une excuse polie à fournir à cette impudente que je ne tenais pas particulièrement à embrasser. J’imaginai sans mal le malaise qui devait se peindre sur mes traits en l’instant. Pourtant, ce n’était que le début de ma déroute personnelle et je crus frôler la crise cardiaque lorsque je vis Illithya, courir, pour s’interposer entre moi et Hilda. D’un teint plutôt rouge de gêne, je devins d’une pâleur morbide, sans toutefois bouger d’un pouce. Je ne cillai pas davantage lorsque la femme qui souhaitait m’approcher de trop près posa ses lèvres sur celles de la Magicienne. Je devais donner l’impression d’être une statue de marbre, ou tout du moins un homme qui ne s’intéressait pas le moins du monde à l’étrange spectacle qui se déroulait juste devant lui alors que la scène inspira bien des commentaires à la gente masculine des environs. Je n’étais pas quelqu’un d’à l’aise dans ce genre de conditions. J’étais prêt à affronter le Destin et le Temps, les rouages de l’Espace et l’infinie complexité du Tout, mais il y avait des limites à ce que je pouvais endurer au quotidien. Doucement, je tournai la tête vers les reliefs rocheux de la Montagne, marmonnant un risible « Bien. » qui dénotait parfaitement de mon incapacité à réagir normalement après l’incident. Pourtant, je souriais. Certes, l’expression était infime et dissimulée mais elle était bien réelle. Illithya refusait qu’une femme m’embrasse. C’était plutôt une bonne nouvelle. « Bien. » repris-je d’une voix plus audible, en posant mes yeux ocres sur les deux jeunes femmes. « Enchanté d’avoir fait votre connaissance. » articulais-je péniblement à l’attention de Hilda. J’étais à deux doigts de prendre la main d’Illithya pour l’entraîner loin de cette folle. Je reportai alors mon regard sur la Magicienne et seulement elle, la gratifiait d’un sourire plus franc. « Je suis ravi de vous revoir. » murmurais-je, songeant que je ne lui avouerais jamais la vérité sur ce qui s’était passé au Parc du Continent du Matin Calme.

« On a quelque chose ! » s’écria un homme qui faisait de grand geste, près de la paroi d’une grotte aux pierres d’un gris nacré. « C’est sûrement une entrée d’un de leur repère ! » Profitant de cette échappatoire qui arrivait à un point nommé, je fis mine de porter un intérêt incommensurable à cette information, invitant Illithya à aller voir ce qui se passait là-bas. La politesse aurait voulu que je retourne la demande à Hilda qui était toujours près de nous, mais un petit rien m’empêchait de lui accorder la même amabilité. Face à l’effervescence qui se profilait, j’eus une seconde de pitié pour tous ses gens, à qui j’aurai pu établir une carte précise des tunnels si je n’avais pas été un Rehla.  « Ça va mon gars ? » se moqua sans méchanceté un homme sans âge qui avait assisté à l’embrassade entre Illithya et Hilda. Je n’eus pas le temps de répondre et, à vrai dire, je ne comptais pas commenter ce passage. « Elle était pourtant belle ta soupirante ! » souffla-t-il en référence à la dernière. Face à ma grimace, il ajouta : « Ah ! Tu préfères les blondes, peut-être ? » Il dévorait des yeux les courbes de la brune qui ne se privait pas pour montrer ce dont elle disposait. « Non. » Je n’avais pas vraiment de préférence à ce niveau-là, même si j’avais eu tendance, d’ailleurs, à succomber pour de jolies brunes au cours de mon existence. Ce détail superficiel ne me marquait jamais. « Je doute simplement de vos propres gouts en matière de femme. » murmurais-je tout bas. Je n'avais pas envie qu'elle m'entende. « Qu’est-ce que tu as dit ? » Je ne pris pas la peine de me répéter. Etrangement, ce comportement le fit rire. « Tu es un sacré rêveur, mon petit. » Quelques courageux s’étaient engouffrés dans l’obscurité de la grotte. Ils revinrent  rapidement. « Ouais, il y a quelque chose. Des traces de vie. Ils ne sont pas loin, c’est certain. » - « Mais sont qui, ces types ? » Bien heureux ceux qui l’ignoraient. C’était bien le savoir de leur identité qui m’avait poussé à accourir près d’Illithya.

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Dim 13 Sep 2015, 17:59

Illithya ne revenait pas de son acte. La Magicienne ne se complaisait guère dans les relations charnelles, du moins, elle se refusait à en avoir sans être sûre de l'amour qu'elle portait aux individus. Son défunt mari avait dû attendre de longs mois avant qu'il ne puisse la toucher et même si elle n'avait rien contre les relations entre femmes, pensant que l'amour n'avait pas de sexe, les lèvres de Hilda sur elle la firent frémir de gêne et d'horreur. Illithya avait une philosophie de vie bien à elle. Elle préférait s'abstenir longtemps afin de faire germer la graine du désir et l'apprivoiser petit à petit pour la faire grandir, encore et encore. Peut-être était-ce la vieillesse qui parlait en son nom mais elle ne souhaitait pas aller vite. Elle aimait prendre son temps, y aller par étape. Ainsi, une simple caresse de la main devenait unique et plaisante et, plus que tout, donnait à l'imagination de quoi griser l'esprit. La jeune femme était rêveuse et ses fantasmes étaient nombreux car elle savait garder la distance nécessaire pour les entretenir.Elle ne courait pas après la performance, simplement après la magie d'une rencontre. C'était en nourrissant les idées qu'elle se faisait d'un individu qu'elle en venait à conclure si amour il y avait ou non. L'obsession que ce sentiment pouvait faire naître chez elle lui plaisait, et imaginer les actes qu'auraient pu accomplir la personne aimée sur elle ou pour elle ne faisait qu'accroître l'amour et le désir. La vertu avait du bon et elle s'employait à l'utiliser à bon escient. Alors qu'une femme telle que Hilda ait pu la toucher de la sorte, bien qu'elle se soit jetée d'elle-même dans la gueule du loup, lui déplaisait fortement. Fort heureusement, elle l'avait fait pour une noble cause, celle de préserver Caleb des assauts d'une folle. « Moi de même. » sourit Illithya à l'homme. Il était assez distingué pour ne pas envoyer paître la cochonne plus loin et son sourire suffit à calme la Magicienne. Voilà qui éveillait en elle une douce curiosité. Souriait-il ainsi à toutes les femmes qu'il croisait ? La Taiji était veuve et son mari avait emporté avec lui bien des choses, mais jamais les sentiments qu'elle avait éprouvé pour lui. Elle se sentirait sans doute à jamais veuve, mais cet homme, Caleb, faisait naître en elle des choses qui n'étaient guère coutume. Il la... Oh elle ne saurait le dire. Finalement, peut-être valait-il mieux ne pas nommer l'innommable ? Et puis, placer des mots sur des sentiments étaient, quelque part, les réduire à si peu de choses.

La Magicienne avança quand elle apprit la découverte. Sa curiosité était grande face à ce phénomène mais, à vrai dire, elle l'était encore plus quant à la présence de Caleb ici. Elle écouta l'altercation et suivit le regard de l'explorateur sur Hilda. Jamais Illithya n'aurait voulu être sujette à un tel regard, à croire que le corps de sa « connaissance » n'était qu'un vulgaire morceau de viande dans l'esprit de cet homme. D'un autre côté, sans doute l'avait-elle bien cherché. Elle semblait être une proie facile et, puisque tous ses atouts étaient déjà exposés à la vue d'autrui, il y avait fort à parier qu'elle n'avait jamais pu nourrir une relation longue. Il y avait un art au dévoilement. Une épaule pouvait s'avérer aussi érotique qu'une paire de seins fièrement exposée, du moins, c'est ce que la Magicienne pensait. La jeune femme finit par regarder Caleb. « Si je puis me permettre, j'avoue être assez curieuse quant à votre présence ici. N'est ce pas un hasard trop grand pour qu'il puisse seulement être réel ? ». Elle ne quittait pas l'homme des yeux, essayant de percevoir en lui la vérité. « Mais si le hasard m'honore de votre présence alors j'en suis comblée. » murmura-t-elle doucement. « Même s'il m'a fallu subir la fougue d'une femme à qui vous avez visiblement tapé dans l’œil. Est-ce un don chez vous ? ». Elle rit doucement, si bien que l'on ne savait si elle plaisantait ou non. Puis, son regard fila vers l'intérieur de la grotte et elle s'avança, n'attendant pas que la majorité masculine présente prenne une décision. Elle susurra au vent : « Il me tarde de connaître le fin mot de toute cette histoire... ». Elle voyait cette cavité comme un terrain de jeu intéressant et allait s'y dérouler une sorte de chasse au trésor. Ne restait plus qu'à savoir si le trésor était empoisonné ou non. Elle commença à marcher, plutôt rapidement, sa hâte se faisant clairement sentir. Jadis, lorsqu'elle était bien plus puissante et disciple du temps, elle se montrait beaucoup plus patiente, mais il semblait qu'à présent, cette patience n'existe plus qu'envers les relations qu'elle entretenait avec autrui.

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Dim 13 Sep 2015, 21:38


Embarrassé par la question d’Illithya mais incapable de faire la sourde-oreille, je gardais le silence quelques instants le temps de réfléchir à une réponse convenable qui ne me ferait pas l’effet d’être un dangereux criminel en cavale aux penchants névrotiques et pervers. La tâche n’était pas aisée car le fait d’avoir épié le destin de la Magicienne à travers la lueur des étoiles ne relevait pas d’un état d’esprit des plus sains. Etre Rehla n’excusait pas tout et ce voyeurisme était un comportement dont je n’étais pas fier, pas plus que mes interventions fantomatiques qu’exigeaient parfois ce que je voyais. Cette réalité simple n’était pas facile à avouer. Je ne tenais pas particulièrement à effrayer Illithya avec mes névroses, ces excentricités que j’avais héritées de ma race et qui me rendaient, parfois, invivable. Mes enfants comprendraient la complexité de cette existence et les infinies souffrances d’avoir un père trop clairvoyant lorsqu’ils auraient atteints l’adolescence, une perspective qui me donnait des cheveux blancs par avance. Indécis, je contemplai de longues secondes le visage au teint de porcelaine d’Illithya. Ses traits angéliques et délicats me rendaient rêveur au point que j’en oublie presque les tenants et aboutissants de ma réflexion. Elle était belle et son âme possédait des charmes resplendissants auxquels j’étais loin d’être insensible. Je perdais en concentration lorsqu’elle était là, et ce n’était pas sans risque. Mieux valait que je continue à contenir mon Spleen, pour le bien-être commun des personnes alentours qui vivraient mal mon défaut d’attention. « Il y a un peu de hasard dans cette rencontre, oui. » marmonnais-je tout bas, assez peu convaincu par ma propre justification constituant à soutenir que je n’étais pas responsable de ce que mes yeux captaient comme vision d’avenir. Cette fois-ci, ce n’était pas un mensonge dans la mesure où j’avais surpris une bride de futur. Souvent, ce n’était pas le cas et ne voyais que ce que je désirais lorsqu’il s’agissait de mes proches. J’étais un Rehla et télépathe. Un voyant et un immonde liseur de pensée. L’indiscrétion incarnée, je m’étonnais presque d’avoir des amis. «  Toutefois, rien n’est vraiment dû au hasard dans les chemins que je trace. » me repris-je, plus honnête. Elle était heureuse de me revoir ; et moi aussi. « J’espérais bien croiser votre route. » Je n’étais pas certain de préférer qu’elle ne m’ait pas vu. « Navré que ce soit tombé sur vous, finalement. » répondit-je en glissant mes doigts dans mes cheveux en bataille, en référence au baiser d’Hilda qui m’était destiné. « Enfin … Désolé que vous ayez dû intervenir. Cette femme fait des paris étranges. » Je n’incluais pas Illithya dans le défi, me doutant sans aide d’un quelconque pouvoir que ce n’était pas elle qui avait lancé ce jeu insolent. Les mains dans les poches, d’un pas décontracté, je suivis la Magicienne à travers les tunnels sombres. « Je suis certain que cela vous intéressera. » Elle était cultivée et sage. Je ne doutais pas ses connaissances en matière d’Histoire. Elle devait avoir entendu du Temple de Rhéa Latia, loin d’être étrangers aux évènements qui se produisaient en ce moment. J’aurai préféré éviter de faire leur rencontre. Parmi les membres discrets des Castes, ils n’étaient pas les plus agréables et avaient cette détestable habitude d’invoquer des monstres à la moindre contrariété.

Le passage n’était pas des plus agréables. A chaque pas résonnait des tintements de métal, des craquements sourds qui mettaient à mal les tentatives d’infiltrations secrètes. « Qu’est-ce que c’est que tout ça ? » brailla un type qui tenait une torche enflammée, confirmant l’idée que la mesure et prudence étaient en option pour cette mission pourtant délicate. « De morceaux de fer … Je crois. » lâcha quelqu’un plus bas, un regard réprobateur. « Il y a aussi quelques babioles. » - « Des bijoux ! On raconte que des villages ont été pillés, un peu partout. Beaucoup de trésors familiaux ont été dérobés. » - « Et ils n’en font rien. Sont bizarres ces types. » Je levais les yeux au ciel. Certes, il m’était facile de critiquer ceux qui ne comprenaient pas alors que je n’avais guère d’efforts à fournir pour entrevoir la vérité, mais en l’occurrence, la solution était une évidence. « Illithya. » l’interpellais-je en la voyant s’éloigner toujours plus. J’accélérais pour la rattraper. « Prenez garde. Je crois avoir entendu quelque chose de suspect. » Des ombres filaient lentement, inconnus encapuchonnés de noir aux visages marqués. Des ordres furent aboyés. Ils savaient que des intrus arrivaient. « On s’est fait repérer ! » hurla le type qui était, sans aucun doute, responsable de notre découverte pressante. A la place des infortunés, je songerai sérieusement à le livrer en pâture aux ennemis. A défaut, je me contentais de lui intimer le silence par un geste. A l’autre bout du couleur, dans un halo de lumière, une silhouette se dessina et tendit le bras. Je ne réfléchis même pas et attrapais Illithya, qui manqua d’être la cible de l’attaque.

Je pouvais la sauver. C’était mon Destin. Bien heureusement pour moi, car de toute manière je n’aurai pas hésité.

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Dim 13 Sep 2015, 22:55

Illithya se sentit tirée dans la direction de Caleb. A présent contre lui, elle le regarda un moment, se contentant d'un petit « Merci » avant de se retirer lentement. Elle ne paraissait pas bien atteinte émotionnellement mais, en réalité, cette position l'avait troublé et le geste continuerait de la hanter quelques temps. La Magicienne réfléchissait activement à ce qu'il en était réellement, comme si elle n'aurait pu subir, de toute façon, guère l'attaque. De simples voleurs auraient caché leur cargaison ici en attendant que les temps changent, mais quelque chose lui intimait de penser qu'il ne s'agissait pas de brigands. Il y avait autre chose, quelque chose qui lui échappait. Elle murmura tout bas. « Pourquoi aurait-on besoin de bijoux et de ferraille ? ». Le fait que des hommes viennent vers eux à présent et les attaquent ne pouvait être un hasard. Illithya était, certes, cultivée mais des raisonnements lui échappaient. Ce qui aurait pu lui paraître simple et logique jadis s'avérait, aujourd'hui, plus difficile à cerner. « Peut-être les font-ils fondre pour construire des armes ? ». Cela pouvait être possible. Le temps était à la guerre et au chaos, le métal pouvait servir à la confection de boulets de canon, d'épées et autres réjouissances. Les ennemis accouraient à présent, eux et leur magie, une magie bien spécifique. Des monstres furent créés à partir de rien, s'en prenant sans pitié aux explorateurs. Plus loin, la Magicienne entendit le cri horrifié d'Hilda qui, encore une fois et ce, même dans l'horreur, ne pouvait s'empêcher de faire dans l'indiscrétion. Se rapprochant un peu de Caleb sans s'en rendre compte, elle continua de réfléchir jusqu'à la dernière seconde, quand des hommes voulurent, concrètement, s'en prendre à eux. Là, elle attrapa la main du Rehla pour s'enfoncer un peu plus dans les galeries, de celles où ils seraient seuls tous les deux. C'était sans doute très peu sympathique pour le groupe mais, après tout, elle n'avait pas l'intention de mourir pour eux. Elle n'était pas de ces Mages Blancs qui pensaient pouvoir aider tout le monde. Souvent, ces derniers étaient bien jeunes, encore légèrement naïfs, mais dès qu'ils commençaient à se cultiver, ils comprenaient la réalité du monde. Et puis, elle était objective : elle ne pourrait pas les sauver. Sa puissance diminuée, il serait déjà difficile pour elle de sortir des souterrains sans une égratignure.

Quand elle fut sûre de s'être éloignée des festivités et de ne pas être suivie, Illithya ralentit le pas. « L'on dirait les membres de la Secte de l’Étoile Froide. Mes souvenirs à leur sujet remonte à très longtemps mais le fait de façonner des monstres... le fait qu'ils soient de noir vêtus. Oh je peux me tromper mais il me semble que ce qu'il se passe ici est bien plus important qu'une simple affaire de commerce frauduleux. Peut-être ont-ils bien volé ces bijoux, mais je doute qu'ils souhaitent simplement les revendre. ». Se rendant compte qu'elle avait pris son ton d'intellectuelle, elle s'arrêta de parler. La Magicienne n'était jamais très bavarde, elle se contentait du nécessaire pour faire passer ses émotions et ses pensées. Mais dès qu'elle parlait de sciences, dès qu'elle raisonnait, il lui arrivait de parler durant une vingtaine de minutes, le plus souvent seule, sans s'arrêter. Son défunt mari se mettait souvent à rire, ce qui la gênait mais le faisait, lui, encore plus rire. « Excusez-moi. » dit-elle. « Les mystères m'échauffent légèrement. J'aime trop les résoudre pour rester calme face à eux. ». La curiosité la rongeait mais ce trait de caractère était de famille. Elle s'arrêta pour le regarder. « S'il vous plaît, ne me rendez jamais curieuse à votre sujet. ». Était-ce une vraie demande ? La formulation était étrange mais Illithya, elle, comprenait parfaitement où est ce qu'elle souhaitait en venir. Les sentiments qu'elle éprouvait pour lui étaient... tellement étranges, tellement intenables. Elle les gardait bien précieusement, même si, quelque part, elle savait parfaitement qu'ils étaient liés. Néanmoins, tant que lui ne disait rien qui pourrait lui laisser penser qu'il y avait plus qu'une amitié courtoise, alors son esprit serait en paix, bien que rêveur. S'il articulait ou faisait quelque chose d'ambigu, alors la donne changerait. Elle sourit, sachant qu'ils ne risquaient pas d'être tranquilles ici très longtemps. Puis, après un petit silence, elle demanda, comme pour occulter sa précédente remarque : « Et vous, avez-vous une théorie sur les agissements de ces hommes ? ». En réalité, elle ne savait pas ce qu'elle préférait : qu'il éveille encore plus sa curiosité ou qu'il se tienne tranquille. Le deuxième cas pouvait la décevoir alors que le premier pouvait s'avérer dangereux.

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Dim 13 Sep 2015, 23:53


Ces enchaînements chaotiques d’évènements dépareillés éveillaient en moi des sentiments contraires, mêlés d’inquiétude et d’une pointe de satisfaction inavouable. Dans le tourment d’un moment qui frôlait les limites de la mort, je me réjouissais du maigre rapprochement que l’urgence d’une situation permettait. J’étais lamentable mais le vivais étrangement bien, pour une fois, n’arrivant pas à me reprocher ces bonheurs simples. Sage et silencieux, je me laissais entraîner par la Magicienne à travers le dédale de passages sombres et terreux, à l’écoute de ses raisonnements. Je n’en avais jamais douté, mais elle me prouva qu’elle était une femme de logique et d’esprit, capable de parler de longues minutes sans s’arrêter à la recherche d’une solution aux airs de vérité. Quasiment fasciné par son discours, je continuais à me taire et à suivre ses idées. « Ne vous inquiétez pas. J’aime vous entendre parler. » Soufflais-je en haussant les épaules, un petit sourire aux lèvres. L’expression se fana, consumé en un battement de cils par la résonnance de pensées que je n’aurai pas dû entendre, que je ne voulais pas intercepter. Ce n’était que des paroles intérieures passagères, des brides sortis d’un contexte particulier dont j’ignorais tout mais que, infecte petit Rehla et rêveur que j’étais, j’imaginais dans le cadre qui plaisait à mes lubies chimériques. Nerveux, je me mis à réfléchir à toute allure, sans savoir comment tourner à mon avantage ces informations. La demande énigmatique qu’elle me formula attisa encore ces envies d’en savoir plus, d’en faire plus. Une fois n’est pas coutume, le plan qui s’érigeait dans un coin de ma tête vola en éclat par une simple question, une question à laquelle je ne pouvais pas répondre mais qui attendait tout de même une quelconque réplique. « Je … » murmurais-je en tapotant les doigts sur mes genoux, venant tout juste de m’asseoir sur une vieille caisse en bois grinçant et au métal rouillé. J’ignorai ce que je préférai entre passer pour un imbécile auprès de la Magicienne ou apparaître comme impoli mais, ne pouvant me résoudre à faire l’idiot, j’entrepris d’articuler du mieux que je puisse : « Il se trouve que je possède plus qu’une théorie, aussi bien à l’égard de nos amis invocateurs que sur les véritables objectifs de celle qu’on nomme la Dévoreuse ou l’Architecte. » Je parlais lentement pour éviter qu’un mot de trop ne m’échappe, la respiration mesurée. « Seulement, je suis … dans l’incapacité de dévoiler mon savoir à qui que ce soit. » Cela faisait tellement hautain et arrogeant. Je m’empressais d’ajouter : « Ne vous méprenez pas : j’aimerai vous en dire plus. L’interdit qui m’enchaîne relève des âges anciens. Je ne suis qu’un observateur, qu’un rêveur, un éternel idéaliste qui contemple un monde bien loin de ses utopies. » Enervé par l’impuissance de ma posture, j’attrapais un morceau d’or tordu. Je ne pouvais rien révéler, c’était un fait. Par contre, je pouvais tenter d’aiguiller, de guider. Je devais simplement faire attention à ce que je faisais et disais. Après un temps de silence, je commençais : « D’après les rumeurs … » Autant commencer par un rappel des faits qui rendait mes phrases innocentes pour la Mère Lune. « La Khæleesi a été aperçu plus d’une fois près des repères de ces hommes en noir. A supposer qu’ils sont bel et bien membres de la Secte de Rhéa Latia, le plus simple reste de se demander quel avantage ils pourraient tirer d’une rencontre, d’une éventuelle collaboration. Si les enjeux pour le Temple sont obscurs, il paraît plus évident que la Dame des Abysses recherchait des alliés, potentiellement sans scrupule et adorateurs du désordre. Après tout, une personne seule aurait bien du mal à agir sur tous les continents. L’on prête bien des talents aux adeptes de cette religion scandaleuse, des arts qui ne se limitent pas aux invocations qu’ils réalisent. Ils sont de grands scientifiques. » Durant mon petit monologue, je tordais des petits morceaux de fer sans sembler y prêter la moindre attention, comme pour me défouler. Peu à peu, je créai une espèce de structure où les fils dorés s’entremêlaient à la ferraille. La forme ronde rappelait vaguement et très lointainement la forme d’un visage, et par extension un masque. Je devais tout de même avouer qu’il fallait regarder dans les tréfonds de son cœur pour trouver une ressemblance frappante. Si je pouvais me vanter d’être doué devant un clavier, j’abandonnais à mes premiers instants ma carrière de sculpteur.

Le bruit des pas se rapprochait. Les adorateurs de Rhéa Latia n’allaient pas tarder à nous trouver. Je ne comptais pas vraiment me laisser tuer, pas en si bonne voie d’apprentissage sociale. « Si vous me le permettez … » Je me glissais près d’elle pour lui prendre la main. « Laissez-moi décider pour nous deux : nous en avons assez vu. » - « Halte ! » s’écria un homme qui voulait arrêter les deux intrus que nous étions. Un meurtrier. De la piètre espèce. Violent, fier de lui. Les lèvres retroussées, j’esquissai un geste des doigts en sa direction avant de m’éclipser avec Illithya. « Tu les as laissé filé ! » brailla un compère du premier. L’autre ne répondit pas. Il n’en avait pas la force. Dansaient presque autour de lui les esprits de tous ceux qu’ils avaient tué et qui venaient le tourmenter pour quelques instants.

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[Event Août, mission 3] ~ Les étoiles te le murmurent, cours Sin Luxinreïs (Caleb)

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