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Eerah
Æther des Bergers et des Wëltpuffs

Æther des Bergers et des Wëltpuffs
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Eerah
Mar 21 Jan 2014, 21:42

Les lèvres d’Eerah s’agitaient en une ligne uniforme, tandis qu’il passait doucement ses doigts sur chaque chemise. Il ne s’agissait plus d’aller à un simple rendez-vous galant, où à un entretien d’embauche ; non, cette fois, c’était la reine qu’il allait rencontrer. La moindre erreur, et il pouvait s’assurer d’être étiqueté jusqu’à la fin de ses jours. C’était la dernière étape, le seul élément manquant à sa tenue d’apparat. Pour l’occasion, il avait passé une journée entière à arpenter les boutiques qui peuplaient Avalon, à toucher, comparer, étudier sous toutes les coutures la moindre chaussure, le moindre haut. Finalement, il avait choisi une paire de bottes hautes, munies d’une boucle métallique, à l’intérieur desquelles il avait passé un pantalon de toile noir. À regret, il avait délaissé bagues et bracelets, se contentant d’un unique anneau d’argent à l’index gauche. Mais même après une journée entière de comparaisons, il était toujours debout, torse nu devant son lit, sur lequel étaient disposées les différentes chemises qu’il avait acheté un peu plus tôt. Il n’y avait que peu de différences entre chaque ; certaines se portaient avec une cravate, d’autre sans, avec un bouton ouvert. Certaines se portaient avec des manches longues, d’autre non, et au milieu de cette foison de coupes et de détails, Eerah se sentait un peu perplexe. D’un côté, mettre en valeur son charisme de Déchu ne pourrait pas lui faire préjudice. D’un autre, il était suffisamment intelligent pour se douter que la Messie des Ténèbres en avait vu d’autres. Non, la seule chose qui lui convenait était à l’image de ce qu’il portait la plupart du temps. Il se saisit d’une chemise en soie noire, et l’enfila rapidement. Elle était accompagnée d’une cravate rouge sang, et distraitement, il fit chaque bouton avant de retrousser les manches en un pli carré. Tous ces efforts pour une seule personne, qu’il n’avait jamais rencontrée de sa vie. Il avait fallu attendre sa victoire aux jeux de la Coupe des Nations pour qu’on pose enfin le regard sur lui. D’une main, le Déchu réarrangea sa coiffure, coinçant deux mèches derrières ses oreilles. C’était certainement aujourd’hui que se jouait la suite de sa vie d’Ange Déchu, autant dire que prêt ou pas, il sentait une boule de stress ancrée profondément dans son cœur.

Encore une vingtaine de minute avant son rendez-vous, et il détestait être en retard. Posant une dernière fois sa main sur les armes qu’il laissait aux bons soins de son appartement, il ajusta le nœud de sa cravate, et sortit. Son logement avait beau n’être qu’à quelques instants de vol du palais, il ne pouvait s’empêcher de presser le pas. Par égard envers ses vêtements, la voie des airs semblait peu indiquée ; il n’avait pas pris le temps de faire enchanter son haut pour qu’il ne se déchire pas sous ses ailes. Eerah marcha donc, comme tous les badauds qui arpentaient les rues, attirant les regards et les sifflets des filles de joies qui traquaient leurs proies depuis les étages supérieurs. Il avait déjà probablement rencontré le tiers d’entre elles, et pas toujours une à la fois. Une voix haut-perchée vint saluer son passage. « Hé, Eerah ! Tu n’as pas le temps pour un peu de Colin Maillard avec nous ? » Un chapelet de rires chantants ponctua l’injonction, et il releva ses yeux aveugles en souriant. « Pas aujourd’hui, Lishä, je pars pour le palais. ». « J’espère que tu passeras encore nous voir, quand tu auras pris de l’avancement. Souhaitez-lui bonne chance, les filles ! » L’encouragement fut repris par une vingtaine de voix, et en riant, le Déchu salua bas, avant de souffler un baiser, et de continuer sa route. Pendant plus de deux-cent ans, il avait parcouru en long et en large la cité, mais jamais ses pas ne l’avaient mené plus loin que la cour intérieure du Palais d’Orae. Rien ne pouvait l’assurer que cela changerais après cette journée, mais il ne pouvait s’empêcher de tout s’imaginer. Jamais il n’avait été aussi près de la sphère supérieure qui dirigeait la nation Déchue ; peut-être qu’il finirait par prendre part à cette assemblée. En arrivant devant le poste de garde qui marquait l’entrée de la résidence royale, il exhiba le papier sur lequel reposait son autorisation, l’heure et l’endroit du rendez-vous. Sans un mot, l’homme en faction lu rapidement, et le laissa passer. Dans son dos, il perçu un murmure échangé entre les deux soldats. « C’est pas le mec de la Coupe des Nations ? » « Mais si, abruti. C’est Scaldes. Il passait déjà par là quand il bossait pour la Garde. » Eerah entama la montée des marches avec un sourire satisfait. S’il avait pu bénéficier d’une telle renommée à cette époque, les choses seraient allées bien plus vite. Il était resté bien trop longtemps soldat sans ambition, ce temps était révolu.

Deux autres contrôles marquèrent sa marche vers le palais, et finalement, les murs étincelants projetèrent leur ombre sur sa personne. Adam, le régent qui avait pendant un temps exercé le pouvoir par intérim, était là pour l’accueillir. « Eerah Scaldes, je présume ? Bienvenue au Palais d’Orae. La reine Misato va vous accueillir d’ici quelques instants, si vous voulez bien me suivre. » Le Déchu s’inclina devant son supérieur, et hocha la tête en lui emboitant le pas. Quelques mois auparavant, cet homme était encore à la tête de la cité, et pouvait décider de vie ou de mort sur n’importe qui. D’une façon ou d’une autre, il était imposant par sa présence. Calmement, ils traversèrent plusieurs antichambres avant que l’ancien roi ne le laisse patienter dans un petit salon. Sur une dernière injonction, il quitta la pièce. « Attendez ici. » Une paire de canapés étaient à disposition, et pourtant, Eerah ne pouvait simplement pas s’asseoir et guetter comme si de rien n’était. Il se laissa guider par la chaleur du soleil sur ses jambes, et approcha de la fenêtre. En son for intérieur, une voix lui ordonner de se faire force, d’arrêter d’envisager le pire. Plus facile à dire qu’à faire.


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Lun 27 Jan 2014, 10:56


Aya s'était levée à l'aube, comme à son habitude. Elle avait retrouvé ses appartements à la suite de son couronnement, et à vrai dire pouvoir dormir à nouveau dans cette magnifique chambre lui avait procuré un sommeil léger et fort agréable. Elle avait fait construire cette chambre spécialement pour elle, cherchant un lit suffisamment unique pour qu'il ne soit d'ailleurs connu de personne à l'extérieur de ses murs. Assise devant la maquilleuse, elle scrutait son reflet dans le miroir. L'image qu'elle voyait lui plaisait toujours autant, les années ne marquaient plus celui-ci depuis bien longtemps et cette condition d'immortelle était absolument parfait pour une femme qui accordait autant d'importance à son reflet. Passant une main dans ses longs cheveux blonds, elle se saisit d'une brosse de l'autre main. Commençant à coiffer sa longue chevelure soyeuse, une servante entra discrètement dans la chambre en s'excusant. Aya lui fit signe d'approcher, lui tendantla brosse qu'elle avait dans al main. La jeune servante n'avait pas besoin de mots pour comprendre quelle tâche elle avait à faire ce matin, et se dépêchait donc d’obéir à ses ordres muets. Se laissant coiffer par la jeune servante, Aya réfléchissait à ce qu'elle avait de prévu pour ce matin.

Retrouvant peu à peu l'ordre de son emploi du temps, elle réalisa qu'elle avait un rendez-vous avec un jeune déchu semblant être prometteur. Ce genre de réunion privée ne la stressait guère, ayant bien évidemment le bon rôle dans cette histoire. Cela lui rappelait simplement son propre passage devant le souverain de l'époque, qui d'ailleurs n'avait put la recevoir et avait envoyé l'un de ses imbécile de sbire. Elle était cependant impatiente de faire la connaissance de cette nouvelle recrue portant le doux prénom d'Eerah. Adam lui avait fait un bref résumé la veille, lui rappelant qu'il avait remporté la coupe des nations juste avant qu'elle ne reprenne le trône. Adam l'avait donc gardé à l’œil, sachant pertinemment qu'il serait quelqu'un de très utile pour la couronne. Aya ne s'attachait pas seulement à cela, les épreuves de force et autres tests de capacités n'étaient que des passages obligés inventés par des hommes ayant un trop plein de testostérone. Elle n'avait pas besoin de le voir terrasser une armée pour avoir envie de le voir comme conseiller à ses côtés. Elle avait besoin de savoir ce qu'il cachait au fond de lui, dans sa tête et dans son cœur. Un homme puissant est certes un très bon soldat, mais pour prétendre devenir quelqu'un de plus influant il fallait surtout que sa personnalité et son charisme puisse captiver les plus grands de ce monde. Aya ne lui offrirait pas encore une place de conseiller, le jugeant encore un peu trop ignorant des choses du monde, il venait seulement d'entrer à la cours, elle voyait donc les choses autrement, et préférait mettre une étape de plus avant celle-ci.

Adam rêvait depuis bien longtemps de trouver un homme de confiance qui puisse l'épauler aux côtés de la reine, et c'était surement pour cette raison qu'il s'était renseigné sur le jeune Eerah, allant même jusqu'à le présenter de façon glorieuse auprès de la reine. Sauf qu'aujourd'hui, c'était à elle de se faire sa propre idée sur cet homme. Se relevant doucement de sa chaise, elle était prête désormais. La jeune servante avait terminé sa coiffure, lui ayant simplement laissé sa longue chevelure détachée et l'ayant simplement parée d'un diadème sertie de saphirs et de diamants. Aya portait une longue robe bleu pâle dont la matière fine et délicate laissait entrevoir les formes de son corps à chacun de ses mouvements. Le tissus épousait ses formes lorsqu'elle marchait, poussé par le léger courant qu'elle produisait sur son passage. C'était une robe façon empire, dont les manches très larges formaient un voile sur ses bras et retombait le long de ses hanches. La jeune femme une fois sortie de la chambre se rendit directement au petit salon, car c'était ici qu'elle recevait toujours ses nombreux invités. Alors qu'elle s'approchait de lapièce, Adam en sorti au même moment, lui souriant en l'apercevant.


-"Ma reine, le jeune Eerah vous attend au petit salon."

-"Merci Adam. Nous nous retrouverons plus tard afin que je vous fasses part de ma décision le concernant."

Adam fit un signe de la tête, acquiesçant simplement, puis parti en direction de la salle du trône. Aya réajusta sa robe, vérifiant qu'elle n'avait rien oublié qui pourrait être gênant, puis elle releva la tête prête à faire son entrée. Le garde à la porte annonça son arrivée, et enfin elle entra dans la pièce déjà occupée. Son regard se posa sur son invité qui se tenait debout près de la fenêtre.

-"Il semblerait que la chance soit avec vous, le temps est absolument radieux ce matin, ce qui a tendance à me mettre de très bonne humeur. Vous êtes donc Eerah n'est-ce pas? Veuillez m'excuser mais je me permet de vous appeler par votre prénom. "

Lorsqu'elle eut terminé sa phrase, une servante arriva les bras chargés d'un plateau d'argent où reposait deux tasses noires et la théière assortie. Posant le plateau sur la table du petit salon, elle servit chacune des tasses avant de s’éclipser sans un mot.

-"Un peu de thé?"

Aya était très sereine dans sa façon de parler. Elle ne cherchait pas à lui mettre la pression et au contraire voulait instaurer un climat agréable pendant cette entrevue. Elle avait besoin de savoir des choses plus personnelles que ses exploits à la coupe des nations, et seul une ambiance agréable serait propice aux confidences. Elle avait besoin de le mettre en confiance pour pouvoir tirer de lui tout ce dont elle avait besoin pour se décider sur son avenir à la cours des déchus.
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Eerah
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Eerah
Ven 31 Jan 2014, 03:05

Son regard vide fixé sur un point invisible, loin derrière la fenêtre, les lèvres du Déchu remuaient sans son, alors qu’il réfléchissait à ce qu’il pourrait dire lorsqu’elle serait là. Difficile de savoir à l’avance quel niveau de déférence elle pouvait attendre de sa part. Il avait pris l’habitude au fil des années de se montrer peut-être trop révérencieux ; mais il ne pouvait pas se permettre de faire preuve d’irrespect. Elle était reine, tout de même, elle dirigeait plus de trente mille âmes, il ne pouvait pas mettre ça de côté. Il inspira doucement, et relâcha sa respiration lentement. Ça allait bien se passer. Il n’y avait pas de raison que ça se passe mal. Il croisait les mains dans son dos, pensif, quand le garde annonça l’arrivée imminente de la monarque. Machinalement, il ramena une mèche derrière son oreille, et se tourna, un sourire aimable tracé sur le visage. Le son de ses pas claquait sur le marbre, son odeur prenait peu à peu place dans la pièce, fine et possessive. Il n’y avait pas la moindre erreur, pas la moindre faille dans sa façon de se parfumer, il aurait pu décliner chaque fragrance les unes après les autres, si bien ordonnées qu’elles étaient. Il la laissa terminer sa phrase, et courba un genou au sol, en baissant la tête. « Votre majesté. C’est bien mon nom. Ravi de faire enfin votre connaissance. ». On aurait certainement pu faire moins coincé, mais dans le doute, autant s’abstenir. En entendant la servante entrer dans le petit salon, il se redressa doucement, s’approchant d’un des canapés en posant légèrement sa main sur le dossier. Ils attendirent silencieusement que la jeune femme ai terminé de s’affairer, lorsqu’elle reparti finalement, il répondit par l’affirmative à sa proposition. « Avec joie. ». Il patienta le temps qu’elle choisisse un siège, et alla s’asseoir en face d’elle, saisissant sa tasse au passage. Une fois assis, une fois libéré du poids de ce premier regard qu’elle avait dû poser sur lui, il l’étudia attentivement, en portant ses lèvres à la tasse. Avec tout ce qu’on lui avait conté sur la beauté de la Messie des Ténèbres, il s’en voulait de ne pas pouvoir l’observer. Elle avait les manières d’une grande dame, comme il s’y attendait, mais elle n’avait pas essayé un seul instant de le mettre sous pression, ou de s’imposer d’elle-même comme lui était supérieure. En y repensant, elle s’était dit de bonne humeur, peut-être que ça avait joué. Le Déchu tiqua en songeant que la réunion avait peut-être entièrement dépendu du temps.

En reprenant sa tasse à deux mains, il songea à la meilleure façon d’engager la conversation. Ils étaient sensé parler de son avenir au sein de la race, mais l’emmener directement sur le sujet n’aurait eu d’autre effet que de le faire passer pour un impatient. Et il avait tout son temps, il n’était pas pressé, ne devait pas montrer qu’il attendait quoi que ce soit de cette réunion. Tournant son doigt sur le rebord de la vaisselle en porcelaine, il tenta une phrase banale, presque étrange dans un endroit si loin de tout ce qu’il avait jamais eu l’habitude de fréquenter. « Vous ne devez pas recevoir de la visite très souvent, non ? Le palais est si grand... ». Si vide, aurait-il voulu préciser, mais ç’aurait été au risque de la blesser. Les quelques salles qui avait pu traverser en compagnie d’Adam était désertes, emplies de courants d’airs et de murmures. C’était un climat qui lui aurait parfaitement convenu, la solitude et le silence avaient quelque chose de reposant, d’apaisant ; mais une femme telle qu’Aya Misato devait surement trouver sa joie dans les diners entre rois, les fêtes étouffantes de monde, regorgeantes de personnalités diverses et variés. Il doutait que chaque pièce du palais ai un jour servi une utilisation propre. Et ils parlèrent. Rien de très original, l'ensemble avait plus l'air d'une discussion imposée, du genre de celle qu'on avait avec les amis de sa femme, ou la femme du boulanger. Pas d'imprévus, pas de surprise, pas plus de sous-entendu que de coutume. Après tout, ça n'était qu'un simple entretien visant à attester de sa valeur. Pendant une paire d'heures, ils conversèrent ainsi, et la rencontre se conclut sur une nouvelle mission. Encore une, une de plus.
Arrivé au bout du sentier terreux qui menait à la grande plage, Eerah ôta ses chausses, les fourra dans son sac et, avec un sourire de plaisir difficilement contenu, enfonça ses orteils dans le sable chaud. Loin des conventions des palais et des rois, le simple confort de pouvoir se déplacer pied nu faisait figure de fruit défendu. Et plus il se sentait libre, plus il voulait de liberté. D'un geste, il abandonna son sac contre un rocher, jeta à ses côtés son manteau, ses armes - à l'exception de son couteau -, et remonta manches et pantalon jusqu'aux coudes et genoux. Voilà ce-dont il avait besoin ; un peu de simplicité. Les yeux clos, il avança droit devant lui, vers le murmure continu de la mer, jusqu'à sentir la fraicheur de l'eau monter sur ses orteils, ses chevilles, ses mollets. Il n'y avait pas d'endroit plus serein que celui-ci. Lui, l'océan et le monde, personne d'autre. Personne.


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Mitsu
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Mitsu
Ven 11 Avr 2014, 19:51

Les voix avaient cessé, cessé d'implorer, de supplier, de prier. Ces sons insupportables, toute la misère d'un monde rempli d'insupportables crétins, avaient fait place au calme apaisant de l'eau. Si par le passé, Mitsuko avait dansé dans les bras du prince de l'océan, elle en était à présent une princesse, libérée du poids d'une divinité qui la torturait depuis déjà trop longtemps. Aussi, elle se sentait légère, loin du monde, loin de toutes ses obligations d'Aether, ces obligations qu'elle avait réussi à fuir d'une main de maître. Néanmoins, elle savait parfaitement que cette sensation n'était qu'illusions. Elle demeurait la déesse de la justice et même si la Mortalité valsait avec elle, elle n'en demeurait pas moins factice en un sens. Mais n'était-elle pas à la fois ombre et lumière, représentante d'un spectacle voguant entre bien et mal ? Les choses n'étaient que plus appréciables lorsqu'elles étaient sues éphémères, lorsqu'elles n'existaient que par le jeu de l'imagination. Pourtant, bien plus que d'imaginer, aujourd'hui, elle était Mortelle, et ce, tant qu'elle ne pénétrait pas dans un lieu divin. Elle saignait, respirait, craignait la chaleur, le froid. Elle pouvait mourir, mieux encore, souffrir. Le danger était revenu la saisir et retrouver son meilleur ami la faisait frissonner de plaisir. Depuis, elle n'avait cessé de jouer avec les vagues, parcourant de nouveaux horizons, trop peu étudiés par le passé. L'océan était un mystère qu'elle se ferait une joie de percer. Mais cette femme était avant tout une femme des terres, une femme qui aimait se tenir debout, droite, alors que son regard balayait les armées, une femme qui aimait verser quelques goûtes de poisson avec la plus parfaite discrétion dans les verres des souverains gênants. Elle l'avait fait plus d'une fois et, à présent qu'elle pouvait prendre partie de nouveau, elle n'allait pas se priver du fait de voir le regard de ses opposants s'éteindre petit à petit, lentement.

L'écart entre le fond marin et l'air s'amenuisait petit à petit et Mitsuko finit par s'échouer doucement sur le sable fin de la plage. Le chaleur du soleil réchauffa sa peau et elle en apprécia infiniment la sensation. C'était comme si elle s'était privée des bienfaits de l'univers depuis bien trop longtemps. Sur le ventre, elle roula sur le dos afin de profiter davantage de l'astre du jour. Elle devait attendre que ses jambes apparaissent, clouée au sol pour le moment. Quelques goûtes perlaient sur sa queue de sirène du plus parfait des blancs, nacrée. Au fur et à mesure des minutes, elles se firent plus rares, jusqu'à ce que la chaleur ait raison de l'eau, la mutation opérant, ses jambes faisant leur apparition. La jeune femme sourit avant de se retourner pour pouvoir se mettre à quatre pattes et se redresser. Seulement, elle dut bien vite se rendre à l'évidence : elle n'avait pas assez de force pour se relever. Ce n'était guère à cause de sa condition d'ondine, non, c'était... différent. Elle n'y avait pas fait attention plus tôt mais il semblait que la gravité lui jouait des tours, reprenant ses droits de la plus amusée des façons. C'était comme si cette dernière se vengeait, comme si elle lui faisait payer le fait d'avoir un jour quitter sa condition mortelle pour se hisser au dessus d'elle en tant qu'Immortelle. La jeune femme soupira au bout de quelques minutes, abandonnant tout effort. Si seulement elle pouvait trouver le moyen de se mettre debout, elle pourrait sans doute marcher. Mais la force lui manquait pour ce faire et elle ne pouvait pas se permettre de ramper jusqu'à croiser un arbre ou autre support pouvant l'aider. Il n'y avait rien à la ronde. Aussi, les minutes passèrent, lentement, très lentement, jusqu'à ce qu'elle entende le bruit régulier de pas s'enfonçant dans le sable. Redressant la tête, la sirène aperçut une silhouette un peu plus loin, un fin sourire se dessinant sur ses lèvres jusqu'à ce qu'elle reconnaisse l'individu en question. Elle faillit soupirer de nouveau mais se retint, attendant qu'il soit à quelques mètres avant de lui lancer : « Excusez-moi ? Auriez vous l'obligeance de m'aider, s'il vous plaît ? ». Cela sonnait plutôt fermement, tout en restant poli. Elle aurait pu s'abstenir de lui demander quoi que ce soit mais, après tout, pourquoi se priver ? Il pouvait parfaitement refuser mais elle n'était pas sûre que ce soit une option des plus agréables pour eux deux.
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Eerah
Æther des Bergers et des Wëltpuffs

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Eerah
Mar 29 Avr 2014, 23:21

En cœur avec le soupir des vagues frappant la plage, Eerah inspirait, expirait, accompagnait l’océan dans sa valse. Il lui suffisait de se concentrer un peu pour ne plus entendre que sa respiration, comme si tout autre chose pouvait enfin cesser d’exister. Les mains dans les poches, il sourit, et avança, les pieds dans l’eau. Ces atmosphères, ces endroits calmes et paisibles qu’il n’avait la chance de rencontrer que trop peu souvent, amenaient toujours en lui de nombreuses pensées ; tristes, joyeuses, peu importe, mais des questions qu’il ne prenait jamais le temps de se poser en temps normal. Cette fois, il n’avait qu’une seule et unique chose en tête : « Quelle est ma direction ? » Vers quoi est-ce que je me dirige, pourquoi, comment ? Est-ce qu’il avait seulement un but ? Ca faisait déjà un moment que sa frénésie, sa quête de savoir absolu s’était calmée. Oh, il gardait toujours à l’esprit ce que Sonenzio lui avait fait miroiter ; et il ne doutait pas de finir par y arriver, mais plus le temps passait et plus il prenait conscience de sa propre immortalité. Il avait une longue route devant lui, et si la fin de sa quête signifiait également la fin de sa route, il n’était pas si pressé d’y parvenir. Peut-être… Peut-être même qu’il avait un peu peur. Peur de la fin. De sa fin. Puisqu’après tout, absolu était un mot qui se suffisait à lui-même. Une fois qu’il l’aurait obtenu, plus de retour en arrière. Plus de découverte, plus de secret, d’imagination, plus de surprise. Sans toutes ces petites choses qui lui faisait aimer, ou du moins supporter la vie, qu’est-ce qui lui resterait ? Il y avait tellement de choses à découvrir, tellement de pays qu’il n’avait jamais visité, de sols qu’il n’avait jamais foulé. Il ne pouvait pas partir comme ça. Pas encore.

Et c’était perdu dans ses pensées, perdu dans sa propre Envie, qu’il progressait le long de la plage, frappé en rythme par le ressac de l’écume sur sa peau. Le Déchu laissait derrière lui des traces éphémères, à peines creusées que déjà effacées ; et son sourire tenait plus du rictus crispé que d’une preuve consciente de joie. Mains dans les poches et premier bouton de chemise détaché, il parcouru quelques dizaines de mètres avant qu’une voix ne vienne briser le semblant de calme dans lequel il avait réussi à s’enfermer. C’aurait pu être la voix d’un enfant ou d’un vendeur à la criée, il l’aurait supporté, quand bien même il détestait l’un et l’autre. Mais cette voix n’appartenait pas à ce monde, et chaque fois qu’il l’entendait, il mettait plusieurs jours à s’en remettre. Le Déchu avait même du mal à savoir s’il était surpris ou non. Après tout, c’était une magnifique journée et un magnifique endroit, et il savait d’expérience que ni l’un ni l’autre n’était fait pour durer. Il se stoppa net, lâcha définitivement son semblant de sourire, et leva doucement une main à ses yeux clos, massant doucement ses paupières en soupirant avec une lassitude renouvelée. Puis sans un mot, sans hésitation, il avança et s’exécuta, lui tendant une main en se courbant en avant. Après tout, à quoi bon ? À quoi bon faire une scène, refuser ou s’offusquer ? Le résultat serait toujours le même. Elle obtenait toujours ce qu’elle voulait, peu importe le temps que cela devait prendre. Autant s’épargner les tracas d’une nouvelle négociation. Puis, la dernière fois qu’ils s’étaient rencontrés, il s’était appliqué à lui cracher toute sa bile au visage ; avec le recul, il en avait trop fait, et il lui « devait » bien ça. Comme si de rien n’était, comme s’ils n’étaient au final que deux connaissances qui se croisaient un peu trop souvent, il entama une esquisse de conversation. « Des soucis ? ». On aurait certainement eu du mal à faire plus concis, et Eerah préférait s’en contenter, de peur de tomber dans une autre spirale de questions sans réponses, et de métaphores plus ou moins bienvenues. Si au moins il pouvait s’adresser à elle comme à une personne normale. Si au moins il pouvait espérer qu’elle lui répondrait comme une personne normale. Mais tel qu’il était, main tendue, attendant pour qu’elle ne vienne s’appuyer sur lui, il n’y croyait pas trop.



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Mitsu
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Mitsu
Mar 06 Mai 2014, 22:06

Mitsuko soupira devant cette main tendue. C'était bien beau mais puisqu'elle était incapable de se hisser sur ses propres genoux, comment pouvait-elle se lever avec cette unique support ? L'ancienne déesse ferma les yeux, commentant sa question, sans pour autant répondre, avec une lassitude non dissimulée. « Je ne peux pas vous en vouloir après tout... ». Oui, après tout. Elle était la seule à avoir pris la décision de devenir Mortelle et bien qu'il avait confirmé ce qu'elle pensait déjà lorsqu'ils s'étaient croisés la dernière fois, ses paroles n'avaient eu sur elle aucun réel effet. En y réfléchissant, leurs rapports seraient sans doute plus équilibrés à présent. Quoi que. Pouvait-il seulement se douter que son bras ne serait pas suffisant pour lui permettre de se tenir debout à ses côtés ? Non. Il était clair que non. Tant pis, aux grands maux les grands remèdes et puis, après tout, puisqu'il était ici pour l'aider, elle allait accepter son offre.

Alors, une vague perturbée dans son cycle normal vint soulever son corps, l'amenant droit dans les bras d'Eerah au cou duquel elle s'accrocha fortement, ses jambes ayant disparu au contact de l'eau. Elle était très loin d'être la seule trempée dans le lot car la vague avait gentiment continué sa route, traversant le déchu pour s'échouer un peu plus loin derrière lui. Elle sourit malgré la situation périlleuse, préférant commenter le contexte avant qu'il ne puisse le faire : « Je me suis dit que vous deviez avoir chaud alors je me suis permise de prendre quelques dispositions pour votre confort personnel. J'espère que cela vous a plu. ». La sirène s'agrippait à lui à la façon d'un individu risquant de tomber dans le vide. Il était sa corde, objet de vie comme de mort, tout dépendait de l'utilisation que l'on en faisait, et elle souhaitait l'utiliser à bon escient. Néanmoins, elle devait trouver une solution rapide à son dilemme car rester ainsi n'était en rien convenable. Cela ne lui importait que peu car, après tout, la nudité était un état naturel mais les normes et valeurs de beaucoup de peuples n'allaient guère dans ce sens. « Ne vous inquiétez pas, je n'en ferai pas une habitude. Je n'aimerai pas heurter votre sensibilité ou provoquer de quelconques vibrations incontrôlables en vous. Comme cela... ». Son sourire s'agrandit alors qu'elle prenait possession du pouvoir du déchu, un sixième sens bien pratique dans la situation. Elle fit simplement vibrer le bout de ses doigts sur sa clavicule comme pour lui avouer son « emprunt ». C'était un don intéressant, il fallait bien l'avouer, même si la manière qu'il avait eu de s'en servir une fois ne lui avait guère plu. Mais, après tout, sa fille était assez grande pour choisir les partenaires qu'elle désirait. Mitsuko fit alors vibrer la partie inférieure de son propre corps afin de chasser l'eau et de libérer ses jambes. Et lorsque celles-ci apparurent, la pression qu'elle exerçait sur le cou du déchu s'accentua légèrement puisque ses pieds, à l'inverse de sa queue précédemment, ne touchaient plus le sol.

La jeune femme était ainsi bloquée et un nouveau soupire se fit entendre. « Bien... maintenant, ayez l'obligeance de me poser sur le sol, doucement. Mais ne me lâchez pas, sinon nous serons obligés de recommencer depuis le début. Il faut que je puisse trouver un semblant d'équilibre. ». Elle fit une courte pause, le questionnant : « Vous pouvez faire cela au moins ? ». Elle sourit, toujours maintenue par la seule force de ses bras qui commençaient à la torturer légèrement. « Et puis, vous me direz ce que vous faites ici. Je doute que vous soyez venu pour le plaisir de me voir. ». Effectivement, cela semblait douteux.
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Eerah
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Eerah
Mer 07 Mai 2014, 00:59

Passée la « surprise », si on pouvait encore parler de surprise – il avait l’impression de croiser cette femme où qu’il aille et quoi qu’il fasse – et une fois prise la décision de l’aider comme il pouvait, Eerah se retrouvait finalement confronté à une nouvelle question existentielle. Pourquoi donc ne partait-il pas à tire d’aile ? Profiter de son état – certainement temporaire – de faiblesse pour se dénicher une grotte isolée, une tanière humide entre deux récifs coralliens au large de Sceptelinôst, un endroit où il pourrait se cacher quelques décennies et espérer qu’elle l’oublierait ? Non, ce n’était pas possible. D’abord parce qu’il n’était pas encore prêt à se priver du confort d’un bain chaud pendant plus de trois jours, et ensuite parce que de toute manière, elle le retrouverait, lui brûlerais une ou deux ailes, comme d’habitude, s’arrangerais pour briser sa perception de la vie, comme d’habitude, et comme d’habitude, il finirait par crier, baver ou peu importe, du moment que cela le discréditait complètement. Donc non. Autant s’y coller tout de suite, et éviter de lui donner plus de raisons de vouloir s’acharner sur lui. Qui sait, peut-être qu’avec ce coup de main, elle accepterait de remettre en question leur « relation » pour quelque chose de plus sain. Du moment qu’il n’avait pas à l’appeler « Belle-maman », ce serait toujours préférable. Mais même à cette pensée, il avait envie de sourire ; nul doute que cela ne changerait pas grand’chose, sinon rien.

Sa main était toujours tendue, attendait toujours que l’éthérée y prenne appui, et sa question était toujours en l’air, attendait toujours qu’elle y réponde, mais elle ne semblait disposée à ne donner suite ni à l’une, ni à l’autre. En lieu et place d’une réaction logique, le Déchu n’eut droit qu’à une phrase hors-propos. Qu’est-ce qu’il attendait ? Quelque chose de clair et de direct ? Elle s’évertuait pourtant à lui rappeler que cela n’arriverait jamais, il aurait dû finir par le comprendre. Trop concentré sur sa voix, trop occupé à essayer de relever le sens caché que ses mots pouvaient receler, il fit à peine attention au grondement de l’eau. Quelques secondes plus tard, il était frappé de plein fouet par la vague, happé tout entier sous la nappe salée. Il n’avait presque pas bougé, à peine tiqué, et quand le choc fut passé, il sentit le poids de la jeune femme peser sur son cou, sa poitrine et sa peau nue contre lui, et le contact des écailles contre sa jambe. Lentement, le Déchu rabattit la main le long de son corps, la laissant se débrouiller avec ses propres forces, et cracha doucement un gerbe d’eau de mer. Ce qu’il pouvait haïr cette femme. Ses vêtements désormais détrempés, il soupira doucement ; plus rien ne pouvait le choquer en sa présence. Que ce soit sa nouvelle apparence de Sirène, ou le fait qu’elle soit pendue nue à son cou, il fallait un moral d’acier et un esprit clair pour déterminer lequel des deux était le plus… éreintant pour son intégrité mentale. Avant qu’il n’ait pu se prononcer à ce sujet, elle le rassura rapidement et en profita pour lui faire profiter de sa capacité à s’emparer de sa propre magie. Si elle n’avait plus l’apparence ou la consistance d’une Æther, ses petits tours n’en semblaient pas trop affectés. C’était intéressant, néanmoins, de voir qu’elle avait choisi cet arcane en particulier, sachant parfaitement ce qu’il en avait fait avec sa fille.

Après s’être éclairci la gorge, et en avoir profité pour éliminer ce qu’il lui restait d’algues sur la langue, Eerah tâcha de répondre. « J’ai peur qu’il ne m’en fasse un peu plus pour heurter ma sensibilité, mais vous êtes sur la bonne voie. ». Il n’y avait plus de concession à faire, de toute manière il était quasiment persuadé qu’elle lisait ses pensées en permanence, autant assumer jusqu’au bout. En sentant la vibration se propager sur ses jambes, il comprit ce qu’elle était en train de faire ; au moins avait-elle un peu d’imagination. Rapidement, la pression sur ses épaules s’intensifia, et toujours sans la toucher, il la sentit s’accrocher désespérément à son cou pour ne pas retomber à pieds joints dans l’eau. On pouvait imaginer sans difficulté que la situation était aussi inconfortable pour l’un comme pour l’autre, et la Déesse ne tarda pas à donner ses directives, avec le ton inflexible qui lui était propre. Le Déchu résista à l’envie de lui répondre un fort et froid « Oui, madame ! », et à la place, choisi une formulation plus adoucie : « Mais avec joie. ». Il déploya largement ses ailes, puis d’un lent battement, les extraya à l’attraction terrestre pour les déposer quelques mètres plus loin, sur le sable brûlant; à l'abri d'un palmier. Toujours les bras ballants, l’aveugle se pencha en avant jusqu'à la faire toucher terre, et se redressa en reculant d’un pas, la maintenant debout le temps qu'elle s'appuie contre l'écorce de l'arbre. L’air de rien, il reprit la conversation là où elle avait cessé. « J’étais sur le point de vous poser la même question, à vrai dire. Mais qu’importe ; je suis sensé retrouver un Archange Déchu, enfin un gradé, à même de ‘valider’ une récente promotion. Rien de bien passionnant, j’en ai peur. ». Pendant qu’il parlait, il ôta son haut, et épongea rapidement sa chevelure sombre ; quitte à faire fi de la pudeur, autant se mette à l’aise. Après une courte hésitation, il pris sur lui et ajouta : « Et… Mes excuses, pour notre dernière rencontre. Je me suis emporté. ». Il lui en coutait de l’avouer, mais ses gênes Orisha l’avaient travaillé au corps pendant plusieurs jours après leur entrevue, alors qu’il songeait à tout ce qu’il lui avait vitupéré au visage. Alors que ce soit par culpabilité ou par besoin de retrouver un certain équilibre, il avait ressenti le besoin de s’excuser ; peu importe si ça avait réellement un quelconque effet sur elle, au moins il était en accord avec lui-même. Il se laissa basculer en arrière dans un soupir, pour s’asseoir dans le sable, face à l’océan. « Et vous ? Lassée de la divinité ? ».


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Mitsu
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Mitsu
Ven 09 Mai 2014, 18:12



Mitsuko tenait fermement le palmier vers lequel Eerah l'avait guidé. Elle savait parfaitement que si elle s'écroulait sur le tronc de cet arbre, elle risquait d'être blessée par ce dernier. Elle devait donc se maintenir debout sans pour autant s'écorcher les mains en serrant trop. Quoique... qu'avait-elle à perdre après tout ? Depuis combien de temps n'avait-elle eu l'occasion de voir couler son sang lentement sur sa peau lisse ? Une simple coupure, trois fois rien. Aussi, elle appuya l'un de ses doigts contre les bosses formées par le tronc, jusqu'à ce que sa peau cède à l'envahisseur. « Hum... ». Cela faisait mal mais, d'un autre côté, peut-être était-ce plaisant. La mortalité était son caprice et elle en assumait entièrement le choix. La jeune femme écoutait le déchu en même temps qu'elle regardait le liquide bordeaux glisser doucement dans le creux de sa main pour rejoindre son poignet. Elle finit par sourire, avant de demander : « Ah oui ? Je ne me rappelle pas d'un quelconque emportement de votre part. Mais, à vrai dire, la mémoire d'un Dieu est aussi illimitée que fragilisée par un trop plein insupportable d'informations. J'ai dû omettre ce détail. ». Elle tourna son regard vers lui, restant un instant silencieuse, peut-être dix secondes, peut-être plus, avant qu'un petit rire vint rompre le silence, un rire qui clamait clairement qu'elle se moquait de lui. Elle posa de nouveau son regard sur le liquide de vie avant de continuer. « Bien sûr que je m'en souviens. Et pour être honnête, je me suis jouée de vous lorsque je me suis mise à pleurer telle l'une de ces femmes agaçantes qui pensent obtenir la pitié ou les faveurs des hommes en se donnant en spectacle comme de faibles choses malheureuses. Je souhaitais juste que vous participiez au défi pour acquérir la main de ma fille et j'ai sans doute omis de vous demander votre avis quant à cela peu de temps après notre entretien. Néanmoins, vous vous êtes bien battu. ». Elle rit de nouveau. « Vous voyez, nous sommes quittes en quelque sorte. Vous me crachez votre haine au visage pour vous sentir mieux et je m'amuse de vous pour vous assurer que, quoi que vous fassiez, vous ne pouvez rivaliser. Même votre propre mort vous reste inaccessible en ma présence. Et, finalement, hormis vous retrouver dans une situation incontrôlable où vous seriez passif et résigné, il n'y a rien qui puisse s'offrir à vous en présence d'un Dieu qui aurait décidé de ne pas vous accorder un intérêt salvateur. ».

Mitsuko détacha sa deuxième main du tronc, essayant de tenir en équilibre avant de comprendre que c'était sans doute trop tôt, ses jambes tremblant doucement sous le poids de la gravité. Son regard se reporta sur le déchu, assis sur la plage. Elle sourit. « Ce n'est pas parce que vous êtes aveugle que vous devez oublier que les autres, eux, vous voient. ». Après tout, si elle n'avait que faire de la pudeur en temps normal – et aussi parce que, il fallait l'avouer, elle l'avait vu bien plus nu que ça –, il paraissait néanmoins normal de se couvrir puisqu'ils attendaient quelqu'un. D'un autre côté, elle était responsable de son état en partie. Elle inspira doucement avant de s'écarter du tronc pour marcher vers l'homme sur lequel elle faillit s'étaler, ses pieds pris d'une frénésie incontrôlable. Mais il lui suffit de poser la paume de sa main sur la tête du déchu – de façon plus ou moins violente – pour se stopper. Aussi, abandonnant l'idée de marcher normalement pour l'instant, elle tenta de s'asseoir à côté de lui au plus grand damne de ses jambes. « D'ailleurs, puisque nous attendons visiblement un invité de marque, il serait agréable que vous me donniez de quoi me couvrir. Encore une fois, vous êtes aveugle mais j'aimerai éviter de tuer votre 'rendez-vous' après un regard inapproprié sur ma personne. ». Elle sourit. « Au moins, vous ne risquez pas de mourir pour une telle raison. Vous devriez être heureux. ». Elle rit, n'ayant que faire d'un tact qui n'avait pas lieu d'être. Elle l'embêtait et s'il avait quelque chose à répondre, elle était sûre qu'il s'en ferait une joie. Après tout, ne s'exécutaient-ils pas depuis leurs retrouvailles tout en ponctuant ses actions de paroles sarcastiques ?

« Quoi qu'il en soit, oui, vous avez raison. J'étais lasse. Je préfère nettement mon état actuel, même s'il m'oblige à m'agripper à vous telle une sangsue. Vous savez, la recherche de connaissance n'est intéressante que lorsque l'on est sûr de ne point pouvoir la saisir dans son entièreté. L'interdit, le danger, c'est ce qui rend la vie excitante, vous ne trouvez pas ? A moins que vous ne soyez l'un de ces abrutis qui se complaisent dans leurs petites habitudes et qui ont peur de ce qu'ils ne connaissent et ne maîtrisent pas. Mais moi, je fais partie de ces gens qui pensent que le déroulement d'une partie d'échec est bien plus intéressant que sa finalité. ». Mitsuko ramena ses jambes contre sa poitrine tout en fixant l'océan. « Ça ne vous manque pas ? ». De voir, bien sûr, encore et toujours. Mais elle n'attendit aucune réponse, continuant simplement. « Au moins, vous avez la chance de ne point faire partie de ceux qui se laissent berner par les apparences trompeuses de ce monde. Peut-être que cette absence de vision a fait de vous un homme qui ne peut être dupé que par les Dieux. Mais à quoi bon. Le futur s'annonce sombre malheureusement, peut-être bien plus que ce que les terres du Yin et du Yang n'ont jamais connu. Pourtant, ne dit-on pas cela à chaque fois qu'une catastrophe est sur le point de se produire ? Je me demande si vous les entendez, les lamentations des vagues qui enlacent la terre. ». Quant à la rencontre avec ce mystérieux haut gradé, Mitsuko se demandait si le déchu avait dit la vérité car, à l'horizon, nulles ailes sombres n'apparaissaient.
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Eerah
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Eerah
Ven 09 Mai 2014, 23:47

Les lèvres minces du Déchus s’arquèrent en un sourire fade ; un court soupir glissa de sa bouche, alors que ses épaules s’affaissaient légèrement. Sirène ou pas, il ne lui avait pas fallu longtemps pour retrouver ses « bonnes vieilles habitudes ». Il fallait un minimum de culot pour nier ce qui s’était passé ce jour-là, dans une des innombrables pièces du manoir Taiji. Nul doute qu’elle n’avait pas oublié le moindre mot de ce qu’il avait dit, elle se jouait un peu plus de lui, comme d’habitude. Patiemment, il ne répondit rien ; n’émit pas un son. Le vent vint claquer une des feuilles du palmier, une gerbe de sable vint fouetter les tibias de l’aveugle. Il enfonça doucement ses orteils dans le sable chaud, et s’appuya sur ses bras en reculant le buste. Une relation comme celle qu’ils entretenaient était vouée à évoluer ; ça, il en était persuadé. Lui-même avait besoin de s’ajuster à cet « humour » divin, si tant est que l’on pouvait considérer ça comme de l’humour, il avait besoin de s’adapter à l’écart cyclopéen qui existait entre eux. Il l’avait surévalué par le passé, sous-estimé il n’y avait pas si longtemps, le tout était de trouver un point, un niveau de respect mutuel. Eerah n’exigeait rien d’un dieu, autant argumenter avec le vent ou l’océan – on ne pouvait même pas envisager d’allégorie suffisante pour mesurer une telle absurdité. Mais cette femme, dont il ignorait toujours le nom, cette femme était venue le voir, plus d’une fois. Elle était descendue jusqu’à lui, et d’une manière ou d’une autre, c’était bien parce qu’elle attendait qu’il lui réponde, même si cela n’avait pour finalité qu’une nouvelle moquerie condescendante. Alors, oui, peut-être que quelque part, elle avait essayé de se faire plus humaine qu’elle ne l’était, pour des raisons qui la concernait, mais dans tous les cas, il ne pouvait plus simplement s’envisager comme un cloporte priant pour être écouté. Elle l’écoutait déjà. En revanche, et c’était ce qui avait fait de leur dernière rencontre un épisode aussi brutal, il n’était pas son égal. Pas encore.

L’odeur métallique du sang se mua jusqu’à ses narines, et il pivota légèrement la tête ; au même moment, elle reprenait la parole, dans un petit rire moqueur. Oh non, non, elle n’avait rien oublié. Visiblement, elle avait pris le temps d’y penser. Attentif, il écouta et mémorisa chaque parole. Cette fois, il barricada sa mauvaise foi et son impulsivité derrière un mur de réflexion. En partant de l’hypothèse qu’elle n’avait peut-être pas pour unique but de lui rendre la vie impossible, ces mots étaient certainement destinés à lui faire comprendre quelque chose. Mais pour le moment, elle ne faisait que replacer les bases de leur conversation ; une petite mise au point, il ne pouvait pas vraiment lui en vouloir après son hystérie de la dernière fois. Il écouta le sermon sagement – tout ça, il ne l’avait pas attendue pour le comprendre, mais il ne pouvait qu’imaginer à quel point cela devait être jouissif de le rappeler au commun des mortels. Riant pour la première fois depuis qu’elle l’avait hélé un peu plus tôt, il s’enquit d’une simple remarque : « Vous avez une façon particulièrement peu engageante de décrire une conversation en votre compagnie. Moi qui n’en retenais pourtant que la douceur de votre voix et la chaleur de vos mots, vous m’en voyez chagriné. ». Dans son dos, il entendis les bruits de pas dans le sable, et au moment où sa main vint se poser lourdement sur sa tête, il s’imagina une seconde traversé de part en part par un quelconque maléfice. Mais rien ne vint. Au moins ne pouvait-on pas lui reprocher de manquer de second degré. Gardant le dos bien droit, il l’aida à s’asseoir à ses côtés, en prenant garde de laisser une longueur de bras entre eux. Il aurait voulu lui dire qu’elle n’avait pas tort, à propos de son rendez-vous, malheureusement, il commençait à désespérer d’entendre l’Archange arriver. Il fit part de ses doutes à l’ex-Déesse, tout en songeant à une façon de l’habiller. « Un invité de marque… J’ai peur que vous ne trouviez pas – ou plus – ce genre de personne en Avalon. La reine se terre, ses sujets n’en font plus qu’à leur tête. L’homme que je suis sensé rencontrer aurait dû être là pour m’attendre, et comme vous pouvez vous en rendre compte… Passons. ». En posant la main sur son propre vêtement détrempé, il écarta la possibilité de lui donner ; autant lui demander de tomber malade tout de suite – maintenant qu’elle pouvait l’être, mieux valait ne pas prendre de risque. Il tenta vainement de masquer un sourire mesquin, avant d’ajouter : « Considérez que c’est un cadeau. ». D’un mouvement de la main, il fit apparaitre – directement le long des courbes de son corps – un corset en dentelle sombre, accompagné des sous-vêtements et des bas accordés. Le tout ne représentait qu’une quantité infime de tissu, à peine de quoi couvrir ses parties intimes, mais elle allait devoir s’en contenter, c’était tout ce qu’il pouvait faire pour elle.

Il haussa les sourcils à sa remarque. « Vous avez besoin d’une raison pour me faire mourir ? ». Oui, il provoquait encore, mais cette fois en ayant pleine conscience des limites à ne pas franchir ; tout ceci n’était finalement qu’un jeu, et le côté dangereux de celui-ci ne prenait de sens que lorsqu’il s’arrêtait. Il avait appris à différencier ses piques d’une vraie conversation, et ne manqua pas le changement de ton qui s’opéra dans sa voix lorsqu’elle poursuivit. Au fur et à mesure qu’elle parlait, qu’elle se confiait, Eerah resserrait ses doigts dans le sable. Pour la première fois, la première et unique fois, ils semblaient enfin être en accord total sur quelque chose. Mot pour mot, elle retranscrivait ses propres pensées ; alors qu’il hochait doucement la tête. Non, il voyait les choses de la même façon. Peu importe l’issue d’une bataille, seuls les hommes, la stratégie, tout ce qui pouvait mener à la victoire, seul tout ça importait. Mais là était bien le problème. Elle lui avait confié une fois que tout la partie, sa partie, était déjà déterminée à l’avance. À quoi bon jouer ? Il avait affaire à un adversaire qui, non content de prévoir tous ses mouvements, l’obligeait également à les effectuer. Et tout jeu perdait de sa saveur à l’instant où l’on passait d’acteur à spectateur.

D’un geste de la main, il balaya sa question. Non, ça ne lui manquait pas. Jamais. Il avait dépassé ce stade depuis bien longtemps, et elle n’y était pas pour rien. Le monde n’avait de beauté que celle qu’on voulait bien lui accordé, et Eerah trouvait de la beauté dans le chant de la pluie, il trouvait de la beauté dans l’odeur du bois. « Qu’est-ce que c’est, sinon un amas de couleur éparses ? Vous voyez un océan ? J’entends un millier de vagues. Vous voyez un ciel ? Je ressens un millier d’Alizées. ». Non, contrairement à ce que nombre semblaient penser, il n’était pas si mal loti que ça. Comme un rivière interrompue dans son lit, lui avait trouvé un autre versant où couler, et ce qui n’était destiné qu’à rester ruisseau s’était mu en torrent.

La Déesse avait cessé de rire désormais, continuant d’un ton atone. Surement un reste de sa condition divine, l’art qu’elle avait d’énoncer de sombres faits avec un air si détaché troublait quelque peu le Déchu. Elle savait des choses, des choses que lui n’était surement pas prêt à entendre, et qu’il mourrait pourtant d’Envie d’entendre. Désormais tourné vers elle, il la fixa un instant de ses yeux vides, avant de pivoter vers la mer. Les lamentations des vagues… « Pourquoi pensez-vous que ce monde se préoccupe de nous ? L’eau ne pleure pas les morts, la terre ne chante pas les exploits des héros. L’eau est, et la terre est, c’est tout. Ce monde n’a que faire de nos guerres ; il était là avant, il sera là après. ». Sa phrase résonnait encore dans l’air lorsque, surpassant le fracas des embruns, le chant lointain d’un cétacé lui parvint, triste, morne. Et si elle avait raison ? Si le monde avait peur, souffrait, comme lui avait peur, comme lui souffrait ? Face à une question dont il ne voulait pas connaitre la réponse, il changea rapidement de sujet, tenta d’effacer l’hypothèse de son esprit. « Mais peu importe. Ça ne vous manque pas, vous ? ». Ici aussi, c’était évident, il évoquait la divinité, l’omniscience et tout ce qui l’accompagnait. Comment pouvait-on vivre après avoir gouté à ce fruit défendu ? Autant priver un enfant de tous ses jouets après lui avoir tout donné.

Le soleil donnait à présent de toute sa chaleur, Eerah se laissa chuter en arrière, s’allongea dans le sable. La situation en elle-même était à la fois risible et affreuse. Il était à quelques centimètres de ce qui devait être ce qui se rapprochait le plus d’un être divin, et il était incapable de la voir, quand des milliers d’hommes auraient vendus âme pour l’approcher. Et cet Archange qui n’arrivait pas… Sa journée était des plus étranges. Comme s’adressant au ciel, il demanda tout haut : « Qu’allez-vous faire maintenant ? Trouver un travail, reprendre une vie ? Qu’est-ce que vous pouvez faire ? ». Car après tout, il n’avait jamais envisagé le rôle de Dieu comme quelque chose de fini. Pouvait-on seulement parler d’un après-divinité ?


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Mitsu
Sam 10 Mai 2014, 01:21



Un amas de couleurs éparses, quelle définition étrange. Il l'intriguait à se contenter uniquement de ce que son ouïe lui offrait. Bien sûr, entendre, écouter, était une chose qu'elle aimait particulièrement. La musique avait le don de lui rendre toutes les émotions qu'elle s'évertuait à cacher chaque jour. Elle ne pouvait résister à son appel, à la beauté que certains Hommes pouvaient façonner rien qu'en soufflant dans un instrument, en faisant vibrer une corde. Et, à présent que les cris de ses fidèles ne raisonnaient plus dans son esprit, elle pouvait de nouveau « contempler » le calme, « entendre » le monde. Mais se passer de la vue, comment pourrait-elle ? La beauté d'une scène que l'on observe n'avait nulle autre égale. Les émotions tirant les traits des Hommes étaient des indicateurs précieux pour les manipulateurs de son espèce. Bien sûr, il n'y avait pas que cela, d'autres merveilles pouvaient apparaître, comme le reflet de sa silhouette dans les yeux d'un être, comme cette lueur magnifique qui reflétait l'émotion la plus honnête d'un individu perdu dans sa contemplation. Combien de fois avait-elle été éblouie par ce qu'elle voyait ? Combien de fois le monde lui avait apporté ce sentiment puissant de n'être qu'une infime particule devant sa grandeur ? Combien de fois le monde lui avait apporté ce sentiment étrange de faire pourtant partie de ce tout inébranlable ? Il y avait tellement de choses à voir, tellement de chose à admirer, à ressentir, qu'elle ne pouvait envisager un seul instant de perdre ce sens si précieux. Mais lui, il « voyait » autre chose. Leurs mondes étaient différents et pourtant si proches. Mitsuko se laissa tomber doucement au côté d'Eerah, son regard perdu dans le ciel. « Pourtant, il me semble qu'il y avait un millier de vagues et un millier d'alizés dans votre regard, lorsque vous m'avez vu pour la première fois après de longues années plongé dans l'obscurité. ». Elle sourit avant de murmurer, changeant de sujet. « Et ne vous inquiétez pas, avec ce 'magnifique cadeau' que vous m'avez fait, j'ai toutes les raisons du monde de vous tuer. ». Elle se demanda un instant si elle était vouée à se retrouver nue à chaque fois qu'elle se rendait sur une plage, puis habillée ensuite de la plus étrange des façons. Elle se souvenait de l'état dans lequel avait fini sa robe de mariée alors que son mari, sans respect pour ses volontés, avait décidé de consommer leur mariage. Elle avait fui, trouvant refuge dans les profondeurs de l'océan jusqu'à ce qu'elle n'en ressorte pour rencontrer Naram qui l'avait vêtu d'une robe de pétales façonnée d'une magie bienfaitrice, bienfaitrice comme les mots qu'il lui avait susurré. Elle l'avait oublié, à l'époque, mais, à présent, tout était différent et sa disparition ne faisait que creuser davantage sa culpabilité. Mais lui, Eerah, suivait le même chemin. Elle avait plongé dans les vagues pour en ressortir démunie et il avait confectionné pour elle un tissu destiné à la cacher des yeux du monde, à protéger son intégrité d'une certaine façon, même s'il n'en avait sans doute pas conscience. Certes, il ne s'agissait pas de la même poésie mais, après tout, sans doute les déchus étaient-ils plus portés sur les corsets alors que les génies préféraient les fleurs ? Elle sourit, amusée.

Sentir le soleil sur sa peau lui semblait à cet instant ne point avoir de prix. C'était étrange, comme lorsqu'elle avait décidé de devenir Ombre, sachant très bien que le monde deviendrait fade et insipide. Mais ne devait-on pas mourir pour comprendre le prix de la vie ? Ombre, Aether et, à présent Ondine, avec cette faculté de ressentir la chaleur de la façon la plus plaisante qui soit, cette faculté de souffrir et de saigner. Elle releva sa main vers son visage, le sang qui avait coulé jadis n'étant plus qu'un torrent asséché, comme ce monde le serait sans doute dans un futur proche. Mitsuko tourna la tête vers Eerah, le contemplant un instant avant de répondre à ses interrogations. « Vous savez, je n'ai renoncé à la divinité qu'en partie. Je reste divine dans mes lieux de culte et dans mon monde. ». Elle marqua une pause avant d'ajouter. « Je vous y emmènerai un jour si vous êtes sage. ». Elle rit, reprenant son sérieux tout en posant ses mains dans le sable chaud qu'elle s'amusa à caresser lentement. « Avant, je partageais mon temps entre mon statut de bibliothécaire et mon statut de scientifique mais je faisais cela uniquement pour le plaisir. Je fais partie de ces femmes sans mérite qui descendent d'une lignée où l'argent coule à flot et semble inépuisable quoi que ceux qui le possèdent fassent. Alors, je dois vous avouer que mes plans ne concernent nullement un quelconque métier. Je souhaite simplement... prendre part. C'est quelque chose qui me manque et ce depuis le jour où j'ai décidé de devenir une ombre. La neutralité de l'esprit de la mort, l'interdiction d'intervention du rang d'Aether. Toutes ces choses m'ennuient. J'aime agir, j'aime créer ce monde, le façonner en manipulant ses acteurs. Placer les souverains que je désire sur leur trône, aider les peuples à se soulever pour prendre ce qui leur revient de droit, déchoir les rois qui ne me conviennent pas. Alors c'est ce que je compte faire, de nouveau. ». Elle rit. « Peut-être me trouvez-vous orgueilleuse mais après tout, si vous ne vouliez pas entendre mes mots, il ne fallait pas poser de questions. ».

Mitsuko finit par se tourner sur le côté, appuyant sa tête sur la paume de sa main en fixant Eerah. « Je n'ai pas envie de briser vos croyances concernant ce monde. De ce fait, j'aimerai plutôt vous entendre développer votre propos concernant les déchus et Avalon. Vous me semblez... exaspéré par ce qu'il se passe dans la cité de votre race. Comme vous avez dû le comprendre, ce genre d'histoires m'intéressent, tout comme vos propres projets. Après tout, nous nous sommes connus alors que vous n'étiez rien. Néanmoins, je savais déjà, à l'époque, que vous ne resteriez pas dans un tel état. Et nous voilà, aujourd'hui, sur cette plage à attendre un Archange qui doit confirmer votre promotion. Je trouve cela amusant, pas vous ? Alors, Eerah, il est bien beau de critiquer, mais avez vous une idée pour palier les lacunes de la royauté ? ». Après tout, les hommes passaient leur temps à critiquer les choses établies, mais la critique était facile lorsque l'on ne risquait pas de l'être, critiqué. Mitsuko était donc curieuse, un gros défaut qui la suivait à chaque seconde, de connaître les aspirations du déchu.  
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Eerah
Æther des Bergers et des Wëltpuffs

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Eerah
Sam 10 Mai 2014, 13:58

La joue du Déchu fut agitée d’un tic nerveux. Ce n’était pas bon ; il avait passé des années à s’enfermer dans un carcan de certitudes, à se persuader lui-même que la vue n’était qu’une autre émotion superflue, uniquement à même de fausser sa perception de la vraie nature des choses. Il ne la laisserait pas mettre à bas un autre pilier de son existence, d’autant plus qu’elle était celle qui en était à l’origine. Il était heureux aveugle, comme il était heureux Déchu, et comme il était heureux seul. Du moins, il fallait qu’il soit heureux. D’une façon ou d’une autre, il lui fut reconnaissant lorsqu’elle changea rapidement de sujet – autant éviter de remuer le couteau dans la plaie. Remisant ses interrogations dans une pièce sombre de son esprit, il sourit largement. Son petit présent avait fait son effet, et il n’avait pas besoin de voir pour imaginer ce que l’ensemble pouvait donner ; elle avait la même morphologie qu’Erza, à quelques détails près. « Je me sentait un peu mal pour vous ; de perdre votre statut divin. Alors j’ai donné une nouvelle raison aux hommes de vous vénérer, ne m’en voulez pas. ». Un rire satisfait plaqué sur le visage, Eerah remonta une de ses mains sous sa tête. Il n’était pas particulièrement fier de cette magie, et s’il en avait eu l’occasion, il aurait certainement trouvé mieux pour la vêtir, mais il n’était pas Déchu pour rien.

Apprendre qu’elle n’avait pas réellement renoncé à la divinité n’avait rien de surprenant. Non, on ne pouvait pas vraiment arrêter d’être un Dieu. C’était bien le problème, à bien des égards, s’engager sur cette voie avait tout d’un cul-de-sac, si bien décoré et attractif fut-il. Ce qui, en revanche, était bien plus étonnant, c’était la proposition qui avait directement suivi la déclaration ; visiter son monde ? Pourrait-il seulement y accéder ? En l’entendant rire, il douta que la promesse fut à prendre au sérieux. Peu importe. Il ne perdait jamais de vue son objectif, un jour, lui aussi siègerait parmi les grands. Sans un mot, il l’écouta de bout en bout, commençant un peu mieux à entrevoir quel genre de femme elle était réellement. À vrai dire, il ne l’avait jamais imaginé travailler, ou se salir les mains d’une quelconque façon ; agir de l’ombre semblait sa façon de profiter de la « vie », et après tout pourquoi pas. Cela devait être tellement simple, lorsqu’on était dieu ; peut-être qu’elle recherchait seulement un peu de challenge. En l’entendant raconter son passé d’Ombre, il se figea un instant. Un jour, quelque part, peut-être des années, des siècles avant sa naissance, cette femme s’était suicidée. Un jour, elle avait été aussi faible que lui. Peut-être qu’il finirait comme elle. Indestructible, sûr de lui.

Orgueilleuse, oui, elle l’était. Mais n’avait-elle pas raison de l’être ? Tous ces rois, ces guerres et ces complots devaient lui paraitre si risibles. Tout devait paraitre fait de carton-pâte lorsqu’on avait eu accès à la Vérité. C’est pourquoi il hésita un instant quand vint s’enquérir de ses projets. Que pourrait-elle en penser, sinon rire de son ambition démesurée, de ses plans utopiques ? Ça n’avait pas une grande importance, mais maintenant qu’elle semblait le respecter un peu plus, maintenant qu’elle ne posait plus sur lui ce regard condescendant, il n’avait pas envie de retomber plus bas dans son « estime ». Pendant quelques secondes, il demeura muet. Puis il se redressa, s’assit de nouveau, croisa les jambes. « Mes projets… Mes projets n’ont jamais évolué ; les Déchus m’ont accueilli, mon aidé et ont façonné ma vie pour faire de moi celui que je suis aujourd’hui. Vous l’avez dit vous-même, j’ai grandi, j’ai changé. Pour tout cela, je n’ai toujours eu pour but que d’aider les Ailes-Noires. Mais pour la première fois, il m’a fallu comprendre que l’ennemi n’était pas derrière nos murs. Il m’a toujours été simple de trouver un coupable, jusqu’ici. Les Anges, les maraudeurs, la fatalité, le destin. Tous sont faciles à blâmer, à insulter. À tuer. Et j’ai tué. ». De ses lèvres s’échappa un rire sans joie. « Puis j’ai muri. Je me suis rendu compte que les choses n’étaient pas aussi simples, aussi évidentes qu’elles ne voulaient bien le laisser paraitre. Et… Bref, j’ai fini par m’interroger sur ce que nous étions, ce que les Déchus étaient, vers quoi ils allaient. Avez-vous déjà eu ce sentiment ; vous êtes face au champ de bataille, en première ligne, persuadé que derrière vous se tient une armée d’or et de platine, rayonnant de vérité, de liberté. La seule chose qui se dresse entre vous et un chemin pavé de lumière, c’est le monde. Puis vous décidez de vous retourner. Et là, pas d’or, pas d’argent. Un peuple mort, gangréné jusqu’à la racine, des êtres décadents, la risée du monde connu. ». La constatation n’était pas simple à faire, encore moins à prononcer. « Les Déchus ont failli. Nous ne sommes plus que des païens, des parias menés par des statues d’ivoire, muettes et aveugles. La reine se croit au-dessus de nos lois, elle pense qu’Avalon lui appartient. Savez-vous… ». Une boule de rage se forma dans sa gorge. « Cette… Femme… Non contente d’avoir chevauché plus de la moitié des hommes valides de son peuple, est allée forniquer chez les sorciers, elle est même devenue l’une des leurs ! Après quoi, trahie une fois de plus par une nouvelle queue, elle est revenue se réfugier, assurée que tout le monde l’attendrais avec impatience. Comment pouvons-nous prétendre défendre nos droits, notre liberté d’être en tant que Déchus, si nous somme menés par une put*i* en dentelle ? ». Eerah marqua une pause, pris le temps de se calmer. « Mais le problème n’est pas là. Pas seulement. S’il suffisait de se débarrasser d’elle pour avancer, il y a bien longtemps que je m’en serais occupé, au prix de ma vie s’il l’avait fallu. Mais le problème n’est pas là. Le problème vient de cette ville. Les racines de la putréfaction ont planté leurs crocs dans les ruelles d’Avalon. Vous me demandez ce que je veux pour les Déchus ? ». L’aveugle inspira doucement, attrapa une poignée de sable et la laissa filer entre ses doigts. « Je veux le trône. Je veux le pouvoir. Je veux éradiquer la vermine, purifier nos rangs de la corruption et de l’aphasie. Je veux détruire cette ville, rebâtir une Avalon fière, une Avalon que tous regarderont pour sa magnificence, que tous envieront. Je veux arracher ce peuple, mon peuple, à une mort certaine. Je veux redéfinir les bases de notre civilisation, abroger les anciennes lois et refondre notre voie. Je veux brûler les bordels, construire des temples en honneur des plaisirs, je veux réduire en cendre les bastions de l’aristocratie et offrir à mon peuple ce qu’il mérite, un roi avisé, un roi concerné, un roi mérité par son peuple, un roi qui mérite son peuple. Et je veux être ce roi. ».


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Dim 11 Mai 2014, 13:24





Mitsuko écoutait Eerah, ses yeux fixant toujours le ciel, la brise marine caressant sa peau. Elle semblait perdue dans ses pensées, sans doute à des siècles de ce présent, mais contrairement aux apparences, elle ne cessait d'entendre ce qu'il disait, incorporant même dans ses mots plus de sens, son propre sens. Après un silence, elle se redressa pour s'asseoir de nouveau à côté de lui au prix d'un effort qu'elle jugea immense. Son regard rivé vers l'océan, sa voix se fit murmure et elle lui répondit comme elle avait l'habitude de le faire, de manière sans doute quelque peu décalée du sujet principal. « Malheureusement, il semble qu'il soit de plus en plus difficile de trouver de véritables souverains. J'entends par là des êtres capables de rallier leurs sujets, des êtres concernés par la politique et ses dérivés, des êtres qui ne se laissent pas vivre dans leur palais à attendre que le temps passe. Hormis de grands bouleversements, le monde est devenu trop calme, trop fade. L'élan patriotique s'éteint et, finalement, qui peut encore clamer être prêt à se sacrifier pour son souverain, pour son peuple entier, qui peut encore se pâmer d'avoir envie de faire changer les choses ? Les rois incompétents, de par leurs absences ou leurs actes, forment les peuples idiots et passifs. ». Elle prit un peu de sable dans l'une de ses mains, remontant cette dernière devant son visage pour laisser glisser les fines particules qui s'envolèrent sous la force du vent. « J'ai la nette impression que plus personne n'est prêt à se battre pour ses idéaux. Vous savez, j'ai étudié très longtemps les particularités de chaque race et pour moi, d'après ce que l'histoire m'a appris, il est inadmissible que les démons restent sagement au cœur de leur Enfer par exemple. Que devient l'équilibre si les races maléfiques décident soudainement de devenir pacifiques ? Que devient l'équilibre si les races bénéfiques ne forment que des naïfs stupides qui n'ont plus aucune notion de ce qu'est le bien ? ». Elle sourit, tournant son regard vers Eerah. « Vous savez, je ne peux pas prétendre avoir été une reine particulièrement parfaite. Néanmoins, en ce qui concerne mon titre d'impératrice de la nuit, je peux me vanter de m'être battue pour mes idéaux, d'avoir choisi de rallier les clans vampiriques et d'avoir essayé de tirer les miens vers le haut alors qu'ils n'étaient plus que les ombre d'eux mêmes... de vulgaire tueurs de rats sans aucune prestance. En ce qui concerne mon titre d'Esprit de la mort, j'ai tenu le pari de la neutralité, mais si j'ai souhaité devenir Ombre, c'était uniquement pour comprendre les rouages du cycle de la vie. Et si de tous les souverains qui ont régné de mon temps je devais saluer la prestation de certains, alors mon dévouement se porterait sur les Empereurs Noirs. Oh bien sûr, le monde a essuyé énormément de pertes et de dégâts, mais il est du rôle du roi des Sorciers de chercher à semer le chaos. ». Son sourire devint triste, la jeune femme n'ayant aucune raison de maquiller ses traits devant un homme aveugle. « Croyez-moi, j'ai peur pour l'avenir de ce monde. ».

Mitsuko jouait avec l'eau de l'océan, la faisant doucement se détacher de son lit pour l'amener à s'élever, à prendre l'apparence de formes abstraites qu'elle s'amusait à changer, l'eau devenant tel un dragon élémentaire, prêt à détruire pour mieux reconstruire. Eerah ne pouvait pas le voir mais cette illustration était sans doute parfaite pour accompagner ses dires. « L'ennemi n'est pas toujours où nous pensons le trouver, comme vous le relevez si justement. Nous regardons toujours vers l'extérieur mais la gangrène s'étend parfois derrière nous, dans notre propre maison. Et quand nous nous en rendons compte, et utile est de préciser que peu en sont capables, il n'y a sans doute rien de pire. J'entends ce que vous dîtes et je l'approuve. Vous êtes un homme intelligent, qui possède la décence de ne point critiquer sans apporter le changement. Car toute rupture mérite continuité et je suis prête à vous aider pour la réalisation de ces deux essentiels. » Elle marque une courte pause, un sourire apparaissant sur son visage. « Du moins, tant que vous ne m'obligerez pas à porter de nouveau ce type d'accoutrement. ». Elle rit avant de reprendre son sérieux. « Cependant, et je pense que vous en avez conscience, vous marchez sur un sentier glissant. Il vous faudra faire preuve de tactique si vous souhaitez obtenir ce que vous voulez. Il vous faudra des alliés puissants qui porteront vos idéaux à vos côtés, qui vous protégeront, et non uniquement des déchus. Briser la passivité requiert d'acculer car tant que les êtres ont à perdre, ils ne sont guère facilement aptes à accepter le changement. Mais, ensembles, si vous voulez de mon aide, nous arriverons à soulever les foules et à rendre au peuple des déchus toute sa grandeur. ». Le vent souffla doucement. « Néanmoins, j'ose espérer avoir une place dans cette nouvelle Avalon qui n'est encore qu'un rêve, en tant que femme bien sûr, mais également en tant que divinité. ». Un lieu de culte, quelque part, n'était pas tant demander, ni même des appartements où vivre. Mitsuko relâcha son contrôle sur les formes d'eau qui tombèrent dans un bruit tonitruant, rejoignant leur père, l'océan. Et sa voix perdue dans le son, sachant pourtant très bien qu'il pourrait l'entendre, elle murmura. « Je m'appelle Mitsuko Taiji Stark. ».
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Eerah
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Eerah
Lun 12 Mai 2014, 01:22

De tout ce que la Déesse pouvait dire, il ne manquait pas un mot. Bien que dos à elle, il n’était concentré sur rien d’autre que le son de sa voix, sentait à peine le soleil décliner dans le ciel, et la mer se retirer lentement. Les mots de la jeune femme faisaient sens, et venaient compléter les siens, les achever. Lui qui pensait se vanter d’être suffisamment avisé pour voir au-delà des apparences, il était content de trouver l’Aether de son avis. Oui, les vrais souverains se faisaient rares. Qu’est-ce qui, au final, pouvait le pousser à croire qu’il ferait partie de ceux-là ? La remise en question était amère, mais nécessaire, car après tout, qu’imaginait-il ? Qu’une fois le trône entre ces mains, le reste se ferait de lui-même ? Non. Il allait avoir à rebâtir une civilisation, à fondre de nouvelles base, à modeler de nouveaux principes. Eerah ne se faisait aucune illusions quant à sa légitimité à la tête des Déchus – il n’en avait aucune. En état, absolument rien ne lui permettrais ne serais-ce que de se faire écouter, alors à quoi bon faire des plans sur la comète ? Ce qu’il lui fallait, c’était de quoi être respecté, reconnu comme étant un meilleur parti pour son peuple. Quand ceux qui étaient sensé lui donner sa promotion ne prenait même pas la peine de se présenter au rendez-vous, il ne risquait pas de grimper les échelons.

Sans perdre un mot de ce que disait la Sirène à ses côtés, il prenait petit à petit conscience de l’ampleur de la tâche, et de la candeur avec laquelle il lui avait exposé son projet. Il n’avait pas de revenus illimités, comme elle, il n’avait pas d’armée derrière lui, il n’avait pas la puissance d’un dieu. Et il s’attaquait à l’élite d’une nation toute entière. De bien des points de vue, il ne semblait pas en position de proférer une quelconque menace à l’encontre du gouvernement de la Messie des Ténèbres. Mais le problème ici n’était pas de savoir s’il pouvait le faire ; car il devait le faire. Tout ce qu’était en train de lui décrire son interlocutrice ne pouvait qu’aller dans son sens. Leur maison était gangrénée, et c’était de son devoir de tout faire pour essayer de la libérer de cette léthargie. Lorsqu’elle lui annonça qu’elle était prête à le soutenir, il stoppa net ses pensées décousues, et tourna vers elle son regard d’ivoire. Même lorsqu’elle rit, amusée, il ne put penser à autre chose que ce qu’elle venait de dire. Une Aether, une créature divine, prête à l’aider dans cette folle mission qu’il s’était lancée. Cela semblait impossible, et ça l’était probablement. Pris d’un rire nerveux, il secoua doucement la tête, traça du plat de la main un cercle dans le sable. Bien sûr, qu’il accepterait son aide. L’imaginait-elle assez orgueilleux pour lui dire non ? Le murmure du ressac cessa un instant, alors que ses derniers mots tombaient, avant de reprendre en une déflagration d’écume et d’embruns. Pourtant, alors même que le vacarme emplissait la plage, Eerah les entendis distinctement, les mots qu’il avait attendu si longtemps.

Un sourire se traça sur son visage. Combien de fois l’avait-il rencontré, lui avait-il parlé, sans avoir la moindre idée de son nom ? Mitsuko Taiji Stark. Comme les Taiji du manoir éponyme, les Starks de Bouton d’or ? Effectivement, sa réputation n’était plus à faire, et nul doute qu’elle pourrait trouver de quoi vivre comme une reine. Un autre rire, et le Déchu effaça la fresque qu’il avait commencé à tracer du bout du doigt. « Eerah Scaldes, enchanté. ». Réajustant sa position pour se tourner vers l’Aether, il poursuivit sans attendre. « Vous savez qu’une place vous y est d’ores et déjà attribué, je ne suis pas fou au point de refuser une main tendue, quand bien même ce fut la vôtre. Vous me comprenez, Mitsuko, c’est une chose que je n’ai pas si souvent la chance d’expérimenter. Aidez-moi à faire de ce rêve une réalité, et c’est avec joie que je vous accueillerais dans ma cité. ». Un nuage passa devant le soleil, rafraichissant un instant l’air sur leur peau. « Mais vous avez raison. Seul, je ne peux rien faire. Et si puissante que vous puissiez être, un homme aidé des Dieux n’a pas plus de légitimité qu’un autre. Je dois réussir à convaincre le reste du monde de ma valeur. Je commencerais par les Orishas. Leur roi m’a déjà assuré de sa sympathie et de son soutien, peut-être est-il temps de le lui rappeler. Après ça… ». Un seconde de silence passa, et Eerah inspira doucement. Il y avait tellement de choses à faire. Une fois de plus, il s’appuya en arrière, main enfoncées dans le sable. « Après ça, j’imagine qu’il me faudra contacter les autres chefs de race. Pensez-vous qu’il y a la moindre chance que l’on m’écoute ? Je ne suis rien, pas plus qu’un nom sur un parchemin. Personne ne me connait, je ne descends d’aucun roi, ni d’aucune divinité ; je n’ai pas eu la chance de naitre dans une famille de haute-lignée. Que valent toutes les stratégies du monde face à la puissance d’un nom ? Vous avez mis tant de temps à me confier le vôtre, et à raison. Le mien n’évoque rien, pas plus qu’un vague souvenir. ». Bouche pincée, il laissa passer un nouvel instant, avant de reprendre. « La reine, Aya, la connaissez-vous ? ». Peut-être pourrait-il en apprendre un peu plus sur cette femme à qui il allait tout ôter.


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Mitsu
Mer 14 Mai 2014, 21:03



Un sourire apparut sur les lèvres de Mitsuko. Elle fixait Eerah, l'écoutant parler. De loin, peut-être auraient-ils paru être de bons amis profitant des dernières lueurs du soleil de la journée. Mais, après tout, pour prétendre au titre « d'ami » de la jeune femme, il valait mieux lui parler de politique, de complots et de science que de lui raconter sa petite vie insignifiante. Et, alors qu'elle ouvrit la bouche pour parler, dans ses yeux semblait naître la magie qui enveloppait ceux qui un jour avaient été souverains, une magie de puissance, une magie écrasante, une magie de prestance à laquelle l'on ne pouvait rien refuser. Mitsuko était un livre, elle avait vu beaucoup plus d'Hommes monter sur un trône et de rois déchus que beaucoup d'individus de ces terres et le temps lui avait appris bien des choses. « Vous ne pourrez savoir si l'on vous écoutera avant d'avoir parlé, Eerah. La formulation de vos mots sera importante mais, croyez-moi, je crois en votre capacité à délier les esprits atteints d'idiotie de leurs chaînes. ». Elle sourit. « Vous savez, je suis mariée à un homme qui, de tout temps, a préféré utiliser la force pour se faire respecter. Bien sûr, son peuple le considère aujourd'hui comme un Dieu mais quel mérite y a-t-il à prendre un trône en détruisant tout sur son passage ? Le mérite des mots est bien plus grand en mon sens, car les mots possèdent un pouvoir que la force n'a pas. Chaque mot prononcé avec une conviction qui dépasse l'imagination marque les esprits bien plus qu'un coup porté sur une table avec le poing. La force entraîne la peur et l'admiration mais la parole entraîne la réflexion. Je suis certaine que vous ne voulez pas être le roi de moutons écervelés. Faites de votre peuple un peuple de science, un peuple libre de penser, un peuple éclairé qui vous suivra car il aura foi en vous. Et, quand votre peuple sera convaincu à la fois par vos mots et par leur appui en actes, alors, ensembles, vous pourrez construire de grandes choses. ». Mitsuko laissa un silence s'esquisser avant qu'un petit rire ne sorte de ses lèvres. « Quant aux souverains, croyez-moi, beaucoup risquent de vous appuyer. Les uns auront vécu la bataille des anges et des déchus, haïssant la présente reine, les autres vous vénéreront pour apporter un peu de piquant à la scène politique. Mais quelle que soit leur position et leurs raisons, sachez que faire partie des hautes sphères est un jeu dangereux. ». Elle sourit. « Mais il me semble que vous excellez à jouer au chat et à la souris. A croire que toutes les femmes de ma famille ont souhaité porter leur dévolu sur vous pour entamer une partie de ce jeu. Vous êtes habile, mais j'ai tout de même hâte de vous voir plonger parmi ces Grands qui n'ont, pour la plupart, de grandeur que leur titre. Individuellement, ils semblent dignes mais une fois mis les uns avec les autres, leurs assemblées ressemblent plus à un tableau grotesque d'enfants se disputant une sucette qu'aux fiers portraits que l'on dresse à leur gloire. ».

Mitsuko reporta son attention sur le déchu avant de s'approcher de lui pour lui chuchoter à l'oreille. « Croyez moi, si j'ai pu m'asseoir sur deux trônes, c'est avant tout pour ma faculté à savoir poser mes pions correctement que pour la douce sonorité de mon nom. A vrai dire, je ne l'ai jamais utilisé pour arriver à mes fins. ». Un petit sourire se dessina sur ses traits alors qu'elle reprenait une position bien plus conventionnelle. « J'ai tué le roi des vampires en l'étranglant après qu'il ait tenté d'abuser de moi. Une fois cela fait, j'ai usurpé son identité pour régner sur la race, seuls les vampires les plus hauts gradés étant au courant de la supercherie. Je n'ai avoué mes actes au peuple de la nuit qu'une fois devenue ombre. Quant au trône des ombres, je l'ai acquis la nuit même où je me suis suicidée, invoquant l'esprit de la mort en haut du rocher au clair de lune avant de me jeter dans le vide avec lui. La mort était inévitable mais le plus difficile dans ce saut a été de me battre d'esprit à esprit avec le souverain. Une fois en bas, j'étais ombre, seule et couronnée, lui n'était plus qu'un souvenir éparpillé au grès du vent. L'Esprit de la mort se doit d'être discret et j'ai toujours pris cette apparence effrayante faite d'ombres pour mes sorties publiques. Les traditions se perdent aujourd'hui mais elles me sont, et me resteront, chères. ». Elle prit du sable dans la paume d'une de ses mains. « Vous voyez, les grands noms ne servent pas toujours. En fait, je pense qu'ils ne servent qu'à ceux qui n'ont qu'eux pour tenter de prouver leur valeur. ». Elle souffla dessus, celui-ci s'envolant un peu plus loin.

« Quant à Aya je ne vous cacherai pas la connaître. Je l'ai sauvé au nom de notre passé commun lorsqu'elle a souhaité s'élever en tant qu'Aether et que la défaite s'est imposée à elle. Cette femme n'est sans doute pas aussi vile que vous la décrivez mais ses sentiments semblent bien plus problématiques pour elle que son péché lui-même. Les hommes qu'elle a choisi pour se tenir à ses côtés, ces hommes qui l'ont bien trop influencé, ont tous disparu mystérieusement, affectant par là même son cœur et son esprit. Eta Koal, Valkan Kin Shakor, ils n'auront été pour elle qu'une gangrène de la même sorte que celle qui dévaste Avalon. Mais cela ne l'excuse pas, une reine doit savoir faire la part des choses entre ses décisions de souveraine et les élans de son cœur. De même, revenir si vite sur la scène politique déchue après avoir souhaité régner sur les sorciers n'est pas l'acte le plus intelligent qui soit. Les déchus sont en droit de se poser des questions quant à sa sincérité et ses prises de décision. Mais, après tout, cela arrange vos affaires. Nos affaires. ». Elle sourit avant de poser sa main sur son bras. « A présent, j'aimerai que vous m'aidiez à me lever encore une fois et que vous m'accompagnez quelque part où je pourrai m'accommoder de mon état de mortelle en toute sécurité. Où vous le voudrez du moment que l'endroit sera aussi loin du Manoir Taiji que des terres réprouvées. ».
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Eerah
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Eerah
Jeu 15 Mai 2014, 01:48

Ils n’avaient jamais parlé comme ça ; pas aussi sérieusement, jamais sans prêter autant d’attention l’un à l’autre. D’ordinaire – si les quelques rencontres qui les avaient rassemblé pouvaient être qualifiées d’ordinaire – le Déchu restait sur ses gardes, cherchait la métaphore où le sarcasme dans chacun de ses mots. Quant à elle, elle n’avait jamais semblé donner d’importance à ses mots, il aurait pu parler des heures sans jamais avoir l’impression qu’elle n’avait retenu ne serais-ce qu’une phrase. Et cette fois, à cet instant précis, alors qu’ils posaient plan sur plan, traitaient de la prochaine chute d’un empire et de la naissance d’un nouveau, on aurait pu les croire amis, suffisamment proches pour comprendre le point de vue de l’autre sans avoir à l’expliquer par la parole. C’était peut-être – surement – un artifice de l’Æther pour le maintenir en confiance ; mais lui s’en moquait. Il avait trouvé oreille attentive, et interlocuteur compréhensif, l’un comme l’autre se faisaient rares. Et en l’occurrence, lui ne pouvait qu’acquiescer à ses propos. Elle n’avait pas besoin de le convaincre ; la force n’avait qu’une utilité éphémère dans ce genre de situation. Bien sûr, c’était rapide, exécutif. Une preuve matérielle, brute, que vous étiez le « mâle alpha ». Mais dans la durée, il s’agissait d’une toute autre histoire. Un peuple soumis par la violence, comme un fauve en cage, ne peut croire éternellement en sa cage. Régulièrement, il testera les limites de sa captivité, inlassablement, et à chaque fois que le pouvoir s’amenuise, les assauts se font de plus en plus ardents ; jusqu’à ce que les chaines ne se brisent, envoyant voler éclats d’acier partout à la ronde.

Eerah voyait plus loin, plus grand pour sa nation. On n’apprend rien à un enfant en le rouant de coups. On lui apprend tout en raisonnant avec lui, en lui montrant le sens des choses. Le peuple idéal n’a plus besoin de son roi, il sait de lui-même quoi et comment faire. Les Déchus étaient loin, extrêmement loin de cet objectif utopique. Ironique, pour un peuple se revendiquant fervent disciple de la liberté. À quoi bon regarder ses sujets dans les yeux, et leur affirmer que la guerre contre les Anges n’avait plus le moindre intérêt, si aucun d’entre eux n’était prêt à le comprendre et à l’accepter ? À quoi bon retracer les lignes d’Avalon si personne n’était prêt à partir d’un nouveau pied ? Mitsuko se voulait réconfortante, et il sourit en écho à son rire cristallin. Il n’avait pas peur de nager parmi les requins, pas plus qu’il n’était effrayé à l’idée de se retrouver seul face à son peuple et ses questions. Ce qui, en revanche, lui nouait les tripes rien que d’y songer, c’était la perspective d’avoir affaire à l’une ou l’autre de ces situations, et de ne pas être écouté. Les réponses, les phrases, il les connaissait, il les avait. Tout ce qu’il demandait, c’était la chance de pouvoir les exposer au monde.

Alors que la Déesse finissait en s’appuyant sur lui, il se redressa, genoux fléchis, et l’aida à se remettre debout. Alors elle connaissait la Messie des Ténèbres. Rien d’étonnant à cela. Il doutait même qu’il fut un souverain sur ces terres qu’elle n’ait jamais rencontré. Muet, il songea un instant à ce qu’elle lui avait dit. Il peignait certainement un tableau bien obscur de la souveraine, et qui aurait pu le lui reprocher ? Lui comme tant d’autres s’étaient sentis trahis ; la raison ne pouvait pas toujours justifier tous les tords. Du bout du bras, il attrapa son haut, le glissa sous son bras libre, se servant de l’autre pour supporter la Sirène. « Plus que tout, j’espère que vous avez raison. Viendra le jour où je devrais rencontrer tous ces rois, ces ‘enfants’, comme vous dites. ». Il émit un petit claquement de langue réprobateur. « Il reste pourtant une donnée invariable capable de fausser l’équation. Je ne suis pas un sur-homme, ni un héros. On raconte de telles choses à propos de ces rois, de ces reines. Si la moitié de ce qu’on dit est vraie, le plus faible d’entre eux me réduirait à néant d’un mouvement de l’index. Le monde dans lequel nous vivons se contente bien souvent d’apparence, et en termes d’apparence, il est bien plus simple de donner une preuve de sa force qu’une preuve de son intelligence, quand bien même elle est digne d’intérêt. D’aucuns vous diraient qu’un roi se doit d’être un guerrier, le fer de lance de son armée, capable d’affronter à lui tout seul des légions entières sans succomber. ». Le Déchu grimaça. « J’ai peur que ça ne soit pas mon cas. ».

En quelques minutes, ils finirent par atteindre le début du chemin de terre qui menait entre les dunes de sable jusqu’à la grand’route. Eerah se rhabilla, et jeta son sac de voyage sur son épaule. « Vous allez venir avec moi à Megido. Par les temps qui courent, il n’y a que là-bas que l’on peut s’estimer en sécurité. Une fois arrivé, je m’arrangerais pour vous trouver un logement le temps que vous puissiez remettre le pied à l’étrier. ». Avant d’entamer la longue marche qui les attendait, il inspira brièvement, et tourna la tête vers la Déesse. « Je ne vous ai pas demandé, mais… En vous acceptant comme alliée, à quoi dois-je m’attendre ? Vous n’allez pas user de vos pouvoirs divins, j’imagine que cela vous est interdit. Vous qui ne vouliez pas vous servir de votre nom comme de passe-droit, j’ai peur que ce soit le seul moyen dont vous disposez actuellement pour m’aider. Est-ce que je me trompe ? ». Le tout était dit sans la moindre malice ou méchanceté ; il était simplement curieux. Même si elle se contentait d’observer le tableau général en croisant les doigts, la simple évocation de son nom et de son titre était à même de renverser complètement le cours des choses.


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