Ludwig ne sut jamais comment son corps avait fini, il avait senti la morsure de la plaie sur sa gorge et puis, après quelques souffles, il avait péri. Ce n'était pas une fin très digne mais cela faisait parti du plan. C'était ainsi. Les Mortels devraient s'en contenter, et l'histoire s'en contenterait. Le roi avait repris vie dans un coin sombre du continent dévasté, au pied du volcan, à la limite des terres arides. Il se releva, regardant son corps, intact. Ses pouvoirs l'étaient également. Il savait qu'au cœur de l'enfer, un nouveau souverain était acclamé mais il ne regrettait pas sa place. C'était la première étape : renoncer à son peuple, renoncer à son statut de roi. Il se demanda de quoi serait fait demain, par où commencer sa quête, mais quelque chose lui disait que cela ne tarderait pas à lui venir à l'esprit. Il s'avança dans les terres arides, les fixant intensément. Il se sentait plus fort, plus grand. L'acquisition d'un trône n'était rien en comparaison de ce qui l'attendait. Il se demandait de quoi serait fait demain. Les terres du Yin et du Yang était en mouvement constant. Il avait marqué l'histoire de par ses actions mais il n'était pas le seul, d'autres étaient venus après lui, d'autres lui avaient précédés et d'autres encore viendraient. Il y avait toujours, quelque part, un esprit malin pour oser remettre en question l'équilibre. Mais l'équilibre était néfaste finalement. Le mal était nécessaire pour comprendre la valeur du bien, et inversement. Ce qu'il avait envie de représenter, c'était un mal nécessaire, quelque chose qui faisait prendre conscience aux êtres de la douleur de la perte, qui leur faisait prendre conscience de la valeur de la paix, quelque chose qui ne cesserait jamais, malgré les bonnes pensées de ceux qui étaient trop naïfs pour se rendre à l'évidence. Ce qu'il voulait représenter, c'est ce qui traduisait l'envie, ce qui traduisait des représentations que chacun pensait bonnes. Car de chaque côté de ce qu'il voulait représenter, l'on pensait être dans son bon droit. Les raisons n'importaient que peu, les raisons étaient toujours mauvaises pour les opposants, toujours les plus justes pour les troupes. Ce qu'il voulait représenter était toujours au cœur de l'histoire, chaque conte, chaque récit en parlait, chaque bataille pour un trône, chaque grande ère en comportait au moins une. Oui, ce qu'il voulait représenter, c'était la guerre. Aether de la guerre. On le prierait sur les champs de bataille, les femmes le prierait dans l'espoir qu'il fasse revenir leurs maries vivants. Quoi de plus populaire que la guerre ? Quoi de plus catastrophique que la guerre ? La guerre représentait tellement de valeurs, tellement de choses. L'amour se jouait dans une guerre, la territorialité, il y avait tellement de raisons au déclenchement d'une bataille. Les raisons officielles, certes, mais également les raisons officieuses, celles qui étaient bien plus intéressantes, celles qui étaient tenues secrètes parfois pendant des siècles durant. C'était de cette guerre là dont Ludwig voulait être l'Aether.

Et il en serait ainsi.

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