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 Mon nom est Perséphone [test Arlequin - solo ]

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Jeu 29 Aoû 2013, 01:12


Aérienne, une jeune femme vêtue de blanc longeait les grands arbres plus ou moins morts qui surplombaient la petite colline non loin du cimetière. Sa vaporeuse rose claire lui donnait des allures de fantôme en ces lieux sinistres. De petites bougies éclairaient la scène. Elles lévitaient grâce à la magie d'un talentueux régisseur qui, concentré à sa tâche, ne quittait du regard ses éclairages. Silencieuse, une petite foule contemplait la demoiselle spectrale qui frôlait l'irréel avec sa longue chevelure de jais et ces yeux qui scintillaient comme deux émeraudes. Venus chercher le grand frisson au cimetière, les spectateurs, presque haletants, attendaient avec impatience la suite de cette immonde tragédie que l'on appelait tout simplement Iphigénie. Le personnage éponyme était condamné à être sacrifié pour contenter un Dieu qui viendrait alors en aide à son peuple, engagé dans une horrible guerre. La pièce touchait à sa fin. « Ah ! Madame ...» soupira la jeune comédienne en entortillant quelques boucles, nerveuse, autour de ses longs doigts pâles. « Sous quel astre cruel avez-vous mis au jour le malheureux objet d'une si tendre amour ?» Sa voix était douce et claire. Ses intonations sinistres concordaient avec l'expression chagriné de son visage de poupée. « Mais que pouvez-vous faire en l'état où nous sommes ? Vous avez à combattre et les Dieux et les Hommes ? Contre un peuple en fureur vous exposerez-vous ? N'allez point, dans un camp rebelle à votre époux, seule à me retenir vainement obstinée, par des soldats peut-être indignement traînée, présenter, pour tout fruit d'un déplorable effort, un spectacle à mes yeux plus cruel que la mort.» Elle croisa lentement les bras sous sa poitrine, dans un soupire, avant d’enchaîner, résignée : « Allez. Laissez aux Grecs achever leur ouvrage, et quittez pour jamais un malheureux rivage. Du bûcher qui m'attend, trop voisin à ces lieux, la flamme de trop près viendrait frapper vos yeux. Surtout, si vous m'aimez, par cet amour de mère, ne reprochez jamais mon trépas à mon père.» La douce enfant qui jouait Iphigénie, se retourna délicatement pour contempler l'autre dame sur la scène. Elle frôlait la quarantaine et représentait Clytemnestre, la mère de la jeune fille vouée à un trépas douloureux. « Lui ! Par qui votre cœur à Calchas présenté ..» commença-t-elle à tonner. « Pour me rendre à vos pleures que n'a-t-il point tenté ?» la coupa la demoiselle brune. « Par quelle trahison le cruel m'a déçue !» répondit la mère. « Il me cédait aux dieux dont il m'avait reçue. Ma mort n'emporte pas tout le fruit de vos feux : de l'amour qui vous joint vous avez d'autres nœuds ; vos yeux me reverront dans Oreste mon frère. Puisse-t-il être, hélas ! Moins funeste à sa mère ! D'un peuple impatient, vous entendez la voix. Daignez m'ouvrir vos bras pour la dernière fois.» Elle tendit ses mains en avant, suppliante. « Madame, et rappelant votre vertu sublime ...» Elle tourna la tête pour poser ses mires sur un homme dissimulé dans le fond du plateau. « Eurybate, à l'autel ! Conduisez la victime.»

Ainsi s'acheva la scène trois du dernier acte. Les personnages filèrent avec subtilité pour que la pièce puisse lentement se dérouler. Les spectateurs, captivés, ne décrochèrent leur regard envoûté des comédiens. Et les acclamations furent longues lorsque ces derniers saluèrent. Un joli petit blondinet présenta les artistes tour à tour avec un sourire aux lèvres. Un par un, les dramaturges s'inclinèrent, fiers de leur représentation. « Et pour finir, pour interpréter Iphigénie, j'ai l'honneur de vous présenter une petite nouvelle dans notre troupe, la délicieuse Perséphone !» La jeune femme, souriante, fit un pas en avant et saisis la main qu'on lui tendait pour effectuer une gracieuse révérence à l'attention de son public. Tout à fait adorable, son sourire fut des plus charmeurs quand on lui tendit un gros bouquet de fleurs blanches. Et la soirée continua avec un naturel déconcertant. Tous se dirigèrent au pied de la colline où l'on avait une vue imprenable sur les tombeaux, pour prendre une petite collation, gracieusement offerte par la Troupe. Une petite coupe de champagne à la main, Perséphone déambulait tranquillement à travers les bonnes gens, de toute évidence ravis par ce qu'ils avaient vu. Elle hocha respectueusement la tête lorsqu'on la félicitait pour sa performance à son passage. D'une politesse exquise, elle alla saluer les hommes et femmes importants qui leur avaient fait l'honneur de venir les voir. Alors qu'elle discutait avec un vieil homme à l'allure noble, une aristocrate richement vêtue s'approcha pour tapoter son épaule.

« Oh ! Mais voilà la jolie Perséphone. Par tous les Aetheri, que vous êtes jeune ma chère ! Mais j'apprécie votre fraîcheur. Venez donc discuter avec moi. Je suis Alera Tomparo. » Et sans cérémonie, elle saisit la main de Perséphone pour l'entraîner un peu plus loin. La jeune femme se laissa faire. Car c'était précisément Alera qu'elle voulait voir en cette magnifique soirée. Cette noble était une poseuse. Elle ne devait pas réellement aimer la comédienne avec laquelle elle conversait. Mais il était bon pour son image qu'on la voit en si bonne compagnie. Alors elle bavardait, sans cesse et sans s'arrêter, posant des tas de questions, parfois indiscrètes. « Mais quel âge avez-vous, Perséphone ?» - « J'ai vingt-trois ans depuis quelques jours, madame.» répondit-elle, un petit sourire aux lèvres, tout en écartant quelques longues mèches sombres de sa chevelure pour les placer derrière ses petites oreilles. C'était un mensonge éhonté. La mystérieuse comédienne avait dépasser le demi-millénaire. Mais Alera n'eut aucun mal à croire qu'elle était en face d'une jeune fille dans la fleur de l'âge. « C'est très bien ce que vous faîtes. Nous avons besoin de gens comme vous, comme cette Troupe. Le théâtre est une chose importante de notre monde. Il devrait être plus pratiquer.» - « Les Arts sont importants pour moi, il était évident que je me prédestine à pareille voix. Je compte bien, si un jour on m'accorde le bonheur d'enfanter, de nourrir mes enfants de la même passion.» - « Quelle bonne idée !» - « Avez-vous des enfants, madame Tomparo ? J'espère les compter un jour parmi les membres de cette troupe. J'en serais honorée.» Gênée, la petite bourgeoise eut une mine pincée. « Jadis, j'ai eu une fille.» - « Oh. Veuillez m'excuser.» - « Vous n'avez commis aucune faute et vous n'avez pas à vous sentir coupable. Mon enfant n'est pas décédé comme ma phrase pouvait le suggérer. Elle est simplement … différente. Mais c'est un secret, ma douce.» souffla-t-elle tout bas, honteuse. « J'en suis navrée.» - « C'est une chose que je préférerais oublier.» soupira-t-elle, comme lasse. Mais l'éclat de ses yeux était mauvais. « Parlons de sujets plus légers ?» - « Avec joie !» Et la conversation redevint stérile et terriblement ennuyeuse.

Doucement, Perséphone avançait sur le petit chemin de terre qui serpentait à travers les tombes. Souriante, elle s'approcha dans un petit rire du jeune homme blond qui patientait, assis sur un banc, à côté d'un caveau récemment pilé dans lequel on jurerait voir un squelette bouger. Sans rien dire, Perséphone s'assit à côté du blondinet. « J'espère que les scènes vous ont plut. Quant à moi, ce petit jeu m'a comblé, et je suis prête à retenter l'expérience, encore et encore. Vous vouliez, Roméo, que je vous montre mes multiples talents. J'espère que celui de la comédie vous a ravi. Quant à la petite demande que vous m'avez formulé, je répondrais seulement ceci : la fille de l'illustre Baronne Tomparo n'est pas décédée comme le veut la rumeur. Elle est enfermée dans un asile reclus dans la forêt des murmures. Monsieur le Baron peut aller voir ses avocats pour traîner devant la justice des hommes sa femme. Jalouse, cette dernière a fait enfermer sa fille pour hérité de tous les biens de son mari mourant. Allez lui dire, et récoltez notre dû.» Et Perséphone se releva pour disparaître parmi la brume et les corbeaux.
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Mon nom est Perséphone [test Arlequin - solo ]

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