Comme l'ondin le pensait, la Reine ne bougea pas d'un iota quand sa collègue lui sauta dessus. Vanille avait ses priorités et clairement, ses employés n'étaient pas inclue dedans. Lorsque Nastaé se redressa et annonça sa décisioin, il fut quelques peu déçus de s'être encore fait berné par sa souveraine, et qu'elle n'ait eu aucun suspens. Il vit clairement la déception de Nausicaa, mais n'en avait cure. Puis la suite fut bien plus... Surprenante. Le jeune homme écouta la femme et eu un hoquet silencieux de surprise quand à sa décision s'en appel de dissoudre le Conseil. Les Perles étaient simplement renvoyées. Automatiquement, sa tête se tourna vers Ténèbres qui essayait de garder une attitude impassible mais c'était vain. Vanille avait déjà fait passé l'information au Parlement, et aux autres élus, il était Roi, et c'était irréversible. Non pas qu'il voulait se rétracter mais maintenant, il avait lui aussi son mot à dire non ? Seulement, comme si elle avait lu dans son esprit -et ce fut surement le cas- elle laissa en place Ténèbres et une autre dont il n'avait pas plus que ça connaissance. Le reste était simplement viré.
Sans bouger, il ne dit rien, et regarda chacune à la suite partir, escortée de gardes assez puissants pour ne pas qu'elles tentent quoi que ce soit d'irréfléchis. Ilka fulminait. Nastaé s'éloigna juste un peu, s'appuyant contre le mur près de la fenêtre, pour regarder la scène dans son ensemble et, surtout, s'éloigner d'une potentielle mort. La Perle Ardente avait plus d'un tour dans son sac et elle aurait très bien pu se jeter sur lui une seconde fois, et ne pas le rater.

Vanille intervint rapidement en commençant à parler. Dès qu'elle était en groupe supérieur à deux, elle adoptait une drôle d'attitude faussement aimable. Sourire, gestes amicaux, apparence futile... Pourquoi ? Ca avait plutôt tendance à assez mal lui coller à la peau. Bien sur, elle était crédible en jouant aux bonnes âmes innocentes, mais Nastaé ressentait un certain malaise quand il la voyait agir de la sorte. Alors que quand elle avait planté Eshkar, c'était tout de suite beaucoup plus naturel et spontané à ses yeux.
Ici, elle fut spontanée de la même manière.
Elle fit culpabiliser Ilka, avant de la menacer et lui faire comprendre que d'elles deux, ce n'était pas la Perle la mieux placée. Une minutes plus tard, elle se fit tué par un pantin de Vanille, beau comme les Dieux, qui sortit d'une porte dérobée.
La rapidité, la complicité du meurtre, et le sang froid avec lequel la scène fut jouée, déconcerta l'Ondin. Il resta près de la fenêtre, toujours les bras croisés, mais affichait une mine livide et presque apeuré. Il n'avait pas des sueurs froides, mais non loin. Tout cela, devant lui, et avec une dureté sans pareille. Et puis la familiarité de ce type avec celle qui, maintenant, était sa collègue, lui faisait paraitre la scène encore moins réelle. Comme s'il s'était retrouvé là au mauvais moment.
Seulement, vu le regard que Vanille lui lança, froid, dur, sévère, et menaçant, confirma à Nastaé que non, elle ne l'avait pas oublié. La voix qui alla avec, lorsqu'elle l'invita à se rendre dans ses anciens appartements, ne le rassura absolument pas.

Une fois la Dame sortit, Nausicaa lui lança un regard évocateur, qui ne fit qu'appuyer le fait qu'elle l'avait prévenu et que c'était tan pis pour lui maintenant. Lorsque la pièce fut vide, il souffla un bon coup, voyant encore le sang d'Ilka sur le sol.
Le monde politique était vraiment un monde de pourri, il était clairement temps qu'il fasse ses preuves lui aussi, peut importe le sang qu'il devra se mettre sur les mains. La révélation de la face cachée de Vanille lui prouva qu'il était large, vu combien elle devait être plongée dans le sang de ses victimes, jusqu'au cou. Mais elle au moins avait des sujets dévoués quant à ses crimes crapuleux. Lui n'avait personne. Du moins pour le moment.

Nastaé, marchant doucement dans le long couloir, enleva sa coiffe, et laissa les cheveux pendre dans son dos, librement. Son souffle traduisait son épuisement, et il était temps qu'il se repose quelques minutes, voire heures. Malheureusement, il n'avait pas tout ce temps. Il avait décroché seulement quelques voiles superficiels de son habit et tenait le tout sur un bras et dans une main.
Arrivé à quelques mètres de sa chambre, il vit une petite assise contre sa porte, toute frêle et tremblante. L'éphèbe se tint devant elle, les traits légèrement tirés par la fatigue. Il sourit à son encontre, et dit dans un doux chuchotement :

« Clémentine... »

Celle-ci n'attendit pas qu'il ait fini sa phrase, et se leva d'un bond pour se jeter contre lui et lui montrer son affection, par un calin d'enfant, avant de le remercier de l'avoir sauvé. Il caressa ses cheveux de sa main libre, et elle se décala, lui demandant avec un aplomb déconcertant, d'être son cavalier pour le bal. Dans un petit rire, il accepta, se disant qu'il pouvait bien lui faire plaisir. Et puis il aimait bien cette petite.
Nastaé la fit patienter au même endroit alors qu'il se changeait, et sortit ensuite, l'emmena avec lui dans la salle de réception où il serait officiellement couronné.

L’événement était grandiose et splendide, il n'aurait pu rêvé mieux venant de son peuple. Son couronnement allait être présage d'évolution et de changement, et se fut en compagnie des élues.
Vanille acheva le rite dans un sourire, dont il lui rendit la saveur amère par un rictus similaire, avant de prendre la coupe que lui tendait la jeune blonde.

Il était Roi.