Le Sorcier était là scrutant les vagues et appréciant leur rouleau qui faisait monter le bruit du ressac sur la plage. Son rendez-vous avec Yulenka avait été fixé. Il était réellement intrigué par la fameuse Reine de la Nuit, Impératrice des Vampires. Il avait rencontré beaucoup d’êtres au cours de ses voyages et de son service et il se demandait quel genre de Vampire pouvait diriger une nation aussi assoiffée. Vrashka avait fait la moue quand Valkan lui avait expliqué qu’il aurait seul, selon son conseiller assoir son autorité était primordiale, l’Empereur Noir aurait dû voyager avec son escorte et démontrer qu’il avait une réelle main mise sur le trône. Valkan n’était pas de cette avis, le plus important n’était pas dans la masse. La véritable force se situait dans le pouvoir individuel qui mis en commun devenait une puissance qui soulevait le peuple à donner plus, toujours plus. Il n’en était pas encore là, les Sorciers restaient encore dissipés, il était cependant patient et demeurait certain que tous le monde finirait par embrasé ses idéaux. Si ce n’était pas par choix, cela serait par peur. Au final il commençait à sentir l’influence de Faust et de cette colère bouillonnante qui l’habitait. Un sourire en coin déforma sa bouche, lui donnant un air mauvais. Il était encore considéré comme faible et c’était tant mieux, il voulait de cette image dérisoire qui semblait un mirage.

La plage avait été aménagée par ses soins. Deux fauteuils luxueux en cuir rouge et bien rembourré trônant autour d’une petite table de verre de belle facture. Le verre était parcouru de plusieurs gravures et deux verres étaient posés dessus. Il était installé dans l’un des fauteuils et attendant patiemment. Sa tenue était habituelle maintenant, il portait un pantalon en soie à la coupe parfaite, noir, une chemise noire qui était tendue sur sa peau ouverte jusqu’à la naissance de sa gorge. Il n’irradiât rien de lui. Des petits crépitements de pouvoir, on ne pouvait pas discerner la force magique qui demeurait au creux de son être. Le soleil commençait à lécher l’horizon transformant l’océan en une flaque d’huile aux allures irréelles. L’Empereur Noir aimait la plage pour la quiétude qu’il y régnait, c’était toujours enchantant d’être ici à ses yeux. La Reine des Vampires ne serait plus tarder, et il pourrait discuter. Elle avait peut-être des doutes sur les éventuelles propositions qu’il pourrait lui faire, malgré ça dans le fond il savait qu’il serait se montrer surprenant. Il devait établir l’économie de sa Race et définir des alliances politiques. Le tout n’était pas forcément de devenir dépendant des autres peuples, mais d’assurer ses arrières. La politique était un peu comme un jeu finalement, et Valkan n’avait pas le choix, il devait gagné coute que coute.

Majesté, je vous en conjure !

-Billevesées Andrew ! Je ne pars pas en guerre allons ! Comment voulez-vous améliorer les relations diplomatiques avec les autres races, si je viens armée jusqu'aux dents ou avec des escouades ? Non, j'irais seule, comme une grande, et sans armes !

Vous ne pouvez pas vous reposer que sur vos pouvoirs face à un sorcier, Altesse ! Vous avez entendu les déclarations des précédents dirigeants? et si ce nouveau roi était pareil ou pire encore ?!

-Andrew, si vous continuez à vous faire du sang noir pour des choses qui n'ont pas lieu d'être je vous mets en vacances forcées !

Je vous demande pardon ?

-Oui Andrew, je vous ordonnerai de prendre des vacances et de vous détendre un peu. Si vous continuez à pâlir, vous allez devenir transparent !

Le conseiller se tût, de toute manière comme d'habitude, elle avez eu le dernier mot. Cette reine allait les rendre dingue, et le protocole ? Et l'étiquette ? Elle avait la fâcheuse manie de les oublier dès que ça l'arrangeait la chipie ! Mais que dire à une jeune vampire qui est aussi votre reine ? Le pauvre vampire réprima un long et pesant soupire, tandis que Lyzzie vint lui tapoter l'épaule avant de se précipiter pour coiffer Yulenka. Elle adorait ce petite privilège de pouvoir jouer à la poupée avec la jeune vampire, dont les traits se prêtaient parfaitement au jeu. Bien entendu, une fois coiffée, elle insista pour l'aider à choisir sa tenue, et à lacer son corset nacré. Une jupe de satin argentée, et une paire de bottine de cuir noire, la voilà parée. Simple, élégant et sobre. Il aurait été idiot de toute manière de se mettre en grande tenue de soirée pour une rendez-vous se déroulant à la plage.

Baal'Iag l'attendait gentiment dans la grande cour du jardin, et dès que sa maman/maîtresse lui grimpa sur le dos, l'imposant dragon-félin décolla immédiatement pour l'emmener à destination. C'est donc à dos de Cataragon que la demoiselle fit son entrée, l'imposante stature de sa monture apparaissant au loin. Baal'Iag s'arrêta à une trentaine de mètre de l'endroit ou Valkan attendait, ses puissants battements d'aile ayant la fâcheuse tendance à soulever le sable au alentours, il était préférable de ne pas commencer cet entretien en ensevelissant partiellement son interlocuteur sous le sable. Une fois son gros matou draconique atterrit, Yulenka se laissa doucement glisser jusqu'au sol. Elle vint caresser doucement la grosse tête de l'animal avant de produire un rugissement sourd à l'intention de son félin, qui se mit à faire quelque pas pour ensuite s'envoler et partir. Yulenka se tourna alors vers son interlocuteur, un doux sourire aux lèvres.

-Vous attendriez quelqu'un monsieur ?

Elle s'avança à son encontre, découvrant ce qu'elle devinait être le monarque des sorciers. Bien évidemment il était plus grand ! En même temps c'était un homme, et rien que son enveloppe paraissait plus âgée qu'elle, ce qui n'était pas dur.... Elle n'avait pas à se plaindre cela dit. Elle était certes jeune, mais elle avait eu le temps de voir ses atouts féminins se développer jusqu'à leur plus beaux sommets. Et puis l'avantage en étant vampire, c'est que même si vous paraissez jeune, l'éternité vous confère le bénéfice du doute quand à votre âge réel. De toute manière elle doutait que l'Empereur Noir ne vienne lui demander son âge, ils avaient très certainement mille et une choses à ce dire autre que cela. Et cela commençait par aller se saluer dignement.

Valkan eut un sourire franc. Il avait vu le dragon, plutôt sentit que vu. Il avait remarqué l’effort fait pour ne pas le couvrir de sable, Yulenka semblait être tout de même prévenante et en soit c’était un peu rafraîchissant. Il déploya sa hauteur, en terme de taille physique Valkan était un géant comparé à la Vampire qui lui faisait face. Il ne se fier jamais à l’apparence, la chair était une coquille refermant les secrets noirs de l’âme après tout et se tenant en face de lui le Seigneur de la Nuit. Tout comme lui, elle était une main de fer dans un gant de velours, on n’était pas à la tête d’un peuple avide sans être prêt à broyer la combativité des êtres nous entourant.  Il s’abaissa pleinement, mettant genoux à terre et vint saisir avec une extrême douceur la main de Yulenka pour déposer un baiser du bout des lèvres sur cette petite main délicate. Il était certain que cette main pourrait tenter de broyer sa gorge si c’était nécessaire. Il était déjà intrigué par ce contraste, il sentait son énergie, puissante, vibrante…Un bonbon qui se devait d’être succulent. Son sourire s’élargissait un peu plus, il ne l’avait pas quitté des yeux. Relâchant sa main, il se releva et l’invita à s’assoir sur l’un des fauteuils. Je suis réellement ravi de faire votre connaissance, Impératrice de la Nuit. Faites comme chez vous. Le confort est bien modeste et je vous prie de m’en excuser. Si vous avez besoin de quoique ce soit je suis à votre disposition. Il marqua une pause se rapprochant des luxueux fauteuils et attendit qu’elle soit assise pour s’assoir à son tour. Après tout Valkan demeurait galant. Il la couvait du regard et une étrange expression apparut une seconde sur son visage avant de disparaitre aussi vite. Sa voix retentit à nouveau, le ton était poli et très mesuré. Il était prévenant et ne semblait pas inquiet de quoique ce soit. Ils n’en viendraient pas aux mains, pas ce soir en tous cas. Je suis donc Valkan Kin’Shakor, Empereur Noir. Ça fait très redondant comme titre vous ne trouvez pas ? Il avait toujours ce sourire en coin. Ils étaient deux loups au final, ils faisaient partit de ces gens qui étaient sous-estimé non pas pour leurs natures mais simplement pour leurs expressions. Et c’était quelque chose qu’il appréciait beaucoup. Etre craint de manière aisée parce que la démence frappait dans notre jugement n’avait rien de glorieux ou d’imposant. C’était simplement une forme de bêtises. Le véritable pouvoir se situait dans l’ampleur de nos actes et au contraire en cet instant l’Empereur Noir voyait clairement que Yulenka était redoutable. Je pourrais dire que je vous imaginais plus grande, pourtant ça serait mentir. Vous êtes comme je l’imaginais. En soit vous êtes réellement plus effrayante que bien des monarques. Sa phrase fut ponctuée d’un sourire animal qui ne dura pas. Elle réveillait ses instincts et ça lui plaisait. Elle devrait comprendre son allusion après tout, cela devait faire partie de son quotidien. Il attendu qu’elle s’asseye pour vraiment commencé à parler…Peu de personnes étaient au courant de leurs entrevue de son coté, il ignorait ce qu’avait fait Yulenka du sien, cependant il pouvait décemment croire qu’elle c’était faite aussi silencieuse que lui. Après tout, là était l’intérêt, une rencontre dans le soleil qui commençait à réellement se perdre dans l’horizon. Les Ténèbres prenant leur essor, la lumière ne serait bientôt plus et ce serait la Nuit qui couvrirait leur entrevue…

Yulenka cacha sa surprise face au salut aussi courtois et respectueux de la part de son homologue sorcier. Elle se retint de lui demander s'il n'aurait pas, par hasard, rencontré la Maîtresse du clan des Giovanni, Meredith.... Mais il n'y avait pour ainsi peu voir aucune chance, aussi elle trouva inutile de l'affubler d'une question aussi superficielle. Elle lui rendit donc son salue aussi courtoisement, par une révérence dans les règles de l'art. Ce n'est pas parce qu'on est roi ou reine qu'on peut se permettre de perdre ses bonnes manières. Elle alla ensuite s'installer sur le fauteuil dans lequel l'Empereur l'invitait à s'assoir. Elle plongeait alors son regard pareil à deux saphirs luisant dans la nuit dans les yeux de son interlocuteur. Ses yeux étaient magnifiques et pénétrants, comme s'ils sondaient l'homme, comme s'ils le pénétraient doucement mais inéluctablement dans l'intimité la plus secrète de sa psyché. Elle scrutait son regard, ses expressions, ses moindres mouvements, son attitude. Elle ne connaissait rien de lui et devait tout en apprendre, ou du moins le maximum en cette soirée. Elle sourit doucement à ses premiers propos avant de lui répondre avec un doux sourire.

-Vous m'en voyez enchantée, et considérez le plaisir comme étant partagé, Empereur. Soyez rassuré, les dispositions que vous avez prises me conviennent tout à fait, je n'en espérais pas tant. Je ne manquerais pas de faire appel à vous si pour une obscure raison je me voyais dans un quelconque embarras.

Elle se surprit à le fixer de nouveau avec ce regard si particulier. On lui avait pourtant déjà signalé que ce genre de regard pouvait mettre très mal à l'aise ses interlocuteurs, que certains même pouvait y voir une menace ou de la défiance, et que les ressortissants des autres races avaient souvent l'impression qu'on les dévorait du regard, comme s'ils n'étaient que des futurs pièces de viande à cuire. Il est vrai que la demoiselle était légèrement cannibale, mais elle ne dévorait pas non plus à tout va. Et puis ce n'était pas tant qu'elle considérait ses interlocuteurs comme des steaks sur patte, mais plus qu'à force de vivre comme prédatrice, on finit par en garder les expressions et attitudes aiguisées. Qui plus est, elle aimait regarder les personnes avec qui elle s'entretenait en les regardant droit dans les yeux. Personne qui ici présente venait de se présenter plus formellement, ne manquant pas un petit commentaire qui dessina un sourire amusée sur le visage de la jeune fille, qui lui répondit alors très sereinement, avec aplomb et naturel.

-Empereur noir, Impératrice de la nuit.... Tout cela n'est que titre pour influencer les âmes sensibles sur ce que nous sommes censés incarner en terme d'autorité. Mais je doute vous apprendre quoique ce soit en vous disant que le titre ne fait pas le monarque. Certains sombreront dans l'oublie, d'autres seront cités en exemple, d'autres encore sonneront comme un cauchemar qu'on aimerait effacer d'un souffle.... Seul le futur nous dira ce qu'au final nous valons.

Et c'était peut-être encore plus vrai chez les vampires qu'ailleurs ! La succession de roi et reine chez ce peuple était tellement monnaie courante que ça en devenait effrayant. Puis vint une remarque de monarque des sorciers des plus inattendues, poussant Yulenka à s'autoriser une petite expression de surprise avant de lâcher un petit rire léger et cristallin, bien que bref. Au moins il avait pour lui une certaine franchise qui n'était pas pour déplaire à la jeune vampire, bien au contraire. Et puis bien que singulier, un compliment restait un compliment. Elle lui répondit donc avec une expression malicieuse dans les yeux.

-Heureuse de ne pas vous avoir déçue, bien qu'on me dit que très rarement que mes formes et mon visage suscitent la moindre crainte. Je vous inspirerai une quelconque forme de peur ? Moi qui suis si menue et frêle par rapport à vous ?

Elle croyait vraiment tromper quelqu'un avec son discours là ? Non.... Pas du tout en fait, surtout avec le sourire rieur qu'elle avait affiché en lui répondant cela. Elle feignait clairement l'innocence et la candeur dans le but de faire une boutade. Elle se doutait bien que Valkan n'était pas dupe un seul instant. Et c'est ce qui rendait la situation comique, ses propos étant scandaleusement et honteusement mensongers. Les apparences étaient tellement trompeuses, et ce n'est pas à une vampire que l'on allait apprendre cela. Elle prit ensuite parole.

-Alors dîtes moi, comment en êtes-vous venu à devenir roi.... Et qu'est-ce que vous prévoyez d'intéressant pour votre peuple ?

Elle observa la table brièvement avant de passer sa main dessus, d'une geste souple et fluide et y faire apparaître une bouteille d'un excellent cru. Elle servit un verre à Valkan avant de reposer la bouteille, et lui tendre le verre. Oui elle n'avait jamais rechigné à servir quelqu'un, même en étant reine, et ce peut importe le statut de la personne avec qui elle prenait un verre. D'ailleurs Cocoon en avait l'agréable surprise lors de leur première rencontre. Bien que reine, Yuli avait su garder quelques côtés simples dont elle n'avait jamais eu honte, et dont elle s'amusait souvent à en lire la gêne, voir l'indignation dans les attitudes des personnes trop à cheval sur l'étiquette et le protocole. Elle attendait patiemment sa réponse, toujours son regard ancré dans le sien.

Leurs regards ne se quittaient pas. Ils étaient fixés l’un à l’autre dans un étrange échange silencieux. Il n’était pas question de pouvoir ou de lutte dans cet acte, c’était simplement un jeu…Un jeu qui jouait sur l’instinct de prédateur qu’ils possédaient et sur leurs titres. La Vampire était réellement intrigante et sur le coup Valkan était bien curieux de savoir ou tout deux pourrait en arriver. Rien de sexuel ou encore de honteux, non, simplement qu’ils possédaient le même genre d’instinct.  Sa prunelle dorée était vivace, de l’or liquide en mouvement qui tournait autour de son iris.
Elle avait raison, le futur définira  de quoi il en sera. Cependant aux yeux de Valkan, ce n’était pas l’empreinte ou l’accomplissement qui avait de l’importance, c’était la force et la profondeur des actes qui comptaient. Son sourire toujours aux lèvres, il lui répondit avec ce ton mesuré. Je ne suis pas le genre de personne à se fier à des apparences qui ne sont pas intéressantes. Ce sont souvent celle qui laisse le plus de matière à surprendre qui cache le véritable loup dans la bergerie. Je suis certainement aussi frêle et menu que vous, chère Impératrice. Après tout, tout autant que vous êtes innocentes, je ne suis qu’un simple homme. Son regard se fit plus pénétrant pendant quelques secondes avant de redevenir léger. Au creux de la nuit qui prenait place, il ressemblait à un félin, un genre de bête sauvage, et en soit Valkan n’était pas quelqu’un qui se permettait de sous-estimer qui que ce soit, il se doutait que Yulenka devait sentir la bête qui se cachait en lui. La question qu’elle lui posa ensuite rendit son sourire moins léger, bien qu’il soit toujours présent aux creux de ses lèvres, son regard se fit plus vibrant. Le tout était de poser les bonnes questions après tout. Elle prenait le pas sur la conversation et en soit, c’était lui l’hôte, donc à elle de se montrer curieuse en un sens. Il prit le verre qu’elle venait de lui servir en appréciant cette simplicité et surtout en se rendant compte que Yulenka n’avait pas oublié son passé. Tout comme lui, ils ne faisaient pas partis des êtres qui étaient déjà dans la noblesse à la naissance. Ils connaissaient la rue, le monde et avait tracé leurs chemins par leurs propres habiletés. Il but une gorgée du liquide rouge, un vin fin et profondément riche en arôme. Reposant le verre sur la table en verre dans un tintement léger, il fit apparaître à son tour quelque chose. Une carafe en cristal contenant un liquide rouge qui n’avait pas les mêmes propriétés que le vin qu’il venait boire. Du sang frais. Il servit à son tour l’Impératrice et faisant un léger signe de tête, il l’invita à boire. Il lui prouvait par cet acte, qu’ils se ressemblaient, l’étiquette n’était autre que des protocoles ineptes pour des gens qui n’avaient que faire du véritable don, tout n’était qu’apparence. Dans ce tête à tête, il n’y avait pas besoin d’étiquettes, ils se devaient d’être simplement fidèles à eux-mêmes. Le Sorcier s’enfonça un peu plus profondément dans son fauteuil. Le ton de sa voix était plus brutale lorsqu’il reprit la parole, le ton mesuré était toujours là pourtant Yulenka pouvait sentir cette bestialité sous-jacente. Je suis devenu Roi par nécessité. Mes frères et mes sœurs avaient besoin d’une véritable étincelle pour exploiter notre potentiel. Je n’ai pas la prétention de croire que je suis un messie ou un prophète pour ma race. J’ai simplement le désir que la malédiction liée à mon trône cesse et que les Sorciers entrent dans une nouvelle ère. Une ère qui conduira cette étincelle à devenir un brasier ardent. Un brasier qui consumera les cœurs et pourrait nous ouvrir des alternatives éternelles. Il marqua une pause. Son expression était plus bestiale, ses traits fins devenant plus affamé. Il croyait en ce qu’il disait et plus encore son regard disait clairement que les Sorciers réussiraient, quoiqu’il en coute. Là ou Valkan était dangereux par rapport à ces prédécesseurs c’est qu’il n’était pas lié à la démence et que tous ses actes avaient un objectif définit. Tout était calculé. Il reprit avec plus de douceur. Je ne prévois que ce qui est nécessaire, pour tout vous dire, je ne suis pas le genre d’hommes à mesurer la politique, je réagis simplement aux situations qui se présentent. Puisque nous venons à parler de tout cela, au-delà de l’immense plaisir de cette rencontre, j’apprécierais vous faire part d’une proposition qui pourrait être intéressante. Il souriait à pleine dent pour le coup. Je suis persuadé qu’on pourrait partager des choses l’un et l’autre à l’échelle de notre race afin de nous rapprocher et de délimiter quelques accords. Ne voyez là-dedans aucune manœuvre politique, vous n’auriez pas été aussi intéressante je n’en serais jamais venus à parler comme je le fais maintenant. Pour être honnête j’aime les défis et j’apprécie énormément les choses dignes d’intérêt. Vous êtes une des rares personnes que je permets d’estimé malgré nos brefs échanges, tout simplement parce qu’en soit, nous sommes similaires…Cela dit, il se peut que vous pensiez différemment, alors dites-moi Impératrice de la Nuit est ce que mes propos sont exagérés ou bien discerne d’une certaine réalité ?

Yulenka afficha un franc sourire amusé aux derniers propos de l'homme, se permettant même d'en rire légèrement. Elle innocente, et lui un simple homme, mais biens sûr, et Zéleph est une danseuse étoile ! .... Elle chassa le plus rapidement possible une image de son esprit, qui comprenait Zéleph, un tutu rose, et des chaussons de danse.... Vision aussi comique à souhait qu'elle était hautement perturbante. Non ! Non c'était pas pas possible, Zéleph ne portait pas de chaussons, il aimait pas le rose, et il se trémoussait pas sur une scène ! Elle ne savait pas si c'était l'image du meilleur du gag de l'année, ou le pire cauchemar qu'elle pouvait faire. En tout cas à l'instant présent c'était pas du tout indiqué ! Car soit elle allait éclaté de rire pour une raison stupide qu'elle seule connaitra, soit elle va se mettre à frissonner d’effroi.... pour une raison qu’elle seule connaitra aussi ! Elle en revint plutôt à son roi des mages sombres et à leur conversation.

Il abordait qui plus est le point qu'elle venait de soulever. Et sa réponse était très riche en enseignements, qu'ils soient audibles ou perceptibles..... Ainsi elle apprit que comme elle, il était devenu roi par nécessité et non par ambition. En un sens son histoire lui faisait énormément penser à sa propre histoire. Elle aurait bien voulu le consoler en lui disant qu'en matière de trône maudit, les vampires possèdent un choix défiant toute concurrence, mais il devait surement s'en douter. Les rois et reines vampires se sont toujours rapidement succédé, de manière plus ou moins douce. Elle reconnut également en lui sa volonté de développer le potentiel de son peuple. Après tout cela faisait partie intégrante du programme de tout bons souverains non ? Elle-même elle y accordait une place majeure, et qui serait d'ailleurs bientôt capitale lorsqu'elle aurait enfin réussit à unifier de manière solide et durable les vampires. Jusqu'ici donc un programme tout ce qu'il y avait de louable, bien qu'il n'avait pas encore exposé les moyens qu'il comptait se donner pour y parvenir. Mais plus que les mots il y avait également les sens et les perceptions.

Yulenka avait observé son changement de ton, les micros expressions de son visage, les nuances de son sourire.... Il y avait quelque chose.... Quelque chose de contenu, quelque chose de finement muselé. Comme une bête minutieusement cachée dont on devinait tout juste la présence par des grondements sourds étouffés, une créature entravée sous les jougs de la retenue et de la bienséance, voir tout simplement de la sécurité. Mais que Yulenka devine l'existence de cette bête revenait à confier la boîte de Pandore et sa clef à la personne la plus curieuse du monde. Elle se connaissait et elle savait que ses mains d'opalines viendraient ôter les chaînes qui retiennent cette créature, pour le plaisir de voir ce qu'elle était réellement. C'était braver une sorte d'interdit, très certainement très dangereux, mais l'action en elle même était tellement enivrante et délicieuse, le goût damnant d'un fruit défendu.... Après tout, ce n'était pas comme si elle s'amusait régulièrement avec le danger et dansait à loisir l'habituelle valse infernale avec pour partenaire la mort elle même. L'idée de savourer une fois de plus le juteux fruits défendu, et d'entendre ainsi les grondements de la bête encore dissimulée dans les ombres était délectable, et elle se laissa à afficher un sourire carnassier, qui pour des personnes non averties pouvait avoir quelque chose de dérangeant, presque malsain sur ce visage angélique.

Cela dit, elle l'écoutait toujours, posément immuablement. Elle apprit qu'il était du genre à s'adapter aux situations présentes et agir en conséquence. C'était une qualité incontournable pour tout bon dirigeant. Et elle devait elle même la mettre régulièrement en application. Bien qu'elle affectionnait de pouvoir jouer un à deux coups à l'avance, voir plus. Puis elle afficha un sourire un peu plus prononcé lorsqu'il lui déclara qu'il se trouvait similaire à elle sur bien des points. Perspicace le monsieur, c'était indéniable. Elle le remercia pour le verre de sang et leva ce dernier en l'honneur du monarque, avant dit puiser quelques gorgées bien appréciable. Du sang frais au bord d'une plage de sable fin à la nuit tombée, c'était parfait comme cadre, propice à la détente. Cela dit on lui avait posé une question, et il fallait bien le satisfaire, c'était la moindre des politesses que de lui répondre. Un léger sourire aux lèvres elle lui répondit.

-Je pense qu'il faudrait être profondément aveugle pour ne pas voir les similitudes. Nous partageons bien des points de vu, et peut-être même bien des expériences. La question à présent est, qu'allons nous faire maintenant ? Je ne pense pas faire preuve d'originalité en vous informant que ma préoccupation principale est l'épanouissement de mon peuple, et que pour ce but je suis prête à m'en donner les moyens. Il nous reste à définir en quoi notre objectif commun peux être compatible et si oui comment nous organiser pour pouvoir favoriser nos efforts communs. Je dois dire que je suis curieuse de savoir comment ma nation pourrait vous être utile.... Ainsi de voir ce que vous êtes également en mesure de proposer. Voyons ce que l'équation vampires et sorciers pourrait donner....

La question était posée, et elle plongeait inlassablement son regard envoutant dans le regard doré de son homologue sorcier. Elle souhaitait connaître ses désirs et ses besoins, savoir ce qui le motiverait et ce dont à quoi il aspirait. Comment il voyait les choses, comment il comptait obtenir ce qu'il voulait. Tant de chose à apprendre et à découvrir en l'espace d'une nuit..... Ce serait peut-être court mais ce serait intense. Tout dépendait de lui à présent. Elle y aller peut-être de manière directe et franche mais elle aimait faire avancer les choses. Et puis après tout, n'étaient-ils pas là pour ça également en un sens ?

Face au sourire carnassier que pouvait lui offrir l’Impératrice de la Nuit, Valkan demeura fidèle à lui-même ne laissant rien transparaître, ça lui plaisait au contraire donnant le ton dans leurs potentiels futurs rapports. Ils étaient réellement similaires, deux bêtes sauvages prêtes à se gouter mutuellement simplement pour le plaisir et l’enivrante sensation qui en découlerait. Il faillit en rire mais se contenta de sourire.  Sons sourire se fit tout autant carnassier que le sien face à ses mots. La pierre était lancée, les remous n’étaient pas encore là. Ils viendraient de manière inéluctable. Le Sorcier ravala son sourire carnassier pour arborer une expression plus saine. Il laissa planer le silence quelques secondes et finalement sa voix s’élança, un ton neutre légèrement contenu. Pour tout vous dire, je sais que vous avez en projet d’unifier les vampires. Seul un idiot ne se rendrait pas compte que vous œuvrée dans ce sens. Je suis prêt à vous aider dans ce sens justement. Je dispose de l’une des banques de sang la plus étendue et certainement la plus accessible sous mon autorité, qui puisse exister. Je fournirais des convois réguliers de prisonniers. Bien que je sache que la nature de la chasse est importante pour vous, il y a toujours une solution plus sensible que de vous les livrez telles des bêtes à l’abattoir, je suis un peu plus raffiné que cela. Vous pourriez très bien organiser des chasses dans vos parcs ou bien chasser des prisonniers définis sur mes terres. Je peux aussi vous fournir des armes, de l’or…A vrai dire ce que vous voulez. Tout est une question de délais. En soit j’imagine que cette proposition est appréciable, cela vous évitera de devoir braver des interdits ou vous fatigués à faire des courriers de significations et encore de déclarer une guerre. Je peux très bien aussi vous fournir de la main d’œuvre pour vos chantiers ou bien pour tous autres caprices personnels. Et ma main d’œuvre est excellente et rapide. Il marqua une pause, c’était une offre colossale en soit, et en cet instant, l’Empereur Noir était vide de toutes expressions, il semblait être figé. Etais ce là des propos sérieux ? Un test ? Rien ne transparaissait de son côté. Son œil valide fixait à présent Yulenka avec une intensité profonde. Il semblait attendre quelque chose…Le tout était de savoir quoi. Il reprit son discours avec légèreté et aplomb. Je sais que vous offrir une banque de sang quasi illimité vous permettrait de rassurer l’Impératrice du Tout au vue de votre installation sur ses territoires et qui sait, peut-être aussi de pérenniser un lien diplomatique fort. Cela dit ce ne sont pas mes affaires. Aussi cela vous permettra peut-être plus aisément d’unifier les clans. Pour terminer soyez assuré que les Sorciers marcheront à vos côtés en cas de conflit armés tant que cela ne mettra pas en péril nos relations diplomatiques acquises. Nouvelle pause. Ce que Valkan proposait était en soit un accord très étendu allient les ressources de sa Race et aussi son engagement militaire. En toute logique il allait en demander autant…Pour finir et répondre à votre curiosité, à savoir en quoi votre race pourrait être inutile à la mienne…Et bien je ne demande rien. Il avait dit cela d’un ton badin, comme si il parlait de la pluie et du beau temps, comme si les paroles qui avaient provoquées ce silence pesant et lourd autour d’eux n’existaient pas. De manière censée, c’était carrément démentielle. Il ne demandait rien, c’était en soit impossible. Il devait mentir, ou encore il y avait là un piège. Les possibilités étaient nombreuses. Et rien ne trahissait quoique ce soit dans son langage corporel.  L’intensité de son regard était forte. Yulenka verrait peut être en cet instant la dangerosité de ce nouvel Empereur Noir. Il n’était pas avide de pouvoir ou encore ivre de puissance, il était un véritable manipulateur. Planifiant des coups à l’avance, se préparant non pas dans l’instant mais prévoyant des choses lointaines, si lointaines que ça en devenait dérangeant. L’intensité de son regard baissa d’un iota et il parla de nouveau. Je ne doute pas un seul instant que vous aurez compris que vous nous serez redevable, cela étant vous avez aussi compris que je ne demande qu’un donner pour un rendu. C’est un principe totalement équitable après tout, là où certains vous demanderais des choses précises et complètement fermé, je ne veux que votre parole afin de garantir que si un jour une occasion se présente pour nous rendre ce que nous pourrions être amené à vous donner, cela soit possible. Malgré cela sachez que je ne demanderais rien pour le moment, je juge idiot le principe de vous donner quelque chose et d’attendre forcément quelque chose en retour. Une parole face à tout cela est bien maigre si j’en juge les faits. De plus pour terminer, il me semble évident que je souhaite une amitié sincère et durable autant avec vous qu’entre nos deux races. De là vous disposez de toutes les cartes en main. Il éleva sa main libre dans l’air, l’autre tenant son verre qu’il porta à sa bouche pour boire une gorgée, alors qu’un document apparaissait au cœur de la paume qui était suspendue dans les airs. Reposant enfin son verre, il déplaça les documents sur la table de verre pour les placer face à Yulenka. Le contrat reprenait exactement ses termes. Une livre de chair pour une livre de chair et une livre de sang pour une livre de sang…Il se pouvait qu’elle prenne mal cela, Valkan avait pourtant une certitude sereine que Yulenka serait juger la chose pour ce qu’elle était, un accord comme un autre. Après tout si un Monarque pouvait comprendre comment était le Sorcier, c’était bien la personne assise face à lui…

Le problème dans ce genre de discussion politique, c'est que Yulenka partait avec un avantage clairement scandaleux. Les vampires ne manquaient de rien ! C'était prétentieux et fier à souhait, mais en même temps, cet état de d'autarcie ne leur était pas venu comme ça en claquant des doigts. Déjà ils n'avaient pas vraiment eu le choix, étant une race qui pendant longtemps fut marginalisée, elle avait bien dû apprendre à se débrouiller toute seule. Qui plus est n'ayant pas besoin de nourriture, et étant assez douée pour l'art de combattre et de mettre à mort, ils avaient acquis tout un savoir faire en la matière. Elle réfléchit. Pour l'or ça aurait pu être à la limite intéressant, c'est toujours utile de l'or. Mais Zéleph étant passé le premier, il lui conférait déjà tout un pécule non négligeable le bougre. Bon aller, il fallait qu’elle fasse un effort quand même, un peu de bonne volonté que diable. Puis il lui vint en tête que quitte à combattre, combattre avec des alliés, c'était toujours plus amusant. Plus on était de fous plus on rit, et une guerre n'étant déjà pas spécialement drôle de base, autant s'arranger pour la rendre moins pénible.

Bien elle tenait ce qui pouvait être intéressant, retenant bien tout de même que Valkan lui proposait limite monts et merveilles. Bien qu'elle ne put s'empêcher de pousser un soupire lorsqu'il aborda le sujet de Takias. La reine des élémentals.... Elle en savait pas encore comment tout cela allait finir avec elle mais il était sûr que rien ne serait simple si elle ne se montrait pas un tant soit peu conciliante.... Comme dans tout accord en fait. Mais pour l'heure la reine de éléments était loin et le roi des sorciers était tout près, et elle attendait surtout le prix de tout cela. Et lorsqu'il lui annonça, elle arqua un sourcil sur la surprise. Rien ? Comment ça rien ? Là il y avait quelque chose qui clochait.... Et il finit par lui dire qu'il optait pour une redevance indéterminée et ultérieure. Et là n'y tenant plus, Yulenka éclata d'un rire cristallin sincère. Elle était très ouverte d'esprit mais pas folle car bien qu'il se voulait raisonnable et juste, c'était tout de même la porte ouverte à toutes les folies des plus douces au plus sombres. Elle se calma rapidement, avant de lui répondre avec encore un sourire amusé aux lèvres.

-J'en conviens vos offres sont des plus généreuses, c'est indéniable mais, je me permets une question quelques peu impertinentes, avez-vous déjà rencontré un roi ou une reine qui ai déjà accepté une pareille offre ? Car si je peux concevoir que vous ne rechignez pas à faire preuve de bonne volonté, les clauses de votre contrats sont légèrement trop nébuleux à mon goût. Je pourrais vous proposez des armes, mais vous semblez équipés.... de l'eau potable, doux paradoxe que la seule race qui n'ai pas besoin d'eau dans ce monde soit la plus qualifiée et indiquée pour fournir les autres.... Bien qu'à mon avis, le soutient militaire en cas d'agression d'une nation non alliée à la notre me semble à mon avis le plus avantageux pour vous. Bien sûr votre proposition quant à votre banque du sang permettrait de nous prélasser davantage sur nos lauriers, mais cela dit je préfère que mon peuple garde son habitude à la chasse naturelle. Pas que j'ai quoique ce soit contre les chasses organisées, mais je préfère garder cela pour des grandes occasions, cela perdrait de son charme sinon. Et nos réserves personnelles sont amplement suffisantes pour cela. C'est très délicat de votre part de songer à vouloir apaiser les potentielles tensions entre le peuple des éléments et nous, mais hélas si leur reine à décréter qu'elle irait nous chercher des ennuis, toute ma bonne foi et ma bonne volonté ne suffiront pas à l'en dissuader. Je ne sais pas si vous en avez déjà parlé entre vous mais personnellement je n'ai rien à cacher, et je puis vous dire nous avons convenue que mon peuple ferait des efforts tant qu'elle même resterait raisonnable de son côté. A partir de là, tant que l'accord est respecté, je n'aurai jamais rien à redire d'elle, et elle n'aura pas un de menace de guerre de ma part. Et pour ce qui est de nos races respectives, des relations amicales sont tout à fait envisageables. Pour ce qui est du reste, il me serait fort agréable que nous convenions d'abord de modalités concrètes et précises avant que je ne puisse consentir à m'engager. N'y voyez là aucune mauvaise foi de ma part, mais plutôt un esprit rendu méfiant et soucieux des détails par quelques aléas de la vie.

Yuli n'était pas du tout contre une alliance avec les sorciers. Il n'y avait pas à dire entre Jun et Valkan, le choix ne se faisait même pas. Et il y avait fort à parier que sa race puisse connaître l’essor qu'il souhaitait lui faire connaître. Cela dit, Yulenka était elle même très chatouilleuse lorsqu'il s'agissait de son propre peuple, n'hésitant pas à se montrer intraitable et implacable lorsqu'il était question de sa sécurité, aussi bien physique que commercial etc. Bien sûr, elle demeurait toujours charmante, déjà parce qu'elle n'avait aucune raison de ne pas l'être et ensuite parce que Valkan se comportait de manière tout à fait respectable et même appréciable. Elle se demandait cela dit comment il allait réagir face à ses exigences quant à la clarification des clauses de redevance. Elle scrutait d'autant plus son regard.... Avant de se poser la question stupide dans ce genre de situation, qu'est-ce qu'il cachait derrière son cache-œil ? Pourtant cela ne l'avancerait strictement à rien de savoir, ça ne changerait définitivement rien à quoi que ce soit. Mais elle ne pouvait faire taire cette envie, qu'elle réprimait heureusement sans peine, de faire doucement glisser l'attache de son entrave oculaire pour laisser se dévoiler ce secret.

Ce fut à son tour de rire. Il ria doucement, ce n’était pas moqueur, simplement un rire franc. Il s’amusait de la situation. Au creux de ce rire on pouvait entendre la bête muselée, un rire chaud et grave. Cela ne dura pas et reportant son attention complète sur Yulenka, il la fixait à présent avec intensité. Des aléas de la vie dite vous ? Je n’en doute pas une seconde. La méfiance et une certaine rigidité est toujours nécessaire en traitant de ce genre de choses. Vous savez, je ne suis pas le genre de personne à me cacher. Je ne cours pas après la gloire et n’est pas l’ambition de conquérir le monde. Je réserve cela au dément. Voyez-vous dans ce genre de circonstances, il n’y a que deux choix possibles. Soit nous en restons là par soucis d’étiquette soit nous nous montrons confiant et déposons les masques pour jouer carte sur table. Le problème, oui malheureusement il y en a toujours un, est que si nous faisons cela nous nous retrouverons tous deux dans l’ombre d’une trahison possible qui pourrait amener des conflits. Il est aussi possible que nous soyons réellement fidèles à nos paroles mutuelles et qu’il en ressorte aussi quelque chose d’extraordinairement bien. Marquant une pause il se mit à sourire à pleine dent et au creux de son œil valide se dessinait quelque chose. Une volonté indomptable, imprévisible semblant ne jamais pouvoir être contenu. Il était clair que ce genre d’offres amenait à ce genre de réponses et cela montrait aussi que Yulenka était ouverte au dialogue. Il avait été vague par choix et aussi pour déterminer quel genre de monarque était l’Impératrice de la Nuit. Elle aimait son peuple et serait prêt à tout donner pour celui-ci. Il aimait cela tout simplement parce qu’un véritable symbole de pouvoir portait le peuple vers les sommets le plus haut. Les Vampires avaient la chance d’avoir beaucoup de ressources et de réserves, pourtant quel que soit le peuple et quel que soit l’enjeu, il y avait toujours un prix. Il fallait simplement trouver lequel. Ce n’était pas tant du marchandage car tous deux parlaient quand même d’une véritable dimension amicale, c’était simplement qu’il fallait trouver l’équilibre entre leurs souhaits respectifs. Valkan se resservit du vin et porta son verre à ses lèvres de manière lente. Après avoir bu une gorgée, gardant le verre dans la main, il définissait enfin les règles du jeu. Il est certain que vous portez votre peuple au travers de votre âme, tout comme moi. Et les aléas de la vie, comme vous le dites, démontre que les paroles ne sont rien. Je vous propose donc de tout vous dire et de jouer carte sur table, cependant je suis aussi pragmatique que vous l’êtes, chère Yulenka. Je veux une garantie…Un serment qui définit clairement que si l’un de nous parle d’autres choses que la possible entente que nous allons faire…Il mourra. Je ne détermine jamais rien aux hasards, nous sommes ce que nous sommes Impératrice, et tout autant que vous êtes fidèle à vous-même, je le suis face à moi-même. Je ne juge pas les êtres sur les légendes qui courent autour d’eux, je les juge sur la détermination réelle qui les habite. Je sais que ma demande est très désagréable, cependant je sais que vous la comprendrez aussi. Car tout autant que vous êtes curieuses je le suis tout autant… En disant cette dernière phrase il caressait son cache-œil. Sous-entendu compris, il souriait toujours. Il avait parlé avec légèreté comme si ce genre de serment n’était pas dangereux et un sens il avait raison. Si Yulenka était un être fidèle à sa parole alors ce n’était qu’une formalité. C’était là le point de non-retour. Il ne serait pas plus lié que ça, tout était une question de courage, de détermination et de férocité.

Yulenka écouta le monarque avec attention. La discussion prenait une tournure des plus intéressante et captivante à son goût. Déjà un roi d'une nation qualifié de sombre qui ne se lance pas dans la conquête effrénée et absurde du pouvoir absolu, c'était définitivement reposant et agréable. Parce que quand vous vous retrouvez devant un sombre idiot convaincu qui plus est de sa bêtise profonde, allez donc essayer de lui faire entendre raison ! C'est tout simplement impossible ! Et il y en avait eu -d'ailleurs il y en a toujours- beaucoup de ces illustres abrutis, qui finissent de toute manière par se prendre une volée de bois vert des plus retentissantes. Mais c'est surtout de l'idée de jouer cartes sur table qui l'intriguait. Autant elle n'avait pas grand chose à cacher, du moins rien qui à ses yeux qui pourrait intéresser l'infant des ténèbres, autant si l'Empereur parlait de trahison, c'est qu'il devait avoir des secret plutôt sérieux, et donc particulièrement captivants. Et forcément cela ne pouvait qu'intéresser notre jeune Impératrice, curieuse comme elle l'était....

Mais le meilleur restait à venir. Car Valkan était on ne peut plus sérieux et visiblement très désireux de pouvoir parler librement, et surement de poser quelques questions bien précises à la jeune demoiselle.... Et la clause de sécurité qu'il venait de poser arracha une mine surprise à la jeune fille. Un serment les liant dans la vie et dans la mort, rien que ça. Pour le coup l'homme venait presque à en plaire à Rubis qui se sentit soudainement intéressée par ce qu'il se passait. Quelqu'un qui trouvait presque grâce aux yeux de Rubis, par les flammes de l'enfer, il allait pleuvoir du sang ! En même temps, de base Yulenka était joueuse. Ça c'était un fait indéniable et inéluctable, autant elle était d'une rigueur sans pareilles sur la sécurité des siens, autant sa propre sécurité était un sujet de discorde et de cheveux blancs pour quiconque la connaissait et tenait à elle. Mais lorsqu'on en venait à mettre la vie en jeu, c'était Rubis qui se sentait titiller et qui aimer jongler ainsi avec sa vie et celle d'autrui. Cela dit, elle se rendit compte rapidement qu'elle n'aurait pas grand chose à faire pour préserver sa vie, garder le secret des confidences à venir.

Sa simple parole aurait suffit comme garantie, mais ça c'était une autre affaire. Par contre, la vie de son homologue était elle aussi en jeu, et là ça devenait très rapidement plus grisant comme jeu. Si Rubis était enthousiaste, Yulenka modéra ses ardeurs. Elle réfléchit davantage que son autre elle, avant de donner réponse à l'homme qui se tenait à ses côtés. Elle commença par feindre l'innocence et l'incompréhension lorsqu'il passa son doigt sur son cache-œil, comme si quelqu'un allait croire une seule seconde qu'elle n'y avait pas fait attention. Puis elle arbora un sourire malicieux et entendu avant de finalement répondre au sorcier.

-Autant je peux être parfaitement intraitable lorsqu'il s'agit de mon peuple.... Mais lorsqu'il s'agit de moi, et uniquement de moi, l'affaire est tout autre. Je n'aurais aucun mal à accepter cette offre, car elle ne lie que moi et que je connais et applique les principes qui me sont chères. Néanmoins, je ne peux m'ôter cette désagréable sensation de vous flouer en acceptant aussi facilement. Car là où vous mettez votre vie en jeu, ma simple parole aurait pu suffire pour vous assurer mon silence, car s'il est une chose dont je peux me vanter, c'est de n'avoir jamais failli à une parole que j'ai donné. Bien sûr, cela vous demanderais de me croire et de m'accorder ce sens aigu du respect des promesses que j'ai. Mais ce trait de ma personnalité est si prononcé et si récurrent qu'il me donne cette sensation d'être presque malhonnête à vous laisser vous engager dans cette voix sans vous avoir ne serait-ce qu'offert une solution alternative au préalable. Après si cela vous convient malgré tout, et que vous ne redoutez pas de passer un tel accord avec quelqu'un qui a prit la fâcheuse habitude de s'extirper un peu trop souvent des griffes de la mort, je suis disposée à accepter votre proposition. Et je dois dire que je suis assez curieuse de savoir quelles sont ces révélations que vous êtes prêts à me faire et qui demandent tant de précautions.... Bien sûr je ne vous obligerai pas à répondre quoique ce soit qui vous indisposerait.

Les dès étaient lancés, et Yulenka scrutait de nouveau son interlocuteur, son regard de prédatrice à l'affût. Elle donnait une dernière chance au monarque de se rétracter, tout en lui indiquant que s'il se sentait le cœur à continuer dans son entreprise, elle était prête à le suivre et à le laisser ouvrir le bal. Elle ne savait pas si son interlocuteur était du genre bavard ou si le serment qu'ils allaient passer n'était au final qu'une broutille pour l'un comme pour l'autre. Mais quoiqu'il en sait, le reste de la conversation allait être croustillante. Elle avait l'impression de faire doucement glisser les liens qui réprimaient depuis trop longtemps cette bête enfermée, qu'elle était sur le point de libérer une créature puissante, redoutable mais magnifique également, qui ne demandait seulement qu'on lui retire la bride de la bienséance pour laisser toute sa superbe s'exprimer dans son état le plus brut. Avait-elle raison de laisser ses douces mains opalines courir le long des jougs pour mieux les emporter avec elle, et affranchir cette mystérieuse créature ? Qui pouvait le dire en cet instant. Mais l'excitation était là, et le désir de découvrir également....

Tout semblait se figé, le silence de la nuit n’était perturbé que par le ressac des vagues qui venaient s’échouer sur le sable. Il était essentiel qu’une parole puisse suffire, qu’au final ce genre de serment n’était pas nécessaire. L’Empereur Noir avait quelque chose derrière la tête. Le destin prenait ses marques. Il commençait à apprécier Yulenka s’apercevant qu’ils se ressemblaient sur bien des aspects. Elle était prête à faire ce genre de serment, évidemment elle devait se demander pourquoi cette précaution que le Sorcier jugeait nécessaire. Il souriait avidement. Elle ne comprenait pas encore quels étaient les rouages qui commençaient à se mettre en marche. Prenant son verre il se dégageait du fauteuil. Buvant une gorgée, il jeta un regard sur l’horizon de l’océan. La pénombre était épaisse et seul que reflets huileux des vagues transparaissaient. Je ne redoute que peu de choses Impératrice, je fais partis de ces hommes qui acceptent leur destin. Je ne suis pas effrayé par la mort et en soit je pense que vous comprendrez sous peu pourquoi de telles précautions sont nécessaires. En sachant ce qui va suivre je puis vous assurer que je ne serais en rien léser. Le monde finira par trembler chère Yulenka…N’en disant pas plus, toujours debout à scruter l’océan, il se retourna doucement, fixant la Vampire de son œil, son regard se fit intense. Déposant son verre sur la table il fit volteface. Il ouvrit sa main droite, et au creux de sa paume apparut une lame, fine, légère, une petite dague aux allures sombres. Sa mine était sérieuse et grave. Moi, Valkan Kin’Shakor, de mon titre, Empereur Noir, je jure solennellement sur mon sang et ma vie de ne jamais rien révéler sur ce que vous pourriez être amené à me révéler sauf dans le cas d’une possible entente entre nous. Dès lors seuls les accords établis pourront être révélés. Il utilisa la fine lame pour se trancher la paume de sa main. Du sang se mit à couler, sans essuyer la lame il la tendit à Yulenka pour obtenir sa promesse de sang. Il souriait comme ce lion prêt à sortir de sa cage. Valkan n’aurait jamais pensé en arriver là, il s’attendait à des discours politiques légers et quelques accords signé en bonne forme, seulement Yulenka avait touché cette partie de lui, et dans cette sombre résonnance, il avait décidé d’aller plus loin. C’était avec patience qu’il attendait qu’elle fasse œuvre de son propre serment. Une fois cela fait, ils auraient tout loisir de tout ce dire, sans détours ni même forme. Malgré l’accès au trône, le Sorcier était resté cet homme simple. Il appréciait de mettre les manœuvres politiques de côté parfois, pour ne dire que ce qui était. Au fond il savait que Yulenka n’était pas préparé à ce qu’il allait lui dire, mais elle comprendrait. Tout était définit en un sens, leurs conversations auraient pu se dérouler bien autrement. Et ils en arrivaient pourtant là. C’était un signe. Le souffle véritable de la liberté commençait à s’emparer de lui.

Comme elle s'y attendait un peu, Valkan fut très loin de se débiner, bien au contraire. En même temps il était vrai que bien souvent arrivé à leur stade, la mort prenait un tout autre sens. Elle n'avait plus cet aspect si surréaliste, mystérieux et inconnu. Elle devenait leur amante de tous les jours, une partenaire à titré d'une danse un peu folle et grotesque à laquelle ils s'adonnaient régulièrement, peut-être un peu trop régulièrement. Elle était leur maîtresse jalouse, qu'ils prenait plaisir à narguer et à frustrer quotidiennement, à qui ils livraient leurs ennemis sans vergogne pour qu'elle puisse se défouler, en sachant que cette maîtresse viendrait un jour les prendre à leur tour. Et ce soir, les voilà tout les deux partis pour une énième valse endiablée. Yulenka observait Valkan en laissant glisser distraitement une de ses longues mèches bleutées entre ses doigts. Elle se demandait où il voulait en venir lorsqu'il lui affirma que le monde finirait par tremblait. Mais quelque chose lui disait qu'elle n'allait pas tarder à le savoir ! Elle l'observa ensuite faire apparaître la lame et alors qu'il prononçait son discours elle sembla être interpellée, avant de finalement se laisser à un petit rire, et à ajouter en secouant la tête sur le ton de la boutade.

-Vous usez des pactes de sang vampirique chez les sorciers ? Vous êtes comme ça vous, aucun respect hi hi hi !

En même temps si chez bon nombre de vampire la parole est d'or, il fallait bien trouver un moyen de faire tenir leur parole aux autres. Et inutile de dire qu'une promesse faite sur le sang chez un vampire, cela avait une tout autre signification. En plus du fait de mettre les vies en jeu bien sûr. Mais puisqu'ils en étaient à faire un contrat vampirique, autant qu'elle le fasse dès lors dans les règles de l'art. Elle ouvrit sa paume vers le ciel pour y concentrer les ombres qui prirent la forme du sceau royal vampirique, qui était actuellement les armoiries de Yulenka. Elle referma sa main dessus, puis elle regarda sa bague d'assassinat. Certes ce qu'elle allait faire n'était pas forcément des plus indiqués pour ce genre de situation, mais elle n'avait pas vraiment le choix.... Et puis de toute manière ça ne changeait en rien la validité du pacte. Elle prit alors parole.

Moi.... Elle activa alors sa bague d'assassinat, empêchant temporairement tout son venant de sa part d'être entendu. Alice Liddell, alias..... L'information qu'elle voulait éviter de délivrer étant passée, elle désactiva sa bague pour reprendre normalement. Yulenka Gresko, Impératrice de la nuit, je prends la Lune à témoin et jure sur l'honneur de mon sang de garder silence sur nos échanges, et de ne délier mes propos de ce pacte qu'en cas d'accord commun.

Et lorsqu'elle la rouvrit, les ombre avait disparues, laissant une fine plaie sanguinolente de la forme des armoiries dans sa paume. Elle vint alors poser la paume de sa main par dessus celle de Valkan. Ce qui donnait une petite main pâle et fine dans une main d'homme le contraste étant assez poignant. La jeune fille resserra alors sa main autour de celle du sorcier, et reprit alors parole, fixant le sorcier droit dans les yeux, son regard de prédatrice à son paroxysme. Si d'un point de vue extérieur le tableau pouvait donner l'impression d'une douce jeune fille trop candide qui passait un pacte avec le diable, lorsqu'on voyait son regard, on avait l'impression que la donne était inversée, et que le démon avait revêtit une forme angélique pour mieux flouer sa victime !

-Par ce pacte de sang mêlé, par une lune éclairée, nos destins et vies seront à présent liés....

Elle affichait un sourire des plus carnassiers en finissant sa phrase. Elle retira alors doucement sa main d'opaline à présent tâché de sang, qui courait le long de ses doigts avant de perler au bout de ses ongles, pour finalement s'enfuir en petites gouttelettes fines dans les airs, avant de s'écraser sur le sol. Elle fit glisser le bout de son index entre ses lèvres goûtant au passage au sang du monarque sombre. Si on lui avait dit qu'elle allait goûter l'Empereur Noir cette nuit.... Bah après tout, elle avait bien goûté la reine des anges, alors pourquoi pas le roi des sorciers ? Elle affichait un léger sourire tandis qu'elle traduisait le panel de goût que lui offrait ce sang. C'est fou comme les aspirations et les caractères de chacun pouvaient avoir une influence aussi conséquente et directe sur le goût du sang. Mais depuis qu'elle avait son index entre les lèvres, son regard semblait s'être définitivement ancré dans l'anneau doré de l'infant des ténèbres. Elle avait tourner la clef dans les serrures de la geôle de la bête.... Elle avait dénoué ses liens, fait doucement glisser ses chaînes jusqu'à ce qu'elles tombent lourdement au sol. Elle avait affranchie cette mystérieuse créature de ses jougs, ôté sa muselière. Et à présent qu'elle était sortie de sa cage d'ombre, elle attendait de la voir sortir à son tour et de la découvrir au grand jour.

Il nota l’absence de bruit, mais n’en tenu pas rigueur après tout, tous avaient des secrets et plus encore. Finalement elle allait le gouter. Le gouter de cette manière si singulière qu’avait les vampires. Etrangement ce qu’il avait prédit de manière amusée au creux de leurs échanges écrits. Valkan avait longtemps ignoré que les Vampires avaient un don en ce qui concernait le gout. Ils pouvaient définir une personne rien que par son gout. Et soit tout autant que lui pouvait percevoir le monde de son œil caché, Yulenka le percevait maintenant par son sang. Le pacte avait été établi. S’asseyant de nouveau au creux du fauteuil, il observait Yulenka découvrir les effluves que pouvait dégager Valkan. En ayant découvert l’aspect sensoriel des sens vampiriques il avait rapidement adapté son contrôle sur son propre pouvoir, rendant la perception vampirique moins sensible à ce qu’il était. On pouvait s’attendre à quelque chose de glacé, froid et vide. Et pourtant au contraire, c’était chaud, brulant et suave. Un gout d’épice, exotique et sauvage. Promesses d’extase des sens et recueil de pouvoir. Son œil valide prit un aspect étrange, l’or vibra plus fort. Et l’odeur se perdit dans la brise légère. Cette fragrance particulière, d’épice, de cuir et de sexe. Valkan dégageait sans le savoir, ses promesses de chair et de pouvoir. Il était succulent dirait certaines et cela en bien des sens. Le Sorcier souriait voyant l’effet que produisait le si doux nectar qu’était son sang. En soit ce n’était pas qu’une odeur, il puait ses effluves de pouvoir chaudes et vibrantes. Il n’était pas froid, il était cette Bête d’effroi que ce devait être l’Empereur Noir. Son odeur était un océan de bien des choses dans lequel on pouvait se noyer, il ne doutait pas cependant que Yulenka serait se maîtriser. Elle était l’Impératrice de la Nuit après tout.
Tout en mesurant cela, il but une nouvelle gorgée de vin, appréciant le gout du liquide rouge. Faust était là sous-jacent se préparant. Maintenant que la parole était donnée et que l’usage du sang et du don avait été fait, plus besoin de retenue. Maintenant que vous avez eu le plaisir de me gouter chère Yulenka et déterminer si j’ai bon gout ou non,  je souhaite vous parlez de quelque chose d’assez…Hum…Dément . Son ton était amusé et assuré. La Bête demeurait dans les ombres, elle était malgré tout là, Yulenka pouvait sentir Valkan se libérer peu à peu. Son flot de pouvoir gonfla légèrement. Maintenant qu’il n’est plus nécessaire de se référer au protocole, autant vous dire les choses de manières franches et sans détours. Il ignorait comment allait réagir Yulenka et il avait tellement hâte de la voir.  Voir de son propre regard ce qu’il en serait. Si j’ai exigé un tel serment, c’est parce que je m’apprête à vous confier la réalisation de toute une vie. J’ai le désir de destituer les Aethers, Yulenka. Je veux la liberté des peuples et pas seulement la mienne . Son ton était resté amusé et léger. Comme si il ne venait pas de lâcher une véritable bombe. Sa férocité était là. Il n’avait que faire des autres peuples, ne voulant ni gloire, ni domination. Valkan avait sa propre démence, car là ou certains ne voulait que s’assurer de leurs pouvoirs, voulait voir le monde ployé devant eux. L’Empereur Noir voulait entrer en conflit avec les Cieux. Et au fond cela serait bien compliqué. Ne faites pas cette tête, chère Yulenka. Je ressasse, mais comme vous le constatez je ne puis être léser dans cet accord de parole. Et comme vous devez le comprendre, j’ai besoin de vous pour entamer ce projet d’envergure.

A présent que le pacte était fait elle attendait patiemment les révélations juteuses de Valkan. En attendant elle prenait le temps de savourer le sang qu'elle récoltait de son index via le bout de sa langue. Sa main légèrement inclinée vers le bas pour laisser le sang ruisseler directement entre ses lèvres, elle trouvait curieux et très riche le sang du sorcier. Un peu comme un plat exotique très épicé, qui dégageait un arôme fort et puissant, avec pour vocation d'enflammé de manière exquise vos papilles. Un petit goût de fruit défendu cet Empereur Noir, autrement dit ce n'était pas pour déplaire à la jeune demoiselle. Après tout, qui pouvait se vanter de goûter un sang royal ? D'ailleurs son homologue sorcier lui fit remarquer la chose, ce qui fit sourire la jeune Impératrice. Elle le trouvait à son goût mais il était très difficile de pouvoir expliquer le goût du sang à quelqu'un qui n'était pas habitué à le déguster. Elle se concentra plutôt sur ce qu'il voulait lui dire, apparemment une nouvelle démentielle. Elle se demandait bien ce qu'il comptait lui dire....

Et le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle ne fut pas déçue du voyage ! La surprise fut telle qu'elle fut un instant figée dans son expression d'étonnement, sa bouche s'étant très légèrement entrouverte. Valkan, l'Empereur Noir, le roi des sorciers, venait ni plus ni moins de lui dire qu'il comptait destituer les Aethers. Ces êtres que certains considéraient comme des dieux. Avouons tout de même qu'il y avait de quoi rester pantoise. Finalement le caractère dément de la chose parut tout de suite tout à fait justifié. Après tout pourquoi conquérir le monde lorsqu'on peut déchoir les dieux ? Quelle question tiens... Après la surprise vint le rire cristallin de la jeune fille qui eut besoin de quelque minutes pour se calmer. En même temps on ne lui annonçait pas tout les jours qu'on désirait braver les dieux ! Et lorsqu'elle avait retrouvé son sérieux, elle parvint à répondre.

-Vous voulez destituer les Aethers ? Rien que ça ? C'est tout à votre honneur, mais je dois avouer ma surprise quant au fait que vous déclarez que votre peuple, comme d'autres apparemment, soit sous le joug d'un quelconque Aether ? Encore pour les orisha je suis au courant qu'ils sont en effet soumis aux caprices d'une déesse pas toute à fait nette à mon sens, mais pour le reste, j'avoue ne pas comprendre. Comment un Aether qui reste, pour ce que j'en sais, continuellement prostré dans son temple, peut avoir une quelconque influence sur vous autres ? Comprenez que pour moi, représentante du peuple vampire, c'est quelque chose d'abstrait. Je ne vous apprendrai rien en vous disant que ce n'est pas mon peuple qui révèrera ou craindra un quelconque dieu, en cela nous nous considérons comme libre de toute influence de leur part. Mais vous, qu'est-ce qui vous fait dire que vous souffrez d'un quelconque joug de leur part ? Par ailleurs, j'avoue avoir un peu de mal à saisir ce que vous espérez du peuple vampire dans cette affaire....

Pour avoir vu plusieurs dieux à la grande farce des chefs de race au temple, puis à la sorte de journée portes ouvertes de ce même temple, sans compter leur brillante inactivité lors des tourments du futur, pour la jeune vampire, elle avait relégué les dieux au rang de touristes plus ou moins puissants mais sans grande implication sur le monde extérieur. Et dans un sens, cela lui convenait très bien ainsi. Ils pouvaient être aussi puissants qu'ils voulaient, s'ils ne faisaient pas chier, c'était le principal. Mais visiblement, si les vampires avaient la paix, ce n'était pas le cas des sorciers. C'était tout de même une drôle d'ambition de la part du roi des ténèbres que de se lancer dans une entreprise aussi folle. Elle avait résolument besoin d'informations supplémentaires.

Il garda son sourire sibyllin sur les lèvres alors qu’elle riait. Il était figé dans cette expression légère alors qu’elle commençait à parler. Clamant l’incompréhension de la démarche du Sorcier. Elle désirait voir la Bête….Que cela soit fait. Tout en soupirant d’aise, Valkan s’enfonça plus profondément dans son fauteuil. Je suis heureux que cela vous fasse rire, Impératrice de la Nuit. Cela dit, votre naïveté me déçoit. Il était évident que je passe pour un dément. Pourtant je doute sincèrement que vous ayez rit lorsque Jun entrait en action. Je doute tout autant que votre rire fut entendue en contemplant la dévastation qu’il avait mis en œuvre. Croyez bien qu’aujourd’hui c’est moi qui ris. Mon prédécesseur n’a pas seulement annihilé la force des Aethers, il a aussi réussi à faire passer tous les monarques pour des poupées.  Les Aethers ne nous ont pas sauvés et à ce moment-là, les fabuleux monarques qui devaient servir des intérêts communs n’ont fait que se battre pour des miettes. Ce qui nous a sauvés à ce moment-là, ce n’était que de la chance. Quelqu’un en a tiré véritablement quelque chose ? Non. Encore les querelles futiles habitent les peuples. Si un nouveau Jun revenait et qu’il réussissait ou serait alors toute cette puissance éclatante dont chaque peuple se vante ? Son ton était tranchant et agressif. Il n’avait pas mal prit ce rire, il parlait simplement sans détours et Yulenka pouvait sentir le pouvoir de Sorcier réagir. Les Aethers ne nous ont pas sauvés et nous nous sommes sauvés de manière in-extremis. Si une nouvelle menace de ce genre devait surgir, à votre avis, aurions-nous autant de chances ? J’ai de sérieux doutes. La vérité c’est que nous n’avons aucune arme, aucun moyen de défenses, ne nous sommes que des petites fourmilles s’agitant sous la botte d’un dément. Si je veux destituer les Aethers c’est pour absorber leurs pouvoirs et nous donner un véritable moyen d’action pour faire face à toutes menaces possibles. Et sachez chère Impératrice de la Nuit, que je ne veux pas de ce pouvoir. Il sera distribuer en part égale à chacune des races et j’aurais accomplis mon œuvre. Je ne suis pas un Saint, ni un Messie, Yulenka. Je suis simplement un homme qui juge le monde qui l’entoure. Vous ne faites que vous quereller comme des papillons voulant se bruler dans le même brasier. Aujourd’hui si il y avait nécessité de faire front commun, nous serions perdus. Ce que vous avez à craindre chère Yulenka ce n’est pas des actions des Aethers, mais leurs inactions. Car il adviendra un moment ou un nouveau Jun apparaîtra et cette fois nous nous n’en sortirons pas vainqueur. Ce dont nous sommes tous prisonniers, Impératrice de la Nuit, c’est de l’avenir. Tous se pavanent en remerciant les Cieux mais dans l’écho du futur, ils ont pleurés, hurlés et ont été à genoux. Le monde finira par trembler Yulenka, le tout est de savoir si vous voulez continuez à œuvrer dans cette déchéance qui vous consume à petit feu, ou trouver une voie qui vous permettra d’assurer l’avenir réelle de votre race. Lorsqu’il termina, un silence lourd s’enferma sur eux. Le ressac avait cessé, les bruits naturelles c’était tut. Et la Nature elle-même semblait retenir son souffle. Il avait asséné coup sur coup dévoilant des pensées que beaucoup avaient en tête et qui malheureusement n’avait jamais été dites par peur. Valkan n’avait que faire des règles, n’avait que faire de l’étiquette et plus encore des querelles entre peuples. Il ne se battrait pas pour avoir des miettes, il allait se battre pour assurer aux Sorciers un véritable pouvoir et un maintien au-delà du temps. Il ne pourrait y arriver seul. Et en un sens, pour une fois c’était la vérité qui était de son côté. Yulenka pourrait prendre mal les faits énoncés, pourtant ils n’étaient ni exagérés ni loin de la vérité.  Tous autant qu’ils étaient, ils étaient prisonniers de leurs conditions, de leurs choix et au final n’étaient que des jouets ne servant qu’à distraire des Divinités qui n’avaient que faire du sort de leur Création. Ce n’était pas la démence qui habitait Valkan, c’était quelque chose de bien plus éclairé, c’était la vision des possibles. L’Empereur Noir au-delà de toutes choses était un visionnaire qui voyait en les événements récents qu’un dénouement logique à leurs actions à tous…