« Merci. ». Clauswitz venait de se faire mettre le médaillon qui représentait le clan Malkavian autour du cou par l'une des vampires les plus prometteuses de ce dernier. Il soupira cependant car il aurait certainement préféré qu'Edelwyn soit là pour le lui mettre. Seulement, il craignait qu'à trop fréquenter la prison, qu'à trop fréquenter Jun, sa femme ne se soit retrouvée dans une fâcheuse position. Alors, depuis qu'elle avait disparu sans laisser la moindre trace, il attendait simplement une missive de sa part. La situation l'inquiétait pour tout avouer et il n'avait aucune idée qu'elle était en réalité à Somnium. Bien sûr, elle finirait par lui écrire mais la position de cette dernière était complexe. Jun l'avait torturé et Naram l'avait récupéré. Clauswitz n'en savait rien, et s'il y avait bien une chose qu'il détestait par dessus tout, c'était de se savoir ignorant. « Mon seigneur, vous ne pensez pas que la reine risque de... ». « Chut. Je suis prêt à répondre des accusations que me portera l'impératrice. Ceci est une affaire que nous concerne tous les deux et si quelqu'un doit payer le prix de mes décisions, et bien ce sera moi. ». Homme d'une grande sagesse, sachant tirer profit des situations qui se présentaient à lui, il détestait également faillir à ses promesses. Était-ce un défaut? Tout dépendait du point de vue. « Vous avez l'air tout de même content. ». « Oh oui. Après tout, si je risque moi-même de me faire reprocher certains de mes actes, je n'attend qu'une chose : que mon très cher ami le seigneur Brujah paye pour ses trahisons. ». La rivalité entre les deux clans remontait à si longtemps. Une histoire de femme qu'un de ses prédécesseurs avait volé à l'un des maîtres Brujah. Depuis, chaque chef de clan avait une mission autre que celle de diriger son clan : celle de voler la femme du seigneur Malkavian par vengeance et, en plus de cela, de pourrir la vie du clan opposé. Clauswitz s'était amusé au tout début du comportement des Brujah, trouvant pathétique que la force de l'esprit et la force du corps ne puissent s'entendre, mais, au final, avec les années, il avait fini par prendre goût au jeu, y participant d'une façon si fine que personne ne pouvait en comprendre les subtilités. L'intelligence, une qualité mais aussi une malédiction. Enfin, heureusement, son cycle de folie était passé il y a peu et il avait à présent toute sa tête. La jeune femme lui sourit à son tour, comprenant les enjeux de cette guerre froide entre clans. Après tout, si les Brujah représentaient l'armée vampirique, les Malkavian en représentaient l'intelligence. L'un attaquait sur les stratégies de l'autre. Ensembles, ils étaient cruellement efficaces, l'un contre l'autre, c'était réellement captivant. Des adversaires de choix. « En attendant, je suis bien heureux de ne plus être gérant. J'ai bien cru que j'allais me faire assassiner plus d'une fois et la nouvelle reine doit sentir le poids des volontés morbides de chaque chef de clan. ». « D'où cette réunion. ». « Il vaut mieux attaquer parfois que d'attendre que l'autre attaque. Quelque part, son entreprise pourra instaurer le respect. Néanmoins, je crains être celui de tous les seigneurs vampiriques à lui être le moins hostile... ou le second sans doute. ». « En tout cas, recevoir les chefs de clan ainsi risque de finir en véritable révolte ou bagarre générale. ». « Je vous raconterai dans ce cas. ». Il sourit, se levant pour partir.

Arrivant devant la salle de réunion, il sourit, ayant trouvé le long pont particulièrement appréciable. Peut-être avait-il des goûts quelque peu étranges mais il n'y pouvait rien. Sa réflexion se matérialisait parfois dans des lieux improbables et sur ce pont, il avait pu penser à bien des choses. Il avait préféré venir seul, comme un gage de sa volonté pacifique. Peut-être avait-on des choses à lui reprocher mais il n'était pas près à se révolter contre quiconque. Il aimait discuter, débattre, avancer ses idées et ses explications afin qu'on les comprenne. En attendant, si l'on avait pu faire des remarques désagréables sur les vampires à la reine, son clan n'y était pour rien, c'était une certitude. Les Malkavian ne buvait plus que du sang animal, celui des autres vampires de par ce virus qu'il avait instauré au sein même du château et, parfois, du sang des individus qui y consentaient. Il avait lui même fait en sorte d'instaurer un apprentissage pour les nouveaux nés afin qu'ils puissent maîtriser leurs pulsions, pour qu'ils puissent se nourrir sans tuer. Clauswitz finit par entrer, ayant attendu quelques secondes devant la porte. Il était le premier mais ça ne l'étonnait absolument pas. Il sourit à Yulenka, bien qu'elle soit de dos, sa voix se portant dans la pièce silencieuse. « Bonsoir madame. Je suis heureux de vous rencontrer enfin, bien qu'il semble que les circonstances pourraient très vite dégénérer. C'est aussi pour cette raison, outre mon habitude maladive de ne jamais souhaiter être en retard, que je suis arrivé avant les autres. Ainsi, nous pourrons discuter dans un calme qui, je le déplore, risque de ne plus réellement exister une fois les autres arrivés. ». Le bruit l'agaçait, réveiller cette part de noirceur en lui, cette folie qui pouvait ravager tout sur son passage : ses principes, ses pensées, sa cohérence. Ce n'était pas pour rien qu'il demandait à être enfermé durant ses cycles. Il n'avait aucune envi de reprendre ses esprits un beau jour en se rendant compte qu'il avait failli à tout ce pour quoi il se battait depuis si longtemps. Redressant les manches de sa chemise aussi noire que son pantalon, il devait bien avouer avoir fait exprès de choisir des vêtements sombres afin de faire ressortir le médaillon sable de son clan, assorti à la blondeur de ses cheveux. Au final, l'accoutrement le plus simple était parfois le meilleur choix.