« Edelwyn, tu as décidé de vivre avec moi ou n'est-ce simplement qu'une idée que je me fais? ». La vampire se tenait devant moi, au beau milieu du bureau qui avait été aménagé pour moi dans l'une des tours de la prison qui m'était dorénavant consacrée, à moi et aux chanceliers. Je la fixai, accoudé à la table, une plume entre les mains. « J'aimerai surtout la rencontrer. ». Elle parlait de Mitsuko, chose que cette dernière ne désirait absolument pas car Edelwyn était justement l'élément qu'elle n'avait pas prévu dans ses plans, une sorte de chose incontrôlable dont elle avait en réalité peur. Bien sûr, je n'en savais rien et pensais simplement qu'elle se moquait d'elle comme de n'importe quel individu qui ne lui servirait à rien. « En attendant, tu m'empêches de travailler. Ce que je fais est confidentiel. ». Elle s'approcha doucement de moi, son regard se plantant sur ce que j'écrivais comme si mes paroles ne l'avait en rien concerné. « Tu sais, Jun, j'ai réfléchis à quelque chose il y a peu de temps, quelque chose qui concerne à la fois Mitsuko première du nom, Mitsuko dernière du nom et moi. ». Elle avait dit ça d'un ton mystérieux qui éveilla mon intérêt. Je la laissai donc s'asseoir sur mes genoux, puisqu'elle se plaisait tant à chercher le contact physique avec moi. Pourtant, si je la détestais sans aucun doute, j'avais du mal à savoir ce qu'elle voulait, si elle était l'une de mes alliées ou tout le contraire. « Vas-y, je t'écoute. ». Elle semblait ravie que je m'intéresse enfin à elle. Posant délicatement ses mains sur mes épaules, elle sourit. « J'ai été créée lorsque Mitsuko n'était encore qu'une sorcière. ». Cela semblait devoir me conduire à l'évidence même et le fait que je ne trouve pas m'irrita passablement. Elle rit, avant de me demander : « Ne trouves-tu pas que, contrairement à ton aimée, j'ai une facilité déconcertante à aller vers les hommes, à éveiller leur désir, à jouer avec eux? Ne trouves-tu pas que pour un clone de l'Aether, je suis légèrement différente? ». « Ta nature de vampire? ». « Non, je pensais à autre chose. ». A y réfléchir, je commençais à comprendre ce qu'elle voulait insinuer. « Tu n'y penses tout de même pas... ». « Jun, je ne vais pas te le cacher mais je trouve cela logique. Puisque l'esprit de la première Mitsuko hantait celui de la dernière, il est presque impossible que lorsque j'ai été créée, je n'ai pas hérité des caractéristiques de ces deux femmes. Alors oui, je pense que bien plus qu'un clone de l'Aether, je suis le clone des deux. ». Je restai un instant sans rien dire, cette dernière plantant ses yeux verts dans les miens avant d'ajouter. « Et je pense que c'est aussi pour cette raison que tu ne m'aimes pas. ». Approchant ses lèvres, elle effleura les miennes d'un mouvement si lent que j'aurai très bien pu l'en empêcher. « Je ne suis pas idiote tu sais. Je comprend que tu ne portes pas dame Taiji dans ton cœur et je comprend que je te révulse mais ensembles nous pourrions faire tellement de choses. ». Je soupirai, reculant légèrement mon visage. « Tu as raison, j'avais déjà prévu de t'utiliser de toute façon. Si tu es vraiment le clone de ces deux femmes alors ton amour pour Naram doit être inconditionnel et l'effet que tu dois lui faire encore plus grand. Tu es une pièce maîtresse à n'en point douter mais je sais que si je ne t'utilise pas de la bonne façon, tout se retournera contre moi. ». Elle rit, visiblement amusée. « J'aime quand tu es franc Jun. Alors puisque tu en as décidé ainsi, je ne souhaite pas entraver tes plans. Utilises moi autant que tu le voudras mais je veux que tu me rendes un service en échange. Aussi, arrête de refuser mes avances. Je pensais que ça te faisait du bien de penser que je pouvais être elle? Ça te libérerait un peu l'esprit. ». Cette femme me dépassait totalement, son comportement tellement étrange. Je me levai, sachant très bien qu'elle ne tomberait pas. Et au lieu de cela, elle s'agrippa à moi, se retrouvant entre le bureau et moi. Mon air était sérieux. « Ça ne te dérange pas d'être que le pâle reflet d'elle? De savoir que si je te prend maintenant, ce sera uniquement en pensant à elle sans aucun sentiment pour toi? ». « Non. ». « Eh bien moi ça me dérange que tu t'égares dans mes bras en pensant que je suis Naram. Si tu as tant besoin de contact physique avec lui alors, adresse toi à lui directement. ». Visiblement moins amusée, elle se tourna, ses fesses frôlant un peu trop mon corps à mon goût. Elle le faisait exprès, je le savais et je n'avais aucune envie de jouer avec elle. Après tout, ce genre de choses n'étaient amusantes que lorsque l'on savait que la personne résisterait. Je ne la comprenais pas, elle aimait Naram, elle ne s'en cachait pas, et cherchait du réconfort dans d'autres bras. « Le sanctuaire? Tu comptes tuer la dirigeante? ». La garce. Je me penchai alors dans son cou, mes lèvres se refermant sur sa peau que j'aspirai alors, la maintenant pour pas qu'elle se débatte. Après quelques secondes, je fus satisfait de constater qu'une marque rouge s'y trouvait. « Ne met pas ton nez dans mes affaires Edelwyn. Et puis, tu auras assez à faire pour cacher ce petit écart à ton mari et aux membres de son clan. J'ai cru comprendre que te savoir dans d'autres bras ne le dérangeait pas à condition que rien ne transparaisse. Clauswitz risque de ne point être content. ». Visiblement irritée, elle finit tout de même par sourire : « Bravo Jun, tu viens de me coller à toi le temps nécessaire à ce que cela disparaisse. ». Exaspérante. « Ça tombe mal parce que je dois justement partir. Bonne journée. ». Avec un sourire aussi grand que le sien je la retournai face à moi avec brutalité, approchant mes lèvres des siennes avant de me téléporter. J'en avais marre de toutes les femmes Taiji, elles qui pensaient toujours avoir le dessus. C'était épuisant de les côtoyer et j'avais besoin de repos. Un petit assassinat me ferait le plus grand bien en somme.

Apparaissant devant le sanctuaire, je souris en constatant que beaucoup d'individus se trouvaient ici. J'avais préparé une lettre il y avait quelques jours, prenant bien soin de ne pas l'écrire moi-même, la faisant rédiger par un sorcier à l'écriture magnifique. J'avais également changé d'apparence, question de prudence et, en entrant dans le sanctuaire, je demandai à voir la directrice puisque j'avais rendez-vous. Je me retrouvai donc dans une pièce qui ressemblait fort à un bureau, une montagne de documents se trouvant là, la génie que je venais voir non encore arrivée. Je lui avais dit que je faisais des recherches sur Blacky, que j'allais écrire une biographie du démon et que j'avais besoin de quelques renseignements. Elle avait accepté. Quand elle entra dans la pièce je la trouvai tout de suite attirante malgré ses cernes. Elle semblait plonger dans une tristesse qui devait être bien communicative. Je la ressentais moi aussi et, un instant, je voulus renoncer à tuer cette femme, son bébé dans les bras. « Quel âge a-t-elle? ». Elle s'assit, me souriant avant de répondre. « Lorsque nous appartenons à ma race, le temps n'a pas d'importance. Cela dit, elle ne grandit pas. Cela m'étonne en réalité mais il semble que sa croissance se produise par période et très lentement. ». « Je peux la prendre? ». Elle me regarda étrangement puis je précisai « Je vais bientôt être père et je n'ai aucune idée de comment tenir un enfant. La mère du mien risque de se moquer de moi si elle me voit mal faire. ». Elle se releva, amenant Mimi jusqu'à moi, me montrant avec une patience infinie comment la prendre, me la laissant dans les bras avant de retourner s'asseoir. C'était comme si je m'apprêtai à tuer la gentillesse en personne et la situation ne me plaisait pas vraiment. Je ne ferai donc pas comme j'avais pensé agir précédemment. « Vous n'avez pas cherché à contacter le Marid pour avoir des informations sur sa croissance? ». « Eh bien non. Ce n'est pas que je n'en ai pas eu envie, simplement que je n'ai pas le temps. Ici, des blessés arrivent tous les jours à cause de la situation chaotique. Les tensions se sentent, même les enfants le sentent. ». C'était assez intéressant car cette femme s'occupait des conséquences que mes actes avaient contribué à créer. Pourtant, je trouvais son travail plutôt noble, et je le comprenais. J'avais été ange, j'avais voulu aider les autres, je les soignais même, alors je ne pouvais me comporter non plus comme un être purement maléfique qui avait toujours vécu dedans. J'allais exécuter mon plan, je ne renoncerai pas, c'était une certitude, et si j'avais une facilité déconcertante à tuer, j'y mettais les formes en fonction de qui je tuais. Je ferai en sorte qu'elle ne souffre pas. « Avez vous des nouvelles de Blacky? Si j'ai bien compris, vous êtes sa génie éternelle n'est ce pas? ». Je sentais le bébé gazouiller sur moi, loin de se douter que j'allais tuer sa mère d'ici quelque temps. J'avais déjà entendu dire que les enfants sentaient le mal mais cela n'était probablement que des légendes. Sa petite main se referma même sur l'un de mes doigts et je me rendis compte que j'étais plutôt mal à l'aise. J'avais peur de lui faire mal en réalité, de la serrer trop fort ou que sais-je encore? « Non, aucune. J'ai juste senti le lien se briser. Je ne lui appartiens plus. ». « Avait-il des ennemis? ». « Je sais que la dernière fois que je l'ai vu, il recherchait un groupe d'alfars, ceux qui ont détruit sa famille. Mais hormis ces derniers, je ne le sais. Le monarque démoniaque a tellement d'ennemis, ne serait-ce qu'au sein de sa propre race. Comme dans chaque race maléfique, la dualité est grande et l'appât du trône attire bien des individus. Si vous voulez mon avis, être à la tête d'un peuple est le pire statut existant. ». Elle n'avait pas tord. « D'accord. Et sinon, pourquoi avez-vous décidé de créer ce groupe, les protecteurs du bonheur? ». Elle sourit, sans doute heureuse que je change de sujet. Il ne faisait aucun doute qu'elle se trouvait dans l'incompréhension la plus totale quant à ce qui était arrivé à Blacky. « C'est quand je suis tombée enceinte. Je ne vous cache pas qu'avant cela, je n'avais pas beaucoup d'intérêt pour les individus. Je ne pensais qu'à moi en réalité. Mais quand j'ai pris conscience de ma grossesse, j'ai éprouvé des peurs que je n'aurai pas cru possible, des peurs quant à l'environnement effrayant dans lequel vivrait mon enfant. Vous savez, la grossesse change une femme. C'est quelque chose d'inexplicable je pense mais je l'ai ressenti. Je voulais créer une association qui pourrait aider les plus démunis, qui pourrait prendre en charge l'alimentation et les soins des enfants les plus défavoriser, adopter ceux abandonnés par leurs parents par faute de moyen ou par rejet. Je voulais un endroit où la race ne compterait pas, dans lequel les guerres et autres conflits ne pourraient entrer. ». Je la fixai avant de lui chuchoter « Vous êtes réellement une femme d'exception. Je suis heureux de vous avoir rencontré, vraiment. ». Elle me sourit, simplement, l'un des fragments du cristal maître que je possédai apparaissant dans ma main. « Je souhaite que vous vous endormiez. ». Je l'avais chuchoté, ce vœu qu'elle ne pouvait faire autrement que d'exécuter. Je possédai également le gant qui n'était autre que son habitacle, même si j'avais pris soin de ne pas l'amener, de le laisser chez Blacky jusqu'à ce que je sois prêt. Armis apparut avec ce dernier et je lui ordonnai de le détruire après que j'ai déposé la fameuse lettre sur le bureau de Lilith, une réclamation de la part d'un groupe de génies qui n'avaient jamais apprécié son statut et qui clamaient qu'ils ne s'arrêteraient pas là. Je disparus avec l'enfant, Mimi, avant qu'elle ne puisse voir quoi que ce soit. Bien, j'avais à présent un bébé dans les bras.

2011 mots.

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