Morvan ne répondait plus de rien. Il était épuisé et visiblement très tendu. Ses gestes étaient calculés, et limités, pour ne pas l'épuiser plus. Nastaé avait l'impression de s'endormir, puis de se réveiller, pour s'endormir à nouveau. Mais le serpent les secouait bien assez pour rester bel et bien réveiller. Alors l'ondin se força à tenir les yeux ouverts, pendant des heures, qui lui parurent une éternité.
Une fois un village atteint, le ciel était toujours aussi maussade, faisant perdre la notion du temps, ne s'inquiétant pas de s'il cachait la lune ou le soleil. Frottant son visage, il regarda son ami -qui n'avait daigné lui lancer un seul regard depuis le début- et le suivit. Ca ne cachait généralement rien de bon, il le savait, mais ne voulait parler. Quand ils entrèrent dans l'auberge et que Morvan demanda une chambre, Nastaé cru que ça allait être la fin du village. L'aubergiste était lui aussi quelque peu méfiant alors il demandait à voir les sous, avant de rendre le service. Le jeune homme posa délicatement sa main sur l'épaule de Morvan, l'incitant à se calmer.
Une fois l'étage atteint, le blond lui indiqua brusquement la baignoire, sans plus de cérémonie, pour finir par aller se coucher.

Une fois le blond au lit, Nastaé chuchota à sa tigresse :

-Alors ma belle... Contente de me revoir ?

L'animal tira le fin rideau séparant la chambre de la salle d'eau et vint s'asseoir à côté de la bassine d'eau chaude, où se reposait son maitre. Sa nageoire dépassait de l'autre côté, et il passa sa main par dessus bord pour caresser son amie. Elle ronronnait malgré la fatigue qui la prenait.

-Tu es bien maigre... Je m'en veux tellement de t'avoir abandonné comme ça.... Oh ma Tora !

Appuyant sa tête sur la sienne, la tigresse mit ses deux pattes avant sur le rebord du bassin, demandant des caresses avec sa grosse tête. L'ondin laissa ses larmes couler en silence, se maudissant de l'avoir oublié de la sorte.

-Je t'aimerai toute ma vie, tu sais ça ? Toute ma vie...

Il l'aimait à sa compagne et ses remords étaient là. Même s'il avait été hypnotisé, ce n'était pas une raison pour l'éjecter de sa tête, de la sorte. Fredonnant une douce mélodie, il passa l'heure suivante à donner de l'affection à son amie. Au final, il sortit du bain, se sécha, et retourna dans la chambre. Le lit double n'était occupé que d'un côté et il se demanda un instant si c'était une bonne idée d'occuper l'autre côté. Peut être qu'un blizzard allait s'abattre sur lui.... Ou peut être pas. Epuisé, il prit le risque. S'asseyant sur le matelas, son ami bougea légèrement, sans changer de position. Le regardant avec la clarté ambiante, il murmura doucement :

-Je suis tellement désolé...

S'il avait pu, il aurait préféré mourir là bas, seul, sans infliger tout cela à son ami. Son ami qui, aux vues de ses réactions ce soir là, ne devait plus vraiment l'être.

*Il doit me haïr !*

*Je suis sure que non...*

Mais les pensées de Tora fut vite éteintes par son cerveau. Ainsi il s'allongea et s'endormit, au bord du lit, dos à Morvan, les cheveux étalés sur l'oreiller, et Tora sur le grand tapis au pied du lit.

Nastaé n'avait pas dormi réellement bien. Aucun des deux n'avait bougé pendant la nuit, et l'ondin se sentait de plus en plus mal à l'aise. Epuisé quand même, il finit par s'endormir, mais non sans peine.
Quelques heures plus tard, il fut réveillé par de légers tremblements, des courants d'air, et il entendit l'eau de la salle d'eau qui s'agitait. Ouvrant péniblement les yeux, il ne pu se redresser dans le lit à cause de ses blessures, et se contenta de regarder en direction de la pièce adjacente. Comme une intuition, Morvan en sortit et le vit. Il cru voir un peu de vie dans ses yeux contrairement à la veille, mais ses iris étaient d'un bleu colérique. Alors qu'il voulait dire quoi que ce soit, il releva sa tête de son oreiller, mais son ami le coupa. Un vent glacial parcouru la salle et l'ondin voulu simplement se tuer. Son coeur le serrait, lui faisait mal dans sa petite poitrine, et il sentait qu'il allait défaillir. Pendant quelques minutes rien ne se passa, et il décida de se lever et de s'habiller. Son souffle devint de plus en plus court, allait-il seulement arrivé à parler ? Ca ne servait à rien ce silence de mort, autant crever l’abcès. Une fois debout, avec quelques gémissements de douleur, il se tourna vers son ami encore allongé, et qui lui tournait le dos. Les draps ne le couvraient que jusqu'à la taille et son dos blafard était visible. Le tatouage de ses ailes se dessinait merveilleusement entre ses omoplates et Nastaé se mordit la lèvre inférieure. Même meurtri et blessé, il était si beau. Sa tignasse blonde laissait voir sa nuque, que l'ondin aurait dévoré de baisers, bien volontiers. Mais il devait se reprendre, car il ne ferait que s'attirer un peu plus les foudres de son ami s'il l'approchait. Déglutissant il dit :

-Je...

Sa voix était petite, comme discrète, et le noeud que formait sa gorge l'empêchait de prononcer quoi que ce soit. Mais il se força, croisant les bras.

-Quand on s'est séparé pour partir chacun de notre côté, j'ai eu... Hum, j'ai eu beaucoup de mal à ne plus penser à toi, ou à vivre sans ta présence. Je suis allé dans le port, pour chercher un endroit pour dormir, et un homme est venu dans ma chambre ce soir là. Je pensais que si je ne voyais pas son visage, que si je restais dans le noir total, j'allais penser que c'était toi... Mais ce n'était pas tes mains, ce n'était pas ton odeur, ce n'était pas ton corps, ce n'était pas ta tendresse... Et je ressentait un vrai manque, ne serait ce que de ta présence.

Il fit une pause, un peu gêné mais lancé :

-Et Lola m'a vu dans cet état. Elle m'a charmé, hypnotisé, me disant qu'elle pouvait m'aider à te retrouver pour palier se manque, et la dernière chose dont je me souviens, c'est la téléportation depuis le port, jusqu'à son... Bureau.

C'est à dire, le bordel.
Son corps s'était aussi habitué à la drogue, mais de nature résistante, il n'en redemandait pas tan. Pour le moment, ce n'était pas perçu comme un manque. Alors ça laissait du répit au jeune homme.

-Je n'étais pas... Vraiment conscient de tout ce qu'il se passait là bas. Je ne réfléchissais plus par moi même, mais je sais que je ne voulais qu'une chose, c'était mourir, car c'était invivable. Je ne me cherche pas d'excuse, car j'ai abandonné Tora sans m'en rendre compte, mais je regrette d'être aussi... Faible au point de me faire hypnotiser si facilement.

Il rougissait, baissait la tête, se grattait les bras. Ca allait être finit. Morvan avait l'air statique, froid. C'était ce que l'on appelait le rejet. Sa gorge se serrait de plus en plus et son coeur était en train d'éclater dans son étau, qu'était la cage thoracique de Nastaé. Alors il finit :

-Je ne pensais pas que le fait que tu ne sois plus à mes côtés me ferait entrer dans une telle folie... Mes sentiments sont tellement forts que... Ni mon corps ni mon cœur ne supportent ton absence. Tu... Tu m'as tellement manqué, et quand je t'ai vu, là bas, que toi tu étais venue... Des espoirs se sont créés en moi. L'idée de te perdre, que tu te noies, dans ton propre élément, m'a été insupportable, et j'aurai tout donné pour que tu vives.

Il mit ses mains sur sa bouche, dont les lèvres se faisaient tremblantes.

-Merci d'être venu, je suis désolé. Si tu ne veux plus me voir, ni me parler... Je comprendrais, même si je ne le supporterai surement pas, mais au moins, je te saurais en vie, et loin des problèmes que je pourrais te causer. Merci Morvan...

Il aurait voulut s'enfuir à toutes jambes, mais ça n'aurait servis à rien, ça n'aurait fait qu'empirer les choses, et laisser les problèmes comme ça en plan, n'étaient pas une solution. Son visage était rouge, ses lèvres finirent par arrêter de trembler et ses yeux lâchèrent l'eau qu'ils essayaient de retenir. Tora était assise à côté de son maitre, la tête contre sa hanche, essayant de le réconforté comme elle pouvait. Ça le fit deux fois plus pleuré, car deux fois plus mal, de voir qu'un être à qui il avait fait vivre l'Enfer, revenait vers lui pour le consoler. Il était débile, et tellement naïf. Posant une main sur la tête touffue de son amie, il n'osa pas regarder Morvan. Ses cheveux tombaient devant sa joue, ses yeux, son visage. Son ami allait forcément le tuer, ou le rejeter, et après tout, il en avait le droit...

Nastaé était accablé. Il ne savait pas ce qu'il devait faire ou dire de plus pour le faire revenir à lui. Au moins les messages qu'il avait voulut faire passer ont bien été transmis. Morvan lui avait dit lui même qu'il ne savait pas l'importance de sa personne, et ce que cela pouvait engendrer sur Nastaé. Malgré tout il rougit quand il lui dit qu'il était la seule personne sur laquelle il pouvait s'énerver. L'ondin ne voulait pas du tout énerver ou contrarier son ami, loin de là. Il était précieux, bien plus que n'importe qui, alors il ne souhaitait pas le perdre. Pas risquer de le perdre une autre fois. Une espèce de plaie s'était ouverte dans son cœur quand l'histoire du bordel avait commencé, et seule la présence du blond pouvait la refermer. Ainsi, dès qu'il était revenu, revenu pour lui, son cœur ne saignait plus. Même en cet instant, alors que chacun souffrait à leur manière, le jeune homme allait bien, car il était avec lui. C'était peut être un peu étriqué comme vision, mais lui ça lui allait, ne pas avoir mal. Il se rappela cette nuit, avec cet orisha, où il s'était persuadé que dans le noir, tout pouvait changer, et qu'on pouvait transformer les gens en qui on voulait. Or, il avait fait la grosse erreur de se dire que Morvan était remplaçable. A ses dépends, il apprit violemment que non. Il ne supportait presque plus que d'autre personne le touche. Pas après ce qu'il s'était passé, pas après qu'il se prit brutalement la vérité en face. C'était Morvan. Personne d'autre.

Quand il lui prit la main, ce simple contact, chaud et pourtant si banal, propagea un sentiment de sécurité et d'assurance. Comme si tout lui était pardonné. Il savait que ce n'était pas comme ça, que ce n'était pas si facile, mais certaine situation pouvait semblait si désespéré, que un petit geste comme celui là, enfermait à jamais les malheurs dans l'oubli. En tout cas c'était ce que Nastaé ressentait à ce moment là. S'asseyant alors sur le lit, voulant juste se rapprocher un peu plus de son ami, son si tendre ami, ce dernier préféra se reposer. La colère et la douleur ne lui avaient laissé aucun répit, alors maintenant que les choses avaient été dite, il pouvait se laisser aller au sommeil.

L'ondin porta sa main à sa joue, la fit glisser sur sa peau, pour finir sa course sur ses lèvres. Il embrassa cette peau de plein de petits baisers tendre, pendant que le blond s'endormait. Des larmes de stress et de soulagement coulèrent sur son visage et s'étalèrent sur la main de Morvan. Quand il fut certain qu'il se soit totalement endormit, il ramena son bras contre son corps et se leva pour sortir. Fermant doucement la porte derrière sa tigresse, il passa le reste de l'après midi dehors, à se dégourdir et s'heurter à l'air frais. Son corps se raidit au contact de la température un peu basse et il décida de rentrer avant la tombée de la nuit. Une fois à nouveau dans la chambre, son ami dormait profondément. Souriant, il passa un moment dans la bassine d'eau, reprenant sa forme originelle, avant d'aller se coucher près de son ami.

Le sommeil léger cette nuit, il sentit tout de suite quand l'élémental s'agita puis se leva. Il entendit et sentit chacun de ses gestes, s'en imprégnant. Dès que ce dernier sortit sur le petit balcon, l'ondin se tourna vers la grande fenêtre. Il l'observait encore et encore, puis décida d'y aller. Il ne savait pas s'il allait être rejeté ou non, comme la veille. Allait il subir un courroux ? Ou un rejet ? Il ne savait pas mais tentait l'expérience. Ayant gardé son sous-vêtement, il ne prit pas la peine de s'habiller plus et sortit doucement, comme un chat. Se tenant derrière son ami, il était très proche de lui, et son souffle chaud du lui envahir la nuque. Restant immobile quelque seconde, il finit par doucement poser ses mains sur ses bras, faisant très attention à ses hématomes maintenant très visibles. Faisant la même hauteur, il n'eut pas de mal à déposer un baiser sur une de ses épaules. La peau de l'ondin frissonna. Alors comme un chuchotement dans la nuit il dit :

-J'ai tellement envie de rentrer... Avec toi. De reprendre la si belle vie que l'on avait avant, mais seulement tous les deux...

Nastaé était conscient que c'était tôt. Que les blessures n'étaient pas encore fermées. Mais il acceptait. Se disant que Morvan n'allait pas répondre, il commença à faire demi tour pour rentrer à nouveau.

Alors que l'ondin allait se coucher, pensant que tout espoir était perdu, il sentit une main froide le retenir par le bras. Tournant la tête, il vit le visage de son ami, puis se retrouva tout à coup plaqué contre son corps froid. Nastaé apprécia plus que de raison ce contact, et la voix de Morvan résonna dans sa tête, enchantent son cerveau. Ils aspiraient aux mêmes choses, passer sur ce douloureux moment, et ne plus jamais y repenser.
Puis l'étreinte se resserra entre eux. L'ondin passa ses bras autour de son cou, animé d'une chaleur nouvelle, faisant attention à leur corps douloureux, mais voulant se rapprocher encore et encore. Son coeur battit plus fort, s'agita dans sa poitrine, ce qui rendit le jeune homme un peu confus, mais il ne perdit pas pieds, se perdant plutôt dans le bleu puissant des yeux de son ami. Et puis leurs lèvres se touchèrent, et l'ondin se faisait avide de ce plaisir. Il chercha de sa langue celle du blond, voulant caresser la passion qui les agitait. De petits gémissements se fit entendre et plusieurs gestes sensuels s'en suivirent.
Lorsqu'il parla à nouveau, Nastaé se sépara de lui avec un peu de déception mais préféra respecter son choix, comprenant son traumatisme. Alors il lui dit souriant :

-Non, plus jamais même...

Mettant sa main dans la sienne, ils se réfugièrent dans la chambre, fermant ainsi la fenêtre qui faisait courant d'air.
Le lit moelleux les accueillit avec plaisir, et une fois sous les couettes, l'ondin se colla à lui, caressant son torse, réfugiant sa tête dans son cou, embrassant chaque parcelle de son visage, sa peau qui s'était réchauffée. Il était clair qu'il était passionné, excité, et dans l'étreinte de l'être aimé, mais la phrase qui suivit le calma rapidement, et il resta juste collé à son ami. Se mettant sur le dos il écoutait son ami. Un avenir ? Il n'y en n'avait pas encore réfléchit. Mais après quelques instants il dit :

-J'aimerai parcourir le monde avec toi, que quand on découvre quelque chose ce soit notre première fois à tout les deux, que l'on soit ensemble. Rien ne permet de dire ce que nous réserve cet avenir, mais je sais simplement que je veux le passer avec toi, et te sortir de situations, comme tu viens de me sortir, si quelque chose de si dramatique devait se reproduire. Je veux que tu puisse compter sur moi. Je trouve que l'harmonie né de la confiance. J'ai envie que l'on ne fasse qu'un, pour toujours...

Il avait ouvert son cœur bien plus qu'il ne l'aurait fallut, et peut être allait il lui porter du tort ? Mais aux vues de ce que lui avait dis Morvan juste avant il ne se faisait pas de soucis, l'heure était aux confidences. Il comprenait tout à fait que son amant, son être aimé, ne puisse supporter de contact rapproché. Alors il ne fit que l'embrasser encore, encore... Avec amour et tendresse.

Nastaé s'endormit finalement rapidement et ne se réveilla qu'une fois seul dans le lit. Cherchant d'un bras son amant, il fut contraint de lever ses paupières pour apercevoir qu'il n'était pas là. Se redressant alors, il se rendit compte qu'il avait passé la nuit nu, et rougit en passant aux câlins qu'ils avaient échangés cette nuit.
Puis Morvan arriva, frais comme un gardon.

-Du... Shopping ?

Effectivement, les vêtements qu'ils avaient été un peu... Pauvres et peu couvrant. Ce ne serait alors pas une mauvaise idée. Mais personne n'avait d'argent. C'était là que le blond sortit une bourse avec des sous clinquants, prêts à être dépensé. Il avait aussi gardé leur bijoux attirants mais pour l'ondin, ils avaient une aura détestable, et il ne resta pas longtemps là à les regarder. C'était mieux de les vendre, effectivement.
Se levant du lit, il approcha nonchalamment son corps de celui de son amant, collant son bassin au sien, fermant à peine un peu ses paupières pour adopter un regard de braise. Ses mains effleurèrent d'abord ses bras, puis son souffle chaud se répandit dans sa nuque, diffusant son odeur bucolique. Faisant la même taille que lui, il n'eut pas de mal à lui déposer de légers baisers dans le cou, assez passionnés, voire trop parfois, avant de se diriger vers le bain chaud qui l'attendait. Son sang n'avait fait qu'un tour dans son corps, montrant son excitation au jeune homme. Ses doigts glissèrent sur sa peau avant de s'en aller.

Une fois coiffé, habillé, et prêt à partir, Nastaé suivit Morvan dans la rue. Le but était de trouver un prêteur sur gage, ce qui risquait d'être compliqué. Mais l'ampleur de la ville était assez conséquente de manière à être certain qu'il y ait ce genre de commerce. Allant dans différentes rues, ils finirent par tomber sur la boutique de ce genre là. Sous les maigres habits qu'ils avaient pu récolté avant de sortir de la chambre, l'ondin remarquait que le blond avait changé. Depuis le début il n'avait pas pris le temps de l'observer, de voir son corps. Et il était moins fragile et faible. Déjà par rapport à lui, il en imposait beaucoup plus, et le jeune homme comprenait pourquoi. Comme s'il avait prit en carrure, et en confiance. Et puis il était encore plus magnifique qu'avant. Alors quand il lui dit de ne pas broncher pendant qu'il parlait, Nastaé acquiesça, ne disant rien.
Restant un peu en retrait dans la boutique, il vit le patron prendre ses aises avec le jeune homme. Arquant un sourcil il se disait que c'était mal le connaitre que de le menacer. Haussant les épaules il attendit que l'orage passe.

Une fois dans la rue, l'humeur de Morvan contamina l'ondin, et un sourire s'afficha sur son visage. Il était lui aussi heureux dorénavant, et son ami avait l'air d'avoir repris du poil de la bête. Alors ensemble ils partirent en quête d'échoppes. Passant devant plusieurs devantures, Nastaé en désigna une. Dans la rue, il avait enroulé son bras autour de celui de son ami. Une fois à l'intérieur, ce fut une mine d'or. Il essaya diverse tenu, certaines un peu trop folklorique pour lui, et d'autres qui le mettaient un peu trop valeur, faisant ressortir ses fesses, son ventre nu, ses épaules... C'était clairement une atteinte à la pudeur.

-Tu prendras quoi toi ?

Le regardant, il se demanda comment Morvan comptait s'habiller, si il restait dans le classique ou non.

-Moi je vais prendre ça ! Mais j'ai peur de le déchirer si jamais ça... Enfin si je touche l'eau.

Sa voix se fit plus faible sur la fin, ne voulant trop ébruiter sa vraie nature. Le pantalon qu'il avait choisis était plus près du corps que la normale, mais il mettait en valeur ses jambes élancées. Toujours de couleur un peu sombre, anthracite. Malgré tout il dit :

-Je pense que j'ai un problème avec mes hanches regarde, même avec une lanière de cuir mon pantalon descend bas.

Jetant à nouveau un coup d’œil il haussa les épaules :

-Bof, c'est pas grave, je m'en fiche.

Car après tout, il se fichait carrément que son pantalon descende ou non. Il ajouta aussi un t-shirt blanc et un gilet gris, le tout col en V. Au moins, ce n'était pas si terrible, mais ça le couvrait. Rentrant dans la petite cabine où Morvan devait aussi se changer, il voulu le surprendre en n'enlevant que son t-shirt et mettant son gilet par dessus, laissant voir la moitié de son torse. Se faufilant près de lui il l'embrassa dans le cou, et prit les mains du blond pour les poser sur son torse quasiment nu. Il chuchota alors :

-Quoi que tu mette tu es tellement irrésistible...

Et oui, c'était un plaisir de le retrouver, surtout maintenant qu'ils étaient encore plus proches qu'avant.

Une fois payé et revêtit leurs achats, Nastaé prit la main de Morvan dans la rue en disant :

-Tu veux que l'on aille où ? On flâne ?

Un sourire était collé sur ses lèvres, heureux de pouvoir passer du bon temps avec lui, pendant que les corps de leurs ennemis étaient en train de se faire dévorer par les charognards.

Nastaé regarda Morvan prendre et essayé quelques tenues. Il voulait changer, sans vraiment faire dans l'extravagant, ce qui était normal. Alors une fois qu'une vraie tenue adaptée était définie, ils purent payer et sortir.
Une fois dans la rue, le blond proposa la bibliothèque, de manière à s'instruire quelque peu, sur la géographie du pays. L'ondin trouva cela ingénieux, surtout s'ils comptaient parcourir les terres. Peut être que Nastaé pourrait en apprendre plus sur les différentes races qui existaient, les légendes, et tout cela. Ainsi, ils marchèrent pendant un long moment, tournant dans diverses rues, pour trouver une enseigne indiquant une bibliothèque. C'était pas franchement gagné. Mais une fois le tout trouvé, son ami l'entraîna à l'intérieur. Des étagères entières étaient remplis de livres, de tout âges et de toutes couleurs. Ils traitaient de la science, comme de l'art, comme des contes, ou même des légendes, pile ce que voulait le jeune homme. Mais il préféra suivre son binôme dans un premier temps, trouvant important de connaître les prochains lieux où ils risquaient de mettre les pieds.
Il regarda par dessus l'épaule de Morvan. Ils passèrent ensemble sur certaines régions, plus ou moins accueillantes, mais où toutes les infos étaient bonnes à récupérer. Il savait qu'il y avait aussi des contrées réservées à certains peuples, et d'autres accessibles à tous. Il pu se renseigner sur les anges, les fées, les orishas, les démons, les alfars, les vampires -un visage flotta dans son esprit l'espace d'une seconde-, et les anges déchus. Bizarrement, aucun autres bouquins ne parlaient des races restantes. La sienne était considéré comme rare, voir mythique. Rien ne disait clairement qu'ils existaient, et en même temps, rien ne le désapprouvait. Il trouvait ça tellement étrange d'être si indécis sur une race... Ce n'était pas parce qu'il vivait dans l'océan, qu'il était irréel au contraire. Ca leur prouvait qu'il y avait de la vie au delà de leurs petits yeux d'explorateur.
Fermant le livre, le jeune homme haussa les épaules.
Se faisant appelé, il rangea le livre et alla voir la tignasse blonde. Ecoutant ce qu'il lui racontait, il trouvait la légende intéressante. Après avoir entendu les paroles de son ami il dit :

-Attend, ce n'est qu'une légende, crois tu vraiment que ça existe ? Je veux dire... Ne risquons-nous pas notre vie pour rien ?

Il réfléchit un instant. Tan de légendes restaient seulement... Des légendes, alors parfois pourquoi s'entêter ? Mais là c'était différent. Apparemment il y avait des affirmations sur la véracité de cette histoire. Soupirant il dit :

-D'accord, si tout cela existe vraiment, pourquoi pas, mais j'espère que nous n'allons pas risquer de mourir à chaque pas. Entre nous, l'endroit n'a pas l'air rassurant.

Oui c'était certain, mais en même temps rien ne pouvait être pire que le bordel dans lequel ils étaient. Donc les Terres Arides, c'était facile à côté. Se ressaisissant il dit :

-Des provisions, mais aussi de quoi se défendre.

Nastaé n'avait plus d'armes. Avec cette agitation, ses couteaux de lancé avaient disparus (surement retenu en consigne dans la "maison" de Lola), et bien qu'il pouvait lancé beaucoup de choses qu'il avait à porté de main, il était toujours préférable d'avoir deux trois vraies armes. Inconsciemment, il pria pour rencontrer des voleurs de grands chemins sur les routes, de manière à pouvoir les dépouiller de leurs lames tranchantes. Il savait que ces personnes là étaient très bien équipées en général.

Une fois le tour de la légende, et de la bibliothèque, finit, il glissa sa main dans celle de l'élémental et sortit du bâtiment. Jetant un coup d'œil en arrière, il trouva que l'endroit était vieux et presque délabré, mais remplit de bonnes informations. Ainsi, alors qu'ils marchaient doucement, il dit :

-Nous partirons demain ? Tu es sur que c'est bon ? Je veux que tu sois bien... Je ne veux pas t'attirer d'ennuis supplémentaires tu sais...

S'étant arrêté, il avait pris sa tête entre ses mains. Après avoir dit cela, il l'embrassa légèrement et ils se mirent à nouveau en route, finissant d'arpenter les rues.