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 L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI]

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Jeu 04 Oct 2012, 17:51

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] Sans_t28
Thème musical:

Notes à l'attention du lecteur.
L’histoire des génies ne compte en tout et pour tout qu’un seul chef de race officiel, exclus tous les chefs de clans que le Mârid s’est empressé d’assassiner, pour les moins coopératifs du moins, pour unifier la hiérarchie d’une race qu’il a tenu d’une main de fer, au prix d’avoir transformé son règne en tyrannie. Mais malgré le seul fait marquant de notre histoire, aujourd’hui, les génies sont pour le moins dispersés à travers nos contrées. Avez-vous seulement déjà entendu parler de réunions de génies ? Cela ne se fait pas. Les génies ne participent pas politiquement aux desseins du monde, ils ne se montrent jamais, préfèrent influencer dans l’ombre, dans l’anonymat. Leur existence demeure légendaire, mythologique. Très peu se montrent tel que je l’ai fait après tout. Cette race est indépendante, même en interne. Chaque membre vit dans son coin, tant qu’il respecte les règles malicieuses du Mârid concernant les vœux, chacun est libre de mener sa vie.

Cependant, une fois tous les trois ans, le Mârid organise d’immenses jeux des ombres dans un Colisée située toujours dans un endroit différent dont la localisation est révélée à tous les génies, au dernier moment. Ce colisée se situe dans les terres des génies où en outre, il y a le palais du Mârid, et dont l’accès est uniquement possible par la porte des songes. Dans ce Colisée, des épreuves mettant le génie à rude épreuve sont organisés mais ils sont des centaines et des centaines à participer à chaque édition de la sorte. C’est le seul et unique évènement qui les réunie tous. La plupart sont dans les gradins, hurlant lorsque l’un des leurs trépasse de façon « amusante ». Mais pourquoi être assez fou pour participer à ces jeux morbides ? Le vainqueur, car il ne doit en rester qu’un, aura l’immense privilège de combattre le Mârid en duel. Et les participants ne sont pas que des gladiateurs de génie, mais bien tous des titulaires au trône du Mârid. Mais réfléchissez, cela fait des siècles qu’il règne, des siècles que ces jeux sont organisés, et il est toujours au pouvoir.

_______________________________________________


    Depuis aussi longtemps que je m’en souvienne, j’ai toujours eu espoir dans le soulèvement des hommes, je les sais éternels insatisfaits, je me sais le roi de l’insatisfaction, je me sais vengeur, révolutionnaire. Je me sais capable du meilleur comme du pire. Je me sais capable de mettre le feu au monde pour qu’il hurle sa liberté et qu’il soit plus beau, plus méritant. Depuis aussi longtemps que je m’en souvienne, j’ai toujours espéré pouvoir me délier de mes chaines, toujours las des devoirs envers dieu et maître.
    L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] Sans_t29
    [justify]Je me savais à l’abri du temps mais jamais de celui de la cruauté, j’étais puissant mais jamais assez pour l’affronter. Cet homme que je savais si colossal, cet homme qu’on ne pouvait déchoir de son trône de rêve, l’homme qui avait aimé et haït tout ce en quoi il croyait, cet homme, c’était le Mârid, mon roi, et mon père. Des années entières avaient creusées les rides de mon cerveau, plantant la graine du malheur et de la rédemption, j’étais revenu parmi ce monde en cendre pour qu’il brûle à nouveau. Et en ce jour, ô oui il brûlait.

    Un incendie immense comme la forêt des murmures ravageait toute la côte ouest du monde chimérique des génies que le Mârid tenait de sa propre création spirituelle. Ce monde perdu au milieu d’un nulle part trop lointain des autres peuplades connaissait ses dernières heures. Tout était ruine autour de moi, les poutres s’effondraient, le plafond d’ivoire s’effritait et de larges morcellements écrasaient des génies apeurés qui couraient partout où ils pouvaient. Dans ce tumulte d’explosions répétées et successives, j’étais abasourdi au sol, je reprenais mes esprits et me faisant violence, j’avais subi de plein fouet la colère des titans. Je me relevais sans trop tarder, et au dehors, la guerre civile frappait ma race comme la peste, on luttait pour la liberté.

    L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] Sans_t30Je courais à travers les débris, la rage au ventre et passai les encombres qui m’éloignaient de celui que je désirai plus que tout assassiner pour ma gloire et la fortune de tout un peuple disséminé par sa folie. Il se tenait droit comme un divin sous un ciel rouge de sang à l’heure d’une apocalypse que plus personne ne maîtrisait, me regardant fièrement, songeant à l’après-demain de cette révolution qu’il pensait déjà perdue alors que moi, je la pensais déjà gagnée.

    Nous regardions tous deux les protagonistes environnants, Cyanide au combat avec un iblis féroce qui lui assénait de terribles attaques, Natacha qui égorgeait ses ennemis avec rapidité et propreté, sans même trembler lorsqu’un génie, trois fois plus haut qu’elle, l’attrapa par la taille, la vipère lui faisant une prise redoutable qui lui écrasa la cage thoracique. Au loin, je vis Klyan qui, dehors, commandait nos alliés de fortune, j’entendais sa voix glaciale résonner comme des coups de glaive tandis que le camp ennemi n’était pas en reste. Ambre arriva en renfort mais elle fut bloquée par des dizaines d’adversaires et Natacha immédiatement couru lui apporter un appui, je les savais organisés et malins en plus de féroce, je n’avais pas peur pour eux. Mais dans ce brouhaha de fin du monde, j’hurlais à mon père :

    « Abandonne Mârid, ne vois-tu pas que ton règne s’effondre ! » alors que ce dernier souriait de plus belle, il se pensait intouchable, l’immortalité l’avait rendu bien moins effrayé par ce genre d’imprévus.

    « Abandonner ? Mais tu n’as rien compris. Même s’il ne doit rester plus aucun génie en vie à la fin de cette journée, je dominerai ce monde. C'est mon règne ! J'aime cette effusion de sang et qui pourra me stopper ? Toi peut-être ? Tu n'es plus le vil génie de tes anciennes années. Tu n'es plus rien Naram, plus qu'une vulgaire ombre qui hante les nuits des gens. Et si tu veux cesser ce massacre, il faudra malheureusement me tuer. Alors je t’attends mon fils, je t’attends depuis si longtemps. »

    Je l’avais également tant attendu.

    « Alors nous voilà enfin d’accord. Je mourrai peut-être en ce jour mais tu ne pourras jamais arrêter cette rafale d’insurrection que j’ai insufflée à tous ces génies. Une page nouvelle s’écrit pour notre race et elle marquera la fin d’une épopée pour l’un de nous deux. »

    Mais si tout semblait être une guerre intestine que la fortune aurait caressée, en réalité, cette journée était l'héritage d'ambitions et de plans finement préparés à l'avance, des années auparavant, se concrétisant aux jeux des ombres.
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Jeu 04 Oct 2012, 22:52

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] The_dr10
Thème musical:
L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] Sans_t31
« William, si tu entends ma voix à la place d’une douce musique, tu le sais, c’est que je suis mort. C’est toi qui m’as appris ce tour et je dois t’avouer en avoir aujourd’hui besoin, plus que jamais. William, je ne sais pas par quoi commencer. Tant de choses et pourtant. Pardonne-moi mon ami, pardonne-moi pour mes erreurs, mes entêtements et mes trahisons. Pardonne-moi pour ne pas t’avoir écouté, aujourd’hui je comprends la pesanteur de toutes tes paroles. Ne m’en veux pas mon frère, je n’étais pas prêt pour ce à quoi tu aspirais. J’ai cependant une requête à te formuler, une sorte de dernière volonté. Je sais que tu n’as pas le droit de quitter le temple mais tu sauras faire en sorte qu’elle vienne à toi. Mitsuko. Elle aura besoin de toi à un moment qu’elle ignore encore. Ce moment dont tu connais la portée, que je connais également. Ce que je redoute tant. Je veux que tu l’aides à passer ce stade. Je veux que tu la protèges des priants. Fait ça pour moi, je t’en conjure, si tu entends ce message alors, fais le nécessaire, je reposerais alors en paix. Ne m’oublie jamais mon vieil ami, nous sommes un peu l’écorce du monde. Les pionniers de la belle magie et ceux qui savent ce que veulent dire l’éternel. Ah oui, et autre chose, concernant [...] »

Prononçais-je de la façon la plus claire possible malgré le vacillement discontinu de ma voix. Fermant les yeux, je repensais à tout ce que j’aurais pu lui dire et à tout ce qu’il savait déjà. William comprendrait, nous étions parfois comme une même âme pensante, il était après tout ce que j’aurais pu être si j’avais d’autres choix, il comprendrait.

Reposant la boite à musique qui avait fini d’enregistrer ceci, je réfléchissais à la prochaine personne à qui je ferai mes adieux. Après tout, mes chances de survie étaient infimes. Les jeux étaient proches, bientôt je devrais affronter des épreuves telles que je n'en ai jamais connu. Tant de choses étaient pourtant encore à dire, des paroles perdues qui ne seraient que des regrets d'un fantôme frustré si je ne m'y prenais pas à temps. Je ne pouvais plus reculer, plus maintenant. Prenant l’une des huit boites à musiques qui restaient posées sur mon bureau, exactement huit et pas une de plus, je remontais la petite manivelle sur le côté de quelques tours puis ouvrai le couvercle. La boite ne fit aucune musique mais une sorte de vide audible semblait être aspiré vers celle-ci.

« Cyanide. N’aie pas peur, tu n’es pas folle, tu es la seule à pouvoir entendre ma voix et si tu l’entends, c’est qu’inévitablement, je suis mort. Mais ne sois pas triste, nous aurons au moins bien ris. Cela étant, je vais, si tu me le permets, te donner les consignes concernant la race des génies. Tu devras reprendre mon œuvre, c’est inévitable. Ecoute-moi attentivement, [...] » parlant sans montrer la peur qui me hantait, ainsi pendant une bonne dizaine de minutes. Reposant cette boite, j’en reprenais ensuite une autre :

« Je sais que nos relations ont conduit au néant pur et simple. Cela fait combien d’années à présent ? Je n’ose y songer. Tu as sûrement dû te poser beaucoup de questions. Pourquoi as-tu dû quitter le manoir taiji juste avant que Mitsuko ne le découvre et s’y installe ? Pourquoi Seth ne se souvient plus de toi ? Pourquoi à présent tu vis, loin de moi. Si je te disais que je ne voulais que te protéger, tu ne comprendrais sûrement pas. Alors je vais t’expliquer, cela va être long, mais bénéfique. [...] » Et je reposais cette autre boite que je mettais volontairement à l’écart de toutes les autres.

« Masha Oona. Vous ne me connaissez pas, et je ne vous connais pas. Mais nous partagerons quelque chose, de plutôt triste lorsque j'y repense. Laissez-moi vous expliquer. [...] »

« Edelwyn. Ô, ma douce correspondante. J'ai longtemps songé à t'écrire une lettre de plus. Mais au final cela aurait été inutile. L'objectif est que tu puisses entendre des choses que si, et seulement si, je disparais ; or si tel est le cas, il y a bien sûr plusieurs paroles que j'aurais aimé te dire. C'est d'ailleurs car je suis mort que je me permets de te tutoyer. Alors, laisse moi d'abord, te réciter une belle poésie. Pas n'importe laquelle. Ma préférée. Je suis certain qu'une femme aussi cultivée que tu l'es sauras l'apprécier. J'espère que tu ne t'attendais pas à des révélations post-mortem de ma part, tout de même ? Non, pour ça, il faudra attendre la lettre par contre. Tu es, dirons-nous privilégié par rapport aux autres légataires des quelques biens que je possédais. Laisse moi te préciser ici juste après ledit poème en alexandrins, s'il-vous-plait. [...] »

« Mitsuko. Tu dois sûrement te dire quelle excentricité m’a encore pris pour te faire parvenir un simple message farfelu par une boite à musique. Tu as sans doute raison, mais un testament aurait été trop commun. Je ne me confondrai pas en paroles de condamné, ni en regrets de ne pas avoir osé. Ne cherche pas à savoir comment tu as eu cette boite, si tu entends ma voix à la place de la musique c’est que tout est fini alors autant passer aux choses essentielles. Il me faut te dire une chose, essentielle. Il me faut te dire la vérité sur le pendentif et le secret qu’il contient, bien au-dessus de tout ce que tu peux imaginer. Ce pendentif a traversé les siècles, il m’a été offert par une aether dont la sagesse était infinie. Il t’ait destiné. C’est mon legs, ceci a toujours été ma volonté. Voilà ce qu’il contient. [...] A ce propos, et ne m’en veux pas pour la boutade de la pierre tombale, car mon véritable prénom n’était en réalité, tout simplement, que [...] »

Et je souriais en la reposant. Je ne voulais rien lui dire concernant l’essentiel qui nous concernait tous deux. Elle avait fait son choix, elle avait choisi de prendre la voie qui nous séparait elle et moi, alors qu’il en soit ainsi, peu importait ma volonté. Et puis, je préférais qu’elle songe éternellement à cette question sans jamais pouvoir avoir de réponses après tout.

« Lily. Oui je sais. Mais il le fallait. Je n’allais pas t’épargner une dernière formulation de ma part sous prétexte que tu n’aimes pas ça. Je crois que tu mérites le plus long message de tous. Le plus merveilleux, à la hauteur de tout ce que tu as fait pour moi, de tout ce que tu m’as donné. Je t’en serai éternellement reconnaissant. Pardonne ma bêtise, je n’ai jamais été capable de changer. Concernant la période où je t’ai confié Jun, je n’ai pas été très honnête avec toi. Voilà, ... »

« Je te pardonne mon agneau, je suis plutôt de nature miséricordieuse, tu sais ?! » répondit l’intéressée derrière moi. Gêné, je grognais d’avance quant au fait qu’elle ait pu entendre quoi que ce soit.

« Rassure-toi, je viens d’entrer. Mais la suite m’intéresse bien que je sais d’avance que tu resteras muet jusqu’à ce que tu sois dans ta tombe. »

« Je t’avais dit de ne pas venir, Lily. Tu ne comprends pas. Aujourd’hui, tout va changer. Il va y avoir des dégats, des morts... Tu ne peux pas rester ici. »

« Oui, oui. Ça fait la énième fois que tu me répètes toujours la même chose, va ! Enfin si tu récites ton testament à tous ces cafards, c’est que ça doit être sérieux, hein. Allez, je blague, je suis juste venu te souhaiter bon courage. »

« Hum... Merci. Tu ne me demandes pas de rester en vie, cette fois ? »

« Disons que tu es assez doué pour ça. Et ça coule de source. Si tu meurs, sache que cette fois c’est moi qui vais grimper aux remparts de l’enfer pour venir te rechercher par la peau des fesses. Clair ? »

« Clair. Ne reste pas trop loin, sait-on jamais, on risquerait de s'amuser sans toi. »

Et après une brève accolade, Lily s’en alla, me confirmant qu’elle resterait cachée dans le palais du Mârid en attendant la fin des événements, de toute façon, elle ne pourrait pas aller plus loin, le reste était interdit à tout individu étranger à la race des génies. Seul un démon, et encore, de haut niveau, pourrait être confondu par la barrière magique qui entourait les délimitations du colisée. Je finissais de remplir les dernières boites aux personnes concernées avant de les mettre dans un sac et de préparer deux, trois affaires. Refermant ma valise, je contemplais une dernière fois la chambre dans laquelle je logeais depuis des mois, juste à côté des appartements du Mârid, lui qui me pensait calmé de mes grandes folies. Il se trompait si lourdement car jamais, la révolution n’avait été aussi proche.
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Jeu 04 Oct 2012, 23:06

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] Fire_b10
Thème musical:
Je regardais une dernière fois les quatre murs qui furent une prison pour moi, mes journées qui s’étaient ressemblées, la patience dont j’ai dû faire preuve, l’hypocrisie en tant que nouveau second du Mârid, après le meurtre que j’avais organisé pour liquider Halama et prendre sa place, à tout ce que j’avais enduré pour être dans le camps de l’ennemi, oui j’y repensais puis j’en riais, l’épilogue allait prendre un tournant décisif.

J’arrivais dans les appartements du Mârid puis y laissais la dernière boite à musique, celle-ci était différente de toutes les autres, son effet était plus surprenant. Quittant discrètement les couloirs du palais, je rejoignais le plus naturellement du monde les jardins qui bordaient l’endroit et saluais même avec courtoisie et bonne humeur, deux, trois génies rencontrés durant la ballade avant de me fondre dans le décor et de disparaître, déterminé, plus que jamais. Prêt à tout, au pire surtout. Là où j’allais il ne pourrait plus me trouver, je quittais le territoire chimérique du Mârid, je quittais ma patrie qui m’avait adopté sans me connaitre, pour rejoindre un endroit que je ne connaissais que trop bien : le manoir Taiji.

Pendant ce temps, le Mârid entrait dans ses appartements, accompagné d’une nouvelle recrue qu’il avait bien l’intention d’examiner de près. C’est que depuis la disparition d’Halama, l’homme se sentait seul. Se servant un verre d’un alcool démesuré, il vit la boite à musique sans en comprendre la provenance. Et sans trop se poser de questions, il remonta l’horlogerie de quelques tours avant d’en ouvrir le couvercle. En son centre tournait une sirène de cristal alors qu’aucune musique ne retentissait. Pourtant, la jeune femme qui l’accompagnait complimentait la jolie sonorité de l’instrument mais le Mârid s’en étonna, lui qui n’entendait rien. Il comprit alors, qu’un message lui était destiné et qu’un seul être pouvait être capable d’un tel tour, son propre fils. Il ne pouvait y avoir de doute, la sirène de cristal n’était autre qu’une petite statuette à l’effigie de son ancienne femme morte après de violents coups conjugaux, cette sirène, la mère de son fils, Naram. Il fouilla dans le petit tiroir sous la coupole, y vit deux trois affaires ayant appartenu à la mère de Naram, un collier de perle, deux trois bibelots et un poème que le Mârid lui avait écrit en son jeune temps.

Sortant de ses appartements, il se dirigea vers la chambre de son fils qui, lui, l’avait quitté depuis bien trop de temps déjà pour le rattraper. Et dès l’instant où il mit le premier pied, une sorte de fantôme de magie lui apparut, prenant les traits dudit génie déserteur.
« Cher père. Si tu entends ce message, non je ne suis pas mort, bien au contraire. Vivre en ta compagnie, fut... comment dire... enrichissant. Tu m’as appris des choses dont j’ignorais la stricte existence, tu m’as aidé à devenir plus fort, sur tous les plans, et je ne peux que t’en remercier. Mais tu m’as surtout conforté dans mon obsession. Ta fin est proche mon cher père, oui, je peux la sentir, la respirer. Bientôt, je viendrais te chercher, et telle la faucheuse, c’est ta vie que je prendrais. Ne sois pas surpris, tu t’y attendais, j’en suis certain. Tu savais qu’un jour, ce serait ton tour. Je laverai le monde de ses déchets. Ne l’oublie jamais. Profite de tes derniers jours de règne mon vieux rival. Car ce que tu as usurpé il y a trop longtemps, je viendrais te le prendre. Je te le jure, le soulèvement de notre race a commencé. A bientôt, très bientôt »

Prononça cette réplique magique, ce message enregistré. Le Mârid ne dit rien, il savait, il ne s’énerva pas mais pourtant, on sentait en lui comme une puissante cassure. Quelque chose qui changea radicalement sur son visage, une décomposition qu’il se permit car seul dans la pièce, comme s’il aurait eu l’espoir qu’un jour il puisse retrouver la relation qu’il avait eu avec son fils il y a des siècles et comme la certitude, qu’aujourd’hui, cet espoir n’était plus permis, que plus jamais il ne pourrait espérer, ni le pardon de son fils, ni sa fierté. Ô, j’aurais tant voulu être à cet instant dans sa tête, comprendre ce qu’il pensait, s’il était vraiment attristé, si j’avais été trop loin. Mais je n’avais plus le choix : le destin avait tranché pour nous deux.
L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] Sans_d10

Mais rappelez-vous, je vous avais dit que la boite à musique avait un petit quelque chose que les autres boites n’avaient pas. J’avais volontairement fait venir le Mârid dans mes appartements, je voulais qu’il constate, ses propres appartements, en feu. Dès l'instant où la musique cessa de résonner pour la jeune femme un peu perdue qui s’était installée sur le lit pour l’écouter, dès l’instant où mon fantôme disparut dans la chambre où se trouvait mon père, une explosion sourde fit trembler tout le palais, les plafonds s’effritèrent et des morceaux de marbre éclatèrent au sol.

La jeune recrue ne devait pas être là, elle était au mauvais endroit, au mauvais moment et malheureusement, serait un dommage collatéral que l’histoire ne retiendrait pas. L’incendie se rependant, le Marîd sortit de la chambre sans agir, stoïque face à la chose, il se fichait complètement des quelques dégâts car la véritable blessure, était bien plus profonde. Et ceci, il ne le laisserait pas passer.

Le soulèvement avait commencé.

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Ven 05 Oct 2012, 03:10

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] Fire_b12
Thème musical:

« Une veille légende datant de quelques siècles si ce n’est plus, raconte l’étrange idylle entre l’océan et les enfers. Il aurait été une fois inattendue où deux entités qui n’auraient jamais dû se rencontrer, firent don de leur âme à l’autre jusqu’à ce que la mort les sépare. Fort bien, car ce fut la mort elle-même qui vint séparer leurs corps que personne n’aurait su délier. La légende raconte entre autre que cet étrange amour faisait naitre bien des chaos sur la simple terre qui se trouvait détruite par un doux feu des diables, par un couple qui n’avait de cesse que de jouer à de bien funestes et effroyables jeux. Cependant l’océan un jour se lassa et fit quitter ses eaux troubles des fentes de laves où nichait l’enfer. L’on dit cependant qu’en signe d’une fascination éternelle, l’océan offrit le don de création à l’enfer qui, jusqu’à lors, était réservé au paradis. L’on dit également que l’enfer offrit à l’océan le don d’une arme aux formes toutes particulières et à la capacité étrange : sa lame aurait été imbibée du sang de l’enfer dont le venin serait mortel à ses ennemis et si agréable à son porteur, son porteur qui ne pourrait être que l’océan. Cette légende s’est transmise à travers les siècles et beaucoup disent que la véritable raison de la fuite de l’océan n’était pas la lassitude mais bien l’appel des astres, fidèle à une lune qui n’était pas encore née. Mais allez savoir. Je dois avouer peiner à mettre des visages sur cette légende. Si l'on comprend facilement que les enfers était Mitsuko I, qui pouvait être l'océan ? Un amant qui n'aurait laissé aucune trace ? De nombreuses pistes m'amènent toujours au même point : les astres dessineront le visage que l'océan devra suivre comme un chemin d'étoiles tracé pour lui. Mais qui serait cet astre ? Je crois que ce temps n'est pas venu, l'avenir aura ses réponses que le présent ne peut prévoir.

J'ai passé ma vie à retracer celle post-mortem de notre défunte reine. J'ai étudié ses us et coutumes, j'avais même l'intime conviction de la connaitre à travers mon essai. Et puis, j'ai découvert de vieux textes que le temps n'a pas épargné, écrit de la main de l'homme qui incarnait l'océan. J'ai alors compris que je ne savais rien d'elle tant il dépeignait d'elle une peinture complexe. J'aurais tant voulu retrouver le journal de Mitsuko I qui, d'après des rumeurs, parlerait de cet homme dont nous n'avons rien. Je crois que cet homme savait ce qu'il faisait, du début à la fin et j'ai senti dans ses écrits comme une réelle culpabilité lorsqu'il songea à un départ. Peut-être pour son bonheur comme celui de la reine, ces idées auraient dû rester au stade de simples songes. Cependant, je dois bien le signaler, j'ai remarqué comme une anarchronie. Ceci est un brouillon que Mitsuko avait laissé traîner, elle qui aimait tant écrire pour se souvenir. Elle fait référence à l'océan qui, la nuit, lorqu'il la pensait endormie, se mettait à discuter avec la mort. Elle fait alors référence à des notions comme l'ombre du coeur qui pourtant, ne sera porté à sa connaissance que bien plus tard, sous la lettre remise par une certaine "Lily" nommée poétiquement " La nuit ". J'avoue être face à un réel mystère, comme si l'océan avait eu connaissance de son destin avant l'heure grâce aux susurrements de la mort. Plus j'y réfléchis, plus tout ceci n'a aucun sens.
»
Extrait de « commentaire sur la dynastie Taiji. » - Anonyme du siècle de la lune de Jade

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] Fire_b13
Thème musical:

Je fis plus d'un mois de cavale avant de pouvoir reprendre mon apparence usuelle ; jusqu'à lors, j'usais de tout ou presque toutes les apparences possibles, retenant les traits de chaque passant que je croisais, en tuant certains pour ne pas semer le doute. Un mois de cavale où le Mârid avait ordonné à un groupe spécialement formé pour ça, de me retrouver, de me capturer, et si cela s’avérait nécessaire, de me tuer. J’éliminais a fortiori tous les endroits où le Mârid exerçait une influence, ce qui regroupait un peu près deux tiers du territoire, ce qui me laissait surtout peu de possibilités. J'éliminais surtout les endroits où ils chercheraient à me trouver en premier : auberge, plage de sable fin et évidemment, la porte des songes qui était pour l'heure l'endroit le plus surveillé. C'est donc sur le dos de Sin qui j'entrepris ma cavale, parcourant les terres d'une autre façon : comme un gibier, un homme chassé, à présent, j'étais craint et j'aimais cette idée, j'aimais être un danger, une contrainte : j'aimais être détesté. Je les savais faiblissant, et moi, je me renforçais.

Le manoir Taiji était l'unique endroit où je pouvais me résoudre. Il était grand, sous l'influence tellement puissante de Mitsuko que le Mârid ne pourrait y sonder la présence d'un éléphant, et j'avais grande envie de revoir Seth avant mon départ pour le Colisée. Quoi que j'en dise, j'aimais plus que tout ce manoir, il m'était précieux, j'y avais passé la majeure partie de ma longue vie lorsque j'y repensai et croyez-moi, j'y repensai souvent. Ce manoir était l'héritage des générations passées et dieu savait que ces générations n'ont pas laissé grand chose de leur trace éphémère. Ce manoir était comme l'antre de mon passé, un dernier lien avec le monde réel. Et puis, mais ça, peu le savait, beaucoup de mes affaires et artéfacts se trouvaient encore dans les pièces du domaine Taiji. J'avais moi-même créé de nombreuses pièces cachées au fin fond de ses recoins que j'avais pris soin d'oublier par magie de sorte qu'on ne puisse les salir sans que je ne le sache mais je savais qu'un jour j'entreprendrai la fouille de ces bâtiments pour y retrouver bien des trésors perdus, un jour où ses habitants ne seraient plus mes amis. Pour ce soir en tout cas, je me savais en sécurité et tranquille. Edelwyn m'avait assuré que Jun avait quitté les lieux pour y préférer la chaleur de Stanfeck et Mitsuko l'amnésique avait déserté pour jouer la missionnaire aux quatre coins du continent.

Seulement, je fus comme surpris de la trop charmante compagnie que je pouvais trouver en ce lieu que je croyais pratiquement de nouveau à l’abandon. De jeunes hommes se baladaient ici et là, passant leur journée à flâner, à lire ou s’entraîner à manier les armes. Je ne comprenais pas. Alors, bien entendu, je les avais observé, j'avais appris leur gestuelle, leur démarche pour pouvoir voler leurs traits et pouvoir me balader sans être repéré mais tout devenait compliqué lorsque l’un d’eux m’adressait la parole, attendant apparemment le retour de leur mère ? J’étais dubitatif, s'agissait-il d'une secte ? Mitsuko s’était-elle constituée un harem de beaux étalons pour pallier à sa solitude ? Il était vrai qu'après avoir oublié consécutivement Vlad puis moi-même, la belle devait avoir comme un vide cérébrale dans sa petite caboche, sa mémoire lui faisant clairement défaut à un âge pourtant que je ne conçois plus en vu du mien. Puis, je me souvins de l'épisode du temple où elle me fit revivre une scène plutôt torride entre Vlad et elle. Des enfants qui n'en étaient pas vraiment. Des ersatz de progénitures, des bribes de génétiques, formant des êtres vides sans existence. Mais comment auraient-ils grandit aussi vite ? La magie employée m'était totalement inconnue, ça, c'était certain.

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] Sans_d11
« Comment se porte-elle ? » - « Bien, bien. » - « Et toi ? » - « Bien, bien. » - « C’est fou comme tu es loquace, ça donne envie de te rendre visite. » - « Tout s’assombrit dans mon esprit mon ami. On semble tous défier la mort mais jamais la mort ne se sent défiée car à ses yeux, on ne fait que repousser l’inévitable alors elle attend, patiemment, car elle se fiche du temps qui passe, le temps, c’est elle qui le crée, c’est elle qui y met fin, elle passe et fauche aveuglement sans se soucier de la condition ou de l’importance de la personne. Tout et rien est son égal. Sauf peut-être toi, Naram. » - « Je comprends tes craintes. Personnellement, je n’ai pas peur de la mort ; l’inconnu effraye et la mort ne m’est pas inconnue. Non, ce dont j’ai peur, c’est ce qui vient après. »

Nous parlions tout en pliant des draps de soie d’une qualité indubitable, l’un d’un côté et l’autre, de l’autre. Nos mouvements étaient coordonnés, d’un parallélisme parfait, nous avancions, prenions les bouts puis reculions jusqu’à tendre le tissu puis les plier avec l’exact et similaire origami à chaque fois : tel le cycle perpétuel d’une vie, une image plutôt bien choisie.

« Je sais qu'elle te manque. En sais-tu plus sur l’amnésie de Mitsuko ? Comme je te l’ai promis, je ne lui ai rien dit. » - « Nullement. Mitsuko a pourtant clairement formulé le nom de William. Mais je n’arrive plus à accéder au temple, les esprits m’ont interdit l’accès pour le moment. Quelle bande de corrompus. » - « C’est peut-être à cause des récentes déclarations de conflits interraciaux. Chacun va chercher des alliés, même chez les esprits. Et les esprits ne sont pas très belliqueux comme tu le sais. » - « Je ne le sais que trop. Mais non, c’est une trop grande coïncidence. William me fuit et me cache quelque chose que je pressens de très mauvais. Il recherche à m’éloigner de Mitsuko par tout moyen. J’ai l’impression qu’elle ait bien plus en danger qu’avant son ascension. C’est plutôt contradictoire en vue de son titre. » - « J’ai le même sentiment, je la sens plus vulnérable mais c’est parce que nous ne regardons pas au bon endroit. Sa vulnérabilité n’est pas seule que nous entendons. » - « Je vois. »

Et nous finassâmes notre rangement avant de fermer la porte de la chambre et de continuer notre discussion en longeant le couloir.

« Mitsuko traîne souvent avec le roi des réprouvés, Jun est parti en guérilla pour la gloire, hum, tout le monde semble affairé sauf moi ici. » - « Tu as toujours les rejetons à éduquer ? » - « Tu es au courant ? Je ne ferai aucun commentaire. » - « Mais je ne t’en demande aucun tonton ! »

Lui dis-je en rigolant et lui tapant sur l’épaule. Nous redescendions ensuite à la cuisine et Seth me servit un thé aux feuilles de lotus, thé que j’affectionnai quelque peu.

« Nous irons chercher demain l’arme dont tu m’as conté l’existence tout à l’heure. Va savoir si elle se trouve toujours ici, le temps est passé. » - « Il le faut. Je ne peux prendre le risque de me servir de mon trident comme arme, le Mârid me repérerait tout de suite pendant les épreuves et je ne passerai pas plus de l’ouverture des jeux. Et puis, je crois que j’en ai besoin, besoin d’un souvenir. » - « A l’heure où tout le monde cherche à oublier les siens, toi tu en recherches d’autres. Toujours à contre-courant n’est-ce pas ? » - « C’est ainsi que je me sens, en vie. »

Et regardant les étoiles, j'attendais patiemment que celles-ci me dessinent à nouveau son visage.
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Ven 05 Oct 2012, 18:32

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] The_dr11
Thème musical:

J'avais passé la nuit entière sur le toit du manoir à contempler les étoiles, sans dire un mot, sans vraiment penser, juste là à contempler ce vide incommensurable que je ne savais remplir par autre chose. Je repensai mariage, lorsqu'elle me l'avait annoncé, je me souviens n'avoir pas tant compris tout de suite les conséquences que cela impliquerait, bien au contraire, je crois avoir pris la chose un peu trop à la légère, comme si j'allais pouvoir faire avec, sans mal. Je me posais sans cesse la même question : que faisait-elle ? A chaque instant, où était-elle et avec qui ? Mettait-elle sa vie en danger ? Je ne pouvais plus hanter ses rêves, je ne savais plus rien d'elle, c'était comme si elle avait disparut de ce monde, comme si elle s'était éteinte alors que bien au contraire, jamais elle ne s'était à ce point illuminée dans un ciel si noir.

Le matin même, très tôt, je préparais un déjeuner plutôt copieux pour Seth et les enfants de la déesse. Bien entendu, Seth fut le premier à se lever.

« Déjà debout Naram ? » - « L'aurais-tu oublier ? Je ne dors jamais. » - « Mais tu vas de rêve en rêve à la recherche d’un précis ? » - « Oui mais je n’y arrive pas. Je squatte des centaines de rêves chaque nuit, sans me faire voir, je cherche sans trouver ce que je désire. Bref, j’ai préparé ça, mange, il te faut des forces, nous partons après. » - « Je crains fort que la mort m’ait confié, tout comme à toi, l’absence d’appétit. Et c’est également le cas pour la plupart des enfants. D’ailleurs il y en a un qui est un génie. »

Je reposais brusquement une assiette que je voulais amener jusqu’à la table. Levant la tête, je fixais Seth avec une pointe d’énervement et de curiosité.

« Un génie dis-tu ? » - « Ah ah, tu es prévisible sur ce coup mon ami ! Mais honnêtement, je ne pense absolument pas qu’il y ait de ta génétique dans ce brave jeune homme. Rassuré ? » - « Evidemment. C’est bien la dernière chose que je voudrais, j’ai déjà assez à faire avec le monstre qui pourrit dans l’utérus de la reine des sirènes. D’ailleurs, enfin ça va te sembler étrange comme question mais. Le fils de Vlad et Mitsuko, à quoi ressemble-t-il ? »

Et Seth prit un air perplexe, comme s’il ne voyait absolument pas de quoi je voulais parler.

« Tu dois te tromper, il y a le fils du roi des réprouvés Zéleph, celui de l’ancien seigneur de la nuit Alec, mais alors, aucun de Vlad Sparow. Crois-moi que vu le caractère du père, s’il en aurait eu un, je m’en souviendrais. » - « C’est étrange. Mitsuko m’a pourtant clairement montré qu’elle disposait d’une mèche de cheveux du vampire trépassé. Et elle n’est pas du genre à disposer d’une chose précieuse sans s’en servir. » - « J’avoue ne pas pouvoir te répondre. Peut-être a-t-elle décidé qu’il était mieux ainsi que de laisser les souvenirs de cet homme rangés en sécurité. Ou peut-être qu’après son oubli, elle a également oublié qu’elle disposait d’une mèche de cheveux. » - « M’ouais, je t’avouerai ne croire ni à l’un, ni à l’autre. Bon et bien partons avant que les marmots ne se réveillent. Je n’aimerais pas qu’ils me prennent pour Jun. » - « Surtout qu’ils ne l’apprécient pas vraiment. »

Nous sortions prendre un peu l'air dans les jardins du manoir jusqu'aux pierres tombales sous le saule pleureur. Nous nous regardions sans nous dire quoi que ce soit à ce sujet, Seth connaissait mon véritable nom depuis longtemps et ria en voyant celui sur la tombe. Je m'approchais ensuite du saule, touchant son écorce, celui-ci nous ouvrit dans son tronc de liasse une entrée que nous prenions sans perdre de temps avant d'en refermer le passage. De larges escaliers nous permettaient de descendre à l'étage qui se trouvait sous le manoir.

« Mitsuko n’a jamais voulu me parler de cet endroit. » - « Personne n’en a entendu parler, on savait juste où il était, on entendait les hurlements qui s’en échappaient mais personne n’allait voir. » - « Et que faisiez-vous tous les deux dans cet endroit quelque peu… particulier ? » - « Tu veux vraiment le savoir ? »

Au moment où j’ouvris une large porte coulissante en chêne. Nous vîmes alors de grands couloirs avec des centaines de pièces différentes où à chaque fois, la porte était fermée. L’ambiance y était sombre, un vent sifflant se faisait la musicalité de l’endroit, et le silence pesant se faisait les basses de la mélodie paranoïaque.

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] Sans_d12
    « On avait découvert cette partie du manoir tous les deux. Il ne s’agissait que de cavernes troglodytes. Rien de très fascinant. Et on s’est mis à imaginer ce que nous pourrions en faire. Elle était une rêveuse puissante et moi, un génie puissant. Nous avons créé une sorte d’aile du manoir invisible qui n’aurait jamais existé. On y voit la lumière passer par les fenêtres alors que nous sommes sous terre. Au début, nous nous y retrouvions à l’abri des regards, on discutait, lisait, débattait sur les sujets du monde, je lui apprenais certaines choses et elle m’en apprenait d’autres. Puis un jour, une servante a suivi Mitsuko qui devait me retrouver ici. Nous avons donc dû la tuer pour préserver notre secret. Ce meurtre que nous avons exécuté ensemble nous a procuré une certaine satisfaction. Mais bientôt, nous avons trouvé une tout autre utilité à l’endroit. Nous ramenions des personnes ici. Comme s’il s’agissait de cadeaux qu’on se faisait. Je trouvais quelqu’un d’intéressant et je lui ramenai en lui disant que c’était pour elle, elle en faisait de même, souvent des prisonniers de guerre. On s’amusait à les torturer, à les placer dans des conditions particulières, on voulait voir comment ils réagissaient selon nos règles. Et au fil du temps, on récupérait seulement les personnes folles qui n’avaient plus toute leur tête ou de dangereux psychopathes criminels, on se disait que ce serait plus discret, qu’elles ne manqueraient à personne mais au fond, on faisait surtout ça car ces personnes-là étaient plus… distrayantes. Mitsuko a alors déclaré au peuple qu’elle avait ouvert un asile pour la sécurité de son peuple. Les familles nous ramenaient alors eux-mêmes des membres qu’ils n’arrivaient plus à gérer, ça nous facilitait le travail et Mitsuko remontait dans l’estime de son peuple. Son idée était géniale. Et ici, nous regardions comment vivait une civilisation que nous avions créés, faite de la pire pourriture de tout le continent, des plus dérangés. C’était… une autre époque. Aujourd’hui, plus personne n’oserait faire ça. Le mal s’est radouci. Parfois je repense aux horreurs commises mais je ne peux m'en vouloir, j'ai aimé ça, au moins autant qu'elle. »

Cette explication en aurait fait frémir plus d'un mais pas Seth, l'homme était habitué aux jeux de ses maîtresses passées, surtout ceux de Mitsuko première du nom. Il ne répondit cependant rien, acquiesçant seulement quand j'eus fini. Nous marchions le long des couloirs délabrés, l'endroit partait en charpie avec le temps, la poussière recouvrant tout ou presque toute surface visible, les siècles étaient passés par là. Mais alors que nous avancions, un bruit strident d'une cassure de verre fit résonner l'endroit.

« Qu’est-ce que c’était ? » - « Je ne sais pas. » - « je n’aime pas cet endroit. Quand tu es parti, Mitsuko a condamné les lieux définitivement. Toutes ces personnes ont dû mourir de faim ou je ne sais, cloisonnés, en partant, tu les as tous condamnés à mort. Il y a tellement de mauvaises ondes ici, j’ai bien peur que l’ectoplasme colérique règne. » - « Ne me dis pas que tu as peur des fantômes Seth ? Surtout pour une ombre. » - « Ce ne sont pas les fantômes qui m’effrayent mais ceux-ci, ils sont tous imbibés du mal qui vous habitait Mitsuko et toi. Tu penses vraiment que l’épée se trouve ici ? » - « Oui. Personne d’autre que moi n’aurait pu revenir ici. Elle savait que je finirai par revenir un jour. »

Les murs se mirent à trembler, le plafond sembler se mouvoir comme un disque de pierre que l’on tournait sans cesse, le lustre au-dessus de nous tournant sur lui-même.

« Ils sont tous emprisonnés ici. Mitsuko a fait plus que condamner l’endroit. C’est fascinant. » - « Fascinant dis-tu ? »

Mais s’il y avait des êtres qui se manifestaient, des ombres qui faisaient leur apparition un peu partout, il y avait un être vivant. Il était là, il nous observait, si rapide qu’on ne pouvait le voir mais nous sentions tous deux ses déplacements brefs.

« Il n’y a pas que des fantômes ici, n’est-ce pas ? » - « Je le crains. Ça te change de tes journées de majordome alors déride-toi un peu ! » - « Naram, je crois que quelqu’un est venu ici et a redécouvert l’endroit avant nous. » - « Mitsuko dernière du nom ? » - « Je ne sais pas. »

Et tout se mit à valser. Les fauteuils devant les fenêtres, les tables, les lits, les statues, les débris, tout lévitait d’abord pour ensuite se propulser pour nous blesser.

« Seth, souhaite ! » - « Je souhaite repousser ces choses de mon espace vital ! » et par la force du lien du rêve, une bulle invisible nous entoura pour que rien ne nous explose à la figure. C’est alors qu’une petite fille apparut non loin de nous, des cheveux longs et sales, une légère robe déchirée comme seul habille. Elle avança doucement, les ombres la suivant comme des serpents fantomatiques, son regard était démoniaque, ses yeux brillaient et elle semblait étrangement bien en vie.

« Que faites-vous ici ? Vous n’avez pas le droit de venir ici. Surtout toi, Naram-Sin. »
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Ven 05 Oct 2012, 23:35

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] The_dr12
Thème musical:

« Quelle charmante petite fille Naram. » - « Nous n’avons jamais amené un seul enfant ici, c’était notre seule règle, avec le fait qu’on choisissait surtout des humains pour leur absence de pouvoir. Mais bref, aucun enfant. Qui es-tu ? »

« Cela est pourtant simple, je suis née ici. Ma mère est morte en couche et mon père est mort bien avant ma naissance. Veux-tu savoir comment je suis morte ? La nourriture a manqué, j’étais si jeune. Ils m’ont dévoré. »

« Toujours aussi charmante Seth ? » - « J’ai connu plus douce mort, je dois l’avouer » - « Ecoute. Je ne pensais que Mitsuko allait condamner l’entrée. Je pensais qu’avec mon départ, elle vous libérerait tous. Nous ne faisions que des expériences sur des humains inutiles, le massacre n’était pas une optique. »

« Bien au contraire, le cannibalisme semblait être une expérience fascinante pour la dame aux cheveux de flammes. De toute façon, ce qui est fait, n’est plus à défaire mais à refaire. »

« Heu, c’est-à-dire ? » - « Calme toi Seth, elle est morte, que veux-tu qu’elle nous fasse. Elle est juste en colère, je le serai aussi à sa place. »

Et je sortais de la bulle pour m’approcher d’elle, m’agenouillant, je pris son menton avec douceur, m’étonnant de pouvoir la toucher. Je la fixai avec raison, regardant son âme à travers son regard, le pouvoir de fission me faisant vivre ce qu’elle avait vécu. J’en tressautai, la douleur qui l’animait était insoutenable.

« Tu es un génie n’est-ce pas ? » - « Oui. » me répondit-elle en pleurant.

« Ils t’ont dévoré, vivante car toute douleur, quelle qu’elle soit, ne peut tuer un génie. Et ils se sont étonnés qu’avec le temps, ta carcasse se reconstitue. Alors ils t’ont dévoré à nouveau. » - « Oui. »

Mais elle ne pleurait plus, passant des larmes à l’absence totale d’émotions.

« Alors j’ai dû tous les tuer, un par un. Pour qu’ils arrêtent de manger. » Et Seth au loin en attrapait presque la nausée. Je devais avouer que cette histoire me faisait aussi un drôle d’effet.

« Mais le Mârid ressent tout ça, la localisation de chaque génie. Il n’est pas venu te chercher ? » - « Le grand monsieur qui se disait mon roi ? Si. Mais il m’a dit de rester ici et de t’attendre. » - « Moi ? » - « Oui, et de t’empêcher de sortir. »

Je la lâchai immédiatement. Me retournant, je vis bon nombre de fantômes s’avancer, apparaître, sortant des murs et des plafonds. Seth se pensait à l’abri dans la bulle mais celle-ci explosa sous le poids énergétique de tous les esprits. Sans plus réfléchir, je fis apparaître mon trident et fit exploser les conduites d'eau encore en activité sur les adversaires avant de saisir Seth au sol par la veste et de l’entraîner à courir.

« Je ne comprends pas, comment ça se fait qu’on les voit tous ? » - « Ce ne sont pas des fantômes Seth. Ce sont tous des ombres, tout comme toi. Elles sont puissantes mais n’arrivent à former une réelle apparence physique, elles ne se sont jamais développées en dehors de cette prison. » - « Et ils t’attendaient apparemment. Mais si Mitsuko savait que tu reviendrais… ? » - « Je n’ai jamais dit qu’elle ne m’en voulait pas d’être parti. »

Et nous courrions encore jusqu’à pouvoir nous réfugier dans une chambre choisie au hasard. Un petit rire enfantin nous parvint derrière nous, la petite fille était de nouveau là et elle nous affichait un large sourire des plus innocents.

« J’ai bien peur qu’on doive passer l’éternité ensemble alors autant apprendre à se connaître, non ? » - « Et vu qu’on n’a dit à personne où on allait… » - « Mitsuko finira bien par partir, au moins à ta recherche Seth. »

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] Sans_d13
« Pardon. Je ne crois pas. Cet endroit n’est indiqué nulle part. Ce n’est pas pour rien qu’on l’appelle l’allée qui n’a jamais existé. Pour tous, elle n’a... jamais existé, c’est pourtant clair. Je ne suis pas partisane des présentations. J’ai un moyen plus radical pour apprendre à se connaitre. Je vais vous faire vivre une douleur que j’ai enduré et vous en ferez de même, comme ça, on se connaitra bien mieux. »

Elle disait tout ça sur un ton des plus joyeux. Seth me regardait interloqué, interrogateur sur le procédé et plutôt curieux quoi que, il ne voulait pas s’y tenter, ça se voyait sur son visage. Je m’avançais alors de nouveau.

« Quel intérêt as-tu à obéir au Mârid ? » - « Aucun. » - « Quel intérêt as-tu à nous faire subir tout ça ? » - « aucun » - « Alors pourquoi ? » - « Oui, pourquoi ? Pourquoi avoir torturé tous ces gens Naram ? Ils veulent tous te connaitre, tous ceux qui sont ici. » - « Oh mais parce que vous voulez connaitre ma douleur ? » - « Naram ce n’est pas une bonne idée. » - « Au contraire. »

Je pris la main de la petite fille puis la posais délicatement sur ma poitrine avant de déboutonner le haut de ma chemise pour qu’elle ait un contact direct sur ma peau de glace.

« Nous disons que je vous fais d’abord ressentir la mienne, d’accord ? »

La petite fille acquiesça. Je fermais les yeux, plongeant mon esprit dans les méandres infernaux de mes souvenirs, c’était comme une immense bibliothèque où il fallait choisir des ouvrages précis et ne pas se tromper. La jeune fille eut alors un coup de jus plutôt puissant mais sa main ne pouvait pas se décoller, elle commença à paniquer.

« Tu as souhaité connaitre ma douleur ? Tous ici semblent souhaiter ceci. Alors, je vais m’y résoudre. »

Les veines visibles au coude de la jeune fille se mirent à gonfler, un liquide noir semblant s’y infiltrer et intoxiquer tout son corps ; ses yeux devinrent noirs et des larmes de pétrole coulèrent sur ses joues, laissant des traces de poudre sur son visage lorsqu’elles eurent touchées le sol. La jeune fille hurla alors, me suppliant de lâcher sa main mais je ne la tenais pas, mes deux bras étaient libres. Elle appela ensuite à l’aide mais les ombres dévorés par le silence crurent qu’en réalité, ils pouvaient à leur tour et à leur aise, dévorer mon âme. Ils vinrent hanter la pièce où nous nous trouvâmes, ils serpentaient les murs pour venir me rejoindre, Seth restait en retrait, regardant avec effroi le spectacle. Alors, comme de vulgaires sangsues, ils s’agrippèrent à moi, à mon cerveau, à ma poitrine sans se douter qu’une fois placés ainsi, ils ne pourraient plus se délier. Et dans des cris suraigus, ils tentèrent pourtant mais n’y arrivaient plus, malgré leurs tentatives pour se débattre. Au bout du compte, j’étais totalement recouvert par les ombres qui m’empêchaient de respirer, pensant qu’ainsi je les libérerai mais ils ne comprenaient pas, je ne faisais rien, j’avais simplement exaucé leur souhait. Et lorsque des fontaines de cet étrange sang noir coula de chaque être voulant ma peau, j’eus fini de leur montrer et le maléfice s’estompa, les laissant tous à terre, stoïques. Je m’en détachai, puis revenais vers Seth que je priai de de me suivre.

« La pitié, Seth. La pitié tue bien plus que la cruauté. Elle nous aurait tués. »

« Je sais. C’est juste… que.. Une enfant. Vous deux, Mitsuko et toi. Je… »

« Son corps donnait un âge que son esprit n’exprimait pas. Que veux-tu que je dise ? Que je suis désolé ? Penses-tu vraiment que ce sont les seuls jeux auxquels Mitsuko et moi nous adonnions ? Je suis resté des décennies entières avec elle, peut-être plus, nous étions immortels, on ne comptait plus le temps, on ne le comptait plus dès l’instant où nous étions ensemble. Nous avons tant de secrets, celui-ci n’est qu’un parmi tant d’autres. Je n’ai jamais dit que j’étais quelqu’un de gentil, j’en montre l’aspect pour faire douter les plus certains sur ma nature mais je suis capable de tout, du meilleur comme du pire. Et je n’arrive pas à être désolé, je compatis pour cette jeune fille, pour tous ces gens. J’aimerais qu’ils ne souffrent pas. Mais ils souffrent, c’est ainsi. Nous souffrons tous. Toi qui rêvait de découvrir le monde et qui est enchaîné à ton manoir à voir tous ses occupants mourir ou se transformer en monstre sans que tu ne puisses agir, moi aussi, Mitsuko aussi, nous souffrons tous. Mais je ne peux pas apaiser les maux de tout un monde, mêmes les maux que j’ai moi-même engendré. »

« Mais ce monde n’est pas un jeu, c’est un rouage qui a besoin d’équilibre, qui a besoin de l’esprit de la mort, qui a besoin du bien comme du mal, qui a besoin de dieux. Mais tu es incapable d’admettre quoi que ce soit d’établi ou qui voudrait s’établir comme Mitsuko. Accepte-le bon sang, ce monde tourne, sans toi. Il tourne même mieux sans toi. »

« Grand bien fasse à ce monde qui se réjouissait de mon absence. Mais je suis de retour, Seth. Et tu le devines parfaitement, je déteste les règles qu’on ne peut déroger pour garantir l’équilibre. A vrai dire je déteste l’équilibre, car elle oblige à penser à ce qui doit être forcément manichéen. Et je déteste ça, tu comprends. Je veux penser par moi-même et non être influencé par un camp sans pour autant devoir n’en choisir aucun. Oui, ce monde est un jeu, car il a tant été un enfer pour moi qu’à présent, je veux qu’il m’amuse. Est-ce mal ? Est-ce bien ? De penser ainsi, je n’y vois aucune contrainte. Bien au contraire. »
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Dim 28 Oct 2012, 00:19

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] The_dr13
Thème musical:
Nous descendions encore plus bas, mon bras entourant les épaules de Seth qui me tenait par la taille pour m'aider à avancer, ma peau était déchirée à plusieurs endroits et de nombreuses traces de dents et de morsures jonchaient partout. Je ne me plaignais cependant pas, les traits de mon visage s'étiraient deux, trois fois lorsque le mouvement était trop lourd à faire mais dans l'ensemble, je ne voulais pas montrer la faiblesse dû aux blessures, je devais m'y entrainer car lors des jeux de l'ombre du Mârid, si je montrais telle faiblesse, à coup sûr, les ennemis m'abattraient le premier comme cible facile. Les escaliers en colimaçon se succédaient les uns après les autres et j’avais peu de souvenirs quant à ce qui se trouvait au plus bas.

Cependant, arrivés en bas, je ne reconnaissais pas l’endroit. Tout était grand et il y avait d’immenses colonnes qui s’érigeaient à chaque coin. Au centre, une immense table ou plutôt un socle rond où une étoile satanique était dessiné et là était planté ladite épée. Je demandais à Seth de me lâcher, j’arriverai à marcher seul jusqu’à ce qui me faisait de plus en plus penser à un hôtel de sacrifice ou je ne savais trop. Pourtant, j’en étais certain, de souvenir, tout ceci n’existait pas, Mitsuko avait dû rajouter tout cela après mon départ. Je m’approchai jusqu’à atteindre le pentacle alors que celui-ci s’illumina et qu’une lumière aveuglante jaillit. Je me reculai et vis une sorte d’immense carte des terres du Yin et du Yang se dessiner en relief, tout autour de nous, comme si nous nous trouvions, Seth et moi, sur une maquette géante. Puis, au moment le moins attendu, une projection d’étoiles vint former la silhouette de Mitsuko avec un tel détail qu’elle semblait luire de mille feux.

« Alors ça. » - « Dieu. Est-ce vrai ? »

Seth se rapprocha pour s’arrêter à mon niveau. J’avais du mal à le croire, j’avais tant rencontré de ses formes, le fantôme de la dague, sa réincarnation au monument religieux, son retour dans le rêve de Mitsuko au temple, ou sa projection dans le corps de ce chamane, je ne savais à présent plus vraiment si elle était toujours dans ce monde et où vraiment pouvait-elle être ? Mais peut-être m’avait-elle laissé un message, une chose que je n’aurais jamais imaginé, même après tout ce temps.

« Naram. » suggéra-t-elle alors que j’eus un frisson responsif. Moi qui m’amusais à projeter mon corps par des boites à musique, il fallait admettre qu’elle maitrisait bien mieux que moi le concept.

« Je ne sais qui se trouve devant moi mais j’ai grand espoir pour que ce soit toi. Je suppose que je suis morte. Je suppose que tu n’es pas revenu à temps. A l’heure où je te parle, je suis enceinte. Je mourrai bientôt. J’aimerai simplement que tu saches que ce n’est pas à cause de ce stupide Lucifer ou du gosse qui germe comme une mauvaise herbe. Non. C’est à cause d’un rêve que j’ai fait. Un rêve où tu étais. Il y avait également Jillian, et Jun aussi. Il y avait des ombres, partout, qui se battaient entres elles et je me souviens que Jillian te demandait de faire un choix. Je ne pense pas qu’il s’agissait d’un rêve mais d’un souvenir que tu m’as volé. Je n’y comprends rien. La vérité Naram est que je suis fatiguée, fatiguée de vivre dans ce monde, surtout depuis que tu n’y es plus. Et j’ai envie de connaitre la vérité te concernant, je sais que tu m’as beaucoup menti sur ta vie, ton passé ou même le présent que tu as vécu avec moi. Et si j’ai tant aimé tes mensonges, aujourd’hui je veux savoir ce qui est vrai. Ô je sais, tu me dirais sûrement que les différences entre la vérité et le mensonge sont si faibles que l’on peut les considérer comme jumelles, un simple pas les différenciant, tout comme l’amour et la haine. Je me demande si la mort me permettra de savoir, de tout savoir. J’ai fait de nombreuses recherches […] » et différents faisceaux d’énergie s’illuminaient à des points précis sur la maquette reconstituée.

« J’ai cherché où était situé le lieu de ce rêve, d’après les maigres souvenirs que j’en avais. Et c’est comme s’il avait disparu de la carte, comme s’il n’avait jamais existé. Est-ce pour ça que tu es parti ? Je ne le saurai sûrement jamais. Je sais seulement que ce sont tes secrets qui te tueront ou peut-être l’amour, qui sait, chez toi, les deux vont de pair. J’espère simplement qu’à l’heure qu’il est pour toi, tu as trouvé ta voie, celle que tu cherchais tant. Je te fais don de cette épée, elle te revient. J’espère que tu pourras la planter bien profondément dans le cœur du Mârid, car tel a toujours été ton souhait et que, pour une fois, je peux bien en exaucer un pour toi. Adieu Naram, et merci, merci pour tout. »
L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] Sans_d14

« Merci à toi de m’avoir donné envie de vivre après le décès de Jun. »

Soufflai-je dans le vent, la gorge serrée. Je récupérais l’épée et toutes les lumières s’éteignirent.

« De quoi parlait-elle Naram ? Lui as-tu volé un souvenir ? »

« Je ne sais pas et c’est bien ce qui m’inquiète. Je crois que je commence à faire le lien entre Mitsuko première et Mitsuko dernière du nom. »

Dis-je avant d’engager un pas bien plus forcé alors que mes blessures se refermaient au fur et à mesure de mon avancement. Nous reprenions les escaliers à marche rapide.

« Pourquoi es-tu aussi pressé tout d’un coup ? » me dit-il quelques marches plus bas. Passant ma tête par-dessus la rambarde, je lui criais en me penchant :

« Parce que nous n’avons plus beaucoup de temps, nous sommes déjà bien en retard ! »

« En retard, comment ça ? Mais de combien ? »

« De trois, quatre siècles au moins. Allez viens ! »

Nous repassions par l’asile visité tout à l’heure puis nous dirigions vers la chambre de tout à l’heure. La petite fille était la seule qui était réveillée, assise en tailleur au centre de la pièce.

« Dis-moi, ça te dirait de sortir d’ici ? »

Elle tourna immédiatement la tête, me fixant, elle s’interrogeait.

« Il est temps que l’on vienne ouvrir la porte de ta cellule. J’ai justement besoin de génies, enfin si tu n’es pas trop rancunière ? Je pourrai peut-être t’adopter. » - « Non, je ne t’en veux pas. J’ai compris, j’ai compris ta douleur. Je te suis. J’ai envie de te suivre. » Je la prenais alors dans mes bras, son faible poids ne me gênait pas. Nous reprenions le passage du saule pleureur que nous refermions à nouveau après nous. La petite fille jeta un dernier regard sur la prison qu’elle avait toujours connu, elle qui n’avait jamais vu la lumière du jour, cela lui fit un choc.

« Naram, désolé mais je ne comprends rien à tout ça, tu m’expliques ? » - « Pas le temps. Je dois participer aux jeux des ombres, détrôner mon père, mettre fin à sa vie et régner sur le monde du rêve car il y en a bien un qui m’est pour le moment inaccessible. » - « Celui de Mitsuko ? » - « Celui de William. »

J’appelai Sin pour qu’il vienne nous prendre au passage.

« William a le pendentif, les souvenirs de Mitsuko, il s’est enfermé avec dans le temple et je ne sais même pas quel intérêt avait-il à forcer Mitsuko à m’oublier. Rompre la relation qui nous unissait ? Il ne s’y serait pas pris de cette façon, trop risqué. Et puis je me suis souvenu, Mitsuko était liée à son ancêtre par une étrange connexion jusqu’à ce qu’elle devienne aether. Et comme par hasard, maintenant que cette connexion n’est plus, William récupère des souvenirs de cette vie passée alors qu’à notre première rencontre, la connexion était plus forte qu’à n’importe quel autre moment. Je ne sais pas ce que ça veut dire Seth, je commence à peine à relier les faits entres eux, mais William sait quelque chose que j’ignore, en tout cas que je ne me souviens plus. Je t’en donnerai des nouvelles Seth, à bientôt mon ami et merci pour tout. »

Criai-je sur la fin tout en faisant galoper Sin. Je n’avais plus de temps à perdre : j’avais encore bien des alliés à recruter, et peu de temps avant le début des jeux d’arène.
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Dim 28 Oct 2012, 00:40

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] Fire_b15
Thème musical:
Je songeai en ce jour, je songeai longtemps, allongé dans une herbe par une journée très ensoleillée, un tel décor me faisait repenser contre mon grès à Mitsuko lorsque nous étions allongés. Je me tournai plusieurs fois sur moi-même, pensant trouver la déesse derrière moi, me faisant la surprise de m’apparaitre pour me saluer, même si je savais telle occasion impossible car de moi, elle n’avait plus le moindre souvenir. J’avais beau essayer de me calmer, de trouver une espèce de paix intérieure, ceci était impossible, impensable, trop de choses se bousculaient dans ma tête. Sin, le cheval de l'ancien esprit de la mort, était juste à côté de moi, il broutait l’herbe environnante, je lui avais demandé de ne plus disparaître avant le début des jeux car tel mouvement de l’animal-ombre pourrait attirer la curiosité du Mârid et de sa petite troupe à ma recherche. Il était vrai, j’avais voulu rester au manoir jusqu’à la veille des jeux mais je ne m’y étais pas senti à mon aise sans elle, sans Mitsuko, et je me savais plus utile ailleurs. J’avais pris un livre que je feuilletai ce jour-là, regardant la petite fille qui ne m’avait toujours pas révélé son prénom courir au loin dans la prairie. Cette petite aimait les plaisirs simples qu’on lui avait confisqués jusqu’à lors, elle découvrait le monde après tous ces siècles comme s’il s’agissait de ses premières années de vie.

Mais alors que j’étais épris de mes réflexions, je vis une ombre s’agrandir sous ce soleil, quelqu’un était derrière moi. A la vue d’une carrure imposante et des pics que sa chevelure laissait dépasser, en bataille, j’eus presque l’impression qu’il s’agissait de mon père. Je me retournai violemment, voulant saisir mon arme à côté de moi, je remarquai plutôt son absence, on me l’avait volé. Mais une fois retourné, ce fut avec ladite lame de Mitsuko I que l’on vint caresser mon menton. Relevant les yeux, je vis en effet le Mârid mais avec un sourire qui ne lui correspondait sûrement pas, bien trop angélique.

« Natacha, quelle peur tu m’as faite. »

L’adversaire reprit sa forme originelle, se mettant à rire de sa bêtise. Secouant sa tête, ses cheveux poussèrent en un instant, et la coupe courte de mon père laissa place à de longs cheveux d’un roux flamboyant avec ses reflets violines qui lui donnaient un air si charmant. Habillée d’une légère robe aussi verte que l’était l’herbe, ce fut, pieds nues et jambes découvertes, qu’elle redéposa l’épée plus loin puis revint vers moi, pliant ses genoux pour s’appuyer dessus et se mettre à mon niveau.

« Tu médites ? » - « Hum… Oui. Je profite de cette journée où tout est calme, enfin, où tout était. » - « N’empêche qu’un iblis du Mârid t’aurait tranché la gorge. Tu as de la chance que ce n’était que moi. » - « De la chance ? Un iblis serait un chaton inoffensif à côté de toi. » - « Oui, mais je ne te veux pas de mal, moi. Enfin, pour le moment. »

Elle se coucha ensuite à côté de moi, passant un bras autour de mon cou, elle était allongée sur le dos comme je l’étais, sur le ventre, et elle admirait le ciel comme un ami qu'elle saluait de face, caressant légèrement mes cheveux épais, elle semblait également songeuse.

« Que comptes-tu faire d’elle ? » faisant référence à la petite fille que j’avais recueilli de l’aile du manoir qui n’avait jamais existé du manoir Taiji.

« Je ne sais pas. Lui offrir une nouvelle vie. Je lui dois bien ça. On dira qu’elle n’a qu’une dizaine d’années. Son âme est plus veille mais même sa conscience ne va pas au-delà, elle est toujours restée une enfant. Lorsqu’elle grandira, je lui apprendrai à faire mouvoir son apparence pour la vieillir, de même pour sa taille, son poids, et ses formes féminines. Je lui offre une seconde vie en quelque sorte. »

« Et les souvenirs horribles que tu m’as décrits dans ta lettre ? »

« Je lui ai volé. Elle se souvient juste qu’il y a eu, dans sa vie, des évènements qu’elle ne doit pas essayer de retrouver. Elle sait juste que je suis venu la chercher d’un enfer dont elle a oublié le visage. Elle est heureuse sans ce fardeau et innocente sans ces meurtres sur la conscience. C’est mieux ainsi, tu en conviendras. »

Natacha avait souri immédiatement à mes mots, son visage s’adoucit et elle faisait en sorte de bien me le montrer.

« Mais c’est qu’il est attentionné papa Naram. »

« Nous parlons de cannibalisme, Natacha. Cette petite fille a souffert des siècles à cause de moi, c’était le minimum. Le souci c’est qu’elle ne se souvient plus de son nom. Alors nous avons convenu que nous en chercherions un dans les jours à venir au fil des prénoms que nous entendrons par les rencontres que nous ferons ici et là. Cette petite fille est comme toi, elle m’apporte de la légèreté. »

« Je vois. Alors présente-la-moi. » - « Pardon ? » - « Voyons, Naram. Imagine que tu ne reviennes jamais des jeux des ombres, et même pendant, que deviendra-t-elle ? Elle ne va pas t’attendre sagement ici, au plein milieu d’une prairie. Elle restera avec toi jusqu’aux jeux et ensuite, tu l’amèneras au repère où elle sera à l’abri avec le petit renard de Cyanide. » - « Merci. »

Je me relevai puis embrassai son front avec délicatesse ; ses deux grands yeux marrons me fixaient avec passion et tel regard me faisait inévitablement sourire à mon tour. Criant à la petite fille de venir nous rejoindre, celle-ci abandonna sa petite excursion imaginaire pour nous rejoindre. Mais le temps de ceci, je pris la peine d'encore dires deux, trois mots plus inquiétants à Natacha, avant que la petite fille ne soit là.

« J’ai peur. J’ai peur pour vous tous. Pour Klyan, pour Cyanide, pour toi. J’ai peur que vous soyez tués dans la bataille. Aujourd’hui, tout est si calme, j’aimerais tant que ce jour dure. »

« Toi ? Avoir peur pour quelqu'un ? Autre que Mitsuko j'entends. Que t’arrive-t-il ? »

« Je vous sais forts. Mais tout peut arriver si vite. Je sais mon projet fou. Je vous sais tout aussi atteints que moi. Et je n’arrive pas à le croire. »

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] Sans_d16
Natacha se mit de nouveau à rire et j’en fis de même, pour dédramatiser la situation.

« Cela fait exactement deux siècles que je vis en tant que génie et que je subis de plein fouet la tyrannie du Mârid. J’ai vu mes parents se faire torturer par cet homme, se faire tuer devant mes yeux par sa garde pour le non-respect des « règles ». Ma mère n’était pourtant qu’une humaine mais le Mârid l’a poignardé pour que mon père, puissant génie en devenir, comprenne le sens du « sacrifice ». Tout ça n’a plus aucun sens. Le Mârid a détruit son habitacle devant mes yeux pour me formater. Cela fait à présent trente ans que je suis son iblis. J’ai rêvé chaque nuit que quelqu’un soit assez fort, assez charismatique, assez courageux, assez suicidaire aussi, pour enfin mettre un terme à tout ça. C’est comme si chaque nuit j’avais rêvé ta venue. Je n’aurais jamais imaginé que le propre fils de mon roi ait de telles ambitions mais sache que j’ai toute confiance en toi. Des génies comme toi, il n’y en a pas deux Naram. »

« Je sais. Et heureusement pour ce monde. »

La petite fille arriva enfin jusqu’à nous. Son visage était si différent de celui arboré au manoir Taiji, beaucoup plus lumineux, assorti de resplendissants saphirs en guise de paire d’yeux. Sa robe était d’un rose léger teinté de blanc et elle portait un chapeau de paille que je lui avais offert la veille.

« Bonjour mademoiselle. Je m’appelle Natacha, et toi ? » - « Bonjour mademoiselle. On y réfléchit encore avec Naram. Mais il sera court, pour que ce soit facile à retenir. Qui es-tu ? » - « Une amie de Naram, et toi ? » - « Hum. Sa fille, enfin adoptive. Je ne sais pas qui sont mes parents mais en fait… je m’en fiche un peu. Je m'amuse bien plus avec Naram. » - « Tu as bien raison. Allons-nous promener, ça fera du bien à Naram de se dégourdir les jambes. »

J’acquiesçai évidemment, le sourire aux lèvres à la vue des deux femmes qui avaient l’air de plutôt bien s’entendre. Natacha me tendit la main pour m’aider à me relever, main que je pris sans réfléchir, puis, en tournant la tête, la prairie disparut pour laisser place à une immense forêt au sentier déjà tracé dont les feuilles étaient rougeâtres, aux couleurs des cheveux de Natacha. La petite fille se mit à courir devant nous, cueillant des feuilles un peu partout.

« Comprend-elle que nous sommes tous les trois dans un rêve ? » - « J’ai tenté de lui expliquer la différence avec le monde réel. Mais elle est un peu comme moi, elle ne comprend pas très bien la différence. » - « Cela t’arrange j’imagine. » - « J’aime sa compagnie, presque autant que la tienne. » - « Cette enfant ne t’apportera que du bien. » - « Je l’espère. Je me sais souvent absent, manipulateur, plutôt sadique ; je n’ai pas le profil d’un père. » - « Mais cette fille n’a pas l’air de peigner un faux portrait de toi. Elle t’accepte comme tu es, tout comme moi. C’est bien toi qui aime casser les codes. Ce n’est pas d’un père lambda qu’elle a besoin, mais de quelqu’un comme toi, qu’elle sait éternel. » - « Je la décevrai, c’est obligatoire. J’ai toujours procédé ainsi avec les personnes qui m’entourent. » - « Cesse de te poser des questions. Cette fille a l’air de savoir ce qu’elle fait, elle saura très bien s’accorder avec toi. C’est une nouvelle vie qui t’attendra après les jeux. Enfin, si t’y survies. » - « Merci. Une nouvelle vie, oui. Cela me semble improbable. »

« C’est parce que tu n’as cessé de vivre pendant des siècles que pour la même famille. Tu ne devrais pas en vouloir à William. Peu importe ses desseins, il l’a fait avant tout pour toi, j’en suis persuadée. C’est ton ami en plus d’être je pense l’un des aetheri les plus puissant de ce monde et dans tous les cas, le plus puissant du temple. C’est quelqu’un a double-tranchant, tout comme toi, mais son fond est bon, surtout te concernant. Mitsuko n’avait rien à t’apporter, elle. N’oublie pas que William ne lui a pas mis le couteau sous la gorge. Elle a souhaité t’oublier. Quelle autre preuve veux-tu ? Son destin ne te concerne plus. Je peux comprendre que tu te sentais liée à elle mais quelque part, elle a cherché à te libérer d’une emprise qui te perdait. Je ne connais pas les motivations de cette déesse mais je suis aussi certaine qu’elle a aussi fait ça pour te libérer, te permettre d’avancer, je suis certaine qu’elle n’aurait jamais voulu te faire souffrir plus que de raisonnable. »

« Oh, ça se voit que tu ne la connais pas. »

« Naram, reste concentré s’il-te-plait. Ce que je veux dire c’est qu’à présent, chacun de tes agissements ne sera acté que pour toi. Je ne te dis pas que tu trouveras le bonheur mais tu seras déjà plus heureux ainsi qu’à te détruire avec elle. »

« Je sais tout ça, Natacha. Ta raison embellit tes lèvres et tes mots. Mais je suis comme un obstiné qu’une apocalypse ne peut résoudre. Comme s’il manquait une pièce au puzzle. Tu comprends ? L’histoire qui me lie à elle ne peut ainsi se clore. Je perds complétement pied. Je n’arrive plus vraiment à faire la différence entre réalité et rêve depuis qu’elle est partie. Qui me dit que tu es réellement là ? Je ne suis plus sûr de rien. Bien au contraire, je doute d’un peu près tout maintenant. »

« Je sais mon ami, ta peine est bien plus visible que tu ne le voudrais. Je vois toute la tristesse que tu éprouves en pensant à cette femme rien qu’en plongeant mon regard dans le tien. Elle te manque, c’est indéniable. Mais sans vouloir être vexante, je crois que c’est ce que l’on appelle vulgairement, une peine de cœur. Tu n’es pas habitué à la chose, ça se voit, mais ce n’est rien de plus que ça. »

« Tout de même, je n’ai plus mes vingt ans et mon idéal amoureux dans mes bagages sentimentaux. Il me faut simplement du temps et des réponses. J’ai de grandes envies de chaos, pas d’amour. »

« J’aspire également au chaos mon ami, mais il faudra attendre. Dans tous les cas, moi je t’attendrai. »
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Dim 28 Oct 2012, 18:26

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] Fire_b16
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Lorsque le soir fut venu, il était temps. Temps de partir pour le monde chimérique du Mârid, lieu de la révolution, lieu de tous les changements. Natacha était en réalité surtout venue pour m’apporter une étrange rose d’une infinité de couleurs différentes. Celle-ci me permettrait de voyager jusqu’au champ de ces mêmes fleurs qu’elle avait elle-même cultivé autour de la cabane servant de planque à mes alliés. Ainsi, je pouvais retourner sur le territoire du Mârid sans qu’il me repère, me traque et ne m’attrape. J’expliquais rapidement ce qui allait se passer à la petite fille puis lui demande de tenir fermement la main de Natacha et la mienne car, cela risquait de secouer un peu. Et ce fut le cas, l’étrange magie des roses de Natacha était certes efficace mais évidemment, le rêve était bien plus fragile et ça bougeait dans tous les sens. Mais nous fûmes rapidement arrivés à ma planque.

Je regardai l’étrange maison qui était la mienne, qui, il y a encore quelques mois, était inconnue de tous. J’avais fait croire, toute ma vie, à tout le monde, que je n’avais aucune maison alors qu’en réalité, elle avait toujours été là, au creux d’un rêve sans la moindre prétention. Je regardai cette veille bicoque à la toiture pourrie et tombante, aux murs décloués qui tombaient en ruine, aux deux trois vitres brisées et à la taille de la cabane ne laissant entrer plus d’un enfant. Toute personne passant ici ne se douterait pas qu’en réalité, telle veille cabane nous abritait tous. Et pourtant. Cyanide avait été la première à découvrir l’endroit, je l’avais amené ici lorsque nous avions pactisé ensemble pour faire déchoir le Mârid. Ce fut ensuite le tour de Klyan, de Natacha puis de Lestat. Nous étions un petit groupe de résistants maintenant. Je lâchai la main de la fillette mais cette dernière était toujours tenue par Natacha qui me suivait de près. Nous entrions dans la petite cabane et alors que la fillette avait montré un peu de résistance, elle fut émerveillée par voir tel intérieur qui n’aurait jamais été présagé de l’extérieur.

Certes, l’intérieur ne laissait entrevoir aucune fenêtre mais un chaleureux salon se présentait à elle, où l’on n’aurait su dénombrer les multiples et immenses coussins éparpillés partout, les magnifiques tableaux de maître au mur et le lustre d’or qui jonchait au centre de la pièce, juste au-dessus de la table où nous avions pris l’habitude de nous réunir. Ici, les sentiments, Mitsuko, Edelwyn, Jun ou le reste n’avait plus sa place, je n’étais plus le génie des sentiments humains mais un véritable chef de guerre, tout du moins, je tentais de l’être. Je fus donc le premier à entrer, petit renard fit la course pour me sauter dans les bras, puis Cyanide arriva juste derrière pour me saluer, suivi de Klyan qui m’enlaça amicalement, puis enfin Lestat qui m’empoignait le main d’une étrange façon avant de tout de suite s’intéresser à la petite fille.

« Lestat, pas touche. » jugea utile de directement placer, Natacha.

« Va arroser tes fleurs miss pommier. » répliqua-t-il tout de suite avant de s’abaisser au niveau de la fillette qu’il observa avec un air plutôt effrayant, enfin son air habituel quoi.

« Pourquoi t’as l’air aussi bizarre ? » commença la fillette. Ce à quoi rit immédiatement Lestat.

« Moi je l’aime bien ta gamine, Naram. T’aurais tout de même pu nous prévenir qu’elle était une « originelle » ? » Soumit-il en levant les yeux vers moi. Tout le monde alors se mit à regarder Lestat puis moi-même, interrogatifs.

« Une originelle ? Qu’est-ce que ? » Demanda Klyan, l’air toujours aussi glacial qu’à son habitude.

« Je ne voulais pas vous inquiéter avec ça. » dis-je évasif avant de demander à Natacha de montrer à la fillette où se trouvait sa chambre. J’attendis que ce fusse le cas pour continuer.

« Originelle. Née de père et de mère, tous deux génies. Je vous l’accorde, c’est rare mais ce n’est pas la peine de… »

Lestat me coupa pour continuer : « Si, justement, c’est la peine. C’est la première fois que j’en vois une. Naram, c’est fantastique. Où as-tu trouvé pareille merveille de magie ? »

Natacha refit surface du couloir où se trouvaient les chambres : « J’avoue aussi ne pas comprendre ce qu’il y a d’extraordinaire à ça. Mon père était lui-même génie. Et je ne suis pas différente de vous. »

« Naram tu lui expliques ou bien ? Bon. Toi, c’est différent, car seul ton père était un génie. Je ne sais pas par quoi commencer, c'est tellement excitant ! Déjà peut-être par le génocide du Mârid qui a traqué puis tué tous les génies originels il y a quelques siècles de cela puis par son interdiction formelle pour tout génie d’enfanter si l’union est consommée avec un autre génie. »

« Et toi Naram, comment cela se fait que tu saches ce qu’est un génie originel ? » demanda Klyan, qui se fichait un peu du discourt excentrique de Lestat et qui voulait aller à l'essentiel.

« J’ai rencontré il y a longtemps, trois petites génies du nom de Mimi, Sisi, et Vivi. Trois jumelles. Des génies originelles. Malheureusement, je ne crois pas qu’elles soient toujours en vie. Enfin je n’en ai aucune idée. Mais je me souviens qu’elles vivaient dans l’anonymat, fuguant les chasses perpétuelles du Mârid. Alors, lorsque je suis devenu le second de mon père à la place d’Halama, je lui ai tout simplement demandé. »

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] Lestat10
« Bien, je peux continuer ? Merci. Les génies originels posent deux problèmes. Leur existence est prohibée par les lois magiques. C’est évident. Ce que nous sommes déjà, nous, a effrayé la population au cours de son histoire. Nous sommes des mythes, personne ne croit vraiment en notre existence car elle frise l’impossible. Mais imaginez, deux génies, soit, deux âmes sans véritable corps, deux essences de magies distinctes qui, par leur union, forme une entité mélangée, qui, elle, n’a jamais eu de véritable corps, de véritable forme. Bien souvent les originels copient l’apparence de la première personne qu’ils voient, en l’occurrence, leur mère. Mais si le Mârid a d’autant plus peur des originels, c’est à la vue de leur puissance. Mais bon sang, vous ne comprenez pas. Cette petite fille n’est qu’un rêve, elle n’existe pas vraiment, elle n’est qu’un désir conçu par deux génies. Cette fille n’est qu’un rêve dans notre monde et si le Mârid a toujours eu peur d’une chose, c’est bien de l’invasion de l’irréel dans le monde réel. Toutes ses lois n’auraient plus aucune légitimité, ce serait l’anarchie totale. Mon dieu, dites-moi que je rêve ! La deuxième raison n’est pas prouvée mais je laisse Naram vous l’expliquer. » Et il repartit se mettre sur un large coussin sur lequel il s’affala de tout son long en rigolant.

« Comme vous le savez, à chaque fois qu’un génie est devenu chef de clan, il avait un privilège inhérent à sa couronne : consulter l’oracle. Mais lorsque le Mârid est arrivé, qu’il a assassiné tous les chefs de clan qui ne voulait se soumettre à son règne, il s’est gardé ce droit, consulter l’oracle. C'est d'ailleurs comme ça que les jeux de l'ombre ont débuté. La première édition ne concernait que les chefs de clan, ils se sont tous faits tuer de cette façon et la tradition a continué, tous les trois ans, où tous les génies se battaient dans l'arène. Mais bref, ce que l’oracle lui a dit n’a cessé de le perturber. L’oracle lui a demandé quelle unique question voulait-il lui poser. Le Mârid a répondu qu’il voulait savoir comment il mourrait. Alors l’oracle lui a dit : ... »

Et Natacha continua ma phrase : « tu mourras des mains d’un génie qui n’a jamais connu le monde réel. Oui, je connais cette légende. »

« Tout n’est que question d’interprétation. Mais il était évident pour le Mârid que ce serait un génie originel, qui n’aurait jamais eu de corps, qui n’aurait jamais vieillit dans le monde réel. Alors il est parti en chasse. Jusqu’à ce qu’il n’en reste plus aucun. C’est aussi simple que ça. Quant aux génies mi-originels comme Natacha ou la fille de Lilith, femme du monarque démoniaque, ces génies font l’objet d’une étroite surveillance. Surtout la fille de Lilith dont le père un démon, qui je le rappelle, sont avant tout nos cousins. On se rapproche fortement du génie originel, à trois quart quoi. Du coup, le Mârid en a plutôt après Lilith mais n’ose pas trop s’y frotter de peur de devoir subir la colère de Blacky. J’ai également renforcé la sécurité de Lilith. J’ai demandé à plusieurs génies qui ont rejoint notre cause de la suivre sans se faire repérer par cette dernière, où qu’elle aille et de me prévenir au moindre geste du Mârid. Mais pour être honnête, l’oracle est la plus vieille génie encore en vie en ce monde. Elle aime ses tournures de phrase, elle sait quoi dire pour tourmenter celui qui lui posera la question. Tout n’est qu’interprétation. Personnellement, j’ai connu le monde réel et pourtant je compte bien lui planter en plein cœur mon épée, prophétie ou pas, je m'en contrefiche. Donc arrêtons de se focaliser sur l’enfant. »

« Teuh teuh teuh, Naram. Pourquoi ne racontes-tu toujours qu’à moitié les légendes ? On dit des enfants originels qu’ils seraient les seuls capables de faire passer de la frontière des rêves, tout ce qui y est imaginé, pour les incruster dans notre monde bien monotone. Et puis n’oubliez pas, ils n’ont aucun prénom prérequis, aucun habitacle, on ne peut les asservir, ils échappent totalement au contrôle du Mârid. Le pouvoir d’éther ne marche pas sur eux. Je vous le dis tout de suite, j’aime déjà cette petite fille mais il est fort à parier qu’elle pue tellement le génie et la magie pure qu’on sera vite repéré si un iblis un peu connaisseur passe par ici. Mais moi je veux la garder, donc ce n’est pas négociable. Mais dieu, que cette petite fille est étrange, sa naissance, sa conception, son histoire, tout en elle est si intéressant. » mais tout le monde consentit au même principe.

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] Klyan110
« Et si je vous dis que c’est le Mârid lui-même qui l’a laissé en vie ? Elle était prisonnière dans une aile du manoir Taiji. Il l’a retrouvé, je pense que lorsque Mitsuko a dû s’apercevoir que la petite était née de parents génies, elle a dû trouver fort intérêt d’en discuter avec le Mârid. Il est alors venu la chercher lui-même mais ne l’a pas tué. Il lui a dit de m’attendre, de m’attendre pour me retenir prisonnier dans l’aile du manoir à jamais. Et vu sa puissance, j’ai échappé de peu à ce piège. Comme je vous dis, l’oracle interprète à sa façon ce qu’elle voit, c’est peut-être l’erreur qu’a commise le Mârid, laisser un enfant originel en vie. Mais peu importe, je me suis attaché à cette fillette, je ne lui donnerai pas en appât. »

« Il n’en a jamais été question. Nous protégerons cette enfant, quoi qu'il arrive. Peu m'importe qu'elle ne soit pas vraiment réelle, pour moi, elle est tout aussi réelle que n'importe qui dans cette pièce. Elle a une conscience, une capacité de parole, elle peut souffrir et rire. Cela fait d'elle quelqu'un de beaucoup plus humain que la plupart des êtres qui peuplent ce monde. Nous resterons ici, un à tour de rôle, pendant les jeux pour surveiller l'enfant, Naram. Il y aura toujours quelqu'un ici pour veiller à ce que rien ne lui arrive. Il n'y a rien de plus à dire quant à ces êtres si particuliers si ce n'est que nous ne devons dire à personne que nous en cachons un. Est-ce clair pour tout le monde ? Surtout pour toi Lestat. »

Klyan confirma ses propos tout en repensant à Lilith qu’il connaissait plutôt bien. Il n'imaginait qu'un tel danger pouvait peser sur les génies même semi-originels. Il regrettait beaucoup ses actes, surtout ceux à son encontre. Il repensa ainsi à leur entrevue à la prison, aux anciens démons qui l’habitaient, avant que je ne le prenne sous mon aile et ne lui montre une autre vie, une vie sans l'horreur commanditée du Mârid. Il se promettait de se racheter un honneur, plus fidèle qu'on ne pourrait l'être à ma propre personne, fait pour lequel je lui étais plus que reconnaissant.
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Jeu 15 Nov 2012, 02:42

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] The_1d10
Thème musical:
Sans un bruit, alors que la journée s’élevait avec douceur, nous étions déjà là. Nous étions parti à quatre : Klyan et Natacha d’un côté et Lestat et moi-même de l’autre. J’avais enfermé chaque iblis qui gardait les lieux dans un rêve si profond qu’il mettrait au moins un mois à trouver la sortie mais le Mârid irait les repêcher dès qu’ils seraient retrouvés par la garde suivante qui viendrait les relever, nous ne serions dans tous les cas dérangés avec un bon moment. Nous nous faufilions dans les gradins, avec agilité, nous avions grimpé les rambardes intérieures qui les soutenaient avant de passer de poutre en poutre tel un félin. Si Lestat était plus adroit, j’avais manqué de me casser la figure une bonne paire de fois. Nous arrivions ensuite, chaque groupe, d’un côté antipodaire du Colisée puis nous étions salués brièvement pour montrer à l’autre groupe que tout s’était bien passé sans encombre. Et tandis que Lestat faisait de grands signes de la main à Natacha, j’admirais toute l’immensité de l’arène qui serait le tombeau de bien des génies, demain. Je devais avouer avoir du mal à vraiment comprendre la chose mais je ne pouvais plus reculer à présent, bien trop de personnes comptaient sur moi pour les libérer d’un fardeau que je ne comprenais qu’à moitié. A vrai dire, les raisons qui me poussaient à participer à ce tournoi étaient bien plus personnelles qu’ambitieuses. Le Mârid avait commis de multiples crimes, c’était vrai mais je n’étais pas un ange pour autant. Ses manipulations envers moi étaient l’objet de ma haine, le meurtre de Jun qu’il causa, le mensonge auprès de Mitsuko alors qu’il savait que je reviendrais, à temps, la transformation en génie qu’il m’obligea pour me compter dans ses rangs, l’assaut à la plage, puis celui à la vallée des glaces. Fallait-il aussi repenser au meurtre de ma mère, de sa femme, qu’il commit, aux coups qu’il m’avait porté, enfant ; à sa folie, son ivresse destructrice. Le Mârid était un tyran pour les génies mais il avait fait bien plus de mal à ma famille, à sa propre famille, qu’il n’en avait fait aux génies et d’une grande subjectivité, j’étais convaincu que sa mort me soulagerait.

« Tu es bien pensif. » Remarqua sans grande difficulté Lestat qui regardait Klyan et Natacha s’éloigner pour commencer les recherches.

« Hum. Me penserais-tu faible si je te disais que j’ai peur ? J’ai l’impression de n’avoir jamais eu aussi peur, j’ai peur de tout, sauf de la mort. » M’avançant jusqu’au bout du balcon principal où nous étions, je regardai par-delà les gradins pour observer l’immense ovale de sable où nous combattrions demain.

« Tu n’as pas à avoir peur, tu vas vite faire la différence, crois-moi. La plupart sont certes bien plus costauds et bien plus entrainés aux armes et à la magie que toi, la plupart sont intelligents, rusés, finement manipulateurs, ils savent où frapper et quand, repèrent tes points de faible alors que toi tu commenceras à peine à regarder la couleur de leurs cheveux. La peur est compréhensible, c’est l’absence de peur qui rend faible. »

« Merci… Lestat. Mais je ne parle pas de cette peur-ci. J’ai surtout peur de ne pas combattre pour les bonnes raisons. Je veux la mort de cet homme bien plus que vous tous réunis mais après ? Il faudra bien quelqu’un pour régner sur la race. Je suis prêt à épouser la puissance du Mârid mais peut-être pas ses responsabilités. Les génies sont un peuple compliqué, je ne suis pas sûr d’avoir la patience et l’envie de me soucier d’un peuple aussi… frustré. Je suis moi-même si… frustré. Il faudra leur parler, discourir, aller voir les autres chefs de race, se soucier des guerres et des pestes qui ravagent les terres, il faudra se soucier d’un peu près tout et je ne suis pas sûr de savoir me soucier de quelqu’un d’autre que de moi. »

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] Sans_d17
« Pour être honnête, c’est normal, tu es un génie. Mais nous serons toujours là, même après notre « coup d’Etat » si je puis dire. On ne va pas t’abandonner une fois la couronne sur ta tête. Bien au contraire, tu auras bien plus besoin de nous après ces jeux de l’ombre que pendant. Et puis on mérite une chambre au palais vu le travail fourni. » Il se mit à rire, comme à son habitude, sur un ton toujours aussi étrange et malsain.

« C’est mon objectif, un organe politique sain. » - « Dans une race malsaine, logique. »

« Non mais, Lestat. Regarde un peu, Natacha et Klyan étaient deux iblis de la garde rapprochée du Mârid, les voilà à comploter contre lui pour mettre son fils à sa place sur le trône. Et toi, qui étais l’un de ses conseillers personnels les plus proches, tu discutes déjà de mon règne comme si mon père était déjà mort alors que les chances que je survive à ces jeux sont des plus moindres. Et si un jour vous décidez de faire la même chose avec ma progéniture ou avec un autre génie ? Je ne veux pas devenir aussi paranoïaque que mon père, à toujours penser qu’on va vouloir le tuer, lui prendre sa place, jusqu’à ce que ça lui dévore son cœur et son âme. Je veux des personnes de confiance à la tête de cette race. Je ne veux avoir peur de me coucher la nuit en pensant que l’on viendra me trancher la gorge pendant que je me perds à la porte des songes. »

Et au moment le plus inattendu, la première fois depuis que je le connaissais d’ailleurs, Lestat prit un air plutôt sérieux et franc, cessant de rire ou de sourire, cessant de blaguer ou d’ironiser ses propos.

« Crois-moi Naram, j’imagine ô combien tu as une âme d’un temps immémorial, le temps où tu es né n’est plus conté nulle part, il ne reste de ton monde d’origine, plus rien. Mais, crois-moi aussi, je suis quelqu’un de plutôt vieux ; et j’ai vu ton père arriver au pouvoir il y a maintenant longtemps, et je m’en rappelle comme si c’était hier. Il te ressemblait beaucoup, c’était encore un jeune homme, quelqu’un de mystérieux, de froid, de complexe. Une personne qui se sentait coupable de tout quand on le regardait et qui, quand on lui demandait, disait qu’il n’avait aucun remord, quoi qu’il fasse. Ce qu’il a fait pour les génies était merveilleux, il nous a montré comment nous rebeller, nous qui n’étions que des esclaves, exauçant les vœux à tour de bras pour des Hommes avides qui nous prenaient pour des monstres, pour des avantages de guerre. J’ai beaucoup appris à ses côtés même si je savais que son passé était jonché de crimes et d’horreurs qu’il avait commis, nous étions tous un peu pareille, des gens, pas très fréquentables. Mais il était incapable de rêver. En son âme, seul un vide sans fond était perceptible. Il a conduit la race à éprouver la même haine envers les êtres humains que celle qu’il éprouvait et revendiquait fièrement, comme un trophée de son passé. Je sais que tu lui ressembles beaucoup mais il n’est plus ce qu’il était, son règne l’a transformé en un monstre dont tu te doutes peu, loin de vos conflits personnels que vous entretenez tous deux. »

Lestat m’invita ensuite à continuer notre discussion tout en marchant pour éviter de rester en plein jour. Nous faisions ainsi le tour du Colisée de l’intérieur tout en continuant sur le sujet.

« Comprends que la chose est complexe car pour les génies, il ne peut y avoir meilleur dirigeant que lui. Jamais aucun chef de race n’ose lui adresser la parole, lorsqu’il passe, tout le monde se tait, personne n’oserait lui tenir tête. Quelle alliance avons-nous faite par-delà le temps ? Aucune, nous sommes peut-être bien la seule race ainsi à l’écart. Et nous avons aimé ça, nous, le peuple, car nous étions à l’abri, comprends que nous étions traumatisés de la vulgarité humaine qui nous avait asservi. Il était l’homme de la situation, quelqu’un de fort, de puissant, de charismatique qui nous a protégé, qui nous a redonné à tous, notre liberté de parole et d’acte, en un sens. Mais aujourd’hui, tout ça n’est plus. Il a substitué l’avidité humaine par sa propre avidité. Il représente à lui seul tous les maîtres que nous avions par le passé. Il nous a tous asservi à sa volonté, ses règles d’abord justes qui sont devenus de plus en plus insupportables pour nous, sous prétexte que ça nous protégerait si nous nous en tenions à ses dires. Tout ceci a marché depuis quoi... Des millénaires sûrement, je suis incapable de compter le temps qui passe. Personne n’ose imaginer un monde sans le Mârid mais crois-moi. Quand ils te verront, toi, Naram-Sin, ce sera comme quand je t’ai vu. J’ai tout de suite su en te regardant que c’était toi, le changement que j’attendais. Et Natacha aussi l’a vu, Klyan aussi, tout comme Cyanide ou n’importe qui discutant avec toi. Tu dois avoir confiance en toi, aujourd’hui plus que jamais. Tu ne nous as pas tant donné un espoir perdu mais, tu nous as plutôt montré qu’il y avait une autre vie possible, tellement différente, sans lui. Tu as créé l’espoir. Et si cela ne se fera pas du jour au lendemain pour toute la race, je suis convaincu que tu seras bien meilleur roi qu’il ne l’a été, même à ses débuts. Car toi, jamais tu n’as cessé de rêver et jamais tu ne cesseras, et si ce jour devait arriver, cela signifierait ta mort pure et inévitable, cela fait partie de toi. Tu es né pour devenir un génie et tu incarnes notre volonté, notre besoin de souffler le chaos, la déraison, nous avons besoin de la liberté que tu nous as montré comme possible. Aujourd’hui, nous n’avons plus peur des humains, nous n’avons peur que de lui. Mais toi tu n’as pas peur. Et quand tout le monde l’aura compris, alors ils te suivront. Tous ces génies qui risquent leur vie depuis des mois pour t’hisser en haut de la hiérarchie, ils ne te laisseront pas tomber, ni eux, ni moi. »

« Merci Lestat. Je suis heureux de ta grande capacité de discours. Je me pensais capable de très longs monologues mais à tes côtés, je suis un petit joueur. Quand m’as-tu vu pour la première fois, au fait ? »

« Le jour où tu as débarqué, poings liés par des iblis, avec ton amie Lily. Une opération kamikaze comme j’en ai rarement vu. En fait, vous vous êtes dit que vous alliez réussir à affronter le Mârid et sa garde, à deux ? »

« Ce n’est pas exactement ça. Mon but était seulement d’assassiner Halama pour prendre sa place. Ainsi, je pouvais me rapprocher du Mârid tout en préparant ma révolution. Lily est plutôt habituée à mes plans suicidaires, elle ne pouvait pas refuser, tout ceci l’amusait bien trop. J’ai alors joué un rôle bien théâtral. Et le lendemain, j’étais devenu son second. C’était simple mais efficace. Bien que les chances fussent moindres, j’aime plutôt les défis corsés. »

« Halama… Quelle douce femme. Un dommage collatéral de la colère de ton père. Nous étions proches elle et moi, enfin, ce n’était plus le cas depuis bien longtemps. Elle a été formée par le Mârid, comme Natacha, pour cracher la haine et la violence. Le Mârid lorsqu’il n’était qu’un Iblis a assassiné le mari de, Jade, le véritable prénom d’Halama. Il lui a ensuite fait le même coup qu’à toi : je le ramène à la vie si tu deviens génie. Halama accepta, évidemment mais elle ne revit jamais son tendre mari. Et puis, tu connais la suite. Halama ne faisait tout ça que pour ton père, elle se fichait de la politique, des codes de la race, ça l’intéressait peu. Dès sa transformation, elle n’a vécu que pour servir ton père. Elle l’aimait profondément, d’un amour insensé, acceptant la folie de l’homme. C’est cette obsession qui a fait qu’Halama et moi étions incapables de nous entendre plus longtemps. Et lorsque tu l’as tué, je me souviens encore du regard qu’elle m’a lancé, son dernier regard, pour moi seul. Un regard soulagé. Elle était soulagée de ne plus être obligée de lui obéir, et ce bien qu’elle était libre, elle se sentait par la force des choses, asservie à son roi, à son amant, comme on pourrait l’être à son maître par le lien de servitude éternel. Je l’ai envié sur l’instant tu sais… et puis… maintenant, je suis bien content de participer à tout ça. Comme je te disais Naram, beaucoup de personnes comptent sur toi, même ceux qui ne sont plus de ce monde, pour les libérer de l’emprise infernale de notre mauvais roi. »

Et alors que nous discutions ainsi pendant une bonne heure ou deux, nous trouvâmes enfin ce que nous étions venu chercher.

« Prévisible. » - « Et heureusement. Tu sauras y faire face ? » - « Evidemment. »

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Ven 23 Nov 2012, 23:18

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] The_1d11
Thème musical:

Nous étions deux hasards parallèles et en cette journée, nous serions un peu le même homme dans deux corps différents. Je n'avais pas dormi de la nuit, je n'avais cessé d'admirer les étoiles, la fillette dormant dans mes bras, je n'avais pas remarqué le soleil s'était levé. La fillette se réveilla, elle semblait avoir faim mais Lestat avait déjà prévu le repas du matin, lui qui était fasciné de voir un génie avec de l'appétit, il se donnait à cœur joie de lui faire goûter un peu tout et n'importe quoi en guise de sujet d’expérience. Oui, ce génie dormait et se nourrissait normalement, c'était assez drôle comme me le faisait remarquer Natacha. Natacha qui était venue me sortir de mes songes, c’était l’heure après tout, je devais partir. On entendait au loin et de là où nous étions, les divers affolements et attroupements d’une foule innombrable que nous n’imaginions qu’à moitié. C’était sûrement ça la peur, ce vide qui se froisse, un nœud au niveau de votre estomac et à chaque nouveau bruit qui vient de loin, une envie folle de finalement, ne plus partir, attendre les jeux suivants, que seraient trois années après tout vu le temps déjà écoulé.

Je revenais dans la maisonnette, Klyan revêtait ses accoutrements d’Iblis officiel du Mârid, le seul qui était resté aux côtés du roi pour nous donner toute sorte d’informations et pouvoir se présenter aux jeux des ombres, m’accompagner, garder un œil sur moi, sans que le Mârid ne le soupçonne, lui qui était si discret, capable de mentir. Alors qu’il se promenait à moitié nu dans le salon, et sans gêne, Natacha couvrait les yeux de la fillette en faisant un gros reproche voilé à Klyan pour qu’il aille s’habiller. J’en riais, car Klyan n’avait pas compris l’allusion de Natacha et pensait tout cela normal, lui qui était souvent comme sur une autre planète. Lorsque l’homme me vit, il me tendit le blason de cuir et la simple culotte de tissu que je devrais porter pendant les jeux, la tenue officiel pour les gladiateurs. Je le regardais en souriant comme pour lui demander s’il n’était pas sérieux mais lui, ne souriait pas, il était très sérieux. Mes armes étaient préparées sur la table, je n’avais plus qu’à les enfourner après m’être habillé comme cela était nécessaire. Tout le monde se moqua d’abord de moi, sauf Klyan qui trouva cela normal vu que tous les autres seraient habillés de la même façon, il ne voyait pas le problème. Des lasses de cuir qui passait en croix le tour de mon torse, l’on voyait forcément la nudité de mon corps et c’était surtout cela qui me gênait. Mes jambes étaient également découvertes, la culotte de tissu ne recouvrait qu’un peu plus des parties intimes mais heureusement, Klyan m’apporta également des jambières de cuire pour mes mollets. J’enfilai ensuite l’épée de Mitsuko à la ceinture et le pendentif qui me servait d’habitacle autour du cou, celui-ci était encore souillé par le sang de Sayuri pour qui j’adressai une brève prière, je ne devais me laisser submerger par mes émotions, pas aujourd’hui. J’embrassai tout le monde en finissant par dicter à nouveau les dernières consignes pendant les jeux. Tout le monde resterait ici aujourd’hui à part Klyan et moi-même. Cyanide nous rejoindrait le lendemain, Lestat le surlendemain et enfin Natacha pour le dernier jour. Saluant tout le monde une dernière fois, Klyan et moi entreprenions un bout de chemin ensemble avant de devoir nous séparer pour ne pas éveiller les soupçons, je changeais d’ailleurs la couleur de mes cheveux pour la route malgré la barrière anti-magie de l’arène où, ce serait clair, je ne pourrai plus modifier mon apparence.

_____

Nous étions deux hasards parallèles et en cette journée, nous serions un peu le même homme dans deux corps différents. Il n’avait pas dormi cette nuit, regardant les étoiles, il avait pensé au fils qui ferait tout pour mettre un terme à son règne. Seulement, ne pouvant s’y résoudre, ce serait lui qui mettrait un terme à la vie de son fils. Il s’était levé tôt, un peu près à la même heure que son fils, s’était habillé de ses plus belles parures et d’une robe de roi comme on en faisait encore peu de nos jours. Il était sorti de ses appartements restaurés depuis l’explosion sans dire un quelconque mot à personne, il claquait des doigts, lançait un regard, et les préposés comprenaient immédiatement. Il était arrivé au Colisée accompagné d’une vingtaine d’Iblis, dont Klyan parmi les autres qui l’entouraient. Passant les portes principales, un garde vint l’informer de l’intrusion d’ailleurs mais il s’en ficha complétement, demandant à un iblis sur son côté de tuer ledit garde pour qu’il n’ait l’idée d’en parler à personne, une rumeur sur une faille de sécurité de l’évènement serait trop mal vue. Il savait de toute façon qui était entré, il s’en fichait, oui, cela n’avait aucune importance, pour lui. Il savait qu’il serait mille fois applaudi et pourtant il en avait tant besoin, d’acclamation, d’ovation, de réconfort.

______

Pendant ce temps, je fis mon entrée parmi tant d’autres génies, des biens plus grands, des biens plus forts. J’entendais au loin le tumulte incessant de la foule qui hurlait en cœur, mais personne ne semblait avoir peur, ou tout le monde le cachait trop bien. Nous étions alignés comme des bêtes dont l’abatage était programmée pour les minutes à venir, tout le monde se regardait dans le blanc des yeux, je me sentais bien trop curieusement observé, je me sentais plutôt mal à l’aise.

______

Pendant ce temps, le Mârid fit son entrée, parmi cette foule dévorante, attendant le repas visuel de la décapitation. Il entendit l’acclamation qu’il attendait tant, la foule qui clamait son nom, il en redemandait encore, comme une bête toujours assoiffée qui ne saurait se désaltérer de l'océan, il était heureux ainsi, se pensant aimé. Il était au centre comme le dieu d’un peuple qui n’aurait que lui comme protecteur dans un monde programmé pour s’autodétruire. Tout le monde scandaient la gloire de cet homme alors que tous le détestaient, tous avaient peur de lui mais tous le pensaient irremplaçable.

Il attendit un instant, que le silence se fasse. Gonflant ses poumons, un sourire de démon grimpa le long de visage de colosse, il tendit ses bras en avant, vers son peuple, l’homme savait soigner son style. Puis, alors qu’il dévisageait la foule qui l’acclamait, il hurla de toutes ses forces un puissant : « GÉNIES ! » qui fit taire la foule dans un silence lourd et inattendu. Je repensai alors aux paroles de Lestat qui m’avait effectivement dit que quand le Mârid parlait, tout le monde se taisait.

« Bienvenue mes frères et sœurs à cette nouvelle édition des jeux de l’ombre. » sa voix raisonnait partout, où que nous fûmes placés, comme s’il était juste à côté de nous, à le crier dans nos oreilles.

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] Sans_210
« Je vous remercie de vous être déplacés, parfois de très loin pour certains, et d’être aussi nombreux pour admirer l’élite de notre race s’affronter dans de distrayantes épreuves qui, je le sais, vous satisferont comme à leur habitude. En cette période après tout confuse où les méchants morts-vivants ont mangé les gentils habitants, ça nous a obligé à une sorte de chômage technique n'est-ce pas ?! » Et la foule s’empressa d’en rire. Il était vrai que les génies en général n’avaient pas trop eu de pertes à cause du fléau d’Orion. Mais tout de même. Je reconnaissais bien là mon père, incapable de demeurer modeste dans ses paroles.

« Mais après la tempête, le calme revient. Maintenant que ces cafards ont de nouveau envie de rêver, c’est une période de prospérité pour nous ! Nous, les dominants. Le rush des vœux ! Jusqu'au prochain fou qui mettra le feu aux poudres des terres du Yin et du Yang. Je suis sûr que comme moi, vous avez dû beaucoup rire de ces évènements, de ces gens qui hurlaient et courraient partout, ces petites brebis affolées, comme de petites fourmis à qui on casse le terrier bien enfui. Comme quoi, ils n’auront bientôt plus besoin de nous pour s’autodétruire ! » Et je confirmais alors une hypothèse personnelle : les génies sont bon public. Personnellement, je préférais mes blagues.

« Même si je sais que vous connaissez parfaitement les règles, je vais tout de même brièvement les rappeler au cas où de petits nouveaux tenteraient leur chance. » Et malgré les rires réactifs et immédiats de la foule, comme si ceci était une ineptie, je sentais bien que cette phrase m’était destinée.

« Les génies ont en ce jour l’obligation de porter leur habitacle. Que ce soit un bracelet, un gant ou une théière, vous devez l’avoir sur vous sans avoir besoin de le tenir à la main. Tout individu ne portant pas son habitacle verra toutes ces forces, toutes ces capacités magiques et tout ce qu’il est capable de faire, réduits à zéro. N’oubliez pas que dès que votre habitacle est détruit, vous mourrez purement et simplement. Les épreuves ne sont pas définies à l’avance dans leur nombre. S’il n’en reste qu’un dès la première épreuve, alors soit, nous irons plus vite nous restaurer et fêter ! Rappelons également ce que gagnera le vainqueur. Si le finaliste reçoit l’acclamation de vous, cher public, génies au grand cœur j’en suis sûr, alors ce dernier aura le droit de m’affronter. Et si, hum, celui réussit à me battre. Alors il prendra ma couronne et aura le droit à consulter l’oracle ! » Mais étrangement, les rires se transformèrent en sifflements, conspuant leur mécontentement à l’idée que le Mârid puisse rendre sa couronne. Ben voyons, quelle bande d’hypocrites. De véritables moutons.

« Et maintenant, la première épreuve ! » et mon sang ne fit qu’un tour, cette fois, je ne pouvais plus reculer.
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Sam 24 Nov 2012, 01:41

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] The_1d12
Thème musical:
La première épreuve. Je n’avais aucune idée de ce qui allait arriver. Je savais que toutes nos compétences seraient requises au fil des épreuves et je redoutais surtout celles de combat, comme la première que je présumais être pour déjà filtrer pas mal de candidats. Puisque tout le monde semblait le faire plus ou moins harmoniquement, je dégainai l’épée que Seth m’avait gardée dans ses appartements puis restai prêt à toute surprise. Nous étions tous là à nous regarder dans le blanc des yeux, comme si l’épreuve pouvait venir de l’un des candidats, j’eus même peur que sans plus de consignes, on finisse par tous de suite se massacrer mutuellement et redoutant la boucherie, je commençais à plutôt me tenir sur mes gardes.

« Il ne tiendra pas deux minutes... » entendis-je non loin de moi et lorsque je regardais dans ce sens, je voyais deux génies qui me fixaient le sourire aux lèvres. Je ne prenais pas la peine de répondre, j’espérais juste pouvoir danser sur leur cadavre.

« J’ai déjà vu sa tête de jeune premier quelque part, pas vous ? » - « Hum, vous savez à qui il me fait penser, moi ? » - « Non, à qui ? » - « Au fils du Mârid. » - « ça ne m'étonne même pas ! Et à ce qu'on dit, le roi a juré vouloir sa tête ! Je serai vous, je ne resterais pas trop près de ce type » - « Si c’est lui, je le voyais plus grand. » - « et plus costaud aussi » - « Il parait qu'il a fait exploser toute l'aile Ouest du palais du roi, et qu'il a put s'en échapper comme si de rien n'était ! » - « [...] » et de jolis compliments assassins tombaient ici et là dans des chuchotements plus ou moins discrets, plus ou moins volontairement, certains relevant d’une provocation extrême. Au moins ils ne manquaient pas d’honnêteté. Au moins je savais que le petit cadeau que je lui avais laissé dans ses appartements avait eu son effet.

« Ne les écoute pas. Je suis certaine que c’est en faisant équipe que nous allons vaincre le danger ! » M’hurla dans les oreilles une espèce de génie-naine aux allures de fée qui n’aurait vraisemblablement pas compris la cruauté de l’épreuve à venir. Je pariais sur sa mort avant celles de ceux qui semblaient me critiquer. Non vraiment, sa voix était insupportable, bien trop aiguë, c'était physique. Et puis, on voyait bien qu'elle était bien née de la dernière pluie pour reprendre l'expression.

Il était vrai que pour l’occasion, je n’avais pu arborer les mêmes vêtements amples qu’à mon habitude. L’on m’avait prié de cesser tout jeu de manche, et c’était peu de le dire, pour préférer une sorte de blason de cuire en croix qui faisait le tour de mon torse et permettrait de loger quelques armes ainsi qu’une culotte de tissu simple pour faciliter les mouvements. En gros, je ressemblais à un sans-abri. Mais le terme de gladiateur sonnait mieux paraissait-il bien que leur destin était généralement le même. Et même si tout le monde était plus ou moins habillé de la même façon que moi, pour la grande majorité, très peu vêtu, je voyais là encore l’un de nos traits physiques propres, nous aimions montrer nos corps parfaitement musclés et taillés pour plaire aux rêveurs, sauf que... eh bien, je ne pouvais me vanter des mêmes vertus physiques que mes confrères dont la masse musculaire était inversement proportionnelle à la masse intellectuelle évidente.

J’aurais ainsi pu rester encore un petit bout de temps à rêvasser sur les futurs concurrents au trône sauf que... malheureusement ou heureusement, quelques cris de terreur vinrent rompre le fil de ma pensée. Et levant la tête, la surprise fut en effet belle. Une sorte de gigantesque chimère, avec une tête de lion, des ailes d’aigle, une queue de serpent et sabots de je-ne-sais-trop-quoi vint surplomber toute lumière dans l’arène, aussi immense était-il, l’on vint interrompre la démonstration de joie dans la foule, comme un léger malaise qui s’était installé. La bête qui effrayait tout le monde fit son entrée, muselée et dont le masque était tenu par une trentaine d’Ifrits qui avaient pour l’occasion revêtit de belles ailes d’ange, une blanche et une noire et l’obligeaient à avancer jusqu’à nous. La bête semblait incontrôlable et les gardes suaient pour lui faire tenir la ligne de direction. Ses grognements faisaient résonner tout le bâtiment et des frissons me parcouraient à chaque fois que je l’entendais, pourtant encore loin de lui.

« La première épreuve ne vous demandera pas trop d’intellect. Survivez. Lorsque le public aura jugé qu’il y a eu assez de morts, il nous le fera savoir en actionnant des artifices qui se trouvent à leurs pieds ; alors nous arrêterons le massacre. Prêts ? » Heu comment dire, pas vraiment. Mais je ne crois pas que pour l’heure on me demandait, et mes choix, et mes préférences en la matière.

« Prêt, ça va gicler. » rajouta un imbécile derrière moi, cela en devenait navrant. Je priais aussi pour qu'il y passe dans les premiers.

C'était étrange, car si dans les gradins, la peur était au ventre, j'avais l'impression que là où " ça allait gicler " comme il l'avait raffinement dit, tout le monde était comme prêt à mourir plus qu'à combattre. Je n'étais pas sûr de tout comprendre sur ma propre culture. Parfois, tout ça me dépassait.


L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] Sans_211
On lâcha le fauve dans l'arène après qu'un cor de chasse eut résonné de façon à nous faire comprendre, qu'il fallait courir.

Sa taille sonnait au moins comme deux manoirs Taiji et lorsqu'il vint happer l'air d'un hurlement assourdissant, j'en ai eu tout mon petit corps tremblant qui frémit à l'idée simple qu'il puisse m'attraper dans un élan aveugle. Il se mit à charger au plein milieu des combattants, mes yeux s'écarquillèrent en le voyant au loin, fendre de droite à gauche de la chair à canon qu’il dévorait, d’un coup de dent et sans fermer sa gueule de diable, je voyais au loin des nuages de poussières colorés, des décompositions de génies qui n’avaient eu le temps de crier, l’on s’affola pourtant, dans les gradins, le public s’indigna d’abord de la folie du Mârid qui avait eu l’idée avant de prendre plaisir au spectacle. Je vis la bête amoindrir les nuisances solaires à chaque instant passé à l’admirer trop stoïque pour survivre, je le vis tuer autant qu’il respirait et à chaque pas qu’il battait au sol un coup de sabot, c’était ma propre mort que je voyais sous ceux-ci. Lorsqu’il vint près de moi, j’eus de justesse la divine intention de m’écarter par un magnifique roulé boulet.

Que pouvait-on vraiment faire face à ce monstre ? Les règles étaient claires, le public déciderait arbitrairement quand il y aurait eu assez de morts, quand ils se seraient assez repu de cette boucherie. Je ne pouvais laisser mon sort aux mains de sociopathes tout de même, je devais agir. Courant à travers ces hommes qui se faisaient déchiqueter, le sang coulant, sursautant à travers les cadavres sans vie, je tentais de me frayer un chemin pour arriver au niveau de la bête sans trop l’approcher. Je vis bien qu’on tenta de lui jeter les pires sorts mais il semblait que la bête était insensible aux magies de toute sorte.

Et comme si cela ne suffisait pas, car après tout, cela se voyait bien que c’était trop facile, les génies avaient déjà commencé à s’entretuer de peur d’être des victimes de leur manque de méfiance envers ceux qui seraient placés derrière. Ils préféraient tuer pour être sûr que les malheureux ne les tuent pas avant. C’était si bien pensé, la paranoïa collective faisait son rôle bien plus que le monstre qu’on oubliait presque sans le perdre de vue. Le malade aux gros muscles de tout à l’heure vint d’ailleurs à me courser en me saisissant par la taille et en me projetant au sol dans un cri similaire à celui d’un lion enragé. Me relevant aussi tôt, je me jetai corps et âme et sans trop réfléchir sur lui en lui compressant la mâchoire peu importait qu’il tente de me broyer les os avec ses bras de titan, je le compressais si fort que je sentis presque un léger craquement accompagné d’un gémissement de l’homme qui serra de son côté toujours plus fort ; n’étant pas aguerri d’une très grande force, mon but était surtout de l’obliger à me regarder dans les yeux et lorsque ceci fut fait, sa faible présence d’esprit me permit de rapidement me frayer un chemin à travers son âme et y placer un poison si douloureux que l’homme devint blanc, lui faisant vivre d’horribles visions que je créais sur l’instant sans pourtant soigner la chose, je le vis perdre face, s’amoindrir dans sa pression, il devint cadavérique, manquant de souffle, il fut pris de convulsions au sol et s’étouffa avec sa langue. J’étais certain qu’il mourrait dans les premiers de toute manière. Ce n’était que forcer le destin à s’abattre sur les inutiles petites choses qui m’empêchaient d’avancer. Deux autres confrères m’envoyèrent flèche et objets piquants dont je n’aurais su définir la nature, je ne savais trop d’où ils sortaient mais j’usai du changement d’apparence pour me fondre dans la masse, me perdre parmi ceux qui courraient puis disparaître par l’éther merveilleux pour leur trancher la gorge et détruire leurs habitacles. Cela ferait toujours deux concurrents de moins.
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Sam 24 Nov 2012, 02:55

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] The_1d13
Thème musical:


L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] Sans_214
J’entendai parfaitement les cris d’horreur, les visions presque cannibalisées de tous ceux qui suppliaient la mort mais je ne pouvais prendre pitié de personne, j’étais bien trop habitué à ces choses, j’avais connu la guerre, j’avais connu la souffrance, la perte des êtres, ceci n’était à mes yeux qu’une guerre de plus, sauf qu’elle était déguisée sous forme de jeu mais le fond demeurait inchangé. Me postant sur l’un des immenses rochers installés là pour servir de décoration, je regardais la scène se dérouler, le monstre continuer sa besogne tout en réfléchissant à un plan. L’on vint m’attaquer par une sorte de projection enflammée mais je n’en pris pas garde, baissant maigrement la tête, je renvoyais une dague que j’avais accroché à ma ceinture tout en visant les justes articulations du cou, histoire de repeindre un peu le sol et qu’on me laisse tranquille. La bête devait être maîtrisée, le public semblait en vouloir plus et nous étions disséminés. Son instinct était animal, sa conscience comparable à celle des zombis affrontés malgré que la puissance était plus imposante. Mais que désiraient les zombis ? Dévorer, eux aussi. Il fallait l’appâter et le faire fuir à la fois. D’un bon affirmé, je revenais au sol, évitant d’ailleurs une nouvelle projection, cette fois d’un génie même, que la bête fit gicler au loin avec sa mâchoire dégoulinante de meurtre. Dieu, que je n’aimerais pas finir ainsi ma triste vie.

Emboîtant le pas à la chose grosse comme une montagne, je comptais pour ce petit tour sur mon contrôle des illusions. Après tout, la bête ne ferait pas la différence. Aux yeux de tous ce fut comme si une deuxième chimère apparaissait sur le terrain et j’entendis bien les cris qui s’en suivirent, on ne comprenait plus d’où ça venait même si j’avais comme la certitude que le Mârid avait déjà compris la suite du plan. Il ne s’agissait en réalité que d’une centaine de miroirs crées là de par mon imagination pour affoler les sens du monstre. La chimère, par évidence recula et alors, j’usai d’un pouvoir que je pensai désuet, la douleur des roses.

L'on entendit un léger tremblement puis un gonflement du sol qui fit gondoler la terre battue qui craquela, d’immenses racines sortirent des gradins, suivant mes mouvements précis d’une main, et par un geste tout aussi précis de l’autre, les miroirs explosèrent. Par peur, la chimère recula à toute allure, se prenant les pattes dans mon piège elle commença à tituber. Ce fut alors là ma réelle épreuve de force, je ne pouvais laisser telle occasion m'échapper. La douleur des roses était comme une sorte de flux magique entre lesdites roses et moi-même, comme une corde sur laquelle je tirais. Ici, les ronces empoignèrent l'animal qui tenta de se débattre mais je ne voulais pas le laisser filer, je tirais de toutes mes forces, j'en grognais tant je ne voulais me laisser faire, mes poings se serraient et mes bras fatiguaient au loin alors que rien ne nous reliait, peut-être me prenait-on d'ailleurs pour fou à cet instant. Les ronces lacérèrent le corps de l'animal autant que possible malgré sa taille colossale, et les pires se resserrèrent jusqu'à ce que le sang coule et que, crucifié, la bête tombe au sol dans un épais nuage de poussière, tant que pendant quelques minutes on ne vit plus rien à un mètre, l'on toussa de tous les côtés et l'on se demanda ce qu'il s'était passé. C’était ma seule chance. Sautant de roche en roche jusqu’à atteindre une hauteur suffisante, je crachais mes poumons tant il fallait recourir à son endurance mais je ne pouvais plus fuir, sautant sur la tête de la bête, j’hurlais à tout le monde encore présent de faire comme moi.

Il y eut un mouvement d’hésitation de la part de mes confrères, devaient-ils faire confiance à l’un des leurs ? C’était paradoxal, nous pensions tous un peu pareil ici, nous nous ressemblions un peu tous, et si je devais me faire confiance à moi-même, je ne serai jamais assez fou pour cela. Pourtant, tout le monde comprit que c’était la meilleure solution apportée et alors, l’on vint apporter son poids en profitant de la faiblesse de l’ogre titanesque, par centaines, en lui enfourchant épées et faux, toutes armes coupantes, percutantes et rasoirs, et je n’eus qu’à sauter sur sa gueule qui faisait deux ou trois fois la taille de mon égo pour lui planter la lame de Mitsuko. Entre les deux yeux, comme les vrais chasseurs paraissait-il. C’était ainsi. La bête fit un cri de torpeur, l’on vint penser enfin à son agonie et les génies renforcèrent leur lacération commune.

J’eus presque pitié du regard de l’animal, il n’avait rien demandé, j’eus même la certitude qu’il avait s’agit d’un génie que j’eus connu et dont le Mârid changea l’apparence pour le punir sûrement. Son regard brillant d’une flamme maline qui me rappelait celui d’un conseiller de mon père qui me faisait tout le temps des clins d’œil en assemblée pour me signifier qu’il était de mon côté. Je l’avais souvent croisé par le passé. Ainsi, il sacrifiait même ses plus proches collaborateurs. Qu’avait-il fait à mon père pour ainsi être condamné à devenir chimère puis abattu ? De plus par ma volonté et mon épée. J’étais certain alors que le Mârid savait ce que j’allais faire, il voulait que sache que c’était lui, comme pour me faire comprendre l’ironie de l’acte. La bête tombant au sol, il mourrait comme un chien. Descendant le long de son museau ridé, je ne regardais aucun de mes confrères, le public s’était entièrement tût, il n’y avait plus un mot. A part le Mârid qui n’avait fait que le penser, personne n’avait prévu cette hypothèse. Celle que ce ne serait pas le public qui décide mais nous… moi, qui prendrait le ressort de son destin.

Je jetai un regard sur la foule, celle-ci acclama, divertie, elle était heureuse, elle acclama tous les génies, peut-être un peu moi aussi. Je me retournais vulgairement, tous les gladiateurs encore en vie me fixaient, certains avec un sourire gratifiant, d’autres avec la ferme attention de m’éliminer en premier, je devins à leurs yeux un ennemi plutôt redoutable. Je ne répondis à rien, ne laissais rien transparaître, je n’étais pas venu pour ça. Klyan au loin, avait observé la scène avec effroi sans le montrer, il était après tout juste à côté du Mârid sur la scène et ne pouvait montrer une quelconque peur à mon égard. Son soutien pourtant, quoi qu'invisible, avait été palpable pendant toute la première épreuve et rien n'était plus important que ceci en l'état.

Face au banc de génies qui s’exclamaient autour de l’animal mort, je m’écartai, je marchai seul vers les canaux qui me ramèneraient sous terre, je n’avais besoin ni de gloire, ni d’applaudissements, je laissais tout ça aux autres.
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Sam 24 Nov 2012, 04:00

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] The_1d14
Thème musical:
Le soir venu, la plupart des génies étaient parti on ne savait où. Nous n’étions que quelques-uns, dans l’un des nombreux dômes où étaient disposés sur une hauteur infinie des millions de hamacs tenus par d’épaisses cordes, un peu partout. J’avais commencé ma soirée par lire. Après tout, il n’y avait rien d’autre à faire, il pleuvait à outrance dehors et les activités par ici étaient plutôt rares. L’on vint ensuite m’interpeller et me demander si je voulais rejoindre un petit groupe de quatre génies. Je ne voyais aucune raison de refuser et descendis le long des cordes pour atterrir au sol et les saluer.

« Tu es Naram, c’est ça ? Moi c’est Van. Et voici Janna, Grimm et Lemy. » tous me saluant à la prononciation de leur nom. Ils me faisaient rire, ils avaient tous l’air très jeune, sauf Van qui semblait plus vieux que les trois autres. Après les avoir observé, je leur répondis à mon tour : « Enchanté. Sauriez-vous par hasard où sont tous parti nos confrères ? »

« A la soirée d’interlude. C’est traditionnel, pour rendre hommage aux morts… enfin surtout pour oublier un peu le massacre de la journée. » Me répondit Grimm dont la tête m’était étrangement familière.

« On y boit beaucoup, on finit par s’envoyer en l’air avec le premier génie qu’on rencontre. Après tout, on peut mourir demain, pas vrai ? » Continua Janna, la seule femme des quatre compères.

« Je vois. Et vous n’y êtes-pas ? » - « Sûrement pas. Ils seraient capables de glisser du poison dans un verre pendant qu’on a la tête tournée. » Me répondit à son tour Lemy tout en tournant sa tête sur 360° puis la remettant an place. Il était évident qu’il s’agissait du comique du groupe.

« Vous vous êtes connus entre deux têtes coupées ou.. ? » et les quatre génies se mirent à rire, bien que mon but n’était pas nécessairement de blaguer mais plutôt de constater si leur alliance était intéressée ou non.

« Non, évidemment. Nous faisons route ensemble depuis bientôt trente ans, autant dire qu’on commence à peine à se comprendre. » Il était vrai que la longévité générale d’un génie était multipliée au moins par cent par rapport à la durée de leur rencontre.

« Et vous n’avez pas peur de vous entretuer ? S’il ne peut en rester un et que vous être quatre. Et vous voulez tous diriger la race donc ? »

« Heu, non. Enfin, il est bien connu que le Mârid observe les génies les plus puissants et qu’après les épreuves, il leur demande de devenir un de ses iblis ou de continuer le combat dans l’arène. »

« Hum, je comprends maintenant. Les éléments les plus puissants, qui peuvent être dangereux, il les prend dans son équipe. Et vu qu’ils ont peur de ne pas passer l’étape suivante, au moins ils sont certains d’avoir une place de premier choix. Et pour les irréductibles, ils se font tués par le Mârid lui-même ou par les adversaires à qui on a promis une place d’iblis. Le système est intelligent et avec la réputation que l’on connait du Mârid, c’est infaillible… »

Les quatre jeunes gens me regardaient comme si j’étais un être venu d’ailleurs, un véritable extraterrestre auquel on ne comprenait le moindre mot.

« Désolé. Par contre, sans vouloir vous juger, je crains fort que votre profil ne corresponde pas à celui que s’en fait le Mârid d’un iblis. Quelqu’un de... plus... Sanguinaire que vous. » - « Comment ça on n’est pas sanguinaire ? » et tous se transformèrent en d’horribles barbares de muscles et de cicatrices, aux dents manquantes et aux joues rougies par des traces d’alcool.

« Je ne parle pas de votre apparence. Mais plutôt de votre caractère ! » Dis-je en rigolant alors qu’ils avaient repris leur apparence habituelle.

« Etes-vous au moins prêts à tuer ? Avez-vous déjà tué dans votre vie ? » Et tous me regardaient interloqués, comme si cela était impensable et pour eux, impossibles. Après tout ils étaient jeunes et ne semblaient être des génies très maléfiques. Aussi je ne comprenais pas vraiment leur désir de participer aux jeux des ombres et encore moins, de devenir un iblis du Mârid.

« Et vous comptez remporter les jeux des ombres ? Ça m’a l’air mal engagé votre histoire ! Allez dites-moi la vérité, vous n’êtes pas venu à la première épreuve ? » - « Tu vois Van, je le savais que ce ne serait pas aussi facile. »

« Hum, pour être honnête, on comptait participer à partir de demain car nous, les épreuves de force. Et comme Lemy est exceptionnellement doué pour changer son apparence avec une folle vitesse et une précision incomparable, tout le monde n’y voit que du feu, il se transforme en Iblis et nous fait passer partout sans qu’on doive se rendre à l’arène. Mais nous savons bien qu’il faudra s’y rendre un jour. »

« Bien, bien. Faisons un marché voulez-vous ? Restez sagement ici jusqu’à la fin des jeux, et je viendrai vous rechercher quand tout sera fini. » - « Mais on ne pourra jamais sortir, ils nous verront si nous essayons de nous enfuir. »

« Ils ne repèrent que les fuyards que le Mârid a ordonné d’exécuter sans sommation. Mais si le Mârid tombe, ils se ficheront bien de qui entre et sort. Je viendrai vous chercher à ce moment précis. Et en échange, je vous prendrai comme alliés ? »

Ils me regardèrent d’abord avant de se mettre en cercle, bras autour des épaules de l’autre, pour en discuter intensément avant de me répondre : « On sait que t’es fort, mais tu ne battras jamais le Mârid, désolé. Il faudrait être fou pour penser que quelqu’un peut y arriver. Mais ne dis à personne où on se cache. J'espère que tu survivras, t'es sympa comme tout Naram. » J’y consentais, tant pis pour eux. Je vis ensuite Klyan au loin qui se cachait dans l'ombre, me fixant. Je pris congé auprès de mes nouveaux amis que je priai de ne pas commettre d'imprudences puis sortis discrètement de la pièce jusqu'à ce qu'il me rejoigne.

« Ils vont se faire tuer. » - « Je sais. Leur âme est bien trop pure. Alors, cette première journée ? » - « Mieux que la tienne, je présume. Bel exploit aux jeux. Tu aurais vu la tête de ton père. Tu as clairement fait la différence. Le public t’adore mais les autres participants te détestent. Du coup, je pense que tu es leur cible principale maintenant. » - « Me voilà rassuré. Quand tu retourneras à la cabane, préviens Lestat que son grand ami Veron est mort aujourd’hui. Le Mârid l’a transformé en chimère, celle que j’ai abattue. » - « Son nom me dit quelque chose. » - « Veron était un grand conseiller du Mârid, tout comme Lestat. Lorsque Lestat a fui le palais le lendemain de mon départ, Veron a préféré rester pour surveiller les agissements du Mârid jusqu’aux jeux et pouvoir informer Lestat, tout comme toi, jouant le double-jeu, se pensant plus utile infiltré dans le camp ennemi. Il semblerait que nous ayons perdu un allié, puissant et courageux aujourd’hui. » - « Je vois. Je préviendrai Lestat alors, il en sera peiné mais il y survivra, je connais trop ce petit grain de folie qui m’exaspère. » - « Ce n’est qu’une couverture Klyan, n’oublie pas qu’il complote contre un roi qu’il a suivi pendant des siècles, il était un proche d’Halama qui est morte, maintenant Veron. Et sûrement bien d’autres que le Mârid a dû assassiner sous ses yeux. » - « J’essayerai de ne pas l’étrangler avant ton retour, alors. » - « Merci. »

Nous marchions ensuite jusqu’à ladite soirée. Nous restions en retrait des autres, Klyan voulait me montrer deux, trois choses et m'en expliquer d'autres.

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] Sans_215
« Vois-tu, lui, lui et elle, ont été grassement payé par le Mârid pour te tuer. Ils n’auront de cesse de te traquer pendant les jeux alors sois prudent. Autre chose, dès la fin de la deuxième épreuve, on affichera en gros quelques portraits des plus grands gladiateurs de ce tournois avec comme règle : tuez-en un et vous échapperez à l’épreuve de votre choix. Je te laisse penser que tu y seras quoi que tu fasses. Mais vois le bon côté des choses, je n’ai jamais vu une telle tension pendant des jeux de l’ombre. » - « Ça se complique. Si le Mârid devine ce que je prépare, il est évident qu’il va tout faire pour m’éliminer. Bien, ça me donne encore plus envie de continuer. » - « La quatrième épreuve sera, comme tu t’en doutais, un duel entre génies. D’abord une équipe de huit, puis de quatre, puis de deux, et enfin, seul. Les pronostics et le hasard forcé du Mârid t’ont déjà désigné un concurrent. Son nom est Ambre. Elle vit dans une petite maison pas très loin d’ici lorsque tu continues vers les plaines. Je pense que tu devrais la rencontrer. Elle est dite favorite de ce tournoi, personne n’ose l’affronter et les seuls qui osent n’osent pas longtemps. Je pense que tu devrais la rencontrer et semer le trouble dans son esprit. » - « Je ne voyais pas la chose autrement. Je vais lui révéler ce que Lestat et moi avons découvert hier. Si c’est elle qui doit prendre ma vie, autant qu’elle ait des remords à tout ça. » - « Oui, mais fais attention, j’ai comme un mauvais pressentiment concernant cette femme. »
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Dim 25 Nov 2012, 17:51

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] The_1d15
Thème musical:
C’est en la voyant que je compris que le sort me réservait son dernier requiem.

Ne vous arrive-t-il jamais d’avoir comme une sorte de sixième sens dont vous êtes incapable par habitude ? Ne vous arrive-t-il jamais de ressentir certaines choses, comme des flux d’énergie invisible, sans pouvoir les comprendre ou clairement les expliquer, comme de légères sensations pouvant s’apprêter à une sensation de déjà-vu ou à une méfiance ; il ne s’agirait pas que d’un jugement subjectif en fonction d’un vécu, retranscrit inconsciemment lorsque vous remarquez une inconnue, la jugeant immédiatement comme si vous étiez doué d’une risible capacité d’analyse proprement faussée par tant de valeurs encrées en vous. Non, il ne s’agirait pas de ça. Mais plutôt d’autre chose de bien plus humble. Comme si le destin vous prenait par la main et vous montrait du doigt une personne en vous soufflant : c’est elle qui changera à jamais ce que tu pensais être vrai de ce monde. C’est cet exact sentiment qui m’a traversé lorsque j’ai rencontré pour la première fois Mitsuko au rocher, c’est vous dire l’importance d’un tel sens. Un sens confus, inexplicable, vous regardez la personne et ce qu’elle dégage vous oblige à songer à toutes les conséquences des mots qu’elle pourrait vous chuchoter à son tour. C’est vous dire comme parfois, votre seul esprit peut, le temps d’une nuit, jouer le rôle parfait d’un inexistant destin, comme votre esprit, dans ses méandres régaliennes, peut à lui-seul, vous montrer ce qu’il y a de plus beau, et vous ramener de là où vous venez, à mille lieux des espoirs tout en vous faisant croire qu’un tel rêve peut vous être accessible. Cet espoir si particulier, certains Hommes y croient tellement fort qu’il serait presque hérétique de vouloir les ramener à leur réalité, mais nous, génie, moi, Naram, vulgairement le pire du pire, quel est mon rôle dans cette histoire ? La perdition ou la raison ? Je suis un être de raison qui n’aspire qu’à ne pas respecter ce qui doit être respecté.

C’est pourtant avec ce sentiment inexprimable que je me rendais dans une campagne légèrement reculée du monde, où les génies buvaient et dansaient en cœur. C’est pourtant là-bas que j’allais car je savais que là-bas, je trouverai celle qui ne pourrait survivre qu’en me tuant, Ambre. Il me fallait la plonger dans le doute avant que ce jour n’arrive, en prévention des évènements à venir. Je m’étais approché d’une cour légèrement éclairée qui abritait une toute petite maison aux courbes lisses et d’un bois clair. L’on voyait d’ici les murs qui étaient à la fois, les parois et des portes, se coulissant pour permettre le passage de l’intérieur à l’extérieur. Je m’étais approché, interrogé par la seule raison d’un tel abri alors que nous logions tous sous l’arène de manière quelque peu plus pauvre. Bénéficiait-elle justement d’un tel traitement de faveur ? Je m’approchai et rentrai, discrètement, passant derrière quelques servantes aux robes de coton qui n’entendirent qu’un coup de vent et refermèrent la porte en pensant l’avoir mal fermée. Je m’approchai des appartements qui me concernaient, passant la tête, je vis alors la femme que je cherchai. Klyan m’avait affirmé qu’il s’agirait de mon adversaire, celle qui tenterait de prendre ma vie, celle à qui je devrais prendre la sienne. Je la vis à son boudoir, coiffant avec calme et sérénité ses longs cheveux tout en se fixant sans, ne serait-ce que cligner des yeux, dans un miroir impeccable où nulle poussière n’aurait eu l’audace de se poser. Et alors que je fis une entrée des plus invisible, la demoiselle prit soudainement la parole, sans bouger ne serait-ce qu’une prunelle, faisant comme s’il s’agissait d’un fantôme qu’elle ne pourrait de toute façon pas voir ou attraper.

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] Sans_216
C'est alors que ce sentiment, cet étrange sentiment me saisit sans prévenir, sans cris, celui que je redoutais.

« Me veux-tu du mal ? » et il était évident que je ne m’attendais pas à ces paroles.

« Le mal est en chacun de nous. Qui n’en veut pas ? » Et la demoiselle sourit, elle daigna alors croiser mon regard mais toujours en fixant la glace, n’observant que mon reflet, altérée par l’ombre de la pièce.

« Sans même plus t’observer, je sais qui tu es, je ressens ces étranges brides immatérielles qui se dégagent de ton âme. C’est comme si la faucheuse venait me chercher, c’est effrayant et fascinant. Mais qui tu es vraiment, ça. » et les pulsations de mon coeur s'emportait à ses paroles.

« J’ai eu tant de noms, tant de visages. Celui que j’arbore est une parcelle d’un infini perdu au coin d’un rêve. Peut-être que la métaphore de la faucheuse est la plus pertinente. » finis-je en sortant de l’ombre, montrant mes traits et l’encre de mes yeux.

« Ainsi tu es le génie bleu dont tout le monde conte le périple. Depuis ta performance à l’arène, on ne parle que de toi, je jalouserai presque que l’on me vole ainsi la vedette. » Klyan m'avait informé que Ambre était d'après les opinions et rumeurs, celle qui ressortirait favorite et surtout gagnante du tournois, tout le monde ne parlait que d'elle, enfin du moins, je le pensais.

« Je crains fort qu’aux jeux des ombres, seul le parfait inconnu survie, la probabilité d’être chassé est moins grande. » et la demoiselle se mit à rire de nouveau, un rire bref, presque moqueur mais elle acquiesça.

« Chasseur ou chassé, c’est un choix plutôt ordonné, ne trouves-tu pas ? C’est une option qui ne nous a jamais effleurés. Nous qui étions des créations chimériques, je me dis bien souvent qu’il n’y a pires êtres que nous sommes. »

« J’y songe également, peut-être trop. Notre corps est redevenu poussière mais notre âme comble les vides qui nous dévorent. Au prix de la démence, je ne peux que te l’accorder. » Et la belle se leva, avec toute la douceur d’une fleur, se retournant avec malice, elle vint s’approcher de moi.

« Nous vivons au-delà du temps qui courre, au-delà de l’espace qui s’étend. Et pourtant, nous sommes rattachés à une soif dévastatrice bien plus malsaine que celle de l’Homme que nous critiquons tous. Ai-je pourtant l'air si diabolique ? »

« Je vous rejoins dans l'antre des enfers. Notre âme pourrit où notre corps resplendit pour tromper. J’ai longtemps pensé que nous étions comme des aetheri enchaînés à la Terre. Des êtres capables de tout mais incapable du meilleur. »

« Aetheri ? Qu’est-ce que ceci ? »

« Des êtres oubliés. Oubliés pour encore trop peu de temps. Ne ressens-tu pas cet appel du néant ? Ils sont de la matière divine et sont capables de tant que nous sommes à côté, de simples prestidigitateurs à la petite sauvette. »

« Et bien, en voilà un conte peu enchanteur. Je ne connais guère d’aether mais je prie pour que cela se fasse le plus tard possible. Je ne crois pas qu’une âme, peu importe sa valeur, devrait avoir tant de droits et soit obligée à tant de responsabilités. Il arrivera un jour où telle âme fera défaut à l’inspiration divine. Quand je nous vois déjà ainsi pensant, je n’ose imaginer ce que doit être la chimère dont tu me parles. Mais dis-moi, tu n’es pas venu jusque ici pour me parler d’un mythe ? »

« Non, évidemment, je divague beaucoup en ce moment. Mon esprit se perd doucement. J'ai... perdu un être cher dirons-nous, une femme qui aime les mythes, qui rêvait de devenir mythique. Je ne sais pas exactement ce que je veux. Nous sommes deux étrangers qui ne se sont jamais vus. Et tu me tutoies déjà. N’y-a-t-il pas un quelconque faux hasard ? »

« Nous sommes tous un peu pareil dans le fond, je tutoies ceux qui me comprennent. Mais je crois savoir ce que tu es venu chercher, Naram-Sin. Je n'ai cependant pas de réponse à te donner. »

« J’en doute fort. »

« Promets-moi que ce n’est pas ma mort que tu es venu cueillir. »

« Je suis las des promesses. Mais pourquoi voudrais-je arracher si belle fleur ? » Et alors que son rire s’estompa, un air bien plus trouble me parvint.

« Tu aimes tant ça. Car j’aimerais faire ce que personne n’oserait. Te faire confiance. » Et je compris immédiatement le jeu qui lui était venu à l’esprit. Elle faisait ce que j’avais prévu de faire à son égard.

« J’ai trop peu de scrupules pour éprouver la valeur de la confiance. Je ne saurai être responsable de la déception. Je suis à peine maître de mes actes. »

« Nous sommes tous maître et génie à la fois. Est-ce que je te plais ? » Et je devins plus gêné.

« J’aime trop mentir pour te complimenter. » j'oubliais presque que je conversai avec une parfaite inconnue.

« Est-ce que je te déplais ? »

« Pas assez. Mais j’aime trop mentir pour exister. Bon. Demain. Ce ne sera pas à l’arène. J’ai trouvé une bulle de verre posée sur un socle dans une pièce soigneusement gardée de mille tours par le Mârid. Cette petite bulle cache l’endroit rétréci de l’épreuve. Ce sera un immense labyrinthe où nous devrons être intelligents, et non puissants. Laisse donc tes armes ici pour courir plus vite et n’emporte pas ton habitacle, le sort qui vise à réduire nos forces si nous ne le portons pas ne fonctionnera pas. Il n’y aura ni arbitre, ni juge. Nous serons maître de notre mort demain. Alors prépare-toi en conséquence. »

« Pourquoi me dis-tu tout ça ? N’emporter, ni mes armes, ni mon habitacle ; et tu ainsi sûr que je mourrai demain. »

« Fais comme bon te semble. Tu me verras bien demain. Tu n’as aucune raison de me faire confiance mais également aucune de te méfier de moi. Nous sommes à égalité, ma chère. »

« Va-t’en Naram, c’est mieux ainsi. Trop de secrets nous dépassent. J’ai eu grand plaisir à converser avec toi. Mon seul souhait sera que nous ne mourrions de la main de l’autre. Et au risque de paraître quelque peu effrayante, je souhaite de ne pas avoir à prendre ta vie. Alors fais en sorte de ne jamais m’affronter ou de mourir avant que les dés n’en soient jetés. »

« Je fais le même vœu avec la conscience que jamais un génie ne peut voir ses souhaits se réaliser. »

Je repris ensuite le chemin de la cour lorsqu’elle interrompit ma marche pour dire d’un ton froid :

« tu ne m’as pas répondu. Étais-tu venu ce soir pour cueillir mon âme ? »

Et auquel je répondis avec la même absence d’émotions :

« Pas ce soir, non. » et ainsi filer l’image d’une faucheuse sans cesse obnubilée par l’horloge de la vie, de l’heure à laquelle l’on devrait naître et mourir.
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