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 L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI]

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Mer 28 Nov 2012, 02:44

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] - Page 2 Post_110
Thème musical:

« L’épreuve d’aujourd’hui est certainement la plus difficile de toute. Mais aussi la plus dangereuse. La plus mortelle. » Lançait-il face à la foule qui s’était levée très tôt, en léchant légèrement la commissure de ses lèvres, comme s’il allait déjà s’en régaler. Nous étions déjà dix fois moins qu’à la dernière épreuve, il devait rester encore trois cent génies, pas plus, un tel vide faisait froid dans le dos et laissait à peine présager l’horreur de la première épreuve, pourtant déjà derrière nous. Nous étions cette fois, tous en cercle, faisant le tour de l’ovale de sable qui servait de terrain de meurtre. Au centre, un piédestal des plus simples sur lequel était disposé un petit plateau recouvert d’une protection de verre ; tout ceci était d’une taille minuscule, pour le moment.

« Nous avons testé de votre force, testons maintenant de votre capacité principale : la tromperie. Lors de cette épreuve, il faudra bien tuer vos adversaires en les enfermant dans d’inimaginables songes cauchemardesques, à jamais. Pour cela rien de plus simple, à l’intérieur du dôme de verre, votre pouvoir d’illusion est accentué et vous permet une telle prouesse. Mais comme vous le savez, tel cadeau n’est pas sans sacrifice. Là où votre don vous rendra surpuissant, il vous rendra fou. Les illusions se retourneront contre vous, vous obligeant à perdre toute notion de la réalité. Pour enfermer un adversaire, vous devez réussir à l’immobiliser dans des bribes de rêve, jouer avec ses souvenirs, ses peurs, le rendre fou à lier au point qu’il ne puisse plus se lever, et là, portez-lui le coup final. Toutes vos armes vous sont retirées dès l’instant où vous entrez dans le dôme. Nous avons par ailleurs, et pour chacun de vous, placé un être qui vous est cher, et pour ceux qui n’en auraient pas, votre propre habitacle ; vous l’avez sûrement remarqué, quoi qu’il fût, il n’est plus porté par votre corps encore meurtri des blessures d’hier. Laissez votre magie vous guider vers cette chose précieuse qui est la vôtre, cachez-la, soyez malin, et détruisez ceux des autres. Je ne vous dis rien à propos du labyrinthe qui sera votre prison, c’est une surprise. Cependant, sachez que le verre qui entoure le dôme renvoie les « rêves » que vous faites, ainsi, nous pourrons constater l’imagination apportée à l’enfermement de vos adversaires dans vos propres prisons chimériques : il faut bien que le public se divertisse, n’est-il pas ? » Public, qui, sans surprise, hurla sa joie quant à l’épreuve.

A écouter son discours, il semblait que l’on pouvait trouver tout et n’importe quoi, les consignes étaient trop vagues, c’était voulu bien entendu mais cela ne me disait vraiment rien qui vaille. Sans plus de laïus, le Mârid d’un mouvement brut et ample de la main activa la magie de la petite boule de verre qui se mit à grossir, détruisant le piédestal en vue du poids amplifié, Il y avait bien une entrée pour chaque génie encore en course, comme si le résultat des morts de la première épreuve était prévisible. Et loin de moi l’idée d’un égocentrisme exacerbé, je sentais que le Mârid me fixait d’un bien étrange regard, comme pour me faire ses adieux. Il fallait s’en douter, j’étais repéré. Nous avancions tous d’un pas d’abord, par consigne de plusieurs iblis qui l’avait hurlé en même temps. C’est alors que le verre sembla fondre de façon moindre mais devant chaque génie, lui ouvrant une porte qui lui permettrait d’avancer le temple. Je ne voyais, ni Klyan, ni Cyanide qui devait nous rejoindre aujourd’hui, personne. Bien, ils avaient tous dû avoir un contretemps et avait loupé le réveil, ce qui était plutôt rare chez les génies.

Alors, comme tous les autres, j’avançai, un pas après l’autre, un pas lourd et léger à la fois, comme si nous avancions tous vers notre trépas. Derrière nous, immédiatement, le verre se reforma et nous ne pouvions plus reculer bien que ce ne fussent point mes attentions. Le verre s’assombrit avec force, au point que l’on aurait cru qu’une nuit sans étoile ni espoir planait au-dessus de nos têtes. Tout y était étrange, les murs semblaient brumeux et solides, indescriptibles. J’avançai sans trop savoir où j’allais, sans rencontrer qui que ce soit et là était la nouvelle paranoïa qui nous habiterait : l’absence de concurrent qui signifiait qu’ils pouvaient très bien être derrière nous. Mais bien rapidement, le vent se leva, un vent venu de nulle part, comme une prémisse à l’apocalypse, il vint me refroidir le cœur avec béatitude et sadisme, contredisant déjà notre façon de ressentir l’épreuve, l’éperdument avait commencé.

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] - Page 2 Post_210
Rien ne se ressemblait et pourtant, tout était pareil, j’allais à différents endroits, pensant l’avoir déjà parcouru, je reconnaissais certaines particularités qui me firent penser à autre chose, et pourtant, il semblait que le décor se mouvait pour nous confondre en erreur. Les murs bougeaient sans cesse mais avec tant de lenteur qu’on ne pouvait le remarquer, le chemin jusqu’à la sortie, s’il existait bien, était quasi introuvable. Je tentai de ne pas paniquer, je devais rester maître de mes émotions et ne surtout pas laisser à un adversaire lambda la trop belle occasion de se servir de ma peur à des fins de destruction mentale. Je devais relativiser, me répétant le discours du Mârid, repensant aux règles, j’étais après tout, le maître en ces conditions. Perdre l’ennemi dans d’étranges rêves, la différence entre réalité et mensonge, qui pouvait me surpasser en ce domaine ? J’étais roi du rêve bien avant d’être celui des génies, le Mârid le savait tout comme moi et en ceci, de nouvelles angoisses naissaient.

J’avais l’impression d’être beaucoup plus sensible, en proie à des émotions beaucoup plus intenses, comme si tout ce que nous ressentions étaient extrapolés, multipliés pour nous détruire, et que, pour survivre, il faille être sociopathe. J’en convenais avec mal, j’avais du mal à maitriser mes émotions. Et lorsque j’atteignais d’étranges et épaisses lianes me faisant penser à des tombeaux, je me savais bien plus proche de clé.

« Bien, une pièce de choix » lança un sifflement perçant avant de laisser exploser un tourbillon de poussière noire dans ma direction. Je ne pouvais comprendre mais par reflexe, je me roulais au sol pour éviter le coup et lançai immédiatement un sort de contrôle par mirage, par la magie du labyrinthe, j’en étais capable. L’homme en hauteur avait pris l’apparence d’une statue que je n’avais même pas remarquée, pas assez concentré, et il s’effondra au sol, se frappant vivement au visage comme pour garder pied à la réalité. Je ne l’avais jamais vu, il était plutôt grand, costaud et habillé d’une ample robe de mage. Prenant la forme d’un monstre à plusieurs têtes et à multiples queues de serpent qu’il semblait maitriser, comme en ayant cent mains, il déchirait ses vêtements et courrait vers moi en se balançant de lianes en lianes comme tremplin. Je tentai par la douleur des anémones à le faire valser, faisant valser des cercles de sève ténébreuse là où il passait mais il était plus rapide, et moi, pas assez concentré, encore, toujours. M’atteignant, il me saisit avec hargne mais s’aperçoit que ce n’est qu’un leurre, une autre statut, car j’étais ailleurs, il avait déjà oublié que je l’avais touché par la magie des illusions, elle était simplement si légère qu’elle était presque invisible et consistait seulement à faire prendre pour son esprit mon apparence à un tas de pierre. J’arrivais alors par derrière, lui bloquant la mâchoire, je criais de rage tant il se débattait mais je savais que ma plus grande qualité demeurait dans mon pouvoir de fissure. Je n’attendis qu’un regard de sa part, sa pupille vacillante qui me fixa un millième de seconde mais il n’en fallut pas plus, il fut pris d’horribles convulsions, hurlant à la mort, je lui tapais violemment au visage pour qu’il se taise et ne me fasse pas remarquer mais la douleur lui était insupportable. La multiplication de la puissance magique du rêve, additionné à mon pouvoir de fissure et à celui de prison d’ébène me permettait de le faire succomber en peu de temps. J’étais le roi de la perdition, je leur montrerai, le sentiment n’avait plus lieu d’être.

Je courrai à présent, me faufilant pourtant j’étais dans mon élément, ce qui me semblait déstabilisant jusqu’à lors m’était alors très réconfortant. J’aimais cet endroit, j’attendais que quelqu’un s’approche, je lui enfourchai le cœur avec une barre de métal trouvé dans une tombe et alors qu’il peinait à garder les yeux ouverts, je lui volais son innocence, je lui montrai ma souffrance, le chaos de mon esprit, je lui fis partager ma haine et il en creva, comme un chien. Sans compter les victimes, je continuai, valsant dans les allées brumées du labyrinthe comme une faucheuse en campagne, je semblais apprécier ce jeu, l’aimer, et en vouloir encore. Je vis alors au-dessus de moi, des entrées de verre qui se creusait dans le ciel nocturne. Le Mârid semblait avoir corsé les règles, de puissants iblis, les anciens vainqueurs des jeux des ombres des éditions précédentes surtout, rentraient en lice pour détruire les éléments un peu trop sûrs d’eux, j’en faisais partie. Je trouvais sur mon chemin, nombre d’habitacles qui semblaient m’appeler, comme si j’étais leur nouveau propriétaire à force d’avoir enfermé leurs anciens locataires dans mes propres rêves, nous partagions contre le gré de mes victimes un lien si puissant que l’habitacle ne faisait plus la différence entre eux et moi. J’en profitais, j’arrivai, je les détruisais sans pitié. Ce serait eux ou moi.
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Mer 28 Nov 2012, 04:45

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] - Page 2 Post_310
Thème musical:

Je continuai sur sur ma lancée, fier et fort, rencontrai même Ambre à un détour et alors que nous étions prêts à nous entretuer, nous inclinions tous deux légèrement la tête en nous souhaitant bonne chance et en repartant, chacun par un axe différent. Et alors qu’une étrange lumière se fit en direction d’un cul de sac, lorsque je ressentis qu’il s’agissait de l’objet que je devais trouver pour sortir de ce labyrinthe, la chose précieuse comme l’appelait le Mârid, j’entendis un cri d’horreur, de la pourtant douce voix d’Ambre que je venais de quitter. J’avais la victoire de cette épreuve entre mes mains et je ne savais pour quoi, tout semblait m’appeler à voir ailleurs. J’y songeai un instant, la faiblesse de l’âme serait-elle ici ? Je ne pouvais m’y résoudre, je reculai, regardant en soupirant l’entrée se reboucher pour se reformer, ailleurs on ne savait où dans les dédales mais je m’en fichai. J’arrivai et vis Klyan avec un autre iblis entrain de se battre, tous deux contre Ambre et un autre génie. L’autre génie fit vite son tour et fut achevé avec le compagnon de Klyan. Le Mârid avait donc, comme je l’avais pressenti, fait appel aux iblis. Je rejoignais immédiatement Ambre, je ne pouvais la laisser seule face à deux iblis. Mais la chose était complexe : Klyan état mon allié, il était juste l’espion à mon service dans l’effectif du Mârid, celui qui devait faire croire qu’il était à ses ordres. Il avait sûrement le rôle le plus dur de tous, devait aller à l’encontre de ses principes pour notre cause, pour ma cause. Il avait dû prier jusqu’à lors pour ne pas tomber sur moi, le Mârid espionnait tout, tout le monde, ses iblis surtout, et moi par-dessus tout. Ainsi, nous ne pouvions tous deux laisser penser à une collaboration, son double-jeu nous servait pour déduire les épreuves à venir et nous y préparer. Nous devions ainsi nous battre sans nous toucher.

« Les deux favoris du tournois ! Tu vois ça Klyan ? La promotion nous attend si on rapporte leur tête. » Mais Klyan toujours aussi froid n’annonça qu’un « à toi l’honneur ». Ambre me regarda de haut en bas, se demandant ce qui m’avait poussé à revenir l’aider. Je lui répondis simplement, même si elle ne m’avait rien dit :

« tu viens de l’endroit où est mon objet précieux. » nous nous étions croisés juste avant l’embouchure où il était. Elle y venait, avait compris qu’il s’agissait du mien, aurait pu le détruire, mais n’en avait rien fait. J’avais frôlé la mort sans le savoir et chaque instant qui s’écoulait, quelqu’un pouvait trouver la chose précieuse et le détruire, me tuer. Mais je ne pouvais m’y résoudre, j’avais fait mon choix, celui d’aider Ambre. Nous commencions ainsi. Ambre se battait avec l’iblis inconnu alors que Klyan et moi nous jetions de puissants sorts à la figure sans trop viser juste, juste histoire de faire vrai. Et alors que je me jetai sur mon ami, je lui susurrai à l’oreille : « débrouille toi pour attirer Ambre ailleurs et laisse-la filer »

Mais il me répondit sans émotion « je ne peux pas Naram, et tu le sais. » mais malgré son ton, je savais qu’il le regrettait même s’il ne le montrait pas. J’étais dans l’impasse. Reculant d’un pas, il dit, un ton plus fort : « tu connais la solution. » mais je ne voulais pas. Je fermai les yeux, les combats s’intensifiaient partout, autour de moi, les génies devenaient complétement dingues, ça explosait de tous les côtés. Je tentai de réfléchir, je devais trouver une solution.

Dans cette étrange réflexion, mon corps sembla bouillir de mille flammes, le temps s’était ralenti, presque arrêté. J’ouvrai de nouveau les yeux, remarquai que le temps n’existait plus, je ne comprenais comment j’avais pu faire ça.

« Et maintenant, Naram ? » me dicta une voix venue de l’ombre. Mon corps en frissonna d’horreur mais je me rappelai sa voix, la voix de cette femme. Je fermai à nouveau les yeux et sa voix me parvint plus fort encore : « Naram, qu’as-tu fait ? » et je lui répondis, sans penser à son identité, comme s’il s’agissait d’une évidence : « Je me suis éliminé, moi-même. »

« POURQUOI ? » surenchérit cette entité qui n’avait vraiment de forme physique, de contour délimité, sa silhouette était presque invisible.

« Tu es une aether. » - « Effectivement. » - « Alors tu connais la réponse. » - « JE REFUSE. » - « Cesse de hurler. » - « Tu n’as pas le droit, Naram-Sin. » - « Je réussirai à sortir de mon propre esprit, en attendant le temps qui passe ici ne sera qu’à peine une seconde dans la réalité. Je voulais du repos. Je te sais dans mon cerveau, pourquoi squattes-tu mon esprit depuis quelques temps. Réponds, démon. » - « Démon ? Comment peux-tu savoir que je t’habite ? » - « La plaine des aetheri. Je l’ai visité il y a peu. Depuis, je ressens plus que jamais votre présence. » - « C’est donc ça qui a perturbé tous les aetheri. La présence d’un non-élevé dans l’une de nos dimensions. Que cherchais-tu ? » - « Un fragment de l’être de Mitsuko. N’essaye pas de me perdre. Qui es-tu aether ? » - « Mais tu le sais. Tu as simplement abandonné ce souvenir pour être plus efficace dans ta… hum… mission. Et ton plan marche à merveille. » - « Va-t’en. Et n’essaye plus jamais de t’introduire dans mon esprit, suppôt du diable. »

Mais ce mauvais esprit élevé tournait autour de moi d’une bien étrange façon, elle semblait partout et nulle part à la fois, je la pensais me tourner autour mais lorsque je la suivais du regard, elle était déjà derrière moi à me souffler dans le coup ce givre de la mort.

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] - Page 2 Post_410
« Ta promesse, Naram. Ta promesse envers les dieux. Tu avais le choix, t’élever ou nous obéir. Nous sommes peut-être tous morts dans ce monde mais le temps n’est qu’une donnée variable et interchangeable avec une autre. De là où je viens, tu me dois encore une éternelle servitude. » - « Je ne comprends rien. » - « Il n’y a rien à comprendre. Juste que l’extinction de la Cité ne t’a pas libéré de ta promesse. » - « Je n’ai, ni dieu, ni maître. C’est pourtant clair dans mon esprit. » - « Mais bien moins dans tes souvenirs. Tu le sens n’est-ce pas ? Ce danger qui plane sur celle que tu aimes. Ce danger que tu n’arrives pas à expliquer, que tu tentes de nier, tout comme les sentiments à son égard. Oui, tu le ressens sans l’expliquer. Mais la vérité n’est pas celle de ce labyrinthe, la vérité se trouve au bout du rêve. » - « Le bout du rêve ? Simple mythe. Un rêve n’a aucune frontière. » - « Bien sûr que si il en a une. Tu aimes croire aux mythes. Ne me dis pas que tu as peur de voir ce en quoi tu crois à nouveau remis en question. Pas toi, toi tout de même. Le rêve a sa frontière, un endroit où il n’y a, après, rien d’autre qu’un chaos où le rêve s’écoule comme des cascades dans l’infini. » - « Le danger qui plane sur elle, est là-bas ? » - « Oui. Si tu ne l’arrêtes pas, l’aether qui te fait tant souffrir ne sera plus qu’un nuage de poussière. » Elle en riait, d’un rire agaçant, aigu et répétitivement monotone.

« Mensonge. » - « Peux-tu le prouver ? » - « Dis-moi en plus. » - « Je ne peux pas. Je n’en ai pas envie. C’est tellement plus drôle de te voir courir après l’inéluctable. La peur te domine mon si vieil ami. » - « Je ne suis pas ton ami. Je ne suis l’ami d’aucun dieu. Bien au contraire, je suis, à tous, votre ennemi, sûrement le plus redoutable. » - « Hum. Tu me fais rire. Ta cause est perdue et la peine qui t’attend, tragique. Ton avenir n’est qu’une trace comme une autre dans le ciel. Tu ne peux en changer. » - « Je te prouverai, à toi, et à ces sangsues qui se pensent des divinités, qui vous vous trompez sur notre sort. » - « Je suis impatiente de ton avenir. Bonne chance Naram, le temps est compté. Pour toi aussi, car sans elle, tu ne seras plus. »

Le temps reprit alors son cours, elle m’y obligea, cette femme que je ne connaissais pas, je la haïssais déjà. La frontière du rêve ? Je la pensais métaphorique, je l’avais même comparé à la plaine des aetheri traversé lors de la maitrise de la couronne des génies de Mitsuko. Ce danger était-il réel ou simple manipulation d’un aether sur mon esprit ? Une autre question me vint à l’esprit. Est-ce que cette rencontre avait vraiment eu lieu ? Le Mârid ne tenterait-il pas de m’embrouiller l’esprit ? Klyan ne m’avait-il pas touché sans que je ne le remarque ? J’étais perdu. Mon esprit avait beau tenter de trouver la solution, rien ne venait. Une vision me vint, j’étais encore dans mon esprit, le temps n’avait repris, tout n’était qu’illusion. J’étais retourné à l’asile du manoir Taiji. Le pentacle sur la table, le fantôme de Mitsuko, cette carte du Yin et du Yang : elle n’avait jamais réussi à retrouver l’endroit dont elle ne se souvenait que par de si maigres souvenirs, qu’il semblait s’agir…. D’un rêve. La fin du rêve. La frontière. Dieu, tout me sembla clair, me venir comme un raisonnement que j’avais sur le bout de la langue sans pouvoir l’expliquer. Mes yeux s’écarquillèrent.
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Mer 28 Nov 2012, 16:49

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] - Page 2 Post_510
Thème musical:

Une dernière vision m’amena ensuite au rocher au clair de lune. J’y étais, seul, je contemplai la lune se fragmenter en tant de roches filantes à travers le ciel, que je crus que la terre connaissait ses dernières heures. Un homme se présenta à moi, je me fichai d’où il venait, il était là. Sa carrure était celle d’un colosse, il portait un blason d’or et une jupe guerrière d’un rouge soigné. Ses cheveux finement bouclés et courts étaient blonds comme le blé, une couronne plate de rubis ornait sa tête et sur ses bras, nus, étaient dessinés, à vie, ce qui semblait être une carte du ciel et de ses étoiles.

« Tu me reconnais. » - « Toi, oui. On ne saurait t’oublier. Qui était cette femme qui se prétendait aether ? » - « Je ne sais pas, ça m’inquiète. Je sens sa présence partout où j’erre. Que t’a-t ‘elle dit ? » - « Que je lui étais esclave en raison des bons vieux moments passés à la Cité. » - « Impossible. Tu étais mon esclave à cette époque et je t’ai affranchi. » - « Je sais. Elle veut s’en prendre à Mitsuko. Je ne comprends pas pourquoi. » - « Je vais me renseigner. Tâche de revenir à la frontière de la plaine des aetheri prochainement, j’en saurai plus. » - « Merci. Je n’aurais jamais cru dire ça d’un homme aussi détestable que toi. Mais je suis plutôt heureux de te revoir. » - « Pauvre fou. Bonne chance, salue ton père de ma part. » - « Je n’y manquerai pas. » - « Oh une dernière chose Naram. Il est au courant de tout. » - « Je m’en doutais. »

Tout disparut, un vide immense qui se glissa au creux du vide où habitait mon étrange subconscient. Je rouvrais les yeux, pour revenir à la réalité.

« Klyan, c’est l’heure. L’heure de se soulever. » Dis-je à si basse voix, comme pour fendre le temps qui n’était plus, le temps qui revenait doucement me caresser, il ne m’avait pas manqué.

« Vraiment ? » me soumit-il avant d’étriper avec force et rage son collègue qui n’avait rien vu venir. Ambre qui était juste en face n’y comprit rien non plus, un ennemi venait de tuer un autre ennemi.

« Je m’occupe de trouver la chose précieuse. Toi, reste avec Ambre, et restez en vie. »

Klyan acquiesça. Je reprenais ma course, sans plus expliquer à Ambre, j’en laissais tout le loisir à Klyan. Le Mârid était au courant, au courant de tout. Ce dôme de verre était mon tombeau, il l’avait soigneusement confectionné pour me laisser pourrir dedans, au cas où je survivais au passage de l’aile du manoir Taiji. Je ne comprenais pas, comment avait-il pu être au courant ? Je ne prenais plus la peine de respecter ses règles, le rêve devenait réalité, au plutôt le cauchemar. De gestes larges de la main, je détruisais les murs du labyrinthe, avançant tout droit, la tête relevé, le regard noir. Mes cheveux perdaient leur bleu, la teinte noire qu’ils prirent était inconscient quelque part, je ne contrôlai plus mon apparence. Le tout de cette épreuve était de ne pas se laisser dévorer par les émotions qui, ici, étaient décuplées. Mais la vérité était tout au contraire de se laisser faire pour trouver ce que l’on cherchait plus.

Nombre d’adversaires arrivaient, cinq, six, je fis un bond tout en faisant pousser de très grandes roses qui arrivèrent jusqu’à la hauteur où je sautai puis lorsque je retombai, les roses libèrent leur sève, par une onde de choc ténébreuse, mes ennemis furent tous dévorés par cette sève comparable à de l’acide. J’arrivai ensuite à la même lumière que tout à l’heure, celle qui conduisait à la chose précieuse. Et lorsque j’atteignais le point que je cherchai tant, tout autre chose m’attendait.

Il y avait un iblis avec de longs cheveux noirs qui m’attendait, il avait pris ma place lorsque j’avais fugué du palais et était devenu le nouveau second du Mârid. On lui avait sûrement promis de belles merveilles s’il ramenait ma tête. Il tenait entre ses bras comparables à des faux, ma douce Lily. Je ne comprenais pas ce qu’elle faisait là, ses cheveux étaient recouverts de terres et de nombreuses blessures au sang encre humide jonchaient son visage, elle avait été torturée et emprisonnée. Et juste à côté, il y avait une statue à taille humaine, il s’agissait de la défunte Sayuri. Au cou de la statue, mon pendentif était orné, ma vie accrochée au corps de cette statue.

« Tic, tac, tictac. » - « Tu n’avais plus originale comme entrée en la matière ? » - « Non. Non, Noooon » et il riait comme un fou à lier.

« Qu’est-ce que cette mascarade ? » - « Mascarade. Non, non, Naram-Sin. Aucune mascarade. Juste un choix. Sayuri ou Lily ? L’une d’elle n’est qu’une illusion, l’autre est bien réel. Si tu veux pouvoir sauver la réalité, il va falloir déduire le mensonge mais choisis-bien. » - « Sayuri est morte. Je m’en souviens. » - « En es-tu sûr ? Qu’as-tu vu exactement ? Le Mârid te tendre ton pendentif plein de sang ? Et puis ? Que sais-tu en réalité ? » - « Elle serait statue ? » - « Par un vœu qu’elle a fait auprès du Mârid. Enfin c’est un mensonge comme un autre. Sinon tu as ta veille copine Lily qu’on a capturé alors qu’elle squattait notre palais à t’attendre. » - « Je vois. »

« Naram, tu seras gentil de péter la statue et de me libérer que je puisse moi-même achevé l’homme qui me tient ? » - « Attends, je réfléchis. » - « Qu’y a-t-il à réfléchir, tu vois bien que c’est moi ? Et Sayuri est morte. Ce n’est pas le moment de nier la réalité. » - « Le Mârid te connait si bien. Il sait comment tu parles, comment tu bouges, il peut recréer ta nature. Mais je crois si peu en la survie de Sayuri. Elle était morte, je ne la sentais plus vivre, où que ce fut. Je ne comprends pas, tout ce temps, elle aurait été ici ? » - « Tu vois bien que ça ne tient pas la route. Allez, Naram, ne perdons plus de temps. » Je me reculai ensuite d’un pas, comme pour mieux voir la scène qui se profilait devant moi.

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] - Page 2 Post_610
« Cela se voit que tu ne connais pas Lily. Jamais, elle ne se ferait attraper aussi facilement. Bien au contraire, de toi iblis, elle en aurait fait une simple bouillie de chair et d’os. »

Faisant apparaitre mon trident, j’empalai et cette ersatz de Lily, et l’iblis. J’attrapai ensuite l’habitacle de l’iblis, une simple amulette, que je jetai contre la statue pour la casser. Lily s’envola comme un vieux mirage créé par l’iblis. Me pensaient-ils si naïf ? Je regardai la statue qui me faisait face, était-ce bien la femme que l’objet représentait ? Je ne savais comment la délier de son sort. Je reprenais mon habitacle pour le mettre autour de mon cou puis caressai les courbes de pierre qui semblaient être ses nouveaux vêtements. Klyan arriva à toute vitesse.

« Qui est-ce ? » - « Trop long. La chose précieuse. On ne peut pas la laisser là. » - « Je connais un génie, anciennement alfar qui pourrait nous aider. » - « On va la miniaturiser entre temps. » - « Je m’en occupe Naram. Retrouve Ambre, elle m’a fait faux bond au détour d’un chemin. Elle ne me faisait pas confiance. Trouvez sa chose précieuse et sortez d'ici. » - « Bien. Je crois que la garde du Mârid est ce moment même à la planque où se trouve Natacha, la fillette, Lestat. »

Mais Klyan ne répondit rien, sûrement était-il déjà au courant mais avait-il jugé qu'il ne fallait rien me dire pour ne pas que je perde espoir. Je n'avais pas le temps de m'en inquiéter pour l'instant, il fallait partir de cet endroit sordide. Mais alors que je commençai à partir, le voile nocturne qui recouvrait le dôme de verre s’effaça et le jour revint.

Je me retournai et regardai Klyan, comme moi, il ne trouvait pas cela très bon signe. On entendit alors hurler d’une force jamais connue :

« MAIS BON SANG. CE N’EST PAS POSSIBLE ! TUEZ-LE ! TOUS LES IBLIS ! TOUS LES PARTICIPANTS, ECOUTEZ, CELUI QUI ME RAPPORTERA SA TÈTE GAGNERA LES JEUX DE L’OMBRE ! MAIS RAMENEZ-MOI SA TÈTE ! »

« C’est plutôt mauvais signe, non ? »

« Au contraire. Voyons papa, ce n’est pas très bon pour ton cœur de t’énerver comme ça. »

La course commençait.
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Mer 28 Nov 2012, 18:35

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] - Page 2 Post_810
Thème musical:

L’insurrection me montrait ses premières étincelles. Je repartais dans ma course à la recherche d’Ambre, et au-dessus de moi, sur ce ciel de verre, l’on entendit de retentissants bruits sourds. Des centaines d’iblis qui sautaient sur l’énorme bulle de verre, tentant d’en casser la texture pour pouvoir m’achever. J’étais seul. Ils ne comprenaient pas que c’était inutile, le but était de m’affaiblir en pensant que je ne portai pas mon habitacle, vu que le verre nous protégeait du sortilège. Je voyais d’ici d’étranges fissures se creuser et il était certain que je ne pourrai résister face à tous ces iblis si puissants. De mon côté je n’étais pas en reste, tous les concurrents du jeu des ombres s’étaient lancés à ma poursuite, leur victoire était à la portée de ma propre vie. Evidemment, j’aurais pu continuer toutes les épreuves jusqu’à atteindre la dernière mais je ne pouvais plus. Plus faire semblant de supporter les règles. J’étais immortel mais j’avais l’impression que le temps ne cessait de jouer sa course contre moi, je devais toujours courir, courir plus vite pour échapper au pire, au danger qui me menaçait au menaçait les autres ; j’étais toujours en train de courir vers des échappatoires inexistants, dès que je passais une porte, dès que la révélation se faisait, bien d’autres mystères encore plus complexe se profilaient, tant que je n’en voyais plus le bout du tunnel, comme le bout de ce labyrinthe.

« IL EST LA » criait-on, on m’avait repéré et j’étais loin du compte. Ils arrivaient par groupe de dix, tous plutôt enragés. Je m’étais mis à fuir et l’on me courrait après, je passais un croisement et un autre groupe attendait : « JE L’AI TROUVÉ ! » dieu, j’augmentais la liste de mes poursuivants. Ils me jetaient tous de puissants sorts, certains me jetaient des jets de flammes alors que d’autres, simplement des sortilèges pour me stopper. Je tentais de les ralentir, faisait pousser bien ronces fleuries pour qu’ils trébuchent ou refermaient des passages en maitrisant la mouvance des murs du labyrinthe. Je commençai fortement à m’inquiéter aussi des iblis qui allaient avoir ma peau aussi nombreux étaient-ils, toujours en train de fracasser le verre qui me séparait d’eux. Je voyais par-delà le verre en guise de ciel, le public qui ne savait s’il devait s’inquiéter de la tournure des événements ou en rire, moi personnellement, je riais moyennement.

C’est alors que Lestat fit son entrée, d’un saut inattendu sur la bulle, il se mit à bouger ses bras de sorte à propulser ses adversaires dans les airs pour qu’ils cessent de détruire la bulle. Je devais avouer sa venue vraiment inopinée. Il avait voulu rejoindre notre cause à la seule condition de ne pas avoir à se montrer en public sous sa véritable forme et, surtout, à condition de ne jamais devoir affronter son si vieil et sûrement anciennement meilleur ami : le Mârid. Il regarda sous son sol de verre, les dédales de labyrinthe où il me voyait en train d’échapper à mes nouveaux amis qui voulaient me montrer leur tendresse. Il me souriait. Puis relevant, la tête, il prit la parole :

« GENIES ! » commença-t-il tout en regardant toute la foule qui lui faisait le tour.

« LA TYRANNIE PREND FIN ! » puis, pointant du doigt le Mârid : « SA DICTATURE ! »

Le Mârid se leva de son siège, se pencha pour observer son ami qui se rebellait, lui qui se demandait ce qu’il était devenu après avoir quitté le palais à quelques jours d’intervalle de son fils.

« Lestat ? Pauvre idiot. Mon fils t’a corrompu. » - « Il ne m’a pas corrompu. Il m’a libéré ! Libéré… de ta folie. Et VOUS TOUS, peuple asservi par ce malade dégénéré dont la noirceur n’est plus à prouver, cessez d’avoir peur bon sang ! Regardez de quoi son fils est capable ! VOUS CONNAISSEZ SON NOM. Naram-Sin ! Le Mârid ne cesse de changer les règles pour qu’il meure ! Et il tient bon ! Naram nous défendra des humains ! Il nous défendra de la réalité ! Ne voyez-vous pas que le règne du Mârid a assez duré ! Bien trop duré ! LIBÉREZ-VOUS MES AMIS ! Libérerez-vous de vos chaines. » Mais malgré l’hésitation qui commençait à grandir dans le public, on sentait leur peur des représailles toujours trop forte.

Le Mârid fit lui aussi le grand saut de son balcon jusqu’à la bulle de verre. Je savais qu’ils allaient s’affronter. La plus grande peur de Lestat. Mais il ne reculait pas, son regard était plein de haine et de certitudes, toutes le conduisant à se battre pour rompre avec la tyrannie si bien installée. Lestat avait raison, il fallait cesser de fuir. J’arrêtai également ma course, je me retournai pour faire face à tous ceux qui me voulaient du mal. Ambre n’était pas loin, elle contemplait la scène, non sans peur également. La peur du changement était omniprésente pour chaque être de mon peuple. Elle hésitait longuement, si elle combattait à mes côtés, alors ne pourrait plus jamais revenir en arrière, à ses habitudes passées, elle perdrait ses privilèges et son confort acquis au prix d’une politique mieux pensante ? Elle ne savait si le combat en valait la chandelle. Et pourtant, elle fit ce choix tout en doutant de celui-ci, la certitude n’était pas obligatoire, il s’agissait plutôt ici d’instinct. Elle avait réussi à grimper sur l’un des murs du labyrinthe et vu que je les contrôlai, ceux-ci ne grandissaient plus quand on essayait de les escalader. Ambre fit la funambule jusqu’à me retrouver puis il sauta pour se retrouver à mes côtés et tendre son arme vers les différents groupes d’individus qui nous entouraient de tout part. Nous étions dos à dos, à réfléchir qui nous attaquerait en premier ou qui attaquerions-nous en premier.

« Ta chose précieuse, Ambre. » - « J’y suis collée, dos à dos. » j’en riais mais je n’étais pas sûr de comprendre.

Au-dessus de nos têtes, Lestat et le Mârid se livrait à un terrible duel ; je savais Lestat puissant mais pas à ce point, il faisait véritablement mordre la poussière à mon père. Dans les cris de rage qu’il poussait, on sentait toute la haine qu’il éprouvait envers lui. Il me l’avait dit, même si j’étais le meurtrier d’Halama, pour Lestat, le véritable meurtrier de cette femme, c’était le Mârid. Et dans de sulfureux nuages de poussières dans lequel Lestat se confondait pour attaquer, on voyait presque Halama se dessiner partout, comme si de telles formations donnaient lui donnaient la force de combattre. « Tu l’as tué. » - « Je lui ai montré la voie du chaos, elle m’a suivi. » - « Je te haïs. Elle ne méritait pas la destinée que tu lui as choisie. » Et ils repartaient de plus belle.

De notre côté, tous les génies nous attaquaient en même temps, ça en devenait difficile. Heureusement, Ambre était une combattante extrêmement douée, bien meilleure que moi c’était certain. A deux, nous tenions la résistance. Je vis ensuite Cyanide et Natacha arriver en renfort, grimpant sur la bulle pour aider Lestat qui lui devait maintenant composer avec des iblis qui remontaient de l’autre côté pour aider le Mârid. Natacha tout en grimpant à la bulle, collait son visage pour m’observer, elle me fit un signe de la tête, tout semblait aller bien pour elle, j’en étais rassuré. Quant à moi, je commençai à me fatiguer de mes adversaires qui arrivaient toujours en plus grand nombre, à croire qu’ils avaient tous survécu exprès me combattre.

« LESTAT ! RENONCE A TA FOLIE ! » - « Même si je dois mourir, je mourrai pour ton fils, pour Halama, pour tous ceux à qui tu as détruits la vie au prix de ton confort de prince. » - « Que ton vœu soit exaucé mon ami »

Il répliquait à son tour en usant de toute sa magie. Le Colisée commençait à s’effondrer, d’immenses morceaux de celui-ci volaient dans tous les sens pour frapper Lestat qui sautait de débris en débris pour prendre de l’élan et frapper le Mârid. En ce même temps, je me dupliquai par la magie des illusions, tant que la bulle de verre n’était pas cassée, nos pouvoirs étaient toujours énormément accentués. De mes nombreux clones, je tentais de les saisir tous, sans force de contrainte certes, mais je n’avais besoin que de les regarder, tous en même temps, ou le plus grand nombre simultanément, cela suffirait. Alors je passais de clone en clone, faisant diffuser un peu de mon esprit à chacun d’eux pour les enfermer dans des rêves si profonds qu’ils seraient de simples légumes. Ambre apprécia la technique et créa également d’autres clones d’elle-même par la magie de l’illusion mais cette fois, pour que les ennemis qui pensaient la frapper, en réalité, ne frappent que des mirages. Après cet acharnement, la plupart de nos ennemis étaient à terre. Mais d’autres arrivaient.

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] - Page 2 Post_710
« Naram, il faut sortir de ce labyrinthe. » j’acquiesçai. Nous grimpions ensuite de l’intérieur, Ambre et moi, la bulle de verre qui craquelait de tous les côtés, de larges morceaux s’effondrant sur des participants encore dans le labyrinthe. Dans des fracas, nous passions par un trou pour ressortir à l’air libre. Alors que le Mârid eu la folle idée de saisir Natacha pour l’étouffer mais Lestat lui délia rapidement sa prise pour l’envoyer valser plus loin. Lorsqu’il se releva, il me vit. Il avança alors, d’une poigne sévère il fit se soulever Lestat tout en prenant soin de me fixer pour que j’observe. Je me mettais à courir, je savais ce qu’il allait faire, la bulle était immense, j’avais beau transporter mon corps avec l’éther, cela ne suffisait pas, j’alternai la course avec le transport magique pour gagner du temps mais je le savais, je n’arriverai pas à temps. Il fut un dernier regard à Lestat, souriant, il trouva ce monde fou mais il était le seul fou. Natacha tenta de venir à son tour au secours de l’homme mais le Mârid l’envoya valser plus loin. Relâchant ses doigts, Lestat explosa littéralement en une pluie d’étoiles. J’arrivai exactement au même moment et vis la poussière du corps de mon ami me tomber dessus, le Mârid avait réussi à coordonner cette mort avec mon arrivée tout en me glissant un : « Trop tard. » Je reculai, l’air horrifié, je m’abaissai au sol, mes mains tenant mon visage. Je ne pouvais le croire, Lestat était mort si vite.

« Que pensais-tu qu’il se passerait, Naram ? » Je me relevai sans prévenir, sautant à la gorge de mon père, je l’entrainai à changer de réalité.
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Ven 30 Nov 2012, 23:08

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] - Page 2 Post_112
Thème musical:

Nous étions tous deux dans l’ancienne cité des aetheri que j’avais reconstitué de mémoire pour l’occasion. Mon père n’y était jamais venu, on ne lui avait fait que conter cette histoire. Je le prenais par le bras pour que nous marchions tranquillement pour un petit bout de chemin. Cet endroit était une pause par rapport à la lutte, à la bataille. Nous y serions au calme pour discuter, de choses et d'autres. Il refusa d’abord, ne comprenant pas si je voulais me battre ou l’achever plus doucement. Ce qu’il ne comprenait pas, c’est que les morts douces n’étaient que perte de temps sans son prélude funèbre.

« Que cherches-tu Naram »

« Laisse tes questions. Je m’en contrefiche. Je suis amené à faire de grandes choses. Tout du moins, si tel n’est pas mon destin, je le forcerai à me donner un rôle au-devant de la scène du monde. Et alors il brûlera, il brûlera, et je l’aimerai en feu, je l’aimerai quand il brûlera. Comprends-tu ? » Le Mârid n’ouvra pas le bouche, il se contenta d’incliner la tête. Il me prit par le bras puis commença à marcher avec moi, les rues étaient désertiques, je n’avais recréé que les bâtiments.

« Nous nous ressemblons tellement, toi et moi. Ô oui, cher père, nous sommes d’une âme parfois jumelle, parfois ennemie. N’as-tu pas aimé ta vie ? Ce spectacle des ombres pendant tous ces siècles. Il fut si… enrichissant pour un simple homme. Mais tu n’es pas un simple, homme. Laisse-moi d’ailleurs conter ton histoire, tu m’as tellement menti mais je pense détenir la vérité. Tu es né en pleine nuit, dans une rue vagabonde, ta mère, enfin, ma grand-mère était une fille de joie, une vulgaire trainée qui faisait les trottoirs de Stanfeck. Elle a accouché de jumeaux, Jun, ton frère, et Cassilian, toi-même. Un client insatisfait lui a un jour taillé un sourire au couteau devant vos yeux, tu as alors tué ce dégénéré, quel acte de bravoure, à l’âge de l’innocence. Tu n’as su que bien plus tard qu’il s’agissait de ton propre père. Oh papy, quel triste destin que le tien.

Bref, vous avez grandi dans une espèce de secte satanique de Megido où tu es devenu sorcier et Jun, effrayé par ta noirceur, t’a fui à la première femme qu’il a rencontrée. Seulement l’un comme l’autre ne pouvait vivre, sans l’autre. Alors il est revenu te chercher. Il t’a sorti de là, tu étais toxicomane à cette époque, très friand de l’étoile noire j’ai entendu dire. Vous avez l’air pris la mer, Jun et toi, à la recherche de l’éternel, vous étiez friands d’aventure, encore plus d’éternité. Au bout de quelques années, Jun est resté à terre et tu es reparti seul, en mer. Alors que des sirènes ont attaqué le bateau que tu squattas avec un équipage inconnu, toi en tant que simple passager, tu as rencontré ma défunte mère, ta défunte femme. Tu as abandonné les ténèbres pour elle, tu as tout laissé de côté, pour mener une petite vie de famille. Tu as alors eu fils, moi-même. Tu étais un père exemple mais ta soif pour l’aventure te lassait.

Et la guerre a commencé, le village que ton frère n’avait jamais quitté depuis votre périple en mer avait été rasé, tu étais inquiet pour lui et tu es parti à sa recherche, ce alors que ta femme attendait un second enfant. Tu as retrouvé ton frère et vous avez fait la guerre, ensemble. Il est mort lors d’un affrontement et tu es rentré, changé. Tu t’es mis à boire, à frapper ta femme, ton enfant, tu as haït ton deuxième fils que ta femme avait nommé Jun en hommage à ton propre frère que tu avais perdu. Il pensait te faire plaisir ainsi mais au contraire, à chaque fois que tu voyais tes deux enfants, tu repensais à ton jumeau que tu avais vu mourir. Un soir alors, alors que de tes coups, ma mère mourut, alors que tu allais t’en prendre à Lily et à Jun, qui n’était qu’un nourrisson, je suis intervenu, je t’ai tué. La bouclé tait bouclée. Tu avais tué ton père, j’ai tué le mien. »


Le Mârid ne disait rien, il écoutait son fils conter sa propre histoire. Il revoyait devant ses yeux, les images repassé, son fils s’amusait à recréer dans des nuages de fumée qui apparaissaient au fil de la promenade, ces fumées semblant dessiner les scènes revécues.

« Mais j’aurais dû me méfier, vérifier que tu étais bien mort. En réalité, tu avais ramené de la guerre un étrange pendentif. Celui-ci contenait un génie. Un simple génie. Lorsque j’ai fui avec Lily et Jun, lorsque tu étais au bord du trépas, il est sorti de sa cachette et t’as proposé pour survivre, de prendre sa place dans l’habitacle. Tu as alors dis oui. Le lendemain, les habitants ont retrouvé les deux corps. Tu aurais pu fuir mais tu voulais qu’on te sache mort. Tu es donc resté inerte lorsqu’ils t’ont trouvé, enterré, Lily était là à ton enterrement et c’est ce que tu voulais, un témoin qui après, viendrait me dire que cette histoire, était enterrée.

Les habitants ont alors pensé que je vous avais tous les deux tués. J’ai fui aussi loin que j’ai pu et je suis arrivé à la cité des aetheri. Et toi pendant ce temps, tu as repris ta course pour la folle ivresse du pouvoir. Tu as découvert une race sans hiérarchie, sans règle, une anarchie que tu ne pouvais laisser intact. Tu as passé les échelons, tu as rencontré Halama qui, après l’avoir piégé en tuant son mari, est devenue ton compagnon d’aventure et bien plus tard, ta seconde sur le trône. Tu as ensuite consulté l’oracle qui t’a dit comment tu mourrais. Tu as d’abord pensé que ce serait les enfants originels. Tu les as alors tous tué. Mais tu as pris soin d’en laisser une, une seule en vie, dans le manoir Taiji. Elle n’en ressortirait jamais et ne pourrait être celle qui te tuerait. Tu as ensuite pensé qu’il pouvait s’agir de moi, l’interprétation du sort dicté par l’oracle méritait après tout d’être beaucoup plus large, surtout à la vue de mes récents exploits à l’époque. Lorsque le temple des esprits a été érigé et que le conflit des divinités avec William a éclaté. Tu voulais que je voie mon frère mourir comme tu as vu le tien mourir. Les deux Jun subissant le même sort. Et puis, si je devenais génie, alors j’étais sous ton contrôle. Tu éliminais tous les dangers en un seul coup. Je suis devenu génie pour que tu réanimes Jun et Jun a bien vécu.

Mais tu ne pensais pas que je réussirai à sortir de l’habitacle car c’était TON habitacle, ma puissance était moindre, je ne pouvais pas en sortir. Et pourtant, des siècles plus tard, la descendante de Jun avait toujours le pendentif, elle me ramène à ce monde. Là, tu es en colère, tu vas voir Mitsuko en prenant les traits d’un mage lambda de passage qui lui conte l’histoire du plus puissant des génies qui se trouve dans le plus puissant des habitacles sur une île au nord de l’empire du mal. Mitsuko est attirée par le pouvoir, tu savais qu’elle irait, qu’elle tuerait tout le monde, y compris la descendance de Jun. Elle me ramène à elle et je vis des siècles en sa compagnie. Tu me penses alors écarté, passant le reste de ma vie avec elle. Mais tu apprends l’épisode avec l’esprit de la mort, et tu te dis que l’occasion est trop belle, que j’aime bien trop Mitsuko pour la laisser mourir à ma place. Alors le tout était joué, tu n’avais plus qu’à m’obliger à aller là où je devais aller, la laisser seule pour qu’elle affronte seule la guerre contre Lucifer. Tant d’événements extérieurs l’ont affaibli, tu savais que sa force serait intacte mais que son âme serait fatiguée. Et lorsque je suis revenu, alors elle n’était plus. Tu savais alors que je viendrais te voir. Mais ce que tu n’avais pas prévu, c’était bien la suite. »


Je fis une pause, passant sur un immense pont qui reliait deux points de la ville. Je m’arrêtai un instant et lâchai le bras de mon père, regardant l’horizon chimérique de ce rêve.

« Ce que tu n’avais pas prévu en revanche, c’était mon retour, moi, qui était guidé par les astres qui m’ont dessiné un bien étrange visage que j’étais décidé à connaitre, à comprendre. Et tout a dérapé. Halama et toi avaient donné naissance à un génie originel du nom d’Ambre. Halama t’a alors juré qu’elle la tuerait, ce que tu pensais être le cas d’ailleurs. Jusqu’à ce qu’il n’y a pas longtemps. Alors tu t’es dit que les jeux de l’ombre seraient parfaits pour éliminer tes deux enfants encore en vie, en les faisant s’affronter tous les deux. En fait, tu n’as jamais pensé que je pourrai être une réelle menace mais plutôt un outil pour détruire les menaces. C'était malin, surtout en me faisant croire que j’étais la menace, ainsi tu étais sûr que je chercherai éternellement ta mort en tuant tous ceux qui se mettraient sur mon chemin. Seulement, j’ai accueilli dans mon antre tous ceux qui désiraient ta mort au moins autant que je la désirais. Et la révolution éclata. »

« Naram, cette histoire est absurde, que me contes-tu au juste ? »

« L’histoire que l’on retiendra de toi, la seule. »

Le Mârid s’arrêta net en m’obligeant à me retourner pour lui faire face.

« Quel intérêt ? »

« Que personne ne cherche jamais plus loin mes origines. » Je me reculai, je n’aimais pas être trop proche de lui.

« Alors voilà ton plan. Te faire passer pour qui tu n’es pas. »

« AH, nous y voilà. Mais qui suis-je père, qui suis-je ? Peux-tu me le dire ? Des millénaires que j’attends patiemment que le temps passe pour qu’il arrive à ce point précis de la courbe du temps. J’ai servi les aetheri comme bon nombre de fidèles qui pensaient devenir à leur tour des dieux et qui sont morts, soit par la main de leur propre dieu, soit en tentant l’élévation et en échouant lamentablement. Mais tu veux que je te dise un secret ? »

Je rapprochai mes lèvres de son oreille en lui chuchotant :

« j’avais comme qui dirait une certaine avance. Je suis simplement bon comédien. »

« Que veux-tu faire ? Le monde est ce qu’il est, immuable. Tu n’es qu’une donnée dans un ensemble complexe qui n’aspire qu’à l’équilibre. Je n’ai jamais réussi à changer cela. Tu n’en feras pas plus. »

« Dieu, que la vieillesse t’a volé ton excentricité. L’anarchie s’oppose par nature à la justice. La justice règne depuis des millénaires et je regarde avec attention tous les masques qu’elle a emprunté jusqu’à aujourd’hui. Autant dire, qu’elle n’a jamais été aussi belle qu’incarnée en cette si délicieuse femme. »

« Mitsuko ? Tu préférais mourir que lui faire le moindre mal. Tu haïs le monde, tu haïs les Hommes. Mais cette femme, tu aimerais la haïr et tu n’y arrives pas. Moi je crois plutôt que tu veux l'amuser. Tu veux t'amuser mais seulement avec elle. Et c'est malheureusement la seule qui ne veut pas jouer avec toi. Tu es un philosophe Naram, mais avant tout un génie. »

« Justement, père. J’y viens. Sais-tu qui a donné à notre race le nom de « génie » ? Une aether justement. Elle disait de nous que nous étions comme les enfants des dieux, elle allait plus loin en disant qu’il s’agissait de ses propres enfants. C’est absurde, non ? Mais elle ne disait pas cela sérieusement dans son sens littéral ou abstrait. Non, je ne l’ai compris que bien plus tard. Nous étions avant tout des amas de magie que les dieux s’amusaient à former de leurs mains comme de l’argile pour construire de petits soldats de plomb. C’est CE monde qui nous a forcés à emprunter des corps, des apparences. MAIS NOUS DEVRIONS AVOIR LE CHOIX. Le choix de rêver. Et imagine alors que la porte des songes n’est quant à ELLE, pas qu’une appellation mais bien une porte vers NOTRE monde, le monde que nous avons dû fuir, renier, on nous a chassé du monde chimérique. Et pourquoi ? Pour servir les humains avec des souhaits futiles et des rêves d’amour ? »

« Comme toi, il y a longtemps, je me suis posé ces mêmes questions et j’en suis venu aux mêmes conclusions. Nous ne sommes pas des dieux, nous n’avons pas le savoir nécessaire. Par manque de réponse, j’ai préféré que notre magie desserve notre sadisme plutôt que l’ambition humaine. »

« C’est tout à ton honneur, père. Mais c’est si réducteur. Qui ne se perdrait pas volontiers dans un rêve ? Lorsqu’il se confond avec la réalité, lorsque plus rien n’est vrai, ni faux, que faut-il retenir de notre monde ? Qu’il n’est qu’un jeu ? Un jeu d’échec ? Et si nous devenions plus importants ? »

« Je l’ai refusé. Je n’ai jamais véritablement compris notre nature. Si nous sommes vraiment une création d’une aether, alors sommes-nous bon ou mauvais ? Notre nature est complexe. Je sais que nous sommes capable de l’immersion, on dit des premiers génies de ce monde qu’ils en étaient particulièrement friands. Mais j’ai refusé cette conception, elle m’a effrayé. J’ai ordonné les génies à se borner à la réalité, qui était déjà assez complexe comme ça. »

« Je sais. Mais vois-tu, ça ne m’effraye pas quant à moi. Bien au contraire, ça m’aspire, m’inspire et me passionne. »

« Tu n’arriveras plus à contrôler ce que tu vas lâcher. »

« Ô mais si. Ce sera sûrement moi qu’on n’arrivera plus à contrôler mais crois-moi que je garderai toujours la main mise sur le monde chimérique pour la simple raison que la régulation sera inutile, superflue, désuète. »

« Cette femme, cette Mitsuko. Elle causera ta perte, elle te rend fou. »

« Ce serait lui donner une trop grande importance que de dire ceci à son propos mais elle en serait flattée, elle aime le chaos, au moins autant que moi, quoi qu’elle en dise. Non, il est certain qu’elle aura son rôle à jouer dans ma petite partie où je m’amuse, je te l’accorde, comme un petit fou. Mais question de folie, j’ai dû hériter la chose de toi assurément. »

« Comment, Naram, comment créer l’immersion ? »

« En détruisant un rêve aussi vieux que ce monde et en créant un autre rêve, en compagnie de la plus merveilleuse des femmes. Ce monde sera notre prochain territoire, le berceau de grands projets. Des millénaires que j’attends que le temps atteigne ce point précis de la courbe. Et ce jour, n’est pas encore arrivé, il arrivera, dans quelques mois qui sait, peut-être encore quelques années, peut-être est-ce demain ? Qu’en sais-je ? Je sais juste que ce jour est proche, et que ce monde nous rendra ce qu’il nous pris : LE RÊVE. »

J’hurlai sur mes derniers mots. Le rêve dans lequel nous nous étions tous deux enfermés disparaissait doucement. Ne laissant que le vide d'un blanc immaculé nous entourer.

« Surréalisme. Mais si j’en crois tes propos, si tu arrives à imbriquer un rêve dans le monde réel et que le rêve s’effondre. Est-ce que tout s’effondre ? »

« Mais c’est justement ce que je veux, ce que j’attends. Que le monde s’effondre. Alors peut-être que les cafards, vermine humaine et autres squatteurs de la pensée chimérique prieront dans un élan de désespoir en un dieu salvateur, celui de la justice tiens, pourquoi pas, pour que ce dieu vienne les sauver. Et alors que ce dieu viendra à la rencontre des chimères, à NOTRE RENCONTRE, nous embrasserons sa venue et nous danserons, boirons et fêterons l’apocalypse en riant et en chantant ! J’embrasserai la justice, Mârid, je l’embrasserai. Et je lui souhaiterai tout le bonheur d’un monde en ruine mais que vaut-il s’il n’est jouissif que dans le néant ? Il ne sera rien, alors le néant sera mien, le néant sera roi, nous serons tous un peu roi, tous un peu maître et esclave, alors peut-être ce monde sera-t-il moins idiot, peut-être que ce monde réfléchira à ce qu’il est, ce qu’il doit être ? Oui je l’espère car j’ai grand besoin de pensants, j’ai de grandes envies de chaos, Mârid. Et toi que voulais-tu ? La sécurité ? AH. Pauvre idiot. Ton temps sur cette Terre est fini, ton règne révolu, ce n’est plus qu’une question de formes administratives et de paperasses. »

« C’est-à-dire ? »

Le temps reprit. Le Mârid tourna la tête, il était au sol, plein de poussière. Il m’entendait parler à tous les génies présents et il ne serait pas déçu.
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Sam 01 Déc 2012, 02:48

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] - Page 2 Post_p10
Thème musical:

Tandis que mon père était au sol, inconscient dans une prison chimérique, j’étais libre de pouvoir reprendre mes esprits, mes forces, et d’assumer ce qu’il était grand temps de faire pour ma race. Le public n’avait pu sortir des lieux, non pas par incapacité physique, mais par incapacité psychologique, bien trop intéressé par les événements pour s’enfuir. Et puis, ils savaient que quiconque aurait fui le colisée aurait cautionné l’attentat de la résistance et aurait été exécuté sur le champ, il était donc préférable dans tous les cas de rester assis sagement et de regarder le massacre. Je marchai jusqu’à Natacha pour l’aider à se relever, elle était agenouillée sur le tas de cendre qu’était à présent Lestat, les perles coulaient sur ses joues comme une bien trop triste journée. Nous devions paraitre fort, même dans la douleur. Klyan n’était pas loin, avec l’aide d’iblis qui venaient de rejoindre notre cause, ils firent disparaitre le globe de verre pour que nous puissions revenir à une bonne vieille terre. Alors, tous mes partisans virent m’entourer, nous faisions face à la foule alors que le Mârid, seul, tentait de se faire réanimer par d’autres iblis, sans succès pour le moment. Pour être honnête, je ne savais ce que j’allais dire, juste que je devais le faire. Je repensai aux paroles de Lestat lorsque nous parlions dans les gradins la veille des jeux, à ce qu’il m’avait dit, au rôle à assumer en tant que gardien d’un monde dont nous étions les seuls connaisseurs et réels profiteurs, le gardien d’une race soumise et indomptable, paradoxe flagrant de notre nation, j’étais prêt à la défendre.

« Génies. Je me présente à vous, bien mieux que ne le feront les racontars. Je me nomme Naram, Naram-Sin. L’on dit souvent de moi que je respire depuis que l’océan a formé ses immensités et ceci doit bien être vrai. Ce que je suis venu vous apporter aujourd’hui, ce ne sont pas de beaux rêves pour vous endormir. Je ne vous parlerai pas non plus d’un monde meilleur. Ce que je suis venu vous apporter, c’est la liberté, mes amis. La liberté de songer à un rêve si grand qu’il ferra trembler notre monde si monotone. Je ne me présente pas en conquérant mais en libérateur. Je désespère de la violence et je m’y résous pour vous offrir la possibilité de rêver librement. » Mes bras allaient à un portage arrondi, comme si j’ouvrais mes bras à une entité invisible.

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] - Page 2 Post_p11
« Génies. C’est une autre réalité que je vous apporte. Ce monde n’est plus ce qu’il était il y a des siècles. Nous devons nous adapter. J’incarne le changement de notre civilisation. Je ne vous promets pas d’être juste, juste d’avoir toujours l’espoir pour nos étranges vies. Les guerres sont à nos portes et nous rions, oui nous rions. Même si le sarcasme nous incarne, si la satire est notre langue et si l’ironie nous protège du mal, bientôt, nous ne serons plus qu’un souvenir si nous ne prenons pas part au monde de l’extérieur. Le « mystère » est une théorie politique que le Mârid pense maitriser à coup d’absolutisme despotique. Mais vous, génies, de quoi avez-vous besoin ? D’un tortionnaire qui contrôle quel est le bon moment pour que vous pleuriez ou riez ? Non. Vous avez cette même soif qui m’assèche la gorge depuis tant de temps. Cette soif de revanche sur l’humanité. Je vous comprends, braves rêveurs, je vous comprends. Il est temps, mes frères, temps de l’insurrection ! Les humains nous craignent, alors pourquoi demeurer ainsi cloitré dans l’ombre ? Après tout, nous aimons montrer nos effets de manche, non ? Alors montrons-leur ! »

Je pointai du doigt le ciel. Je leur symbolisai la dictature de la réalité, cette dictature qui nous forçait à penser qu'il n'y avait qu'une réalité possible, que le rêve n'était par nature, pas forcément vrai. Mais était-ce vraiment le cas ? Bien entendu que non, nous en étions la preuve existante et pensante que ces deux mondes étaient égaux en tout point et même que le nôtre le dépassait de toute part.

« Montrons leur de quoi nous sommes capables. De simples réalisateurs de souhaits ? Voilà comment ils nous voyaient auparavant. Et maintenant ? Demandez-leur comment ils nous voient. Des manipulateurs, qui ne chercheraient qu’à détourner leurs vœux. Ils ne comprennent rien à rien, à notre mission, notre rôle, nos capacités. Imaginez un instant un monde où le rêve serait réalité, toujours, à vos moindres envies, pour desservir, la beauté de la perversité et la déchéance de l’âme ! Souhaitez respirer l’ébène du chaos. Souhaitez que je sois votre roi. Je connais vos peurs. Le Mârid représente la stabilité, la sécurité. Mais voyez-vous, ces notions m’étouffent. Des millénaires que je vis pour la liberté de penser et d’agir ! Voulez-vous vivre comme moi ? Voulez-vous rêver en ma douce compagnie ? Ceci est possible. Mais il faut à présent se soulever. Alors, SOULEVEZ-VOUS ! »

De part et d’autres, de petits groupements disparates de génies se levèrent dans la foule. Symétriquement, certaines fractions que l’on savait dans le milieu très fidèles au Mârid se levèrent en même temps. L’un prenant même la parole : « Vous allez nous conduire à notre perte avec vos grands rêves impossibles ! »

« Impossible ? Qu'est-ce que l'impossible ? L'impossible est notre domaine, notre art. L'impossible, c'est tout ce que le Mârid vous interdit de faire, soit disant pour votre bien. Car il est connu que les génies sont heureux de vivre ! L'impossible c'est l'interdit ! Et savez-vous ce qu'est l'interdit pour moi ? Tout ce que j'aime, accomplir. Et je me sais heureux dans le désordre insaisissable de l'impossible. Quant au fait que je puisse vous mener à votre perte, c’est à vous seul d’en juger. Mais la situation peut-elle véritablement être pire que celle-ci ? Pour vos simples paroles, le Mârid vous aurait déjà fait arrêter et exécuter en exemple. Et pourtant les exemples sont si nombreux que cela perd tout son sens. Pensez à vous-même, je m’occupe de penser à la volonté générale de ce peuple ! La somme de vos intérêts est mon intérêt à régner. Je n’ai que faire de vous soumettre, vous êtes assez intelligents pour savoir. Le Mârid ne cesse de répéter que nous sommes le peuple dominant, supérieur aux autres. Soit, comment vous le montre-t-il ? En vous prenant pour des imbéciles, qui ne sauraient maitriser la capacité à créer le rêve à partir de vœux ? Belle preuve d’amour à son peuple. Ses crimes politiques à l’exclusion des génocides pour ses besoins personnels ne vous suffisent pas ? Je ne suis pas le garant d’un état policé. Bien au contraire, je suis l’avatar d’une nation libre, où chacun est roi de sa folie et de son rêve. N’ayez pas peur de votre nature, nous sommes de la matière créatrice, nous sommes de l’inspiration, nous sommes la beauté intellectuelle alors soyons, vainqueurs des jeux auxquels se livrent les autres sociétés raciales sans notre intervention. Ne soyons pas acteur mais plutôt… de terrifiants stratèges. Il y a bien des nuances entre l’action et l’inertie. Mais à partir d’aujourd’hui, nous montrerons qui nous sommes, peu importe notre nature, nous l’aimons, nous adorons être ce que nous sommes alors crions-le à ceux qui ne peuvent nous entendre, aux indolents et aux imbus. »

D’autres portions de génies se levèrent un peu partout, le mouvement commençait à prendre de l’ampleur.

« La terreur n’est plus. Seul, je ne suis rien. Mais avec vous, je suis invincible. Qui que vous soyez, en compagnie de vos frères, qui serait assez fou pour nous affronter ? Laissez-moi incarner votre volonté auprès des autres peuples, laissez-moi arborer votre visage à tous ! Lorsque le monde entendra le grondement de notre révolution, ils sauront que nous sommes capables de soulever tout ordre établi, même le plus solide. Nous sommes capables de tout alors laissez-moi être capable du pire avec eux, et du meilleur pour vous. Laissez-moi incarner votre gloire, laissez-moi dessiner vos rêves, permettez-moi de mettre fin au règne du Mârid, suivez-moi ! L’insurrection n’attend que vous pour être portée à bout de bras. Pour que tous nos frères morts pendant les jeux, pour que nos amis, pour Lestat, aient la possibilité d’hurler leur mécontentement au Mârid. Et où est notre tyran au fait ? Le voilà ! »

Le Mârid alors se réveilla au même moment, je le libérai du rêve dans lequel je l'avais emprisonné, il était plein de poussière et se relevait difficilement, le rêve avait été plutôt puissant, je n'y avais pas été de main morte. Il m'entendit discourir et grogna aux Iblis de l'aider. Les iblis ne se firent pas prier et vinrent l'aider à se relever, il fit face à la foule de génies qui le regardait d’une bien étrange façon. Tournant sur lui-même, son sourire s’agrandit, comme s’il ne ressentait aucun malaise à la situation.

« Bien, je dois dire que ce, petit moment de repos forcé, m’a été fortement bénéfique et plutôt instructif. Alors nous y voilà, n’est-ce pas. Le jour où le peuple se soulève contre leur méchant roi ? L’on m’accuserait de propagande ? Mais que fait cet homme à votre avis ? Pensez-vous que son règne sera d’or et de gloire jusqu’à ce que l’éternité ne s’achève ? J’ai fait mes preuves, j’ai agis pour ce peuple, je vous ai tout donné, tout. Et lui, il n’a que de belles paroles à vous offrir. Il est peut-être bien le plus grand manipulateur de ce monde mais quitte à songer aux bienfaits de cette race, laissez-moi douter de ses qualités. »

« Mârid. Ton sort en est jeté. » - « Exactement ! A bas la couronne ! » - « Assassin ! » - « Tyran ! » Proliférait-on parmi les génies. Le Mârid ria à ces provocations, faisant battre ses mains en l’air comme pour en redemander encore. Bien entendu, personne ne s’en priva, on le traita d’un peu toutes les injures possibles. Le Mârid continua de son côté sa petite provocation, osant même des « encore, allez, encore, allez-y ! » d'un calme olympien, comme si rien ne pouvait le déstabiliser. La foule presque entière se leva, commençant à s'énerver, voyant ceci comme un acte protestataire justifié, tout le monde y allait de son petit commentaire. Le Mârid feinta bien prendre ces remarques jusqu'au moment où, sans prévenir, il se mit d’un geste de la main violent, à faire fendre le Colisée. Les fissures gagnèrent tous les côtés et certains mal placés tombèrent dans les fausses. Je rattrapai Natacha de peu, le terrain était complètement à l'agonie de sa dernière heure de vie.

« DES CRETINS ! DES CAFARDS ! VOUS MOURREZ AVEC VOTRE REVOLUTIONNAIRE ET SES GRANDES IDEES DE PROGRES ! JE SUIS VOTRE SEUL GUIDE ! VOTRE ROI ! SANS MOI, VOUS N’ETES RIEN, VOUS ENTENDEZ, RIEN D’AUTRE QUE DES DEMONS SANS CERVELLE ! IGNORANTS ! JE TUERAI LES OPPOSANTS A L’ORDRE ET SA TETE PENSANTE, NARAM-SIN ! »
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Dim 09 Déc 2012, 22:29

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] - Page 2 Post_113
Thème musical:

Ce fut tout d’abord la rangée du fond qui se leva, puis celle juste devant et encore celle de devant. Les autres se retournaient unes à unes et celles en face du Colisée circulaire suivirent le mouvement. Lorsque le Mârid fit exploser toutes les fondations alors le peuple se souleva. Ce fut comme une immense marée humaine prête à tout emporter sur son passage, y compris sa couronne. Oui, ils avancèrent en hurlant, tous de tout côté, j’étais fier, j’étais fort. Il n’en fallait pas plus à mon bonheur, le Mârid perdait complétement pied, les iblis ne pouvaient tenir tout ce monde en place et même le roi était incapable d’y pallier. Il était à la merci de ceux qui avaient manifesté leur rage ou leur mécontentement qui ne pouvait encore durer. Ce que je redoutai cependant, c’était la partie du peuple extrémiste, partisans à la couronne du Mârid, qui entraient également dans la bataille pour défendre leur souverain. Une guerre civile éclata, ni plus, ni moins. Le Mârid au loin regarda la scène avant de me saluer avec élégance, comme pour me manquer de respect puis sauta du haut du rempart pour s’enfuir. Seulement, je ne comptais pas le laisser s’enfuir. J’exigeai de Natacha et Klyan qu’ils conduisent les volontaires vers le palais du Mârid, j’allais faire en sorte d’amener le Mârid à s’y réfugier et le prendre au piège dans sa propre demeure. Là-bas serait l’assaut final.

A mon tour, je coursai l’infini temps qui nous liait, me jetant du haut du Colisée pour atteindre son extérieur, j’hurlais le nom de Sin pour qu’il m’apparaisse. Ce fut le cas ; par la magie de l’éther, mon corps se dissipa pour ralentir ma chute et se reforma sur le dos de Sin qui était déjà parti au galop courser mon père sans que je ne l’ai monté, décidemment, ce cheval savait exactement ce que je voulais de lui. Je le tenais fermement à la crinière, il fallait rattraper l’homme qui était également sur son étrange monture à deux têtes et trois queues semblable à un félin ou je ne savais, si ce n’était qu’il était rapide et agile, passant par d’étroits passages où je doutais que Sin s’en sortirait aussi bien. Seulement le cheval pouvait également évaporer son corps à l’état d’ombre, telle était sa seule capacité et il la maitrisait à merveille. Nous fîmes alors l’harmonie en ne passant par-dessus mais entre les passages que nos corps délaissaient pour seule la fumée de nos deux carcasses ne transigent les règles physiques et passent sans encombre les raccourcis du Mârid, pris pour nous semer.

« Tu ne m’échapperas plus Mârid, plus jamais. » - « Tu penses que c’est si simple de me faire tomber ? Je vais m’extirper de ce rêve et sans moi, il mourra. Tous les génies encore à l’intérieur y seront éternellement emprisonnés. Ça vous apprendra à tous. » - « Pauvre fou, tu serais prêt à détruire les trois quart de ta race pour ta domination ? » - « Tu as vraiment besoin d’une réponse ? » - « Je ne te laisserai pas faire »

Faisant pousser des ronces à grande vitesse, ceux-ci empêchaient le Mârid de tourner où il voulait, je savais qu’il voulait aller à l’arche retranscrite de la porte des songes, également présente ici pour servir de porte entre le monde réel et celui des génies. Mais il était hors de question que nous mourrions tous ainsi, le rêve s’effondrerait bien mais par sa mort et non sa fuite. Sa monture féline s’anima lorsque les ronces lui barrèrent le chemin mais le Mârid ne voulait déclarer sa défaite, allant là où pouvait seulement j’usais de la magie des roses pour qu’il aille où je voulais. Il ne comprit mon but que lorsqu’il entrevue au loin son propre palais déjà pris d’assaut par le peuple, la fumée s’évacuant à divers endroits. Seulement, l’homme ne pouvait reculer, je le suivais de très près, il ne pouvait qu’épouser son destin, le destin que je lui avais choisi.

Arrivé dans la cour du palais, il descendit rapidement puis marcha à pas rapide, ne désirant pas montrer sa panique, à l’intérieur en sommant à des gardes de m’arrêter. J’en fis bon usage et les gardes ne connurent belle mort mais je manquais de temps et de patience. J’entrais à mon tour dans le palais, faisant valser qui se mettait sur mon chemin, plus rien ne pourrait m’empêcher de venir à bout de mon père. Il fit bien entendu barricade dans la salle des trônes avec toute sa garde. J’entrai de force, accompagné d’impulsions magiques engendrées par divers génies dont Natacha, plus déterminée que jamais et Ambre qui était restée plutôt silence jusqu’à maintenant. Nous faisions tous notre entrée en attaquant sans réfléchir, prenant de face tous les iblis qui se mettaient entre nous et le Mârid. L’homme ne savait plus où aller, il ne pensait pas que tout ceci pourrait se terminer aussi facilement.

« Jamais ! Vous entendez, jamais ! » Et de ses mains, d’étranges flux semblaient surgir comme des lianes de poussière d’étoiles, allant à toute vitesse à la rencontre des génies qui s’attaquaient déjà à lui, transperçant corps et habitacles qu’il voyait. Je faisais de mon côté tout ce que je pouvais, je ne perdais pas mon père de vue mais je préférai aider Natacha pour le moment, je ne voulais pas perdre un allié de plus, surtout pas elle. Je regrettai alors immédiatement cette pensée, je savais que le Mârid la capterait, en ferait trop bon usage. Sans prévenir, il fit un bon en avant prodigieux, mettant hors course bon nombre de génies environnant. Il me prit par le col pour me jeter au loin en m’occupant avec deux, trois lianes vivantes qui tentaient de me percer les intestins. Je les évitai comme je pouvais mais je savais chaque seconde déterminante. Le Mârid combattit Natacha avec hargne, il savait que s’il ne pouvait pas me tuer moi, il pouvait par contre donner trépas à ceux à qui je tenais. C’était basique mais efficace et il ne se privait pas de s’en servir, la mort de Lestat nous avait déjà fichu un sacré coup en plein cœur, à tous. Natacha n’était pas femme à se laisser faire, surtout par le Mârid. Elle savait que la haine de Lestat envers le Mârid l’avait conduit à faiblir et à mourir, elle ne commettrait pas la même erreur et le duel qu’il se livrait était haut en couleur. D’une force presque cosmique, leurs deux magies firent nombre d’étincelles mais notre si mauvais roi n’avait dit son dernier mot. Se dupliquant de toute part, nombre de clones vinrent nous entourer à tel point que nous ne pouvions décemment savoir lequel était capable d’ôter notre vie d’un geste vil et discret. Les génies se battant déjà entre eux ne rendaient pas la distinction facile. Je connaissais parfaitement ce petit tour, le Mârid lui-même me l’avait appris. Si nous tranchions la gorge du mauvais Mârid, les propres blessures nous étaient infligées, il ne fallait donc pas se tromper. Ils étaient ainsi cinq Mârid à me rouer de coups plus féroces les uns que les autres sans que je ne puisse en abattre un seul, je ne pouvais risquer de toucher le mauvais. Il aurait pourtant été trop risqué pour le Mârid de choisir comme place, l’un des clones qui me frappait, c’était trop évident, il choisirait plutôt la place d’un clone se trouvant sur Natacha. Mais justement, il savait l’évidence et en jouait. C’était comme jouer à la roulette russe sauf qu’un seul comportement ne comportait pas la balle, c’était infernal, le Mârid était un maître de la tromperie, il fallait bien le reconnaitre.

C’est alors qu’Ambre sortit de sa léthargie, on ne savait d’où elle venait mais elle était là, silencieuse mais pas inactive, elle poignarda un clone et ce fusse le bon. Je ne savais comment elle avait fait mais elle avait réussi. L’avait-elle tué ? La prophétie du génie originel s’était-elle réalisée ? Rien n’en était moins sûr : seul la destruction de l’habitacle tuait un génie et son habitacle était également le mien, nous partagions tous deux la même vie. Le Mârid cependant semblait mal vivre le terrible coup porté par Ambre et sa colère fit raisonner les murs de tout un palais. Je ne sus ce qu’il y eut après, ce fut comme un immense vide, un trou noir.
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Un incendie immense comme la forêt des murmures ravageait toute la côte ouest du monde chimérique des génies que le Mârid tenait de sa propre création spirituelle. Ce monde perdu au milieu d’un nulle part trop lointain des autres peuplades connaissait ses dernières heures. Tout était ruine autour de moi, les poutres s’effondraient, le plafond d’ivoire s’effritait et de larges morcellements écrasaient des génies apeurés qui couraient partout où ils pouvaient. Dans ce tumulte d’explosions répétées et successives, j’étais abasourdi au sol, je reprenais mes esprits et me faisant violence, j’avais subi de plein fouet la colère des titans. Je me relevais sans trop tarder, et au dehors, la guerre civile frappait ma race comme la peste, on luttait pour la liberté.

Je courais à travers les débris, la rage au ventre et passai les encombres qui m’éloignaient de celui que je désirai plus que tout assassiner pour ma gloire et la fortune de tout un peuple disséminé par sa folie. Il se tenait droit comme un divin sous un ciel rouge de sang à l’heure d’une apocalypse que plus personne ne maîtrisait, me regardant fièrement, songeant à l’après-demain de cette révolution qu’il pensait déjà perdue alors que moi, je la pensais déjà gagnée.

Nous regardions tous deux les protagonistes environnants, Cyanide au combat avec un iblis féroce qui lui assénait de terribles attaques, Natacha qui égorgeait ses ennemis avec rapidité et propreté, sans même trembler lorsqu’un génie, trois fois plus haut qu’elle, l’attrapa par la taille, la vipère lui faisant une prise redoutable qui lui écrasa la cage thoracique. Au loin, je vis Klyan qui, dehors, commandait nos alliés de fortune, j’entendais sa voix glaciale résonner comme des coups de glaive tandis que le camp ennemi n’était pas en reste. Ambre arriva en renfort mais elle fut bloquée par des dizaines d’adversaires et Natacha immédiatement couru lui apporter un appui, je les savais organisés et malins en plus de féroce, je n’avais pas peur pour eux. Mais dans ce brouhaha de fin du monde, j’hurlais à mon père :

« Abandonne Mârid, ne vois-tu pas que ton règne s’effondre ! » alors que ce dernier souriait de plus belle, il se pensait intouchable, l’immortalité l’avait rendu bien moins effrayé par ce genre d’imprévus.

« Abandonner ? Mais tu n’as rien compris. Même s’il ne doit rester plus aucun génie en vie à la fin de cette journée, je dominerai ce monde. C'est mon règne ! J'aime cette effusion de sang et qui pourra me stopper ? Toi peut-être ? Tu n'es plus le vil génie de tes anciennes années. Tu n'es plus rien Naram, plus qu'une vulgaire ombre qui hante les nuits des gens. Et si tu veux cesser ce massacre, il faudra malheureusement me tuer. Alors je t’attends mon fils, je t’attends depuis si longtemps. »

Je l’avais également tant attendu.

« Alors nous voilà enfin d’accord. Je mourrai peut-être en ce jour mais tu ne pourras jamais arrêter cette rafale d’insurrection que j’ai insufflée à tous ces génies. Une page nouvelle s’écrit pour notre race et elle marquera la fin d’une épopée pour l’un de nous deux. »

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Dim 09 Déc 2012, 23:52

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] - Page 2 Post_211
Thème musical:

Comme un duel entre deux titans, je dégainai l’épée de Mitsuko, comme un véritable symbole, Le Mârid fixa l’arme, on entendait comme un bruit sourd raisonner dans la lame, c’était étrange mais palpable, la magie de cette arme l’intriguait. Mon père fit également apparaitre sa colossale lame qui faisait un peu plus de sa propre taille qui me dépassait pourtant de très loin. Nous nous regardâmes avec tout l’espoir et le désespoir du monde, tout et rien à la fois, nous savions tout deux les tenants de ce combat. Je me jetai sur son corps d’argile, il embellissait toute attaque par des postures de maître, il était fier et féroce.

« Toute ma vie, j’ai rêvé cet instant. Cet instant où toi, mon fils, serait amené à accomplir des miracles tels que je les ai toujours imaginés dans mes rêves les plus fous. »

« La ferme, je t’en prie, ne dis plus rien ! » - « Des millénaires que nous nous croisons, que nous valsons à la lame de notre haine pour l’autre. J’ai eu une belle vie c’est vrai, tout comme toi. Peu importe l’issu, tu me manqueras. »

« Oh dieu que tu me manqueras. » en merveilleux paradoxe, nous continuions à faire danser nos lames comme il aimait le dire, pour lui c’était un art, pour moi une libération de l’âme. Il était le rempart de mon passé, tant qu’il serait, je ne pourrai jamais avancer, tous ces fantômes émanaient de lui, ma conscience m’appelant à toujours me souvenir mais j’étais las des souvenirs, je voulais vivre à présent, je m’étais entrainé avec acharnement, je m’étais confronté aux plus grands de ce monde, aux plus périlleuses des batailles, j’avais vécu la guerre contre les dieux, la guerre pour les jumelles sacrées, j’avais connu la bataille des ombres, celle des elfes, j’avais survécu, toujours survécu face à l’ennemi, à l’oppression, au camps qui me serait opposé. D’une explosion majestueuse et mutuelle, nous firent détruire tout une aile du palais où deux trois génies se battaient encore. Je ne me préoccupai de rien d’autre que de mon père. Nous nous échappions d’un endroit pour nous retrouver un peu plus loin, d’étranges fissures de ténèbres nous suivaient partout, et de celles-ci des monstres de pétales rosées vinrent s’attaquer au Mârid alors que je lui menais le combat comme on défendait sa vie. Le Mârid fendait la vitesse compréhensible, il se trouvait partout à la fois, assénant de terribles coups de lame de tout côté, je résistai tant que possible mais je devais avouer fatiguer. Depuis le labyrinthe je n’avais pu souffler et si toute cette pression me tenait en alerte, je sentais mon corps vaciller à chaque coup de force qu’il m’offrait. Reculant avant que je ne puisse cligner de l’œil, le voilà déjà prêt à repartir à l’attaque, son sourire était flagrant, il savait que j’étais moins endurant que lui au combat.

« Tu penses vraiment m’avoir ainsi père ? » il était temps à présent, temps du combat des rêves. Levant le bras droit, ce fut tout le couloir qui se fit aspirer par un vide incommensurable, le Mârid se raccrocha à tout ce qu’il put.

« Qu’est-ce que tu fais ? » - « L’immersion du rêve, tu te souviens ? Ce vieux rêve sera aspiré dans les méandres du monde chimérique. Tous les génies commencent déjà à quitter cette terre, il ne restera bientôt plus que toi et moi pour conclure ce chapitre si haletant je te l’admets. Mes hommes les conduisent à leur nouveau monde, celui que j’ai créé avec elle. »

Levant l’autre bras, ce fut de plus en plus de morceaux du palais qui s’envolait dans le néant, même le ciel prenait feu et s’effritaient pour se faire aussi aspirer.

« Que feras-tu sans moi ? » - « Ne t’en fais pas, ce ne sont pas les ennemis qui me manquent. C’est un père qui a manqué. C’est à moi que tu as confié Jun, à moi que tu as tout confié, et te voilà au bord du trépas avec moi. Nous sommes aussi vieux que ce monde sûrement mais je me refuse d’y vivre encore avec toi à mes côtés. C’est la fin père, la fin. »

Je me jetai sur lui pour l’enlacer et nous projeter tous deux dans le néant. Le palais devint de plus en plus lointain, seule une nuit sans fin recouvrait l’horizon. De lourds fragmentations du palais volait ici et là et nous sautions de fragments en fragments pour continuer à nous battre. Je tentais de le tenir immobile en liant ses poignées par des ronces fleuries de roses épineuses, mais l’homme bien qu’ensanglanté se déliait facilement de mes chaines pour se servir de sa légendaire télékinésie pour faire déplacer tous les morceaux du palais qui lévitaient dans le vide.

« Même Hans est une fillette pleurnichant à côté de moi. » et des morceaux de pierre gros comme des continents m’arrivaient de partout, je tentais par le pouvoir de l’éther de filer entre les fissures pour ne pas me laisser piéger. Je réapparaissais derrière lui, le frappant puis re-disparaissant pour réapparaitre sur le côté et frapper à nouveau. Je recommençai plusieurs fois la manœuvres jusqu’à pouvoir le frapper avec force au genou et qu’il succombe. L’homme cria de douleur avant de se relever et de revenir à la charge avec ses lianes ténébreuses qui coupantes comme des lames de rasoir. J’en évitai certaines mais l’une me déchira littéralement un os de cage thoracique.

« Que sont nos enveloppes charnelles Mârid, à quoi bon ces douleurs puisque seules celles de l’esprit sont capables de nous départager. » et au même moment, nos deux enveloppes charnelles disparurent pour s’évaporer dans le néant. Seuls deux corps formés d’étoiles restaient et s’entrechoquèrent sans un mot de plus. Nos deux forces psychiques se mêlaient et se percutaient, faisant naitre d’importantes déflagrations que le néant avalait aussi tôt pour rétablir un silence imperturbable. Nous réapparaissions à quelque endroit parfois pour se jeter de puissants sorts mais nous étions habiles l’un comme l’autre, ce combat aurait pu être éternel.


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Lun 10 Déc 2012, 03:20

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] - Page 2 Post_311
Thème musical:

Exténué, je m’arrêtai sur une plateforme qui tournoyait dans l’infini. A quatre pattes au sol, mon corps revint revêtir ce squelette d’étoiles et je crachai immédiatement du sang, vomissant presque, tout ceci commençait à faire beaucoup pour un seul homme. Le Mârid réapparut non loin, il boitait et avait du mal à reformer son corps, ses bras saignaient comme si on lui avait ouvert au couteau. Cependant, il recommença à me frapper où il penserait que cela me ferait le plus de mal. Je m’écartai pour l’esquivai, puis sautant, je tentai de lui écraser la boite crânienne. Mon père était avant tout médecin et m’avait appris assez sur le corps humain pour savoir où frapper, mais lui-même était plus maître de ces connaissances et savait mieux encore.

« Tu te souviens de la prophétie ? Un être qui ne connait pas le monde réel. Un homme qui ne comprend pas la différence entre le réel et l’irréel à tel point que pour lui, ces mondes si différents sont à ses yeux, identiques. Tout n’est qu’interprétation n’est-ce pas ? »

« Tu ne peux pas décemment te perdre. Je sais que ce n’est pas toi l’être de la prophétie qui me tuera. »

« Non tu as raison, ce n’est pas réellement moi, ce sera plutôt cette lame, faite de la même matière que la création, que le rêve. C’est de cette même matière qu’a été formé mon clone, tu sais, celui qui n’a ni père, ni mère, celui créé entièrement de magie : Jun. » - « Votre création ? »

« Notre passion. »

Maitrisant ma lame, je fis de nombreux cercles que le Mârid évitait tant bien que mal, telle la faucheuse, je ne ratai aucun de ses pas mais je n’étais pas assez rapide. Ce qu’il fallait, c’était descendre bien plus bas dans le rêve, pour que temps soit encore plus ralenti et que je puisse l’atteindre. Me jetant sur lui nous foncions dans le vide en piquet, j’eus même l’impression de vivre la version cauchemardesque du rêve avec Mitsuko sauf que cette fois, la liaison de nos deux corps n’étaient que le sang qui coulait, un après l’autre. Nous arrivâmes si bas dans le néant que plus rien ne représentait la réalité, ce n’était que du noir partout, sous nos pieds, au-dessus de nos têtes, du déchet de rêve à l’état pure lorsque l’on y réfléchissait. J’enlevai l’habitacle de mon cou, liant la chaine du bijou autour de la lame de Mitsuko, je la pointai en direction du Mârid.

« Tu mourras aussi si tu détruits le pendentif. Ta puissance vient aussi du fait que nous partageons cet habitacle, nous sommes liés. » - « Es-tu certain de tes dires ? » - « Comment ? » - « J’ai fait de nombreuses recherches dans de nombreuses bibliothèques du continent. Sur la possibilité de transmuter l’esprit d’un génie dans un autre habitacle. Et sais-tu ce qui est plus drôle ? C’est à la bibliothèque Taiji que je l’ai trouvé. Quelle ironie, là où je ne pensais jamais trouver tel ouvrage, il était sous mes yeux depuis des siècles. » - « Impossible. Imagine que si j’aurais eu connaissance de telle pratique, alors… » - « Alors tu aurais détruit tout ouvrage pour qu’on ne puisse pas délier nos deux âmes de l’habitacle. Mais le manoir Taiji t’est interdit. » - « Impossible. » - « Cesse de te répéter. Veux-tu que je t’énumère les conditions ? Il faut obligatoirement un objet bien plus résistant et plus puissant que l’ancien pour supporter la magie qui y sera transférée. Il faut absolument que je ne l’aie jamais eu entre les mains mais que je l’offre à une personne chère tout en lui révélant mon nom mais sans qu’elle sache que ce soit moi qui lui offre. » Et je me rapprochai de lui. Lentement en vue de mes blessures mais sûrement.

« Il faut que cette personne soit ma maitresse et qu’elle souhaite au moins une fois. » je me rapprochai encore.

« Il faut que cette maitresse soit plus puissante que le génie habitant l’habitacle. » et j’étais face à lui, à quelques centimètres qui nous séparaient.

« Mitsuko. Je lui ai offert un collier sans le toucher, en prenant une apparence qu’elle ne pouvait connaitre à l’époque. Elle a accepté ce présent même si à l’époque, elle était d’une puissance moindre. Là était toute la difficulté car quel maître pourrait être plus puissant qu’un chef de race ? Une aether par hasard ? L’objet est plus puissant que ton pendentif, il m’a été offert par un aether du temps de la cité des mirages lorsque j’étais esclave de l’un d’eux. Puis, Mitsuko a fait le plus merveilleux des souhaits, celui que je ne puisse jamais l’oublier. Etrange vœu n’est-ce pas ? Mais celui-ci est effectif et ne prendra jamais fin. »

« Et… Mais... Ce collier, tu l’as eu dans les mains, je m’en souviens. Tu m’as dit toi-même l’avoir offert à la première Mitsuko ? »

« C’est exact. Mais entre-temps tu omets un fait important. Je suis mort. A la vallée des glaces, lorsque j’ai moi-même détruit ce pendentif en plusieurs fragments, je fus, mort. Comme je te le disais, ce fut mon retour qui sûrement étonna le plus de monde car l’objectif était incertain, trouble. Toutes ces conditions font qu’un lien si unique me relit à l’objet qu’il en fait mon nouvel habitacle et que le tien, est désuet. Et au cou de la femme la plus regardée de ce monde, ce bijou en fait le plus discret, qui penserait qu’il est porté par cette femme ? » - « Mais tu ne peux pas, pendant les jeux, tu aurais perdu tous tes pouvoirs. Cet habitacle est forcément le tien. »

« Tu oublies la dernière condition cher père. » - « Quelle est-elle ? » - « Que le précédent habitacle soit détruit. »

Sans prévenir, la lame de Mitsuko vint fendre le corps de mon père, celui-ci n’eut le temps de réagir. La lame alors délivra tout le poison dont elle était capable, un poison créé par Mitsuko première du nom, un poison assez puissant pour détruire l’habitacle. Celui-ci se rependit dans tout le corps du Mârid qui en hurla de douleur et son habitacle se mit à se dissoudre dans ses entrailles. Mon père dans son souffle rogue ne dit plus un mot. La partie était finie.

« Adieu. » et l’homme disparut dans un très lent nuage de fumée qui s’évaporait avec douceur. Nous pouvions sûrement encore nous dire certaines choses étrangement, tout sembla inutile à mon père, comme s’il comprenait enfin qu’à l’heure d’une mort, l’important ne résidait pas dans les mots échangés mais dans la teneur du regard. Fenêtre de l’âme ai-je toujours dit. Il me fixa sans cligner jusqu’à ce que son visage ne disparaisse avec le reste et que ses yeux ne se ferment, à jamais.


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Lun 10 Déc 2012, 18:19

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] - Page 2 Dzzzzz10
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- 3 mois plus tard –

Par-delà ma fenêtre, j’observai l’étendue nuageuse que notre gargantuesque île imaginaire pourfendait. Création de mon esprit et de celui de Mitsuko, cela faisait à présent trois mois que les génies du monde entier s’étaient réfugiés ici après la mort de mon père, lorsque le plus vieux rêve que ce monde connaissait s’effondra. Nous les avions guidés vers cet endroit, sommant aux partisans du Mârid de lui rester fidèle si cela leur plaisaient et de rester sur ces terres infertiles et mourantes que mon père avait créé il y a tant de siècles que je ne puis encore m’en souvenir. Trois mois que je n’avais donné aucune nouvelle de ma personne, que je n’avais quitté cet endroit qui était à présent ma nouvelle maison, mon royaume, celui que je partagerai avec tous mes frères de la belle magie, la magie créatrice. Par-delà ma fenêtre, j’observai ce ciel réel s’étendre alors que mon île, n’était qu’une chimère immergée dans la réalité, c’était sûrement la première fois qu’une telle création existait, nous étions en l’état, Mitsuko et moi, les pionniers d’un tout nouveau concept du rêve ; seulement, ma belle ne s’en souvenait plus. Tant de merveilles qu’elle avait délaissé, rejeté au fond de son esprit pour simplement ne plus avoir à me rencontrer, à subir mes crises de démence, j’étais encore un peu triste je crois, un peu triste de la tournure des évènements. Je ne comprenais pas ce perpétuel attrait pour l’amnésie, ma seule expérience dans le domaine m’avait fortement déplu, j’aimais trop la connaissance pour me résoudre à ignorer des faits qui se trouvaient devant mes yeux.

Je me reculai puis fermai la fenêtre qui m’avait ouvert ce magnifique horizon. Je m’arrêtai devant une grande glace aux formes discontinues et impalpables pour observer mon reflet. Je caressai brièvement mes cheveux d’ébène et regrettai qu’avec le changement d’habitacle, un trait qui me caractérisait autant était mort avec mon père, quelque part cela était logique mais j’avais du mal à m’y habituer. J’avais l’impression que depuis mon ascension au trône, l’océan ne m’obéissait plus, lui qui me faisait renaitre de mes cendres à chaque fois que la faucheuse m’avait enlacé. Je soulevai une mèche de cheveux en tentant par mon pouvoir de mille et un visages de les rendre à nouveau bleu mais ceci ne fonctionna guère. Il semblait que je devrai m’habituer à cette couleur, du moins pour l’instant, jusqu’à ce que je comprenne le fonctionnement d’un tel blocage. Mes yeux, heureusement, gardaient leur même bleuté et c’était l’essentiel, la fenêtre de mon âme demeurait inchangée, sinon peut-être aurais-je fait une crise identitaire sur le moment. Ma peau était moins pâle également et de nombreuses cicatrices recousues recouvraient encore mon corps meurtri ; là également, je ne pouvais les faire disparaitre, il semblait que le changement d’habitacle m’avait enlevé quelques qualités qui m’étaient bien utiles pourtant jusqu’à lors. Je remettais sur ma tête la couronne de laurier qui symbolisait mon titre, je n’avais désiré aucun bijou, ce simplement ornement dirai-je naturel suffisait à montrer qui j’étais, le reste était inutile vu qu’en dehors de cette île flottante dans le ciel, elle disparaissait d’elle-même.

Un titan était mort il y a maintenant trois mois, mon père n’était plus qu’un souvenir de mon esprit et je commençai à peine à m’habituer à son déclin. De ma glace, j’entrevue la porte s’ouvrir légèrement.

« Alice. » dis-je sans la regarder directement, un sourire grandissant. La fillette adoptée de l’aile qui n’avait jamais existé du manoir Taiji montra alors le bout de son nez. Elle avait choisi ce prénom à la suite de la lettre d’Alicia qui m’avait été adressée avant les jeux de l’ombre. Elle fit son entrée discrètement avant de se mettre à mes côtés, se regardant encore dans la glace.

« Nous partons avec Natacha pour l’après-midi. Tu te joins à nous ? » Sa verbe avait évolué, j’en étais peu fier. Elle était si jeune mais son esprit évoluait si vite. Je savais que cette enfant était hors du commun des génies, je ne comprenais encore l’étendue de ses particularités mais je savais qu’elle était précieuse, tant à mon cœur qu’à mon peuple qui s’était déplacé il y a quelques temps maintenant pour la rencontrer. Je refusai pourtant sa proposition, je ressentais la présence palpable d’un aether dans la pièce et sentais que l’esprit attendait qu’Alice ne quitte la pièce pour m’apparaitre. Alors, Alice m’enlaça un instant avant de me souhaiter une belle journée et de s’en aller en n’omettant pas de signaler que Natacha prendrait sûrement très mal ce refus et qu’elle viendrait elle-même me chercher. J’en riais, et lui répondit que je n’avais pas peur de cette femme, du moins, pas trop. Et lorsqu’elle fut partie, ce fut le plus inattendu des esprits qui me fit l’honneur de sa présence : William.

« Tu ne devrais pas quitter le temple, tu sais pertinemment que cela t’est interdit. » - « Il y a parfois du bon dans les quelques rares entorses à nos règles rigides. Et puis, il fallait bien que je vienne te voir, tu ne passes plus au temple. » - « Son accès m’est de nouveau autorisé ? » - « Oui. Mais ça tu le savais déjà. La véritable question est pourquoi n’es-tu pas venu me demander la raison du pacte avec l’aether de la justice. » - « Je ne désirai pas te voir pour le moment, j’avais besoin de calme, de repos. » - « Il est vrai que tu as mérité un peu de repos. Alors, comment te portes-tu " Mârid " ? » - « On va éviter de m’appeler ainsi pour le moment. Je vais… bien. Et toi ? » - « Comme d’habitude, rien ne change pour les fossiles de mon espèce. » J’en riais un peu, l’autodérision de mon ami était toujours aussi appréciable bien que j’avais tout le mal du monde à lui cacher ma rancœur.

« J’ai du mal à comprendre la raison de ta venue. » - « Et bien. C’est notre anniversaire, sais-tu ? » - « Vraiment ? » - « Oui, as-tu omis que nous sommes nés le même jour ? » - « Sûrement pas. Mais je dois avouer ne pas me souvenir de la date ou même pouvoir te donner un âge à nos corps. » - « Je dois avouer peiner également à cette tâche. Mieux vaut continuer à dire que nous sommes très vieux. » - « Je te l’accorde. Eh bien, bon anniversaire Wili ! » - « Hum, merci. Joyeux anniversaire à toi aussi, mon ami. » Et il mit sa main sur mon épaule, me regardant d’un air désolé et imperturbable à la fois, je le savais ainsi.

« Pourquoi tous ces secrets ? Je croyais qu’entre nous, le secret n’existerait jamais. » - « Il existe cependant. Nous nous sommes fait cette promesse lorsque tu m’avais juré commencer l’apprentissage de l’élévation en même temps que je l’ai fait. Mais on ne peut changer certaines règles. Je suis où tu n’es pas. Et ce que je sais, tu ne peux le comprendre pour le moment. » - « Qu’en sais-tu ? Nous ne sommes pas différents, juste sur un plan astral distinct. Je trouve que ton excuse révèle d’un certain élan hautain de ton titre. William, accepte mon choix. J’ai décidé de rester lié à ce monde, j’ai besoin de naviguer sur les mers et de vivre des aventures que tu ne vis plus, là où tu es. » - « Et je t’envie. Parfois j’aimerais tant redevenir un simple humain, et nous pourrions alors voyager tous les deux comme nous le faisions il y a longtemps. » - « Mais c’est impossible. » - « C’est impossible. » - « Cependant je dois te l’avouer, tu avais raison pour Mitsuko. La voilà libérée de mon sort. » - « On ne peut décemment être aether et vivre comme une mortelle. Il y a des choix qu’elle ne pourra jamais faire si tu es là, toujours là, pour l’en empêcher. Elle incarne l’espoir bien plus que la justice, ne l’oublie pas. » - « Je ne l’oublie pas, je ne l’ai juste pas encore accepté. Je crois que si le temps m’a confié une grande sagesse, il m’a également laissé le plaisir de garder un immuable égoïsme. Voilà un pêcher que tu ne connais pas, n’est-ce pas ? » - « C’est ironique ? » - « Evidemment. Je ne sais pas quel intérêt tacite avais-tu à conclure avec elle, mais je sais qu’il n’est profitable qu’à toi et toi seul. Sache seulement que je finis toujours par découvrir ce que l’on me cache. » - « Je sais et c’est mon souhait. Que tu découvres un jour ce que je ne peux t’avouer pour le moment. » - « Cesse tes grandeurs, on dirait un relha frustré. Et mon habitacle ? » mais il ne prit aucunement l'air gêné que je lui aurais pensé à cette question. Il ne réfutait pas le fait qu'il ait en sa possession un objet qui ne lui revenait pas.

« Il lui appartient. Je ne peux te le redonner. Je connais les principes de la transmutation de l’âme d’un génie. Tu ne peux voler le présent que tu lui as offert. Il faudra qu’elle te le redonne. Toutefois j’ai une question à ce propos. Elle connaissait ton nom et a possédé ton habitacle, est-ce que ? » - « Non. Elle a d’abord connu mon nom, je lui ai révélé à la maitrise de sa couronne en lui montrant où il se situait. L’habitacle a toujours été en sa possession, depuis des années. Il n’était simplement pas effectif tant que le pendentif du Mârid n’était pas détruit. » - « Combien de Taiji ont ainsi été tes maîtresses sans qu'elles ne le savent ? Mais à présent ? » - « Elle m’a oublié, William. Elle aura beau récupérer le bijou, qu’en ferait-elle ? Je suis libre, à présent, libre, à jamais. » - « Tu as composé cette stratégie en conséquence de ses actes ? » - « Ne retourne pas la faute. Vous avez pactisé dans mon dos. Je vous en voudrai, sûrement éternellement, malgré l’affection que j’ai pour vous deux. J’ai en effet, composé pour me protéger. Je ne peux permettre d’être entre vos mains joueuses d’aetheri. Je suis un Homme et non un jouet avec lequel on jongle. Tu as trop tendance à l’oublier William. » Il circula dans la pièce, admirant l’étendu infini des nuages et l’océan que l’on voyait au loin.

« Une île entre le ciel et l’océan. Je ne sais quoi en penser. » - « Je ne te demande pas de penser, juste de cesser tes manipulations. » - « Quel avenir pensais-tu qu’il arriverait à votre histoire ? » - « Aucun de réalisable, justement. Là était tout le plaisir de nos entrevues. Tu as comme déchiré les feuilles d’un livre sans fin pour forcer l’histoire à se clore. Et maintenant tu me dis de vivre comme si je ne savais pas. Mais je sais. Et je ne peux l’oublier. Le danger qui plane sur elle me dépasse, je suis impuissant face à tout ça. » - « J’ai eu la visite de Chronos, en effet. Cet homme n'a pas changé, toujours aussi arrogant et méprisable. Il semblait s'inquiéter pour toi. » - « Oui, le fait que plus personne ne croit en lui l'a quelque peu irrité. Mais il demeure toujours dans nos inconscients, il n'est plus que ça de toute façon, un errant. Voilà donc la nouvelle qui nous préoccupe : à présent je suis encore redevable de servitude envers une aether du temps où nous l’étions tous deux, esclaves. » - « Si c’est le cas, cette aether doit être d’une puissance égale à la mienne. Car je n’en perçois pas l’existence par-delà le temps et l’espace. » - « C’est ce que j’ai cru comprendre, elle sait se faire oublier. Ce que je ne comprends pas par contre, c’est le pourquoi de son retour, maintenant ? » - « L’élévation de Mitsuko. Cela fait des millénaires que plus aucun aether n’est né. Il fallait bien te douter que ce allait réveiller deux trois esprits malveillants. » - « Bien, je compte sur toi pour me préparer. » - « Es-tu vraiment sûr de ce souhait ? Ton corps se remet à peine et ton âme est perceptiblement souffrante du duel avec ton père. Combattre les tyrans de ce monde est une chose mais les aetheri, ça. C'est autre chose. Bon j'imagine que te raisonner serait inutile. Tu viendras au temple chaque semaine alors. » - « Et tu me diras tout ce que je dois savoir sur vous. Mais il est évident, je ne laisserai aucun esprit quel qu’il fut, soit ou deviendra, s’en prendre à cette femme. » - « Je ne le concevais pas autrement. Comprends simplement que je ne pourrai rien te révéler. Si Chronos prend la liberté de jouer au détective, c'est son droit. Mais je ne peux déroger aux règles. Peu importe l'avenir de Mitsuko. Tu devras l'accepter » - « Je n'accepterai pas sa mort, c'est certain. Alors à bientôt. » Il s’en alla ensuite, me laissant seul au milieu de la pièce. De là où j’étais, j’admirai sans froncer le piano que j’avais voulu avoir dans mes appartements pour mes longues nuits sans sommeil.

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Jeu 13 Déc 2012, 17:19

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] - Page 2 Dtrhui10
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Le plus vieux génie encore en vie était sûrement l’une des plus étranges femmes que ce monde connaissait encore. On l’appelait légendairement l’Oracle mais personne ne l’avait rencontré à part le Mârid lui-même. C’était un privilège accordé au roi. Cette femme portait plus que bien son nom, ce qu’elle disait était forcément vrai. Elle était d’une bien autre nature que les médiums et autres prédicateurs de l’apocalypse, elle n’était pas partisante du fait que chaque Homme pouvait changer son destin. Pour elle, toute route menait toujours au même endroit et je le savais. Les indications qu’elle donnait étaient vagues et à la fois précises, en réalité, il ne se bornait pas à expliquer ce qui pourrait être fait de mille façons, juste ce qu’il se passera au final, selon la question qu’on lui poserait. Je savais qu’elle vivait dans les hautes montagnes de l’edelweiss, Lestat me l’avait révélé au cas où, sachant bien que mon père se garderait de m’en donner l’indication. La route fut plutôt longue, plutôt sinueuse, je ne savais vraiment où j’allais, c’était plus comme un appel instinctif des sens et de l’orientation qui me menait là où, vraisemblablement, je devais me rendre. Je m’accommodais fort bien des tempêtes qui s’abattaient à des sommets où l’oxygène se faisait rare. Il sembla bien que ce chemin me prit de longues journées sans repos mais j’arrivai là où elle errait pour l’éternité. Qui sait combien d’années avait-elle vécue ? Je n’osais y songer, moi qui me pensais déjà si vieux, elle devait bien avoir le double si ce n’était plus, c’était inutile de tenter sa chance aux jeux des aspects, elle semblerait n’en avoir que vingt, c’était récurent chez les génies. Mais son âme transpirerait la sagesse, car jamais le regard ne trompe sur l’état d’un esprit, quel qu’il soit.

Ce fut comme une sombre caverne sans lumière ni chaleur, où l’on ne respire que par nécessité sans s’y attarder, on avance sans savoir et c’était étrange car je marchais justement dans cette quête, celle du savoir. A tout moment, du départ à l’arrivé, je m’étais posé la seule question de savoir laquelle je poserai à l’Oracle. Mais épris par les doutes, je ne sus deviner ne serait-ce que la thématique d’un questionnement. Et alors que je peinais à discerner mon propre corps de cette cécité dévorante, la lumière jaillit des murailles qui me montrèrent le chemin de la vérité. Ce fut magnifique, inexplicable, tout de bleu et de blanc, les granulés des roches semblaient luire de splendeurs comme des feux d’artifices effleurés par l’éternel. J’en fus déconcerté, mais j’avançai, car je voulais savoir. C’était comme affronter la mort sans prendre les armes, peut-être fallait-il ne jamais savoir, oui, sans doute. Un large escalier me fit l’office de descente aux enfers, vers son antre, que je dépassai sans crainte mais avec tous les doutes d’un homme. Bientôt, son visage se dessina à mes yeux curieux de savoir à quoi ressemblait la plus veille des chimères. Vêtue de tissus brunâtres, il semblait qu’elle en avait déchiré un morceau pour se bander les yeux, ceci reflétait la flamme de sa chevelure pourtant docile et lisse. Comme des tambours au loin, il semblait qu’un cours d’eau passait non loin et que sa cascade se faisait l’harmonie ici, oui ici où tout brillait pour nos yeux d’enfance arrachée. Je la saluai en me courbant, elle ne me voyait pas mais elle sourit, il semblait qu’elle avait attendu ici bien plus qu’une éternité. Je ne me rapprochai que très peu, je préférai garder la distance, je m’interrogeai sur la nature d’un génie qui aurait autant vieilli, d’une magie qui aurait tant mûrie qu’elle en serait inconcevable, même aux dieux.

« Naram-Sin. Quel honneur. » Sa voix était un cristal résonnant sans tressaillir.

« L’honneur est plutôt pour moi. Vous ne voyez plus mais savez bien plus que les voyants n’est-ce pas ? » - « C’est une façon de concevoir la chose qui m’attrait. C’est un entretien avec ma personne que tu es venu quêter, c’est ton droit mais aussi ton fardeau. Ceux qui savent ne pourront plus jamais aspirer au bonheur des ignorants. Tu ne peux en douter ou va t'en tout de suite. » - « Je n’en doute pas, Oracle. » Et je m’assis en tailleur en face d’elle.

« Autant qu’à toi, je me suis demandée quelle question allais-tu me poser. Connaitre les aboutissants de ta mort, comme ton père ? Je suis sûrement la seule à détenir cette vérité et je sais qu’elle t’intrigue autant qu’elle a intrigué le roi que tu as déchu. A vrai dire, sais-tu que tout génie qui m’a consulté m’a toujours posé cette même question. Non pas par bêtise mais par logique, mais tu comprendras celui plus tard. » - « Pourquoi le ferai-je ? La mort n’est bonne à connaitre que lorsque l’on désire l’écarter. Non pas que je désire mettre terme à cette longue vie mais ce que je ne peux changer, je crains de ne vouloir le connaitre. » - « Tu sembles en colère, est-ce contre moi ? » - « Je me questionne simplement. Lorsque vous avez dit à mon père que ce serait un être qui n’a jamais connu le monde réel qui le tuerait. Vous parliez de l’épée faite de la même matière que Jun. Mais vous saviez qu’il l’interpréterait trop rapidement, que des centaines de génies mourraient de sa folie, que tous les génies originels mourraient. Est-ce là votre vengeance sur ce monde que vous ne supportez plus au point de demeurer dans cet étrange lieu ? » - « Nullement. L’homme qui m’a posé cette question avait tant de rancœur envers l’humanité que peu importe ma réponse, il l’aurait interprété de manière à pouvoir tuer avec cette seule justification. Sa catharsis c’était la destruction. J’ai choisi de ne pas œuvrer pour le bienfait ou le mal de ce monde. J’ai choisi de savoir et j’ai préféré cela à l’action. Comprends-tu ? » - « Je comprends. Le savoir répond aux questions de la finalité. L’action n’est qu’un moyen comme un autre vers la finalité. » - « C’est juste. »

Ne pas voir ses yeux, cachés par tel bandage, me perturbait au plus haut point. Je ne savais si elle prenait cette apparence à chaque fois où si celle-ci était choisie rien que pour moi. Je ne pouvais lire en elle sans voir ses yeux mais elle lisait tant de choses en moi, cette inégalité me dérangeait.

« A ce même titre, je ne te veux, ni de mal, ni de bien. Je dois cependant avouer avoir été surprise par ton parcours. Voilà un chemin que je n’avais pas imaginé pour toi. » - « A qui le dites-vous, j’en suis le premier surpris. Vous êtes alors le plus vieux des génies encore en vie ? Voulez-vous m’en dire plus à ce titre. Sur notre création, tout ce que nous ne savons pas de nos origines, de nos ancêtres. » - « J’ai, en effet, vu les premiers horizons de ce monde se dessiner. Relha par le passé, j’ai embrassé cette race comme l’on rencontre son âme sœur. » - « J’imagine ; c’est un peu mon cas. » - « Je doute cependant que tu demeures ainsi. » - « C’est-à-dire ? Je ne resterai pas un génie ? » - « Quelque part, si. Peu importe les changements de race que l’on peut opérer au cours d’une vie, l’on demeure comme tatoué de celle des génies, c’est une trace qu’on ne peut effacer, quoi que l’on fasse, cela reste encré en nous comme un vieux rêve qu’on ne peut oublier. Toi peut-être plus que n’importe qui d’autre resteras à jamais un peu génie, quoi qu’il advienne de ton chemin. Cependant, ta finalité ne sera pas vécue en tant que génie. Je ne peux cependant t’en dire plus car il ne s’agit pas là de ta question. Et tu ne peux ne m’en poser qu’une. » - « Je m’en doutai pour être honnête. Seulement, je peine à comprendre la question qui doit se poser. Une question. C’est tout un monde au bras d’une seule réponse. J’ai autant de questions à vous soumettre que d’années au compteur. » - « Mais aucune question sur les chemins parcourus ne te satisfera. » - « Seulement sur la finalité, je comprends. Et la seule certitude est celle de la mort. Au final vous n’êtes capable que de prédire sans jamais vous tromper la mort des gens qui vous rencontrent. » - « Pas réellement. Disons qu’aucune autre question ne peut venir à l’esprit d’une personne. La finalité n’est aux yeux du monde que la mort, toujours la mort. Alors quelle autre question poser ? Je pourrai te dire ce que tu feras l’année prochaine et aussi l’année suivante. Mais ce sera sans doute faux car tu pourrais faire l’exact inverse si je te le révélai. Comme je le disais, tout chemin ne mène qu’à une seule certitude : la fin. » - « Mais ne pensez-vous pas que tellement de chemins différents qui seraient empruntés pourraient conduire à un autre destin ? » - « C’est en effet, probable en théorie. Cependant je crains de devoir te répondre que si la forme change, le fond demeura. La finalité n’est pas le comment mais le pourquoi. Le précédent Mârid m’a demandé par quelle main mourrait-il, soit comment il mourrait. Me demander pourquoi aurait été plus juste mais comme je te l’ai dit, il cherchait simplement une victime à abattre. » - « Et combien de personnes ont-ils osé vous demander, pourquoi ? » - « Aucune. » - « Alors qu’il suffisait simplement d’y réfléchir. » - « Mais songer à la mort est effrayant. Peut-être alors es-tu le plus effrayant de tous à oser y songer sans chercher à y pallier. Car tu en as conscience, ce que je te dirai ne pourra être changé. » - « Je l’ai compris depuis longtemps à vrai dire. Mais si la mienne ne m’attristera pas, si je n’attends de ma mort, simplement, qu’elle me surprenne ; c’est la mort d’autrui qui frappe mes nuits d’insomnies. » - « Je sais mais ne peux répondre au destin d’un autre. Seulement à celui qui me pose la question. »

J’y réfléchissais avec passion. Etait-ce sage d’ainsi se marier avec la fatalité ? La véritable fatalité, pas celle que l’humain tente vainement de combattre en se disant qu’à force de conviction, tout homme pourrait changer son destin. Oui, la véritable fatalité, celle que, si je lui posai la question, ne pourrait plus me quitter, je ne pourrai l’oublier, l’omettre. Ce choix était lourd de conséquences, un poids en plus dans l’esprit.

« Alors Naram-Sin, l’enfant du miracle pourrai-je même dire à ton propos. Maintenant que tu as compris que tu n’avais pas le choix de la question mais simplement le choix de la poser ou non, maintenant que tu as compris, oui, que tu n’avais pas le choix de la finalité de notre entretien, veux-tu me poser cette question ? »

« Evidemment. Là est mon plus grand fardeau, Oracle : je désire la connaissance. Je veux, tout savoir. »

« Je m’en doutai. Puisses-tu vivre avec cette vérité. Voici le conte de ta mort, interprète-le de la meilleure façon. Le jour de ta mort, tu seras face à des millions, tous chercheront à te prendre le bien le plus précieux que tu auras. J’ai cette vision de toi, celle d’un homme qui ne coulera qu’une larme, face à l’humanité que tu haïras à ce moment précis pour leur avidité à te prendre ce que tu ne possèdes pas. Oui, tu ne le possèdes pas mais je le vois bien, tu ne peux laisser quiconque te le prendre. Je te vois, dans des sanglots ravalés, tu sais que ta mort sera sans retour, sans réincarnation. Alors je te vois, songer à ta vie, une dernière fois et en rire. En dernier lieu, tu te ficheras de la finalité, tant que ce bien précieux ne subisse l’altération et la perversion humaine. Alors je te vois, brandissant tes plus belles armes, récitant le plus beau des poèmes à haute voix, tournoyant face à l’immensité, tu ne laisses personne voler ce bien si précieux. Les dieux alors te contemplent, je sens leur nervosité palpable mais cela te fait d’autant plus sourire. Tu virevoltes dans un bain de sang, les âmes s’envolent et tu fauches jusqu’à ce qu’on ne te fauche à ton tour. Tu sais que cet instant va arriver et pourtant, jamais tu ne lâches tes plus belles armes, jamais tu ne cesses de réciter le plus beau des poèmes car l’enjeu est magnifique, jamais tu ne pouvais rêver plus belle finalité au conte de l’homme aussi âgé que l’était son océan. Tu es seul à ton trépas, personne ne désirant ta survie ne sera là pour respirer ton dernier souffle. Mais tu t’en fiches, c’est incompréhensible mais ton état d’esprit est unique à cet instant précis, le dernier de ta vie. Alors ta vie s’achève, quelque part, un peu comme elle avait commencé. C’est ce que tu as toujours voulu, tes histoires préférées se doivent d’être cycliques, sinon elles ne valent rien. A genoux, tu soupires et tu maudis la vie, tu ne peux retenir tes larmes car tu as peur pour cet objet si précieux. Etrangement, tu n’as plus peur de ce qu’il t’arrivera, à toi, après la mort. Tu te débats une dernière fois, plus pour soigner les formes car tu sais ton sort résolu. Tu n’attends plus un miracle, car le miracle de ta vie est cet objet que tu protèges des Hommes qui te chercheront le pire des maux. Cet objet, tu t’en doutes, n’a pas le sens que le mot laisse entendre. Je ne peux te dire sa nature mais quelque part, et à ce moment que je te conte, crois-moi, tu n’en douteras plus. De ta vie, tu n’auras plus aucun doute, plus aucune question. A présent, gisant au sol, tu extirpes au temps ses derniers baisers de fortune. Tu te pensais immortel et tu ris que ce fusse si court avec le recul de ce que tout cela aurait pu être. Je te vois mourir, pleurant et riant à la fois, c’est après tout ce que tu es, un paradoxe. Je te vois mourir en chuchotant ce que tu t’es toujours interdit et tes yeux se ferment doucement, un sourire éternel gravé sur ton cadavre que l’on entoure à présent, c’est-à-dire que tout le monde doute d’avoir réellement tué Naram-Sin. Alors les dieux détournent leur regard, tu n’es plus rien pour eux mais ne t’y méprends pas, tu as fait trembler le ciel et ses enfers. » Elle parlait avec tant de sévérité et d’émotions à la fois, une larme coulait le long de sa joue, comme si elle ressentait l’émotion d’un moi futur que je ne pouvais imaginer pour ma part.

« Et ce bien si précieux, est-il au moins sauvé par mon dernier souffle ? »

« Je ne peux te le dire. Car pour ce bien si précieux, la finalité est bien plus tardivement écrite. Ta mort sera un chemin que ce bien si précieux devra supporter. Mais ta finalité ne sera pas la sienne. Alors, peut-être cette chose réussira à repousser son inéluctable destin, sûrement grâce à toi. Mais peut-être ce bien devra-t-il être sauvé par d’autres que toi une fois que tu ne seras plus. Peut-être ce précieux objet se sauvera lui-même après ta chute. Tant de chemins se dessinent autour de moi comme des milliards de constellations qui me présentent tant d’autres destins. La seule certitude que tu ne pourras plus jamais nier est la suivante : tu mourras pour ce bien si précieux. Voilà, j’ai répondu à ta question Naram-Sin. Comment te sens-tu ? »

« Je ne sais pas. Mais un jour, je saurai. Merci. »


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Jeu 13 Déc 2012, 20:47

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] - Page 2 The_dr10
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Comme tout souverain, je ne désirai pas gouverner seul ; non pas que je n’aurais pas le dernier mot mais chaque personne autour de la table possédait une place et un droit de parole mérité. Tous avaient soutenu la révolution, certains d’une bien plus proche façon que d’autres mais en l’état, le Conseil comptait tous ses membres ou presque. Je n’avais pas cherché à réunir un effectif précis, je les avais choisi selon leurs qualités, leurs convictions, leur place dans ma prise de pouvoir. A ma droite résidait sans surprise Klyan, l’homme était dévoué à nos rêves bien plus qu’à la rédemption qu’il tenait du bon bout depuis qu’il avait rejoint ma cause ; à ses côtés se tenait Natacha puis Ambre et enfin Cyanide. Il s’agissait des membres les plus importants. A ma gauche se trouvait le scribe, retranscrivant les procès-verbaux des conseils, il ne manquait pas de rajouter son petit commentaire à l’oral, frustré de ne pas pouvoir participer aux débats. A ses côté se situait ensuite trois, quatre autres génies qui, lors de la bataille, avaient fait leur preuve tant à leur fidélité qu’à leur qualité aussi bien stratégique que militaire. Il y avait également trois sages, anciens conseillers du Mârid, qui pouvaient nous donner leur opinion en vue de leur connaissance du domaine et de leur recul. Nous étions certes jeunes en la matière mais nous ne voulions pas vexer l’ancienne génération de l’ancien régime. Enfin, il y avait trois places tournantes : des élus volontaires dans le peuple des génies qui participeraient au conseil, les génies changeant à chaque conseil. Il fallait procéder dans les règles pour installer une certaine stabilité.

« Bien. Nous voilà réunis pour le premier Conseil des génies. J’espère que chacun a trouvé ces terres à son goût tout comme ce bâtiment qui sera le symbole de notre pouvoir. Nous nous donnerons rendez-vous chaque semaine jusqu’à ce que la situation redevienne assez stable pour repousser l’échéance à chaque mois. J’ose penser que nous insufflerons à cette race de nouvelles aspirations bien loin de celles de la tyrannie. Je comprends parfaitement que vous n’avez pas l’habitude et que vous ne comprenez pas l’intérêt de se réunir en conseil, de débattre, de décider ensemble des décisions à prendre ou non. Seulement, si nous voulons réunifier la race, la rendre solidaire et instaurer une véritable puissance, il nous faut prendre des décisions collectives, autant avec le savoir des sages que celui du peuple en roulement, que ceux qui ont soutenu la révolution. Nous ne sommes pas arrivés jusque-là en subissant les pires sacrifices pour instaurer le même régime tout en n’en changeant que les têtes. Il nous faut garantir de grands principes fondamentaux qui nous manquent tant. De nombreuses races sont clairement en avance sur nous. Par le passé, le pouvoir de fait était constitué uniquement du Mârid, autant dire que les conseillers n’étaient là que pour le conforter dans ses choix pervers. Alors par le passé, le pouvoir a tué ses semblables, asservi les trois quart de la population par une poigne autoritaire et invivable et a détourné la race de ses capacités premières en nous écartant des enjeux du monde. Nous pouvons et nous allons évidemment broyer le déclin de notre politique par notre arrivée au pouvoir et la constitution de ce Conseil. Des questions jusque-là ? » Mais tout le monde acquiesça, il était surtout question d’officialisation, chaque membre que j’avais recruté savait de quoi il en retournait.

« A l’ordre du jour seront abordés les points les plus importants, ou du moins, les plus pressants. Pour rappel, il s’agira des relations diplomatiques et du contexte actuel, des clans autonomes qui se sont formés, de la communication auprès des peuplades génies les plus reculées qui n’ont pas eu vent de la révolution, de vos questions et suggestions. Klyan va tout d’abord faire un point sur les conflits et nos possibilités d’impact. »

« Effectivement. J’ai pris de nombreuses apparences, je me suis introduit dans la plupart des hiérarchies raciales le temps d’observer et de recueillir des informations utiles. Il semble qu’après le fléau d’Orion, il y a une sorte de contradiction. A la fois, toutes les races sont léthargiques et sous tension. Je pense évidemment à la dualité ange et ange déchu. Très peu de races ont choisi un camp bien précis. On ne sait pas trop si cela est sérieux ou non. Les décrets de la reine ont effrayé et il y a en effet quelques meurtres marginaux, des règlements de compte le plus souvent. » Et tous donnèrent leur avis avant de se tourner vers moi.

« D’un point de vu idéologique, nous sommes évidemment bien plus enclin à épauler les anges déchus, cela va de soi. Cependant, ils semblent chercher une guerre que les anges refusent et renient pour l’instant. Nous ne sommes pas pour l’effusion de sang vu que nous pensons à peine nos propres blessures. En l’état, nous restons observateurs. Je m’entretiendrai avec la reine prochainement pour discuter de ses projets politiques et si nous avons à y gagner, nous manifesterons notre soutien. Toutefois, il va sans dire que nous ne participerons à aucune bataille raciale pour le moment. Instaurons déjà la paix avant de songer à la guerre. »

Un sage commenta : « Il est évident que c’est toute une nouvelle génération de souverains qui fait son entrée sur la scène politique actuelle. Nous étions plus habiles avec l’ancienne dont nous connaissions les capacités et les limites. Cette « jeunesse » si je peux m’exprimer ainsi m’effraye plutôt, j’ai l’impression qu’elle n’a peur de rien, au prix de la vie d’un peuple qui offre sa confiance à de jeunes rois et reines qui n’ont pourtant pas encore faits leurs preuves. »

« C’est juste. Cependant j’ose espérer que ce n’est pas la folie meurtrière qui guide les pas des dirigeants voisins. Sinon, nous serons dans l’obligation d’interdire l’accès physique à la porte des songes qui permettra, pour bientôt, l’accès à tous à notre monde. Je suis pour l’idée que d’autres personnes, étrangère à notre race, viennent nous rendre visite, vienne découvrir notre culture, nos rêves. Mais ces terres doivent demeurer saines et immaculées de sang. Nous ne permettrons aucun ennemi à nos portes. Ambre a dressé un récapitulatif des relations actuelles, pour le moment au point mort, avec l’avenir possible que cela pourrait donner. »

« Bien. Nous avons donc toutes les races bénéfiques avec lesquelles nous ne prévoyons aucun accord, ni aucun entretien diplomatique. Naram tient à ce que nous aidions des peuples neutres, c’est-à-dire les orines et les relhas, peut-être les sirènes ? Quant aux races maléfiques, nous sommes évidemment plus enclins à nous rencontrer. Nous comptons donc dans nos hypothétiques alliés les anges déchus, et sûrement les sorciers ? »

« Hum. Je crois que c’est un peu près ça. Et encore, tant que la couronne reste à la sorcière actuelle et pourvu que la reine des sirènes trépasse au plus vite tant elle stimule mes nausées. Je ne me prononce pas sur les démons pour le moment, la race des chamans auxquels ils sont reliés de près m’est assez floue, tant que je ne comprendrai pas leur nature, je m’en méfie autant qu’ils m’indifférent. Cependant nous ne tenterons jamais rien contre la race des démons ou celles sous leur protection pour des raisons de logique. D’une part, la reine est une génie, ce qui suffit largement à l’argumentation. Et puis, même si nous ne savons rien du monarque démoniaque, la race nous est assez proche alors restons bons amis. »

Natacha prit ensuite la parole : « Quant à moi, j’ai passé une semaine chez les alfars. La reine est détestable mais ils ne sont pas bien méchants. Gardons-nous tout de même d’une quelconque alliance. Je me suis également rendu au château du clan qui a pris la régence des vampires. Mais ce que j’ai trouvé est quelque peu étonnant. Enfin, je ne veux rien annoncer qui serait faussé. Je préfère que tu ailles voir ça par toi-même Naram. Je parle surtout de la reine en devenir, son visage m’est familier et il te le sera également. Quant aux humains, ils sont sous la protection des démons, nous l’avons dit, mais également de l’aether de la justice. Pour ceux qui ne la connaissent pas c’est une vraie plaie qui ne nous fera aucun cadeau si on déplait aux dits humains. J’étais au discours de couronnement où Violette se tenait justement à côté de la déesse. Elle tuera quiconque en voudra aux êtres de l’anti-magie. En l’état aucune alliance n’est à prévoir. Non pas que les humains nous dérangent mais le soutien qui leur est déjà apporté leur suffit amplement, nous ne leur seront d’aucune utilité et ils n’en seront d’aucune à notre cause. Et puis en ce moment la mode est à brandir des banderoles de paix envers les humains, ce phénomène est assez affligeant, ils ont tous peur des alliés des humains mais pas des humains eux-mêmes. Ne cédons pas au conformisme idéal envers les humains et restons dans l’ombre. Lorsque les hypocrites abandonneront les alliances qu’ils n’ont conclues que par intérêt, alors nous pourrons intervenir pour les aider et leur montrer un soutien si toutefois l’aether ne devient pas un ennemi, seul l’avenir le dira. »
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Jeu 13 Déc 2012, 23:47

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Un membre à ma gauche dont j’avais oublié le nom continua : « J’ai quant à moi fait un tour chez les béluas. La reine est sympathique, enfin le peuple en général est agréable. Aucune hostilité, je n’ai même pas eu à cacher ma nature de génie, enfin bon, rien de spécial à signaler. Quant aux magiciens, nous avons toujours notre génie en infiltration sur place mais aux dernières nouvelles, depuis l’annexion de la plage, rien ne bouge. Je me suis également rendu chez les orishas, rien de spécifique à signaler non plus. Ces races demeurent neutres tant dans leur affiliation que leur politique. Ils ne seront ni des alliés, ni des ennemis. »

« Pour le moment » dis-je pour surenchérir les propos du trop rapide conseillé avant de continuer : « toutefois la problématique des réprouvés est bien plus complexe. Mi- ange, mi- démon, soit, cela nous importe peu. La base de l’échiquier à Stanfeck est cependant un problème qui s’aggrave au fil du temps. J’aimerais que nous puissions compter sur au moins dizaine de génies en infiltration, au moins dans les rangs. J’ai de mon côté quelqu’un sur place pour m’informer d’un problème plus personnel. Toutefois nous ne devons pas prendre la chose à la légère. Cette organisation m’inquiète, je ne comprends pas le pourquoi de leur existence et la passivité du roi qui laisse un tel nid de serpents se nourrir dans son terrier. »

Natacha répondit immédiatement « De souvenir, il s’agissait d’une sorte d’institution diplomatique recherchant la paix entre démons, anges pures et déchus, et réprouvés, non ? L’ancien roi des réprouvés en était le fondateur. »

« C’est tout le problème. On voit l’efficacité de l’organisation. Les anges et les déchus sont à deux doigts à s’étriper » sortit de ses gonds un des trois sièges populaires.

« Doucement. Ne mélangeons pas tout. Je crains fort que l’émotion diplomatique ne soit plus que chimère pour nous leurrer de plus funestes intentions de leurs têtes pensantes. Jun Taiji et Masha Araushnee et encore, j’ai l’impression que l’une ne soit trop influencée par l’autre. Ils recrutent des forces armées de tout bord et à tour de bras, et on les attend peu en libérateurs de quoi que ce soit. De toute façon, le rendez-vous avec le roi des réprouvés semble mon objectif premier, le plus pressant. Il nous faut savoir de quoi il en retourne et si nous avons raison de nous méfier. Et puis, j’ai grande envie de rencontrer le roi dont j’entends tant parler depuis trop de temps sans avoir le loisir de me forger une propre opinion. Quelles races restent-ils ? »

« Ombre, fée et elfes dont j’avais la charge. » confirma une demoiselle que Klyan avait recrutée pour le conseil ; Klyan ayant toute ma confiance, je n’ai pas douté de son jugement.

« Je dois avouer peiner à vous parler de ces trois peuples. Les elfes comme les fées ont totalement disparus de la scène depuis le fléau d’Orion. Bon j’ai cru comprendre que les plus grosses pertes humaines étaient à constater chez eux, on peut donc comprendre leur période de deuil. Toutefois la nouvelle tête pensante des fées ne m’a pas l’air de penser à grand-chose pour le moment. Quant aux ombres, je ne sais quoi dire, je pensais ne rien trouver sur eux et j’ai profité d’une ouverture spéciale de leur « monde ». D’un point de vue idéologique comme physionomique, je nous pensais plutôt proches de cette race mais je crains qu’ils ne foncent droit dans le mur. Cependant j'ai cru entendre parler d'une nouvelle reine en devenir, j'ai meilleur espoir alors. Qu’en penses-tu Naram ? »

« Je ne sais. J’ai brièvement rencontré la reine durant le fléau. Je pense que cet épisode sanglant a obligé la race des ombres à des changements qui nous paraissaient étranges pour le moment, il faut attendre de voir la suite des stratégies mises en place. Il faut dire que les ombres ont vu leur réputation s’amoindrir avec le fléau, beaucoup ont pensé qu’ils ne faisaient plus leur travail alors il faut qu’ils se refassent respecter. Enfin, je pense que leur situation n’est pas facile. Je ne respecte pas tous les choix politiques mais restons objectifs, nous sommes un peu, toute race confondue, dans une sorte de phase de transition. Certaines choses marchent, d’autres non, qu’ils tentent est une bonne initiative vers le changement. Sûrement que nous échouerons à bien des moments, il faut prendre du recul et excuser les maladresses. Cependant le cas des elfes et fées m’interpelle plus. Peut-être devrai-je rencontrer un dirigeant dans l’une de ces contrées. Je ne vous cache pas ma passion pour le savoir infini des elfes, peut-être ont-ils besoin d’un peu d’aide. »

Mais un sage qui n’avait parlé jusqu’à lors s’en choqua : « J’ai l’impression d’être à une réunion de bienfaiteurs paisibles distribuant amour et paix à qui la veut. Où est le chaos promis, Naram ? » et le silence s’éleva dans la pièce. Je raclai alors ma gorge, sourit à l’homme tout en prenant une voix douce et ferme.

« Si votre vision du chaos doit passer par l’effusion de sang d’un seul génie, alors vous vous êtes mépris sur mes intentions. Ne pensez-vous pas qu’assez de nos confrères sont morts ? Trois mois se sont écoulés depuis la fin des jeux de l’ombre et notre prise de pouvoir. Laissez le temps à notre peuple de comprendre ce qui lui arrive ou on risque de perdre leur confiance en chemin. Ne pensez-vous pas que l’heure d’une nouvelle guerre approche ? Chaque chose en son temps mon ami. Nous sommes pour le moment dans un désir de reconstruire notre société sur de bonnes bases. Nous devons savoir sur qui compter avant d’agir. Nous devions lier des relations. Il est certain que si le Mârid avait pu compter sur une race alliée pour nous arrêter, nous ne serions pas là. Voilà l’importance même intestine de nouer des contacts. Nous ne sommes pas dénués d’intérêt quant à nos relations. La politique est une valse que je sais mener à merveille, ne vous en faites pas pour moi, cher conseiller. Je tiendrai mes promesses mais nous en reparlerons à une prochaine réunion. Pour le moment, abordons les points suivants de l’ordre du jour. »

Klyan souriait juste à côté, il était l'un des seuls à se douter des plans que je ne voulais pas révéler pour l'instant. Chaque chose en son temps.
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Jeu 13 Déc 2012, 23:50

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] - Page 2 The_dr12
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Le soir même de ce conseil, je déambulai dans mes appartements, l’air cadavérique presque décomposé. Natacha était déjà en légère robe de chambre violine, regardant les étoiles se mouvoir alors qu’en réalité, ce fusse cette île imaginaire qui volait et se déplaçait constamment au-dessus d’un lit de nuage. Alice, non loin, dormait déjà profondément, évadée à la porte des songes sans qu’une apocalypse ne puisse la réveiller. Je m’étalai sur le lit en soupirant largement, tout était si calme et si mouvant à la fois, je ne savais si j’avais besoin d’action ou au contraire de repos. Ce sentiment d’incertitude me dérangeait. Je repensai aux dires de l’oracle en fermant les yeux. Le bien précieux serait l’objet de ma mort. De qui s’agissait-il ? Plus le temps passait, plus je regrettai de m’attacher à ce point à des personnes aimant autant le danger que je l’aimais. J’en devenais paranoïaque. Il pouvait s’agit de Natacha, ainsi pensante, elle ne verrait jamais un danger arriver. Cela pourrait également être Alice, cette enfant qui ne désirait de mal à quiconque. Je pensai un instant à Mitsuko, songeant à sa possible représentation dans ce conte presque mythologique. Si je réussissais à garder mes distances comme je le faisais jusqu’à maintenant, le risque était écarté, tant qu’elle demeurait dans l’oubli, ni elle, ni moi n’étions en danger. Tant de pensées se bousculaient en moi. Le fait que personne ne soit là pour cueillir ma mort, personne. Je me confondais en hypothèses toutes plus impossibles les unes que les autres. En réalité je ne voyais pas assez loin. Elle ne m’avait précisé encore temporalité, tout ceci pouvait arriver tant demain que dans quelques siècles. Là était toute la spiritualité de la mort : frappant comme la justice, sans égard de la victime, qu’elle soit riche, mauvaise ou vertueuse, immortelle ou non. Je connaissais mon destin, le pourquoi comme le disait l’Oracle mais au final, tout ceci me soulevait bien plus de questions que de réponses. Qui, où, comment ? Tout ce que mes précédents avaient demandé à l’oracle sans choisir le pourquoi. J’avais été le seul à demander ce pourquoi horrible et sadique qui ne faisait que raviver les flammes de la haine. Peut-être alors le « pourquoi » était une malédiction qui me dévorerait mais je l’avais choisi quelque part, on ne m’avait forcé à rien, j’avais été curieux, de voir à quel point le soleil brûlait lorsque l’on se rapprochait.

Sans prendre garde, à me perdre ainsi dans mes pensées, c’est la porte des songes qui fut ma rédemption. Moi qui comptais discuter avec Natacha, elle me retrouverait en plein rêve peut-être. Cependant, il me semblait que celui-ci était fermé, cloisonné, on venait de m’y laisser à double tour. Un immense jardin fleuri me fit démonstration de toute sa beauté. Aux fleurs les plus exotiques jusqu’à ses arbres gigantesques, je ne reconnus que plus tard l’endroit. Il s’agissait du jardin oublié de Chronos. J’avais complétement oublié de revenir à la frontière de la plaine des aetheri. Il semblait qu’il avait trouvé le moyen de venir à moi puisque je n’étais pas venu à lui plus tôt. D’ailleurs, il ne fut pas loin, ses mains dans l’eau d’une fontaine composée d’un rebord sur lequel il était assis, il m’attendait.

« Eh bien, je vois qu’un aether errant a tout de même quelques privilèges. » il redressa la tête, l’inclinant vers moi, son sourire était narquois mais sincère.

« Tu parles. C’est tout ce qu’il me reste, créer deux, trois rêves et encore. J’ai réussi à constituer cette partie du jardin non sans difficulté mais tu remarqueras le réalisme. Par contre, tu passes les buissons et c’est le néant qui t’aspire, j’ai du mal avec le concept de l’horizon imaginaire. »

« Je dois avouer que cette partie du rêve est plutôt complexe à maitriser. » dis-je en riant quelque peu puis en m’asseyant à côté de lui. J’étais plutôt heureux de revoir cet homme. Cet aether était celui, ni plus, ni moins, de la guerre. Quelqu’un que l’on aurait pensé barbare et sans pitié, désirant la guerre comme on désirait vivre. Loin de là. Cet aether était un homme arrogant, invivable et égocentrique à souhait, désirant le conflit par peur de s’ennuyer mais rien de plus. On le priait généralement pour vaincre d’une difficile bataille mais lorsque la cité fut détruire par les invasions des non croyants, ces derniers croyants furent contraints à le renier pour ne pas être brûlés sur le bucher. Tous ceux qui avaient refusé de nier leur croyance avaient brûlés et les autres furent simplement emmurés dans la Cité, pour reconnaissance du pardon demandé de n’avoir pas cru au bon dieu. Chronos ne s’était jamais vraiment relevé de cet épisode, quoi qu’il en disait et bien que puissant, l’amour qu’il partageait avec ses fidèles était indéniable ; aussi leur mort marqua à jamais son esprit à présent errant dans le monde des rêves, sans aucun espoir d’un jour revoir le véritable monde. Il n’était plus rien, plus qu’un fantôme à qui on interdisait même les portes de la réalité. Chronos était surtout en son temps un des aetheri les plus puissants et les plus craints. Lorsque j’avais poignardé mon père qui venait de mettre fin aux jours de ma mère et que j’ai fui avec Jun, c’est lui qui m’a recueilli. Chronos a fait de moi son esclave, un maître odieux. Mais même si je ne croyais pas en lui, il me protégeait et dieu sait que j’étais expert pour m’attirer des ennuis. Il était étrange, semblant à la fois m’estimer comme un moins que rien et comme l’ami qu’il n’avait jamais eu. Je n’avais appris que bien plus tard l’extinction de son esprit et jamais il n’avait cherché à me revoir. Pourtant c’était un peu lui qui m’avait tout appris, surtout à me battre et à esquiver ses propres coups lorsque la colère ou l’ivresse lui prenait un peu trop au cœur. Mais de ces souvenirs, je n’en gardai que le meilleur, son expérience m’avait formé à bien des futurs combats.

« C’est étrange de se revoir, non ? Après tout ce temps, j’étais persuadé que tu étais soit mort, soit que tu m’avais oublié. Ou les deux. » J’avais oublié de préciser son humour un peu facile.

« Je te préviens cependant, je ne peux rien faire pour toi. Ne me demande pas de croire en toi, je ne croirai jamais en un seul dieu. Et même si c’était le cas, je ne suis même pas sûr que ça ta sauverait. » - « Mais je ne te demande rien. Ne t’en fais pas, j’ai eu tout le loisir d’accepter mon sort. C’est peut-être aussi ça la justice, mon sort n’est que justice. Par contre, j’en sais un peu plus sur l’aether qui te suit comme ton ombre. » - « Bien. Ma venue n’est donc pas que l’histoire de se rappeler du bon vieux temps. Que sais-tu ? » - « Elle aussi est une aether errante, tout comme moi. Mais là est le plus étrange, d’après ce que je sais, elle a désiré qu’on l’oublie. Comprends, elle a désiré devenir une errante. » - « C’est insensé. » - « A qui le dis-tu. J’ai été voir ce bon vieux William pour lui soutirer quelques infos mais bon, tu le connais. » - « ô oui. Ce n’est plus ce que c’était le respect, n’est-ce pas ! » - « Evidemment. J’ai connu ce petit morveux alors qu’il était incapable de faire deux pas sans trébucher tant il était maladroit. Je me souviens lorsqu’il était mon disciple et qu’il t’a vu arriver avec ton frère dans les bras, je ne l’ai jamais vu aussi heureux. Même si on a du mal à le comprendre, il t’aime bien dans le fond. » - « Il me le cache bien, surtout depuis ces derniers temps. Ma foi, ce n’est pas le sujet. Tu ne sais rien d’autre à propos de cette tendre femme ? Pour quelle raison en veut-elle à Mitsuko ? Je ne comprends pas. Qu’elle me veuille à moi, du mal, bon je peux comprendre, ce ne serait pas la première. Surtout si elle a cherché à ce qu’on l’oublie, peut-être par sa propre magie, alors je ne peux décemment me souvenir d’un oubli. Mais Mitsuko, elle n’a rien à voir avec cet âge d’or des aetheri. Je me trompe ? » - « Justement, j’y viens. Il semblerait que l’élévation de Mitsuko ait eu comme un impact considérable sur tous les aetheri errants. Dont moi qui, je dois l’avouer, peinait à encore exister ne serait-ce que dans un rêve. Il est vrai que depuis l’élévation de l’aether de la justice, je me suis senti plus existant, bon ce n’est rien vu ce que je suis capable de faire mais regarde, c’est assez pour venir te parler. » - « C’est ce que William m’a laissé sous-entendre. Que son élévation avait réveillé quelques esprits malveillants. » - « J’espère qu’il ne parlait pas de moi ! En tout cas, cette aether semble avoir prévu son coup depuis très longtemps. » - « Tu veux dire qu’elle savait qu’une aether reviendrait ? » - « Pas une aether, Naram, mais cette aether précisément. William et toi avaient fait en sorte d’effacer et de détruire tous les ouvrages concernant les aetheri après la chute de la Cité. Mais elle semblait avoir un coup d’avance. Lorsque nous étions tous menacés par la revanche des priants sur nous, elle a sûrement dû sentir le vent tourner en sa défaveur et a préféré tout de suite mettre fin à son élévation. » - « C’est idiot car au final, toi qui n’a par exemple pas œuvré dans son sens, se retrouve au même point qu’elle. »

« C’est là que je rame complétement. Si ce ne sont pas les croyants qui ont refusé de croire en elle mais elle qui a fait en sorte de ne plus en avoir, ceci c’est passé sans souffrance ? Regarde, moi qui a vu tous mes fidèles souffrir et mourir, je garderai à jamais cette cicatrice. Quoi qu’on en dise, notre amour pour les fidèles est incontestable, on ne peut aller contre ce lien si étrange. Si ce lien est rompu avec violence, alors peut-être l’errance est éternelle. Mais s’il ne s’agissait pour elle que d’une hibernation ? »

« Elle aurait alors préféré se suicider spirituellement pour ne pas subir la colère de ses fidèles qui l’aurait condamnée. C’est malin mais illogique. Aucun dieu n’a été capable de prévoir votre chute, vous la saviez possible dans l’une des infinies possibilités sans pour autant comprendre qu’elle arriverait. Alors pourquoi elle aurait su et pas vous ? Elle a forcément eu connaissance d’un fait du futur que vous ignoriez. Elle a forcément dû pactiser avec quelqu’un de forcément assez puissant pour lui révéler la véritable finalité de son destin. » Et mon silence fut net. Je parlai comme l’oracle. La finalité d’un objet précieux. Tout ceci me laissait songeur.

« Chronos. Un aether peut-il mourir ? William ne veut jamais répondre à cette question. » - « Et bien... Je ne sais pas si... » - « S’il-te-plait. Si cette femme dit vrai, si cette femme compte sur moi pour accomplir quelque chose que j’ignore encore, j’ai bien peur que ce ne soit la finalité d’un être que je ne désire pas voir devenir une errante. Si elle a pactisé avec une entité plus puissante que vous tous, c’est qu’il ne peut s’agir que d’un aether de ma réalité. Vous ne vous cantonniez qu’aux croyants de la Cité n’est-ce pas ? Nous étions une ville immense mais partagée entre différentes divinités. Aucun de vous n’a de ce fait pu atteindre le stade du Sympan à temps car la guerre des religions a éclaté et chaque aether a tenté de se ramener le plus fidèles avant qu’il ne disparaisse. Sauf que cela a conduit à votre mort à tous. Et si cette guerre ne résultait que d’une manipulation ? »

« Je dois avouer que tu me laisses sans voix. C’est plausible, je ne sais pas. Je n’ai plus ce savoir que j’avais, je ne sais plus rien de ce qu’il se passe à l’élévation. J’ai du mal à penser, à rester concentrer en dehors de la plaine des aetheri alors imagine ici, jusqu’à cette couche du rêve où je peux te parler. Même toi je ne sais pas comment tu fais pour réfléchir autant. Cette couche du rêve est un intermédiaire parfait entre jusqu'où je peux aller et jusqu'où tu peux aller. Tu ne présentes même pas de mal de tête ? Tu n'es pas normal. Mais je suis navré, je ne peux te dire comment tuer un aether. Ce n'est pas que je ne veux pas, c'est que je ne peux pas. Comprends moi, ma position n'est pas facile, je prends déjà des risques. William me trouve drôle et navrant, en tout cas, pas un danger. Mais le jour où je serai gênant pour le fameux équilibre, qui sait ce qu'il adviendra de moi. »

« Disons que j'ai l'habitude de songer dans mes rêves. Oui tu as raison, désolé pour ces maladresses. Seulement, plus j’en découvre, plus j’ai peur de l’avenir. » - « A juste titre j’imagine. Je ne sais comment est devenu ce monde mais je l’imagine triste et sombre. » - « La belle magie a disparu avec vous. Hum. William disait que Mitsuko incarnait bien plus que la justice, elle incarnait l’espoir. Tu penses que c’est ce qu’il voulait dire ? » - « Comment distiller le faux du vrai dans les sifflements de vipère de cette tête de mule. Je vais retourner à la plaine avant que je ne disparaisse pour de bon. J’essaye d’en apprendre plus, bientôt. Bon courage. Et reste prudent. »

« Ne t’en fais pas, je ne suis que cela ces temps-ci, prudent de tout et de rien à la fois. A bientôt. »


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Ven 14 Déc 2012, 01:58

L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI] - Page 2 The_dr13
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Nous étions parti tôt et avions quitté notre île fabuleuse qui volait en plein ciel pour revenir au château des cavaliers sans tête ; nous étant Natacha et moi. Cela faisait quelque temps que je n’avais pu passer un moment en toute intimité avec la belle génie aux allures de veuve noire mais malgré son instinct félin, elle demeurait en ma compagnie d’une douceur inégalable. Je ne voulais pas quitter ces terres la veille, cela faisait des mois entiers que je n’avais pas quitté le monde onirique, depuis les jeux des ombres, depuis la mort de mon père, nous avions immédiatement tous fuis sur ces terres de la création commune de Mitsuko et de ma personne, et depuis, je n’avais le cœur à reprendre pied à la réalité. Seulement, il fallait régler le problème de la porte des songes. Pour souvenir, je m’y étais rendu seul après des siècles de recherche de cet endroit inaccessible aux personnes physiques. Les humains s’y rendaient par le biais du rêve mais je savais qu’une porte matérielle se trouvait quelque part ; je me souviens encore que personne ne m’avait cru à l’époque, me pensant délirant. Je l’avais trouvé dans des sortes de catacombes, enterrée dans d’étranges cavités sous le sol du château des cavaliers sans tête. Je sus où elle se trouvait la première fois que je m’étais rendu sur place. Lorsque j’ai vu ces deux immenses forêts qui entouraient le château : l’une magnifiée et l’autre horrifiée comme deux côtés d’un songe : le rêve et le cauchemar. Bien entendu, il faudrait protéger l’endroit, ce château deviendrait un objectif de conquête dans le futur. Et bien que je détestais les annexions, il était question-là de la protection de mon peuple qui résidait à présent pour une très majeure partie dans les terres imaginaires de l’île suspendue en plein ciel. Nous n’étions pas contre des visites étrangères, simplement contre les ambitions malsaines. J’étais revenu une seconde fois avec Klyan et d’autres génies de la résistance, nous avions creusé avec toute notre magie jusqu’à trouver l’entrée des catacombes. Seulement la véritable entrée de la porte des songes ne pouvait demeurer ici. Je n’osais imaginer si un jour une personne malveillante décidait d’en détruire les fondations, que deviendrait le rêve ? C’était inconcevable. Natacha et moi-même avions planché sur la question longuement et avions finalement décidé qu’un tel secret de l’humanité devait retourner dans l’oubli des ignorants, même des génies. Klyan s’était offusqué mais s’était calmé après de longs débats, il consentit au danger qui planait sur cet endroit.

« Et comment comptes-tu permettre l’accès à notre monde, il faudra bien pouvoir en sortir et rentrer à nouveau. »

« J’ai mon idée. Les terres du Mârid n’existaient que parce que le Mârid rêvait de ce monde. Le mien est la création d’un souhait entre l’aether et moi-même, il tiendra même si je meurs, là était tout l’intérêt de la chose en plus de confirmer la fracture entre nos deux règnes et de pouvoir m’amuser à l’immersion du rêve dans la réalité. Cette île est réelle, elle flotte au-dessus des nuages, au-dessus de l’océan. Je conçois ainsi que personne ne puisse s’y rendre de ses propres moyens. »

« Bien, alors donne-moi ton idée car là, je ne vois pas ce qui est possible. »

« Quand comprendras-tu que c’est justement dans l’impossible que se situe la clé. Nous allons créer un habitacle émetteur, ce sera sûrement le mien vu la personne qui le porte à l’heure actuelle, nous avons peu de risque qu’il soit en danger au cou de l’aether. Cet habitacle influera sur la magie de tous les autres. Alors il suffira d’un simple souhait dudit génie en tenant dans ses mains son propre habitacle pour arriver sur nos terres. Quant aux non-génies la question est plus complexe. Il faudrait permettre l’accès par le rêve à ces personnes. Je pense notamment à un songe modifié. » - « Quel délire est-ce là ? »

« C’est du génie, réfléchis-y. Comme un virus que l’on injecterait dans la porte des songes. Ce virus se baladerait sans se manifester et il n’affectait que l’esprit du rêveur lorsqu’il dort. Il suffira qu’il souhaite se rendre à nos terres et cette volonté se reflètera inconsciemment, le virus se réveillera traquera sa victime sans lui faire de mal mais l’amènera à la forcer à rêver de nos terres et s’y rendre. Ce virus sera inoffensif mais efficace. Et si un jour la guerre nous menace, nous n’aurons qu’à extirper ce virus de la porte des songes pour que nos terres ne soient plus permises aux non-génies. Qu’en penses-tu ? »

« J’approuve. J’espère que tu dis vrai sur la nature du virus psychologique que tu vas injecter à une population entière. »

« Mais ce virus, comme je te l’ai dit, n’atteindra jamais le corps, il n’est pas biologique mais seulement spirituel. Ce sera simplement un rêve infecté et la « maladie » si on peut l’appeler ainsi qui disparaitra au réveil. »

Natacha se mit à rire, elle me voyait m’emporter dans mes raisonnements et cela l’amusait toujours autant. Elle me sentait passionnée par toutes ces choses, par ce domaine aux possibilités sans frontière qu’était la porte des songes. Ce n’était ainsi, pas avec cœur que je désirai condamner l’entrée de la porte mais par nécessité. Nous marchions donc dans les catacombes avec des sacs remplis de poudres explosives que nous avions marchandées à un alchimiste qui avait la réputation de vendre de puissants artifices.

« Tu es certain de tes calculs ? » - « J’ai vérifié par trois fois. La porte ne risquera rien vu que la cavité qui est son antre possède de solides fondations et un plafond bien trop haut pour ne serait-ce que ressentir un tremblement de terre. Il faudra juste que nous courrions vite le temps que la mèche ait fini sa course où nous ne serons plus que bouillie. » - « Tu ne pouvais pas prévoir une plus longue mèche pour nous laisser de la marge ? » - « Non, ce n’était pas une question de choix, j’ai pris la plus longue mais imagine la distance que nous avons déjà parcouru, il ne faudra pas trainer quoi. Voilà nous y sommes, laissons tous les explosifs ici. Aller plus loin endommagerait la porte. J’aimerais simplement la voir une dernière fois si ça ne te dérange pas » ce que nous fîmes.

Nous descendions le long de ce tunnel vertical à l’aide d’une corde qui nous plongea dans un chaos auquel nous étions finalement habités jusqu’à ce qu’un sol ne nous accueille et que la porte nous présente sa belle immensité. Cette arche dont la jointure des deux piliers était invisible tant elle s’élevait si haut dans un ciel sombre de cette grotte dont on ne connaissait le bout. Cette arche de roches dont la forme laissait un voile blanc épais épouser les bordures, le terme de porte était si bien employée. En ce voile, d’innombrables boules de lumières qui volaient et flottaient, parfois certaines se rencontraient malencontreusement, alors que le rêve de ces deux âmes serait partagé. J’aimais tellement cet endroit, je m’y étais rendu tellement de fois, j’y avais passé tellement de nuits. Ma gorge était serrée mais mon regard restait de glace. C’était sûrement la plus belle des merveilles de ce monde à mes yeux après les femmes au penchant autodestructeur.

« Je sais que cela t’attriste bien plus qu’à n’importe qui. Mais qui sait, peut-être qu’un jour ce monde sera prêt à comprendre ce qu’il est permis de faire d’un tel monument divin. L’accès physique procure tant d’autres sensations que l’accès uniquement spirituel. »

« Je sais. C’était aussi en me jetant corps et âme dans cette arche que je pouvais squatter tous les rêves, de tout le monde. Des nuits entières, que j’ai cherché un songe particulier, celui de Mitsuko. Et je ne comprends pas, pourquoi aucun rêve ne m’est inaccessible à part le sien alors que c’est le seul que je désire ardemment arpenter. La création des rêves à ses côtés fut mon plus beau souvenir, mon pire cauchemar également, c’est étrange et je ne chercherai jamais à l’expliquer. Peut-être que c’est mieux ainsi, que je ne puisse plus jamais partager un rêve avec elle. Le monde sûrement n’y résisterait pas une deuxième fois. »

On sentait cette étrange tristesse qui me lacerait le cœur, peu importait que je tentai de cacher la sonorité dans une voix trouble, elle était palpable et Natacha évita tout pique sur l’aether qu’elle savait en cet instant forcément de mauvais goût. Elle se colla simplement contre toi, entourant ses bras autour de ma poitrine pour que je mette le mien autour de son cou et que je tienne ainsi son épaule, sa tête penchée à la même hauteur de mon corps. Nous restions ainsi de longues minutes, sans dire un mot, juste à observer la beauté du lieu. Elle n’attendait qu’un mot de ma part et elle ferait tout sauter, alors nous nous jetterions une dernière fois dans la porte et plus jamais je ne pourrai la revoir, plus jamais je ne pourrai la contempler. L’arche autant que cette femme, cette action serait lourde de sens.

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L’insurrection est un rêve où tout brûlera. [VI]

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