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      L'Ombre devenue zombie se délectait du sang du drow. Plus elle s'en nourrissait, plus elle se régénérait. Quelques lambeaux de chairs suivirent le même chemin que le liquide rouge et elles réveillèrent les sombres pensées de la zombie. Manger. Déchiqueter. Lacérer. Dévorer. Tant de termes pour signifier une seule et même envie... C'était tellement plaisant. Tellement agréable d'être un zombie. Absence totale de douleur face aux blessures et présence constante d’excitation. L'Ombre avait oublié toutes ses peines passées, toutes ses douleurs reçues par la bêtise des autres, toutes ses inlassables questions restées sans réponse. Aujourd'hui, elle ne connaissait plus qu'une seule chose, le plaisir de goûter le sang et de le prendre par la force... Le plaisir était tel qu'elle laissa le bien-être qui l'envahissait lui faire oublier de conserver sa puissante étreinte. Car, le drow en profita pour s'écarter d'elle et la frapper au visage pour s’échapper. Le coup reçu la surprise, comme si elle venait de se réveiller... Un douloureux réveil! Sa proie venait de filer et elle s'était retrouvé sur les fesses sans même avoir compris pourquoi! Son long capuchon noir glissa et libéra ses longs cheveux ébène dont quelques mèches vinrent se couler sur un fin écoulement de sang qui s'échappa de son nez. Cependant l'Ombre n'y fit guère attention, elle ignorait la douleur. La seule chose qui lui faisait mal, c'était de voie sa proie disparaître et de ne plus avoir de chair sous la dent! Elle grogna d'énervement. Contre elle, pour s'être ainsi laissée berner et contre sa proie, qui avait lâchement prit la fuite. Cependant, il ne resterait pas seul très longtemps, car sa louve et d'autres zombies partirent bien vite à sa poursuite...

      L'Ombre se releva, non sans avoir passé la langue sur le reste du sang de drow qui restait sur ses lèvres. Tout n'était pas perdu, il restait d'autres proies à proximité. Du moins, pour le moment... Car l'Ombre n'était pas seul, outre les bas zombies qui l'entouraient, il y avait également cet autre... Celui qui, comme elle, venait d'une contamination par morsure et qui faisait partie des puissants zombies. Il avait voulu s'entre prendre à l'une des proies, mais les autres l'en empêchait. Ils tentaient désespérément de se battre pour survivre, alors qu'ils étaient de toute façon déjà perdus... Qui pourrait survivre aux zombies? Ils étaient les piliers d'une apocalypse à venir et nul ne peut survivre à cela... L'Ombre usa de son contrôle des ombres pour disparaître dans les ténèbres afin de ne pas se mêler au combat. Elle laissait le zombie se disputer les proies, mais ne restait pas inactive, loin de là! De son sombre regard, elle observait la scène, attendant simplement le moment adéquat pour sortir de l'ombre et bondir sur sa proie, tel un animal sauvage guettant sa repas.

      Une proie récalcitrante tira les cheveux du zombie pour le forcer à lâcher une autre proie. Cela ne fit qu'agrandir la haine du zombie qui décida de changer de proie. L'Ombre sourit devant ce spectacle, car elle sentit qu'une des victimes n'était plus vraiment des leurs... Un zombie de plus se fit sentir et l’appétit de l'Ombre se réveilla lorsqu'elle sentit l'odeur du sang chatouiller ses narines... L'Autre venait de mordre sa proie aux longs cheveux, la condamnant de ce fait. Aaliah serait bien venu l'aider. Goûter à la fraîcheur du sang de sa victime, mais une proie sembla vouloir jouer les héros. L'Ombre le vit bondir sur le zombie dans un espoir vain de l'arrêter. Aaliah profita de son inattention pour revenir dans la bataille. D'un geste souple, elle bondit sur le jeune homme et lui agrippa les épaules pour ne pas le laisser filer. Non seulement, elle aidait son partenaire dévoreur de chair, mais en plus, elle avait une nouvelle victime à se mettre sous la dent. D'ailleurs, il ne réfléchis guère plus longtemps, ni ne pris plus de temps. A peine l'Elemental eut pris conscience de sa présence qu'elle le mordit dans le cou avec violence.

      Quoi qu’il arrive, les zombies avaient gagnés cette bataille… S’ils ne dévoraient pas leurs victimes, elles les rejoindraient dans le royaume ténébreux des zombies. Leur rang serait agrandit par de nouveaux membres, avide de sang et de chair… Un autre zombie voulu goûter à la chair de l’Elemental, mais l’Ombre le griffa. Elle ne voulait pas partager, pas aujourd’hui. Il n'y avait pas beaucoup de proie en ce lieux, il leur faudrait probablement en chercher ailleurs. Et si l'Ombre devait de nouveau errer à la recherche de nourrir, il fallait mieux qu'elle se régénère pour retrouver toute la vitalité nécessaire à la chasse humaine...

Spoiler:

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      L'Ombre se délectait toujours du sang de sa victime, lorsqu'elle sentit les autres zombies affamés s'impatienter. Eux aussi avaient faim. Eux aussi souhaitaient mordre la chair de cette proie à l'odeur alléchante. Dans ce lieu oublié de tous, il n'y avait plus beaucoup de proies à chasser. Il ne régnait ici que cadavre, poussière et folie... Mais l'Ombre voulait terminer son repas avant d'errer de nouveau sur les Terres du Yin et du Yang à la recherche de nourrir. Aussi, elle ignora volontairement les cris plaintifs des zombies. Ceux-ci n'osaient pas s'en prendre à la proie de celle qui s'avérait être plus puissante qu'eux et partirent chercher l'un des cadavres laissé à l'abandon... Ils se le disputèrent tels des chiens affamés. Il grognèrent, tirèrent, griffèrent, mordirent tant et si bien que l'Ombre s'énerva à les entendre! Elle abandonna sa proie, la sachant de tout façon condamner d'avance... Un zombie de plus... Cela faisait moins de territoire de chasse, mais peu importe...

      Elle se désintéressa des autres proies qui restaient encore en ce lieu. Quoi qu'ils fussent en cet instant n'avait guère d'importance à ses yeux. En réalité, rien n'avait d'importance à ses yeux... Qu'ils fuissent si cela lui plaisait, qu'ils mourussent sous les dents d'autre zombies, qu'ils se transformassent sous l’insidieuse maladie que les zombies leur avaient transmise... Quelle importance finalement? Il y avait encore tant de proies à dévorer sur ces terres... Cette idée l'allécha et elle rappela sa masse de zombie pour sortir de cette université ancestrale. Ils en furent ravis... Eux aussi voulaient partir à la chasse, ils passèrent même une langue ensanglantée sur leurs lèvres décharnées. Mais comment sortir d'ici? Ils étaient venus par une galerie souterraine, mais ils ne pouvaient pas retourner par là... Il n'y avait plus rien de l'autre côté, ils avaient déjà tout massacré lors de leur premier passage. Cependant, la louve ne tarda guère à rejoindre la petite troupe et posa sa truffe sur le sol poussiéreux de la gigantesque et interminable bâtisse. Tous la suivirent dans des grognements festifs à l'idée de faire ripaille dans les heures à venir. Ils ne pensaient qu'à cela... Manger... Encore et toujours...

      La louve finit par s'arrêter devant une porte et se mit à griffer le bois avec véhémence. Une sortie se cachait par là... Les zombies l’aidèrent rapidement, avides de fuir cet endroit pauvre en chair fraîche. Tour à tour, ils lacérèrent le bois, brisant leurs ongles ensanglantés sur le chêne de la porte. Cela ne les arrêta pas pour autant... Ils ignoraient la douleur. Leurs mains pouvaient finir exsangues, ils ne lâcheraient rien... Cette porte finiraient par voler en éclat tôt ou tard... Et ce fut tôt! Le chêne était un bois résistant, mais les années écoulées sans traitement et sans soin avait affaibli sa force... Ils craqua... dans tous les sens du terme! Les zombies se disputèrent l'entrée, mais Aaliah remit de l'ordre dans cette insubordination et passa finalement la première, après sa louve qui ouvrait toujours le chemin pour l'alerter du moindre soucis. Elle fit quelque pas avant de se retourner vivement vers les zombies qui continuaient de se disputer pour savoir qui passeraient le premier.

      « Assez! » grogna-t-elle d'un voix puissante et gutturale

      Les zombies n'insistèrent pas plus et passèrent les uns à la suite de l'autre. Quelques coups furent discrètement échangés pour pousser les uns et essayer d'avancer côte à côte. Ils n'osaient se disputer plus fort, l'Ombre les surveillaient d'un oeil. De temps à autre, elle se retournait pour voir s'ils suivaient à une allure convenable. L'heure n'était donc pas à la bataille, il fallait suivre le rythme imposé par la meneuse... Cependant, ils n'hésitèrent pas à accélérer le pas. Car chaque pas les amenaient un peu plus vers la sortie... Et il ne fallait pas posséder une intelligence élevée pour comprendre ce principe: vite marcher, vite manger... A cette pensée, ils grognèrent de plaisir et un fin sourire se dessina sur leur visage blafard. Bientôt, ce chemin interminable prendrait fin et ils pourraient une nouvelle fois sentir les bienfaits de la chair sous leurs dents acérées. Bientôt l'odeur alléchantes du sang, de la peur et de la mort viendrait titiller leurs narines. C'était des chasseurs nés. Ce n'était pas forcément les plus intelligents que la terre avait mise au monde, mais ils étaient tout de même assez effrayants pour plonger le monde dans un chaos innommable...

      Une faible lueur scintilla au bout du tunnel et Aaliah comprit que la sortie était là. Enfin, leur marche inlassable dans le noir prenait fin... La louve gravit le terre qui s'était affaissée avec les années et sortit la première. L'Ombre ne tarda guère à faire son apparition. Elle passa à travers les racines d'un vieil arbre, sans même chercher à en admirer la beauté. Les racines la gênaient et elle brisa les plus fragiles pour pouvoir se redresser sur ses jambes et regarder l'horizon. Elle fit quelque pas afin de laisser de la place pour les zombies qui l'accompagnait. Elle profita de leur dispute pour savoir qui sortirait le premier pour repérer leur prochaine destination. Bon nombre de villages semblaient déjà en ruines, anéantis par le passage de précédent zombie. Cependant, l'air ambiant lui apporta une étrange et délectable odeur... Celle de chair fraîche... C'était comme un appel! La prison n'était pas loin, et prisonnière de ses murs épais, s'entassaient d'abondantes proies. Par forcément de toute première fraîcheur, mais cela n'avait pas d'importance. C'était comme un repas servi sur une assiette dorée. Les proies ne pouvaient guère leur échapper puisqu'elles étaient enfermées. Et le temps en avait affaiblies plus d'une. D'ailleurs, l'un des zombies la rejoignit et grogna en percevant ce doux parfum. La chasse était donc ouverte... Et la petite troupe de zombies affamés se dirigea vers l’imposante et sombre bâtisse qui effrayait déjà plus d'un humain. Aujourd'hui, ils auraient une raison en plus de trembler devant ses murs voire à l'intérieur... Car leur chasse à la chair humaine, c'était à l'intérieur qu'ils la feraient... Luuna en hurla même de plaisir, ses babines étaient prêtes à se retrousser pour dévoiler ses crocs de prédateur.

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Proies, victimes, assassins, tous courraient vers le destin funeste qui s’ouvrait à leurs pieds. Ils n’étaient que des pions, de vulgaires pantins soumis à des passions terribles. La Peur. La Peur d’une déchéance qui ne saurait tarder. La Peur de renoncer à ceux que l’on chéri et qui nous ont tant apporté. La Peur de la mort dans sa nudité froide. S’ensuit alors la Faim. Elle tord un cœur qui ne bat plus, embue l’esprit qui n’est plus là. Elle ronge, blesse, et tyrannise ces êtres qui n’ont plus rien d’humain ou d’animal. Puis l’Envie, le Désir, le Plaisir. Un hédonisme sans limites ni frontières, de son appel il anime ces cadavres et devient leur unique maitre.

Le corps du peintre était assis, agenouillé sur les dalles, ses griffes se brisant sur la pierre à mesure qu’elles s’enfonçaient dans le sol. Sa chevelure de braise recouvrait entièrement son visage, voilant son humeur impassible. Calme précurseur d’une bien sombre tempête. Son repas l’avait quitté, ses compères, les créatures fraichement transformées. Ses illusions aussi étaient parties, le laissant seul à présent. Seul avec son ombre, seul avec le sang qui ruisselait sur son corps et s’épanouissait sur ses mains, seul avec cette Voix. Seul avec ce médaillon maudit. Sans quitter les yeux du sol, il prit le pendentif entre ses doigts et le serra contre son corps. Ses lèvres gercées s’entrouvrirent, laissant deviner un souffle glacé.

- « M… M…… …… »

Qui était-elle ? Sa Reine, son Seigneur, sa Maitresse ? Fée de malheur, vous êtes bien pire que tout cela. Elle est plus qu’un repas, plus qu’une simple friandise à se mettre sous la dent. Elle le dégoûte et en même temps elle l’attire, une obsession malsaine qui ne saurait trouver fin que dans son Dénouement. Et qu’était-il ? La Fin, la Suppression, l’Appartenance. Il briserait ses os et dévorerait un par un ses membres jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien. Il ne s’agissait nullement de faim, son ventre était déjà bien rempli. Non. Juste le Désir de la déchoir, de ne l’avoir rien que pour lui.

- « M… M…… … Mag-no-lia… ! »

Son cri se fit plus effrayant que le glas, sonnant de futures ténèbres. Une lueur cruelle vint éclairer ses pupilles, tandis qu’un large sourire le souillait à présent. Sa dépouille se hissa, peinant à trouver équilibre, et il suivit cette lumière qui le mènerait à sa Dernière proie. Etait-ce le reflet des étoiles, la Lune menant son fils aux bras de sa Charmante ? Qu’importe le pourquoi, qu’importe le comment, Neth vint à son tour rejoindre son destin.

- « Tu es à moi maintenant ! »