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 Au delà du corps. [Event - Tour III]

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Mar 11 Sep 2012, 14:11


    Comme un vieux démon profondément endormi par le fil de l'eau, comme une musique douce et tumultueuse, dégoulinante dans les tympans d'une symphonie curatrice, lorsque je fermais les yeux, j'étais en paix. Il semblerait que la transformation d'un génie fusse des plus étonnantes lorsqu'il s'agissait de se faire « mordre » pour dire faiblement la chose qui s'était jeté sur moi il y avait maintenant quelques jours, semaines, plus ? Je ne savais. Ce n'était pas confus, juste étrange; tout semblait étrange autour de moi comme si tout avait toujours été ainsi mais que jamais je n'aurais regardé avec ces yeux ci. Et pourtant, tout me semblait pourrir, j'étais un nuisible. Ma pensée divaguait sans cesse, j'étais incapable de savourer quoi que ce soit plus d'un instant, tout se confondait dès que j'osais réfléchir ou lutter. La seule image qui me venait en tête était celle d'un Orion marchant jusqu'à sa fatalité. Puis plus rien, avant ou après, je ne pouvais encore le matérialiser. Je marchais d'un pas animal sans consentir à cela, mon souffle était proche de celui d'un ours, je peinais à garder un équilibre ou une démarche droite, je désirais plus que tout que mon chemin soit dégagé. J'étais habité par l'impatience, tout ce qui me dérangeait devait être détruit, mourir s'il avait une âme. J'étais sans cesse en colère, plus qu'à mon habitude, incapable de me contenir, j'étais dangereux.

    Un « sans-âme » ? Etrange terme en y repensant. C'était faux. J'avais une âme, sinon comment songer à cet instant précis ? Nous tous, nous nous étions trompé sur l'état du phénomène, il ne s'agissait pas d'un non état mais d'un état primitif. Comme si nous étions revenu à l'essentiel et sans grande compassion pour la lumière de l'esprit. A vrai dire, le manque de passion me déterminait à présent. Lorsque je regardais le cours d'un lac, je me voyais, à moitié déformé, et je ne comprenais pas pourquoi tout ceci n'avait pas atteint son terme. La moitié de mon visage était horrifié par la mort, les traits cicatrisés me faisaient un sourire large et ensanglanté tandis que l'œil bordant avait été marqué par une forte teneur de terreur. A moitié monstre, à moitié moi. Une chose incomplète et pourtant l'accumulation était harmonieuse. Je ne comprenais plus. Je trouvais pourtant que l'assassinat était chose inutile mais en cela, je le trouvais à présent comme un mal nécessaire. Non pas à ma survie mais au calme. Je devais tuer pour être en paix. J'avais pourtant étudié des cas similaires mais toutes mes interrogations étaient bloquées par la barrière charnelle, j'étais la chose, comme une fissure développée au creux de ma poitrine, si lente et si douloureuse. La mort m’apaisait. La moitié de mon corps tombait en lambeau tandis que l’autre contemplait la dépravation avec un entremêlement de peine et de curiosité. J’avais après tout, toujours été un peu scientifique dans l’âme, intéressé par les transformations corporelles, c’était fascinant après tout. Mais même en cela, j’étais déçu de ne plus apprécier ma propre contemplation, plus intéressé par l’envie irrépressible de désolation. J’étais comme en manque d’une drogue sanguinaire, et sans comprendre, je ne fais que comparer mon état à celui d’un animal qui ne tuer que pour ne pas devenir fou. Etais-je alors si différent d’avant ? Là était toute la question.

    Le virus qui se rependait sinueusement dans mes veines me faisait perdre la tête, je voyais des choses que je ne voyais pas, des mirages, des illusions de mon esprit projetées par milliers autour de moi et je ne savais plus ce qui était vrai. Avais-je vraiment tué cette femme qui tentait de fuir ? Peut-être avais-je rencontré cette femme par hasard au détour d’une rue il y a quelques mois, peut-être mon inconscience aurait retenu son image peut-être que l’envie de détruire aurait poussé mon cerveau à secréter de telles images, la faire apparaitre dans ce bois, me laissant la liberté de lui courir après sans possibilité de la laisser, en vie. Et pourtant, je ne faisais que cela, courir, toujours plus vite, je ne fuyais que le jour car n’aimait que son paradoxe. Sous les ombrelles des arbres printaniers, ou sous les roches qui me protégeaient des rayons, j’étais à la fois vampire et vampirisé. Alors, libérez-moi, par la pitié de la faveur humaine. Je voulais connaitre ce sort mais pas sa longévité. Je voulais rendre les choses immortelles, mortelles et pour cela devenir plus immortel que de nature ; je voulais outrepasser le trépassement de la vie. Et me voilà à courir après la frontière de mon esprit avec comme seule musicalité, le bourdonnement permanents dans mes oreilles. Un bourdonnement incessant et strident, comme un concerto de violons mal accordés, leurs impulsions me donnant le cœur à dévorer, un instinct de bête dans le corps d’un homme civilisé. Et où était la libération dans tout ça ? Orion m’aurait-il menti ? Ou n’étais-je pas prêt à comprendre la vérité sur ce qui différenciait l’immuable de l’éphémère ?

    « Me désires-tu » entendais-je parfois, dans une bourrasque ponctuelle.

    « As-tu foi en moi ? » me soufflait-on.

    « Non, je ne crois pas aux dieux. Tu as usurpée un titre. Les dieux sont des fables. »

    « Conte-moi la fable qui est mienne. » répliquait cette voix et j’hurlais, je me débattais dans le vide, rien ne m’attaquait mais je me sentais assaillir de tout côté.

    « Opportuniste ! » - « Victorieuse. » - « Mais qui es-tu ? » - « Qui suis-je ? » - « Achève-moi. » - « Je ne veux pas. » - « Alors aide-moi. » - « Je ne veux pas. » - « Fuis-moi. » - « Tu ne le voudrais pas. » - « Aime-moi. » - « tu en mourrais. » et tout en courant à travers les grands bois sourds, je parlais à une voix invisible, dans un délire sans nom et sans visage.

    « Qui pourrait me stopper ? » soufflais-je en m’arrêtant net, tenant ma tête entre mes mains de sang.
    « Tu veux attirer l’attention ? » - « Je suis l’ombre de ton trophée ma belle ! » et tout semblait tourner autour de moi comme si j’étais au-dessus de ce monde et qu’il me donnait envie de vomir.

    « Que veux-tu ? » - « te montrer que tu n’es pas toute puissante. Te montrer que je peux te déchoir, et te ramener sur Terre. » - « Me ramener ? Suis-je partie ? » - « Tu es si loin, tu ne seras plus jamais. » - « Alors oublie-moi. » - « Mais si je t’oublie, c’est moi-même que j’oublierai. » - « Tu le Yin, Naram. » - « Où, toi, tu es le Yang. » - « Et si je revenais, génie ? » - « Alors, je te fuirais et jamais tu ne me reverrais. » - « Alors pourquoi ferais-je cela ? » - « Car je réussirais à te faire détester tout ce que tu fais, je l’ai déjà fait, je recommencerais. » - « Je suis différente de ta précédente victime. » - « Vous êtes les mêmes. Je vous droguerai du rêve qui vous tuera. » - « Tu es fou. » - « Je suis différent. » - « C’est l’amour ou la haine qui te guide ? » - « Les deux à la fois. » - « C’est ça le pouvoir du Yin et du Yang ? Le pouvoir du paradoxe ? Du tout et du rien ? D’un homme et d’une femme ? » - « C’est tout ça et bien plus encore. »

    Et je me jetai d’un ravin. L’eau du lac me consola. Dans sa profondeur, j’eus toutes ces voix mourantes s’évader et un immense silence s’installer. Les yeux grands ouverts, j’admirais la surface lointaine et la lumière dont les rayons ricochaient sur l’eau, la paix de l’âme dans un instant bref et interminable. Le poids de mon corps fit que je remontais à la surface et grâce à deux trois mouvements non habiles, j’étais à présent revenu à ma malédiction. Un remède, il me fallait un remède.

    L’université de magie était un endroit approprié. Si la sorcellerie avait eu raison du monde, la magie aurait raison du fléau. Le gentil bien ressort toujours vainqueur du trépident et difficile combat plein de suspens contre ce méchant mal, telle était toujours la même chanson.

    « Noah. » pouvais-je remarquer au loin, qui soignait des blessés. Une autre interprétation de mon esprit d’après des souvenirs ? J’espérais que non, le chemin depuis le lac avait déjà été rude.

    « Noah, aidez-moi. » continuais-je à dire en bousculant personnel et matériel.

    « Je vous avais promis une autre rencontre, j’aurais espéré d’autres circonstances mais qu’importe. Vous devez faire quelque chose. » Dis-je sans donner plus amples explications. Les aboutissants d’une telle expérience sur moi-même n’aurait de toute façon intéressé âme qui vive.

    Le trou noir suivit mes paroles. Je ne sus ce qu’il se passa. Juste que le produit avait fait son effet. L’antidote m’ayant ramené mes instincts et mes capacités de génie, la faim et la fatigue me quittèrent et me sortirent ainsi de ce coma sans fin. Je semblais seul en ce qui avait servi pour l’heure d’une salle de réveille, c’est-à-dire un lit dans un coin d’une pièce, légèrement isolé face au brouhaha des zombis cherchant la libération et des volontaires fatigués qui soupiraient tout en gardant un maigre sourire. J’observais Noah au loin et lui souriais à titre de remerciement. J’étais encore quelque peu dans le gaz, et peinais à reprendre mes esprits. Me relevant, je retombais aussi tôt au sol, mes jambes n’ayant pas étais préparées à supporter mon corps. Retentant le même effort, je m’approchais d’une glace pour contempler mon reflet. Une balafre siégeait encore fièrement de ma convalescence. Et sans plus de mal, je me servais de ma capacité à changer d’apparences pour la faire disparaitre, à jamais.

    Puis, dans le reflet de la glace, j’aperçus Jun et comme par reflexe inconscient, mes poings se crispèrent contre le meuble qui tenait la vitre. Que faisait-il ici ? Avait-il succombé à l’appel tentant de l’éternel quitte à sacrifier son intégrité et un peu de son âme ? Ou pris par défaut par une bande organisée de trépassés, il venait mettre fin à son courroux. Quel hasard qu’une fois de plus, nos chemins se frôlent sans se croiser, que nous suivions une même ligne directrice sans pour autant aspirer aux mêmes desseins. Quel hasard, oui, un de plus, jusqu’au jour où il s’agira de celui de trop, celui auquel nous devrons tous deux faire face, sans la moindre possibilité de tourner la tête comme maintenant, obligés de se parler, comme deux reflets d’un miroir, aussi fut-ce-t ’il que je ne puisse l’observer que par ce miroir. Je ne voulais pas d’affronts, ce n’était ni l’heure, ni l’endroit. Il avait sûrement bien des projets et moi de même. Le trône, la couronne, un peuple mystérieux, une culture et des coutumes uniques. La race qui était la mienne me réservait encore bien des surprises. Toutefois, je ne pouvais détourner mon regard de son visage, j’étais dédoublé par le corps et par l’esprit, comme deux parties d’un tout. J’avais surtout peur que seul le néant ne résulte de notre échange. Mais tout cela était encore trop tôt. Et, je l’espérais, ce jour-là, les enjeux seraient plus sérieux qu’un banal combat de coq inutile auquel il devait être habitué, entre Vlad et compagnie, protégeant sa poule comme un chien enragé. Je ne jouais pas ces jeux futiles, il devrait le prendre en compte s’il voudrait que je détourne l’attention vers lui. Pour le moment, il n’était à mes yeux qu’une chose condamnée à mourir, une expérience ratée qui avait déjà vécu trop longtemps, sans existence propre, qui ne subsistait que dans les yeux de sa chère et tendre et qui fanerait dès qu’elle aura trouvé plus intéressant. Pour le moment, il n’était à mes yeux qu’une pâle copie qui n’aurait eu de moi, ne serait-ce qu’un millième de ce que j’étais car s’il était réputé parfait, j’en étais bien loin et je préférais bien mon imperfection au goût fade de sa personne. Mais pourtant, il m’intriguait. Ce sentiment si étrange qui m’habitait dès que je l’apercevais. Tout se contredisait, il me perdait.

    C’est ainsi que sans plus de cérémonie, j’entrepris ma révérence auprès de Noah puis quitta la scène sans attendre les applaudissements. Il n’y avait, plus d’Orion, plus de zombis, plus rien, à part l’espoir de la convalescence. Cet espoir laxatif d’un ennui suprême mais nécessaire, aussi nécessaire que le mal qui nous avait tous frappé jusqu’à lors. Mon esprit était encore enfumé, j’étais encore animée par un peu de folie mais pas tant plus que celle constatée habituellement. Je tentais de tirer un trait sur l’épisode skysophrène du début de journée. Je n’avais plus de temps à perdre. La révolution n’attend pas.

    143 lignes selon Word.
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